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  • 23/05/2025
Avec Radouan Kourak, journaliste à Entrevue, auteur de "Léon XIV" aux éditions Belfortaines / Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, auteur de "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête" éd. Odile Jacob / Paul-Antoine Martin, ingénieur auteur de "Le temps des pervers" éd. Max Milo

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##POULIN_SANS_RESERVE-2025-05-23##

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News
Transcription
00:00:00SUD RADIO, midi 14h, Alexis Poulin sans réserve.
00:00:05On définit le burn-out comme un épuisement physique, mental et émotionnel.
00:00:10Ils sont tellement manipulés par le boulot, boulot, boulot, qu'ils ont même l'impression que tout va bien.
00:00:13Vous êtes virés ?
00:00:14Non, vous êtes virés.
00:00:15Et les gens qui en sont victimes n'en ont pas forcément conscience.
00:00:18C'est un document alarmiste remis au Président de la République.
00:00:21Faire le distinguement entre les frères musulmans et les musulmans.
00:00:24Bon après les patrons ne sont pas non plus complètement innocents dans le mal-être de leurs employés.
00:00:27Tu as un tirant Mathilde ?
00:00:28Non ça va.
00:00:29Mais vous faites tous la même erreur.
00:00:30Redis-le, plus de convictions.
00:00:32Non, non, ça va, c'est pas grave.
00:00:34C'est bien, c'est bien.
00:00:35Respire, respire, ça va bien se passer.
00:00:38Ça va bien se passer, oui, on est ensemble jusqu'à 14h sur SUD RADIO.
00:00:41On va parler d'abord du pape Léon XIV avec Radouane Courrac, journaliste à entrevue, auteur de Léon XIV,
00:00:49audition Bellefortaine, savoir les premiers pas de ce pape très politique sur la scène internationale.
00:00:55On va parler bien sûr de ce rapport sur les frères musulmans.
00:00:59Quelle leçon en tirer avec Florence Bergeau-Blaquer, chercheuse au CNRS, auteure du frérisme Essai Réseau,
00:01:05l'enquête aux éditions Odile Jacob qui nous éclairera sur ce rapport qui a fait couler beaucoup d'encre.
00:01:11Et puis à 13h avec Paul-Antoine Martin, ingénieur, ancien fonctionnaire, auteur de Le Temps des Pervers.
00:01:17On va parler du burnout, épidémie du siècle.
00:01:21Si vous avez peut-être eu affaire à des managers toxiques qui vous ont poussé au burnout,
00:01:25ce sera l'occasion d'en parler et vous pourrez échanger avec notre invité 0826 300 300 au standard de SUD RADIO.
00:01:31On marque une courte pause.
00:01:37Et notre premier invité, c'est Radouane Courrac, journaliste à entrevue, auteur de Léon XIV, audition Bellefortaine.
00:01:44Première biographie du pape, on va dire.
00:01:47Qu'est-ce que vous avez fait pour faire une biographie aussi rapide après la nomination de ce nouveau pape ?
00:01:51Merci de me recevoir, mon cher Alexis.
00:01:53Comment on a fait ?
00:01:54Écoutez, c'est assez simple, je dis on parce que je me suis fait aider de deux amis,
00:01:57à savoir Gilles Verdez et Michel Taubes qui m'ont beaucoup aidé dans le travail de recherche.
00:02:01La première chose, c'est une énorme revue de presse, de toute la presse péruvienne et toute la presse latino-américaine
00:02:07parce que le pape est américain mais il a exercé toute sa vie au Pérou.
00:02:13Ensuite, ce qu'on a fait, c'est qu'on a compilé des témoignages de différents cardinaux à la fin du conclave
00:02:17et de personnes qui avaient côtoyé le pape.
00:02:19Et le tout emboîté, ça nous fait une biographie de 170 pages avec de l'analyse,
00:02:23les différents rapports de force et une analyse de ce qui pourrait être son futur pontificat,
00:02:28le pontificat qui a commencé.
00:02:30Pontificat, d'ailleurs le sous-titre du livre, c'est un pape pour un monde en crise.
00:02:34Est-ce que c'est un pontificat qui va être extrêmement politique ?
00:02:38Forcément, le monde est en crise, le conflit israélo-palestinien,
00:02:42la guerre en Ukraine.
00:02:44Le jour de la nomination, il y avait de fortes tensions entre le Pakistan et l'Inde.
00:02:47Il semblerait que ce soit calmé.
00:02:49Et toutes les tensions géopolitiques du monde.
00:02:51François était un pape politique.
00:02:53Malgré lui, il a voulu s'intéresser à la politique.
00:02:55Mais je crois que Léon XIV sera de fait un pape politique car il n'aura pas le choix.
00:02:59Ça va être son rôle. Il va avoir un rôle de médiation
00:03:02et un rôle que l'Église catholique va devoir se positionner à un moment donné.
00:03:06Ça aura les conséquences que ça aura.
00:03:08Mais c'est intéressant, dans l'analyse du parcours de Léon XIV,
00:03:11on comprend quand même une réelle fracture avec François.
00:03:14François était très très ferme, il avait des dogmes fermes.
00:03:17Là où Léon XIV est plutôt un homme qui cherche très souvent le compromis.
00:03:21Qu'est-ce qu'on en retient de son parcours, vous qui avez fait totalement la biographie ?
00:03:27Quels sont les effets marquants de ce nouveau pape ?
00:03:30Moi je dis que Léon XIV, plus qu'un pape américain, c'est un pape monde.
00:03:33D'ailleurs, la presse du monde entier dit qu'on a un pape américain.
00:03:35Mais c'est faux. On a un pape peut-être péruvien, peut-être américain.
00:03:38Mais il est americano-péruvien. Il a la nationalité péruvienne.
00:03:41Et on l'a beaucoup trop oublié ces derniers temps.
00:03:44Mais c'est un pape monde. Sa généalogie est fabuleuse.
00:03:46On s'est intéressé à ses origines. Il a des origines françaises, des origines italiennes.
00:03:50Il est né aux Etats-Unis, donc de fait il est américain.
00:03:53Mais il a passé toute sa vie au Pérou.
00:03:55Ça a été d'abord un prêtre, un évêque au service des plus pauvres, au service de la communauté.
00:04:00C'est quelqu'un qui n'a pas hésité à mettre les bottes lorsqu'il a eu des inondations,
00:04:03à venir en secours aux plus démunis.
00:04:07Je pense que quand on exerce en Amérique du Sud, on est forcément au chevet des plus démunis.
00:04:11On l'a vu avec François.
00:04:13Mais les grands faits marquants de sa vie, je dirais que c'est l'ordre auquel il appartient,
00:04:16l'ordre de Saint-Augustin.
00:04:18C'était un augustinien, le pape.
00:04:20D'ailleurs, il a annoncé qu'il se rendrait en Algérie dans quelques semaines.
00:04:23Il l'a annoncé il y a quelques jours.
00:04:25Ce n'est pas un hasard.
00:04:27Saint-Augustin est né dans l'équivalent de la ville actuelle de Soukara.
00:04:30C'est décédé à, je ne sais plus si c'est Annaba ou Constantine,
00:04:33mais ce n'est pas très loin finalement.
00:04:36C'est un pape construit de différentes influences,
00:04:39de différentes cultures.
00:04:41Et pour cela, je pense que ce sera un bon pape,
00:04:44car il est là pour être le pape de toute l'Église catholique.
00:04:46Justement, il y a cette continuité avec le pape François de l'Amérique du Sud,
00:04:51d'être tourné d'abord vers les plus pauvres,
00:04:54plutôt que vers les affaires internes du Vatican.
00:04:57Là, on y voit une vraie continuité ?
00:04:59Oui, mais plus généralement, c'est la revanche du Sud global.
00:05:02Dans le monde entier, les BRICS, Léon XIV, c'est le Sud global qui revient.
00:05:06Vous savez, ces pays qu'on a mis...
00:05:08D'ailleurs, cette expression du Sud global est assez ridicule finalement,
00:05:11puisque tous les pays dépourvus ne sont pas forcément au Sud.
00:05:14Mais c'est la revanche de tous ces pays qui ont été sur le côté pendant des années,
00:05:17et aujourd'hui, ils se structurent.
00:05:19Ils ont été sur le côté parce qu'on les a mis sur le côté.
00:05:21On le voit aujourd'hui avec ce qu'il se passe en Russie,
00:05:23ce qu'il se passe à différents endroits du monde.
00:05:25Mais c'est surtout des gens qui ont dû se structurer,
00:05:28qui ont dû faire face à un Occident qui était grandissant,
00:05:31un Occident de plus en plus puissant,
00:05:33et qui se sont structurés.
00:05:34C'est finalement le retour de flamme du comportement doctrinal de l'Occident
00:05:37pendant plusieurs années.
00:05:38C'est la suite logique des années de décolonisation en fait,
00:05:41d'arriver à ça, et puis de dire
00:05:43aujourd'hui le monde multipolaire va être de toute façon dominé par les BRICS ?
00:05:47Je ne sais pas si c'est la suite logique, mais c'est la suite.
00:05:51En tout cas, l'Occident va devoir forcément se réveiller,
00:05:53et j'espère que l'Occident se réveillera,
00:05:55car l'Occident aujourd'hui court à sa perte.
00:05:57Si l'Occident ne se réveille pas, on le voit dans la démographie,
00:06:00dans la natalité, dans aujourd'hui ce qui se fait de mieux sur la planète.
00:06:05Vous allez aux Etats-Unis, dans la Silicon Valley, vous allez partout,
00:06:07c'est des gens qui émergent et qui sont originaires du sud global,
00:06:10des BRICS.
00:06:11Donc l'Occident a intérêt à se réveiller.
00:06:13Si on ne veut pas disparaître, nous devrons nous réveiller.
00:06:15Oui, mais en même temps, là on voit que la loi qui est discutée actuellement à l'Assemblée,
00:06:20c'est sur la fin de vie, le souci d'assister, l'euthanasie.
00:06:22Absolument.
00:06:23On n'est pas vraiment dans le réveil.
00:06:25Est-ce que le pape va prendre position par exemple sur cette loi française ?
00:06:28C'est sûr que plutôt que de discuter de natalité, de comment on repeuple,
00:06:32comment on refait nation, on discute de comment on effrite la nation,
00:06:36comment on la fait disparaître.
00:06:37Oui, le pape va forcément prendre position.
00:06:39C'est quelqu'un de très conservateur.
00:06:40On l'a présenté comme un pape woke.
00:06:42Woke, ça veut un peu tout et rien dire.
00:06:44Moi j'ai ma position, je suis assez anti-wokisme finalement.
00:06:47Mais ce pape n'est pas un woke.
00:06:49C'est certes un pape tentiné progressiste,
00:06:52mais il a réaffirmé par exemple sur la vision du couple et la vision de la famille.
00:06:57Pour lui, le couple, c'est un homme et une femme.
00:06:59Donc je ne crois pas que juste pour ça, on peut parler de pape woke.
00:07:03Non, c'est aller un peu loin.
00:07:05Sur les dossiers immédiats,
00:07:08évidemment il y a cette idée de pour parler de paix pour l'Ukraine,
00:07:12poussée par Donald Trump, de trouver un terrain d'entente au Vatican.
00:07:17Donc d'avoir le pape comme médiateur entre la Russie et l'Ukraine
00:07:20avec les Etats-Unis qui pousseraient.
00:07:22Est-ce que c'est quelque chose d'envisageable ?
00:07:24Est-ce que c'est inédit ?
00:07:25Ou est-ce que le pape a déjà par le passé, dans l'histoire,
00:07:27été arbitre dans des conflits pour tenir des conférences de paix ?
00:07:31Donald Trump s'approprie très souvent les idées des autres.
00:07:34Cette idée, c'est une idée du pape.
00:07:35C'est le pape qui a émis cette idée le 8 mai dernier,
00:07:38lors de son élection.
00:07:40Donald Trump a trouvé ça sympa,
00:07:42et puis c'est une idée bien sympathique.
00:07:44Après l'échec des négociations à Istanbul,
00:07:46Donald Trump s'est approprié l'idée.
00:07:47Mais c'est une idée du pape.
00:07:48Rendons à César ce qui est à César.
00:07:50Ou du moins, rendons au pape ce qui est au pape.
00:07:52Les papes, dans l'histoire,
00:07:53oui, il y a eu plusieurs exemples qui nous le démontrent.
00:07:58Mais là, prenons par exemple, parlons de la Russie et de l'Ukraine.
00:08:01Le conflit russo-ukrainien.
00:08:02Poutine a eu une relation très complexe avec les précédents papes.
00:08:06Par exemple, avec Jean-Paul II.
00:08:08C'était très, très tendu, les relations entre Poutine et Jean-Paul II,
00:08:11pour deux raisons.
00:08:12La première étant que Jean-Paul II était un Polonais.
00:08:15La seconde, c'est que c'était un anticommuniste, anti-URSS.
00:08:18Et il avait une haine viscérale de la Russie.
00:08:20Donc, de fait, il était exclu.
00:08:22Avec Benoît XVI, Poutine voyait quand même une porte d'entrée aux différentes négociations.
00:08:28Voyait une possibilité, derrière, de discuter, de s'ouvrir sur l'Occident.
00:08:34Mais le problème, qui est un problème structurel de l'Église catholique,
00:08:36c'est que l'Église catholique est catholique.
00:08:38Et que Poutine a des pressions extraordinaires dans son pays de l'Église orthodoxe.
00:08:43En plus, l'orthodoxie est très, très mal organisée.
00:08:46L'Église catholique, il y a un chef, c'est le pape.
00:08:49L'orthodoxie, que vous soyez chrétien d'Orient ou que vous soyez en Russie,
00:08:52le patriarche diffère.
00:08:54Donc, le pape a évidemment un avis très important.
00:08:56D'ailleurs, dès lors qu'il y a un conflit, on sollicite le pape.
00:08:59Avec François, ça a été assez compliqué.
00:09:01Mais François a beaucoup pris position sur le conflit russo-ukrainien.
00:09:05Il était clairement engagé en faveur de l'Ukraine.
00:09:07Il a envoyé des convois humanitaires. Il a envoyé de l'aide humanitaire.
00:09:10Il était totalement hostile à des discussions avec Poutine.
00:09:14Bien que, par le passé, il se soit rencontré tout de même trois fois.
00:09:17Je crois que Léon XIV devra, s'il veut être un grand pape, faire des compromis.
00:09:23Et c'est assez fidèle à son style, le compromis.
00:09:25Récemment, Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères,
00:09:29a émis des doutes sur la possibilité d'une rencontre russo-ukrainienne au Vatican.
00:09:33C'est l'AFP qui nous le fait savoir.
