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  • 17/04/2025

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00:00Il est 7h44, comment est-ce que vous parlez de la violence avec les jeunes ?
00:05Vous avez la parole, on vous attend 04-76-46-45-45.
00:08Oui, on en parle ce matin pour deux raisons.
00:10D'abord, car il y a eu ces derniers mois des faits violents.
00:12On pense au jeune Thomas tué à Crépaule, tout près de Romain-sur-Isère,
00:17ou encore à l'employé municipal Lilian Daugent, grenoblois.
00:21Le suspect, on le rappelle, n'a que 25 ans.
00:23Déjà 19 condamnations à son casier judiciaire.
00:26Et puis la deuxième raison, c'est votre initiative à Boudiègne.
00:29Bonjour.
00:30Bonjour.
00:30Merci d'être notre invité ce matin, vice-président de l'Union Sportive du Village Olympique, l'USVO.
00:35Vous avez organisé une rencontre entre des collégiens grenoblois
00:38et des acteurs de la comédie musicale La Haine, inspirée du film de Mathieu Kassovitz.
00:44On pourra la voir d'ailleurs cette comédie musicale demain et après-demain au Palais des Sports de Grenoble.
00:49Parlez violence avec les jeunes à travers une comédie musicale, c'est assez original.
00:55Est-ce que ça marche ? Vous les avez sentis comment les jeunes ?
00:57Je pense qu'on a réussi à les toucher.
00:59Parce qu'il faut savoir que le projet n'était pas uniquement autour de la comédie musicale,
01:06c'était autour de tout le contexte qu'il y a actuel dans le pays, dans la région à Grenoble.
01:11Vous les avez fait rencontrer un sociologue par exemple ?
01:14En l'occurrence Marouane Mohamed, qui est sociologue et chercheur au CNRS, c'est une pointure à ce niveau-là.
01:21Il est venu, il a réussi à mettre des mots sur certaines choses que nous on n'avait pas forcément pointé du dos en fait.
01:30Et lui il a su nous les expliquer, il a su les sensibiliser, il a su les mettre en confiance,
01:34et il a eu un discours adéquat parce qu'aujourd'hui il faut savoir que tous ces jeunes, il y a une fracture avec eux les adultes.
01:42Ils ont un problème de communication et un problème d'identité aussi.
01:48Et nous parfois, on a un peu du mal à les comprendre.
01:51Et Marouane Mohamed, heureusement, qui a fait beaucoup de recherches et d'études là-dessus,
01:56a réussi à trouver les mots pour ouvrir un dialogue avec eux.
02:01Parce que vous parliez du contexte grenoblois assez lourd, ils en sont conscients eux aussi,
02:05ils le subissent parfois, c'est un sujet pour eux, la violence aujourd'hui ?
02:09Bien sûr, ils en sont conscients, ils le subissent, ils le vivent.
02:13Après, nous on a eu des collégiens, ils sont encore jeunes.
02:16C'est pour ça qu'on s'est tourné vers eux justement, pour les sensibiliser et pour essayer d'inverser la tendance justement.
02:21On s'est associés avec la MCD à l'Aubroge et son président, Waleb Kismoun,
02:27qui a fait un travail exceptionnel avec les collèges olympiques et standard
02:31et avec Grenoble École de Management.
02:34Pour justement qu'il y ait plusieurs profils.
02:40Oui, et on va les entendre d'ailleurs ces jeunes qui sont assez réceptifs effectivement au message
02:46que vous avez tenté de leur faire passer,
02:48et notamment avec cette rencontre avec les acteurs de la comédie musicale.
02:52Écoutez ce qu'en ont retenu les jeunes.
02:54Et la haine, ça ne rapporte rien en fait, qu'il y ait des problèmes.
02:57J'ai vu le film, il y a une personne, il voulait se venger de son pote,
03:03au final les deux ils sont morts en fait.
03:04La vengeance, ça rapporte soit à ta propre mort, soit à rien en fait.
03:10Je viens dans un quartier calme, ça m'a permis de savoir qu'il y avait des violences
03:14que moi je n'avais pas l'habitude de voir, donc j'étais très contente de pouvoir apprendre des nouvelles choses.
03:19Le discours, j'ai beau l'entendre 3000 fois par le créateur de l'USVO,
03:23ça m'a quand même très marqué, comme l'on dit le film, la haine attire la haine.
