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  • 16/05/2025

Elles passent d’une posture critique à une opposition solennelle. On parle là de toute les religions représentées en France : catholique, protestante, orthodoxe, juive, musulmane, bouddhiste.

Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique

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Transcription
00:00Le 6-9 sur France Inter
00:02Et c'est avec vous, bonjour Patrick Cohen.
00:05Bonjour Marion.
00:06Contre l'aide active à mourir, les religions font front commun.
00:09Elles passent d'une posture critique à une opposition solennelle.
00:12On parle là des 6 religions représentées en France.
00:16Catholiques, protestantes, orthodoxes, juives, musulmanes, bouddhistes,
00:19dont les responsables ont signé hier un texte commun pour dénoncer, je cite,
00:23les graves dérives de la loi en débat à l'Assemblée,
00:26dévoiement de la médecine, basculement radical,
00:29régression éthique sociale et médicale.
00:32Les mots sont durs, le cri d'alerte particulièrement retentissant.
00:36Et qu'est-ce qui justifie cette inquiétude ?
00:37Les religieux expliquent que la discussion en commission des affaires sociales
00:40a fait sauter les garde-fous.
00:42Exemple cité, le délai d'instruction.
00:45Dans la loi, le médecin a 15 jours pour se prononcer.
00:47Le malade a ensuite 2 jours pour réfléchir et confirmer sa volonté de mourir.
00:51Une précipitation indigne selon les cultes.
00:54En réalité, ce délai n'a pas varié par rapport au projet du gouvernement débattu l'an dernier.
00:59Clairement exprimait aussi la crainte d'une forme d'eugénisme social.
01:04L'instauration de ce droit risque d'exercer une pression sourde
01:07sur les personnes âgées, malades ou en situation de handicap.
01:11La seule existence d'une telle option peut induire chez des patients
01:14une culpabilité toxique, celle d'être un fardeau.
01:18En clair, les plus vulnérables seraient incités à en finir.
01:21Oui, c'est ça, c'est l'idée. Mais la loi actuellement en débat ne le permet pas.
01:24Je rappelle qu'elle prévoit 5 conditions cumulatives.
01:27Être majeur, français ou résident en France,
01:30atteint d'une infection grave et incurable en phase avancée,
01:34victime de souffrance physique que les traitements ne peuvent pas soulager,
01:37apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.
01:40Tout cela exclut formellement, tel que c'est écrit,
01:43les handicapés, les accidentés et les malades dont le discernement est altéré.
01:47Et les religieux soulignent enfin que l'être humain n'est pas un individu isolé.
01:52Et là, on est au cœur du débat philosophique et spirituel.
01:55Les responsables des cultes ont pris soin dans leur texte
01:57de ne pas avancer d'arguments confessionnels.
02:00Mais ils fustigent une loi qui, je cite,
02:03« érige l'autodétermination individuelle en absolu,
02:07au détriment des liens familiaux et sociaux ».
02:09En somme, les religions nous disent que la vie ne nous appartient pas.
02:13Mais alors, à qui ?
02:15Y a-t-il une décision plus intime, plus personnelle que de quitter la vie
02:19et une liberté plus absolue que de la maîtriser jusqu'au bout ?
02:22En fond, Patrick, vous nous dites que les religions s'opposent à l'aide à mourir
02:26pour des raisons religieuses.
02:27Oui, oui, mais sans le dire, avec tout le respect qu'on doit aux responsables religieux,
02:32il y a là, disons, une forme d'hypocrisie ou de dissimulation
02:35alors que les oppositions sont de même nature que pour l'IVG et le mariage pour tous.
02:40Simplement, cette fois, en dénonçant les risques de dérive,
02:43les religions tentent d'échapper aux reproches de vouloir imposer leur dogme,
02:48d'interdire aux non-croyants de penser leur mort comme un choix
02:51après avoir voulu déjà les empêcher d'avorter
02:53ou de se marier avec une personne du même sexe.
02:56L'édito politique de Patrick Cohen.
02:59Tout de suite, le débat écho.

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