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  • 10/05/2025
De l'autre coté du ring
VF/Version française

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Transcription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30J'ai appelé ma femme pour lui dire que je rentrais à la maison.
00:33Elle m'a demandé pourquoi et s'il était arrivé quelque chose.
00:37J'ai dit oui, tout le monde est mort.
00:40Le 4 juillet 1988, trois lutteurs professionnels sont tués dans un accident tragique sur une autoroute isolée de Terre-Neuve au Canada.
00:49La plus connue des victimes est la grande vedette de la World Wrestling Federation,
00:55The Adorable Adrian Adonis.
00:58Les circonstances entourant l'accident sont devenues une légende urbaine dans le monde de la lutte,
01:02alimentant des décennies de débats et de spéculations.
01:06On m'a raconté qu'ils étaient complètement ivres.
01:10Le conducteur a vu un orignal.
01:12En voulant l'éviter, ils ont plongé dans le ravin sous un pont.
01:21Les employés du promoteur les suivaient et ils ont vidé leur poche.
01:26L'un d'eux a survécu. J'ignore comment.
01:28La tragédie a coûté la vie à trois lutteurs
01:35et laissé un seul survivant,
01:40hanté par ce qu'il a vu ce soir-là.
01:46Je ne l'oublierai jamais.
01:48Vous avez de la chance d'être vivant.
01:52C'est vrai.
01:54J'en remercie Dieu.
01:55J'avais tous les rochers devant vous,
02:09ces ordures,
02:11ces ignorants,
02:12ces profiteurs
02:13et ces gérants d'estrade.
02:15Vous pensez connaître quelque chose à la lutte,
02:17mais vous n'y connaissez rien.
02:19Dans les années 1980,
02:21la World Wrestling Federation
02:23de Vince McMahon
02:24exhibe un monde plus grand que nature
02:26rempli de héros,
02:27de méchants
02:28et d'un éventail changeant
02:29de durs à cuir colorés.
02:31Toutefois,
02:32peu le sont autant que
02:33The Adorable
02:34Adrian Adonis.
02:36Adrian Adonis
02:38était l'un des meilleurs lutteurs
02:40poids lourds de l'industrie à l'époque.
02:42C'est très décevant.
02:44Adrian Adonis
02:45était un lutteur unique.
02:47D'emblée,
02:48on ne pouvait pas dire
02:49qu'il avait un physique
02:50à l'allure acrobatique.
02:52Regardez ça!
02:53Pourtant, il était
02:54un lutteur incroyable.
02:56Incroyable.
02:58Son sens du rythme
02:59le rendait exceptionnel.
03:01Un ours dansant!
03:02Il tourbillonne
03:03et tombe!
03:04Le pied léger,
03:05il ne bougeait comme personne.
03:07Malgré ce que ces amateurs
03:08peuvent penser,
03:09Adrian Adonis
03:10fait des dégâts terribles
03:12dans le ring.
03:13Le talent d'Adrian
03:14pour provoquer et repousser
03:15les limites
03:16le catapulte
03:16au sommet de la carte.
03:18Il se voit confier
03:19un segment hebdomadaire prisé,
03:21The Flower Shop.
03:22Sens-moi ça!
03:24Les gays
03:25qui sont détestés
03:26par les hétérosexuels,
03:27c'était l'idée
03:28derrière le personnage.
03:29L'industrie
03:30de la lutte professionnelle
03:31débordait de stéréotypes.
03:34Souvent,
03:34ils prenaient des hommes
03:35plus gras
03:35qui se teignaient
03:36les cheveux en blanc.
03:38C'était le stéréotype.
03:40Je vais le dire
03:41et l'avouer tout de suite!
03:42Tout le monde
03:43veut l'entendre
03:44et je vais le dire!
03:44Oui,
03:45je suis gay.
03:51Edwin connaissait
03:52assez bien
03:52l'industrie
03:53pour savoir
03:54quoi faire
03:54pour que les gens
03:55le détestent
03:56et c'est ce qu'il faisait.
03:58Il n'y a pas
03:59grand-chose
03:59d'adorable
04:00chez lui.
04:01Toutefois,
04:02le personnage flamboyant
04:03qu'il incarne
04:04dans le ring
04:04peut difficilement
04:06être plus loin
04:06de l'homme
04:07qui se cache
04:07réellement derrière.
04:08On voit vos racines noires.
04:12Je suis un plomb naturel.
04:13Qu'est-ce que tu racontes?
04:15Ce n'était pas
04:15un mauvais lutteur.
04:17C'était un véritable dur
04:18qui avait livré
04:20sa part de bagarres
04:21de rue dans la vie.
04:23Je m'appelle
04:23Bret the Hitman Hart,
04:24cette fois champion
04:25de la WWE,
04:26de la WCW
04:28et membre du temple
04:28de la renommée
04:29de la WWE.
04:30Il va utiliser le poing!
04:32Regarde!
04:33The Hitman Bret Hart!
04:34J'étais un ami proche
04:36du regretté
04:36Adrian Adonis.
04:38Né Keith Franke,
04:39le futur Adrian Adonis
04:41grandit dans un quartier
04:42de la classe ouvrière
04:43de Buffalo
04:44dans l'état de New York.
04:45Il est né
04:46et a grandi à Buffalo.
04:48On a grandi
04:49dans le secteur
04:49ouest de la ville,
04:51un quartier dur
04:52à 90% italien.
04:53Je ne l'ai jamais vu
04:54perdre une bagarre
04:55de ma vie.
04:56Quand il affichait
04:57ce ritus,
04:57on savait qu'il fallait
04:58ficher le camp
04:59si on ne voulait pas
05:00d'ennui.
05:01Je m'appelle
05:01Anthony Gugino
05:03et j'étais un ami proche
05:04du lutteur Keith Franke,
05:06surnommé Adrian Adonis.
05:08On ne pouvait pas
05:10s'empêcher de l'aimer.
05:12Il avait un cœur en or.
05:14Il aurait donné sa chemise
05:15pour les autres,
05:16mais si on le mettait
05:16en colère,
05:18il pouvait nous soulever
05:19et nous projeter au sol
05:21facilement.
05:23Keith était mon Luca Brazi.
05:25Je mesure un mètre et soixante-cinq
05:28et je pèse cinquante-quatre kilos.
05:30Il faisait un mètre et quatre-vingt-huit
05:31et cent-dix kilos.
05:32Si quelqu'un me devait de l'argent,
05:34j'arrivais avec Keith,
05:35le gars le regardait
05:36et disait,
05:37OK.
05:38Il avait de bons contacts.
05:41Si on disait
05:42qu'on était avec Adrian,
05:44ça nous ouvrait les portes
05:45pour aller où on voulait.
05:46On a d'abord été
05:49dans une fraternité
05:50à l'école secondaire,
05:51la Kappa Beta.
