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  • 28/05/2025
Lors de l'émission La Matinale du 28/05, l'économiste Bertrand Martinot est revenu sur la demande "d'efforts demandés à tous les Français» de la part de François Bayrou pour un retour à l'équilibre des finances publiques. 

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Transcription
00:00Depuis qu'il est arrivé à Matignon, il prépare le terrain, puisqu'il hérite évidemment,
00:05alors en l'occurrence il n'y est pour rien, il hérite d'une situation absolument calamiteuse,
00:09avec une dette effectivement qui n'est plus sous contrôle,
00:12et avec un effort considérable à faire de finances publiques pour stabiliser la dette.
00:17Il ne s'agit pas de la diminuer, bien sûr, de la stabilité en proportion du PIB.
00:21Et les efforts à faire sont beaucoup plus que de 40 milliards.
00:24Donc 40 milliards sur une année, ce qu'il a annoncé, c'est déjà considérable, c'est totalement héroïque,
00:30mais ça ne suffira pas de toute façon pour stabiliser la dette, il faut faire au moins 110-120 milliards d'économies.
00:35Après ça dépend du taux de croissance et du taux d'intérêt évidemment, qui pèsent sur la dette,
00:39mais c'est à peu près cet ordre de grandeur.
00:41J'ai l'impression que ça fait des années et des années qu'on nous parle du trou de la sécu,
00:45de la dette de la sécu, que la dette, attention, va foncer dans le mur.
00:49Et du coup, à la limite, à crier aux loups tout le temps, les Français disent que pour l'instant ça tient en réalité ?
00:55C'est bien le risque, quand nous étions petits, on entendait parler déjà du trou de la sécu.
01:00C'était déjà vrai.
01:02Oui ?
01:02Alors du coup, pourquoi c'est plus dangereux aujourd'hui ?
01:05J'en ai une petite idée, mais il y a souvent des gens, même dans la rue, qui disent que vous êtes inquiets, il faut s'inquiète.
01:09La vérité, c'est que depuis, on dit assez souvent que le problème a commencé au début des années 80,
01:15c'est là effectivement qu'on a commencé à cumuler des déficits.
01:18Mais il est arrivé quelque chose dans les années 90, c'est l'euro.
01:21C'est-à-dire que l'euro nous a protégés.
01:23C'est-à-dire que l'euro, en gros, c'était le Deutsche Mark, on est rentré dans la zone Mark, avec une monnaie extrêmement solide.
01:29On était protégés par les bons élèves allemands.
01:31Exactement, parce que l'Europe, globalement, est relativement vertueuse et elle n'a pas de déficit commercial extérieur.
01:38Donc c'est une monnaie très solide, en fait, l'euro.
01:40Et donc la France a une monnaie très solide, mais qui ne correspond pas à la situation des finances publiques.
01:44Si on était resté en franc, bien entendu, on aurait eu une monnaie fondante, on aurait perdu une grande partie de la valeur du franc.
01:50Et donc il y aurait eu des forces de rappel.
01:52Là, on n'a pas de force de rappel.
01:53Alors c'est bien d'un côté, parce que l'euro nous protège des crises, c'est une très bonne chose.
01:57La contrepartie, c'est que c'est un peu un permis de faire n'importe quoi sur le plan budgétaire.
02:01Qu'est-ce qu'il va falloir faire, là, quand on parle de 40 milliards d'euros d'économie, les efforts ?
02:06Vous êtes économiste, vous connaissez ça par cœur.
02:09Qu'est-ce qui va se passer ? Qui va faire les efforts ?
02:12Est-ce que les impôts vont augmenter ? Est-ce que les dépenses de l'État vont baisser ou pas ?
02:15Il y a eu 62 000 fonctionnaires en plus l'année dernière.
02:21Donc il n'y a aucun effort de fait par l'État.
02:24Baisser les dépenses publiques, personne ne sait faire, personne ne veut faire.
02:28Les impôts, on peut difficilement en payer plus.
02:30Qu'est-ce qui va se passer ? Qui va devoir faire des efforts ?
02:32À très court terme, il y a deux possibilités.
02:35Soit on fait effectivement un montant d'économies, enfin de redressement, ce n'est pas forcément des économies.
02:39On va y revenir.
02:40Soit on fait un effort de l'ordre de 40 milliards réel.
02:43C'est-à-dire qu'on baisse vraiment, par rapport à la tendance, on baisse de 40 milliards le déficit public.
02:50Et dans ce cas-là, à très court terme, je ne vois pas comment on fait autrement qu'avec un certain nombre de hausses d'impôts.
02:57Donc quelques économies, mais surtout des hausses d'impôts à très court terme.
03:00Il y a une autre solution, c'est qu'on ne fasse pas les 40 milliards.
03:03Après tout, c'est ce qui a été annoncé, mais il est possible aussi qu'on n'y arrive pas.
03:06Parce que précisément, les hausses d'impôts seraient trop élevées.
03:08Ok. Qu'est-ce qui se passe si on n'y arrive pas ?
03:10Si on n'y arrive pas, on continue comme avant et on prie pour que les taux d'intérêt n'augmentent pas.
03:15Parce que la situation peut durer encore un certain temps si les taux d'intérêt restent à peu près à ce niveau-là.

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