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  • 22/05/2025
Politique Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à Nice ce jeudi, a échangé pendant près d’une heure avec les lecteurs de Nice-Matin, dans le studio vidéo du groupe
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot était en déplacement, ce jeudi, à Nice, pour la tenue d’un comité de pilotage du Sommet des Océans de Nice, l’Unoc 3, qui se tiendra du 9 au 13 juin.
En fin de journée, il est venu à la rencontre des lecteurs de Nice-Matin, dans le studio vidéo du groupe.
Pendant près d’une heure, il a répondu aux questions de Michel Lafouasse, 83 ans, pilote de ligne à la retraite, à Nice, Jean-Louis Taylor, 65 ans, retraité, élu à Breil-sur-Roya, Frédéric Wagner, 45 ans, agent d’artistes et auteurs à Nice, Pierre Grand, 55 ans, enseignant à Paul-Augier à Nice, Odile Menozzi, 62 ans, chef d’entreprise à Nice et présidente de la maison de l’Europe Côte d’Azur.
Au cours de cet échange, de nombreux thèmes ont été évoqués: la protection de la Méditerranée face aux enjeux climatiques et à la pollution, le conflit israelo-palestinien, la dépendance économique et stratégique aux Etats-Unis, les relations de la France avec l’Algérie, l’immigration et les relations transfrontalières, la voix de la France au sein de l’Union européenne.
Retrouvez la vidéo de cette rencontre ici.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans ce face aux lecteurs du groupe Nice Matin.
00:17Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et
00:21des affaires étrangères.
00:22Bonjour Jean-Noël Barraud.
00:24Bonjour.
00:25Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:27Vous allez être interrogé par cinq de nos lecteurs que je vais vous présenter dès
00:32à présent.
00:33Donc avec nous Frédéric Wagner, agent d'artiste et d'auteur, Odile Ménozzi, présidente
00:42de la Maison de l'Europe Côte d'Azur, Pierre Grand, enseignant au lycée hôtelier Jeannet
00:48Pologier, Jean-Louis Taylor, retraité des conseils municipaux à Breil-sur-Roya et enfin
00:55Michel Lafoisse, retraité ancien pilote de ligne et très actif au niveau associatif.
01:02Jean-Noël Barraud, ce matin vous avez tenu un comité de pilotage du sommet de l'océan
01:08de Nice, l'UNOC 3, où en est-on à deux semaines de l'échéance ?
01:13Eh bien on est prêt à accueillir ici à Nice la plus grande conférence internationale
01:19jamais organisée pour la protection de l'océan.
01:22Pourquoi c'est important de s'occuper de l'océan ?
01:24Eh bien parce que la moitié de l'oxygène qu'on respire est produit par l'océan,
01:29que le quart des espèces vivant sur la planète sont hébergées par l'océan et qu'au
01:34fond l'océan c'est le continent dont on s'est jusqu'à présent le moins préoccupé
01:39dans la lutte contre le dérèglement climatique.
01:42Et donc la France, le président de la République, ont décidé de se saisir de cette question
01:48et d'accueillir toute la planète à Nice, qui est une grande ville de la Méditerranée,
01:53qui est une fenêtre ouverte sur l'océan, pour prendre des engagements résolus et faire
01:58en sorte que l'océan, qui est notre meilleur allié dans la lutte contre le dérèglement
02:03climatique, puisse être préservé.
02:04L'enjeu de ce sommet ?
02:06L'enjeu c'est justement d'amener le plus grand nombre de pays du monde à prendre des
02:13engagements fermes.
02:15De la même manière qu'il y a dix ans, la France a obtenu que plus de 190 pays du monde
02:22en entier prennent des engagements sur leur réduction de gaz à effet de serre.
02:26L'accord de Paris.
02:27L'accord de Paris, dont on fête les dix ans cette année.
02:30Et bien dix ans plus tard, c'est à nouveau la France qui se saisit de la question de
02:34l'océan, dont je le disais qu'elle est moins bien traitée que les autres questions
02:40liées au dérèglement climatique, pour amener sur la lutte contre la pêche illégale, sur
02:46la création d'air marine protégée, sur la décarbonation du transport, sur le développement
02:51de la connaissance de l'océan, sur le financement de la protection des océans, sur tous ces
02:57sujets, d'amener toutes les parties prenantes, que ce soit des états, que ce soit des entreprises,
03:03que ce soit des ONG, à prendre des engagements pour protéger l'océan.
03:07Que ce sommet se déroule à Nice était une évidence.
03:10Cela a été pour le président de la République, qui très tôt, lorsqu'il a décidé que
03:14la France accueillerait ce sommet, s'est tourné vers Christian Estreusy en lui proposant
03:20que Nice puisse accueillir cette manifestation d'envergure mondiale.
03:25Et je dois dire qu'en visitant le site tout à l'heure, ce site qui accueillera dans
03:32quelques jours les délégations venues du monde entier, au port de Nice, je me suis
03:38dit que sans doute aucune conférence des Nations Unies n'avait été organisée dans
03:44un cadre aussi somptueux.