05:53Puis on est entrés
05:54dans un gang de rue
05:55et ensuite,
05:55on s'est mis à se battre
05:57avec tout le monde.
06:00On était les pires bruts
06:01de Buffalo.
06:03On avait une cible
06:04dans le dos.
06:05La plupart de nos amis
06:06sont devenus gangsters.
06:08Keith avait un but.
06:10Pourquoi gâcher sa vie
06:11à se battre
06:12contre ces idiots
06:13quand on peut devenir
06:14quelqu'un?
06:15Il savait qu'il devait agir.
06:19Il voulait faire de la lutte.
06:21Je lui ai dit
06:21que si c'était
06:22ce qu'il voulait,
06:23il devait se lancer.
06:25Adrian quitte l'école
06:27pour se concentrer
06:27sur la lutte
06:28et il apporte son expérience
06:30des combats de rue
06:31dans le ring.
06:32J'ai vu Adrian
06:33quand il a commencé
06:34à Amarillo, Texas.
06:37J'avais 15 ou 16 ans
06:38et Adrian a dit au public
06:39qu'il était prêt
06:40à affronter n'importe qui.
06:41Il y a eu de la publicité
06:46disant que si on pouvait
06:47tenir dans le ring
06:48avec Adrian Adonis
06:49pendant 10 minutes,
06:51on remporterait
06:5210 000 dollars.
06:54Quatre ou cinq gars
06:54se présentaient,
06:55il leur posait des questions
06:56à l'extérieur du ring.
06:59Puis ils montaient
07:00et Adrian les assommait.
07:03Ça vous donne une idée
07:04de sa personnalité.
07:05Il était téméraire.
07:06Il fallait être un vrai dur
07:08pour accepter
07:09de se battre
07:09contre n'importe qui.
07:11Il ignorait
07:11sur qui il pouvait tomber.
07:14Je m'appelle Dave Meltzer,
07:16éditeur du Wrestling Observer
07:17Newsletter
07:17et je couvre
07:18la lutte professionnelle
07:19depuis 1971.
07:21Il ne se contentait pas
07:22de surclasser le gars
07:23car il aurait pu dire
07:23qu'il avait tenu le coup.
07:25Il devait laisser des marques.
07:27Il devait le frapper au visage
07:28ou lui fracturer un os
07:29afin que le gars
07:31aille raconter
07:32que les lutteurs
07:32étaient des tueurs.
07:34Adrian était ce genre
07:35de brut.
07:38La taille,
07:39l'apparence
07:40et l'instinct
07:40du tueur d'Adrien
07:41lui valent enfin
07:42une place
07:43dans l'une des fédérations
07:44les plus populaires
07:44aux États-Unis,
07:46l'American Wrestling Association
07:47de Vern Gagné.
07:49On savait tous
07:50ce qu'il était.
07:51Il était super.
07:52Je m'appelle Greg Gagné.
07:54J'ai lutté
07:54pendant 18 ans
07:55dans l'AWA.
07:56La prise du sommeil
07:58de Gagné.
08:00Mon père était
08:01Vern Gagné,
08:02une légende
08:03de la lutte professionnelle.
08:05Quand Adrian est arrivé,
08:07Vern l'a tout de suite aimé.
08:09Il aimait sa présence
08:10dans le ring.
08:11Il l'a ensuite placé
08:12en équipe
08:13avec Jesse Ventura.
08:16Quelqu'un va devoir payer.
08:17Quelqu'un va payer cher,
08:19n'est-ce pas, Adrian?
08:20Certainement.
08:21Écoute bien,
08:22Stanley Blackburn.
08:23Jesse était celui
08:24qui s'exprimait le mieux,
08:25mais Adonis
08:26ne s'exprimait pas mal.
08:27Ils interagissaient très bien.
08:29Adonis portait une veste de cuir
08:31avec le signe
08:32des Yankees de New York.
08:33Dans le Midwest,
08:34c'était parfait
08:34pour un méchant.
08:35Le motard de New York
08:37se frottait
08:38au héros du Midwest.
08:39Le Golden Boy,
08:41Adrian Adonis.
08:44Il évoluait
08:44dans l'AWA
08:45avec Greg Gagné
08:46et Jim Brunzel.
08:48Il faisait des pirouettes.
08:49Quand on l'envoyait
08:50dans le coin,
08:50il faisait un saut
08:51à la Ric Flair.
08:52Il donnait
08:53à Greg Gagné,
08:54qui était mince,
08:56l'air d'un méchant,
08:57d'un dur à cuire.
08:58Il encaissait
09:01les coups
09:01de Jim Brunzel.
09:03C'est vraiment là
09:04qu'il est passé
09:05d'un très bon lutteur
09:06à une véritable vedette.
09:09Ses coups,
09:10ses réactions,
09:11ses expressions faciales
09:13et sa façon
09:14de faire l'intimidateur
09:16au micro.
09:17Il y a quelques semaines,
09:18Ray Stevens
09:18et Pat Patterson
09:19nous ont lancés
09:20un soi-disant défi.
09:22Il joignait
09:22l'acte à la parole.
09:23Il avait un talent
09:24exceptionnel.
09:25Jump in,
09:26Jim Brunzel !
09:28Je m'appelle
09:29Jim Brunzel,
09:30surnommé
09:31Jump in,
09:31Jim Brunzel.
09:33J'ai lutté
09:34pendant 28 ans.
09:36Edwin savait
09:37quand provoquer
09:38et quand attaquer
09:40le gentil.
09:41On était si fiers
09:42de lui.
09:43L'un de nous
09:44était devenu
09:44une vedette.
09:46À la télé,
09:47on voyait notre ami
09:48qui avait grandi
09:49dans l'ouest de Buffalo
09:50où personne n'avait rien.
09:53Vous n'avez pas idée
09:54des fêtes
09:54qu'on a organisées.
09:55après avoir passé
09:58des années
09:58à faire son nom
09:59dans l'AWA
10:00à travers le pays,
10:02Adrian signe finalement
10:03avec la WWF
10:05de Vince McMahon.
10:06J'ai des cicatrices
10:07sur le visage.
10:08On va frapper l'épaule
10:09à coups de bâton.
10:11Quand je suis arrivé
10:11dans la WWE
10:12en 1984,
10:14je n'étais personne.
10:16J'étais un petit poisson
10:17dans l'océan.
10:18Adrian
10:19était un requin.
10:21Regardez toute la confiance.
10:23Il savait tout
10:24de l'industrie.
10:25J'ai essayé
10:26de tisser des liens
10:27avec lui
10:27pour devenir son ami.
10:29Je me souviens
10:29d'être allé
10:30dans la chambre
10:30d'Adrien Adonis.
10:32Jim Nidart
10:33m'avait invité.
10:35J'étais mal à l'aise
10:36parce que je sentais
10:36que je n'y serais pas
10:37le bienvenu.