03:27Voilà, ça les a très marqués.
03:29Ils disent, ça vous inspire quoi ces réponses de jeunes ?
03:32C'est que le message il est un peu passé, parce que je sais que moi je n'avais pas forcément entendu
03:37ce que les jeunes avaient ressenti, je n'avais pas entendu leur retour.
03:42Et en fait en sortant, j'ai une dame qui m'a interpellé, à Grenoble école de management
03:46quand on était avec Maronne Mohamed, et qui m'a dit, excusez-moi, j'étais ce matin au collège olympique.
03:51Et en sortant, il y a deux jeunes qui ont dit, franchement, leurs paroles elles m'ont fait gamberger.
03:57Et moi, à partir de là, je pense que c'est un début de mission accomplie.
04:03Nous, on veut surtout les sensibiliser sur ces choses-là.
04:05C'est très important, parce que comme je dis toujours, c'est les futures citoyennes demain en fait.
04:09Comment parler de la violence avec les jeunes dans l'actualité ?
04:13On en parle beaucoup, mais comment en parler avec les jeunes, les collégiens notamment ?
04:16C'est notre sujet ce matin de discussion, Mathieu.
04:18Voilà, quelque soit la manière dont elle peut se traduire, que ce soit celle qu'ils subissent,
04:21celle dont ils sont témoins, 04 76 46 45 45.
04:25Appelez-nous, vous avez encore quelques minutes.
04:27On a envie d'entendre, justement, vos témoignages.
04:29Si vous y arrivez, si vous n'y arrivez pas aussi, quelles peuvent être les difficultés ?
04:32On a déjà quelques témoignages sur notre page Facebook.
04:34Soisic Pelé ?
04:34Un peu pessimiste, malheureusement, ces témoignages sur la page Facebook d'Issy-Isère.
04:39On a Guy qui nous dit, il est beaucoup trop tard pour se poser la question,
04:42pas seulement pour les jeunes, la violence est partout en ce moment.
04:46Et puis Eliane qui nous dit, moi je suis d'une génération peace and love,
04:50cette violence me fait peur, j'en parle pas du tout d'ailleurs avec mes petits-enfants,
04:54parce qu'on dirait que ça fait partie de leur quotidien.
04:56Et c'est plutôt grave.
04:58Vous avez ce blocage, appelez-nous pour nous en parler aussi, on vous attend.
05:00Et on en parle avec notre invité ce matin, Abou Dieng, vice-président de l'Union sportive du village olympique.
05:05Ça illustre bien ce que vous disiez au tout début de l'interview sur la fracture qui peut exister
05:09entre des jeunes et puis des plus âgés pour parler de ce sujet-là.
05:13Eliane sur notre page Facebook dit, la violence elle fait partie de leur quotidien.
05:18Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
05:20Je suis tout à fait d'accord avec ça.
05:21C'est malheureux, mais avec l'avènement des réseaux sociaux malheureusement,
05:26ils ont tout un tas d'images qui leur arrivent et ils n'arrivent pas à faire le tri parfois.
05:30Il y a beaucoup d'images violentes.
05:32C'est la faute aux réseaux sociaux beaucoup ?
05:34A la faute !
05:35Au téléphone portable aussi, je crois.
05:36Vous parliez du téléphone portable comme une arme de destruction massive.
05:39Bien sûr.
05:41Pour moi, le téléphone portable peut être un outil ultra positif comme ultra négatif.
05:46S'il n'est pas utilisé à bon escient, ça peut être une arme de destruction massive.
05:50De quoi ? De harcèlement par exemple ?
05:51De harcèlement.
05:52Vous savez, nos jours, parfois, il y a des choses qui se produisent
05:55et les jeunes ont tendance à filmer tout ce qui se passe.
05:59Et c'est viral.
06:01Ça se transmet de droite à gauche.
06:02Et on a déjà eu des cas de personnes qui se sont suicidées
06:05suite à des vidéos de harcèlement sur les réseaux sociaux.
06:08Donc, pour moi, c'est une arme de destruction massive.
06:11Si elle n'est pas utilisée à bon escient, à contrario,
06:13je pense que si on envoie plus de bonnes ondes
06:15et si on les sensibilise plus sur ces sujets-là,
06:20je pense que ça peut être quelque chose de plus positif.
