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  • 5/27/2025
« Quand on accompagne une personne âgée et qu’on arrive à lui redonner un sentiment d’utilité sociale, tout change ».
Pour neo, Guillaume Desnoës et Thibault de Saint Blancard nous ont partagé leurs réflexions et solutions pour mieux intégrer les personnes âgées. 👴🏻❤️

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Transcript
00:00Aujourd'hui, l'espérance de vie, elle ne progresse plus.
00:02L'enjeu, ce n'est pas de rajouter des années à la vie,
00:04mais c'est de rajouter de la vie aux années.
00:05Les personnes âgées ne veulent plus juste être pris en charge,
00:08mais ils veulent bien vieillir. Et là, c'est autre chose.
00:10Aujourd'hui, avec Néo, on va parler d'un sujet qui d'habitude est traité négativement,
00:13qui fait peur. Le grand âge, la vieillesse.
00:15Ensemble, on va voir comment on peut construire une nouvelle société
00:17grâce aux personnes âgées.
00:19Notre société n'aime pas la vieillesse, mais elle aime les vieux.
00:22Et elle n'est pas satisfaite de la manière dont on les accompagne
00:23quand ils perdent leur autonomie.
00:25On l'a vu de manière criante avec l'affaire Orpère,
00:27avec la maltraitance dans les EHPAD qui a été dénoncée grâce à un livre coup de poing.
00:30Au-delà du scandale, ce qui est fascinant, c'est qu'on s'est indigné.
00:3370% du cours de bourse des opérateurs d'EHPAD qui est tombé en quelques jours.
00:37Ça montre qu'en réalité, on a envie de construire une nouvelle société
00:40pour nos personnes âgées.
00:41Ce qu'on a observé depuis ce scandale, c'est que le sujet est maltraité.
00:44On est un peu en disque rayé.
00:45On résume finalement l'accompagnement des personnes âgées à de la maltraitance presque généralisée.
00:49Et en réalité, c'est évidemment pas ça.
00:50Nous, on pense que le bien vieillir, ça peut aussi être un récit positif
00:53où on n'est pas forcément en train de se demander qui est le coupable,
00:56mais surtout, quelles sont les solutions.
00:57Ce constat et ces solutions, on les a développés dans un livre qui s'appelle Bonjour V.I.S.
01:01et c'est de ce livre dont on voudrait vous parler aujourd'hui.
01:03Dans ce livre, on a voulu raconter des histoires pour montrer finalement qu'aujourd'hui,
01:07ce changement de regard, il est déjà un peu partout.
01:08Une histoire qu'on peut raconter qui est assez frappante, c'est l'histoire de Jacqueline
01:11qui est atteinte de la maladie d'Alzheimer et qui intègre une colocation.
01:16Jacqueline, ce qui est important de savoir, c'est qu'elle était kinée dans son ancienne vie.
01:20Donc Jacqueline va s'intégrer dans la maison et, peu à peu, va repérer chez certains de ses colocataires
01:25des gènes, des mal de dos et elle va les aider, elle va les masser un petit peu.
01:30Ensuite, elle va aussi repérer ça chez les professionnels qui travaillent dans la maison.
01:33Et donc là, c'est pareil, elle va prodiguer certains gestes pour les soulager.
01:37Jacqueline, au début, elle est arrivée dans la maison en tant que personne aidée
01:41et finalement, elle s'est transformée en personne aidante.
01:43Et donc ça, ça nous montre que dans la vie, on est tous aidés et aidants à un moment.
01:46Ces histoires, qui sont très simples, montrent à quel point le fait de penser différemment
01:51et d'aborder l'accompagnement un peu différemment, ça peut tout changer.
01:54On voit bien, aujourd'hui, le système est critiqué, les EHBAD notamment sont critiqués.
01:58Maintenant, nous, il nous a semblé très important de réhabiliter un peu l'histoire.
02:01L'espérance de vie, elle est passée de 65 ans à 82 ans, en quelques dizaines d'années en France.
02:06Il y a 50 ans, quand il y avait encore aux portes de Paris des personnes âgées
02:09qui vivaient à 10 dans une chambre, dans des hospices,
02:12les gens n'auraient pas cru qu'on arriverait en quelques décennies
02:14à permettre à tous d'avoir accès à des conditions matérielles et sanitaires dignes pour la vieillesse.
02:19Donc il y a quand même une vraie réussite du système du point de vue des attentes des 30 Glorieuses.
02:24Mais aujourd'hui, les attentes se sont déplacées.
02:25Aujourd'hui, ce qu'on va attendre pour ces personnes âgées,
02:28c'est qu'elles puissent continuer à avoir une participation sociale,
02:31d'exercer leur rôle de citoyen,
02:32de pouvoir exercer un libre choix,
02:34de pouvoir avoir un projet de vie, quel que soit leur âge ou leur état de santé.
02:37Ce qui est intéressant, c'est que les ingrédients qui ont fait le succès
02:41de la période qu'on appelle nous la période de la prise en charge,
02:43donc des années 70 jusqu'à maintenant,
02:45eh bien, ces ingrédients qui étaient principalement l'établissement de normes
02:48sont précisément les ingrédients qui nous empêchent en ce moment de rentrer dans la période suivante.