10:40Adonis ne me faisait
10:41pas confiance.
10:43J'étais trop proche
10:43du promoteur.
10:45J'allais probablement
10:47le dénoncer.
10:48Jim a regardé
10:49par le Judas
10:50et j'ai entendu
10:50Adrian dire
10:51« C'est Brett,
10:52ne laisse pas entrer. »
10:53et Jim a répondu
10:54« Non, c'est un bon gars,
10:55laisse-le entrer. »
10:56J'ai entendu
10:56le bruit de la chaîne
10:57et Jim m'a fait entrer.
11:00Adrian avait mis
11:01de la cocaïne
11:02sur un miroir
11:03et il la séparait.
11:07C'était
11:07un tournant
11:09pour moi
11:09parce que je me retrouvais
11:11dans la même pièce
11:12que Roddy Piper,
11:14Mr. Fuji
11:15et Iron Sheik.
11:16J'avais l'impression
11:19d'être sous l'arbre
11:19de la connaissance.
11:22Je prenais de la cocaïne
11:22avec ces gars
11:23jusqu'à 4 ou 5 heures
11:24du matin.
11:26C'étaient les plus grands
11:27esprits créatifs
11:28de la lutte
11:29à cette époque.
11:30C'était tellement important
11:32pour moi
11:32d'être dans cette pièce
11:33avec ces gars
11:34pour les écouter
11:35et apprendre
11:36tous les secrets
11:37de l'industrie
11:37et la psychologie
11:38de la lutte.
11:39Je n'ai jamais vu
11:44ces années
11:44comme du temps perdu.
11:47La cocaïne
11:47était aussi présente
11:48que la marijuana
11:49l'avait été
11:50dans les années 1960.
11:52Tout le monde
11:52en prenait.
11:54Quand on rencontrait
11:55quelqu'un dans un bar,
11:56on lui serrait la main
11:57et il nous glissait
11:58de la cocaïne
11:59dans la main.
12:00C'était une trousse
12:00de démarrage.
12:02Il nous disait
12:03« C'est la maison
12:04qui offre.
12:05Tu auras l'occasion
12:06de nous payer un jour. »
12:09Adrian se défonçait
12:10tous les soirs.
12:11Tous les soirs.
12:13Si vous cherchez
12:13fait tard dans le dictionnaire,
12:15vous trouverez
12:15une photo
12:16d'Adrien Adonis.
12:17Le problème
12:18avec la cocaïne,
12:20c'est que ça le transformait
12:22en monstre rapidement.
12:24Il pouvait regarder
12:25un feuilleton
12:26à la maison
12:27un après-midi,
12:28puis exploser.
12:31Pesant 114 kilos,
12:34Adrian Adonis !
12:37Maintenant,
12:37membre de l'équipe
12:38de la WWF,
12:40en plein âge d'or
12:41des années 1980,
12:43Adrian Adonis
12:44est voué au succès.
12:46En coulisses,
12:46les pièges du succès
12:47commencent à se refermer.
12:51Plusieurs lutteurs
12:52étaient accros
12:53à la cocaïne.
12:56On a commencé
12:57à comprendre
12:58que ce n'était pas
12:59la drogue douce
13:00qu'on avait crue
13:00au début.
13:02C'est une drogue dure
13:03dont il faut se sevrer
13:05et qu'il faut éviter.
13:06Jim Nidart et moi,
13:09on a abandonné.
13:11Il ne nous restait plus
13:11d'énergie.
13:12On ne pouvait plus
13:13se droguer
13:13et fêter toute la nuit.
13:15On a arrêté
13:15de faire la fête
13:16avec les autres.
13:17C'était trop.
13:18Ils étaient tous
13:21des cocaïnomanes.
13:22Détrompez-vous,
13:23ils faisaient tous
13:24la fête.
13:25Tout le monde
13:26dans cette industrie,
13:28à part peut-être
13:29une personne sur cent,
13:31faisait la fête.
13:33C'était continu.
13:36Ils luttaient
13:37et s'amusaient,
13:38mais ils faisaient
13:38la fête.
13:40Un soir,
13:41je finissais ma bière
13:42avant d'aller me coucher.
13:44J'ai entendu
13:45un coup à la porte.
13:46J'ai ouvert
13:47et c'était Edwin.
13:49Il m'a dit
13:50qu'il allait se tuer.
13:51Il voulait que je prenne
13:52son sac de cocaïne
13:53et que je le garde
13:54à sa place.
13:55J'ai accepté.
13:58Environ 4 heures
13:58et demie plus tard,
14:00j'ai encore entendu
14:01des coups.
14:02Quoi ?
14:02Il était 5 heures
14:03du matin.
14:04J'ai ouvert la porte
14:05et Edwin semblait
14:06en colère.
14:07Il m'a demandé
14:08où était la cocaïne.
14:09J'avais intérêt
14:10à ne pas lui en avoir pris.
14:11Je lui ai donné
14:11et il est reparti.
14:12Sa femme
14:16ne devait pas s'en douter.
14:17Il ne devait pas
14:18faire ça à la maison.
14:21Quand il était
14:22avec sa femme,
14:23c'était un homme
14:23complètement différent.
14:25Il était comme
14:25Dr. Jekyll
14:26et Mr. Hyde.
14:28Je ne connais
14:28aucun père de famille
14:29aussi dévoué
14:30et aimant.
14:31Il aimait sa femme
14:32et ses enfants.
14:33Il parlait de sa femme
14:34comme d'un ange.
14:36Il tirait
14:36et poussait sa chaise
14:37pour qu'elle s'assoie.
14:39C'est un vrai gentleman.
14:40Au début,
14:43je pensais
14:44que c'était
14:44une mise en scène.
14:46J'avais 19 ans
14:47quand on s'est rencontrés.
14:48Je savais
14:49dans quoi je m'embarquais.
14:50Pour avoir un lien
14:51aussi fort
14:52avec un lutteur,
14:53il doit y avoir
14:53beaucoup d'amour.
14:55C'était son rêve
14:56et je voulais
14:56qu'il le vive.
14:59Je m'appelle
15:00B. Frankie Hall.
15:02J'étais mariée
15:03à Adrienne Adonis.
15:04À la maison,
15:05il était différent.
15:07Il n'était pas celui
15:08qu'on voyait
15:08dans le ring.
15:10C'était un homme
15:11doux,
15:11gentil
15:12et aimant.
15:13Il me donnait
15:14des fleurs
15:14et des bijoux.
15:15C'était un homme
15:16très doux.
15:17Le matin,
15:18il préparait
15:18le petit déjeuner
15:19qu'il me servait
15:20au lit.
15:21Ils étaient très unis,
15:23même s'il était
15:24souvent parti.
15:25Il appelait
15:26plusieurs fois par jour.
15:28Elle se plaignait
15:28toujours des appels
15:29à frévirer
15:30et des factures
15:31faramineuses.