06:23Par le théâtre, par la comédie musicale, par le sport aussi.
06:26Vous en êtes un acteur à l'USVO.
06:28Vous savez ça par exemple.
06:30Comment vous parlez quand il y a une bagarre sur un terrain de sport ?
06:32Comment vous en parlez avec les jeunes ?
06:34On essaye déjà d'isoler les protagonistes.
06:36Quand il y a une bagarre entre eux,
06:37on va dire qu'il y a un conflit entre deux jeunes.
06:39On essaye de les prendre tous les deux,
06:40de leur parler, de leur expliquer qu'ils sont ici pour faire du sport.
06:44Parfois, si c'est avec un adversaire,
06:47qu'ils ne sont peut-être pas le même maillot,
06:48mais qu'ils ont peut-être la même vie, que c'est les mêmes en fait.
06:50Comme Marouane Mohamed a expliqué,
06:53la personne que vous avez en face,
06:54quand je parle par exemple du phénomène des bandes,
06:57souvent la personne que le jeune va avoir en face,
07:00leur seule différence, c'est leur situation géographique.
07:03S'ils habiteraient au même endroit,
07:05ils seraient peut-être voisins, ils seraient même que potes.
07:07Et au foot, c'est pareil en fait.
07:08S'ils avaient le même maillot, ils seraient peut-être copains.
07:10Et quand c'est des copains de la même équipe,
07:12on leur dit, vous défendez les mêmes couleurs,
07:14vous avez le même maillot,
07:16vous êtes là pour vous entendre,
07:17vous avez le droit d'avoir des divergences,
07:19mais en venir aux mains ou à la violence,
07:22non, on n'est pas là pour ça.
07:23On est là pour faire du sport,
07:25on est là pour partager un moment ensemble,
07:27et surtout pour s'amuser.
07:28Et ça, ce message, il passe,
07:30vous avez l'impression que ça marche ?
07:32Ça marche.
07:32À travers le sport, il faut utiliser comme ça des canaux de ce type-là ?
07:35Bien sûr, il ne faut pas lâcher en fait.
07:36Il faut être persévérant, il ne faut pas lâcher.
07:39C'est un travail de longue haleine, c'est sûr,
07:41mais il ne faut pas lâcher en fait.
07:43Pour moi, ça reste des enfants.
07:45Je parlais en introduction de certaines affaires
07:46qui ont fait beaucoup de bruit dans les médias,
07:48l'affaire Thomas à Crépole,
07:49Lilian Dejean évidemment à Grenoble.
07:51Est-ce que ça, les jeunes s'y intéressent ?
07:53Vous avez l'impression.
07:55Comment ça les impacte ?
07:56Ça les impacte sur le fait que...
08:00Vous savez, moi je fais partie d'une génération
08:01où on n'avait pas conscience de la mort
08:04quand on était plus jeunes.
08:05Aujourd'hui, ils en ont conscience très tôt.
08:07Donc ça les impacte.
08:08Il y en a qui nous en parlent,
08:10parce qu'ils voient qu'il y a un retentissement médiatique,
08:14donc ils se posent beaucoup de questions,
08:15et ils viennent à nous nous poser des questions parfois.
08:17Parce qu'on a beaucoup de jeunes qui ont confiance en nous.
08:19Donc peut-être que dans la sphère familiale,
08:21ils n'osent pas en parler,
08:22mais qu'au club, ils viennent nous en parler.
08:25Et on essaie de désamorcer, de leur expliquer,
08:28mais parfois c'est vrai que c'est vraiment compliqué.
08:29Dresser et partager des bonnes ondes
08:31pour faire face à la violence.
08:33On a essayé de le faire un petit peu ce matin avec vous,
08:35Abou Dieng.
08:35Merci en tout cas d'avoir été notre invité ce matin.
08:38Je vous en prie, merci à vous.
08:39Merci de l'invitation.
08:40Je vous en prie, vice-président de l'Union Sportive du Village Olympique.
08:43Je rappelle aussi que vous pouvez aller voir cette comédie musicale La Haine,
08:47inspirée du film Mathieu Kassovitz.
08:48On pourra la voir demain et après-demain au Palais des Sports de Grotte.

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