00:09:35Donc, on voit bien que ça reste compliqué.
00:09:37Le Vatican va rester dans une position pro-ukrainienne.
00:09:39Par pression de l'orthodoxie.
00:09:41Parce que le premier qui demande la venue du pape en Ukraine,
00:09:44c'est le chef de l'Église gréco-latine.
00:09:46En Ukraine, d'ailleurs, ce qui est présenté dans les médias français, dans les médias occidentaux,
00:09:50c'est que l'Église gréco-latine serait surpuissante.
00:09:53Il y a très très peu de catholiques en Ukraine, en réalité.
00:09:55La majorité sont orthodoxes.
00:09:57Mais en raison du conflit, les Ukrainiens ne l'affichent pas et l'affirment très très peu.
00:10:03Donc, le grand problème, c'est surtout cette défiance de l'Église orthodoxe
00:10:07vis-à-vis de l'Église catholique.
00:10:09C'est ça le problème fondamental.
00:10:11Est-ce que là, justement, Léon XIV va avoir peut-être des portées occuméniques
00:10:17ou essayer de rapprocher le monde catholique du monde orthodoxe ?
00:10:20Il en a envie.
00:10:22Il s'est adressé à tous les chrétiens, plus largement à toute l'humanité.
00:10:25Mais je crois que c'est un homme qui est assez tenté par les ponts interreligieux.
00:10:30S'il se rend en Algérie, ce n'est pas simplement pour rendre hommage à Saint-Augustin,
00:10:33bien qu'il le fera, évidemment.
00:10:35Je dis l'Algérie, mais Saint-Augustin a vécu sur ce qu'est aujourd'hui l'Algérie.
00:10:38L'Algérie n'existait évidemment pas à l'époque de Saint-Augustin.
00:10:40Mais le pape a une portée et des velléités universelles.
00:10:45Donc oui, de fait, et en plus il l'a exprimé dans sa première conférence de presse,
00:10:49il veut rapprocher les peuples.
00:10:52Comme tous les papes, on va dire.
00:10:54C'est un peu la question.
00:10:56Sur le conflit palestinien, outre dossier sensible et important,
00:11:01quelle va être la position, là encore, du pape ?
00:11:04Est-ce qu'il va être plus véhément, plus politique, plus visible dans ce conflit ?
00:11:09Parce que jusqu'à présent, le Vatican était plutôt effacé.
00:11:13On va dire qu'il n'avait pas pris vraiment le lien.
00:11:16François était quand même assez engagé sur le conflit.
00:11:18Il était quand même assez engagé.
00:11:19Il téléphonait tous les soirs.
00:11:20Il téléphonait tous les soirs aux responsables de l'Église sur les territoires palestiniens.
00:11:26Il était si, il était quand même engagé.
00:11:28Il a pris plusieurs positions en faveur tout de même des territoires palestiniens
00:11:31et de la population palestinienne.
00:11:32Mais je crois que la position de Léon XIV sera exactement similaire à celle de François.
00:11:38Ce qui se passe en Israël et en Palestine est un scandale.
00:11:41C'est un scandale international.
00:11:42Évidemment qu'il faut éradiquer le Hamas.
00:11:44Le Hamas est une organisation terroriste.
00:11:45Mais personne ne peut rester sensible face à l'ampleur et face à ce qu'il se passe.
00:11:49On voit bien que même les positions des différentes chancelleries sont en train de changer du côté européen.
00:11:55Tout le monde évolue sur la question.
00:11:56Moi, je pense que les terroristes doivent mourir.
00:11:59Les terroristes du Hamas ont fait quelque chose de très très grave cet octobre.
00:12:03Par contre, la réaction est absolument disproportionnée.
00:12:05Et je crois que ce n'est pas normal qu'elle dure depuis bientôt deux ans.
00:12:07Je crois que personne ne peut être insensible à cela.
00:12:10Et encore moins le pape Léon XIV.
00:12:12Mais là encore, pas de pourparler de Depey.
00:12:15Tout se passe plutôt au Qatar ou ailleurs.
00:12:19Est-ce que le Vatican sous Léon XIV va devenir un pays leader de la diplomatie internationale ?
00:12:27Je pense qu'il en a envie.
00:12:28Déjà, il est américain.
00:12:29Il est latino-américain.
00:12:31Il a quand même une connaissance du monde.
00:12:33Il a une connaissance de la planète.
00:12:35Le Vatican, on l'oublie très souvent.
00:12:36Mais c'est un pays, c'est un royaume.
00:12:38C'est le pays qui a le plus de relations diplomatiques au monde, le Vatican.
00:12:43Sauf qu'il ne les exploite pas assez.
00:12:45On ne le dit pas assez.
00:12:47Le Vatican a aujourd'hui la possibilité de devenir un acteur incontournable.
00:12:50C'est le pays avec le plus de relations diplomatiques de la planète.
00:12:52C'est d'ailleurs le seul pays de droit divin au monde.
00:12:57Ça lui apporte deux particularités.
00:12:59Et là, quand on voit les premiers éléments, les premières conférences de presse du pape.
00:13:05On parlait de président omniprésent pour Nicolas Sarkozy et pour Macron.
00:13:08Je crois que le pape sera un pape omniprésent.
00:13:10Un pape ultra-présent dans les conflits du monde.
00:13:12Je pense qu'il a envie de s'intéresser.
00:13:14Il a envie de marquer l'histoire.
00:13:16D'autant plus qu'il est assez jeune.
00:13:17Il a été élu à 69 ans.
00:13:19Pour un pape, c'est assez jeune.
00:13:21Pas pour le commun des mortels.
00:13:23Mais je pense qu'il peut rester plusieurs années.
00:13:25Est-ce qu'il a déjà des détracteurs au Vatican ou ailleurs
00:13:30qui voient d'un mauvais oeil ce nouveau pape ?
00:13:34Au Vatican, difficile à dire.
00:13:36Parce que dès lors que le pape est élu, contrairement à nos démocraties occidentales,
00:13:42il y a quand même l'unité.
00:13:44Une fois qu'il y a le pape, les mecs s'enferment.
00:13:48C'est ça qui est fabuleux au Vatican.
00:13:49Les mecs s'enferment pendant plusieurs jours.
00:13:51Là, ça a été assez rapide.
00:13:52Une fois qu'il y a un chef, il y a un chef.
00:13:54Et c'est comme ça. C'est une réculture du chef.
00:13:56Par contre, oui, il a des détracteurs.
00:13:57Aux Etats-Unis notamment.
00:13:59Je me souviens, le jour de l'élection du pape,
00:14:01on a Donald Trump qui fait un post sur X ou sur Truc sur les réseaux sociaux
00:14:05et qui dit que c'est formidable, le premier pape américain de l'histoire.
00:14:08C'est génial, il est exalté, il était très content.
00:14:11Une heure après, on a J.D. Evans qui réagit.
00:14:14Et deux heures après, on se rend compte que le pape a fracassé
00:14:16deux semaines auparavant, J.D. Evans, sur sa vision de la charité.
00:14:19Pour lui, la charité doit être universelle.
00:14:21C'est peut-être là que c'est davantage un pape de gauche,
00:14:23contrairement à ce qu'on pouvait laisser penser.
00:14:26Mais on a des gens dans l'entourage de Donald Trump,
00:14:28une sénatrice dont vous me pardonnerez, j'ai oublié le nom, mais d'influence.
00:14:31On a également Steve Bannon qui l'avait qualifié de pape woke et de pape marxiste.
00:14:35Je trouve que c'est assez antinomique de parler de pape marxiste
00:14:38lorsqu'on le sait que la vision du pape, c'est de la charité.
00:14:41D'ailleurs, J.D. Evans était là lors de la première messe du pape
00:14:45pour lui serrer la main.
00:14:47Il a été le dernier à voir François avant sa mort.
00:14:50Et il était là pour serrer la main du nouveau pape.
00:14:53C'est un fervent catholique, J.D. Evans.
00:14:55Mais puisqu'on parle de l'Amérique, et on le traite dans le livre,
00:14:58et puis j'aime bien celui de Radio, je vais vous le dire, c'est une exclue,
00:15:01on ne l'a dit nulle part, qui fait de la promo toute la semaine.
00:15:03Dans le livre, on a tout un volet sur la fiscalité,
00:15:05parce qu'il y a une question très importante.
00:15:07Quand vous êtes américain, vous êtes considéré comme une US person.
00:15:10C'est-à-dire que vous payez des impôts partout où vous êtes sur la planète.
00:15:14Ce qui est pourtant très marrant et très caricatural
00:15:16pour le pays le plus capitaliste du monde.
00:15:18Le pape Léon est américain.
00:15:20Mais lorsque vous êtes le pape, votre patrimoine est confondu avec celui du Vatican.
00:15:23Et Donald Trump a dit que le pape paierait des impôts.
00:15:26Est-ce que Donald Trump va taxer le Vatican ?
00:15:29Et va taxer le patron du Vatican ?
00:15:31C'est une question qu'on se pose et on répond à la question dans le livre.
00:15:34On a fait des recherches fiscales et on a la réponse.
00:15:36Alors si vous voulez avoir la réponse et savoir les prochaines folies de Donald Trump
00:15:40sur les impôts, va-t-il taxer le Vatican ?
00:15:43C'est Léon Quatorze aux éditions Belle Forteine.
00:15:46Un pape pour un monde en crise.
00:15:48Merci Radouane Courac, journaliste entrevue, d'avoir été avec nous pour cet entretien.
00:15:52Merci.
00:15:58Et pour cet édito, on va parler bien sûr du FMI.
00:16:01Vous avez peut-être entendu les recommandations,
00:16:04ou plutôt les exhortations du FMI.
00:16:09Ce qui est à rappeler, c'est quand même qu'en 2017,
00:16:12le FMI avait qualifié d'ambitieux, de courageux et d'impressionnant
00:16:16le programme économique de Macron.
00:16:18Eh bien, nous voilà en 2025 et ce n'est pas vraiment la même chose.
00:16:23Alors asseyez-vous, parce que ça va secouer.
00:16:25On va parler de l'endettement de la France, bien sûr,
00:16:27de l'Union Européenne, du rôle du FMI et de ce qu'il en est.
00:16:30Alors la France, on va parler de cette dette qui flirte avec les 113% du PIB,
00:16:353 300 milliards d'euros, comme un joueur compulsif
00:16:39qui continue d'emprunter pour payer ses dettes et continuer de flamber.
00:16:42Le déficit public, toujours 6%, loin des 3% attendus
00:16:47ou comme objectif par Bruxelles.
00:16:50Alors, le gouvernement promet de rentrer dans les clous d'ici 2029.
00:16:54Mais là, on a l'impression que ça va être très compliqué
00:16:57puisque le FMI, dans son dernier rapport,
00:16:59évoque les décisions difficiles qu'il faudra prendre.
00:17:04Traduction, il va falloir arrêter de jeter l'argent par les fenêtres
00:17:07et trouver vite ces fameux 40 milliards d'économies
00:17:10cherchées par Bercy depuis tant d'années.
00:17:13Cette fois-ci, il va falloir faire des choix.
00:17:15L'Union Européenne, c'est pareil, elle joue les gendarmes.
00:17:17C'est le pacte de stabilité, la procédure pour déficit excessif
00:17:22sous laquelle a été placée la France.
00:17:24Mais c'est un gendarme qui ferme les yeux quand ça l'arrange
00:17:27puisque la dette moyenne dans l'Union Européenne, c'est 81% du PIB.
00:17:31La Grèce est à 153%, l'Italie 135%.
00:17:34Alors on a l'impression que la France, avec ses 113% de dette du PIB,
00:17:39est un élève modèle, presque.
00:17:42Sauf que l'Union Européenne ne sert pas la vis
00:17:44et elle cherche simplement à financer le réarmement
00:17:47avec les valeurs de l'Union Européenne
00:17:49puisque quand on est endetté jusqu'au cou,
00:17:51le mieux, c'est d'acheter des tanks et des obus.
00:17:53Et d'ailleurs, 16 pays ont demandé à zapper les règles budgétaires
00:17:56pour muscler leurs dépenses en matière de défense.
00:18:01Et la France, bien sûr, ne dirait pas non.
00:18:03Et puis, le Fonds Monétaire International, puisqu'il s'agit de lui,
00:18:06c'est l'arbitre suprême, le prêtre rédempteur de l'inquisition budgétaire.
00:18:11Le Fonds veut un ajustement structurel de 1,1% du PIB en 2026 pour la France.
00:18:17En clair, il va falloir couper dans le social, les retraites, l'assurance chômage
00:18:21et ça va faire mal, très mal,
00:18:23à tel point que les inquisiteurs ont déjà prévu les troubles sociaux
00:18:27qui vont suivre les politiques d'austérité.
00:18:29Voilà ce que dit le FMI dans sa note.
00:18:31La fragmentation politique et les tensions sociales
00:18:34pourraient retarder les efforts de consolidation budgétaire et de réforme,
00:18:37ce qui pourrait peser davantage sur la confiance et les perspectives économiques
00:18:41et augmenterait les risques budgétaires.
00:18:43Vous êtes prévenus, ça va secouer.
00:18:45Alors, est-ce qu'on peut parler de faillite ?
00:18:47Visiblement, Macron, Philippe, Le Maire et tous les autres
00:18:51assument d'avoir amené notre pays dans le mur de la dette
00:18:54au point d'envisager une solution à la grecque de mise sous tutelle du FMI.
00:18:58C'est incroyable.
00:18:59Et puis, François Bayrou, notre Premier ministre, il a une solution.
00:19:03Un référendum sur les finances publiques ?
00:19:05Eh ben non.
00:19:06Finalement, cette idée a été mise à la poubelle
00:19:08comme d'ailleurs toutes les autres promesses de référendum
00:19:10puisque même dans son émission sur TF1,
00:19:13Emmanuel Macron n'a pas fait de promesses sur un référendum, loin de là.
00:19:16Alors, qu'est-ce qu'on va faire ?
00:19:17Le FMI veut moins de dépenses, l'Union Européenne veut plus de discipline
00:19:20et la France, notre pays, on veut tout.
00:19:22On veut de la croissance, de la défense des aides sociales,
00:19:25des impôts qui ne fâchent personne
00:19:26et il faut peaufiner le bilan d'Emmanuel Macron pour l'histoire.
00:19:30Spoiler, ça ne va pas marcher.
00:19:32Il va falloir choisir.
00:19:34Les marchés au Bruxelles ne choisissent pour nous
00:19:36parce que, croyez-moi, quand les financiers et les créanciers toquent à la porte,
00:19:39ils ne viennent pas pour nous offrir des croissants.