03:46Justement, monsieur le ministre, comment la France compte-t-elle renforcer la protection
03:49de la Méditerranée face aux enjeux climatiques et à la pollution ? Et quelles actions concrètes
03:54seront prises à l'issue du Sommet des Nations Unies pour les océans ?
03:57Alors, il y a d'abord une initiative qui est déjà en cours et sur laquelle nous travaillons
04:04qui est l'initiative de Barcelone.
04:06Ma collègue Agnès Pannier-Runacher est en première ligne pour qu'on obtienne, grâce
04:12à cet accord, une limitation de la pollution plastique en Méditerranée.
04:15Mais à l'occasion de l'UNOC, se réuniront les ministres de l'environnement d'un certain
04:21nombre de pays de la Méditerranée pour qu'ils mettent en commun leur vision des choses,
04:27qu'ils puissent partager les actions qu'ils entendent mener pour préserver la Méditerranée
04:34qui est l'une des composantes, celle qui nous concerne au premier chef, de l'océan
04:38au sens large.
04:39Michel.
04:40Merci.
04:41Vous avez parlé tout à l'heure de la lutte contre la pêche légale.
04:44Une question, est-ce que la France est vraiment exemplaire en ce qui concerne le salitage
04:49dans les aires marines protégées ?
04:51La France montre l'exemple et si tous les pays du monde se comportaient comme la France,
04:58sans doute l'océan ne serait-il pas dans la situation aussi critique que celle dans
05:03laquelle il se trouve aujourd'hui.
05:05Je cite quelques exemples.
05:08L'année dernière, le 15 août, on a mesuré la température moyenne de la mer Méditerranée
05:16à 29 degrés à la surface.
05:18C'est un record historique et ça soulève énormément de questions très préoccupantes
05:24sur la survie des écosystèmes.
05:26Et puis bien sûr, vient s'ajouter à cela la montée du niveau de la mer qui, elle,
05:33va poser des problèmes non pas seulement pour les écosystèmes marins mais évidemment
05:36pour le littoral.
05:39Ce que nous entendons faire, même si je ne vais pas préempter ici les annonces qui
05:45seront faites à l'occasion de cette conférence, c'est de montrer que nous voulons aller
05:49plus loin encore sur la création d'aires marines protégées, d'une part, et puis
05:55d'autre part que nous voulons aller plus loin sur ce qu'on appelle les aires marines
06:00hautement protégées, celles dans lesquelles, effectivement, un certain nombre de scientifiques
06:07d'ONG nous alertent sur le fait que le degré de protection est insuffisant.
06:11Et puis, tout ça, ce que je viens d'évoquer, ça concerne les eaux, la partie de l'océan
06:21et des mers qui sont sous notre juridiction, mais il reste les deux tiers de l'océan
06:28qui ne sont pas couverts par les juridictions nationales.
06:30Et à ce sujet, nous espérons obtenir les ratifications nécessaires, les 60 ratifications
06:38nécessaires, ou les ratifications par 60 pays, d'un traité que nous avons porté sur
06:43la protection de la biodiversité en haute mer, donc au-delà des juridictions nationales.
06:48Ce traité, BBNJ, de son acronyme, lorsqu'il entrera en vigueur, il permettra d'engager
06:57la protection de cet espace qui couvre 50% de la planète et deux tiers de l'océan.
07:03Donc, vous voyez, à la fois sur ce qui relève des juridictions nationales et ce qui n'en
07:07relève pas, sur ce qui relève de la protection et ce qui relève d'une protection renforcée,
07:13nous serons en mesure, je l'espère, et nous allons jusqu'à la dernière minute nous
07:17battre pour obtenir le maximum, non seulement faire des annonces du point de vue français,
07:21mais aussi d'obtenir des engagements de la part d'un certain nombre de pays autour du
07:24monde.
07:25Pour finir, un petit tennis et s'intéresser à un sujet d'une actualité brûlante.
07:28Jean-Louis.
07:29Comment la France peut intervenir dans le règlement du conflit actuel israélo-palestinien ?
07:37D'abord, l'urgence, c'est le cessez-le-feu, c'est l'acheminement sans aucune entrave
07:43de l'aide humanitaire aux populations civiles qui en ont tant besoin, qui sont affamées,
07:47qui sont assoiffées depuis le début du blocage de l'aide humanitaire et puis c'est la libération
07:52des otages du Hamas qui doit être désarmée et dont les dirigeants doivent quitter la
07:58bande de Gaza.
07:59Ensuite, la seule solution au conflit israélo-palestinien, c'est une solution politique.
08:05Il n'y a pas de solution militaire à ce conflit, sinon cela se saurait.
08:09Et c'est pourquoi la France veut œuvrer à créer les conditions pour cette solution
08:15politique qui repose sur deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité.
08:21Et c'est dans cet esprit que nous préparons la conférence des Nations Unies, une autre
08:26conférence des Nations Unies, que la France co-préside avec l'Arabie Saoudite, consacrée
08:31à la solution à deux États et qui doit nous permettre, je dirais, de lever les obstacles
08:38vers l'existence de cet État de Palestine, tout en créant également les conditions
08:47pour que la sécurité des Israéliens soit garantie.
