00:00Et on va parler du Rassemblement National, ce grand meeting hier à Narbonne et le Rassemblement National donc autour de Marine Le Pen et de Jordan Bardella
00:09qui organisait un meeting centré en majeure partie sur la France qui travaille.
00:14Écoutez la chef de file des députés RN qui développe sa vision d'une justice économique dans un discours adressé en grande partie aux milieux patronaux.
00:22Le supplice réglementaire que nous faisons subir à nos acteurs économiques, agriculteurs, industriels, artisans, commerçants
00:28se traduit par un appauvrissement collectif, par l'effondrement du pouvoir d'achat, par l'explosion de la dette publique
00:35et par voie de conséquence la disparition progressive des services publics et l'explosion des impôts et des taxes.
00:42Voilà la situation de ceux qui travaillent, de ceux qui entreprennent aujourd'hui en France.
00:47Je n'hésite pas à le dire, ces héros du quotidien qui ne subissent pas seulement l'absurdité des contraintes imposées
00:53mais de surcroît le mépris ou la haine d'une partie de notre classe politique.
00:57Voilà Marine Le Pen hier à Narbonne. Alors Raphaël Stainville, c'est le grand écart.
01:02Parce que d'un côté on parle à la France qui travaille et de l'autre on drague le patronat.
01:08Oui mais je ne suis pas sûr qu'il faillait voir un grand écart.
01:13Une contradiction ?
01:14Non mais la sociologie du Rassemblement National, des électeurs du Front National,
01:18elle a considérablement évolué ces dernières années.
01:22Quand voilà encore 5 ou 10 ans, c'était un parti presque ouvriériste.
01:27Aujourd'hui de plus en plus de cadres, cadres supérieurs sont sensibles au discours du Rassemblement National
01:33parce qu'ils accordent peut-être davantage d'importance au volet sécuritaire, identitaire du Rassemblement National
01:42qu'aux perspectives économiques du Rassemblement National.
01:47Mais de cette manière, même Marine Le Pen, elle a évolué dans son discours
01:50et grandement aidée en cela par Jordan Bardella qui a peut-être une fibre
01:54plus proche de la droite libérale que ne l'est Marine Le Pen.
02:00Moi ce qui m'a troublé c'est de voir l'espèce de grand écart pour le coup
02:05entre un Jean-Luc Mélenchon qui a renoncé à parler aux ouvriers
02:08et qui d'une certaine manière, il l'a dit lui-même,
02:12a voulu faire de ce 1er mai le premier Rassemblement anti-raciste
02:15et Marine Le Pen qui à la fois parle aux ouvriers
02:17mais parle aussi de la mondialisation, de ses conséquences qu'elle a pu avoir
02:22et des normes qui finalement entravent les possibilités d'entreprendre de nombre de Français.
02:28Jean-Michel Salvatore ?
02:29Moi je me demande si en fait Marine Le Pen ne commence pas à se dire
02:32que soit Laurent Wauquiez, soit Bruno Retailleau
02:34vont finir par devenir des concurrents un peu gênants
02:37parce qu'évidemment eux sont sur une ligne économique beaucoup plus traditionnelle.
02:41Vous dites qu'elle chasse sur les terres de la droite républicaine.
02:46Mais elle a encore du chemin à faire Marine Le Pen sur au moins 3 gros sujets.
02:51D'abord sur l'Europe, parce qu'elle a, je dirais que bon évidemment
02:56elle s'est convertie à l'euro, elle s'est convertie à l'Europe
02:59mais enfin elle continue à dire que la contribution française à l'Europe est trop importante.
03:03Alors que s'il y avait un peu plus d'Europe, notamment sur la sidérurgie
03:08je pense qu'on n'en serait peut-être pas là avec Arcelor.
03:10Donc ça c'est le premier sujet à l'Europe.
03:13Deuxième sujet, la dépense publique.
03:16La dépense publique, Marine Le Pen, quand on lui dit
03:19il faudra peut-être réduire le nombre de fonctionnaires
03:21elle vous répond, ça c'est un truc de droite.
03:23Bah oui c'est un truc de droite mais c'est un truc de patron aussi
03:25qui considère qu'il serait peut-être plus compétitif
03:27si on dépensait moins d'argent.
03:28Et puis le troisième sujet c'est les retraites.
03:30Les retraites, les patrons considèrent qu'il faut travailler plus longtemps.
03:34Marine Le Pen, elle n'a pas encore fait ce chemin-là.
03:36Donc en économie, vous savez, il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour.
03:39Donc là il y a une grande déclaration
03:41mais il y a encore du boulot.
03:42On va écouter Jordan Bardella justement, le président du Rennes
03:45qui lui a lancé, toujours à Narbonne hier soir,
03:48un appel direct au chef d'entreprise.
03:49Le message que les maires du Rassemblement National
03:51envoient au chef d'entreprise est le suivant
03:53vous êtes les bienvenus.
03:55Venez créer de la richesse dans nos communes.
03:58Voilà Jordan Bardella
03:59et il dit le message que les maires du Rennes
04:02envoient au chef d'entreprise est le suivant
04:03vous êtes les bienvenus.
04:04Vous créez la richesse et l'emploi dans nos communes.
04:07On vous respecte, on vous accueille
04:08et par-dessus tout, on vous fait confiance.
04:11Je trouve que c'est plutôt bon signe.
04:14Ça veut dire que le Rassemblement National
04:15commence à comprendre certaines choses
04:17parce que c'est vrai que le programme économique
04:19du Rassemblement National
04:20le rapproche quand même pas mal
04:21d'un programme économique de gauche.
04:24Et donc, on voit bien qu'il y a quand même
04:26des différences de conception et de sensibilité
04:29entre Jordan Bardella et Marine Le Pen.
04:30Marine Le Pen, elle a un profil...
04:32Mais les deux, finalement, ensemble, ça fonctionne.
04:35Oui, ils se complètent en fait.
04:36Ça, c'est un grand classique.
04:37Ils ne sont pas les seuls.
04:38Dans d'autres partis politiques,
04:40les leaders peuvent avoir des conceptions
04:42un petit peu différentes.
04:42Mais là, comme on est vraiment sur, pour le coup,
04:43un tandem avec les...
04:45Mais pour moi, si vous voulez,
04:46il est clair que Retailleau leur fait peur
04:49parce que Retailleau, il est à la fois
04:51très ferme sur le régalien
04:54et puis assez libéral sur le plan économique.
04:57Bon, évoqué aussi.
04:59Et donc là, évidemment...
05:00Donc, c'est quand même nouveau ce qui s'est joué hier à Narbonne.
05:02Moi, je pense, oui.
05:03Mais d'abord, je pense que Marine Le Pen,
05:05elle a compris qu'elle était probablement
05:06une très bonne candidate de premier tour,
05:08mais que pour pouvoir espérer l'emporter au second,
05:10il fallait que sur un certain nombre de sujets,
05:13il fallait qu'elle bâtine,
05:15qu'elle élargisse son socle
05:17pour pouvoir espérer l'emporter.
05:18Après, on le voit depuis plusieurs années,
05:22les patrons qui étaient très réticents
05:24à l'idée de seulement discuter avec Marine Le Pen,
05:28aujourd'hui, acceptent d'inviter Marine Le Pen
05:32et Jordan Bardella.
05:33Il y a encore quelques jours,
05:34c'était Jordan Bardella qui était invité
05:36de Sophie de Menton et de son mouvement éthique.
05:39Il y a quand même quelque chose qui est nouveau