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  • 20/05/2025

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Transcription
00:00Mais d'abord, Eugénie Bastiette avec nous sur Europe 1. Bonjour Eugénie.
00:03Bonjour à tous.
00:04Vous voulez revenir ce matin sur le procès de Gérard Depardieu.
00:06Une partie du verdict la semaine dernière vous a étonné,
00:09celle qui met en cause l'avocat de Gérard Depardieu et son attitude pendant l'audience.
00:14Oui, la semaine dernière, l'acteur a été déclaré coupable d'agression sexuelle
00:18sur deux intermittents du spectacle et condamné à 18 mois de prison avec sursis
00:21ainsi qu'à deux ans d'inéligibilité.
00:24On ne pourra pas voter pour lui pour les municipales de 2026.
00:27Je ne me prononcerai pas sur le fond de ce jugement,
00:30mais ce qui m'a perturbée en revanche, c'est que les magistrats ont ajouté à cette condamnation
00:34une peine de 2000 euros de dommages et intérêts
00:36que va devoir verser Depardieu à ses victimes,
00:39non en raison de son comportement,
00:41mais en raison du comportement de son avocat pendant l'audience
00:43qui a été jugé trop agressif envers les partis civils.
00:47Les juges ont appliqué ce qu'on appelle la victimisation secondaire.
00:51J'avoue, je ne connaissais pas ce terme.
00:53Cela désigne le fait pour une victime de subir un préjudice,
00:57non du fait de l'accusé, mais de la procédure judiciaire elle-même.
01:01Alors, comme beaucoup d'avocats, dont le barreau de Paris qui a fait un communiqué,
01:05je suis absolument scandalisé de cette décision
01:07qui fait peser sur l'accusé la responsabilité du comportement de son avocat
01:12et juge la défense de ce dernier,
01:14ce qui contrevient à toutes les règles élémentaires du droit.
01:16Il est vrai que le comportement de maître Jérémy Assous pendant l'audience
01:19a été jugé problématique par beaucoup de ses confrères notamment.
01:23Oui, alors c'est vrai, on va dire que maître Assous n'a pas été le plus fin des hommes
01:26pendant ce procès.
01:27Il a tenu des propos un peu lourds à l'égard des victimes.
01:30Il en a traité une de menteuse et de leurs avocates.
01:33Il en a traité une de stupide.
01:34L'avocat a même eu droit, et c'est inédit, dans les annales judiciaires,
01:38à une pétition de confrères contre lui dans le monde
01:40qui lui reprochait pêle-mêle d'avoir employé le mot « mademoiselle »,
01:44d'avoir parlé de rire, d'hystérique.
01:47Il dénonçait ses avocats à une stratégie sexiste
01:49allant dans le sens du masculinisme qui régnerait dans notre société.
01:53Rien que ça.
01:54On a l'impression que dans les procès d'agression sexuelle désormais,
01:57la défense doit s'en tenir à une argumentation repentante et discrète,
02:01au point qu'on se demande est-ce qu'il est possible encore
02:04d'exercer ce métier d'avocat et de défendre des délinquants sexuels.
02:07Rappelons une chose, si un avocat choque pendant le procès,
02:11par sa tenue, par son comportement, par ses propos,
02:13il est déjà puni deux fois, médiatiquement,
02:16par l'écho à l'extérieur du tribunal.
02:17D'ailleurs, Maître Assouz s'est fait descendre dans la presse.
02:20Et juridiquement, par l'issue même du verdict,
02:22si sa défense a été mauvaise,
02:23son client a de bonnes chances d'être condamné.
02:26Alors cette affaire, ce concept de victimisation secondaire,
02:29on va sûrement en entendre parler plus tard.
02:31Qu'est-ce que ça a dit de notre société ?
02:33Comme le rappelait Maître Assouz dans une tribune dans le monde,
02:36le procès n'est pas une cérémonie expiatoire.
02:40Le principe même de la justice,
02:42c'est de laisser un libre contradictoire à l'accusé.
02:45Mais en réalité, dans notre société,
02:46on a de plus en plus de mal.
02:48Une société victimaire,
02:49au règne de la dictature des ressentis,
02:51a accepté le principe même de la justice et du procès.
02:54On ne tolère plus la contradiction.
02:56On ne supporte plus d'avoir apporté la charge de la preuve.
02:59On n'admet plus que la liberté d'expression,
03:02oui, puisse choquer.
03:03Ajoutons une chose,
03:04la défense de l'état de droit est à géométrie variable dans ce pays.
03:08Quand des internautes anonymes
03:09dénigrent une magistrate sur les réseaux sociaux
03:12ou critiquent la décision des juges
03:13de disqualifier Marine Le Pen de la présidentielle,
03:16on s'indigne,
03:17on dit que la démocratie est en danger.
03:19Mais quand, au nom du féminisme,
03:21on piétine allègrement les fondements de l'état de droit,
03:24que sont la présomption d'innocence,
03:26le droit de se défendre
03:27et la liberté d'expression des avocats,
03:29et bien là, les vigilants se taisent.
03:32Signature Europe 1, Eugénie Bastier.
03:34Merci beaucoup Eugénie.

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