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  • 26/05/2025
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Télématin reçoit Jacques Weber, au Théâtre de la Renaissance le 3 juin à Paris pour "Liberté démocratie", au profit de l'Institut Pasteur.

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Transcription
00:00Bonjour Jacques Weber, merci d'être avec nous, vous êtes matinale vous ?
00:04Oui toujours, il y a quelques heures que je me couche, je suis toujours debout vers 7h moins 4.
00:08Pour regarder Télématin, et aujourd'hui vous y êtes.
00:13Liberté Démocratie ce sera au Tête de la Renaissance, ce sera à Paris le 3 juin au profit de l'Institut Pasteur.
00:20En fait l'idée c'est de porter des grands textes, des textes de Flaubert, des textes de Victor Hugo évidemment,
00:26sur ces sujets que sont effectivement la liberté, la démocratie et des textes de nos contemporains.
00:33C'est vous qui avez eu l'idée de ce spectacle ?
00:35Oui, j'ai pris un coup dans la tête, au souci étant dit on en prend tous les matins, c'est le cas de le dire,
00:41à l'annonce de la grande patronne de l'Institut Pasteur qui expliquait ce que je ne savais pas,
00:47des conséquences catastrophiques, il faut quand même que les gens le sachent,
00:51des décisions prises par M. Trump.
00:55– Et sur la recherche médicale, c'est un sujet qui me touche comme beaucoup d'autres,
01:04il se trouve que j'ai, pour plein de raisons, connu bien la recherche et le milieu hospitalier,
01:13et ce qu'elle a dit était effroyable, c'est-à-dire que les immenses avancées
01:18qu'il y a sur l'immunothérapie, sur la recherche génétique, sur la thérapie génique, etc.,
01:25tout ça peut s'arrêter, non seulement s'arrêter, mais régresser à cause de Trump.
01:30– Parce que ce sont des programmes internationaux.
01:32– Et d'un seul coup, une prise de conscience, j'ai dit, bon, alors c'est une goutte d'eau dans la mer,
01:36c'est un geste minuscule, mais j'avais réellement envie de répondre,
01:40et donc j'ai dit, je vais faire une soirée caritative, et j'ai trouvé plutôt bien,
01:45car il y a des textes émouvants, très forts, mais également drôles,
01:49car il faut prendre de la distance, de prendre comme thème ce qui est tellement en danger,
01:54et ce sont presque des mots sales désormais, que ce soit dans notre pays aussi,
01:59je m'empresse de le dire, la liberté et la démocratie.
02:02– Oui, ce sont des textes qui, au fond, n'ont pas pris une ride,
02:04que vous ressentez, qui sont très très actuels.
02:06– Alors bien sûr, il y a des textes, pour que l'arbre bourgeonne, il lui faut ses racines,
02:09donc naturellement, il y a les gros pépères, qu'on aimerait bien avoir à la Chambre des députés,
02:14quand on voit, je dis à des discours de Hugo à la Chambre des députés,
02:18c'est autre chose que, voilà, je n'en dirais pas plus,
02:21mais, et puis, il y a des textes contemporains, bien sûr, qui sont tout à fait hallucinants,
02:26même, je pense à une journaliste et autétrice comme Dominique Hédé,
02:31que vous connaissez sans doute, il y a le grand Pierre des proches,
02:34il y a Raymond de Vos, il y a, oui, oui, parce que je pense que l'humour est très très très important,
02:41ça nous soigne, ça nous sauve, ça nous aide, voilà.
02:43– Et ça fait passer des messages qui sont effectivement essentiels.
02:47– Alors il paraît que si vous n'aviez pas été comédien,
02:49vous auriez voulu être ténor, et franchement, on l'imagine très bien quand on voit…
02:53– Eh, attends, à 9h du matin !
02:56– C'est génial, sans se chauffer, il n'est pas prévenu direct, comme ça.
03:00– Le gars du son, pas bouge !
03:02– Ah ben c'est impressionnant.
03:02– Non, je n'ai pas, je n'ai pas…
03:04– Non mais c'est vrai que c'est un de mes rêves et un de mes regrets,
03:06mais j'étais trop feignant en fait, parce que le chant, c'est un travail tellement exigeant,
03:11tellement dur et très jeune, moi je pensais plutôt à d'autres choses,
03:14je pensais à mon boulot et aux jeunes filles, par exemple.
03:18Et donc voilà, vous comprenez, donc je ne pouvais pas tout faire.
03:20– Il y a une jeune femme qui est à côté de vous, qui va justement appuyer sur ce bouton-là,
03:24c'est l'occasion parfaite pour Camille de vous faire travailler ce matin.
03:26– Il est en forme.
03:26– Votre voix, il est encore encore.
03:27– Il est toujours, moi, le matin.
