Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 23/05/2025
Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit François Vignolle, journaliste, auteur "Les derniers jours du samouraï".

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Violence, héritage, des armes chargées sous l'oreiller, des mouchards dans chaque pièce,
00:05neuf mois après la mort d'Anin Delon, une enquête raconte le crépuscule parfois surréaliste
00:10du monstre sacré du cinéma. Les derniers jours du samouraï viennent paraître,
00:13c'est aux éditions Robert Laffont.
00:15Ouvrage signé Laurence Piau et vous François Vignol, bonjour.
00:18Bonjour Maya.
00:18Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes par ailleurs coordinateur enquête police-justice du groupe M6
00:23et c'est justement une enquête minutieuse que vous avez menée, enrichie de nombreux témoignages.
00:28Vous aviez la certitude qu'il y avait beaucoup de mystères, de choses encore non racontées
00:34sur les derniers mois d'Anin Delon ?
00:36On avait juste une certitude, c'est que ces dernières années, finalement, elles étaient très peu connues.
00:41On connaissait le Delon du cinéma, ce monstre sacré, cet incroyable talent,
00:48mais moins le Delon de Douchy, en fait, qui était son royaume, finalement son tombeau.
00:53Et on a commencé à travailler sur ces dernières années.
00:57Mais 2019, en fait, c'est une année clé. C'est là où il va avoir son AVC.
01:00Et c'est là où on va se rendre tous compte qu'Alain Delon n'est pas immortel.
01:04Et ses enfants aussi. Et celle qu'on a appelée longtemps sa dame de compagnie aussi.
01:09Et ça va un peu crisper tout ça et amener ce qu'on a raconté.
01:13Alors, on a parfois l'impression, dans un film de gangster, notamment la scène des obsèques que vous racontez,
01:18donc des bandits parmi les invités, les enfants à temps réconciliés qui portent le cercueil,
01:22vous nous emmenez vraiment au cœur de cette cérémonie-là.
01:25Alors, une petite rectification. On n'a pas de bandits lors des obsèques.
01:29Mais en revanche, effectivement, il y a un cérémonial.
01:32Comme si on enterrait un peu le parrain.
01:34Le cercueil est porté par les enfants, sur la musique de My Way.
01:39Il y a cette incroyable scène où le corps va être mis dans le cercueil avec le chat,
01:46le chat Poupousse qui avait été congelé, qui était le chat d'Alain Delon.
01:49Le chat à trois pattes.
01:51Sur lequel il avait eu de l'affection, il l'avait guéri.
01:54Et puis, dans ses doléances, il avait dit aux enfants,
01:57« J'aimerais que ce chat soit dans le cercueil, tout comme j'aimerais être inhumé, adouchi,
02:03qui était un peu son colombé, les deux églises, lui qui vénérait Charles de Gaulle,
02:07loin de l'hommage national, comme on l'avait connu avec Belmondo, Aznavour.
02:12Brigitte Macron a bien tenté d'appeler les enfants en disant
02:15« Mais on ne ferait pas quelque chose pour Alain Delon, qui est quand même un monument. »
02:21Anouska s'interroge ?
02:23Ils s'interrogent à un moment donné, parce qu'effectivement,
02:26ils veulent qu'il y ait ce dernier lien avec le peuple français.
02:29Mais même face à toute leur dissension,
02:32les enfants vont préserver les dernières volontés de leur père.
02:36Vous évoquiez Poupousse, le chat qui le rejoint dans sa dernière demeure,
02:41son amour de la nature autour de lui, adouchi.
02:44Et ça tranche avec son attitude, avec ses compagnes,
02:47puisque vous évoquez les violences envers Rosalie ou envers Hiromie Rollin.
02:54Alors, Rosalie, Alain Fabien en a parlé, effectivement.
02:58Il l'avait déjà fait, je crois, il y a dix ans, en disant qu'il pouvait être violent.
03:03Et puis pour Hiromie Rollin, tout simplement, c'est Alain Delon qui le dit,
03:06puisqu'on a eu accès à cette enquête préliminaire.
03:09Il faut savoir qu'à un moment donné, ils ont enquêté sur Hiromie Rollin,
03:12qui était baptisée la dame de compagnie, un nom du siècle dernier, des courtisanes.
03:19Et ils se sont demandé s'il y avait une emprise de cette femme.
03:22Et dans le cadre de cette enquête qui a été classée,
03:24Delon a été entendu, il a dit,
03:27il m'est arrivé de frapper Hiromie Rollin.
