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00:00Congolaises, Congolais, chers compatriotes,
00:06Il y a six ans, je prenais congé de mes responsabilités en tant que Président de la République,
00:14Chef de l'État.
00:17Effet inédit dans notre pays, en près de 60 ans d'indépendance.
00:25J'ai passé pacifiquement la main à un nouveau Chef d'État.
00:31Depuis lors, je m'étais imposé un strict devoir de réserve,
00:37y compris quand j'ai fait l'objet, directement ou par mes proches interposés,
00:45de provocation, de déni de droit, d'humiliation, d'imputation dommageable
00:54et d'autres multiples attentes à ma dignité.
00:59D'abord, parce que je suis convaincu que le temps est le meilleur allié de la vérité.
01:07Un antidote lent mais puissant contre le vénère du mensonge et de la délation.
01:18Mais aussi et surtout, parce qu'agir autrement aurait fait le jeu de ceux qui,
01:25par cette campagne odieuse, cherchaient à détourner l'attention de notre peuple,
01:33de leur incapacité, aujourd'hui avérée, à répondre à ses attentes et aspirations.
01:44J'ai enfin décidé de briser ce long silence, de sortir de ma réserve
01:50et de m'adresser à vous parce que l'enjeu est détail.
01:54Il est même existentiel.
01:58Non pas pour ma famille politique ou biologique, moins encore pour ma modeste personne,
02:06mais plutôt pour la nation congolaise et pour l'avenir de notre cher et beau pays.
02:15J'ai décidé de briser le silence parce qu'au vu de la situation que traverse notre pays,
02:22continuer à m'éteindre m'aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l'histoire
02:30pour non-assistance à plus de 100 millions de compatriotes en danger.
02:37Je saisis cette opportunité pour partager avec vous mes réflexions
02:44et participer ainsi à la recherche de la solution à la crise que traverse notre pays,
02:51la République démocratique du Congo, terre de nos ancêtres,
02:57car il est gravement malade et son pronostic vital engagé.
03:06Mieux que quiconque, vous en êtes conscient car vous en faites quotidiennement les frais dans votre chair
03:17et vous en payez le prix.
03:21Mes chers compatriotes,
03:24Vu l'importance stratégique de notre pays et le rôle qu'il est appelé à jouer,
03:31j'avais de l'avènement au pouvoir du chef de l'État actuel conclu avec lui un accord
03:39donnant naissance à la coalition entre nos forces politiques respectives.
03:47À propos de cet accord,
03:50beaucoup de contes vérités ont été dites, y compris fort malheureusement,
03:57par celui qui est censé connaître la vérité,
04:00parce qu'en étant l'un des deux principaux signataires.
04:07En attendant qu'au moment opportun la vérité soit rétablie,
04:14preuve irréfutable à l'appui,
04:17permettez-moi pour l'instant d'affirmer qu'en ce qui me concerne,
04:22la conclusion de cet accord n'avait pour seule motivation que l'intérêt supérieur de la nation.
04:33Par cet accord de mutualisation de forces,
04:36j'entendais en effet permettre à mon successeur d'exercer,
04:42dans la direction des affaires de l'État,
04:45plus de pouvoir effectif que ce que la faible représentation de sa famille politique
04:53au sein de la nouvelle Assemblée nationale était en droit de lui conférer.
05:01Je voulais par ailleurs faciliter le fonctionnement harmonieux des institutions
05:08et éviter à la nation, comme à notre jeune démocratie,
05:14d'éventuelles crises politiques qui leur auraient été fatales.
05:20Cette première alternance pacifique et civilisée à la tête du pays
05:26avait suscité d'autant plus d'espoir qu'en janvier 2019,
05:32notre pays se trouvait en bien meilleur état
05:36qu'au moment de ma propre accession à la magistrature suprême en janvier 2001.
05:44Alors que j'avais trouvé un pays au bord de l'implosion,
05:50miné par une longue dictature et des guerres,
05:55sans institutions républicaines, économiquement en faillite et socialement déchirés,
06:04bref, un pays dont l'incertitude des lendemains menaçait la stabilité de toute la région,
06:12le 24 janvier 2019, j'avais en effet légué un bien meilleur héritage à mon successeur,
06:23à savoir un pays réunifié, largement pacifié,
06:31et dont les limites territoriales correspondaient exactement à celles qu'elles étaient au 30 juin 1960.
06:44Une nation reconstituée, réconciliée et fière de sa diversité.
06:54Un état doté d'une constitution progressiste et des institutions fonctionnant harmonieusement.