15:33Ils avaient
15:33une bonne relation.
15:35Leur personnalité
15:35se mariait bien.
15:36Je m'appelle
15:38Gina Benta.
15:39Adrienne Adonis
15:40était mon père.
15:41J'adorais ma vie.
15:43J'avais une affiche
15:44de Pee-wee Herman
15:45qu'il avait fait
15:45photographier pour moi.
15:47Je m'appelle
15:48Angela Peridus
15:49et je suis la fille
15:50aînée d'Adrienne Adonis.
15:52On regardait
15:53les Three Stooges.
15:54Il aimait les regarder.
15:56Ça jouait toujours
15:56quand il était
15:57à la maison.
15:58Dans le gros sac
15:59qu'il apportait
16:00sur la route,
16:01il y avait toujours
16:02des cadeaux.
16:04On s'amusait
16:04quand papa était
16:05à la maison.
16:08Je crois
16:09que j'étais
16:09une bonne épouse.
16:10Il me faisait confiance.
16:12Je ne suis jamais
16:13allée voir ailleurs.
16:14Je n'ai jamais
16:15posé de questions.
16:16On avait une belle relation.
16:17Je ne pouvais pas
16:18me fâcher contre lui.
16:21Je ne pouvais pas.
16:23Malgré sa vie
16:23familiale stable,
16:25la dépendance
16:26à la cocaïne
16:26d'Adrienne
16:27fait de lui
16:27un lutteur
16:28plus violent
16:29dans le ring,
16:30ce qui porte finalement
16:31atteinte
16:31à sa réputation
16:32en coulisses.
16:33Il était irritable.
16:36Il était irritable.
16:37Il avait du tempérament.
16:39On voit le côté
16:40sadique d'Adrienne
16:41maintenant.
16:42Comme je connais
16:42Adrian,
16:43il va devenir
16:44très méchant.
16:45Drogué,
16:45Adrian Adonis
16:46devenait très dur
16:47avec les gars.
16:48S'il se plaignait,
16:49il disait
16:49vous n'êtes pas
16:49assez fort
16:50pour ce métier.
16:51Partez.
16:52Quel coup de genou !
16:54La vérité,
16:55c'est que chacun
16:55a son moment de gloire.
16:57Tôt ou tard,
16:58quelqu'un vient
16:58vous botter le derrière.
17:01Oh mon Dieu !
17:02En 1985,
17:04Vince McMahon
17:05décide que le personnage
17:06d'Adrienne
17:07a besoin d'une métamorphose.
17:09Le dur de New York
17:10devient complètement différent.
17:14Vous êtes bien différent.
17:16Quand Vince est arrivé
17:17en 1984,
17:19il y avait de plus en plus
17:20de personnages colorés
17:21et moins de durs.
17:23Tout le monde
17:23devait avoir un personnage.
17:25Et pour Vince,
17:26le personnage d'Adrienne,
17:28le dur de New York,
17:29n'était pas
17:29une tête d'affiche.
17:30la veste de cuir
17:32prend sa retraite.
17:35Pesant 127 kilos !
17:39The adorable
17:40Adrian Adonis !
17:46Eh bien,
17:47certaines choses
17:47se passent parfois
17:48de présentation.
17:49Un personnage gai,
17:52ce n'était pas
17:54quelque chose de commun,
17:55mais ça existait.
17:56Gorgeous George
17:58a été le premier.
17:59Bien sûr,
18:00quand on obtient du succès
18:01dans la lutte,
18:02tout le monde nous imite.
18:03Il est passé
18:04d'Adrienne Adonis,
18:06le gars de New York
18:07qui porte du cuir,
18:09à celui qui commence
18:10à accepter
18:11son autre côté.
18:13Que les Rockets
18:14vous mangent tout cru !
18:16Quand il s'est mis
18:18à se parfumer
18:19et à se déguiser
18:21en homosexuel,
18:23ça ne nous plaisait pas,
18:25mais on comprenait.
18:26Regarde-le !
18:28Il avait trop de talons
18:29pour se limiter
18:30à ce que McMahon
18:31lui demandait,
18:32mais là-bas,
18:33c'était ce qu'il devait
18:33faire pour survivre.
18:34Ils ne sont pas d'accord.
18:37Il a dû le faire,
18:38adopter ce personnage.
18:40Il devait être
18:41comme Gorgeous George
18:42pour avoir de la valeur
18:44aux yeux de Vince.
18:46On dit que lorsqu'il sort,
18:47c'est un vrai guéluron.
18:48Qu'est-ce qu'on peut dire ?
18:50Ça ne devait pas plaire
18:52à Adrian au début,
18:53mais il s'est rapidement adapté.
18:55Il voulait prouver
18:56qu'il pouvait le faire,
18:57qu'il était assez talentueux
18:58pour prendre un personnage
19:00aussi stupide
19:01et le rendre convaincant.
19:03Il voulait le prouver.
19:05En mai 1986,
19:07Adrian doit affronter
19:09un nouveau venu
19:09dans l'industrie.
19:11Je devais travailler
19:12avec Adrian
19:13parce qu'il se préparait
19:14à affronter Hogan.
19:16Le champion
19:16des poules mouillées,
19:17Hulk Hogan !
19:19Écoute-moi bien, Adonis !
19:20Ils ont donné à Adrian
19:22des adversaires
19:23qu'il battait
19:23pour se faire valoir.
19:25J'avais hâte
19:26parce qu'Adrien
19:27était devenu
19:29une vedette.
19:32Bonjour,
19:32je m'appelle Dan Spivey,
19:34anciennement surnommé
19:35Dangerous Dan Spivey.
19:37Spivey est en grande forme !
19:40J'étais nouveau
19:40dans l'industrie.
19:42J'y étais depuis
19:43un peu plus d'un an.
19:45Adrian a cru
19:46que j'étais un avis.
19:47J'étais discret,
19:49je parlais peu.
19:50Il y a eu un signe
19:51de faiblesse,
19:52mais il avait tort.
19:55En se mesurant
19:56à Spivey,
19:57Adrian découvrira
19:58l'ampleur de sa méprise
20:00lors d'un combat
20:00qui changera sa vie
20:01à jamais.
20:03Il a explosé.
20:05Tout à coup,
20:06il s'est déchaîné
20:07et lui a balancé
20:08un crochet de la gauche
20:09à la tête
20:09en disant
20:10« Je vais tuer
20:11cet enfoiré ! »
20:13Afin de se préparer
20:14pour son combat
20:15contre le champion
20:16du monde
20:16Hulk Hogan,
20:18Adrian Adonis
20:19doit affronter
20:19et vaincre
20:20Dan Spivey
20:21et ainsi consolider
20:23son titre
20:23d'un des plus grands
20:24méchants du groupe.