03:29Donc ça a été acté, consigné.
03:32Les derniers mois d'Alain Delon sont compliqués à accès de colère.
03:35Il est enfermé dans son corps et à un lit à barreaux.
03:37Il est affaibli par le cancer, les enfants, ce qui se déchire.
03:40Et qui, lui, en substance, il dit, laissez-moi crever.
03:43En gros, c'est ça.
03:44C'est aussi un témoignage qui peut venir alimenter les débats sur la fin de vie, évidemment.
03:50Oui, parce que cette affaire, en fait, elle nous renvoie à ce que vivent des millions de Français.
03:55C'est-à-dire la fin de vie, le manque d'autonomie.
03:57Qu'est-ce qu'on fait quand on est une fratrie ?
03:59Quel choix on fait ? Quel type de soins on va donner ?
04:02Est-ce qu'il fallait le renvoyer en Suisse, là où il avait un traitement ?
04:06Comme le souhaitait Anoushka.
04:07Comme le souhaitait Anoushka, où est-ce qu'il fallait qu'il reste avec les siens douchis, là où il avait vécu tout le temps ?
04:12Donc, il y a ces problématiques qui nous renvoient sur des choses assez universelles, finalement.
04:17Et autre chose, un autre thème universel, qui est celui de l'amour.
04:21L'amour donné ou l'amour refusé.
04:24L'amour que vont chercher deux garçons, deux fils, désespérément.
04:28Et même après la mort, une jeune fille qui a l'amour de son père et qui est jalousée.
04:33Oui, c'est une histoire d'amour, c'est une histoire, bien sûr, d'argent.
04:39C'est ce qui se passe aujourd'hui et de rang.
04:41De rang, pourquoi ? C'est où est-ce que je me place sur la photo, finalement ?
04:45Quelles considérations vous aviez pour moi ?
04:47Et pour les deux fils qui avaient un amour conditionnel, leur père, c'est très dur,
04:52puisqu'il n'a cessé de dire « Anoushka, j'ai un amour inconditionnel pour elle ».
04:57En disant qu'il voulait qu'elle lui tienne la main, ce qui s'est produit, d'ailleurs, quand il fermerait les yeux.
05:02Oui, il y a cette dernière scène qui résume tout, finalement.
05:04On est le 18 août, il est à peu près 2h30 du matin.
05:08Les enfants sont là, le dernier cercle, avec Rosalie, la mère d'Anoushka et d'Alain Fabien.
05:13Et ils savent qu'il va partir, ça fait déjà une semaine qu'il est dans un état comateux.
05:18Et puis, Rosalie, à 2h30 du matin, va frapper à la porte de sa fille.
05:24Il va lui dire « Il faut y aller ».
05:26Et il y a ce trajet, ce dernier trajet, où on ne sait pas comment ça va se passer avec son père.
05:33Et Delon l'avait dit de manière très claire à toute la famille,
05:36il avait dit « La dernière main qui doit m'étreindre, qui doit prendre la mienne, ce sera ma fille ».
05:42Et c'est ce qui s'est passé.
05:43Les fils ont rejoint ensuite.
05:45Et puis, il y a eu cette cérémonie ensemble.
05:48Ces derniers instants de mémoire pour celui qui était leur père.
05:51Il est toujours.
05:52Et on va peut-être conclure avec ça.
05:56Il y a aussi des histoires d'héritage, des histoires d'enfants cachés.
06:01C'est assez bouleversant, ce qu'on découvre dans votre enquête.
06:05Vous avez eu 80 personnes à peu près qui ont témoigné.
06:08Est-ce que les témoins vous ont parlé facilement ?
06:11C'était un peu compliqué au départ.
06:13Surtout que pour certains très proches,
06:15on était encore dans des choses très intimes, très difficiles.
06:21Et puis, à partir d'un moment, ils ont tous voulu raconter leur Delon, ce qu'il était.
06:26Il y avait cette volonté de rendre un hommage.
06:29Alors avec des avis différents, des vérités différents, des parcours différents pour les enfants.
06:33Mais c'est ce calédoscope avec Laurence Piau qu'on a souhaité recomposer pour, on l'espère, retracer ce dernier Delon.
06:41De la fleuriste aux gardes du corps en passant par les enfants.
06:44Il parle de l'heure de l'onde dans les derniers jours du Samouraï.
06:47C'est chez Robert Laffont, Laurence Piau et François Vignol.
06:49Merci beaucoup.
06:50Merci.
06:50Merci à vous.

Recommandations