07:05Une économie dynamique et résiliente,
07:09et débarrassée du fardeau de la dette héritée de régimes antérieurs,
07:16du fait de multiples réformes structurelles engagées.
07:22Une armée nationale républicaine de plus en plus professionnelle
07:30et capable de relever le défi de la défense de l'intégrité du territoire national.
07:38Une démocratie en constante consolidation,
07:44avec notamment l'organisation sur fond propre d'un troisième cycle électoral.
07:54Le cœur serré, je constate qu'à peine six ans après,
08:00ce bel héritage en indivision, légué à l'ensemble de notre peuple,
08:07a été complètement dilapidé par celui qui en avait reçu la garde.
08:15Que notre pays offre un spectacle le plus désolant,
08:20et qu'il suscite d'autant plus de désespoir au sein de notre peuple,
08:26et de pitié et de moquerie à travers le monde,
08:32que l'inconscience de ses dirigeants ne permet aucun espoir de redressement.
08:40Cette détérioration rapide de la situation générale du pays
08:46est principalement due à l'inverse du pouvoir sans limite.
08:53Le nouveau dirigeant s'élisse en effet par une série de remises en cause,
08:59régnements et violations intentionnelles de la Constitution,
09:05avec en toile de fond la volonté irrésistible de concentrer tout le pouvoir
09:14entre les mains d'un seul homme,
09:17au mépris du pacte qui cimentait la cohésion de notre peuple.
09:23Le premier acte de remise en question de ce pacte républicain,
09:29véritable socle de stabilité et de cohésion nationale,
09:35a consisté à violer délibérément la Constitution et les lois pertinentes.
09:43Lors du premier émaniement de la Cour constitutionnelle par le Président de la République,
09:51la violation de ce texte juridique, fondement de tout état de droit,
09:57pour de simples raisons de confort politique,
10:01est devenue depuis lors une marque distinctive de la gouvernance de notre pays.
10:13Dans le même esprit, en décembre 2020,
10:19il fut organisé un coup d'état institutionnel
10:23à la suite du renversement en pleine mandature d'une majorité parlementaire,
10:29pourtant dévolue par le peuple souverain,
10:33ainsi que le gouvernement qui en était issu.
10:38S'en sont ainsi suivies la nomination illégale de membres de la Commission électorale nationale indépendante,
10:48ainsi que le simulacre des élections de décembre 2023,
10:56organisées en violation du cadre juridique et de normes internationales pertinentes,
11:06qui, par une ampleur sans précédent de la fraude,
11:10ont amplifié l'illégitimité des institutions et de leurs animateurs.
11:18Le coup de grâce a été donné par l'annonce du projet de changement de la Constitution,
11:25un projet dont la réalisation liquiderait totalement le consensus national de Saint-Denis.
11:36Les conséquences négatives de cette gouvernance non orthodoxe sont pour le moins stupéfiantes.
11:46Le pays est ainsi devenu un espace de non-droit.
11:51La République a cessé d'être démocratique et la volonté du chef de l'État tient désormais lieu de loi suprême,
12:02supplantant la Constitution et les lois.
12:08En revanche, érigés en politique du gouvernement,
12:14le populisme et la démagogie,
12:17le mensonge et l'arrogance,
12:20la discrimination et la stigmatisation de certaines composantes de notre peuple,
12:27l'institutionnalisation du tribalisme et du népotisme,
12:33l'opposition de communautés nationales les unes aux autres,
12:40le discours de haine et l'injustice ainsi que l'impunité ont d'autant plus aisement détruit la cohésion nationale et le vivre ensemble
12:53que l'opulence outrancière et le non-respect de la parole donnée sont les maîtres mots de la classe politique au pouvoir.
13:04Ce qui a rendu le pays fragile et donc vulnérable.
13:11Plus grave, le repli identitaire, dangereux pour l'édification de toute nation, a refait surface.
13:22Avec ces vieux deux mots, dont l'intolérance et la division, et circonstance à leur vente,
13:31cela est non seulement toléré et impuni, mais aussi et surtout véhiculé et financé par les ténants du pouvoir.
13:43Face à cette dérive, le Parlement a abdiqué de sa mission constitutionnelle de contre-pouvoir.
13:53Il a ainsi cessé d'être le temple de la démocratie,
13:58le lieu par excellence de l'expression législative et la volonté du souverain primaire,
14:06pour ne plus être qu'une chambre d'enregistrement de la volonté d'une seule personne.