20:27Bien sûr,
20:28je savais que c'était
20:29un dur lui aussi.
20:31J'avais entendu dire
20:31que c'était un profiteur.
20:33J'avais donc
20:34des sentiments mitigés
20:35et quand on est monté
20:36dans le ring,
20:38il s'est mis
20:38à me frapper durement.
20:41Il me traitait
20:42de stupide enfoiré
20:43et il m'agressait
20:45violemment.
20:48Adrian Adonis
20:49ne perd pas de temps
20:50pour profiter
20:51du manque
20:51d'expérience
20:52du jeune homme.
20:54J'étais en colère
20:56après le combat
20:57et je voulais
20:58le tabasser.
20:59Davey Boy,
21:01Dynamite
21:01et Scott McGee
21:02ont pris mes affaires,
21:04ont hélé un taxi
21:05et m'ont raccompagné
21:06pour me sortir
21:07des lieux.
21:09Le lendemain,
21:09à Flint,
21:10dans le Michigan,
21:11on luttait
21:11à guichets fermés
21:12devant 10 000 personnes.
21:13Vince nous a rappelé
21:15qu'on travaillait ensemble.
21:16J'ai dit,
21:17d'accord.
21:19Bob Orton et moi,
21:21on avait entendu dire
21:23que des tensions
21:24montaient entre Adrian
21:25et Dan Spivey.
21:28On espérait que le combat
21:29se passerait bien.
21:32Adonis devait gagner.
21:34Je ne me souviens plus
21:34comment il devait me battre,
21:36mais il devait gagner
21:37comme prévu.
21:38Il a repris
21:39la même attitude.
21:42J'étais à quatre pattes
21:43et il m'a coupé
21:44le souffle.
21:45Il m'a fait
21:46la prise du sommet
21:47et il tenait fort.
21:48J'en ai eu assez.
21:49J'ai perdu la carte.
21:53Je me suis relevé
21:54en frappant.
21:55Je l'ai assommé.
21:57L'arbitre m'a dit
21:57ce n'est pas ça
21:58la finale
21:58et j'ai dit
21:59que je l'avais changé
22:00et qu'il ne gagnerait
22:01pas ce soir.
22:05Bob et moi,
22:06on a couru
22:07jusqu'au ring.
22:08Je ne voulais pas
22:08que Dan le tue.
22:10Je lui ai dit
22:11s'il te plaît,
22:12rentrons au vestiaire.
22:15Tout le monde
22:16paniquait
22:16dans le vestiaire.
22:19J'étais encore
22:20en colère.
22:22Tout à coup,
22:22la porte s'est ouverte
22:24et Julian est entré.
22:33Il a abordé Dan
22:34comme s'il allait
22:37s'excuser.
22:38mais il s'est jeté
22:40sur les jambes
22:40de Dan.
22:44Spivey était discret
22:45et si on provoque
22:47un chien,
22:48il finit par mordre.
22:53Vous pouvez imaginer
22:54ce gars
22:55de 2 mètres
22:56et 127 kilos
22:57qui lance un coup
22:58à partir de ses genoux.
23:00Un uppercut.
23:02Adrian a volé
23:03dans les airs
23:04et est retombé
23:05comme un morse.
23:07Boum.
23:08Ses yeux roulaient.
23:11On voyait l'os
23:12qui sortait de ses joues.
23:14Ils ont appelé une ambulance
23:19et on l'a conduit
23:20à l'hôpital.
23:21Personne n'a revu
23:22Adrian pendant
23:23quelques semaines.
23:24J'aurais aimé
23:25agir autrement,
23:26mais je devais me protéger
23:28et protéger
23:29ma réputation.
23:31J'ai été congédié
23:32un mois plus tard.
23:34Remercier.
23:34J'avais de la peine
23:37pour lui.
23:38Quelle honte
23:39de se faire battre
23:39devant tout le monde,
23:40devant tous les lutteurs
23:41qui le regardaient.
23:43Quand tout le monde
23:44nous craint
23:44et que ce genre
23:45d'événement se produit,
23:47on perd la face.
23:48Peut-être pas le respect,
23:51mais on perd
23:51quelque chose.
23:52Oui.
23:54C'était horrible
23:55pour Adrian
23:55et je crois
23:58qu'il ne s'en est
23:59jamais remis.
24:03Humilié
24:03après l'affrontement
24:04avec Spivey,
24:05Adrian s'enfonce
24:07dans sa dépendance
24:07à la cocaïne.
24:11Adrian montrait
24:12des signes de déclin.
24:14Il devenait plus gros
24:15et ne bougeait plus
24:16comme avant.
24:18Il n'était plus
24:18l'homme qu'il avait été.
24:20Je crois
24:20qu'il le savait.
24:22Le problème
24:23quand on consomme
24:24de la drogue,
24:26c'est que
24:26quand on a le temps
24:27de manger,
24:28on se gave
24:29puis on s'endort.
24:31On engouffre
24:31beaucoup de calories
24:32qui n'ont rien
24:34d'autre à faire
24:34que de se transformer
24:35en gras
24:36dans notre corps.
24:40Il m'a dit
24:41« Bon sang,
24:42je dépasse
24:43les 135 kilos. »
24:45Je ne le voyais pas.
24:46Peut-être
24:46parce que j'étais
24:47sa femme.
24:48Je ne voyais pas ça.
24:49Je le voyais lui.
24:52Il ne savait pas
24:53comment arrêter
24:53sans complètement
24:54changer de vie.
24:56Ah non,
24:56on est savés
24:57remporter le match.
24:58En mai 1987,
25:00Adrian quitte
25:01soudainement
25:01la WWF.
25:03Il quitte.
25:04Honteux
25:04et dégoûtés.
25:06Les raisons
25:06demeurent nébuleuses.
25:08On raconte
25:08qu'il a été renvoyé
25:09à cause de sa dépendance
25:10à la drogue.
25:13Adrian a disparu
25:14soudainement.
25:15Il n'était plus
25:16sur la carte.
25:18On imaginait
25:19qu'il reviendrait
25:19quelques semaines
25:20plus tard.
25:23Je croyais
25:23qu'il en avait eu assez.
25:25Quand on a revu
25:26et lui-en,
25:26il pesait 180 kilos.
25:28Lui et moi,
25:28on a lutté
25:29à Las Vegas.
25:30On pensait
25:30que ce serait
25:30un combat génial.
25:31Et c'est la torsion.
25:33C'était un championnat
25:34international télévisé.
25:37Adonis est trop gros
25:38pour la stature
25:39de Greg Gagné.
25:41En arrivant dans le ring,
25:42il soufflait si fort
25:43qu'on a à peine
25:44fait dix minutes.
25:47Orton tente
25:47de ramener
25:48Adonis dans le ring.
25:51On s'est assis
25:52dans le vestiaire
25:53et on a parlé.
25:54Je lui ai demandé
25:55ce qui se passait.
