Le troisième film de Julia Ducournau est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2025
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00:00Quasiment quatre ans après la palme d'or remise à Titane de Julia Ducourneau,
00:04et ben ça y est, on a vu Alpha.
00:30Alpha, c'est le nouveau long métrage de Julia Ducourneau, qui est en compétition à Cannes cette année,
00:42qui était très attendue, à peu près rien n'avait filtré.
00:45Évidemment, ça a été un choc.
00:47Tous les ans, il y a un film sur lequel les gens ont un peu envie de se castagner.
00:51Alors évidemment, Fatigue et Dents, puisque c'est un genre jour 7 ressenti 89,
00:57on est tous un peu tendus, or on est un peu là dans un cinéma qui a envie de vous casser la gueule.
01:03Donc ça donne ce genre de réaction très épidermique.
01:06Il est accueilli moyennement sur la croisette, pour ne pas dire avec des cailloux.
01:10Alpha, on a l'impression que ça se passe pendant les années 80, on va dire.
01:15C'est l'histoire d'une petite fille de 5 ans, mais c'est aussi l'histoire de la même petite fille, mais à 13 ans.
01:20Sa mère est médecin, elle est jouée par Goldshift Farhani.
01:23Elle a un tonton, qui est joué par Tahar Rahim, qui est toxico et atteint d'une maladie terrible, d'un virus qui court
01:30et qui fait très, très peur dans ce pays un peu indéterminé dont on pense que c'est la France.
01:36Voilà, qui évidemment rappelle le sida.
01:38Et alors, c'est un virus très particulier qui transforme les gens en statues.
01:43C'est-à-dire que, en fait, les malades, petit à petit, deviennent de marbre.
01:48Et c'est la première vision éblouissante, je dirais, de ce film, parce que c'est extrêmement beau, ce que ça produit, et extrêmement émouvant.
01:56Juliette Ducourneau avait dit, il y a 4 ans, quand elle a reçu la Palme d'or pour Titane,
02:00que celle faisait un cinéma en hommage aux monstres, ou en tout cas pour mettre les monstres en valeur.
02:05Et c'est encore le cas dans Alpha, puisque tous les personnages ont une part monstrueuse en eux, y compris le personnage d'Alpha,
02:11qui est assez étonnant, parce que c'est une adolescente vraiment pas aimable au début.
02:17Vous me direz, c'est souvent le cas des adolescentes, mais en tout cas, elle, c'est assez étonnant pour un personnage vraiment central.
02:22Et puis, il y a le personnage que joue de Tahar Rahim, effectivement, qui est, voilà, Riladi, junkie vraiment au bout du rouleau.
02:29C'est un rôle vraiment à performance qu'a fait Tahar Rahim.
02:32Je ne sais pas combien il a perdu de kilos pour incarner le pauvre Hamid, mais c'est très, très spectaculaire.
02:37Tahar Rahim, il est plutôt très émouvant dans ce rôle, pas facile.
02:40C'est un junkie, y compris dans son comportement, donc avec vraiment une certaine violence dans les paroles et dans les gestes.
02:49Donc, ça, c'est vraiment, ça, c'est réussi.
02:52Une autre scène qui m'a beaucoup marqué et qui dit beaucoup de ce que c'était l'époque des années 80 en France,
02:57où il y avait cette peur, panique du sida dont on ne savait à l'époque pas grand chose.
03:01Et donc, voilà, on se demandait si on ne pouvait pas l'attraper juste par un simple contact de l'eau, par exemple.
03:08Et il y a une scène qui résume très bien tout ça, où l'Alpha est un cours d'EPS à la piscine,
03:13et elle se cogne contre le bord, elle se met à saigner abondamment,
03:17et on a l'impression que c'est les dents de la mer, c'est-à-dire qu'il y a toute une flaque énorme de sang qui contamine la piscine,
03:24et c'est la panique dans tout le bassin.
03:26Il y a des scènes comme ça qui sont vraiment très très fortes.
03:29Le problème, c'est que le film ne marche qu'à ce régime-là, c'est-à-dire du coup de force esthétique permanent.
03:34Ça donne des choses superbes, ça en donne d'autres un poil pénible, beaucoup de ralentis, une musique parfois un petit peu trop envahissante.
03:42On l'a compris, quand je dis que Julia Ducourneau, c'est une cinéaste visuelle, c'est un peu moins une cinéaste du scénario.
03:49Et c'est un peu ce qui pêche dans Alpha, ce qui pêchait beaucoup dans Titan, qui partait un peu dans tous les sens.
03:55Alors là, c'est mieux maîtrisé que Titan, mais quand même, il y a vraiment des trucs assez lourds dans le scénario, dans les dialogues qui parfois ne sont vraiment pas possibles.
04:03C'est-à-dire que c'est soit abscond, soit on s'aboie des trucs dessus et on ne sait jamais vraiment pourquoi.
04:09Et en fait, tout étant paroxysme, tout étant engueulade, tout étant même un peu incompréhensible dans ce qui se joue.
04:18La gamine n'a que 13 ans, on ne comprend pas du tout ses rapports avec sa mère, on ne comprend pas.
04:23Voilà, parce que tout part d'une fête où elle est allée et où, passablement ivre, elle s'est retrouvée avec un énorme tatouage.
04:32Et toute l'angoisse, évidemment, c'est de savoir si l'aiguille qu'il a tatouée était propre.
04:36Parce que le film, en fait, procède par une sorte de mixage temporel entre le passé et le présent.
04:43À l'image, c'est extrêmement bien rendu parce que les personnages n'ont pas toujours la même teinte de peau.
04:48Donc, il y a tout un effort comme ça, assez sophistiqué, mais qui est absolument plombé par ces dialogues impossibles
04:56qui, du coup, rendent le jeu difficile. On ne va pas découvrir que c'est compliqué pour des acteurs
05:01de se mettre en bouche des dialogues qui n'ont pas de sens.
05:05On pourra nous trouver sévères avec Julia Ducourneau. Il faut dire qu'on a tellement aimé son premier film,
05:10grave, qui était une révélation à Cannes. C'était à la semaine de la critique.
05:13Le film avait vraiment fait un état de choc sur toute la croisette.
05:16On sait que Julia Ducourneau a vraiment beaucoup, beaucoup de talent.
05:19Il faudrait peut-être davantage le canaliser. Peut-être qu'elle a écrit le scénario tout seul.
05:24Peut-être qu'il faudrait qu'elle s'adjoigne les services ou l'aide de scénaristes
05:29qui pourraient peut-être mieux encadrer ses idées fulgurantes et leur donner un écrame
05:34beaucoup plus efficace que ce qu'il y a dans ce film.
05:37Alpha, ça m'a eu à l'émotion, c'est quand même bof.
05:40Alpha, malgré ses fulgurances, c'est bof.