08:49Odine Menzi.
08:50Oui.
08:51L'Union européenne peine à parler d'une seule voix sur la crise de Gaza et sur la
08:54reconnaissance de l'État palestinien.
08:56La France va-t-elle pousser pour une position commune plus ferme, y compris sur la suspension
09:01de certains accords de l'Union européenne avec Israël, dont le décret n°2 par exemple ?
09:05D'abord, il y a une très forte unité des Européens pour reconnaître qu'il n'y
09:09a nulle autre solution qu'une solution politique reposant sur deux États.
09:13Et ça, c'est important puisque c'est une perspective qui, aujourd'hui, est remise
09:18en question.
09:19Pas en Europe, mais ailleurs.
09:21Donc, il est très important que l'Europe continue de porter cette voix.
09:24Ensuite, il arrive que nous ayons effectivement des divergences d'appréciation sur la manière
09:28d'y parvenir.
09:30Certains pays européens ont décidé, il y a déjà quelques mois ou années, de reconnaître
09:35l'État de Palestine.
09:36Ce n'est pas le cas de la France.
09:38Certains pays, aujourd'hui, ont des réserves, lorsque nous leur proposons, y compris lorsque
09:43la France leur propose, de prendre des sanctions à l'encontre des colons extrémistes et
09:47violents, par exemple, qui minent par leur colonisation la Cisjordanie et fragilisent
09:53donc la perspective d'un État dont la continuité territoriale serait assurée.
09:57Ce que nous voulons faire, c'est de préparer les conditions pour que la France, avec d'autres
10:04pays européens, prennent une troisième voie qui est celle de la reconnaissance de l'État
10:11de Palestine, mais dans le cadre d'un mouvement plus large qui conduise les parties prenantes
10:16dans la région et ailleurs à prendre eux aussi leurs responsabilités.
10:20Que cette décision que nous pourrions prendre, elle permette d'obtenir ou de pousser certains
10:29de nos partenaires d'abord à prendre la même décision, certains pays arabes ou musulmans
10:34à s'engager dans une voie de normalisation avec Israël, qu'elles puissent encourager
10:39et même obtenir de l'autorité palestinienne des réformes en profondeur qui lui permettent
10:45le moment venu de jouer son rôle pour administrer ce futur État de Palestine, qu'elles prennent
10:50aussi des engagements sur la démilitarisation, la déradicalisation de cet État et qu'elles
10:55permettent enfin de tracer une voie vers le désarmement définitif du Hamas qui porte
11:01une lourde responsabilité dans la situation catastrophique dans laquelle se trouve Gaza
11:05aujourd'hui.
11:06Jean-Noël Barreau, vous avez très vivement réagi hier aux tirs effectués par l'armée
11:11palestinienne sur une délégation diplomatique internationale près du camp de réfugiés
11:15de Jenin en Cisjordanie, vous avez convoqué l'ambassadeur d'Israël, qu'allez-vous
11:21lui dire ?
11:22Nous allons d'abord lui demander des explications sur ces faits d'une extrême gravité.
11:26Les diplomates qui étaient en visite au alentour du camp de réfugiés de Jenin en Cisjordanie
11:38ne représentaient aucune espèce de menace et ne pouvaient en aucun cas être pris pour
11:43cible.
11:44J'ai appelé hier notre diplomate qui participait à cette visite pour lui témoigner de mon
11:51soutien après ce moment extrêmement éprouvant qu'il a dû traverser.
11:55Nous allons protester et demander des explications à l'ambassadeur d'Israël en France.
12:03Aux Etats-Unis, l'émotion est forte après la mort de deux membres de l'ambassade israélienne
12:09près du musée juif de Washington.
12:11Donald Trump a dénoncé une fusillade antisémite.
12:14Comment réagissez-vous et est-ce que vous craignez la multiplication de tels actes ?
12:19J'ai réagi, d'abord en envoyant un message à mon homologue Gideon Saar, ministre des
12:27affaires étrangères israélien, pour lui exprimer mes condoléances.
12:31Pour lui dire que mes pensées allaient aux familles de ces deux diplomates, mais aussi
12:37à tous leurs collègues qui ont dû être profondément choqués par ces actes ignobles
12:42qui relavaient effectivement de l'antisémitisme et qui sont purement et simplement révoltants.
12:49S'agissant de l'antisémitisme et des actes antisémites, nous sommes évidemment préoccupés
12:58par leur explosion dans notre pays depuis plusieurs années.
13:01Le gouvernement est mobilisé sous l'autorité du Premier ministre pour ne laisser aucune
13:06place à ces violences et aucune place à l'antisémitisme dans la République.
13:11Des instructions ont été passées au préfet d'y veiller tout particulièrement.
13:17Vous pouvez compter sur la mobilisation de tout l'appareil de l'État pour assurer
13:25à nos compatriotes de confession juive la sécurité à laquelle ils ont droit.
13:30Un mot sur l'Ukraine, Frédéric.