02:52Parce que quand il s'agit d'aider les personnes âgées à avoir une vie sociale,
02:55à s'épanouir, à conserver une utilité,
02:57c'est pas d'écrire des normes qui changent quelque chose.
03:00C'est un millier de petits facteurs du quotidien qui sont très différents
03:03d'une région, d'un endroit, d'une ville à l'autre,
03:05et qui se jouent pas du tout sur un aspect réglementaire.
03:07Et le problème, c'est que ça nous a aussi conduit à simplifier des choses plus complexes.
03:11Prenons le cas de la maltraitance.
03:12La maltraitance, évidemment, ce n'est pas que de la violence verbale ou physique.
03:16C'est avant tout une rencontre qui n'a pas lieu entre des professionnels
03:19et les personnes qui les accompagnent.
03:21On ne prend pas assez de temps, on ne peut pas assez le prendre,
03:23on n'est pas assez formé.
03:24Voilà, il y a une multitude de facteurs qui fait qu'on peut avoir un comportement maltraitant.
03:27On peut faire des chartes de bientraitance, faire des normes là-dessus.
03:29Peut-être que ça rassure, mais c'est pas ça fondamentalement
03:31qui règle tous les problèmes composés de plein de facteurs de la maltraitance.
03:35L'État, au lieu d'être dans l'injonction, doit vraiment accompagner
03:38et créer des conditions, contribuer à changer la culture finalement dans le secteur.
03:41Croire qu'en sous-traitant l'accompagnement d'une personne âgée,
03:43les dilemmes éthiques vont disparaître et qu'on va pouvoir exiger
03:45une forme de qualité parfaite, mesurable, de la part de l'EHPAD
03:48ou de la structure d'aide à domicile, là c'est une erreur.
03:51On pense qu'il faut un peu sortir de cette logique consumériste
03:53et plutôt aller vers une forme de co-responsabilité.
03:55Une des solutions, nous, qu'on a vraiment identifiées
03:57et qui marchent dans beaucoup d'endroits,
03:59c'est de faire participer les familles à la gouvernance.
04:01Et donc le fait de se rencontrer, de se mettre à la place de l'autre,
04:04ça va permettre de faire avancer les réflexions
04:06et de trouver des solutions les meilleures.
04:07L'autre grand malentendu, c'est autour des métiers du lien,
04:09des métiers du prendre soin.
04:10On a tendance à les résumer à des listes de tâches,
04:12que ce soit du soin ou du ménage ou autre.
04:14La réalité sur le terrain, c'est qu'en fait,
04:16c'est de la création de lien, c'est de l'empathie.
04:18Donc nous, on milite pour une reconnaissance fondamentale
04:21de la dimension humaine de ces métiers,
04:22cette manière de les valoriser parce qu'aujourd'hui,
04:24ces métiers sont peu reconnus.
04:25Les métiers du care ne sont pas valorisés
04:27parce qu'on ne valorise pas le care dans les métiers en général.
04:29Le care, c'est vraiment le fait de prendre soin,
04:31d'accompagner l'autre, d'aider l'autre.
04:33Reconnaître la dimension humaine,
04:34la dimension empathique de ces métiers et la valoriser,
04:37en réalité, ça demande de le faire dans toute la société.
04:38Aujourd'hui, de ce secteur peut aussi partir
04:40une nouvelle vision du travail,
04:42plus centrée sur l'empathie, sur le prendre soin.
04:44Et Dieu sait qu'elle est nécessaire aujourd'hui
04:46dans beaucoup de contextes de travail
04:48où les gens partent en burn-out,
04:51ont des problèmes psychosociaux.
04:52Au départ, on a voulu comprendre
04:53comment on pouvait améliorer les choses dans le secteur du care.
04:55On s'est rendu compte qu'en fait,
04:56Deria, ça demandait de construire une nouvelle société,
04:59une société du care.
05:00Et ce qui est assez enthousiasmant
05:01dans cette manière de voir le bienveillir,
05:03c'est son caractère profondément transformatif.
05:05Et on s'aperçoit que c'est du bienveillir
05:08et de cette manière de regarder les choses
05:10qu'on peut transformer l'ensemble de la société.
05:13Ce qui est frappant,
05:13c'est que quand on accompagne une personne âgée,
05:15on voit que quand on arrive à lui redonner
05:16un sentiment d'utilité sociale,
05:18eh bien tout change.
05:19Et bien en fait, ça, c'est vrai aussi à l'échelle
05:20d'un EHPAD, d'un habitat partagé.
05:22Dès qu'il y a une action comme une crèche intergénérationnelle,
05:25un co-working, une ouverture sur la société,
05:27toute la dynamique change.
05:28Les professionnels, les personnes qui sont dans la structure
05:31s'animent parce qu'il y a un vrai projet
05:33et parce qu'on se met au service de l'ensemble de la société.
05:35De ce secteur peut partir une transformation plus globale
05:38de la société,
05:38un monde où on repense aux liens sociaux,
05:41à la proximité, à la rencontre,
05:42où on revalorise la vulnérabilité.
05:44C'est ça qui nous anime vraiment aujourd'hui.
05:45Sous-titrage Société Radio-Canada

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