Les 20 ans de la loi handicap
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00:16Ici matin, il est 8h18. Il y a 20 ans, les parlementaires votaient la loi handicap.
00:21Et depuis 20 ans, tous les enfants doivent être scolarisés.
00:24Il existe d'ailleurs un guichet unique avec la MDPH, c'est la maison de la personne handicapée.
00:29Tous les bâtiments et transports publics doivent être accessibles.
00:32Alors aujourd'hui, comment est-ce qu'elle est appliquée cette loi ?
00:34Pour en discuter, Bichent Tévrignon, nous recevons ce matin Patrice Lagisquet de l'association Chrysalide.
00:39Bonjour Patrice Lagisquet.
00:40Bonjour.
00:41Merci de nous avoir rejoint ce matin.
00:43Vous la connaissez bien cette loi, parce qu'on était un peu précurseur ici au Pays Basque avec Chrysalide.
00:48Vous aviez bataillé à l'époque, vous aviez monté ce collectif en DIC de plusieurs associations
00:52qui déjà mettaient en place les AVS.
00:56Alors, quel bilan vous en tirez, vous, 20 ans après ?
00:5920 ans après, alors pour le domaine de l'accompagnement scolaire, ça s'est effectivement énormément développé.
01:05Ça a été très positif.
01:07Bon, l'esprit de la loi, c'est la compensation du handicap, pour faire simple.
01:12Mais c'est vrai qu'il y a eu une énorme progression.
01:14La scolarité maintenant des enfants en situation de handicap se fait beaucoup plus facilement.
01:21Le problème, c'est que la création de la CDAPH, de la MDPH, avec la Commission des droits de l'autonomie pour les personnes handicapées,
01:29qui prenait les décisions, finalement, et qui était très favorable, très positive pour nous, pour les parents, pour les orientations.
01:38En fait, elle a été un petit peu contre-carrée, et même rognée, et on va même peut-être arriver à la vider un petit peu de son sens,
01:48enfin, vider beaucoup de son sens, la création de structures au sein de l'éducation nationale,
01:53qui font que la CDAPH va être contournée.
01:56Les décisions vont être prises par l'éducation nationale, en direct, avec les PAS,
01:59ces plateformes d'accompagnement à la scolarité,
02:02et c'est vrai qu'on a l'impression de revenir 20 ans en arrière.
02:07Vous avez en face cette grosse, grosse machine de l'éducation nationale.
02:11Il y a 20 ans, et encore plus, 30-40 ans, un enfant qui avait un handicap psychique,
02:17il restait à la maison, mais on ne le voyait pas à l'école.
02:19Aujourd'hui, il y a encore des enfants qui sont à la maison ?
02:22Oui, oui, oui, puis on crée des situations, il y a des goulots d'étranglement,
02:25il y a des fonctionnements en silo,
02:26c'est-à-dire qu'un enfant qui va aller dans une unité d'enseignement maternel pour autistes,
02:32très régulièrement, il se retrouve à la fin de son cycle maternel,
02:37à 6 ans, sans solution, parce qu'il n'y a pas de place en IME,
02:39il n'y a pas de place en établissement,
02:41et donc pendant 4 ans, il doit attendre une place en établissement,
02:43et c'est les parents qui doivent s'en occuper.
02:44Donc il y a des aberrations comme ça,
02:46il y a des situations qui ne fonctionnent pas,
02:48contre lesquelles il va falloir continuer à se battre.
02:51La maison du handicap, d'abord, la première mesure,
02:54c'est que ça a permis de reconnaître le handicap.
02:55Ce n'était pas forcément le cas avant.
02:57Ça, c'est une bonne mesure ?
02:58C'est bien mis en place ?
03:00Oui, c'est vrai que la place de la personne en situation de handicap,
03:03aujourd'hui, dans la société, elle est différente.
03:05Le regard qui est porté sur les personnes est complètement différent.
03:09Alors, grâce à la loi, grâce aux médias,
03:11grâce au fait qu'ils sont de plus en plus à l'école,
03:13ils sont scolarisés,
03:14donc il y a de plus en plus d'adultes, aujourd'hui,
03:16qui ont côtoyé des enfants à l'école,
03:20des enfants en situation de handicap,
03:21donc ça, c'est une très bonne chose.
03:23Mais c'est vrai qu'il y a encore énormément à faire,
03:26en termes d'accessibilité.
03:28Mais comme d'habitude, on a fait deux pas en avant,
03:30un pas en arrière, voire deux pas en arrière,
03:32parce qu'on trouve toujours une raison,
03:36soit pour une exception culturelle ou autre,
03:38de ne pas adapter les locaux.
03:40Donc c'est vrai que de ce côté-là,
03:41il y a énormément de travail encore à faire,
03:43il y a des manques qui sont criants.
03:45Il y avait une rencontre samedi dernier
03:47avec plusieurs associations
03:49qui oeuvrent dans le domaine du handicap.
03:51Vous disiez, en fait,
03:52ce qu'il faudrait, ce n'est pas de loi,
03:54c'est que les personnes handicapées
03:56soient intégrées naturellement,
03:57il y a des sociétés où ça se fait.
03:59Oui, c'est vrai qu'on parle de société inclusive,
04:02on parle de ce concept-là,
04:04mais quelque part,
04:05on ne devrait même pas en parler.
