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  • 22/05/2025
Le commandant au SIS du Bas-Rhin, Yann Scheer, regrette les insultes "presque rentrées dans la norme" et les attaques physiques "complètement inadmissibles" contre les pompiers en Alsace.

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Transcription
00:00Jusqu'à 9h, ici matin.
00:02Allez, il est 8h moins le quart, nous discutons avec vous comme chaque jour de l'actualité,
00:08des pompiers agressés, Sébastien, alors qu'ils travaillent pour sauver des vies.
00:11Est-ce que ça vous choque ? 0-3-88-25-15-15 pour réagir.
00:14Le barin parmi les départements de France où nos pompiers sont le plus régulièrement agressés,
00:19le Haut-Rhin, loin d'être épargné non plus.
00:21On fait ça par passion, pour aider autrui, et on n'est pas là pour se faire caillasser,
00:25on n'est pas là pour recevoir des cocktails molotov,
00:28on n'est pas là pour avoir un véhicule aspergé d'essence,
00:31on n'est pas là pour mourir suite à des agressions, ça c'est pas possible.
00:35Bonjour commandant Yann Cher.
00:36Bonjour.
00:37Vous êtes le patron des pompiers à la compagnie Strasbourg Sud,
00:40c'est le responsable syndical Michael Pakanos,
00:42qui, dans le Haut-Rhin que vous venez d'entendre,
00:45vous en souffrez, vous, personnellement, de ce flagrant manque de respect sur le terrain,
00:49envers vous, envers vos équipes.
00:51Alors oui, depuis que je suis sapeur pompier professionnel et volontaire auparavant,
00:56j'ai bien sûr subi des violences de ce type.
01:01Quand j'étais à la tête du centre d'attention et de secours Ouest,
01:04on a eu des événements tragiques, notamment fin 2019, à Nouvel An,
01:07où effectivement des violences urbaines avec des personnels blessés au sein d'un véhicule,
01:11suite à la projection d'un pavé,
01:13on a eu des personnels qui ont été touchés suite à une agression au couteau lors d'une intervention.
01:18Oui, oui, on est régulièrement sujet à ces agressions,
01:23et nos personnels les subissent au quotidien.
01:25Donc ça dépasse bien largement les violences verbales, on en vient souvent à du physique.
01:30Comment on vit ça, quand finalement on est tout simplement au service de la population pour porter secours ?
01:35Eh bien, vous le vivez très mal, puisque quand on embrasse l'uniforme et qu'on décide de porter secours,
01:40on n'arrive pas à comprendre qu'on se fasse agresser.
01:43Que ce soit tout simplement des agressions verbales, des insultes,
01:46qui sont presque rentrées, entre guillemets, dans la norme, alors qu'insulter...
01:49Quasi-quotidien ?
01:50Quasi-quotidien, oui, ça arrive très très régulièrement.
01:53Alors maintenant, l'occurrence exacte, bien sûr, elle dépend de beaucoup de facteurs,
01:57mais c'est du quasi-quotidien, effectivement.
01:59Le verbal, est-ce que c'est normal ? Bien sûr que ça ne l'est pas,
02:01et quand ça devient physique, là par contre, quand en plus ça laisse des traces,
02:04et que potentiellement il y a des jours d'arrêt de travail derrière,
02:06là c'est totalement inadmissible, et on n'est pas là pour ça.
02:08Vos messages de soutien, si vous en avez envie, ce matin sur votre radio,
02:12à l'image de Françoise, qui nous appelle de Saint-Louis.
02:14Bienvenue Françoise, bonjour.
02:15Bienvenue Françoise.
02:16Bonjour Hubert, bonjour monsieur.
02:19Alors, comment vous dire ?
02:20Oui, merci.
02:23Voilà, tout ce que vous expliquez, ça me met hors de moi.
02:27Je suis maman de pompier, et mamie d'un jeune sapeur pompier.
02:31J'ai vécu dans un casernement, je sais comment ça marche, tout ça,
02:35en tant qu'épouse de pompier, ça me met hors de moi.
02:41Je ne comprends pas, et j'estime que ces gens-là ne sont pas assez punis.
02:46Il faudrait vraiment les punir sévèrement.
02:49C'est inadmissible, inadmissible.
02:53Je ne sais pas, il existe.
02:55Pour inventer un mot contre tout ça, ce n'est pas possible.
02:59On entend votre émotion Françoise.
03:00Je ne comprends pas qu'on ne punisse pas plus sévèrement.
03:10Moi, j'aurais été, si c'était moi qui devrais punir,
03:16je vous assure qu'ils ne passeraient pas,
03:19enfin, je ferais faire des choses pour leur...
