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Thibaut Martinez-Delcayrou a été victime d'une arnaque au faux conseiller bancaire. Son compte a été littéralement vidé après plusieurs coups de fil. Le journaliste a décidé de tout raconter et surtout d'enquêter sur ce phénomène.

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Transcription
00:00Dans ce 20h BFM ce soir, un journaliste arnaqué dont le compte a été littéralement vidé
00:05après plusieurs coups de fil d'un faux conseiller bancaire, un journaliste arnaqué
00:08mais qui a décidé ensuite de tout raconter et surtout d'enquêter.
00:12Bonsoir Thibaut Martinez Delquerou, merci d'être avec nous.
00:15Merci pour l'invitation.
00:16Je montre votre livre, ça s'appelle Les caméléons, enquête sur l'arnaque aux faux conseillers bancaires,
00:21c'est aux éditions Flammarion.
00:23Au départ, vous êtes journaliste sportif, vous avez donc, j'allais dire,
00:27dépasser votre fonction de journaliste sportif pour enquêter là-dessus.
00:30Le point de départ, c'est une arnaque.
00:34Je mets en situation les choses.
00:36Dernier jour de décembre 2023, tout dernier jour, vous bossez, vous êtes au stade,
00:42un peu occupé et vous recevez un coup de fil.
00:44Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
00:45Je ne suis pas le sujet de ma propre enquête mais c'est vrai que ça commence...
00:48C'est le début.
00:49C'est ça, c'est le tout début, c'est que ça commence par un appel de ma banque.
00:52Je dis que je n'ai pas le temps mais on m'informe quand même qu'il y a des virements suspects
00:55et qu'il va falloir vite les arrêter.
00:58Je suis un peu méfiant quand même parce que quand on parle d'argent, évidemment,
01:01on se demande qui est au bout du fil et on me rassure très vite
01:04en me donnant toutes mes informations confidentielles.
01:06Et c'est le lendemain, le 31 décembre, donc c'était le 30 décembre et le 31 décembre,
01:12pour arrêter ces soi-disant virements, je reçois un code par SMS
01:17avec le nom de ma banque que je transmets.
01:20Et à ce moment-là, ça valide un achat plutôt que d'arrêter.
01:23Alors que vous pensez l'arrêter.
01:24On va reprendre les choses.
01:25Ça faisait 10 ans qu'évidemment, quand ma banque m'appelait, il faut aller bien.
01:28Premier coup de téléphone, on vous met un peu en situation.
01:30J'ai demandé à l'acteur de la banque qui est Christophe Barbier
01:33de jouer le faux conseiller bancaire parce que dans le livre,
01:36vous retracez le dialogue que vous avez.
01:38Donc à ce moment-là, 30 décembre, vous bossez, vous êtes au stade,
01:41il y a un match de rugby que vous allez devoir couvrir.
01:44Premier coup de téléphone.
01:45Alors oui, bonjour.
01:46Désolé de vous déranger, Dominique Bertrand,
01:48de la caisse d'épargne au service des fraudes.
01:50Nous vous appelons pour vérifier simplement si c'est bien vous
01:53qui êtes à l'origine des virements de 1 400 et 850 euros
01:57effectués il y a quelques minutes depuis votre compte.
02:00Nos robots suspectent une fraude au vu des montants et des destinations.
02:04Là, vous contestez.
02:05Vous dites mais quelle destination ?
02:07Il y en a deux en fait.
02:08Il y a Bamako et Douala.
02:10Alors celui qui tente d'effectuer ses virements utilise un iPhone 14.
02:13Vous me confirmez que ce n'est pas vous ?
02:14Et là, vous confirmez que ce n'est pas vous ?
02:16C'est ça.
02:16Et donc au final, je reçois ce texto qui doit annuler ses virements.
02:23Et finalement, c'est une arnaque qui me concerne, moi à ce moment-là,
02:26mais qui a déjà fait des ravages en France,
02:28qui a fait aujourd'hui plus d'un million de victimes.
02:30Et c'est pour ça, pour comprendre comment ça se faisait
02:32que des personnes comme ça avaient toutes mes informations confidentielles,
02:36pouvaient m'appeler avec le numéro de bain.
02:37Je me suis dit, à partir de ce moment-là, je vais enquêter,
02:40je vais prendre le temps, je vais rencontrer la police,
02:43les magistrats, les juges d'instruction, les avocats.
02:45Je vais tout faire pour comprendre et je vais en faire une enquête.
02:47Et il y a plein de choses, on comprend beaucoup de choses dans votre livre,
02:50beaucoup de révélations.
02:51Simplement, je reste sur le point de départ, sur ce qui vous arrive.
02:55Premier coup de téléphone, on vous met en situation.
02:57Vous dites, non, non, mais là, je n'ai pas le temps.