00:19:41De là à tous finir par manger nos crottes de nez
00:19:43comme la ministre du budget pour sa survie,
00:19:45il n'y a qu'un pas.
00:19:46Parce que c'est notre projet !
00:19:49Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:19:53Et notre invité, sans transition,
00:19:56Florence Bergeau-Blaquer, chercheuse au CNRS,
00:19:59auteure du frérisme et ses réseaux,
00:20:01l'enquête aux éditions Odile Jacob.
00:20:03Bonjour.
00:20:04Bonjour.
00:20:05Alors, il y a ce rapport qui a été rendu public
00:20:08contre l'avis visiblement du président de la République
00:20:11sur l'influence des frères musulmans en France.
00:20:14On en parle depuis quelques jours.
00:20:16Un rapport visiblement pas complet
00:20:19mais qui déjà donne une idée de l'entrisme
00:20:22de ce réseau des frères musulmans en France.
00:20:25Est-ce qu'il faut s'inquiéter à la fois
00:20:28de la prise de conscience tardive des pouvoirs publics
00:20:30ou bien est-ce que ce rapport est loin
00:20:33de faire la photographie de la réalité en France ?
00:20:37D'abord, il faut peut-être préciser un peu
00:20:39d'où vient ce rapport.
00:20:40C'est un rapport qui a été commandé
00:20:42par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin
00:20:45au printemps 2024.
00:20:47Il a été confié ensuite au rapporteur,
00:20:50M. Courtade, préfet et gouillette,
00:20:53ancien ambassadeur d'Algérie.
00:20:56Ils ont travaillé quelques semaines
00:20:58pour faire un rapport d'information.
00:21:00Ça consistait simplement à réunir
00:21:02les connaissances qu'on avait sur le sujet,
00:21:04des connaissances scientifiques
00:21:06et des connaissances produites
00:21:07par les services secrets français.
00:21:10Je pense que l'essentiel est constitué,
00:21:14en tout cas pour ce qui est des données factuelles,
00:21:17des rapports, des renseignements.
00:21:21Ensuite, il y a quelques commentaires,
00:21:23quelques reprises de ce qu'ont pu dire
00:21:25les chercheurs, les uns et les autres,
00:21:27les experts, etc.
00:21:29Par contre, il y a quand même une trame
00:21:31que je reconnais et qui est celle de mon livre,
00:21:33sorti Le Frérisme et ses réseaux en 2023,
00:21:36qui avait fait tant parler
00:21:38et qui m'a malheureusement conduit
00:21:40à être placée sous protection policière
00:21:42tant que je recevais de menaces,
00:21:44y compris de l'université.
00:21:45Vous m'aviez d'ailleurs reçu pour en parler.
00:21:48Donc, je reconnais cette trame
00:21:51qui est l'idée qu'il y a une avancée.
00:21:54Ce n'est pas seulement les mouvements
00:21:56des frères musulmans,
00:21:57ce n'est pas le salafisme communautariste
00:21:59ou séparatiste,
00:22:01c'est véritablement un groupe qui avance.
00:22:03C'est un mouvement,
00:22:04il appelle ça le mouvement islamique.
00:22:06Youssef El Kardaoui, son mentor en Europe,
00:22:09c'est un mouvement qui avance
00:22:11et qui a des objectifs très clairs,
00:22:13qui a une méthodologie qu'il, on peut dire,
00:22:17a élaborée depuis près d'un demi-siècle.
00:22:20Donc, on a juste un demi-siècle de retard
00:22:23sur ce qu'ils ont voulu faire
00:22:25et ce qu'ils sont en train de faire.
00:22:27On a parlé, je me souviens,
00:22:29du directeur des renseignements territoriaux
00:22:32qui, dans un entretien accordé au Monde
00:22:34en décembre 2024, parle de califat.
00:22:37C'était déjà quand même
00:22:39un mot important à prononcer.
00:22:41Cette volonté d'islamiser nos sociétés,
00:22:46ça fait partie d'un programme
00:22:48qui était déjà chez les frères musulmans
00:22:50dès les années 70-80,
00:22:51à partir du moment où ils ont décidé
00:22:53de s'installer en Europe.
00:22:55Ils ont dû aller chercher des justifications
00:22:57dans les textes religieux.
00:22:59Ils vont viser une population en particulier,
00:23:03ce sont les jeunes issus de l'immigration.
00:23:05La génération primo-migrante,
00:23:08qui n'est pas très cultivée,
00:23:10qui arrive pour travailler en Europe,
00:23:12ne les intéresse pas vraiment.
00:23:14Une conception de l'islam
00:23:15qui ne les intéresse pas.
00:23:17Par contre, ce qu'ils vont faire,
00:23:18c'est se faire passer pour des savants
00:23:20auprès de ces familles
00:23:22qui ne connaissent pas forcément
00:23:24l'islam dit savant.
00:23:26Et d'une certaine manière,
00:23:28rééduquer leurs enfants,
00:23:29expliquer aux enfants
00:23:30qu'ils ne connaissent pas le vrai,
00:23:32le véritable islam.
00:23:33C'est ça les frères musulmans,
00:23:34c'est d'abord un empris sur les musulmans.
00:23:36C'est le projet, sur les plus jeunes.
00:23:38Et prendre l'éducation de cette façon-là.
00:23:40Est-ce que vous, vous avez été consultée
00:23:42pour ce rapport lorsqu'il a été créé ?
00:23:45Oui, j'ai été d'ailleurs la première
00:23:47à être consultée.
00:23:48Une très longue consultation.
00:23:50Comme je vous l'ai dit,
00:23:51je pense que la structure même de mon travail
00:23:54a pu inspirer les auteurs du rapport.
00:23:57Voilà.
00:23:58Et alors, sur ce mouvement,
00:24:00parce que c'est ça la question qui se pose,
00:24:03on parle de 400 personnes,
00:24:06ça paraît rien,
00:24:07vu la taille de la France,
00:24:08de 5 écoles,
00:24:10et de financements qui vont déclinant.
00:24:14On a l'impression quand même
00:24:15que les pays arabes d'ailleurs
00:24:16ont pris le problème des frères musulmans
00:24:18et luttent contre eux.
00:24:19C'est le cas de l'Arabie saoudite.
00:24:21Et donc, on n'a pas l'impression
00:24:23d'un mouvement en expansion, ceci dit.
00:24:25C'est-à-dire que,
00:24:26si ce ne sont pas les frères musulmans,
00:24:29ce sont d'autres mouvements
00:24:30qui prennent le relais ?
00:24:31Comment vous expliquez ça ?
00:24:33Remettons bien les choses,
00:24:34parce que vous m'avez posé plusieurs questions.
00:24:36D'abord, on estime,
00:24:38entre 400 et 1000 personnes,
00:24:40les membres assermentés
00:24:42de la confrérie secrète.
00:24:43Donc c'est très difficile,
00:24:45en raison du caractère distingué,
00:24:47de savoir combien ils sont.
00:24:49Mais là, on parle vraiment
00:24:52de gens, de personnes,
00:24:54des hommes en particulier,
00:24:55mais il y a aussi des femmes.
00:24:56Mais pour les assermentés,
00:24:58ce seraient plutôt des hommes
00:25:00qui sont de véritables promoteurs
00:25:04de l'idéologie frériste,
00:25:06très activement,
00:25:07et dont le travail essentiel
00:25:09est d'influencer le reste de la société.
00:25:11Donc vous avez ces assermentés,
00:25:14effectivement pas beaucoup,
00:25:16mais après vous avez un deuxième cercle
00:25:18que j'appelle les fréristes,
00:25:19ou certains appellent les affiliés,
00:25:21qui eux travaillent pour la confrérie,
00:25:23ont été contactés par elles,
00:25:26le sachant ou non d'ailleurs,
00:25:28parce que les frères musulmans
00:25:30se présentent surtout
00:25:31comme des théocrates orthodoxes,
00:25:33des gens qui sont certes rigoureux,
00:25:35mais ils ne disent jamais,
00:25:37effectivement,
00:25:38leur appartenance à la confrérie.
00:25:40Et donc ça fait un cercle
00:25:42beaucoup plus large,
00:25:43qui est très difficile à compter.
00:25:45Donc en fait,
00:25:46il n'y a pas de personnalité publique
00:25:48qui se revendique frère musulman ?
00:25:50Jamais.
00:25:51Aucun frère musulman
00:25:52ne s'est jamais déclaré frère musulman.
00:25:54Les seuls qui se sont déclarés frères musulmans,
00:25:56c'est ceux qui ont dit
00:25:57qu'ils étaient sortis de la confrérie.
00:25:59Il y a de véritables personnes
00:26:01qui sont sorties de la confrérie,
00:26:03comme par exemple Mohamed Louizi,
00:26:05mais il y a aussi des personnages
00:26:07qui disent être sortis de la confrérie,
00:26:09et qui travaillent toujours pour elle,
00:26:11typiquement Tarek Oubrou.
00:26:13Donc vous avez ce cercle
00:26:15assez indéfini de personnes
00:26:17qui sont tellement influents,
00:26:19pas seulement dans les mosquées,
00:26:21parce que les mosquées, le politique,
00:26:23ils l'ont contourné jusqu'à présent.
00:26:25Ce qui les intéressait,
00:26:26c'était l'influence culturelle,
00:26:27donc des lieux socio-culturels,
00:26:29sportifs,
00:26:31de passer par l'économie du halal,
00:26:33bien sûr,
00:26:34pour influencer la société
00:26:36plus que les individus.
00:26:37Ce que cherchent les frères musulmans,
00:26:39ce n'est pas de convertir pied à pied
00:26:41chaque individu,
00:26:42c'est de convertir la société
00:26:44pour qu'elle devienne charia-compatible.
00:26:46Charia-compatible, ça veut dire
00:26:48tout simplement une société
00:26:50qui se transforme elle-même
00:26:52au nom du multiculturalisme,
00:26:54de l'inclusivité, etc.,
00:26:55et qui finit par adopter des lois
00:26:57qui sont tout à fait compatibles
00:26:59avec la charia.
00:27:00Et ce qu'espèrent les frères musulmans,
00:27:02c'est qu'à ce moment-là,
00:27:03avec leur consentement,
00:27:05ces sociétés vont se transformer
00:27:07et se donner assez naturellement à l'islam,
00:27:09dans la mesure où ils considèrent
00:27:11le meilleur des religions.
00:27:13Mais l'objectif, c'est
00:27:15d'arriver à des républiques,
00:27:18à des démocraties occidentales
00:27:20qui passeraient, en quelque sorte,
00:27:22sous le domaine de la charia,
00:27:24ou qui seraient compatibles.
00:27:26On est quand même à des millions d'années-lumière
00:27:28de ça, quand même.
00:27:29Non, pas du tout.
00:27:30On n'est pas très très loin de ça.
00:27:32Il y a des endroits en Europe,
00:27:33je pense à Bruxelles en particulier,
00:27:35où effectivement les partis politiques
00:27:37sont incapables de prendre le pouvoir
00:27:38sans le vote musulman,
00:27:40donc ils font concession après concession.
00:27:42Et à un moment donné,
00:27:44on peut se retrouver dans une situation
00:27:46où on mange à l'âle dans les cantines,
00:27:49on porte le voile partout,
00:27:51on fait attention à ce qu'on dit,
00:27:53la liberté d'expression
00:27:55est limitée par l'idée de blasphème,
00:27:59et cette petite transformation assez lente
00:28:01qu'on ne voit pas vraiment venir,
00:28:03en tout cas dans les hauts de sphère,
00:28:05dans les médias,
00:28:07ou dans les influenceurs de nos sociétés.
00:28:09Par contre, les gens le vivent déjà
00:28:11sur le terrain.
00:28:12Je le vois parce que je donne des conférences
00:28:14un petit peu partout,
00:28:15et les gens me rapportent beaucoup de choses
00:28:17comme ça.
00:28:18Il y a une pression,
00:28:19ce n'est pas encore tout à fait évident,
00:28:21sauf dans certains quartiers, bien sûr,
00:28:22où là, effectivement,
00:28:23vous ne pouvez plus sortir en robe
00:28:25pour les femmes,
00:28:26mais c'est quelque chose qui avance
00:28:28quand même sur le territoire,
00:28:30et tout ça a été pensé
00:28:32par les frères musulmans.
00:28:34Et donc, le seul remède,
00:28:36c'est bien sûr de les connaître
00:28:38leur façon de faire,
00:28:40et d'agir pour que chaque citoyen
00:28:42puisse s'en défendre.
00:28:43Il n'y a pas de guerre, je dirais,
00:28:45militaire à mener,
00:28:46pas encore en tout cas.
00:28:48Il y a une guerre morale et psychologique
00:28:50et intellectuelle,
00:28:52et d'où la nécessité
00:28:54de former
00:28:56le maximum de personnes,
00:28:57et notamment nos responsables.
00:28:59Vous avez parlé tout à l'heure
00:29:01des frères musulmans,
00:29:02dans le monde musulman,
00:29:03où ils seraient interdits.
00:29:05Là, il y a un problème
00:29:07sur cette...
00:29:08J'entends ça constamment,
00:29:10or ce n'est pas exactement ça.
00:29:11On va marquer une courte pause,
00:29:13et on va revenir sur, justement,
00:29:15la façon dont certains pays musulmans
00:29:17traitent les frères musulmans,
00:29:19et vous pourrez nous dire
00:29:21ce qu'il en est en réalité.
00:29:22Puis on reviendra aussi sur le déni
00:29:24de la classe politique française
00:29:25pendant des années,
00:29:26qui pose question aussi
00:29:28sur soit l'hypocrisie,
00:29:30soit la naïveté
00:29:32de certains responsables politiques.
00:29:34On marque une courte pause,
00:29:35et on se retrouve dans un instant
00:29:36avec Florence Bergeau-Blaquer
00:29:37sur Sud Radio.
00:29:42Et on se retrouve sur Sud Radio
00:29:44avec Florence Bergeau-Blaquer,
00:29:46chercheuse au CNRS,
00:29:47auteure du frérisme et ses réseaux,
00:29:49l'enquête qui a été consultée
00:29:50pour ce rapport sur l'influence
00:29:52des frères musulmans en France.
00:29:53Alors, on parlait avant la pause
00:29:55de l'approche de certains pays musulmans,
00:29:57justement, vis-à-vis des frères musulmans.
00:29:59Est-ce que vous pouvez nous dire
00:30:00ce qu'il en est en réalité ?
00:30:02Est-ce qu'il y a des pays
00:30:03qui ont déjà lutté
00:30:04contre les frères musulmans,
00:30:05ou quel est l'état des lieux
00:30:06dans les pays musulmans ?
