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  • 16/05/2025
"Sous les paillettes, la rage" sera diffusé samedi 17 mai à 20h50 sur Histoire TV, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBT-phobies

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Transcription
00:00Votre invité média, Saline Baïdarko, raconte sur la chaîne Histoire TV l'histoire du drag dans un documentaire qui sera diffusé demain soir à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies.
00:12Et le film s'appelle Sous les paillettes la rage.
00:15Et ce narrateur est aujourd'hui l'une des drag queens les plus connues de France puisqu'elle a remporté la première édition du concours Drag Race il y a trois ans sous le nom de Paloma.
00:24Mais c'est l'homme en civil qui est avec nous ce matin. Bonjour Hugo Bardin.
00:27Oui bonjour, merci de me recevoir.
00:28Merci d'être là, c'est Eric Rack. On est content de vous avoir.
00:33Vous la connaissiez vous cette histoire du mouvement drag avant de participer à ce documentaire ?
00:39Je connaissais les grandes lignes et beaucoup de choses mais j'ai appris des choses.
00:43Vous aviez appris quoi par exemple ?
00:45Toute la partie américaine par exemple, c'est vrai que je n'avais pas forcément tous les détails, le vote ville américain, ça restait assez flou pour moi.
00:54Et puis on ignore toujours à quel point les choses ont été compliquées.
01:00Moi j'avais une notion globale du labeur que ça avait été pour les personnes queer en France.
01:07Mais c'est vrai que c'est bien de se le rappeler.
01:10C'est bien de le rappeler aux générations qui arrivent.
01:13Là vous évoquez les origines dont on va reparler.
01:15Mais expliquez-nous d'abord ce qu'est exactement le drag.
01:18Est-ce que c'est la même chose que le travestissement ?
01:20Oui, pour moi c'est une cousinade, on vient tous du même endroit.
01:26D'ailleurs Marie-Pierre Pruveau-Bambi qui est une des grandes vedettes du cabaret Madame Arthur dans les années 50,
01:33elle ne se considère pas du tout comme une drag queen.
01:35Elle dit nous on était des travestis.
01:38Elle était transsexuelle, c'est encore différent.
01:41Oui, ce sont deux choses, il y a son métier et ce qu'elle est.
01:45Mais nous on continue de dire qu'on est des travestis, on joue avec les codes de travestissement.
01:51Alors on ne sait pas vraiment d'où il vient ce mot drag.
01:53Moi c'est ce que j'ai appris.
01:55Dans le film, ce serait soit tout drag traîné, les grandes traînes des drag queens,
02:01ou alors un acronyme de dressed as a girl.
02:03C'est l'un ou l'autre.
02:04Donc on dit drag queen quand on exagère le genre féminin et drag king quand on exagère le genre masculin.
02:11Vous, vous êtes donc une drag queen quand vous n'êtes pas l'ombre.
02:14Votre personnage est-il, comme c'est expliqué dans le film, une extension de vous ou alors une personnalité tout autre ?
02:20Non, je ne change pas de personnalité.
02:22Mais moi j'utilise vraiment mon drag pour divertir.
02:25Donc en fait je peux l'emmener à plein d'endroits.
02:28Je peux faire du théâtre, de la musique, être mannequin.
02:32Je n'ai pas l'impression de changer d'identité, c'est un peu comme, je cite tout le temps le même exemple,
02:36mais pour moi c'est le plus parlant, c'est Lady Gaga, c'est une drag queen par exemple.
02:39Ah oui ?
02:40C'est du drag en tout cas.
02:42Parce que c'est de la transformation ?
02:43Mais on fait tous du drag ce matin quand vous êtes venu à la radio,
02:46vous vous êtes dit quelle tenue sérieuse je vais pouvoir mettre pour aller à la radio.
02:48Donc nous on est des drags ici ?
02:50Dans notre genre.
02:51On fait tous un peu du drag dans la vie, on choisit un costume,
02:54et simplement nous on choisit un costume qui est plus flamboyant que le vôtre.
02:57Ah oui, je vous le confirme, je ne mettrai pas vos tenues de Paloma.
03:01Alors on écoute un extrait du film, le témoignage de deux de vos collègues drag queens,
03:04et puis je vous fais réagir après.
03:06On est galvanisés, on est portés, on se sent invincibles,
03:10on ferait des choses complètement hallucinantes,
03:14que par exemple en civil, qu'on ne ferait peut-être pas.
03:18S'habiller en drag, c'est un petit peu au théâtre ce soir, c'est clair,
03:21c'est tout à coup changer sa vie, enfin devenir quelqu'un d'autre,
03:27s'amuser à être quelqu'un d'autre.
03:29Voilà, il y a le verbe « s'amuser », c'est d'abord du divertissement,
03:33le drag, ou alors c'est un acte militant ?
03:36Je pense que c'est les deux, et qu'il ne faut pas perdre chacune des notions.
03:40Enfin moi, aujourd'hui on a envie de tout politiser,
03:43et que tout ait un sens tout le temps, tout le temps, tout le temps,
03:45et c'est formidable, mais c'est bien quand même de garder
03:49cette notion de divertissement dans le drag.
03:51Je pense qu'on ne fait rien,
03:54enfin qu'on ne fait passer aucun message politique
03:56si on ne divertit pas les gens à un moment.
03:58Alors ça veut dire quoi ?
04:00Moi je crois réellement qu'être en drag.
04:03Oui.
04:04Pour moi, en tout cas, c'est monter sur des scènes,
04:06jouer la comédie,
04:09aller vers des publics qui ne sont pas forcément
04:12des publics habitués, par exemple.