13:33Oui, monsieur le ministre, au vu de l'enlisement du conflit et de l'agression russe auprès
13:38du peuple ukrainien, devrons-nous prochainement apporter un soutien militaire de type armée
13:42de terre ou de l'air concret à l'Ukraine ?
13:46D'abord, il nous faut obtenir un cessez-le-feu et il nous faut obtenir de la part de Vladimir
13:52Poutine, qui est aujourd'hui le seul obstacle à la paix, qu'il consente de bonne foi
13:56à engager un dialogue, une négociation conduisant à une paix durable en Ukraine.
14:03Pour cela, puisqu'il n'y consente pas spontanément, il va falloir continuer à accroître la pression
14:10sur Vladimir Poutine.
14:11C'est pourquoi je plaide pour que nous puissions concevoir des mesures, des sanctions suffisamment
14:20dissuasives pour que Vladimir Poutine considère que de poursuivre sa guerre est beaucoup plus
14:26coûteux pour lui que d'y mettre fin.
14:29Ensuite, une fois que les négociations auront été ouvertes et qu'un accord de paix aura
14:36été trouvé, l'Ukraine aura besoin pour que cette paix soit durable, que toute nouvelle
14:42agression soit dissuadée, d'une forme de garantie sur sa sécurité auxquelles les
14:51Européens seront naturellement, comme voisins et alliés, appelés à contribuer.
14:56La première dimension de cette garantie pour la sécurité de l'Ukraine à l'avenir,
15:02c'est de renforcer l'armée ukrainienne, qui aura vocation à être suffisamment forte
15:09pour dissuader la menace.
15:10Ensuite, et je dirais en deuxième ligne, sans doute faudra-t-il que des capacités
15:17militaires qui pourront être invitées par l'Ukraine viennent consolider cette garantie
15:23de sécurité de manière à ce qu'elle soit la plus crédible possible et que plus
15:27jamais la guerre ne reprenne en Ukraine.
15:31Justement, au vu des négociations qui se passent entre M. Trump et M. Poutine dans
15:38le conflit de l'Ukraine, où est la place de l'Europe, vraiment ?
15:43Vous savez, il y a quelques semaines, c'est à Paris que pour la première fois, les Ukrainiens,
15:50les Européens et les Américains se sont assis autour d'une même table.
15:54Ça a été une rencontre extrêmement utile parce qu'elle a permis aux Ukrainiens et
15:59aux Européens de faire entendre à nos partenaires américains ce que sont nos exigences, ce
16:06que nous pouvons accepter, ce que nous ne pouvons pas accepter.
16:10Ensuite, l'Europe continue de jouer son rôle de soutien à l'effort de guerre ukrainienne,
16:17à la résistance ukrainienne d'une part, à la pression exercée sur la Russie d'autre
16:22part.
16:23Nous avons adopté cette semaine formellement le 17ème train de sanctions à l'encontre
16:28de la Russie qui ciblait des navires pétroliers utilisés par la Russie pour contourner les
16:34embargos sur le pétrole, qui ciblait des institutions financières, qui ciblait également
16:41des personnes ou des entités responsables des campagnes de désinformation, de déstabilisation
16:47ou des campagnes cyber qui ont pris pour cible l'Ukraine ou les pays européens.
16:51C'est à la fois dans le soutien à l'Ukraine, dans la pression sur la Russie et dans les
16:59messages passés aux Etats-Unis que l'Europe trouve sa place, mais disons-le, ce qui se
17:04joue en Ukraine, c'est notre avenir et c'est la sécurité de l'Europe et c'est la raison
17:10pour laquelle nous nous impliquons à ce niveau-là.
17:13Je vous propose de changer de continent, Pierre Grand.
17:17Monsieur le ministre, on se souvient de plusieurs années de relations plutôt glaciales entre
17:23la France et le Maroc, entre le président Macron et puis sa majesté le roi Mohamed
17:28Sisse.
17:29Et puis effectivement, il y a eu cette très belle visite d'Etat au mois d'octobre 2024,
17:34tout le FAST, une grande délégation française reçue par sa majesté le roi et la famille
17:41royale.
17:42On parle aujourd'hui de réconciliation diplomatique.
17:47Qu'en est-il ? Puisqu'on a l'impression que tous les clignotants sont plutôt ouverts
17:53entre nos deux pays.
17:55Et puis, à notre tour, quand va-t-on accueillir sa majesté le roi Mohamed Sisse ?
18:02Vous avez raison de souligner que nous avons commencé à écrire un nouveau chapitre de
18:09la relation entre la France et le Maroc.
18:12C'est une relation très dense qui s'appuie sur les liens humains très riches qui unissent
18:17nos deux peuples.
18:18Ce partenariat d'exception renforcé, je crois que c'est le terme qui a été retenu,
18:24il couvre l'ensemble des dimensions de la relation entre nos deux pays, les sujets
18:29économiques, les sujets scientifiques et culturels, les sujets des mobilités, les
18:35sujets migratoires également.
18:36Et sur tous ces sujets, nous sommes résolus à pousser notre coopération qui est au bénéfice
18:45de chacun de nos deux pays à son maximum.
18:48Et dans ce cadre, sa majesté le roi du Maroc devrait nous rendre visite cette année.