00:30:08En fait, on dit souvent,
00:30:09on entend souvent
00:30:10que les frères musulmans
00:30:11sont en recul dans les pays musulmans,
00:30:13notamment parce que certains
00:30:14les interdisent.
00:30:15En réalité,
00:30:16ils ne sont pas interdits directement.
00:30:18Ce qui est interdit,
00:30:19c'est leur participation politique.
00:30:21Et ça veut dire qu'en fait,
00:30:22ils continuent à agir
00:30:24dans les autres domaines
00:30:25où ils peuvent se dissimuler,
00:30:27où ils peuvent être...
00:30:28Et la dissimulation est une force.
00:30:31La raison, à mon avis,
00:30:34pour laquelle ils sont faibles,
00:30:35ou plus faibles qu'il ne paraît en Europe,
00:30:38notamment, ou aux États-Unis,
00:30:39c'est qu'ils ne peuvent pas jouer
00:30:41sur le levier de l'islamophobie.
00:30:43Ça marche très, très bien
00:30:45dans nos sociétés inclusives,
00:30:47multiculturelles et culpabilisées.
00:30:49Ça marche très, très bien
00:30:50de nous accuser d'islamophobie
00:30:52dès que nous ne sommes pas d'accord
00:30:53avec les règles trop strictes
00:30:55de l'interprétation frériste de l'islam.
00:30:58Évidemment,
00:30:59dans les pays musulmans,
00:31:00ça ne fonctionne pas.
00:31:01Et c'est la raison pour laquelle
00:31:02étant interdits comme parties
00:31:05et ayant ce désavantage-là,
00:31:07ils sont moins puissants.
00:31:09Donc, ça doit nous faire réfléchir.
00:31:11Les interdire en France ou en Europe,
00:31:13par exemple, à mon avis,
00:31:14ne servirait strictement à rien
00:31:16qu'à criminaliser ceux qui travaillent
00:31:18sur la confrérie.
00:31:20Parce qu'on peut très bien imaginer,
00:31:22très concrètement,
00:31:23si, par exemple, je dis
00:31:25un tel est proche de la confrérie
00:31:26parce qu'il a ses idéologies, etc.
00:31:28Il partage ses références.
00:31:31Pour moi,
00:31:33vouloir une théocratie,
00:31:35on ne peut pas criminaliser ça.
00:31:37Ils ont parfaitement le droit
00:31:39de vouloir une théocratie
00:31:40contre une démocratie.
00:31:41Ça dépendra du mousse.
00:31:43Comment nous allons répondre.
00:31:46Donc, ça pourrait amener
00:31:50des gens comme moi
00:31:52à être mis en procès,
00:31:53des procès bâillons
00:31:55qui pourraient nous amener
00:31:56d'ailleurs en prison.
00:31:58Je veux dire,
00:31:59si les choses vont comme elles vont,
00:32:01on pourrait se retrouver en minorité
00:32:03et être vraiment nous-mêmes
00:32:05criminalisés par le simple fait
00:32:07de décrire une situation.
00:32:09Donc, je ne suis pas pour
00:32:10cette interdiction-là
00:32:11que je trouve très contre-productive
00:32:13et de toute façon,
00:32:14quasiment impossible à faire.
00:32:16D'ailleurs, aucun pays musulman
00:32:17n'a réussi à le faire.
00:32:18Ils ont réussi quand même
00:32:20à éloigner les frères musulmans
00:32:22du spectre politique,
00:32:23de la décision politique.
00:32:24Oui, mais pas en les interdisant.
00:32:26Mais nous en France,
00:32:28c'est l'inverse.
00:32:29On a l'impression que
00:32:30depuis des années,
00:32:31le champ politique
00:32:32a accueilli à bras ouverts
00:32:34les réseaux des frères musulmans
00:32:36pour demander conseil
00:32:37dans de nombreux domaines,
00:32:39notamment le rapport Alerte
00:32:41sur l'entrisme au niveau
00:32:43de la politique locale,
00:32:44des municipales.
00:32:45Comment se fait-il ?
00:32:47Ce n'est pas la première fois.
00:32:48Ça fait un petit moment
00:32:50qu'on s'inquiète des municipales.
00:32:52Là, ça revient encore.
00:32:54Je ne suis pas trop inquiète non plus
00:32:56parce que les frères
00:32:57n'avancent pas trop
00:32:58dans le champ politique.
00:32:59Ce n'est pas leur force.
00:33:00Ils sont très prudents.
00:33:02Ils avancent très lentement.
00:33:04Parmi les politiques,
00:33:05il y a des gens
00:33:06qui savent ce qu'ils font.
00:33:07Et bien sûr,
00:33:08le parti auquel tout le monde pense,
00:33:10le parti LFI,
00:33:11a des connexions directes.
00:33:13Ils connaissent.
00:33:14Ils savent à qui ils ont affaire.
00:33:16Ils ont des alliances
00:33:18avec les frères musulmans.
00:33:19En tout cas, dans l'appareil,
00:33:21je suis sûre qu'ils savent
00:33:22ce qu'ils font.
00:33:23Mais vous avez des preuves
00:33:24pour dire ça,
00:33:25de cette collusion ?
00:33:27Oui.
00:33:28Par exemple,
00:33:29vous pouvez voir
00:33:30Elias Dimzalen
00:33:33dans des réunions
00:33:36avec LFI.
00:33:37Or, le discours d'Elias Dimzalen
00:33:39est clairement
00:33:40un discours frériste
00:33:41de politisation de l'islam.
00:33:43Il explique en gros
00:33:44que pour lui,
00:33:45l'islamophobie,
00:33:46ce n'est pas de la discrimination.
00:33:47C'est simplement
00:33:48qu'on empêche les musulmans
00:33:49de passer aux politiques,
00:33:51de s'exprimer
00:33:52sur un plan politique.
00:33:53Il le dit très clairement
00:33:54sans qu'aucune fois
00:33:56il ne soit arrêté
00:33:57par ses amis de LFI.
00:33:58Donc, il y a des complicités
00:34:00évidentes
00:34:01pour ne prendre
00:34:02que cet exemple-là.
00:34:04Mais il y a aussi,
00:34:05à droite,
00:34:06il y avait eu des critiques
00:34:07qui avaient été faites
00:34:08en compte de Gérard Darmanin,
00:34:09notamment à Tourcoing.
00:34:12C'est-à-dire que
00:34:13certains politiques
00:34:14qui peuvent paraître durs
00:34:16sur l'islamisme radical,
00:34:18en local,
00:34:20n'ont pas la même ligne
00:34:23et font des alliances.
00:34:25Là, on est dans le cadre
00:34:26du clientélisme.
00:34:28Donc, il n'est pas nécessaire
00:34:29de connaître
00:34:31ce qu'il y a derrière
00:34:33votre interlocuteur musulman.
00:34:34Vous voulez leur voix.
00:34:36Et donc, ça,
00:34:37c'est vraiment plutôt
00:34:38les idiots utiles
00:34:39de la politique.
00:34:40C'est-à-dire des gens
00:34:41assez mal informés
00:34:42et qui, de toute façon,
00:34:43ne veulent pas s'informer
00:34:44sur le phénomène
00:34:45parce qu'ils en ont peur
00:34:46à titre personnel
00:34:47et parce que ça
00:34:48ne les arrange pas.
00:34:49Et ça, ça touche
00:34:50effectivement
00:34:51tous les partis,
00:34:52sans exception.
00:34:53Oui.
00:34:54Y compris l'ancien ministre
00:34:55de l'Intérieur,
00:34:56Gérard Darmanin,
00:34:57qui avait été cité
00:34:58pour avoir justement
00:35:00dîné avec certaines personnalités.
00:35:02L'autre question,
00:35:03c'est au niveau
00:35:04des chefs d'État.
00:35:06Enfin, d'État à État,
00:35:08on peut dire que
00:35:09est-ce que la France
00:35:10est un pays sous influence
00:35:11quand on a vu Nicolas Sarkozy
00:35:13et le Qatar, par exemple ?
00:35:15Maintenant, c'est Dominique de Villepin
00:35:17qui est sous les feux de la rampe.
00:35:19Mais les questions
00:35:20qui se posent aussi
00:35:21des relations entre Emmanuel Macron
00:35:22et l'Algérie,
00:35:23enfin, beaucoup de questions
00:35:24qui se font.
00:35:25Est-ce que la scène politique française
00:35:26est un terrain de chasse
00:35:27pour, au-delà des frères musulmans,
00:35:30une influence du monde musulman ?
00:35:33Bien sûr.
00:35:34La France n'est pas le seul pays,
00:35:35mais quand même un pays
00:35:36très concerné
00:35:37par le soft power du Qatar.
00:35:39Il ne résiste pas, effectivement,
00:35:41aux avantages,
00:35:43aux malettes aussi.
00:35:45On a parlé de malettes de billets
00:35:46qui transitent par Bruxelles.
00:35:48C'est une réalité.
00:35:49Et cette corruption,
00:35:51individu par individu,
00:35:53fonctionne malheureusement très bien.
00:35:55Ça, plus les gros contrats et autres.
00:35:58En effet, on peut se poser des questions
00:36:00sur la responsabilité.
00:36:04Elle est certaine.
00:36:06Mais que savent
00:36:07des frères musulmans ?
00:36:09Que savent
00:36:10des financements du Qatar ?
00:36:13Que savent
00:36:14nos gouvernants
00:36:15qui se permettent
00:36:16de faire des échanges pareils ?
00:36:18Je ne sais pas,
00:36:19mais c'est très inquiétant.
00:36:21Je ne parle pas
00:36:22de Dominique de Villepin,
00:36:23parce qu'il est très connu
00:36:24qu'il est payé directement
00:36:25par le Qatar.
00:36:26Mais dans le cas de Sarkozy,
00:36:28qu'est-ce qui s'est passé ?
00:36:29Dans d'autres cas qu'on ne connaît pas
00:36:31et qui, à mon avis,
00:36:32peuvent aussi bien se dérouler
00:36:34à gauche qu'à droite.
00:36:37Ça fait partie d'ailleurs
00:36:39des préconisations du rapport.
00:36:41C'est non seulement
00:36:42d'informer le grand public,
00:36:44mais de responsabiliser
00:36:46les décideurs publics.
00:36:48Au niveau national
00:36:50et au niveau européen.
00:36:51Et ça, c'est quand même
00:36:52une bonne chose.
00:36:53Il y a des préconisations
00:36:54qui sont un peu bizarres
00:36:55dans ce rapport,
00:36:56mais il y en a
00:36:57qui sont très intéressantes.
00:36:58L'Union européenne
00:36:59est quand même un terrain de jeu
00:37:00préféré de tous les lobbyistes,
00:37:02y compris les lobbyistes
00:37:03des frères musulmans.
00:37:04Ce que dit le rapport,
00:37:05c'est que là, à Bruxelles,
00:37:07c'est vraiment encore plus avancé
00:37:09qu'en France.
00:37:10Oui, moi je considère
00:37:11qu'il y a trois filières
00:37:12de financement.
00:37:13Le Qatar, la Turquie aussi,
00:37:16qui est influencée
00:37:17par le biais des médias.
00:37:19Et puis l'Union européenne
00:37:22qui distribue de l'argent
00:37:25à travers des projets
00:37:27très farfelus.
00:37:28Je viens de rendre un rapport
00:37:30sur cette question
00:37:32qui manifestement
00:37:34ne contrôle pas l'argent
00:37:37qui est distribué
00:37:39et puis il y a
00:37:40quelques individus fréristes
00:37:42ou proches de la mouvance
00:37:44qui agissent
00:37:45à des points stratégiques.
00:37:46Je pense à Marion Lallis,
00:37:48par exemple,
00:37:49la coordinatrice à la lutte
00:37:50contre la haine
00:37:51contre les musulmans,
00:37:53qui, elle, finalement,
00:37:55n'hésite pas à travailler
00:37:56avec des fréristes
00:37:57et quand on le lui dit,
00:37:58elle se fâche au lieu
00:37:59d'aller voir un peu
00:38:00ce qui se passe.
00:38:01Ça, c'est très préoccupant,
00:38:03mais ça permet évidemment
00:38:04de nourrir d'argent
00:38:06des associations de toutes sortes,
00:38:08associations antiracistes,
00:38:09contre l'islamophobie,
00:38:11pour le développement
00:38:12dans les banlieues,
00:38:13toutes sortes de choses
00:38:14où la lutte
00:38:15contre la radicalisation,
00:38:16ce sont des maîtres en la matière.
00:38:18Tout ça, évidemment,
00:38:20produit beaucoup d'argent
00:38:22et des effets léfiés
00:38:24aussi au niveau local.
00:38:25Merci beaucoup,
00:38:26Florence Bergeau-Blaquer,
00:38:28chercheuse CNRS,
00:38:29auteure du frérisme et ses réseaux,
00:38:30L'Enquête,
00:38:31pour être venue sur ce rapport.
00:38:33Visiblement, il y a encore
00:38:34beaucoup de chemin à faire
00:38:35pour sortir du déni
00:38:36ou de la naïveté
00:38:38de dirigeants politiques
00:38:39par rapport à ce lobbying
00:38:41qui existe.
00:38:42On va marquer une courte pause
00:38:43et se retrouver à 13h.
00:38:45On parlera d'un tout autre sujet,
00:38:47du burn-out,
00:38:48épidémie du siècle,
00:38:49avec Paul-Antoine Martin,
00:38:51notre invité,
00:38:52auteur du Temps des pervers,
00:38:54pour voir un peu comment
00:38:56s'en sortir
00:38:57si vous-même avez été victime
00:38:58de managers toxiques
00:39:00ou de situations
00:39:01qui vous ont conduit au burn-out.
00:39:02N'hésitez pas à témoigner,
00:39:030826 300 300.
00:39:05On se retrouve dans un instant
00:39:06sur Sud Radio.
00:39:07Alexis Poulin,
00:39:08sans réserve,
00:39:09l'invité.
00:39:10Alors notre invité,
00:39:12Paul-Antoine Martin,
00:39:13ingénieur,
00:39:14ancien haut fonctionnaire,
00:39:15auteur du Temps des pervers
00:39:16aux éditions Max Milot.
00:39:17Bonjour.
00:39:18Bonjour Alexis.
00:39:19Un livre qui parle
00:39:20de ce mal très répandu,
00:39:22le burn-out,
00:39:23dont vous avez été victime.
00:39:25Un mécanisme
00:39:27que beaucoup trop de gens
00:39:28connaissent en fait,
00:39:29quand on est coincé
00:39:30dans un management pervers,
00:39:31quand on ne peut pas
00:39:32sortir la tête de l'eau.