14:16Quant à la justice, garante constitutionnelle de liberté publique et du socle de valeur,
14:24qui structure notre identité et forge notre unité,
14:30elle a complètement démissionné de ses responsabilités,
14:35se laissant ouvertement instrumentalisée à des fins politiques.
14:41Elle n'est donc plus qu'un instrument d'oppression d'une dictature qui tente désespérément de survivre à compte courant de l'histoire,
14:53par la têleur et l'imposition de la pensée unique.
14:59Rôle pelouable qu'elle partage avec les milices tribales, ainsi que la police et le service de renseignement,
15:10eux aussi détournés de leur noble mission de protection des citoyens et de sécurisation de l'État.
15:22Sur le plan économique, la situation est de plus inquiétante,
15:30malgré l'augmentation des recettes publiques,
15:34essentiellement due à l'arrivée en maturité de toutes les réformes courageusement votées de 2002 à 2018,
15:45notamment le nouveau code minier, forestier, des hydrocarbures, des assurances et de la sous-traitance,
15:57et un niveau d'aide financière accru de la part des institutions de Bretton Woods.
16:06Aucun investissement n'a été réalisé pour doter le pays d'infrastructures modernes,
16:14soutenir des réformes structurelles et stimuler la croissance.
16:22Par contre, l'inflation et la dépréciation monétaires,
16:28jadis vaincus, sont de retour.
16:33La corruption et le détournement de l'énergie publique ont atteint un niveau inédit.
16:42Et l'endettement public que nous avions maîtrisé en 2010 a de nouveau grimpé en flèche,
16:52dépassant la barre des 10 milliards de dollars et suscitant des inquiétudes légitimes
17:00quant à la solvabilité à moyen et long terme du pays.
17:08Les conséquences sur le plan social sont aussi dramatiques.
17:15Aggravation du chômage, accumulation des adhérents des salaires des agents de l'État,
17:23baisse drastique du niveau de vie de la population et récrudescence du banditisme urbain,
17:32de l'exode rural et de la famine dans un nombre croissant de provinces.
17:40Les Congolais sont désormais en proie à une véritable angoisse existentielle.
17:51Parmi les victimes résignées de ces gâchis se trouve en bonne place notre jeunesse,
18:00qui a été pourtant de tous les combats démocratiques et qui a beaucoup cru aux vertus de l'alternance pacifique.
18:11Aujourd'hui, sans repère ni perspective sérieuse du lendemain,
18:17elles se sont abandonnées, laissées à la merci des entrepreneurs de conflit
18:24et de vendeurs d'illusions de tous bords.
18:29Rien de ce qu'il y a été promis depuis six ans n'a été réalisé.
18:37À cette jeunesse désabusée, comme à l'ensemble de notre peuple,
18:44nous tenons à donner une assurance.
18:48L'échec d'un régime compromis mène et scelle pas définitivement le sort d'un peuple.
19:00Mes chers compatriotes,
19:03S'agissant de la situation sécuritaire, dans les grandes agglomérations comme dans nos campagnes,
19:12elle est partout plus que préoccupante.
19:17Le cas notamment au nord Kivu, au sud Kivu, en Nitori, au Manema, au Tanganyika, au Okatanga et au Maindombe,
19:31province pourtant voisine de Kinshasa, capitale du pays et siège des institutions.
19:42Les sangs de nos compatriotes civils et militaires,
19:48valeureux officiers et soldats des rangs,
19:52mais aussi députés, éminents membres de la société civile ou de partis politiques,
20:01a ainsi abondamment et gratuitement coulé.
20:06Du fait de l'intolérance, du cynisme, voire pire, d'un terrorisme d'État,
20:15pratiqué dans un seul et unique dessein, l'abus du pouvoir pour le pouvoir.
20:24C'est le cas, entre autres,
20:28des sangs de plusieurs centaines de détenus du centre pénitentiaire de rééducation de Makala,
20:36sauvagement abattus dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024,
20:43victimes sans défense d'un crime incontestable contre l'humanité,
20:51à ce jour restés impunis.
20:56Il en est de même des membres de la secte mystico-religieuse Wazalendo de Goma,
21:04des jeunes de la Junafek à Lubumbashi
21:09et du massacre des adeptes de l'église Mbidi à Kilwa.
21:16Cette déliquescence de la situation sécuritaire est due à la mauvaise gouvernance du pays
21:24qui, dans ce secteur, est aujourd'hui caractérisée par une formation militaire bâclée.