18:57Je ne crois pas que la date soit encore tout à fait fixée.
19:00Par la suite, vous pouvez vous attendre à avoir des visites de part et d'autre de la
19:08Méditerranée à une fréquence régulière pour consolider, cimenter cette relation refondée.
19:17Sur un autre pays africain, Pierre.
19:21Monsieur le ministre, après cette belle hospitalité marocaine et en attendant l'hospitalité
19:25française à venir pour le roi, on va se diriger vers l'hospitalité kenyan.
19:30Et les deux présidents, le président Macron et le président Rutto s'entendent plutôt
19:35bien et ils se voient régulièrement et à New York, ils ont décidé de fixer la date
19:41et un cap sur ce sommet africain, Afrique-France, qui aura lieu à Nairobi en avril 2026.
19:50L'environnement, la protection de la planète, la dimension financière en Afrique, on s'étourne
19:59plus sur les objectifs et la grande stratégie de nos deux présidents, Rutto et Macron.
20:06D'abord, on a commencé à préparer ce sommet important, le sommet Afrique-France,
20:12vous l'avez dit, à Nairobi au printemps 2026.
20:16Nous avons beaucoup à construire avec les pays africains ou plus précisément, nous
20:24avons à poursuivre un effort qui a été engagé depuis 2017 et le discours du président
20:29de la République à Ouagadougou qui consiste à transformer notre relation avec les pays africains.
20:35On parlait du Maroc à l'instant, on a profondément refondé, je le disais, notre
20:39relation avec le Maroc en partant de nos intérêts communs, en regardant notre avenir et la manière
20:47dont on peut se renforcer l'un et l'autre.
20:48C'est de cette manière-là désormais que la France aborde sa relation avec tous ses
20:53partenaires africains en respectant leur souveraineté, en respectant leurs intérêts et en construisant
21:00des coopérations mutuellement bénéfiques qui touchent à l'économie, qui touchent
21:05à l'environnement, à la culture, à l'éducation.
21:09Et puis, il y a une relation particulière que nous voulons consolider, renforcer entre
21:17la France et le continent africain lui-même puisque nous partageons une vision très claire
21:22de la manière dont nous voulons que le monde s'organise à l'avenir.
21:27Nous refusons, en Afrique comme en France, le réveil des empires, la logique de bloc
21:33et les guerres ou les nouvelles guerres de colonisation.
21:35Nous croyons au multilatéralisme pour résoudre les grandes questions du XXIe siècle, celles
21:42de l'environnement, celles des pandémies, celles de l'accès de tous à l'éducation
21:47ou à la nutrition.
21:48Sur toutes ces questions, nous croyons au multilatéralisme et nous voulons donc le
21:53soutenir dans un moment où il est pourtant menacé.
21:57Sur la question algérienne, Jean-Louis.
22:00Monsieur le ministre, quelle solution pour relancer le discours et les relations avec
22:04l'Algérie, surtout vis-à-vis des délinquantes qui ne sont pas prises en charge par le pays ?
22:10C'est une question qu'il faut adresser aux autorités algériennes qui ont pris
22:15une décision brutale, injustifiée, injustifiable, d'expulser 12 agents français en poste
22:23en Algérie, décision à laquelle nous avons répondu avec fermeté, avec stricte réciprocité
22:32et immédiatement, mais décision qui ne les a pas empêchés d'en prendre une deuxième,
22:39qui a consisté à dénoncer l'accord que nous avions trouvé en 2013 qui régit la délivrance
22:49et l'utilisation des passeports diplomatiques entre les deux pays, quand il y a quelques
22:55jours, ils ont renvoyé d'Algérie des agents titulaires de passeports diplomatiques qui
23:03étaient présents en Algérie pour une mission de courte durée.
23:06Par ces décisions brutales, les autorités algériennes ont rompu le dialogue.
23:13C'est déplorable, parce que ce n'est ni dans l'intérêt du peuple algérien,
23:17ni dans l'intérêt du peuple français, vous l'avez dit en creux dans votre question.
23:21Nous avons besoin de coopérer sur le plan de la sécurité, sur le plan migratoire également,
23:27pour pouvoir reconduire à la frontière les étrangers en situation irrégulière, et
23:32notamment ceux qui présentent des risques de troubles à l'ordre public.
23:36Pour ça, il faut dialoguer, mais pour dialoguer, il faut être deux.
23:41Jusqu'à présent, ou en tout cas ces derniers temps, les autorités algériennes ont fait
23:48un choix inverse de celui du dialogue, donc il leur appartient de nous dire si oui ou
23:54non elles souhaitent dialoguer, coopérer, au bénéfice de l'Algérie comme de la France.
24:00L'écrivain franco-algérien Bolem Sansel est toujours détenu en Algérie.
24:03Est-ce qu'une issue favorable est envisageable ?
24:06Bien sûr, nous ne perdons pas espoir, nous avons plaidé, j'ai plaidé personnellement
24:11lorsque je me suis rendu à Alger au début du mois d'avril, et que j'ai rencontré
24:16le président Tebboune.