00:39:34Tout est fait finalement
00:39:35pour vous faire craquer.
00:39:36Comment vous avez vécu,
00:39:39vous,
00:39:40votre burn-out ?
00:39:41Vous l'expliquez un peu,
00:39:42c'est un livre romancé,
00:39:43mais basé sur votre expérience,
00:39:45à quel moment
00:39:46on se rend compte
00:39:47que ça ne va pas
00:39:48et qu'on est détruit
00:39:49de l'intérieur ?
00:39:50Alors oui,
00:39:51le burn-out,
00:39:52c'est une maladie aujourd'hui
00:39:55qui est extrêmement répandue.
00:39:57C'est 500 000 cas par an,
00:39:58à peu près.
00:39:59C'est une bascule.
00:40:02C'est très brutal.
00:40:04Comme vous l'avez dit,
00:40:06il y a toute la phase préalable
00:40:08de harcèlement,
00:40:09de violence psychologique,
00:40:11d'enfermement
00:40:12dans des schémas psychologiques pervers.
00:40:16Et puis un bon matin,
00:40:18vous avez la bascule
00:40:19qui vous fait plonger immédiatement
00:40:22dans le néant.
00:40:23C'est-à-dire que vous êtes détruit
00:40:24de l'intérieur,
00:40:25totalement détruit.
00:40:26Vous n'êtes plus capable de rien,
00:40:28plus capable de penser,
00:40:29plus capable d'avoir d'émotions,
00:40:30plus capable non plus
00:40:31de lever ne serait-ce qu'un doigt.
00:40:33Moi, c'est ce qui m'est arrivé.
00:40:35Et vous restez dans cette situation-là
00:40:37pendant un certain temps.
00:40:39Plus c'est grave,
00:40:40plus vous y restez longtemps.
00:40:42Et vous mettez extrêmement longtemps
00:40:44à en sortir.
00:40:45Donc c'est un burn-out.
00:40:47On entend beaucoup des gens dire,
00:40:49ou des médecins dire,
00:40:50il a fait un burn-out,
00:40:52il a été arrêté une semaine.
00:40:54Non, c'est pas ça un burn-out.
00:40:55Un burn-out, c'est des mois,
00:40:56voire des années d'arrêt,
00:40:58voire une incapacité totale de travail
00:41:00pour l'avenir.
00:41:01Et c'est mon cas.
00:41:02Dans mon cas, je suis en incapacité totale de travail.
00:41:05Je ne peux plus retravailler.
00:41:06Parce que physiquement,
00:41:08je suis capable de très peu d'efforts.
00:41:10Et psychiquement,
00:41:13j'ai très peu d'énergie.
00:41:14Donc c'est un processus,
00:41:18le burn-out,
00:41:19c'est une calcination à l'intérieur
00:41:22qui fait que toute votre capacité
00:41:25à régénérer votre énergie vitale
00:41:27est cramée, brûlée.
00:41:29Donc ça régénère un petit peu,
00:41:31à 5, 10%,
00:41:33mais vous n'avez plus les 100%
00:41:35comme vous aviez avant.
00:41:36500 000 cas par an de burn-out,
00:41:38on est quand même sur un dossier
00:41:40qui devrait concerner la santé publique.
00:41:42Or, les pouvoirs publics
00:41:44fonderont et préfèrent ne pas parler du burn-out.
00:41:47C'est François Ruffin qui avait défendu
00:41:49d'en parler, d'en faire une loi
00:41:51à l'Assemblée nationale,
00:41:52qui a été rejetée.
00:41:53Et depuis,
00:41:54je n'ai pas vu de débat
00:41:56sur cette épidémie.
00:41:58Et ce qui est un vrai poids
00:42:00pour à la fois
00:42:02les finances de la sécurité
00:42:04et la santé,
00:42:06et puis pour la santé des Français.
00:42:08Alors, c'est
00:42:10un scandale sanitaire.
00:42:12C'est un scandale sanitaire, un de plus,
00:42:14qui passe sous les radars.
00:42:16Il passe sous les radars, comme vous le dites,
00:42:18très justement.
00:42:20Je suis en contact avec
00:42:22François Ruffin, justement,
00:42:24je sais qu'il défend vigoureusement
00:42:26et courageusement le sujet, mais
00:42:28ils sont très peu, ceux qui ont ce courage.
00:42:30Et pourquoi c'est un scandale
00:42:32sanitaire qui passe sous les radars ?
00:42:34Parce qu'aujourd'hui,
00:42:36la collectivité
00:42:38paye pour les burn-outers,
00:42:40pour les pervers, qui conduisent
00:42:42les gens au burn-out.
00:42:44C'est nous-mêmes, toute la collectivité,
00:42:46qui payons entre 15 milliards et 30 milliards
00:42:48d'euros par an
00:42:50pour prendre
00:42:52en charge les victimes de burn-out.
00:42:54Ça, c'est des chiffres qui
00:42:56sortent d'où ces 15 milliards à 30 milliards ?
00:42:58Ah, c'est des chiffres de
00:43:00santé publique. Ce sont des chiffres
00:43:02très solides.
00:43:04Et on peut même penser
00:43:06qu'il s'est bien au-delà. Pourquoi ? Parce que
00:43:08le burn-out charrie ensuite avec lui,
00:43:10comme vous êtes tellement détruit,
00:43:12il charrie avec lui. Vous êtes arrivé
00:43:14dans un état de stress
00:43:16tellement intense que
00:43:18votre organisme, en même temps, se détruit de l'intérieur.
00:43:20Et le burn-out participe
00:43:22au fait de vous débrancher.
00:43:24Mais il y a une destruction
00:43:26qui s'est opérée en vous par le stress
00:43:28intense. Et donc ça conduit aussi
00:43:30à des AVC. J'ai beaucoup
00:43:32de témoignages de personnes qui me disent avoir connu
00:43:34quelqu'un qui a ensuite eu un AVC,
00:43:36ensuite eu un infarctus, ensuite
00:43:38eu de l'hypercholestérolémie,
00:43:40tout un tas
00:43:42de maladies que les médecins
00:43:44ne lient pas directement au burn-out
00:43:46qui ne pèsent
00:43:48pas sur le chiffre
00:43:50que j'ai donné.
00:43:52Et donc 15 à 30 milliards d'euros,
00:43:54c'est probablement beaucoup plus.
00:43:56Et pourquoi ça reste aujourd'hui
00:43:58sur le dos de la collectivité ?
00:44:00Parce que le patronat
00:44:02refuse d'entendre parler
00:44:04de la question du burn-out.
00:44:06Parce que si ces 15 à 30 milliards d'euros
00:44:08étaient ensuite
00:44:10portés en responsabilité
00:44:12des entreprises,
00:44:14ça serait une catastrophe effectivement
00:44:16pour les entreprises. Mais donc tout ça
00:44:18fait qu'on est dans une sorte de
00:44:20de
00:44:22de non-dit
00:44:24qui empêche toute
00:44:26responsabilisation par rapport
00:44:28aux violences au travail.
00:44:30La pénalisation des burn-outers
00:44:32n'existe pas.
00:44:34Et donc finalement, il n'y a aucune sanction.
00:44:36Et ceux qui sont sanctionnés, c'est nous-mêmes,
00:44:38la collectivité.
00:44:40Parce qu'au-delà des frais de santé
00:44:42que vous évoquez, il y a les frais de justice.
00:44:44Vous, vous êtes en procès
00:44:46pour ces cas d'harcèlement.
00:44:48Vous avez raison.
00:44:50Il y a le premier niveau de harcèlement
00:44:52très violent que vous vivez au travail.
00:44:54Puis ensuite,
00:44:56vous vivez ce burn-out
00:44:58qui est une destruction
00:45:00intérieure
00:45:02et de votre vie.
00:45:04Et beaucoup
00:45:06peuvent finir suicidés.
00:45:08C'est aussi une méthode pour suicider
00:45:10ceux que l'on ne veut plus voir.
00:45:14Il y a une avocate suisse
00:45:16qui aide
00:45:18les victimes de burn-out
00:45:20comme ce que j'ai vécu moi
00:45:22et que je décris dans mon livre,
00:45:24ce qu'on appelle un mobbing
00:45:26qui est la catégorie la plus ultime de harcèlement.
00:45:28Elle explique
00:45:30que deux tiers des victimes
00:45:32se suicident.
00:45:34Tellement c'est ultra violent.
00:45:36C'est quoi ce mobbing ?
00:45:38C'est quand
00:45:40c'est une volonté
00:45:42délibérée,
00:45:44contractée de plusieurs individus
00:45:46dans une entreprise, dans une université, dans un groupe
00:45:48d'éliminer un autre individu
00:45:50qui devient leur cible.
00:45:52Et ils peuvent le faire
00:45:54en toute impunité parce qu'à un moment donné
00:45:56ils ont l'aval de la hiérarchie.
00:46:00Ce sont des politiques de ressources humaines.
00:46:02Ça peut être une politique
00:46:04de ressources humaines.
00:46:06Comme on a vu chez Orange.
00:46:08Chez France Télécom à l'époque,
00:46:10c'était organisé.
00:46:12C'était un harcèlement institutionnalisé.
00:46:14Là, c'est chirurgical.
00:46:18C'est souvent des cadres
00:46:20ou des cadres supes que l'on va éliminer
00:46:22comme ça parce qu'ils coûtent
00:46:24cher à licencier.
00:46:26Donc on organise
00:46:28une destruction
00:46:30et si la personne se suicide,
00:46:32c'est parfait puisqu'il n'y a pas de
00:46:34procès, il n'y a pas d'indemnités, etc.
00:46:38Vous avez raison, la question
00:46:40des frais de justice
00:46:42c'est aussi un énorme sujet.
00:46:44Parce que ce que je disais,
00:46:46vous vivez un premier harcèlement
00:46:48qui est très violent et puis ensuite
00:46:50quand vous essayez de redresser
00:46:52la tête pour essayer de dire
00:46:54moi je suis dans une situation déplorable,
00:46:56j'ai tout perdu, vous m'avez
00:46:58tout fait perdre, je demande réparation.
00:47:00Là on vous en remet
00:47:02une deuxième, une troisième, une énième couche
00:47:04et c'est extrêmement violent.
00:47:06On essaie de vous épuiser par des procédures
00:47:08en justice et on vous
00:47:10épuise aussi financièrement
00:47:12pour qu'à un moment donné vous ne vous
00:47:14battiez plus, vous abandonniez.
00:47:16Par exemple, moi j'ai
00:47:18deux instances en parallèle,
00:47:20il y en a une qui est aujourd'hui en cassation
00:47:22parce que mon employeur
00:47:26comme ce sont des hauts fonctionnaires,
00:47:28je ne suis pas un ancien haut fonctionnaire
00:47:32mais je parle des hauts fonctionnaires
00:47:34parce que mon supérieur
00:47:36était haut fonctionnaire d'un très
00:47:38grand corps d'Etat, donc il jouissait
00:47:40bien sûr de l'irresponsabilité,
00:47:42de l'impunité que l'on connaît dans notre pays.
00:47:44Et bien comme ces
00:47:46individus-là ont des mandats de 5 ans,
00:47:48l'objectif c'est de
00:47:50faire durer les procès beaucoup plus
00:47:52longtemps que 5 ans, de sorte à ce qu'il n'y ait
00:47:54plus aucun responsable à la fin et que les
00:47:56promos puissent être prises entre temps.
00:47:58Donc il y a tout un système
00:48:00qui est éminemment pervers,
00:48:02qui est aujourd'hui totalement autorisé,
00:48:04institutionnalisé, soutenu
00:48:06parce que je suis allé, je suis
00:48:08plein au niveau du ministère des Transports
00:48:10comme je l'explique dans mon livre, etc.
00:48:12Est-ce que c'était au ministère des Transports que vous travailliez ?
00:48:14Oui, ça dépendait du ministère des Transports,
00:48:16c'est dans un grand port maritime
00:48:18qui dépend des Transports.
00:48:20Et
00:48:22vous n'avez aucun retour. Le silence total,
00:48:24l'indifférence et même
00:48:26une
00:48:28amplification de
00:48:30calomnies, etc. pour essayer encore
00:48:32de vous éliminer et de vous faire
00:48:34abandonner. C'est quelque chose qui est
00:48:36aujourd'hui institutionnalisé dans notre pays.
00:48:38Il y a le scandale du burn-out
00:48:40qui est non reconnu
00:48:42comme maladie, ou alors
00:48:44qu'il faut, pour le faire reconnaître en maladie
00:48:46professionnelle, il faut faire des démarches
00:48:48longues et aussi coûteuses.
00:48:50Je les ai faites et j'ai
00:48:52obtenu gain de cause, mais il y a
00:48:54environ 1000 personnes en France
00:48:56qui obtiennent gain de cause pour faire reconnaître
00:48:58le burn-out en maladie professionnelle
00:49:00versus les 500 000
00:49:02dont je parlais au début.
00:49:04C'est rien.
00:49:06Et ça demande déjà d'avoir repris une jauge d'énergie
00:49:08suffisante pour pouvoir répondre
00:49:10et combattre.
00:49:12Quand vous êtes complètement anéantis, comment on fait pour se défendre ?
00:49:14Qu'est-ce que
00:49:16deviennent les 499 000
00:49:18autres ?
00:49:20Ils tombent dans la précarité.
00:49:22Et après on va essayer de les assassiner
00:49:24en leur retirant le RSA.
00:49:26Et puis après il y a l'euthanasie aussi
00:49:28qui va permettre de dire que vous êtes dans de telles souffrances psychologiques
00:49:30pourquoi ne pas mettre fin à vos jours
00:49:32de manière légale.
00:49:34C'est une mécanique
00:49:36extrêmement violente
00:49:38et perverse.
00:49:40A l'occasion de la Fête des Mères,
00:49:42comme d'habitude, vous savez Sud Radio, on a l'habitude
00:49:44de vous faire gagner des cadeaux.
00:49:46Cette semaine et toute la journée,
00:49:48dans chaque émission sur Sud Radio,
00:49:50nous vous offrons un bracelet de la collection Lettre
00:49:52de la marque Le Vent à la
00:49:54Française.
00:49:56Une manière de célébrer
00:49:58et de faire en sorte que
00:50:00chaque bijou, chaque bracelet soit personnalisé
00:50:02avec la lettre de votre choix, la finition,
00:50:04la couleur de votre choix pour un bijou unique.
00:50:06Pour gagner c'est simple, 0 826
00:50:08300 300 et le 12ème appel
00:50:10gagnera ce magnifique bracelet.
00:50:12Nous on va marquer une courte pause et se retrouver
00:50:14dans un instant sur Sud Radio pour parler
00:50:16du harcèlement
00:50:18et du burn-out avec notre invité Paul-Antoine
00:50:20Martin, à tout de suite.