21:32Des recrutements et mises en place ethniquement motivés,
21:37ainsi que par l'emprisonnement sans jugement,
21:42aussi bien de plusieurs militaires et officiers de haut rang
21:47que des agents de l'ordre et de sécurité, majoritairement soi-y les fonds.
21:56Bien plus, à l'armée nationale, bouclier de la nation,
22:03instrument de préservation de l'indépendance nationale et de l'intégrité territoriale,
22:10il a été substitué de bandes de mercenaires, de groupes armés,
22:18de milices tribales et de forces armées étrangères
22:24qui ont non seulement monté leurs limites,
22:28mais aussi enfoncé le pays dans un chaos indescriptible.
22:35L'État a ainsi perdu le monopole de la violence légitime en soutenant aux groupes armés,
22:44autrefois maîtrisés, le maintien de l'ordre public et de la tranquillité nationale.
22:54Et comme si cela ne suffisait pas, l'armée nationale est vilipendée,
23:01conspuée et tournée en dérision par les autorités qui n'assument jamais rien,
23:09alors qu'elles sont censées veiller à sa consolidation et à sa respectabilité.
23:19Pour les avoir formés, commandés et conduits au front,
23:25je connais nos soldats, boucs émissaires aujourd'hui,
23:31de tout le compte performance enregistré sur les champs de bataille.
23:36Ils ne sont pourtant pas intrinsèquement moins bons, moins nationalistes et moins loyaux.
23:44Ce qui a changé entre temps, c'est la qualité du commandement et de leur prise en charge.
23:53Au niveau régional, le gouvernement a levé l'option désastreuse
23:59de se détourner de deux principaux instruments internationaux
24:05qui étaient à la base de l'architecture régionale de paix et de sécurité,
24:12laquelle avait permis la stabilité régionale
24:16que le président actuel avait trouvée lors de son accession au pouvoir,
24:23à savoir le pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région de Ganglac
24:33et l'accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération
24:39pour la République démocrate du Congo et la région.
24:44Plus grave encore, en faisant de forces négatives les FDLR
24:51ainsi que des centaines de groupes armés congolais,
24:55des supplétifs des forces armées de la République démocrate du Congo,
25:00le gouvernement a ouvert la voie à la régionalisation du conflit
25:07avec des conséquences inévitables sur la stabilité de la région.
25:16Mes chers compatriotes,
25:20alors que sur le plan institutionnel, politique, économique et social,
25:28les fondamentaux avaient été établis
25:31et que le pays avait été placé sur la rampe de lancement
25:36prêt à décoller,
25:38nous voici hélas en un temps record, soit six ans, de nouveau à la case de barre.
25:48Seul d'un État failli, divisé, désintégré, au bord de l'implosion,
25:57inscrit en bonne place au palmarès du pays.
26:04Pauvre, le plus corrompu et très endetté.
26:10En atteste tout le rapport tant du Conseil de sécurité des Nations Unies
26:18que ce sur l'indice de développement humain et sur la pauvreté.
26:26La crise qui déchire notre pays est donc profonde et multidimensionnelle.
26:32Sa solution doit être nécessairement globale.
26:36Toute autre approche n'a donc aucune chance de conduire à une paix durable.
26:46Bien plus, le Congo est intemporel.
26:52Il n'appartient pas à tel ou tel régime politique.
26:57Ce dernier étant, par définition, rotatif et donc passager en démocratie.
27:05Il appartient plutôt au peuple congolais dans sa grande diversité.
27:11Ce qui est vrai du Congo l'est aussi des immenses ressources du sol et du sous-sol
27:19dont il regorge et qui sont essentielles à la croissance et au développement à l'échelle internationale.
27:31Que tous, au pays comme à travers le monde, en tiennent compte
27:38et qu'ils inscrivent leurs projets dans une perspective qui privilégie l'intérêt du Congo et des Congolais
27:47plutôt que celui de ceux qui, à un moment ou à un autre, dirigent le pays.
27:56Cela étant, pour sauver le Congo, les greffes légitimes du peuple congolais
28:04contre le régime en place ne peuvent être élidées.
28:11Ils doivent plutôt être pris en compte, la dictature doit prendre fin
28:18et la démocratie, tout comme la bonne gouvernance économique et sociale, doit être restaurée.
28:29Car, comme en témoigne l'histoire, il ne peut y avoir de solution sécuritaire définitive
28:37sans solution politique sincère.