03:28– Il est très en forme, mais dès le matin, on pourrait imaginer votre voix,
03:31justement, au fin fond de l'Opéra Bastille.
03:33C'est votre maman qui met bien l'opéra ou pas ?
03:35– Difficile.
03:35– Ma maman était folle amoureuse de l'opéra, c'était très, très émouvant.
03:40Elle l'écoutait à son poste de radio, je l'ai accompagnée, voire Callas dans ses derniers concerts,
03:45je l'ai emmenée voir Pavarotti, écoutée, pardon, Pavarotti, et elle était très émue.
03:50Enfin, vous voyez, c'est un très beau souvenir.
03:52– Un très beau souvenir.
03:52Alors, cette voix, justement, j'aimerais qu'on l'utilise ce matin, à bon escient.
03:56Alors, est-ce que je peux me permettre de vous demander de lire un peu de Raymond Deveau ?
04:01– Oh là, très difficile, mais oui.
04:02– Je crois qu'il faut se contenter de respecter sa logique.
04:06– Oui.
04:07– Parce que lui, il avait une nature comme ça.
04:09– C'est vrai que c'est.
04:10– Alors, bon, c'était monumental, il est inimitable.
04:12– Oui.
04:13– Il avait son maquillage de clown sublime.
04:16C'est un immense génie, Raymond Deveau, ça, franchement, on n'a pas fait mieux depuis.
04:20Mais par contre, ses textes sont d'une écriture et d'une logique absolue imperturbable.
04:27C'est la seule chose qu'il faut essayer de s'approcher.
04:29– Alors, je vous propose de lire, parler pour ne rien dire.
04:32– Mesdames et messieurs, je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
04:40Alors, je sais, vous pensez, s'il n'a rien à dire, il ferait mieux de se taire.
04:45Évidemment, mais c'est trop facile.
04:47C'est trop facile.
04:48Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n'ont rien à dire et qui le gardent pour eux ?
04:53Eh bien, non.
04:53Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n'ai rien à dire, je veux qu'on le sache.
04:58Je veux en faire profiter les autres.
05:01Et si vous-même, mesdames et messieurs, vous n'avez rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute.
05:05– J'adore, bravo !
05:07– Merci beaucoup !
05:08– De porter des textes comme ça pour un comédien, c'est quelque chose de…
05:12parce que c'est ciselé, c'est parfait, c'est de l'orfèvrerie.
05:16– Je pense qu'il ne faut pas hésiter à dire que De Vos, désormais, fait partie de même que des proches, d'ailleurs,
05:22de nos grands classiques, de nos grands stylistes.
05:25– Exactement.
05:25– C'est monumental, ça fait partie, c'est intégré à notre littérature, c'est absolument évident.
05:30Ce sont des très très grands stylistes, d'ailleurs, quand on parlait avec lui,
05:34bon, alors il faisait toujours le fou, alors c'était horrible,
05:36parce que moi j'étais en larmes de rire tout le temps, donc je ne pouvais plus l'écouter.
05:39Mais c'est vrai qu'il avait une espèce de culture magnifique, formidable.
05:43– Alors, je vous propose maintenant qu'on enchaîne sur un petit blind test de voix.
05:49Attention, vous allez devoir trouver très rapidement qui se cache derrière ce sonore.
05:54Normalement, c'est facile, elle a une voix reconnaissable par le littérature, on écoute.
05:57– La fatigue aide toujours, les acteurs, quand on est fatigué,
06:00parce qu'il y a des choses qui sortent de vous sans que vous vous en rendiez compte,
06:04puisque vous n'avez plus le contrôle de vos nerfs et de votre sang-froid.
06:07– Ça va bien se chercher ?
06:09– Alors, j'hésite, mais franchement j'hésite, entre Jeanne Moreau et Fanny Ardent.
06:14– Bravo, c'est Jeanne Moreau.
06:15– Ah bah ça, la voix de Jeanne Moreau, rien que ça,
06:18on pouvait mettre noir sur l'écran, on en a dans les avoir.
06:21Moi, j'ai eu la chance de tourner avec elle, et t'y as-toi bien.
06:25C'était elle qui m'était en scène, c'était Signorec qui était en face de moi comme partenaire.
06:29Donc là, on sentait tout petit.
06:30– Ah oui, d'accord, mais justement, vous avez eu cette phrase très belle à son propos,
06:34vous avez dit « Après avoir rencontré Jeanne Moreau, je n'ai plus été le même ».
06:38Qu'est-ce qui a changé ?
06:39– C'est vrai parce que, comment dirais-je, au-delà de ma maman,
06:45et puis je connaissais pas mal de jeunes filles quand même à l'époque,
06:50mais là, il s'agissait d'une très grande dame,
06:52et c'était la première fois de ma vie que je rencontrais une très grande dame,
06:57et qui en plus devait me diriger.
06:59Et juste à côté d'elle, il y avait une autre immense dame, Signorec.
