Crise Paris-Alger : une relation «totalement gelée» selon le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot

Europe 1

11/05/2025

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00:00Juste avant de parler de cette nouvelle agression d'un curé à Avignon,

00:05Arnaud Bénédetti, vous nous donnez des informations qui nous viennent d'Algérie,

00:08que vous découvrez en même temps que nous.

00:11Semble-t-il qu'on en a du mal à renvoyer des Algériens chez eux.

00:15Les Algériens n'ont pas de mal, eux, à renvoyer le personnel diplomatique chez nous.

00:19Oui, apparemment, c'est une des pêches de l'APS et l'agence de presse algérienne,

00:23donc on peut faire foi, en l'occurrence, à ce qu'ils disent,

00:26en ce qui concerne l'action de leur gouvernement.

00:28Bon, ils annoncent que le gouvernement algérien demande à 15 agents ressortissants de notre poste diplomatique

00:36de quitter immédiatement l'Algérie.

00:38Et pour quels motifs ?

00:39Il faudrait regarder de près, c'est sur des procédures d'affectation.

00:43Ils disent que les procédures d'affectation des diplomates sur leur poste n'auraient pas été respectées.

00:52Mais on voit bien, très clairement, qu'il s'agit d'un motif totalement fallacieux,

00:56qui ne visent qu'à tendre la relation qui est déjà suffisamment tendue entre la France et l'Algérie,

01:00enfin, entre Paris et Alger.

01:03Enfin, il faut noter quand même que, je rappelle, il y a 24h, il y avait des parlementaires français

01:07qui étaient en Algérie pour, tout simplement, aller faire repentance, une fois de plus,

01:13et qui nous disaient qu'ils étaient présents pour améliorer la relation entre Paris et Alger.

01:17On envoie le résultat avec un honte et une efficacité.

01:22Ils ont déshonneur et la défaite, en plus.

01:24Non, mais c'est pathétique.

01:26Non, mais c'est terrible, moi, je me sens, en tant que Français, je me sens humiliée par cette affaire.

01:31Très honnêtement, moi, j'ai quand même souvenir d'Emmanuel Macron, il y a quelques, je ne sais pas,

01:3510 jours, 15 jours, 3 semaines, je ne sais plus,

01:37qui disaient, ah, je fais confiance dans l'immense clairvoyance de M. Théboune,

01:42je sens que la libération de Boilem-Sensal va être imminente,

01:47non, mais la méthode forte, ce n'est pas la bonne, etc., etc.

01:50Et on voit bien que nous continuons à servir de paillassons à l'Algérie,

01:58et c'est vrai que c'est proprement.

01:59C'est vrai, mais vous savez, l'Algérie, elle joue de tout cela.

02:01Vous parlez des élus qui sont partis faire repentance pour ces tifs en Algérie.

02:10Moi, le premier Algérien qui fait repentance pour les crimes du FLN, vous me le montrez.

02:15Ce n'est pas demain la veille, les poules ont des dents.

02:18Et par ailleurs, je rappelle que la résolution,

02:21alors ce n'est pas que les résolutions servent à grand-chose,

02:23c'est comme les minutes de silence, c'est un peu des vieux pieux,

02:25mais néanmoins c'est symbolique.

02:26La résolution à l'Assemblée, réclamant la libération de Boilem-Sensal,

02:33non seulement certains députés de la France Insoumise ne se sont pas seulement abstenus,

02:38ils ont voté contre.

02:40Donc, si vous voulez, évidemment que l'Algérie joue de ses dissensions.

02:43Elle dit, vous voyez, il y a même des élus français,

02:45ils sont d'accord avec nous.

02:47Donc, vous rajoutez à cela, en plus, le souvenir d'Emmanuel Macron

02:50qui a parlé de crimes contre l'humanité s'agissant de la colonisation,

02:54Gérald Darmanin qui allait déposer une couronne de fleurs devant les martyrs,

02:57entre guillemets, du FLN.

02:58Bon, bref, nous sommes, depuis des dizaines d'années,

03:02dans la politique du paillasson,

03:03et j'ai l'impression que ce n'est pas prêt de s'arrêter.

03:05Non, mais, à se demander pourquoi.

03:06Vous avez des nouvelles de Boilem-Sensal, Ardo Benedetti ?

03:08Boilem-Sensal, les nouvelles qu'on a, vous savez, elles sont très sporadiques.

03:11L'Algérie, c'est un régime opaque.

03:13Ce que nous savons, c'est véritablement, de manière très parcellaire,

03:16il est actuellement incarcéré dans l'unité hospitalière,

03:21carcérale, pardon, de l'hôpital Moustapha.

03:24On nous dit qu'on lui prodigue des soins,

03:27mais vous savez, nous restons extrêmement circonspects,

03:30parce qu'encore une fois, ce sont des informations qui nous sont transmises sous contrainte

03:35par des gens qui sont sur place, mais qui savent qu'ils sont écoutés.

03:40Donc, on est face à un régime policier.

03:43Je voudrais dire une chose importante,

03:44parce qu'il faut que vraiment, maintenant, le gouvernement français,

03:47que les pouvoirs publics français passent la vitesse supérieure en la matière.

03:50L'Assemblée nationale a voté une disposition intéressante,

03:53ce lundi, lors de la proposition de résolution,

03:57c'est de faire Boilem Sansal un ambassadeur pour la francophonie.

04:01Maintenant, le Président de la République et M. Barraud ont cette possibilité,

04:06parce que, qu'on le veuille ou non, on sait très bien que symboliquement,

04:08il y aura un impact.

04:10Alors, je ne dis pas que Boilem Sansal sera libéré dans les 24 heures ou dans les 48 heures

04:13parce qu'il est nommé ambassadeur pour la francophonie,

04:16mais ça montra quand même que les Français, cette fois-ci,

04:18sont véritablement décidés à le protéger.

04:20Parce qu'il faut, non seulement le faire sortir,

04:22mais aussi, il faut le protéger sur place.

04:24parce que les conditions de détention sont des conditions difficiles.

04:28On sait qu'il y a des luttes de pouvoir à Alger

04:30et qu'il peut être, à un moment donné, victime de ces luttes de pouvoir.

04:33Donc, il faut tout faire pour sanctuariser, j'allais dire, son intégrité physique

04:37et le fait de le nommer ambassadeur, au moins pour la francophonie,

04:40constituera un levier, certes, insuffisant, mais en tout cas nécessaire.

04:43Mais un levier quand même, ce sera un signal envoyé.

04:44Moi, je crains que l'histoire retienne que la France a été incapable d'agir

04:50avec le Solzhenitsyn du Maghreb.

04:55C'est proprement terrible.

04:56Et je vois les mêmes mécanismes.

04:57Vous savez, du temps de Solzhenitsyn,

04:59toute la gauche se conspuyait en disant

05:01« Oui, mais bon, vous savez, il l'a un peu cherché

05:03parce qu'il critique beaucoup l'Union soviétique. »

05:06Mais c'est fou parce qu'on dit que l'histoire ne repasse pas les plats.

05:10Eh bien, si elle ne les repasse, ça ne sert de leçon à personne, tout ça.

05:13Bon.

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