28:41Sinon, il y aura de nouvelles vagues de convulsions politiques,
28:47de troubles à la paix, d'insécurité, d'instabilité institutionnelle,
28:56de conflits armés et des guerres civiles.
29:03Perspective qu'en toute responsabilité, nous Congolais ne pouvons plus nous permettre.
29:13Il est dès lors vital que les multiples initiatives de recherche de la paix
29:20Luranda, Nairobi, EAC et SADC, l'Union africaine, Doha et Washington,
29:32que nous accueillons favorablement, les considérant comme autant des signes de compassion
29:40et de solidarité à notre peuple, soient conscientes de cette exigence.
29:48Qu'elles accordent aux Congolais à la fois maîtres de leur destin
29:53et premières victimes de cette crise, la place centrale qui leur revient de droit,
30:01aussi bien dans le diagnostic du mal dont souffre le pays
30:06que dans la prescription du traitement dont il a besoin pour en guérir définitivement.
30:16Il convient de noter à ce sujet que le gouvernement de Kinshasa s'est enfin résolu
30:25à se mettre autour d'une même table avec l'AFC Bar M23 depuis plusieurs semaines à Doha,
30:35même si, bizarrement, il continue à considérer comme un crime
30:42le fait que les autres Congolais se parlent entre eux.
30:47C'est le lieu pour moi de saluer la démarche des évêques de la SENCO et de l'ECC
30:55qui a le mérite de n'exclure du débat aucun sujet ni aucun de nos compatriotes.
31:06Sans être parfaite, cette initiative conjointe des Églises mérite le soutien
31:13et, si nécessaire, des enrichissements de la part de notre peuple.
31:23Mes chers compatriotes,
31:27Une fois n'étant pas coutume, il convient de dénoncer la falsification de l'histoire
31:35par ceux dont le jeu pervers dans l'opposition à guerre, comme aujourd'hui au pouvoir,
31:43a consisté et consiste encore à calomnier, à diffamer, à diaboliser et à diviser pour gagner et régner,
31:57à se défausser sur les autres pour justifier leur contre-performance,
32:03quelles qu'en soient les conséquences sur la cohésion nationale
32:07ou en termes de vies humaines injustement brisées ou perdues.
32:15Une preuve, s'il en fallait encore, vient de nous en être donnée une fois de plus.
32:24Il y a quelques jours, en effet, suite à une simple dumeur de la rue ou de réseaux sociaux
32:33sur ma prétendue présence à Goma, où je veux me rendre dans les prochains jours,
32:39comme on en sait par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires,
32:49avec une légèreté déconcertante qui témoigne du récul spectaculaire de la démocratie.
33:00Mieux que quiconque, vous savez que pour moi, le Congo est la priorité absolue,
33:09que sa souveraineté et son intégrité territoriale ne sont pas négociables,
33:16que mon engagement pour la démocratie, la cohésion nationale, la paix et la stabilité n'est pas un slogan creux,
33:28et que le respect de la Constitution et des lois du pays, autant que celui de la parole donnée, sont sacrés.
33:40Militaire, j'ai juré de défendre la patrie jusqu'au sacrifice jupon.
33:47Hier au pouvoir, aujourd'hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment.
33:59En ce moment où le pays est de nouveau divisé, appelé par le destin,
34:08j'ai le devoir d'œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction de notre pays qui se meurt.
34:19C'est dans cet esprit que j'ai choisi ce moment pour exprimer ma sympathie,
34:28à l'endroit de toutes les victimes du conflit en cours,
34:32de réconforter et marquer ma solidarité avec la population de la partie orientale.
34:41Vous, qui êtes abandonnés par le pouvoir central, qui semblez avoir pris le parti de vous punir,
34:53entre autres en déconnectant les institutions financières du réseau bancaire national
35:00et en restreignant le mouvement des personnes et des biens.
35:07Ces décisions et bien d'autres vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais.
35:18J'en appelle aux uns et aux autres, en particulier au gouvernement,
35:25d'humaniser les conditions de vie de nos compatriotes de cette partie du territoire national.
35:34Ils ont droit à la vie, à la scolarisation de leurs enfants et aux autres conditions du bien-être.
35:45En entendant le rétablissement de l'autorité de l'État sur toute l'étendue du territoire national,
35:54j'invite les tenants du pouvoir à protéger la population.
35:59De même, l'armée, la justice, les autres structures en charge de l'ordre et de la sécurité
36:10doivent être véritablement au service de la population et répondre à ses aspirations.