24:17J'ai plaidé pour un geste d'humanité, étant donné l'état de santé et l'âge
24:23de notre compatriote, que nous n'abandonnerons pas.
24:25Frédéric.
24:27Oui monsieur le ministre, alors après une dépendance économique et stratégique aux
24:31choix états-uniens, serions-nous dépendants prochainement des choix de la Chine ?
24:36Très bonne question, qui doit nous interroger.
24:40Parce que nous avons face à nous le risque préoccupant d'un décrochage industriel
24:48et technologique alors que les Etats-Unis et la Chine sont lancés dans une course à
24:52la domination économique.
24:54Si nous ne faisons rien, alors oui, nous deviendrons progressivement une colonie industrielle
25:01des Etats-Unis ou une colonie industrielle de la Chine.
25:04Qu'est-ce que j'entends par là ?
25:05Progressivement, tout ce qui nous entoure, nous aurons à le solliciter, que ce soit
25:13des téléphones portables, des micros, des caméras, tout ce qui nous entoure dans ce
25:16studio, nous serons dépendants pour pouvoir en disposer, d'industries sur lesquelles
25:22nous n'avons aucun contrôle.
25:24A mesure que nous importerons dans nos vies quotidiennes tous ces objets conçus, produits
25:28ailleurs, nous importerons avec eux un certain nombre de normes, un certain nombre de références
25:34culturelles qui ne sont pas les nôtres.
25:36Si nous ne voulons pas perdre notre identité en perdant notre industrie, nous avons besoin
25:44d'un sursaut.
25:45Ce sursaut, ça suppose de simplifier la vie de celles et ceux qui créent des emplois,
25:52de celles et ceux qui créent des entreprises ou qui innovent dans notre pays.
25:55Cela suppose d'investir dans les secteurs d'avenir plutôt que de laisser les autres
26:00investir à notre place.
26:02Cela suppose aussi de faire preuve de réalisme et de pragmatisme en sachant protéger certaines
26:08de nos filières lorsqu'elles font l'objet d'une concurrence déloyale en provenance
26:13d'autres régions du monde qui ne se gênent pas, pour sursubventionner leur propre industrie
26:20et freiner l'accès à leur marché de nos entreprises.
26:23Jean-Louis.
26:24Alors moi, je vais vous parler de l'Italie, de la relation avec l'Italie, puisque je
26:29suis dans une vallée transfrontalière, une commune qui est à la frontière italienne.
26:36Je voulais savoir la relation avec l'Italie sur les relations transfrontalières, c'est-à-dire
26:40le tunnel de Tende, la ligne de chemin de fer Turin, Breil, Nice et Ventimille, et comment
26:47se comporter par rapport à l'immigration, bien qu'elle ait ralenti ces derniers temps.
26:53Merci pour cette question importante, qui était à l'ordre du jour de ma précédente
26:57visite à Nice, il y a quelques semaines de cela, où j'ai retrouvé mon collègue
27:03Antonio Tajani, le ministre des Affaires étrangères de l'Italie, pour un comité
27:08de coopération transfrontalière.
27:10Pourquoi est-ce que c'est important la coopération transfrontalière ? Je n'ai pas besoin de
27:13vous l'expliquer à vous.
27:14Peut-être y a-t-il des lecteurs de Nice ce matin qui, eux, ne vivent pas à la frontière,
27:18mais quand on vit à la frontière, on est confronté à tout un tas de difficultés
27:24qui supposent que les gouvernements puissent s'entendre pour qu'elles soient levées.
27:28C'est vrai en matière de mobilité, c'est vrai en matière de gestion des ressources
27:32naturelles, je pense à la gestion des eaux de la vallée de la Roya, c'est vrai en matière
27:36d'accès à l'éducation ou à la santé.
27:38Voilà tous les sujets dont nous avons parlé il y a quelques semaines à Nice avec mon
27:44homologue pour qu'on puisse, dans chacun de ces domaines, simplifier la vie de nos
27:50compatriotes transfrontaliers.
27:52Vous évoquez deux de ces points, celui des mobilités et celui, ou en tout cas les questions
27:57migratoires, les questions de transport.
28:01Sur les questions migratoires, notre coopération est excellente, elle se passe bien.
28:06Et vous vous souvenez peut-être que le ministre de l'Intérieur est venu rencontrer à la
28:12frontière son homologue italien il y a quelques mois, en présence du Premier ministre d'alors,
28:19Michel Barnier, qui ont pu constater à quel point les mécanismes de coopération entre
28:26nos polices aux frontières qui ont été mis en place ont produit des effets bénéfiques.
28:30Sur la partie transport, je ne veux pas préempter des annonces qui doivent être faites par
28:37les ministres des transports, mais je crois que nous sommes en bonne voie pour pouvoir
28:40espérer prochainement la réouverture du tunnel de Tende.
28:47Philippe Tabarro avait évoqué l'échéance du mois de juin, est-ce qu'elle pourrait
28:52être tenue ?
28:53Oui, je crois qu'on peut raisonnablement espérer que l'échéance soit tenue.