04:07C'est-à-dire que le handicap,
04:09il fait partie de la société,
04:11et donc, on devrait étudier
04:15de quoi a besoin la personne,
04:16mettre en œuvre les moyens
04:17pour qu'elle trouve sa place,
04:19mais qu'elle trouve sa place naturellement.
04:20C'est-à-dire qu'une personne
04:22en situation de handicap,
04:23elle a des droits fondamentaux,
04:24comme toute personne,
04:25elle doit pouvoir accéder à la culture,
04:27à la pratique sportive,
04:28à l'école, bien sûr,
04:30et au travail.
04:31Aujourd'hui, pour les déficients mentaux,
04:33en termes d'emploi,
04:35c'est une catastrophe.
04:37Il y a les ESAT,
04:38mais après, en termes d'emploi
04:39dans le monde ordinaire,
04:41c'est rien,
04:42c'est peau de chacun.
04:44Ici Pays-Basquille 8h22,
04:45nous parlons de la loi handicap
04:46qui fête ses 20 ans.
04:47On fait le point sur son application,
04:49ses résultats,
04:49avec Patrice Lagisquet
04:50de l'association Chrysalide.
04:52Le handicap, ça a un coût,
04:53vous venez d'en parler.
04:54La plupart des personnes handicapées
04:56qui n'ont pas la chance
04:56d'être accompagnées peut-être
04:57par une famille,
04:58elles sont dans la pauvreté ?
05:00Oui, oui, oui, oui,
05:01parce que l'allocation adulte handicapé,
05:04franchement, ça permet,
05:06ça fait 1 000 euros,
05:08enfin, aux alentours de 1 000 euros.
05:09Non, non, c'est rien.
05:12Les personnes qui n'arrivent pas
05:13à trouver un emploi,
05:14et même lorsqu'elles ont un emploi,
05:16je crois que ma fille touche 1 000 euros par mois
05:19en travaillant en ESAT.
05:20Voilà, c'est vrai qu'elle n'était pas avec nous.
05:23Voilà, dans la maison,
05:24on a fait son appartement,
05:25elle a pas mal d'autonomie quand même,
05:27mais sinon, oui,
05:29elle vivrait assez pauvres.
05:30et encore, on a réussi à développer
05:32des habitats inclusifs.
05:34Les associations se battent
05:36et trouvent des solutions,
05:37heureusement.
05:38C'est une préoccupation pour les parents
05:39de se dire quand on sera plus là,
05:41qu'est-ce que va donner ?
05:42Oui, oui, bien sûr.
05:43Oui, oui, on se pose la question.
05:45Et pour ma part,
05:45je me la pose de plus en plus
05:46puisque je vieillis comme tout le monde
05:48et je suis quasiment à la retraite.
05:51Mais c'est vrai que, oui,
05:52ça devient un problème
05:54parce qu'en plus,
05:55notre société n'avait pas vraiment
05:56anticipé le vieillissement
05:57des personnes en situation de handicap
05:59parce que l'espérance de vie
06:00a complètement changé.
06:01Elle a évolué énormément.
06:0320 ans de cette loi de 2005,
06:05de la loi handicap.
06:06Est-ce qu'il faut une autre loi
06:07ou est-ce qu'il faut juste
06:08mieux appliquer celle-ci ?
06:10Oui, déjà, il faudrait commencer
06:11par appliquer pleinement celle-ci.
06:13Ça, c'est clair.
06:14Il faudrait arrêter de chercher
06:15à contourner
06:17et à revenir
06:19à faire des pas en arrière
06:21parce qu'au niveau de la scolarité,
06:23on a maintenant...
06:24En plus, on a des paroles
06:24qui se libèrent,
06:25qui deviennent très gênantes,
06:27voire plus.
06:28On entend des enseignants,
06:29aujourd'hui, soutenus par des syndicats,
06:31qui disent
06:31non, les élèves en situation de handicap,
06:33ils n'ont pas leur place
06:34dans ma classe.
06:36Il faut qu'ils aillent
06:36à un établissement spécialisé.
06:38C'est-à-dire que là,
06:38on revient...
06:40C'est 40 ans ou 50 ans en arrière.
06:42Il y avait des enseignants
06:43qui disent
06:43moi, je ne suis pas un infirmier psychiatrique.
06:45Oui, aussi.
06:45Il y a des termes choquants.
06:48Et puis, comme on est dans une société,
06:50aujourd'hui,
06:50de propos outranciers
06:52qui sont constamment relayés
06:54dans les médias,
06:57cette parole,
06:57ce type de parole
06:58se libère
06:59et c'est vrai que c'est insupportable.
07:01Merci à Patrice Lagisquet
07:02d'avoir répondu
07:03à nos questions ce matin.
07:04Merci à vous.
07:05On vous retrouve
07:05évidemment en vidéo
07:07sur le Facebook,
07:09ici,
07:09Pays Basque,
07:10on partage l'article,
07:11etc.
07:118h25,
07:12votre infotrafic
07:13et mobilité en temps réel.
07:14On est sur du grand classique
07:15pour aujourd'hui,
07:16la D932,
07:17un quart d'heure
07:17pour passer le rond-point de Meignan.
07:19Vous avez besoin aussi
07:20de temps
07:21au niveau du rond-point 5.