00:50:26Alexis Poulin, sans réserve,
00:50:28l'invité.
00:50:30Notre invité Paul-Antoine Martin,
00:50:32auteur du Temps des Pervers aux éditions
00:50:34Max Milot, pour parler
00:50:36du burn-out, cette épidémie du siècle
00:50:38mal qui vous a touché.
00:50:40Vous expliquez cette mécanique
00:50:42dans le livre de manière très
00:50:44détaillée et puis il y a un médecin aussi,
00:50:46spécialiste du burn-out, qui pose face au livre
00:50:48et qui parle
00:50:50de ce malaise.
00:50:52Un malaise qui est quand même particulier
00:50:54en France. On va dire que
00:50:56le management toxique
00:50:58est plus répandu en France que dans d'autres
00:51:00pays de l'Union Européenne. Pas de l'OCDE.
00:51:02Oui, complètement.
00:51:04Vous faites bien de
00:51:06faire référence au post-facier
00:51:08du livre, qui est
00:51:10un grand honneur pour moi d'avoir
00:51:12le docteur Légeron comme
00:51:14post-facier. C'est un des grands spécialistes
00:51:16du burn-out en Europe.
00:51:18Une référence européenne.
00:51:20D'une part,
00:51:22il valide toute la description du burn-out
00:51:24que j'ai faite et puis
00:51:26les causes
00:51:28essentielles que j'avance
00:51:30pour expliquer
00:51:32et on va en parler je pense
00:51:34de cette perversité de la société
00:51:36que nous avons aujourd'hui.
00:51:38Mais ce qu'il explique et ce qu'il montre
00:51:40lui aussi par des chiffres, c'est que
00:51:42effectivement en France, il y a un problème systémique
00:51:44du harcèlement au travail,
00:51:46de la violence au travail
00:51:48et il avance des chiffres
00:51:50de 60% des français
00:51:52se sentent
00:51:54en stress à cause de leur hiérarchie.
00:51:56Et quand on compare
00:51:58avec des pays nordiques, par exemple
00:52:00Danemark, la Suède, la Norvège,
00:52:02les chiffres sont divisés par 10.
00:52:04C'est énorme,
00:52:06donc on est très loin devant.
00:52:08On est très très loin devant
00:52:10et ça explique aussi pourquoi
00:52:12le burn-out
00:52:14est tabou. Parce que le burn-out
00:52:16c'est le symptôme
00:52:18de ce malaise
00:52:20psychosocial au travail.
00:52:22C'est vraiment
00:52:24la révélation que
00:52:26le travail est malade, que notre société
00:52:28est malade. Et donc,
00:52:30comme d'habitude, on met
00:52:32le symptôme sous le tapis.
00:52:34On ne veut pas en parler, mais ça veut dire quoi ?
00:52:36Qu'il y a une culture de la violence
00:52:38du harcèlement en France ?
00:52:40Qu'on ne veut pas
00:52:42parler des sujets ? Moi je me rappelle
00:52:44Emmanuel Macron qui disait
00:52:46« je n'aime pas le terme de pénibilité au travail »
00:52:48parce que ça voudrait dire que le travail est pénible.
00:52:50C'est un déni énorme sur les travaux
00:52:52qui sont pénibles, en l'occurrence,
00:52:54les emplois difficiles. Mais pour ce qui est
00:52:56du management, là encore,
00:52:58surtout ne pas parler
00:53:00de l'éléphant
00:53:02dans la boutique de porcelaine,
00:53:04à savoir une culture de la toxicité.
00:53:06Alors, il y a
00:53:08une culture de la toxicité,
00:53:10je pense, qui remonte
00:53:12assez loin
00:53:14dans la vie des managers.
00:53:16Mon hypothèse
00:53:18est la suivante.
00:53:20J'ai fait
00:53:22une grande école qui s'appelle Centrale Supélec
00:53:24et donc pour ça je suis passé
00:53:26par MatSup,
00:53:28MatSpe, et donc
00:53:30une sélectivité qui est
00:53:32très très forte.
00:53:34Elle existe aussi en médecine,
00:53:36elle existe aussi dans d'autres secteurs,
00:53:38et je pense qu'en France, on a
00:53:40une culture de la rivalité
00:53:42et de la concurrence
00:53:44qui s'exacerbe dans ce mode de sélection
00:53:46qui fait que
00:53:48finalement, on ne va pas sélectionner
00:53:50les empathiques, on ne va pas sélectionner les sensibles
00:53:52parce qu'on estime
00:53:54probablement que dans la société,
00:53:56il faut être dur, il faut être violent,
00:53:58il faut être méchant, et donc c'est ça qu'on sélectionne.
00:54:00On sélectionne ceux qui sont
00:54:02ultra résistants
00:54:04au très grand stress,
00:54:06et finalement, on sélectionne
00:54:08par ce mode-là
00:54:10des individus qui sont comme des poissons
00:54:12dans l'eau, dans un univers extrêmement stressant,
00:54:14extrêmement violent, et qui peuvent
00:54:16reproduire ça comme étant finalement
00:54:18le modèle à suivre.
00:54:20Et ces individus-là qui font
00:54:22ces grandes écoles ou qui font
00:54:24des... qui vont très
00:54:26loin en médecine, sont voués
00:54:28à être des grands managers par la suite.
00:54:30Donc il n'est pas étonnant que l'on retrouve
00:54:3210 ans,
00:54:3420 ans, 30 ans, qu'on les retrouve dans des situations
00:54:36où ils appliquent des méthodes
00:54:38qui peuvent être violentes.
00:54:40Et qui n'a pas entendu
00:54:42au travail
00:54:44un autre dire aujourd'hui, c'est très courant,
00:54:46lui je vais le tuer, lui
00:54:48je vais le broyer,
00:54:50je vais lui balancer un scud,
00:54:52on est dans une rhétorique guerrière.
00:54:54Et d'ailleurs c'est pas un hasard
00:54:56si nos gouvernants
00:54:58utilisent cette rhétorique guerrière
00:55:00et vont même plus loin
00:55:02essayer de provoquer la guerre.
00:55:04On est vraiment dans cette psychologie
00:55:06perverse,
00:55:08totalement pervertie
00:55:10et défaillante aujourd'hui.
00:55:12Et parce que le choix du titre du livre
00:55:14Le temps des pervers, c'est dire que
00:55:16la perversité est devenue une valeur
00:55:18positive en fait dans une société malade.
00:55:20Eh bien, c'est qu'on...
00:55:22Moi je constate que nous sommes dans une société
00:55:24qui a perdu,
00:55:26qui n'est plus capable de fournir du sens.
00:55:28Qui est
00:55:30vide de sens, et finalement le seul
00:55:32endroit où on peut encore trouver du sens,
00:55:34ou en tout cas où on nous vend qu'on peut trouver du sens,
00:55:36c'est au travail.
00:55:38On nous explique que le travail épanouit,
00:55:40le travail fait progresser
00:55:42les gens, etc. Oui c'est vrai
00:55:44que le travail peut apporter tout ça.
00:55:46Mais dans une société
00:55:48où il n'y a plus de sens, dans une société
00:55:50où les managers peuvent être
00:55:52euh... peuvent être
00:55:54sélectionnés par leur
00:55:56violence et leur inempathie,
00:55:58leur capacité à être froid
00:56:00vis-à-vis de décisions extrêmement brutales,
00:56:02parce que finalement c'est ça.
00:56:04Aujourd'hui on est dans une société où
00:56:06les pervers vont avoir
00:56:08au travail beaucoup plus de facilité
00:56:10à être promus.
00:56:12Je ne dis pas qu'ils sont plus nombreux,
00:56:14je dis en tout cas qu'ils sont
00:56:16plus visibles parce qu'ils sont naturellement
00:56:18meilleurs dans une société extrêmement violente.
00:56:20Et donc ils se retrouvent
00:56:22à des postes très en vue,
00:56:24et à des postes de direction.
00:56:26Et le travail se retrouve
00:56:28effectivement à un endroit
00:56:30qui est aux avant-postes de cette
00:56:32perversité qui a pris
00:56:34le pas dans notre société.
00:56:36Et donc il essuie tous les
00:56:38coups de la perversité.
00:56:40Mais justement, on voit bien
00:56:42qu'on est passé
00:56:44de l'État-providence,
00:56:46l'État-social, à maintenant un État
00:56:48qui va traquer
00:56:50les gens qui recherchent un emploi,
00:56:52donc qui sont en situation de fragilité,
00:56:54les gens au RSA, là encore,
00:56:56sont en situation de fragilité, sous prétexte
00:56:58qu'ils ne seraient pas foutus de travailler, que c'est désassisté.
00:57:00La rengaine de Laurent Wauquiez
00:57:02sur l'assistanat par exemple,
00:57:04c'est aussi ce basculement
00:57:06de cette société vers là où on avait
00:57:08les moyens d'essayer de faire en sorte
00:57:10d'avoir des coussins d'amortissement
00:57:12quand les situations sont difficiles, d'enlever tout ça
00:57:14et de dire, démerdez-vous maintenant, c'est chacun
00:57:16pour soi, et mangez-vous
00:57:18les uns les autres.
00:57:19Oui, mangez-vous les uns les autres, parce que c'est
00:57:21la vérité de la vie.
00:57:23Un pervers pense comme ça.
00:57:26La description du personnage
00:57:28que je fais, Urssi,
00:57:30dans mon livre, qui en fait
00:57:32c'est un peu une suite du clan des seigneurs
00:57:34le précédent, j'essaie
00:57:36de décrire ce qu'est
00:57:38intimement effectivement un pervers,
00:57:40comment il pense, comment il réagit,
00:57:42et c'est un livre aussi pour
00:57:44reconnaître ce genre d'individu,
00:57:46au travail, ou même dans la gouvernance du pays.
00:57:52Le pervers,
00:57:54il n'est pas courageux.
00:57:56C'est quelqu'un qui n'est jamais,
00:57:58qui est fondamentalement lâche,
00:58:00donc
00:58:02il va toujours s'attaquer aux faibles.
00:58:04Toujours s'attaquer aux précaires.
00:58:06Il ne va jamais s'attaquer aux forts.
00:58:08Et c'est ce qu'on voit aujourd'hui.
00:58:10On va, ce que vous disiez, on va traquer
00:58:12les gens au RSA, on va traquer
00:58:14les précaires, on va nous parler
00:58:16d'assistanats, de gens qui
00:58:18sans avoir ces très maigres
00:58:20ressources,
00:58:22se suicideraient,
00:58:24ou vivraient sous les ponts. Est-ce que c'est ça la société
00:58:26que l'on veut aujourd'hui ?
00:58:28Eh bien, non, le pervers est
00:58:30un individu qui
00:58:32ne construit jamais,
00:58:34est incapable d'innovation,
00:58:36il est incapable
00:58:38de vérité, il vit dans le mensonge,
00:58:40dans la manipulation,
00:58:42et c'est un individu qui détruit et qui divise.
00:58:46Et au travail,
00:58:48le premier, comment dire,
00:58:50le premier indice
00:58:52qui montre un comportement pervers,
00:58:54c'est la volonté de division,
00:58:56la volonté d'atomisation
00:58:58d'un groupe,
00:59:00c'est ça qui fait le pervers.
00:59:02Et on a aujourd'hui ça
00:59:04dans beaucoup d'entreprises,
00:59:06beaucoup de la fonction publique,
00:59:08ce qu'on appelle les petits-chefs,
00:59:10les individus qui vont
00:59:12aussi prendre exemple sur ce qu'ils voient au-dessus.
00:59:14Oui, c'est ça, c'est-à-dire que c'est un modèle
00:59:16de dire qu'il faut tout casser, ce que disait Emmanuel Macron,
00:59:18il faut vraiment tout casser
00:59:20pour pouvoir reconstruire, il ne faut rien garder.
00:59:22Là, on est dans la transgression.
00:59:24Le pervers, il aime la transgression
00:59:26parce qu'il aime détruire.
00:59:28Le pervers, il cherche effectivement à détruire
00:59:30et à faire croire
00:59:32qu'il va reconstruire de façon magnifique.
00:59:34Que ce sera mieux après.
00:59:36Ça, c'est sa manipulation. C'est l'homme nouveau,
00:59:38c'est la société nouvelle, mais c'est ce qu'on a connu
00:59:40avec les totalitarismes du XXe siècle.
00:59:42Alors, les grands pervers finissent,
00:59:44les très grands pervers
00:59:46finissent des
00:59:48grands dirigeants totalitaires.
00:59:50On en a quelques-uns
00:59:52qui probablement sont capables
00:59:54aujourd'hui en France,
00:59:56mais vous en avez beaucoup, beaucoup, beaucoup
00:59:58qui dans les entreprises et dans la fonction publique
01:00:00se comportent comme ça parce que
01:00:02aussi, ils ont ça en eux
01:00:04et parce qu'il n'y a plus
01:00:06d'exemplarité
01:00:08quand on voit au niveau de la gouvernance que l'on se comporte
01:00:10comme ça, quand on voit l'impunité,
01:00:12l'irresponsabilité qui est
01:00:14aujourd'hui de mise
01:00:16et tous les jours nous le montrent,
01:00:18finalement, pourquoi se comporter
01:00:20de façon exemplaire ?
01:00:22Ou morale.
01:00:24Ça ne me rapporte pas en tout cas.
01:00:26On va marquer une courte pause
01:00:28et continuer de parler de ce burn-out.
01:00:30D'ailleurs, si vous avez été vous-même victime,
01:00:32vous pouvez témoigner à notre antenne
01:00:340826 300 300 pour le standard de Sud Radio
01:00:36ou si vous souhaitez poser des questions à notre invité.
01:00:38Et puis, on va parler
01:00:40de ce principe de la perversité
01:00:42dans la société,
01:00:44au-delà et dans les sphères dirigeantes.
01:00:46A tout de suite sur Sud Radio.
01:00:48Alexis Poulin, sans réserve,
01:00:50l'invité.
01:00:52On se retrouve avec Paul-Antoine Martin, notre invité,
01:00:54pour parler du temps des pervers,
01:00:56livre sur le burn-out aux éditions Max Milot.
01:00:58Vous parlez des mécanismes
01:01:00de cette perversité
01:01:02justement qui poussent les gens au burn-out
01:01:04en disant qu'il y a quand même
01:01:06une méthode d'action qui est toujours la même,
01:01:08la destruction, la division
01:01:10et puis la volonté
01:01:12de dire que c'est comme ça que ça se passe
01:01:14avec le pouvoir qui permet aussi de corrompre
01:01:16d'une certaine façon et d'acheter le silence
01:01:18de ceux qui vont pouvoir
01:01:20se faire pervertir.