02:58Pas de problème, on vous rappelle le lendemain.
03:00Donc on vous rappelle le lendemain.
03:01C'est là, c'est ce que vous disiez, où tout semble totalement normal.
03:06Ils ont plein d'informations sur vous.
03:08C'est-à-dire que l'arnaqueur au téléphone vous explique qu'il enquête
03:13dans le 15e arrondissement de Paris.
03:14Vous lui dites, mais attendez, ma banque, elle n'est pas dans le 15e.
03:16Et là, il vous dit quoi ?
03:18Qui sait que ma banquière est peut-être impliquée, etc.
03:22Parce qu'en fait, ce qu'il faut savoir...
03:24Non, mais ce qu'il faut savoir...
03:25Il connaît le village.
03:26Il sait qu'il y a deux engendres avant.
03:27Il sait tout.
03:27Mais encore une fois, ça ne sert à rien de parler de moi
03:28parce qu'en fait, ils ont des infos sur tout le monde.
03:30Autour de cette table, il faut savoir que vos données confidentielles
03:34sont à 99% sûres, déjà entre les mains des escrocs.
03:37Et tous ceux qui nous regardent, c'est pareil.
03:38Alors quelles infos ?
03:39C'est-à-dire votre numéro de téléphone, votre adresse, votre banque, etc.
03:42Toutes ces infos...
03:43Vous dites qu'en réalité, ces informations qui nous concernent,
03:46elles circulent déjà.
03:47Mais beaucoup plus.
03:49Ils peuvent avoir le nom de vos parents,
03:50ils peuvent avoir vos derniers achats, vos derniers encours.
03:54Ils peuvent toujours appeler avec le numéro de votre banque
03:56alors que les opérateurs sont hors la loi depuis un an et demi
04:00parce qu'ils ne respectent pas cette obligation
04:02qui les oblige à mettre fin au numéro usurpé.
04:05Donc en fait, il faut savoir qu'en 2023,
04:09il y avait déjà 11 millions de données
04:11qui avaient fuité sur l'ensemble du territoire français.
04:152024, 146 millions.
04:17On est quasiment 70 millions d'habitants.
04:19C'est pour ça que, en fait, ça c'est la matière première
04:21pour leur arnaque.
04:23Et qu'il faut absolument communiquer là-dessus.
04:25Et vous vous dites, à partir de là où ça vous arrive,
04:27je vais enquêter. Amélie ?
04:28Oui, en fait, ce que je trouve intéressant dans votre témoignage,
04:32pour connaître par ailleurs très bien le sujet,
04:33c'est qu'on a le sentiment qu'on a pris du retard quand même
04:36en France dans la lutte contre ces arnaques
04:38parce que, historiquement, on se disait
04:40il faut être un peu idiot pour penser
04:43que c'est notre conseiller bancaire qui nous appelle
04:46et donc comme si on remettait la responsabilité sur les victimes.
04:49Et ça, ça a duré trop longtemps et on a pris du retard.
04:51Mais ça, c'est hyper intéressant ce que vous dites
04:53parce qu'il y a la majorité des juges d'instruction
04:55qui en parlaient pour la plupart sous anonymat
04:57parce que c'est encore des enquêtants.
04:58Ce qu'il me disait, c'est qu'il y a encore quelques années,
05:02il se disait, en enquêtant sur des affaires comme celle-ci,
05:07bon, là, quand même, c'est un peu gros.
05:09Sauf que depuis 2023, l'année où ça m'est arrivé
05:12et où c'est arrivé et où ça a dépassé le milliard de préjudices,
05:16quand même, on est sur la plus grosse arnaque jamais
05:18perpétrés contre des civils, ils se disent,
05:20OK, là, il se passe quelque chose.
05:21Là, on est à un tournant de l'histoire de l'escroquerie.
05:25Vous dites que c'est absolument massif.
05:27Vous vous mettez à enquêter et vous tombez notamment sur un gang
05:30qui s'était fait arrêter en 2021, qui est jugé en 2023,
05:33peu près au moment où ça vous arrive.
05:35Et vous vous dites, tiens, j'ai envie de savoir
05:37qui il y a derrière ce gang.
05:38On a toujours des fantasmes, etc.,
05:40de choses qui se passeraient très, très loin.
05:42En réalité, les arnaqueurs, ils étaient où ?
05:45Là, c'était des parisiens.
05:46Là où on a ce fantasme, où on se dit qu'ils sont à l'étranger,
05:49en Indonésie, en Israël, au Portugal, peu importe.
05:52Là, pour le coup, c'était des parisiens.
05:53Et si je parle d'eux, ce n'est pas pour les cibler particulièrement,
05:55c'est qu'il me fallait, pour raconter l'histoire de cette escroquerie,
05:59son évolution qui est perpétuelle,
06:01il fallait un point de départ.

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