28:57Je crois qu'on peut espérer aussi que la partie italienne tienne ses propres engagements
29:04s'agissant du second tube du tunnel du Frejus.
29:08Et puis pour la ligne de chemin de fer, on l'a bien mise à l'ordre du jour des comités
29:13techniques qui vont faire suite à ce comité de coopération transfrontalière, donc le
29:17sujet est porté au plus haut niveau.
29:19Merci Michel.
29:20Oui, vous avez rappelé tout à l'heure, Monsieur le ministre, la tenue de cette conférence
29:26dite à deux États, au mois de juin, je crois que les dates ont été fixées, du 16 au
29:3117 juin à New York.
29:32Vous savez aussi combien l'Iran est importante dans ce fameux deal, ce fameux échange, peut-on
29:41dire, pour parvenir à cette solution à deux États ? Est-ce qu'on peut, peut-être avec
29:49votre homologue iranien, envisager une reconnaissance d'Israël par l'Iran en échange de reconnaissance
30:01de l'État palestinien par Israël ? Et puis peut-être une autre question qui va dans
30:08le même sens, Israël a besoin absolument de sécurité, voilà, vous le savez, et il
30:21faut absolument que l'Iran arrête d'enrichir l'uranium 235, et donc pour ça, est-ce qu'on
30:30peut aussi envisager un deal, qu'elle arrête, que l'Iran arrête, en contrepartie, elle
30:35aurait accès aux centrales nucléaires civiles, et puis aussi une reconnaissance internationale,
30:41et puis aussi, pourquoi pas, des aides au développement, voilà.
30:46Merci beaucoup pour votre question.
30:48D'abord, oui, Israël a droit à la sécurité, et je dirais même que la France est indéfectiblement
30:58attachée à la sécurité d'Israël, nous l'avons montré lorsque nous avons mobilisé
31:03nos moyens militaires pour concourir à la défense d'Israël lorsqu'Israël était
31:08pris pour cible par des attaques balistiques en provenance de l'Iran, et nous le démontrons
31:13par ailleurs en étant extrêmement ferme vis-à-vis de l'Iran sur son programme nucléaire,
31:21qui menace la sécurité d'Israël, qui menace aussi la sécurité européenne et la sécurité
31:26du territoire national.
31:27C'est pourquoi, dans le cadre de cette conférence sur la solution à deux États, je vous le
31:39disais tout à l'heure, nous voulons que cette décision que la France pourrait prendre
31:44de reconnaître l'État de Palestine soit le moyen d'obtenir pour Israël les garanties
31:52durables d'une sécurité et d'une stabilité.
31:56S'agissant du programme nucléaire iranien dont j'ai dit qu'il menaçait la sécurité
32:02d'Israël, qu'il menaçait également la sécurité européenne et celle du territoire
32:08national, nous avons, il y a dix ans, trouvé un accord avec l'Iran dans l'esprit de
32:14ce que vous dites, c'est-à-dire que l'Iran s'engage à contenir ses capacités d'enrichissement
32:24de l'uranium nécessaire, notamment au nucléaire civil, en contrepartie de quoi nous avions
32:31décidé il y a dix ans de lever les sanctions qui étaient alors appliquées sur l'économie
32:36iranienne.
32:38Cet accord arrive à expiration dans quelques semaines et nous avons une responsabilité
32:45avec l'Allemagne et le Royaume-Uni qui, avec nous, avons trouvé cet accord il y a
32:50dix ans.
32:51C'est soit de réappliquer les sanctions si, comme nous le pensons, l'Iran a violé
32:59ses obligations au terme de l'accord que nous avions trouvé il y a dix ans, soit de
33:03trouver un nouvel accord qui soit protecteur pour Israël comme pour les Européens et
33:08le territoire national.
33:09Nous avons accueilli favorablement l'ouverture d'une discussion entre l'Iran et les Etats-Unis
33:16et nous sommes en lien étroit avec les Etats-Unis au moment où ils engagent cette discussion
33:21pour leur dire ce que sont nos attentes sur un sujet qu'on connaît bien parce qu'on
33:25l'a négocié il y a dix ans et qu'on avait déjà commencé à mesure qu'on se rapprochait
33:28de l'expiration de cet accord à réfléchir à nos demandes vis-à-vis de la partie iranienne.
33:34Donc je souhaite vivement que l'accord ou en tout cas que les discussions engagées
33:39par les Etats-Unis aboutissent sur un accord protecteur et on fera ce qu'on pourra pour
33:46le faciliter.
33:47Mais quoi qu'il en soit, dans quelques semaines, lorsque nous toucherons à la fin de l'accord
33:54sur le nucléaire iranien qu'il y a trouvé il y a dix ans, nous réappliquerons toutes
34:00les sanctions qui avaient été levées si notre sécurité, la sécurité des Françaises
34:05et des Français n'est pas garantie.
34:07On repart dans l'Europe, alors que l'axe franco-allemand traverse une période d'incertitude
34:15et que l'on ne sait pas aujourd'hui si Paris et Berlin sont toujours pleinement alignés
34:18sur les grands dossiers, et ça c'est vrai qu'on l'ignore malgré la récente nomination
34:22du nouveau chancelier.