36:21Mes chers compatriotes,
36:24De par mon expérience, dans des situations similaires,
36:30le patriotisme et l'humanisme ont guidé le processus de règlement du conflit
36:37et ont porté de fruits dans le passé,
36:41aussi bien sur les champs de bataille que sur celui des négociations ou du dialogue.
36:50Notre pays avait été divisé de quasi moitié pendant quelques années.
36:59La sagesse avait alors prévalu.
37:03Nous avions récollé le morceau et le pays a survécu dans son unité.
37:12C'est ainsi qu'après quelques années de réflexion sur la crise en cours,
37:19après avoir consulté des chefs d'État et des anciens chefs d'État de la région,
37:25ainsi que des acteurs politiques et sociaux, nationaux et étrangers,
37:32j'ai fait ce jour une proposition qui engage la nation toute entière
37:38à un sursaut patriotique pour un pacte citoyen afin d'étirer le pays du gaufre.
37:47Le travail hardi qui s'impose à nous portera notamment sur les douze points suivants.
38:011. Mettre fin à la dictature, mieux à la tyrannie.
38:102. Arrêter la guerre.
38:153. Rétablir l'autorité de l'État sur toute l'étendue du territoire national.
38:234. Restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d'un véritable État de droit.
38:335. Rétablir les libertés fondamentales.
38:406. Réconcilier le Congolais et reconstruire la cohésion nationale.
38:507. Relancer le développement du pays par la mise en place d'une bonne gouvernance économique,
39:00une gestion administrative et financière orthodoxe
39:06et une répartition équitable des ressources nationales.
39:138. Relancer le dialogue sincère et permanent avec tout le pays voisin
39:22en vue de l'instauration de la paix et du développement durable dans la région.
39:319. Rétablir la crédibilité du pays auprès de partenaires
39:39au niveau tant régional, continental qu'international.
39:4610. Neutraliser tous les groupes armés nationaux et étrangers
39:54et rapatrier ces derniers dans leur pays d'origine.
40:0111. Mettre définitivement fin au recours et à l'utilisation des mercenaires
40:09conformément à la Convention de l'Union africaine sur l'élimination du mercenariat en Afrique
40:18du 3 juillet 1977 et à la résolution des Nations unies du 4 décembre 1989
40:29portant sur la Convention internationale compte le recrutement, l'utilisation,
40:38le financement et l'instruction des mercenaires et rapatrier sans condition
40:45ceux qui sont déjà déployés sur le sol congolais.
40:5112. Ordonner le retrait sans délai de toutes les troupes étrangères du territoire national.
41:02À ce sujet, je salue la décision sage du pays de la SADC
41:09de retirer les troupes de la SAMI d'Iarcy de notre pays.
41:17Vu l'immensité de la tâche ainsi décrite, je lance un appel solennel à tous les Congolais
41:27sans distinction de sexe, d'ethnie, d'âge, de classe sociale, de zone géographique
41:37ou d'appartenance politique qui aiment passionnement le Congo,
41:42qui sont prêts à tout le sacrifice, qui adhèrent sans réserve au pacte républicain de SAMCITY
41:49et qui tiennent au respect de la Constitution du 18 février 2006 à se dire autour de ces objectifs.
42:00Il s'agit de la refondation de l'État et de l'édification d'un pays qui a perdu ses repères.
42:11Mobilisons-nous et mettons à profit tout le moyen à notre disposition
42:20pour restaurer l'unité nationale, sauver le Congo et préserver son indépendance,
42:29car l'Afrique et le monde nous regardent.
42:36Mes chers compatriotes,
42:40Le Congo vaut mieux que la caricature qu'en donnent ses dirigeants factuels.
42:47Le Congo mérite mieux que cette politique extérieure faite de gérémiades et de mendicités.
42:59J'ai donc la ferme conviction que le peuple congolais est capable,
43:05aujourd'hui comme en 1960, de vaincre le démon de la division.
43:12Qu'il est capable aujourd'hui, comme au cours de la décennie 90,
43:18de vaincre la tyrannie et la tentation du pouvoir absolu.
43:24Qu'il est capable aujourd'hui, comme en 2003,
43:29de prendre le dessus sur ce qui nous divise
43:33et de mettre fin à la violence armée qui oppose ses enfants.
43:40Pour y parvenir, chacun doit jouer sa partition.
43:46Je m'engage à jouer la mienne.
43:51Que Dieu bénisse la République démocratique du Congo.
43:56Qu'il bénisse individuellement chacun de vous.
44:01Je vous remercie.
44:51Abonnez-vous !