03:23J'ai mis une de vos idées de punition, Françoise,
03:25qui m'amuse beaucoup, qui nous amuse,
03:27ce serait de faire nettoyer la caserne de haut en bas
03:29à celles et ceux qui manquent de respect aux pompiers.
03:32Voilà une idée.
03:34Ce n'est pas bête, Françoise ?
03:35C'est une des idées, effectivement, Françoise.
03:37Yann Cher, monsieur le commandant,
03:39elle a raison, Françoise, il faudrait punir plus sévèrement.
03:42Est-ce qu'aujourd'hui, les peines sont à la hauteur
03:44des délits, voire des crimes qui vous incombent ?
03:47Alors, tout va dépendre de ce qu'il s'est passé,
03:51mais c'est vrai que c'est une attente des personnels
03:53que pour chaque dépôt de plainte qui est effectué,
03:56que les peines soient relativement lourdes
03:59et qu'elles donnent des exemples,
04:01qu'elles servent à donner l'exemple
04:04pour que derrière, on ne recommence plus
04:05et que ça s'arrête un jour, tout simplement.
04:08Il y a des plaintes encore en cours, là, dans le Haut-Rhin.
04:09Quatre collègues, à vous, avisés par des tirs de mortier.
04:12Ça date d'il y a quelques jours à peine,
04:14c'était le week-end dernier à Ilzac.
04:16Oui, c'est ça, et puis nous, on a déposé plainte
04:18plus d'une cinquantaine de fois en 2024.
04:21On le fait des dizaines et des dizaines de fois par an
04:24et malheureusement, ça diminue que très peu.
04:28Patricia de Strasbourg avec nous également
04:30pour un message de soutien aux pompiers.
04:32Bonjour Patricia.
04:32Bonjour Patricia.
04:35Oui, bonjour.
04:37Qu'est-ce que vous avez envie de dire aux commandants chers ?
04:39aux commandants, oui.
04:41Moi, je suis maman, mère de famille,
04:46mais je trouve ça hallucinant,
04:49le manque de respect envers les pompiers,
04:52envers les gendarmes,
04:53envers tout ce qui est uniforme,
04:56ça ne devrait même pas exister.
04:58Moi, j'ai franchement un chapeau pour les pompiers,
05:02un grand bravo,
05:04parce que vous êtes quand même les premiers
05:07quand il y a des actifs dans les voitures,
05:10des feux de maison.
05:11Vous êtes continuellement sur le terrain pour nous sauver.
05:15Message de soutien de Patricia.
05:17On vous remercie.
05:18Patricia, merci de ces quelques mots échangés ce matin
05:20sur votre radio ici à Alsace.
05:22Il y a Cédric aussi qui souhaite réagir.
05:25Cédric, soyez le bienvenu.
05:27Que de Mauri-Huberg,
05:28que de Mauri à tous les pompiers de France,
05:30que de l'auditeur.
05:32De Blotsheim.
05:33Alors, Cédric, vous aussi,
05:33message de soutien ce matin aux pompiers.
05:35Oui, en étant frère de pompiers,
05:39cousin de pompiers qui sont dans le barin,
05:42je trouve ça inadmissible qu'on agresse des gens
05:44qui viennent vous sauver.
05:46Ils ont sauvé plusieurs fois mon oncle
05:48qui nous a quittés malheureusement il y a un an.
05:51Ils sauvent d'autres gens sur la route.
05:53Je veux dire, si on enlève une fois les pompiers
05:54et puis ces gens qui les agressent,
05:55c'est simple,
05:56on réouvre des maisons de redressement
05:58pour mettre un peu d'ordre dans ce pays.
06:01Parce que dans ce pays, on se fait agresser,
06:03on peut porter plainte,
06:05et bien c'est classé sans suite.
06:06Et on en fait les frais aussi.
06:08Pas toujours, Cédric.
06:09On va laisser le commandant Cher vous répondre.
06:11Ça vous touche, tous ces messages
06:13des auditeurs, auditrices ici à Alsace.
06:15Il y a de la violence parfois avec les pompiers,
06:17mais il y a aussi toute cette reconnaissance.
06:19Bien sûr que ça fait chaud au cœur,
06:21mais il n'y a pas uniquement...
06:22Alors, bien sûr, ça fait chaud au cœur
06:24concernant notre uniforme et les sapeurs-pompiers,
06:26mais il est totalement inadmissible
06:27de porter atteinte à un uniforme quel qu'il soit.
06:29Qui sont les agresseurs en général
06:33quand on parle des agresseurs des pompiers sur le terrain ?