04:15Mon spectacle, j'ai fait des tournées
04:16qui m'ont emmené dans des endroits de France
04:17où il n'y avait jamais de drag queen.
04:19Et ça a été quoi la réaction des gens ?
04:21Ils sont très contents, mais vous savez,
04:22les Français, on a toujours l'impression
04:23qu'ils sont hyper homophobes, racistes et compagnie,
04:26mais ils adorent le cabaret, par exemple.
04:28En fait, on leur amène un spectacle de drag,
04:30ils sont contents.
04:32Et moi, si je peux leur faire passer
04:34quelques messages sur le féminisme,
04:36sur les personnes queer,
04:39ça passe mieux que si j'y vais en criant.
04:41Il faut se souvenir, Hugo Bardin,
04:44et s'est rappelé dans le documentaire
04:45que depuis toujours, les hommes s'habillent en femmes.
04:47Oui.
04:48Dans le théâtre ?
04:49Disons que, si on parle de drag queen,
04:52par exemple, et de travestissement
04:53avec des tenues dites féminines,
04:56oui, ça existe depuis toujours
04:57puisque les femmes n'avaient pas le droit au chapitre.
04:59Donc, il fallait bien que les hommes
04:59prenaient encore plus la place.
05:01Elles n'avaient pas le droit de monter sur scène.
05:02Elles n'avaient pas le droit de monter sur scène.
05:04Et puis, même les drag kings,
05:07ça existe depuis très longtemps
05:07puisqu'il y a beaucoup de femmes
05:08qui se sont travesties en hommes
05:09tout simplement pour accéder à certains métiers.
05:12Georges Sand, tiens, par exemple.
05:13Par exemple, voilà.
05:14Donc, le travestissement,
05:15il est ancré dans la culture.
05:17Et même,
05:19enfin, le documentaire le montre très bien,
05:21mais les codes de la mode aussi,
05:22ils évoluent.
05:23Et puis, il y a une époque où
05:24la distance,
05:26enfin, la limite entre un homme et une femme
05:27en termes de représentation
05:29dans l'espace public,
05:30elle était mince.
05:31Aujourd'hui, on est très genré.
05:33Écoutez ça, Hugo Bardin,
05:34c'est un autre extrait du documentaire.
05:37Prends ta biscotte à pleine main.
05:39Allez.
05:43Reprends-en une.
05:45Reprends-en une.
05:47Tiens là, puis viens.
05:49Ferme, mais pas brutale.
05:51N'est-ce pas ?
05:52La biscotte de l'homme.
05:54Voilà, avec tous les doigts dessus.
05:55Voilà.
05:56La cuillère maintenant, la confiture.
05:58La cuillère.
05:59Non, pas deux doigts, la cuillère.
06:00Non, pas comme ça, la cuillère.
06:02Tenue, solidement.
06:04Oui, Georges.
06:07Pas comme une cuillère à peau non plus.
06:09Non, non, Georges.
06:12Pas comme une cuillère à peau.
06:13C'est la cage au folle,
06:14la cage au folle, bien sûr,
06:16Michel Serrault, Jean Poiret.
06:17Est-ce que cette pièce,
06:18comme le film plus tard,
06:20Chouchou de Gad Elmaleh,
06:21a fait du mal au monde des dragues,
06:24les a stigmatisés ?
06:26Non, je ne fais pas partie des gens
06:27qui ont ce discours,
06:27parce que déjà, je trouve que
06:28la cage au folle, tout particulièrement,
06:31c'est très, très bien écrit,
06:33très bien joué.
06:34Et puis, c'est...
06:34Et très drôle.
06:35Très drôle.
06:36C'est fait par des personnes
06:37qui sont elles-mêmes
06:37très proches de la communauté
06:39de travestis.
06:41À l'époque, Michel Serrault,
06:42il était dans tous les cabarets,
06:44Poiret aussi.
06:45Il connaissait ce milieu
06:46et ça se voit.
06:49Ça serait mentir que de dire
06:51que ça ne ressemble pas à ça.
06:52Tous les soirs, je suis en loge
06:53avec Charlie Vaudouc,
06:54avec Madame Arthur en ce moment,
06:55puisqu'on est au théâtre.
06:57Ça ressemble à ça,
06:58à nos conversations.
06:59On rigole,
06:59on est folles ensemble.
07:01C'est ça.
07:02Donc, ça fait partie de nous,
07:03ça fait partie de notre culture.
07:06Simplement, je pense que
07:07les gens ont eu peur
07:09quand c'est sorti
07:10parce qu'ils se sont dit
07:10que c'est des hétéros
07:11qui vont se foutre de notre gueule.
07:13Tous les hétéros
07:13n'ont pas envie
07:14de se foutre de notre gueule.
07:15Autant je peux voir
07:16des maladresses
07:17dans certaines représentations,
07:18autant à la cage au folle,
07:18je trouve que c'est
07:19assez touchant même
07:21comme déclaration d'amour
07:23à la communauté.
07:24Mais tous les drags
07:24ne partagent pas
07:25votre point de vue
07:26et on le voit d'ailleurs
07:26dans le documentaire
07:27et c'est assez intéressant.
07:28Merci en tout cas
07:29d'être venu, Hugo Bardin.
07:30Merci.
07:31Hugo Bardin,
07:31donc alias Paloma,
07:32narrateur de
07:33Sous les paillettes,
07:34la rage,
07:35une histoire du drag,
07:36documentaire qui sera diffusé
07:38demain soir
07:38sur Histoire TV.

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