34:24Selon vous, quels seront les leviers concrets dont disposera la France pour défendre ses
34:28intérêts et faire entendre sa voix au sein de l'UE dans un contexte où le poids des
34:32Etats-membres évolue en permanence ?
34:34Le moteur franco-allemand, on l'a redémarré au quart de tour parce que le 7 mai, lorsque
34:41le chancelier Merz a été élu, il a consacré son premier déplacement international à
34:47la France.
34:48J'ai moi-même accueilli mon homologue, ministre des Affaires étrangères allemand,
34:55et nous sommes convenus de relancer dans tous les domaines la coopération entre la France
35:03et l'Allemagne.
35:04Et vous avez sans doute perçu dans les prises de position du nouveau chancelier que l'Allemagne
35:11a pris un virage qui la rapproche de certaines des positions françaises, que ce soit sur
35:17la défense, que ce soit sur l'autonomie stratégique, en matière industrielle notamment,
35:23ou que ce soit même sur les questions énergétiques, où nous avons parfois eu des divergences
35:30marquées.
35:31Eh bien on voit se réouvrir des champs de coopération entre la France et l'Allemagne,
35:35et c'est ce que nous voulons approfondir parce que l'Europe n'est jamais aussi forte que
35:40lorsque le moteur franco-allemand vrombit.
35:43Et je crois que c'est le cas aujourd'hui, en tout cas c'est dans cet esprit que depuis
35:49quelques semaines, avec Johann Waddefull, le ministre des Affaires étrangères allemand,
35:56nous nous coordonnons sur l'ensemble des sujets.
35:58Alors on arrive bientôt à la fin de cette séquence, une dernière question Frédéric,
36:06si vous voulez peut-être englober les deux questions que vous aviez prévues.
36:10Elles sont effectivement congréantes.
36:12Donc déjà dans un premier temps, de quel levier, monsieur le ministre, disposons-nous
36:16encore pour défendre les droits de l'homme et du citoyen à l'international ? Et dans
36:21le contexte belliciste qu'on connaît, quelle est l'image de la France à l'étranger ?
36:27Merci pour cette question.
36:29Ce sont des principes que nous avons inscrits il y a 80 ans dans la charte des Nations Unies.
36:37Ces Nations Unies qui ont été bâties sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale
36:42et qui ont une triple mission, la paix, les droits de l'homme et le développement durable.
36:50Aujourd'hui, les Nations Unies, ce que j'appelais tout à l'heure le multilatéralisme,
36:56c'est-à-dire la coopération entre les nations, est effectivement remise en question
37:01par des puissances qui se vivent aujourd'hui comme des empires et qui veulent remettre
37:09en question certains des principes fondateurs de cet ordre international fondé sur le droit
37:14et la justice.
37:15Tel qu'un principe simple, je ne touche pas à tes frontières, tu ne touches pas
37:19aux miennes.
37:20Voilà un principe inscrit dans la charte des Nations Unies qui, depuis 80 ans, ne nous
37:24a pas épargné de toute guerre mais qui a évité de si nombreux conflits à l'échelle
37:28planétaire.
37:30La France reste fondamentalement attachée à ces principes et aux missions des Nations
37:34Unies, la paix, les droits de l'homme, le développement durable.
37:38Comme membre permanent du Conseil de sécurité, nation fondatrice de l'ONU, la France a
37:45cette responsabilité mais elle est aussi entendue et attendue.
37:49Et partout où je me déplace, je vois des pays, en Asie du Sud-Est où le président
37:54de la République se rendra la semaine prochaine, ou encore en Amérique Latine, de très nombreux
38:00pays, de très nombreux peuples dans le monde qui, eux non plus, n'ont pas envie de se
38:04laisser entraîner dans des conflits, dans des tensions qu'ils n'ont pas choisies
38:10et qui croient comme nous dans les vertus de la coopération, dans le choix de la coopération
38:16plutôt que celui de la confrontation.
38:18Et qui regardent la manière dont la France va porter cette voie et qui regardent la manière
38:24dont l'Europe va se mobiliser pour la défendre.
38:27Je crois que notre responsabilité dans ce moment, c'est de ne pas nous laisser intimider
38:32par ceux qui voudraient nous faire croire que le XXIe siècle tourne la page de tout
38:36ce que nous avons bâti, et nos pères et nos mères avant nous, mais que nous pourrons
38:41au contraire ouvrir une nouvelle page de la coopération, du dialogue entre les nations
38:48parce que nous avons beaucoup de nouveaux défis devant nous, mais que c'est toujours
38:51par le dialogue plutôt que par la force qu'on trouve des solutions durables aux problèmes
38:57de notre époque.
38:58Merci beaucoup Jean-Noël Barrault, je pense qu'on aura l'occasion de vous revoir rapidement
39:03à Nice à l'occasion de l'UNOC, merci à nos cinq lecteurs et merci pour vos questions
39:09extrêmement pertinentes, merci à Sophie Doncé et Philippe Bertigny pour la réalisation
39:15de cette émission, bonne soirée à tous.

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