06:36Alors, autant, on va dire,
06:37au début des années 2000,
06:38c'était les guet-apens,
06:39c'était les violences urbaines
06:40au sein des quartiers qui peuvent être difficiles.
06:43Clairement, on les a connus.
06:45Maintenant, ça a glissé
06:46et ça devient plus des agressions individuelles
06:48ou alors là, vous n'avez plus du tout de profil.
06:50Donc, des victimes en fait.
06:51Voilà, des victimes,
06:52ça va être des amis des victimes,
06:53ça va être de la famille des victimes
06:55parce qu'ils ont estimé qu'on n'est pas arrivé assez vite,
06:57que n'on ne fait pas les bons gestes,
06:59qu'il y a quelque chose qui les dérange
07:02dans le contexte de l'intervention.
07:03Et maintenant, on glissait d'agressions collectives
07:07à maintenant vraiment des agressions individuelles,
07:08qu'elles soient verbales dans un premier temps,
07:10puis physiques ensuite.
07:10Sachant que 80% des opérations aujourd'hui
07:12sont du secours à personne
07:13et plus forcément le combat contre les flammes,
07:17contre les incendies.
07:18Le barin, parmi les départements de France
07:20les plus exposés, devant même Paris,
07:23comment ça s'explique ?
07:24Alors, il y a plusieurs raisons à ça.
07:26Déjà parce que, historiquement,
07:28le barin est un département
07:30où les sabre-bompiers subissaient,
07:33ils subissent toujours d'ailleurs,
07:34de nombreuses agressions.
07:36Il y a aussi parce qu'on encourage
07:37fortement nos personnels,
07:39dès qu'il y a agression,
07:40à aller déposer plainte.
07:42Et forcément, d'ailleurs,
07:43ça se retrouve dans les statistiques
07:44parce qu'on veut absolument
07:45que les personnels
07:47qui ont subi ce type d'agression
07:49puissent derrière le faire entendre
07:52parce que ce n'est pas normal.
07:53Vous y arrivez ?
07:53Dans le Haut-Rhin,
07:54on évoque une agression sur deux
07:56qui donne finalement plainte par la suite.
07:59Vous, vous arrivez à avoir
08:00quelque chose de plus exhaustif ?
08:01Alors, les consignes qu'on donne
08:02à notre engagement de proximité,
08:03c'est vraiment du dépôt de plainte systématique.
08:05Maintenant, si le personnel ne le souhaite pas,
08:07on ne va pas le forcer.
08:08Mais il y a vraiment un encadrement
08:09par rapport à ça.
08:10Vous avez déjà demandé
08:11des caméras piétons
08:12pour pouvoir vous protéger,
08:13en tout cas par la suite.
08:15Dans le Haut-Rhin,
08:16on peut demander aussi des gilets par l'âme.
08:19On est vraiment obligé d'en arriver là,
08:20vous pensez, commandant ?
08:22Ça devient des extrêmes.
08:25Comme suite aux attentats de Paris
08:27où maintenant on a des équipements
08:28de protection balistique,
08:29ça devient des extrêmes.
08:30Effectivement,
08:31les caméras piétons,
08:32elles ont été déclenchées
08:34une cinquantaine de fois en 2024
08:36sur le territoire du Bahrain.
08:38Ce qui veut dire que
08:39c'est une vraie utilité.
08:42Ça peut dissuader
08:43et c'est effectivement un équipement
08:44qu'on avait demandé
08:45suite aux agressions qu'il y a eu
08:47notamment en 2020
08:49et on est très contents
08:50de les avoir.
08:51Commandant Yann Cher,
08:52commandant de la compagnie
08:53Strasbourg Sud,
08:55au SIS du Bahrain.
08:57Merci beaucoup, monsieur.
08:58Vous étiez ce matin
08:59l'invité ici à Alsace.
09:01On vous salue.
09:02On salue vos équipes mobilisées
09:03chaque jour
09:04pour nous aider
09:06au quotidien,
09:07évidemment,
09:07dans le Haut-Rhin,
09:08dans le Bahrain.
09:09la plupart des pompiers
09:1180% à peu près
09:12sont volontaires.
09:13C'est à peu près ça, oui.
09:14Et merci beaucoup
09:15pour votre soutien.
09:16Merci aussi à nos auditeurs,
09:17auditrices
09:17d'avoir échangé avec nous ce matin.
09:20C'est votre rendez-vous
09:21à 7h45,
09:22l'actualité avec un invité
09:23et vos messages
09:24pour échanger.
09:24Sous-titrage Société Radio-Canada

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