25:56Je lui ai dit
25:57« Retrouve ton poids normal.
25:59Tu es un grand lutteur.
26:01Tu n'es pas toi-même.
26:03Tu connais notre philosophie.
26:05Sois toi-même,
26:06sois qui tu es. »
26:08Ça l'a peut-être
26:11secoué un peu.
26:13À seulement 34 ans,
26:15Adrian s'engage
26:16dans une remise en forme.
26:18Il perd près de 45 kilos
26:19dans les six mois
26:20qui suivent,
26:21abandonne le personnage
26:22de The Adorable
26:23et décide d'aller lutter
26:25au Japon.
26:29La vie était belle.
26:31Tout allait bien.
26:33On avait une famille heureuse.
26:36On était plus qu'heureux.
26:38Je l'ai vu à Tokyo.
26:41Je l'ai croisé
26:41dans une grilladerie populaire
26:43auprès des Américains.
26:45Je suis tombé sur lui.
26:47J'ai pris une bière
26:48avec lui.
26:49On s'est serré la main.
26:51Je lui ai dit
26:51que j'étais désolé
26:52pour ce qui s'était produit.
26:55On a pris une bière.
26:56Vous avez enterré
26:57la hache de guerre ?
26:58Oui, c'est ça.
27:01Je suis allé souper
27:02avec lui.
27:04Il semblait avoir
27:05repris sa vie en main.
27:07Il préparait
27:08son grand retour.
27:10Il était à l'âge
27:11où on peut encore
27:12changer les choses,
27:14se réinventer
27:14et revenir.
27:15Personne ne croyait
27:17qu'on n'entendrait plus
27:18parler d'Adriana Darnis.
27:21La dernière fois
27:22que j'ai vu Keith,
27:24c'était dans une chambre
27:25d'hôtel de Los Angeles.
27:27Il arrivait du Japon.
27:30Je l'ai rejoint
27:31ce soir-là.
27:32Au matin,
27:32il devait partir
27:33pour le Canada.
27:36Il est revenu
27:37dans la chambre
27:37pour me dire au revoir
27:38une seconde fois.
27:39Il n'avait jamais fait ça.
27:40Ça a été
27:45notre dernier adieu,
27:46la dernière fois
27:47que je l'ai vu vivant.
27:52Laissant sa femme
27:53à Los Angeles,
27:54Adrian part
27:55pour le Canada
27:56où son destin
27:57croisera celui
27:57de deux lutteurs vétérans,
27:59les jumeaux Kelly.
28:00« Je suis le seul
28:04survivant. »
28:07Quelle tragédie.
28:09Adrian Adonis
28:10était un dur
28:12et il adorait
28:13être dans le ring.
28:16C'était un bon gars.
28:18Je m'appelle Mike Kelly
28:19et j'ai été lutteur
28:21professionnel
28:21pendant 23 ans et demi
28:23avec mon jumeau Pat.
28:25Les gens me connaissent
28:26probablement
28:26pour la publicité
28:27de O.N. Ray.
28:28Ça date de loin.
28:32C'est à cause
28:33du fondant.
28:34C'est le grand
28:35choc de fudge.
28:39Les jumeaux Kelly
28:40étaient des lutteurs
28:41des années 1960.
28:43Ils travaillaient
28:43pour mon père.
28:44Des jumeaux identiques.
28:45On ne savait pas
28:46auxquels on parlait.
28:47Ça, c'était au Japon.
28:50On était
28:51dans un bar à sushi.
28:52On buvait
28:53et on mangeait.
28:55Je crois que c'était
28:55à Tokyo.
28:56C'est avec
28:57Axa Higgins.
29:00Mon frère est tombé
29:01amoureux ce soir-là.
29:04Bon sang.
29:05On était inséparables.
29:07On aimait faire
29:08des activités ensemble.
29:10Ma mère nous habillait
29:11de la même façon.
29:13Si Pat portait
29:14un manteau noir,
29:15je portais
29:16un manteau noir.
29:17S'il portait
29:18des chaussures brunes,
29:19je portais
29:20des chaussures brunes.
29:21On avait des bagues
29:22à diamants identiques,
29:23des montres identiques
29:24et des chapeaux identiques.
29:27On vivait
29:27comme des jumeaux.
29:30Il s'est fait mal
29:31une fois.
29:32Je n'étais pas là,
29:33mais je savais
29:34qu'il y avait
29:34un problème,
29:35que mon frère
29:36avait mal.
29:37Je le sentais.
29:38On avait
29:39ce lien spécial
29:40et c'était bon
29:41pour nous.
29:42qui vous a appelé
29:45pour faire
29:45la tournée
29:46à Terre-Neuve ?
29:47On travaillait
29:49à Toronto.
29:50Dave McKinney,
29:52le promoteur,
29:54nous a demandé
29:54si on voulait
29:55aller à Terre-Neuve.
29:58J'ai accepté
29:58d'aller lutter
29:59pour lui.
30:02On a fait
30:02nos bagages
30:03et on y est allé,
30:05mon frère et moi.
30:07Adrian Adonis
30:08arrivait du Japon.
30:09Le combat principal,
30:13c'était
30:13Adrian Adonis
30:14et The Bear Man
30:15contre mon frère
30:17et moi.
30:18Dave McKinney
30:19était un collègue
30:20lutteur
30:21qui faisait
30:21de la promotion.
30:23Il se distinguait
30:24parce qu'il avait
30:25des ours chez lui
30:26qu'il dressait
30:27pour la lutte.
30:28C'est pour ça
30:28qu'on l'a surnommé
30:29The Bear Man.
30:31Dave était
30:32de la vieille école.
30:34C'était
30:35une bonne personne,
30:36un bon promoteur
30:37et l'un des meilleurs
30:38payeurs.
30:39Je m'appelle
30:42Ricky
30:42Solman Johnson.
30:44J'ai pris
30:45le surnom
30:46de mon frère
30:46Rocky Johnson
30:47parce qu'on a été
30:49partenaire longtemps
30:49mais il est mort.
30:52J'ai décidé
30:52de lui rendre hommage
30:53en utilisant
30:55son surnom.
30:57Avec The Bear Man,
30:59c'était comme
30:59un cirque ambulant.
31:00Il y avait
31:01des nains
31:02et des ours.
31:04Il y en avait
31:05pour tout le monde.
31:05Dave The Bear Man
31:08était le maître
31:09de Terrible Ted,
31:10l'ours lutteur.
31:12C'était un peu
31:12agaçant
31:13quand le promoteur
31:13annonçait
31:14qu'on allait lutter
31:15contre un ours.
31:17Vraiment,
31:17c'est une blague.
31:18Je ne m'approchais pas
31:23de l'ours.
31:24Un ours est si fort
31:26qu'il peut nous tuer
31:27en moins de 30 secondes.