01:01:22Et c'est celui finalement qui va être le lanceur d'alerte
01:01:24ou le grain de sable, l'empêcheur de tourner en rond
01:01:26qui va faire les frais
01:01:28des foudres du pervers,
01:01:30du manager toxique.
01:01:32Oui, les pervers fonctionnent toujours de la même façon.
01:01:34On croit des fois
01:01:36que ce sont des individus intelligents.
01:01:38Je pense qu'ils ne le sont pas.
01:01:40Leur force,
01:01:42elle est que
01:01:44les gens intègres, sincères, honnêtes
01:01:46essaient de trouver des explications
01:01:48à leur façon d'être.
01:01:50Et comme ces gens-là
01:01:52en fait sont totalement différents
01:01:54dans leur façon de penser,
01:01:56on se fait en général
01:01:58toujours avoir.
01:02:00On croit à ce moment-là que ces gens-là
01:02:02ont une intelligence supérieure
01:02:04et qu'ils ont tout prévu finalement.
01:02:06Non, ils ont juste
01:02:08berné tous les gens
01:02:10qui sont sincères, honnêtes et intègres.
01:02:12Et ça se passe toujours
01:02:14de la même façon.
01:02:16Le pervers va toujours manipuler,
01:02:18va toujours mentir, va toujours
01:02:20trafiquer le réel avec les mots.
01:02:22L'art,
01:02:24c'est tout ce que je raconte
01:02:26dans le livre, je montre en fait
01:02:28cette forme romancée que j'ai utilisée
01:02:30mais tout est vrai à l'intérieur.
01:02:32Comment avec les mots, on reconstruit
01:02:34un réel qui est hors-sol
01:02:36et on essaie d'obliger
01:02:38tout un groupe à rentrer dedans.
01:02:40Celui qui ne rentre pas dedans,
01:02:42effectivement, il faut le détruire
01:02:44parce qu'il est celui qui peut
01:02:46venir
01:02:48révéler la supercherie aux autres.
01:02:50Donc, à ce moment-là,
01:02:52le pervers déploie.
01:02:54Justement, on parle
01:02:56de supercherie, là on est
01:02:58quand même dans un exemple
01:03:00au sommet de l'État, quand on a
01:03:02le bilan d'Emmanuel Macron
01:03:04qui est une faillite économique de la France,
01:03:06le FMI qui parle maintenant de décisions
01:03:08très difficiles, alors que le FMI applaudissait
01:03:10le programme du candidat Macron en 2017
01:03:12en disant que c'est génial, il a pris toutes nos recommandations.
01:03:14Aujourd'hui, on voit
01:03:16un responsable politique, le président de la République,
01:03:18qui se met en scène pour dire que c'est génial,
01:03:20tout ce qu'il a fait est formidable, les Français n'ont pas compris
01:03:22qu'il faudrait aller encore plus loin, mais qu'il ne peut pas
01:03:24parce qu'il n'a plus de majorité.
01:03:26Est-ce qu'on n'a pas
01:03:28affaire là à un grand pervers à la tête de l'État ?
01:03:30Oui, c'est le prince.
01:03:32C'est le prince des pervers.
01:03:34Ils ne sont jamais responsables ?
01:03:36Ils ne sont jamais responsables.
01:03:38Jamais.
01:03:40Ce sont des individus qui ne sont jamais responsables.
01:03:42D'ailleurs, très rarement, ils se sont
01:03:44mis en face de leurs responsabilités.
01:03:46Parce que la société n'arrive pas
01:03:48à les comprendre suffisamment rapidement.
01:03:50Et c'est toujours
01:03:52la même histoire.
01:03:56Ce que l'on voit aujourd'hui,
01:03:58c'est tout un narratif
01:04:00qui nous décrit
01:04:02un réel qui n'existe pas.
01:04:04Et ça, c'est la méthode
01:04:06du pervers, de ce que je vous expliquais
01:04:08un peu avant, c'est de nous faire croire
01:04:10que ce réel qui est
01:04:12raconté existe.
01:04:14Et ça crée une sidération
01:04:16dans l'esprit des individus honnêtes,
01:04:18intègres, etc., parce qu'ils ne fonctionnent pas comme ça.
01:04:20Et ils essaient de comprendre.
01:04:22Ils essaient de comprendre le hiatus qui existe
01:04:24entre le réel qu'on leur décrit,
01:04:26qui n'existe pas,
01:04:28et le réel que eux vivent.
01:04:30Et c'est dans cette sidération que le pervers
01:04:32avance aussi. Parce que
01:04:34ça permet de ne pas avoir
01:04:36d'opposition.
01:04:38Est-ce qu'il n'y a pas des mécanismes de protection
01:04:40vis-à-vis des managers toxiques ?
01:04:42Parce que
01:04:44cette thématique du pervers narcissique,
01:04:46de la perversité, elle est quand même montée
01:04:48beaucoup ces derniers temps,
01:04:50qui est quand même une éducation, une pédagogie
01:04:52autour de ce problème.
01:04:54Est-ce qu'il n'y a pas des mécanismes
01:04:56qui peuvent être partagés sur comment répondre
01:04:58à l'agression ?
01:05:00Déjà, comment les reconnaître ?
01:05:02C'est aussi pour ça que j'ai fait ce livre.
01:05:04C'est comment les reconnaître ?
01:05:06Oui, on commence à savoir, sauf que
01:05:10moi j'ai l'expérience
01:05:12dans l'environnement dans lequel j'étais,
01:05:16peu ont reconnu
01:05:18dans le personnage d'Ursie
01:05:20vraiment les traits d'un pervers.
01:05:22Et ça c'est quand même assez extraordinaire
01:05:24de voir que même après toutes ces actions,
01:05:26même après toutes ces paroles,
01:05:28ça continue de fonctionner.
01:05:32Il faut reconnaître effectivement
01:05:34comment fonctionne un pervers
01:05:36et la difficulté c'est de sortir
01:05:38des griffes du pervers.
01:05:40Parce que quand vous êtes
01:05:42dans une entreprise
01:05:44ou dans la fonction publique,
01:05:46vous êtes finalement dans un endroit
01:05:48où vous êtes soumis
01:05:50à une hiérarchie et c'est le mode
01:05:52de fonctionnement du travail.
01:05:54Le travail c'est une enclave dans la République.
01:05:56On n'a pas la liberté d'expression.
01:05:58Si on veut la liberté
01:06:00d'expression, il faut accepter
01:06:02de partir illico.
01:06:04Qui aujourd'hui
01:06:06est capable dans la
01:06:08sinistrose économique
01:06:10que nous vivons, de dire je pars de suite
01:06:12et je mets toute ma famille
01:06:14en risque.
01:06:16Peu sont capables de le faire.
01:06:18On subit souvent
01:06:20en espérant ne pas être la cible
01:06:22du pervers.
01:06:24C'est comme ça que ça fonctionne.
01:06:26C'est pour ça que tout le monde se tait.
01:06:28On va juste raser les murs.
01:06:30Le bouc émissaire c'est exactement le bon terme.
01:06:32C'est vraiment le terme exact.
01:06:34Le bouc émissaire permet
01:06:36de concentrer la perversité
01:06:38du pervers
01:06:40sur un individu, afin que
01:06:42tous les autres s'en trouvent épargnés.
01:06:44Et donc ça va mettre gagné du temps.
01:06:48Et finalement, il vaut mieux
01:06:50qu'il y en ait un qui paye
01:06:52et les autres
01:06:54qui restent
01:06:56tranquilles.
01:06:58Mais ça se reproduit toujours.
01:07:00Après l'un, l'autre,
01:07:02beaucoup de boucs émissaires.
01:07:04Est-ce qu'il n'y a pas des mécanismes simples de protection
01:07:06vis-à-vis du management toxique ?
01:07:08Après, il peut y avoir des dénonciations
01:07:10au niveau de l'inspection du travail.
01:07:12Mais ce sont toujours
01:07:14des choses très délicates.
01:07:16Ça remonte aux oreilles du pervers
01:07:18et là, il devient fou.
01:07:20Et on devient impéto
01:07:22la cible.
01:07:24C'est très difficile.
01:07:26Il peut y avoir des syndicats,
01:07:28mais les syndicats aussi, souvent,
01:07:30on en trouve, qui sont courageux,
01:07:32mais souvent, certains jouent
01:07:34une certaine politique à l'intérieur de l'entreprise.
01:07:36Je raconte aussi dans mon livre comment
01:07:38Urssi,
01:07:40ce anti-héros
01:07:42qui est au centre du livre,
01:07:44comment il a
01:07:46construit un syndicat
01:07:48pour finalement, on l'appelle
01:07:50un syndicat jaune, pour finalement soutenir
01:07:52ses actions.
01:07:54C'est possible aussi avec le pouvoir.
01:07:56Le pervers, il corrompt.
01:07:58Il divise, il corrompt.
01:08:00Il y a un ancien
01:08:02au fonctionnaire qui m'avait dit
01:08:04tu sais,
01:08:06il suffit de connaître le prix,
01:08:08chacun a un prix.
01:08:10Si on sait le prix, après,
01:08:12on peut tout faire. Et c'est vrai avec les syndicats,
01:08:14c'est vrai avec tout le monde.
01:08:16Donc on a beaucoup de gens qui sont comme ça,
01:08:18qui vont se taire par peur
01:08:20des représailles.
01:08:22Oui, et puis il y a tout l'imaginaire aussi de se dire
01:08:24je risque beaucoup
01:08:26en ne me taisant pas.
01:08:28Or, je pense
01:08:30effectivement que
01:08:32plus on est à parler,
01:08:34parce que le pervers est lâche, parce que le pervers
01:08:36finalement est faible et fragile,
01:08:38plus on est à parler
01:08:40et à dire les choses et à dénoncer les choses,
01:08:42plus on arrivera effectivement à endiguer
01:08:44cette...
01:08:46Oui, il faut faire l'union
01:08:48contre le pervers
01:08:50en l'occurrence. Alors on a un auditeur
01:08:52avec nous, Francis de Paris, qui souhaitait
01:08:54réagir. Bonjour Francis.
01:08:56Oui, bonjour. En effet
01:08:58moi j'ai été dirigé par un
01:09:00gros pervers qui était polytechnicien
01:09:02et qui
01:09:04venait de France Télécom
01:09:06arrivé dans la grosse société audiovisuelle
01:09:08où je travaillais, comme directeur.
01:09:10Et donc
01:09:12son travail c'était de passer de 4000
01:09:14personnes à 320 personnes.
01:09:16Ah oui, c'est beaucoup, oui.
01:09:18Donc moi je travaillais sur le Tour de France,
01:09:20Roland Garros, les grosses variétés comme ingénieur
01:09:22du son. Et ce
01:09:24monsieur n'y connaissait rien dans l'audiovisuel.
01:09:26Avec nos réalisateurs,
01:09:28nos clients pour qui on travaillait,
01:09:30et bien il ne savait pas causer.
01:09:32Son travail c'était
01:09:34de laminer tous les services
01:09:36de façon qu'on se
01:09:38marche dessus les uns sur les autres
01:09:40dans la réduction du personnel.
01:09:42Dans la compression de la société.
01:09:44C'est ce que...
01:09:46Oui.
01:09:48D'avoir affaire à un directeur
01:09:50technique qui venait d'un
01:09:52grand corps d'État,
01:09:54parce qu'auparavant, avant France Télécom,
01:09:56il était Air France aussi.
01:09:58Donc c'est des gens qui tournent.
01:10:00Oui, c'est ça aussi.
01:10:02Merci beaucoup Francis.
01:10:04Paul-Antoine Martin, vous expliquez que ce sont des gens
01:10:06qui ont des mandats très courts,
01:10:08toujours dans la destruction.
01:10:10L'idée c'est de transformer,
01:10:12de réformer, de moderniser.
01:10:14Il y a des mots derrière la destruction.
01:10:16Et qui ensuite vont faire
01:10:18la même chose toute leur vie
01:10:20sur des mandats très courts pour,
01:10:22comme vient de le dire Francis, réduire
01:10:24la voilure,
01:10:26mettre des gens à la porte, broyer
01:10:28des gens qui travaillent et qui ont des compétences.
01:10:30Et puis, là aussi,
01:10:32l'incompétence. C'est-à-dire des gens qui arrivent
01:10:34et dont ce n'est pas le métier
01:10:36et qui vont devoir, parce que
01:10:38c'est le management, faire n'importe quoi
01:10:40sur un métier qu'ils ne connaissent pas.
01:10:42Ils sont très souvent totalement incompétents.
01:10:44Mais
01:10:46ils ont une capacité, avec
01:10:48le langage, à vous inventer
01:10:50un réel qui permet
01:10:52de faire...
01:10:56Ce cas-là,
01:10:58le cas de l'auditeur est quand même assez extraordinaire
01:11:00et tout à fait emblématique du
01:11:02pervers destructeur,
01:11:04de ces managers
01:11:06ultra-toxiques, mais qui sont
01:11:08reconnus et sélectionnés pour ça.
01:11:10Mais le pervers,
01:11:12effectivement, c'est exactement ce qu'a décrit
01:11:14l'auditeur. Mais il a divisé.
01:11:16Il a atomisé. Il faut que les gens
01:11:18se tapent dessus.
01:11:20Et c'est ce que j'ai vécu aussi.
01:11:22C'est-à-dire que c'est ça la méthode. Et c'est ce qu'on voit au niveau
01:11:24de la gouvernance française. C'est
01:11:26l'atomisation totale de la société
01:11:28afin que tous les corps de métier,
01:11:30toutes les personnes, les voisins, tout le monde
01:11:32se tapent les uns sur les autres.
01:11:34On a vu les pompiers qui se battaient
01:11:36contre les policiers. C'est les taxis
01:11:38aujourd'hui qui sont dans la rue. Je crois qu'il n'y a pas
01:11:40une profession qui n'a pas été en grève
01:11:42ou qui a été
01:11:44matraquée depuis 2017.
01:11:46C'est vraiment une...
01:11:48Et c'est en atomisant complètement
01:11:50que vous restez au pouvoir.
01:11:52Et ça fonctionne ?
01:11:54Et ça fonctionne.
01:11:56Le pervers crée aussi
01:11:58tout un écosystème pervers autour de lui.
01:12:00C'est-à-dire qu'il va y avoir
01:12:02tout un tas d'individus qui vont être
01:12:04intéressés de se mettre dans le sillage
01:12:06du pervers en appliquant ces méthodes.