07:03Donc vraiment, je vous jure que quelque chose change et bouge.
07:07Et Moreau m'a montré, dans le silence absolu,
07:11avec juste son regard et son corps,
07:13pour me montrer ce que j'avais une scène de désir à jouer.
07:16Elle m'a dit « Mais Jacques, voilà ce que c'est que le désir ».
07:19Et elle s'est mise devant moi, et elle a joué ça dans le silence absolu.
07:23– Waouh !
07:24– Et j'ai compris quelque chose de l'ordre de ce que c'était physiquement être au cinéma.
07:31Ça veut pas dire que j'ai fait des progrès.
07:33Et que je suis Jeanne Moreau en mec.
07:36Mais ça veut dire que j'ai compris des choses.
07:39– Alors je vous propose qu'on trouve une autre voix.
07:42– Oui.
07:42– C'est celle-ci. Écoutez.
07:46– Je vais parler tout à l'heure.
07:46– Mais oui !
07:52– Qu'est-ce que vous aimez chez lui ? C'est sa puissance ?
07:56– Non, parce que la puissance, il y en a d'autres qui l'ont.
07:59Non, c'est qu'il est sur son échelle de peintre.
08:04C'est-à-dire que c'est totalement naturel.
08:06Et ce qu'il faut savoir, c'est que ce naturel, cette facilité déconcertante,
08:10cette agilité de la voix, c'est des heures de travail tous les jours.
08:14C'est 6-7 heures de travail par jour.
08:18– Vous l'écoutez souvent ?
08:19– Ça coule, c'est incroyable.
08:23– Moi, quand je l'entends, ça me donne vraiment envie de chanter.
08:25– Mais pourquoi vous ne l'avez jamais fait ?
08:26Parce que, franchement, vous dites par coquetterie.
08:29– Je vous le dis, j'ai un professeur de chant merveilleux en ce moment.
08:32– Encore ?
08:33– Parce que j'adore ça.
08:35Et c'est vrai que je lui dis toujours, mais quel regret j'ai de ne pas avoir fait ça.
08:39– Mais encore ?
08:39– Plutôt, je me remercie beaucoup, on va essayer.
08:45– Non, mais votre professeur de chant, c'est pour quoi ?
08:48C'est pour le plaisir, c'est pour entretenir votre engaume ?
08:51– C'est parce que je voulais une sécurité absolue.
08:52Votre voix, que vous vouliez enrhumée ou malade ou fatiguée ou autre,
08:56ça passe, elle est musclée.
08:59C'est un muscle, les cordes vocales, il faut les travailler.
09:01– Alors, juste une petite anecdote rapide,
09:03parce que vous nous racontez ce matin,
09:05et c'est passionnant de vous entendre raconter des épisodes de votre vie,
09:07racontez-nous votre rendez-vous raté avec la comédie française.
09:10Il paraît que vous avez…
09:10– Non, non, ce n'est pas un rendez-vous raté, c'est très très rapidement.
09:14À l'époque, je suis à 68 heures tard, voilà.
09:19Et on est très très un peu radical, même trop, il faut bien le dire, un peu con.
09:23Je ne regrette pas, mais on est un peu con,
09:25c'est-à-dire pour nous, la comédie française, c'était la droite,
09:28le TNP, c'était la gauche.
09:29Donc, je dis, non, non, ça, ce fief du capitalisme, voilà.
09:34Et donc, j'ai refusé, entre autres, pour ça,
09:36et puis aussi parce qu'à l'époque, on jouait en alternance,
09:38et on jouait Hamlet un jour, Alceste le lendemain,
09:41et ça, je n'aime pas ça.
09:42Et puis ensuite, et je tiens à le dire, je tiens à le saluer là maintenant,
09:46Éric Ruff qui s'en va et qu'on peut applaudir à tout ronde,
09:48qui a fait un boulot merveilleux,
09:50m'a reproposé gentiment à la comédie française,
09:52et là, c'est plus une question de je n'ai plus 20 ans.
09:55Question de limite d'âge.
09:56Je n'arriverai jamais à suivre le rythme que vous avez.
09:58Vous n'avez pas 20 ans, mais une énergie folle qui nous porte ce matin,
10:01et c'est vraiment un bonheur de vous entendre,
10:02vous restez avec nous.
10:03Vos coups de cœur sont à suivre avec Camille Dahan,
10:05et vous chantez, mais vous faites du sport aussi,
10:07et du sport en musique.
10:09Et oui, sur une chanson que vous allez reconnaître,
10:11c'est la musique de Pulp Fiction.
10:13On reste un peu à Cannes.
10:14Allez, à tout de suite, avec Jacques Weber.
10:15C'est pas le faire d'Ardenne ?
10:16C'est pas le faire d'Ardenne ?
10:17C'est pas le faire d'Ardenne ?

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