31:30Il y a eu un accident
31:31avec la petite amie
31:33de Bear Man.
31:34Elle était à l'étage
31:36et prenait sa douche.
31:37L'ours l'a senti.
31:38Bear Man travaillait
31:40dans le jardin.
31:43L'ours est entré
31:45dans la salle de bain
31:46et l'a griffé à mort.
31:55Il l'a réduite
31:56en miettes.
31:58C'était une tragédie.
32:01Quand j'ai su,
32:03je n'arrivais pas
32:04à y croire.
32:06Il devait épouser
32:07cette jeune femme.
32:08Malgré la tragédie,
32:10Mick Keegney
32:10continue à travailler
32:11avec des ours
32:12lors de la tournée suivante.
32:14Une traversée
32:15de Terre-Neuve
32:15de huit semaines
32:16avec un groupe
32:17de lutteurs
32:17qui comprend
32:17les jumeaux Kelly,
32:19Ricky Johnson
32:20et Adrian Adonis.
32:23C'était super.
32:24Tout le monde était heureux.
32:25Tout le monde faisait
32:26de l'argent.
32:27Les gens de Terre-Neuve
32:28étaient très gentils.
32:31On était à Gander,
32:32à Terre-Neuve.
32:34Le lendemain,
32:35il fallait lutter
32:35à Lewisport.
32:38Le maire
32:38de Lewisport
32:39a appelé
32:41à l'hôtel
32:41de Gander.
32:44C'est difficile
32:44d'en parler.
32:48Il a demandé
32:48si certains lutteurs
32:50pouvaient aller
32:50à Lewisport
32:51ce soir-là.
32:52On était en congé
32:53et il voulait
32:54organiser une fête
32:55pour nous.
32:57Le 4 juillet 1988,
33:00il m'avait appelé
33:00trois fois.
33:02Lors du dernier appel,
33:03il m'a dit
33:04qu'il s'apprêtait
33:04à monter
33:05dans le traversier.
33:06Il voulait me dire
33:07qu'il m'aimait.
33:08Je lui ai dit
33:09de me rappeler plus tard.
33:13Adrian est monté
33:14dans la fourgonnette
33:15avec Dave the Bearman
33:16et les Kelly.
33:18J'allais y monter
33:19quand Phil a klaxonné.
33:21Il m'a invité
33:22à monter avec lui.
33:23Pourquoi pas?
33:25Adrian le Bearman
33:26et les jumeaux Kelly
33:28avaient 10 ou 15 minutes
33:30d'avance sur nous.
33:31Phil, Whipper,
33:33Billy Watson,
33:34Little T et moi.
33:35On roulait
33:36et on s'amusait.
33:37Il y a eu un bouchon.
33:39On avançait
33:39à 5 km à l'heure.
33:41J'ai dit à Phil
33:42qu'il devait y avoir
33:44un accident
33:44pour qu'il y ait
33:45autant de monde
33:46sur la route
33:46à Terre-Neuve.
33:48J'ai regardé en bas
33:48et j'ai vu
33:50la fourgonnette rouge
33:50dans l'eau.
33:53C'est une image
33:53qui ne s'effacera
33:54jamais de ma mémoire.
33:55On se rendait
33:58à Lewisport
33:59à Terre-Neuve
34:00pour promouvoir
34:02un combat.
34:03Un gars
34:04avec un appareil
34:05voulait prendre
34:06des photos de nous,
34:07mon frère,
34:08moi,
34:09Adrian
34:09et le Bearman.
34:11Il était environ
34:1220 heures.
34:13Il faisait aussi clair
34:14qu'à midi.
34:16C'était clair
34:16comme le jour.
34:18Je ne pouvais pas
34:18le croire.
34:19C'était merveilleux.
34:21Ça m'effrayait
34:21un peu aussi.
34:22On aurait dit
34:23un désert.
34:24Il fallait
34:25contourner
34:25de gros rochers.
34:27On peinait
34:27à passer
34:28avec la fourgonnette.
34:29Sur l'autoroute,
34:31j'ai vu un ourson.
34:33Mon frère
34:34a été ébloui
34:35par un reflet
34:36dans les yeux
34:37et il a bifurqué
34:39à gauche
34:40dans le gazon.
34:42La fourgonnette
34:43a plongé
34:43dans le ravin
34:44et a frappé
34:46un gros rocher.
34:46Je me suis ébloui
34:56quand je me suis réveillé.
34:59J'ai senti
35:00l'eau glacée.
35:01Je me demandais
35:02ce qui s'était passé.
35:03Pourquoi j'étais
35:04dans ce ruisseau?
35:06Enfin,
35:07j'ai vu mon frère
35:08sur le siège
35:09du conducteur
35:09affalé sur le volant.
35:11Il était mort.
35:17Je l'ai tout de suite su.
35:20C'était horrible.
35:29Donnez-moi une minute.
35:36J'ai vu la fourgonnette
35:37dans l'eau
35:38et j'ai dit
35:39que ça ressemblait
35:40à celle des Kelly.
35:41Je la connaissais bien.
35:43J'étais arrivé avec eux.
35:46Adrian Adonis
35:47était en mauvais état.
35:51En très mauvais état.
35:54Le bear man
35:55est mort sur le coup.
35:57Adrian gémissait
35:58« Aidez-moi,
35:59aidez-moi, aidez-moi. »
36:01Je me souviens
36:01que tout ce qu'on voyait
36:02du coude d'Adrien,
36:04c'était l'os qui sortait.
36:06Je me disais
36:07qu'il fallait les sauver.
36:09Mais on ne pouvait
36:10pas les sauver.
36:11C'était le 4 juillet,
36:19alors on fêtait
36:20avec mes cousins
36:20à Bakersfield.
36:22On avait organisé
36:23une petite fête.
36:25J'ai une cousine
36:25qui a peur
36:26des feux d'artifice.
36:28Un autre cousin
36:28est rentré avec elle
36:29et a répondu au téléphone.
36:31On demandait
36:31à Mme Frankie.
36:33Elle est sortie
36:33de la maison
36:34en criant
36:34« Il est parti,
36:35il est mort. »
36:37Ils m'ont dit
36:39que Keith avait été tué
36:40dans un accident
36:41de voiture.
36:44J'ai demandé
36:45à parler
36:45à Dave McKinney.
36:47Ils m'ont dit
36:47qu'il était mort.
36:48J'ai voulu parler
36:49à un des jumeaux,
36:50Kelly,
36:51à n'importe qui.
36:54Puis la GRC
36:55m'a appelée
36:56ce soir-là.
36:56il était parti.
37:01Les premiers jours
37:02après sa mort,
37:02j'étais encore
37:03sous le choc.
37:05Je ne voulais pas
37:06y croire.
37:18Votre frère
37:18était votre meilleur ami.
37:20Oui, oui.
37:21On vivait à 30 minutes
37:22et on était
37:23très proches.