01:12:08Je raconte ça aussi,
01:12:10comment des individus qui
01:12:12sont le pervers peuvent être des gens
01:12:14très bien, mais qui tout d'un coup se révèlent
01:12:16ultra manipulables,
01:12:18ou en tout cas ultra intéressés,
01:12:20corrompus, corruptibles,
01:12:22et qui finalement appliquent ces méthodes.
01:12:24Seul un pervers ne peut rien faire.
01:12:26Et c'est tout cet écosystème
01:12:28qui fait qu'il devient ultra puissant.
01:12:30Parce que ces gens-là
01:12:32sont finalement les bras armés,
01:12:34deviennent les bras armés
01:12:36du pervers central.
01:12:38Il y a une équipe qui se forme autour par intérêt.
01:12:40Par intérêt.
01:12:44D'autres... On a l'impression...
01:12:46Là, vous voyez, Francis, l'auditeur,
01:12:48nous disait que c'était quelqu'un qui venait
01:12:50de la haute fonction publique. Est-ce que c'est un vivier
01:12:52particulier, l'ENA,
01:12:54la haute fonction publique,
01:12:56de ce type de managers
01:12:58toxiques qui sont incompétents, qui n'y connaissent rien
01:13:00et dont le métier est de détruire
01:13:02partout où ils passent ?
01:13:04En tout cas, c'est
01:13:06un vivier qui
01:13:08joue une privilège ultra
01:13:10considérable qui n'existe nulle part ailleurs
01:13:12dans notre société, l'impunité et l'irresponsabilité.
01:13:14Ça, c'est les seuls.
01:13:16C'est vrai que dans une boîte, quand on plombe la boîte
01:13:18comme le fait Emmanuel Macron sur le budget de l'État,
01:13:20généralement, l'actionnariat n'est pas content
01:13:22et le board vous vire. Mais là,
01:13:24c'est pas le cas. Et ça ne dure pas des années.
01:13:26Non, ça dure un mandat.
01:13:28Un mandat, et même dans des proportions bien plus
01:13:30courtes.
01:13:32Enfin, bien plus faibles.
01:13:34C'est un univers où,
01:13:36effectivement,
01:13:38on joue de l'impunité et de l'irresponsabilité.
01:13:40Quoi qu'on fasse, on ne risque rien.
01:13:42Au pire, on retarde
01:13:44d'un ou deux ans sa promo.
01:13:46C'est le seul risque que ces gens ont.
01:13:48Donc, ça permet
01:13:50de rentrer
01:13:52aussi dans une toute-puissance.
01:13:54Et beaucoup,
01:13:56se retrouvent pris par
01:13:58une certaine hubris qui fait que
01:14:00la perversité est
01:14:02totalement débridée.
01:14:04Mais ça peut aussi provoquer leur chute.
01:14:06Ça peut provoquer leur chute, mais ça prend du temps.
01:14:08On va marquer
01:14:10une dernière pause et se retrouver
01:14:12dans un instant avec Paul-Antoine Martin
01:14:14pour continuer de parler de ce mal
01:14:16du siècle, le burn-out
01:14:18et le management toxique.
01:14:20A tout de suite sur Sud Radio.
01:14:22C'est Paul-Antoine Martin, auteur du « Temps des pervers »
01:14:24aux éditions Max Milot, pour parler du burn-out.
01:14:26Vous parlez d'épidémie du siècle en ce qui concerne
01:14:28ce mal, où on pousse les gens
01:14:30à ne plus être eux-mêmes
01:14:32et parfois au suicide. C'est assez tragique.
01:14:34Et vous dites que c'est un sujet
01:14:36tabou, parce que si on commençait
01:14:38à ouvrir la boîte de Pandore, 500 000 cas de burn-out
01:14:40par an, on remettrait en cause
01:14:42toutes les règles du management
01:14:44moderne et aussi des cabinets de conseil
01:14:46qui sont souvent à la manœuvre
01:14:48dans la restructuration des services.
01:14:50Oui, si on ouvre la boîte
01:14:52de Pandore. Le burn-out, c'est
01:14:54le symptôme d'une
01:14:56civilisation, d'une société totalement malade.
01:14:58Si on ouvre la boîte de
01:15:00Pandore, si on essaie de comprendre ce qui se passe,
01:15:02tout s'écroule,
01:15:04puisque tout est faux.
01:15:06Toutes les sociétés nous parlent
01:15:08aujourd'hui d'agilité, de résilience,
01:15:10etc.
01:15:12Bon, déjà, souvent, ils ne comprennent
01:15:14pas les mots qu'ils emploient,
01:15:16mais on nous parle toujours
01:15:18d'un réel qui n'existe pas,
01:15:20ou qui est le contraire de ce qu'il est.
01:15:22Et souvent, derrière tout ça,
01:15:24derrière ces mots-valises
01:15:26que l'on emploie, il y a des cabinets de conseil
01:15:28dont le job, c'est de masquer,
01:15:30de masquer, de faire durer.
01:15:32Comme disait Hollande à un moment donné,
01:15:34ça durera bien le temps de mon mandat.
01:15:36C'est ça, retenir 5 ans.
01:15:38C'est tenir, en fait.
01:15:40Le but, c'est de tenir, de faire croire qu'on est bon
01:15:42pour avoir la promo,
01:15:44et de partir en courant.
01:15:46Et de laisser la situation au suivant
01:15:48qui lui fera pareil, etc.
01:15:50Donc, il y a une prise en otage de la population
01:15:52dans un mensonge
01:15:54collectif d'une société
01:15:56qui est extrêmement malade,
01:15:58maltraitée, souffrante,
01:16:00et on ne veut pas
01:16:02le reconnaître aujourd'hui, oui.
01:16:04On a avec nous un autre auditeur,
01:16:06Jean-Hugues de Val Roque. Bonjour Jean-Hugues.
01:16:08Oui, bonjour, vous m'entendez bien ?
01:16:10Très bien, très bien.
01:16:12Vous souhaitez réagir, on vous écoute.
01:16:14Oui, voilà, merci de me faire passer
01:16:16sur votre émission.
01:16:18J'ai donc subi un burn-out
01:16:20il y a maintenant, c'était en 2010-2011,
01:16:22au CEA
01:16:24de Cadarache,
01:16:26et j'ai bien
01:16:28subi, effectivement, une sorte
01:16:30d'esclavage,
01:16:32de torture psychologique
01:16:34pour
01:16:36vous maintenir en place
01:16:38et faire en sorte
01:16:40que vous
01:16:42ne parliez pas, finalement.
01:16:44Tout ça, c'était aussi
01:16:46conditionné
01:16:48par
01:16:50cette entrevue
01:16:52annuelle, vous savez, en fin d'année,
01:16:54pour savoir
01:16:56comment ça va, etc.
01:16:58On vous disait aussi qu'il y avait des choses qui n'allaient pas,
01:17:00ce qui fait que vous ne pouviez pas demander
01:17:02des augmentations. Moi,
01:17:04mon travail ne me permettait pas de pouvoir
01:17:06vivre et pourtant,
01:17:08j'étais
01:17:10responsable pour
01:17:12numériser toute la
01:17:14bibliothèque scientifique de
01:17:16Cadarache.
01:17:18Il y avait des documents
01:17:20top secret qui passaient par nous, etc.
01:17:22Et
01:17:24je n'avais un salaire que de 980 euros
01:17:26et
01:17:28je me souviens que
01:17:30à un moment donné,
01:17:32je n'avais même plus les moyens
01:17:34de me chauffer chez moi
01:17:36et même presque de
01:17:38me nourrir normalement.
01:17:40Et ma responsable m'avait dit
01:17:42à un midi, Jean-Luc, vous avez entendu,
01:17:44à la cantine 1, si vous faites une prise
01:17:46de sang, vous pouvez avoir un sandwich
01:17:48gratuit. Vous imaginez ?
01:17:50C'est quand même
01:17:52assez terrible.
01:17:54Il y a ces mots
01:17:56de Jean-Luc sur l'esclavage,
01:17:58devenir un esclave,
01:18:00c'est aussi une des mécaniques,
01:18:02c'est-à-dire, non pas pousser vers la sortie
01:18:04mais faire en sorte de voir jusqu'où on peut accepter
01:18:06l'inacceptable, c'est ça ?
01:18:08Oui, il y a ça aussi, puisque
01:18:10l'ambiance perverse, effectivement,
01:18:12comme elle fonctionne dans le mensonge et la manipulation,
01:18:14on vous demande
01:18:16de rentrer dedans, de rentrer
01:18:18dans le mensonge
01:18:20et c'est ce qui conduit
01:18:22à ce que l'auditeur, probablement,
01:18:24dit comme esclavage.
01:18:26C'est-à-dire qu'on est
01:18:28à la fois aussi fragile
01:18:30parce qu'on a un emploi,
01:18:32on doit nourrir une famille, on a des enfants,
01:18:34donc on est...
01:18:36on ne peut pas partir
01:18:38du jour au lendemain, ou en tout cas sortir
01:18:40de l'emprise du pervers, et donc
01:18:42le pervers, là, il a un moyen de jouissance,
01:18:44de faire durer un peu
01:18:46comme le chat avec la souris, ça dure, ça dure,
01:18:48ça dure, à la fin il va la tuer,
01:18:50mais ça dure, et il prend plaisir à ça.
01:18:52Et le pervers, il prend aussi plaisir
01:18:54à faire mal à l'autre. Donc,
01:18:56le mettre dans l'esclavage,
01:18:58ça c'est bon pour un pervers.
01:19:00Et ça permet de durer.
01:19:02– Merci Jean-Luc pour votre témoignage.
01:19:04On voit que les témoignages sont nombreux
01:19:06sur ces cas de burn-out.
01:19:08Qu'est-ce qui pourrait changer
01:19:10la donne au niveau des pouvoirs publics
01:19:12pour qu'enfin on parle de ce sujet ?
01:19:14– Alors, il y a une chose
01:19:16qui me fait mal à chaque fois
01:19:18quand je fais des interventions
01:19:20devant des victimes
01:19:22de burn-out, c'est qu'elles me disent
01:19:241. Vous avez eu le courage
01:19:26et vous avez eu la force de le faire.
01:19:28Alors, à quel prix ?
01:19:30Parce que j'étais anéanti,
01:19:32mais j'ai eu la chance d'avoir une excellente médecin,
01:19:34un excellent psychiatre,
01:19:36d'excellents avocats.
01:19:38Donc, le premier
01:19:40des conseils que je vais donner aux auditeurs,
01:19:42c'est
01:19:44quand ils sont atteints par ça,
01:19:46c'est
01:19:48il faut trouver,
01:19:50effectivement, un bon médecin
01:19:52et d'aller chercher la reconnaissance
01:19:54de la maladie professionnelle.
01:19:56Elle n'est pas automatique parce que le burn-out
01:19:58n'est pas dans le tableau
01:20:00des maladies professionnelles,
01:20:02mais on peut aller chercher
01:20:04la reconnaissance et il faut le faire
01:20:06parce que quand on est victime d'un burn-out,
01:20:08on ne récupère pas
01:20:10le niveau d'énergie qu'on avait avant
01:20:12et donc, c'est le cas.
01:20:14– Ça définit la suite d'une vie.
01:20:16Jean-Hugues nous parlait d'un événement
01:20:18qui s'est passé en 2010-2011,
01:20:20ensuite on vit avec ça toute sa vie.
01:20:22– Et on sait exactement le jour, le moment,
01:20:24quand ça s'est passé, parce que c'est tellement
01:20:26violent, tellement brutal, tellement
01:20:28une destruction de vie
01:20:30que c'est
01:20:32effectivement une rupture. Et donc, il faut
01:20:34aller chercher la réparation.
01:20:36Il faut aller la chercher, sinon
01:20:38on a deux ans pour aller la chercher
01:20:40par la reconnaissance de la maladie professionnelle.
01:20:42– Qualifier comme quoi ?
01:20:44Puisque si burn-out n'existe pas,
01:20:46c'est ce qu'on appelle
01:20:48un syndrome d'épuisement professionnel.
01:20:50– Celui-là existe. – Voilà, syndrome d'épuisement
01:20:52professionnel, c'est le nom technique
01:20:54ou médical du burn-out,
01:20:56parce que le mot burn-out n'existe pas.
01:20:58Et puis, ce qu'on n'a pas dit tout à l'heure,
01:21:00c'est que le mot est tellement galvaudé
01:21:02aujourd'hui, que le MEDEF
01:21:04ou l'ancien MEDEF, le patronat,
01:21:06se met derrière
01:21:08le fait que le mot ne vaut plus rien dire,
01:21:10parce qu'on peut être arrêté pour burn-out
01:21:12pour une semaine, en disant
01:21:14non, le burn-out est
01:21:16mal caractérisé, donc on ne peut pas nous accepter
01:21:18de le prendre en maladie professionnelle.
01:21:20Donc, il faut aller chercher la maladie professionnelle,
01:21:22il faut, et j'en parle
01:21:24dans mon livre,
01:21:26trouver des bons avocats, donc je donne
01:21:28un ou deux noms, qui sont des gens
01:21:30très pointus, parce que c'est très pointu,
01:21:32c'est un sujet
01:21:34où il faut être très costaud
01:21:36dans le droit
01:21:38de la sécurité sociale et dans le droit du travail,
01:21:40il ne faut pas donner son
01:21:42dossier à n'importe qui,
01:21:44et moi, les avocats que je donne dans mon
01:21:46livre, ils sont très peu chers,
01:21:48et ils sont remarquablement
01:21:50compétents.
01:21:52Donc, il faut aller les chercher,
01:21:54ça c'est du côté victime,
01:21:56et du côté pouvoir public, il faut que les politiques
01:21:58prennent le sujet.
01:22:00C'est absolument fondamental.
01:22:02C'est absolument fondamental.
01:22:04Il faut pénaliser les burn-outers,
01:22:06il faut que les entreprises payent
01:22:08pour les dégâts qu'elles font, sinon
01:22:10on n'avancera pas, au contraire, on régulera.
01:22:12Absolument. Merci beaucoup, Paul-Antoine
01:22:14Martin, d'avoir été notre invité pour parler
01:22:16du temps des pervers aux éditions Max Milot
01:22:18et du burn-out. C'est Laurent
01:22:20Dutarne qui a gagné ce
01:22:22bracelet du Vent à la Française,
01:22:24félicitations à lui, et puis dans un instant
01:22:26c'est Brigitte Lahaye
01:22:28qui va parler d'un sujet pas si loin
01:22:30finalement des forceurs des pervers,
01:22:32la pénétration non préparée, quelles douleurs
01:22:34surviennent et comment les éviter, voilà.
01:22:36Vous êtes sur
01:22:38Sud Radio, et restez avec nous
01:22:40pour la suite de cette journée.

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