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  • 23/04/2025

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro. Bonjour Alexis Brézé.
00:05Bonjour Jacques, bonjour à tous.
00:06Aussitôt après sa mort, Emmanuel Macron a rendu hommage au pape François et a fait savoir qu'évidemment il assisterait à ses obsèques.
00:13Et pourtant, et pourtant, rétrospectivement, Alexis, on ne peut pas s'empêcher d'observer François et la France d'Emmanuel Macron comme une grande incompréhension.
00:22Alors, soyons honnêtes Jacques, la France n'a pas été le seul pays à être victime de ce qu'il faut bien appeler le désintérêt papal.
00:32Pontife des marges et des périphéries, François a multiplié les voyages de l'Albanie au Bangladesh,
00:39dans des pays où les catholiques sont très minoritaires ou dans les nations du sud global,
00:43sans jamais cacher son peu d'enthousiasme pour la vieille Europe, trop bourgeoise, trop repue, trop égoïste à ses yeux.
00:51Mais il est vrai qu'avec la France, l'affaire est un peu spéciale.
00:55Car alors qu'il n'a jamais mis les pieds, par exemple en Allemagne, en Espagne ou au Royaume-Uni,
00:59le pape s'est rendu dans notre pays.
01:02Il y est même allé trois fois.
01:03A Strasbourg en 2014, à Marseille en 2023, à Ajaccio en 2024.
01:08Trois fois.
01:08Vous allez me dire de quoi nous plaignons nous, où est le problème ?
01:10Moi j'allais vous le dire.
01:11Eh bien, le problème, c'est que trois fois, le pape François a mis un point d'honneur
01:17à faire savoir publiquement qu'il ne s'agissait surtout pas d'une visite officielle
01:22et que d'ailleurs ce n'était même pas à la France qu'il rendait visite.
01:25A Strasbourg, c'est le Parlement européen qu'il allait voir.
01:29A Marseille, il a bien précisé qu'il était là pour participer à une conférence sur la Méditerranée.
01:34Et à Ajaccio, c'est un colloque sur la religiosité populaire qu'il a honoré de sa présence.
01:39Il faut bien avouer que cette obstination à nier l'évidence a quelque chose de délibérément vexant.
01:45Mais vous pensez, Alexis, qu'on peut dire que François n'aimait pas la France ?
01:49Alors, c'est vrai que par rapport à la francophilie affichée par ses prédécesseurs,
01:54Benoît XVI qui parlait un français admirable,
01:56Jean-Paul II qui est venu onze fois dans notre pays et qui a déplacé des foules innombrables,
02:02le contraste est saisissant.
02:04Alors, le Vatican s'est donné beaucoup de mal depuis douze ans pour nous expliquer
02:07que non, que le pape François, au contraire, aimait beaucoup notre pays,
02:12qu'il avait une dévotion toute particulière pour Sainte-Thérèse de Lisieux,
02:15pour Charles de Foucault, une admiration immense pour l'œuvre de Blaise Pascal.
02:19C'est sûrement vrai.
02:21Enfin, il n'est pas impossible qu'une certaine arrogance française
02:24lui ait inspiré un sérieux agacement.
02:27Et puis, il y a aussi des raisons politiques qu'il ne faut pas négliger.
02:30Alors, on nous a parlé de la laïcité.
02:31Bon, il me semble que depuis 1905, le Vatican a eu le temps de s'habituer à cette bizarrerie française.
02:37Non, les réformes sociétales diamétralement contraires à la doctrine catholique
02:42sont un motif de brouille beaucoup plus sérieux.
02:45L'élargissement de la PMA, la constitutionnalisation de l'IVG,
02:49et maintenant l'euthanasie, il ne fallait pas s'attendre aux applaudissements d'un pape,
02:54quel qu'il soit.
02:54Et la relation personnelle entre Emmanuel Macron et le pape François
02:58n'a pas permis de dissiper cette défiance.
03:00Ça, c'est ce qu'Emmanuel Macron a cru,
03:02que son bagou, sa capacité de séduction, allait tout faire passer.
03:05Vous vous rappelez, Jacques, l'écrit de joie à l'Elysée
03:07après sa première audience officielle au Vatican en 2018 ?
03:11La rencontre avait duré deux fois plus longtemps que prévu.
03:14Le pape et le président, rendez-vous compte, s'étaient tutoyés.
03:18Chose jamais vue, ils s'étaient séparés sur une embrassade.
03:21Bon, apparemment, le pape François,
03:23peut-être parce qu'il n'appréciait pas tant que ça qu'on le tutoie ou qu'on l'embrasse,
03:27n'a pas partagé ce bel enthousiasme.
03:30Et c'est ainsi, par la suite,
03:32que le président français a dû quémander
03:34pour être reçu entre deux portes dans un aéroport
03:37et qu'on a fini, six ans plus tard,
03:40par cet affront d'une violence symbolique inouïe quand on y pense.
03:44Le chef de l'Église catholique,
03:46parce qu'il a craint d'être instrumentalisé
03:49pour la plus grande gloire d'Emmanuel Macron,
03:52n'a pas souhaité bénir la renaissance du Notre-Dame de Paris.
03:56L'édito politique sur Europe 1 signé Alexis Brézé.
04:00Merci Alexis.

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