37:25J'allais où il allait
37:27et il allait
37:28où j'allais.
37:31On était inséparables.
37:33Le monde a changé
37:34de plus d'une façon
37:36parce que des gars
37:38qui travaillaient
37:39pour Dave McKinney,
37:41le Bear Man,
37:42ont sauté dans l'eau
37:43pour aller voler
37:45Adrian.
37:48Ils ont pris
37:48son argent,
37:50sa montre,
37:51tous les objets
37:51de valeur
37:51qu'il avait.
37:53Ils ont été arrêtés.
37:55j'ai porté plainte.
37:59Parce que,
38:00pourquoi,
38:00pourquoi voler
38:03un homme mort ?
38:04On est allés
38:09dans un motel
38:10de Lewisport.
38:12On était au bar.
38:14Certains gars
38:15voulaient se détendre
38:16en jouant au billard.
38:17on a pris
38:18quelques verres.
38:19Puis,
38:20quelqu'un a dit
38:21ils sont tous morts
38:22comme si ça venait
38:24de le frapper.
38:27Puis,
38:28j'ai vu des verres
38:29voler.
38:32Ça a dégénéré.
38:39Je me souviens
38:40que le directeur
38:40du motel
38:41était appuyé
38:42contre le mur
38:42avec un crayon
38:43et un papier.
38:45Il nous a donné
38:46la facture
38:47le lendemain.
38:48Les dommages
38:48s'élevaient
38:49à 12 000 dollars.
38:51Le lendemain,
38:52on est passé
38:53à côté
38:53de la scène
38:54de l'accident.
38:55Certains gars
38:56priaient,
38:57d'autres pleuraient.
38:58Des journalistes
38:59sont venus
38:59et ils voulaient
39:01savoir si l'alcool
39:02était en jeu.
39:03On leur a dit
39:04de foutre le camp,
39:06de nous laisser.
39:06Ils ne voyaient pas
39:08ce qui se passait.
39:08Bien que ça n'a
39:11jamais été prouvé,
39:12certains suggèrent
39:13que l'alcool au volant
39:14a été la cause
39:15de l'accident
39:15qui a tué
39:16les lutteurs
39:16Adrian Adonis,
39:18Dave McKinney
39:19et Pat Kiry.
39:21Je n'aime pas penser
39:22que Keith
39:22était mort comme ça.
39:24Il devait revenir
39:25d'un combat
39:26et avoir fait la fête.
39:28Non,
39:29pas de drogue
39:30ou d'alcool.
39:32Les médecins
39:32m'ont fait passer
39:33des tests.
39:36Ce n'était pas ça.
39:37Personne ne buvait
39:38dans la fourgonnette?
39:38Certainement pas.
39:40Certainement pas.
39:43J'ai une photo
39:44de lui
39:45dans mon portefeuille
39:47en tout temps.
39:49J'ai des photos
39:50de lui
39:50dans ma chambre.
39:55Oui,
39:56il était ma vie.
40:01Mais
40:02il faut continuer.
40:05Ça aurait pu être nous.
40:09On ne sait jamais.
40:11On prenait le volant
40:11tous les soirs,
40:12les gars buvaient
40:13douze bières,
40:13fumaient des joints,
40:15prenaient de la cocaïne
40:15et conduisaient
40:16à 150 km heure
40:18sans que personne
40:18ne soit tué.
40:21Il se comportait bien
40:22et il est mort
40:24dans un accident tragique.
40:26Tandis que nous,
40:27on faisait de mauvaises choses
40:29et on est encore vivants.
40:30comment expliquer ça?
40:33Dieu a raison,
40:34les meilleurs partent
40:35les premiers
40:36et Keith était
40:38l'un des meilleurs.
40:40Il était l'un
40:41de mes amis
40:42les plus proches,
40:43même si on vivait loin.
40:46J'étais dans une prison
40:47fédérale du Texas
40:48quand il est mort.
40:49J'étais détenu,
40:52alors je n'ai pas pu
40:53assister aux funérailles.
40:57Bi disait
40:58qu'il était si costaud
40:59que rien ne pouvait
41:00lui faire de mal.
41:02Je pensais la même chose,
41:03qu'il était indestructible.
41:07Pendant les funérailles,
41:08j'étais dans un brouillard.
41:10Ça ne m'a frappé
41:11que plus tard.
41:13En rentrant à la maison,
41:15alors qu'il aurait dû
41:16être au Japon,
41:17j'ai vu dans le placard
41:19de la maison,
41:19sa veste à l'effigie
41:20de New York.
41:25C'était la seule chose
41:26dans le placard.
41:27J'ignore qu'il a mise là.
41:29Elle avait son odeur.
41:33Tout m'est revenu
41:34et c'est là
41:35que ça m'a frappée.
41:42J'ai pris la satanée veste
41:44et je me suis couché.
41:47C'était...
41:49C'était fini.
41:52Il n'allait plus jamais rentrer.
41:55Jamais.
42:01Votre frère serait fier
42:02de l'homme que vous êtes devenu.
42:04Oui, il le serait.
42:06Il faut rester fort.
42:08C'est comme ça
42:09que j'ai vécu
42:10après la mort de mon frère
42:11et je vais continuer.
42:18Je vais faire de mon mieux.
42:21C'est tout ce que je peux faire.
42:25Adrian Adonis
42:26était un homme
42:27très talentueux.
42:29Je crois qu'il n'a jamais eu
42:30la reconnaissance
42:31qui lui était due
42:32parce que ce n'était pas
42:33une période
42:34où on reconnaissait
42:36ce type de talent.
42:37si un gars
42:38avec le talent
42:39d'Adrien Adonis
42:40luttait aujourd'hui,
42:41tout le monde
42:42reconnaîtrait sa valeur
42:43et il serait
42:44une grande vedette.
42:46Le champion en équipe
42:47de la World Wrestling Federation,
42:49Adrian Adonis!
42:51Il devrait être au temple
42:53de la renommée.
42:55C'est un grand,
42:57sans aucun doute.
43:00Si Adrian
43:01n'avait pas eu
43:02cet accident,
43:04on peut imaginer
43:05que cinq ans plus tard,
43:07il y aurait eu
43:08un WrestleMania
43:09Bret Hart
43:10contre Adrian Adonis.
43:12Qui sait?
43:14J'aimerais qu'il sache
43:15à quel point
43:16je lui suis reconnaissant
43:17pour tous les conseils
43:19et les encouragements
43:19qu'il m'a donnés
43:20dans ma carrière.
43:21Et pour notre amitié.
43:25J'ai beaucoup appris
43:26de lui
43:26et je ne l'ai jamais
43:28tenu pour acquis.
43:29J'aurais tout donné
43:30pour voir
43:31Adrian Adonis
43:32m'attendre dans le ring.
43:36C'était un vrai.

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