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Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, était l'invité du Grand entretien de France Inter ce mardi, avant la conférence sur les finances publiques.

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00:00Où trouver 40 milliards d'euros ? Voilà la grande question du jour et des mois à venir alors que le Premier ministre François Bayrou organise aujourd'hui ce qu'il appelle un comité d'alerte sur les finances publiques.
00:12Il n'y aura pas d'annonce à la sortie mais on a envie de savoir évidemment quelles sont déjà les pistes et les lignes rouges du gouvernement.
00:18On va poser ces questions au ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci. Bonjour.
00:22Bonjour.
00:22Vous qui nous écoutez, posez vos questions comme d'habitude au 01 45 24 7000. On va parler Marc Ferracci évidemment de l'industrie, de la guerre commerciale, des inquiétudes pour l'emploi et de l'énergie.
00:33Mais vous avez une vision plus large de ces questions puisque vous êtes d'abord très proche d'Emmanuel Macron et vous avez été notamment l'inspirateur de son programme économique dès 2017.
00:42Parlez-nous donc de cette alerte budgétaire. Pourquoi la lancer aujourd'hui alors que le budget sera discuté à l'automne ?
00:48Parce qu'on a besoin d'une prise de conscience générale des acteurs politiques sur ce qu'est la situation.
00:52La situation de nos finances publiques, on le sait, elle est difficile.
00:55On a l'objectif d'avoir un déficit de 4,6% du PIB en 2026.
01:00Ça reste très élevé mais c'est un effort qui effectivement, vous l'avez dit, implique de faire 40 milliards d'euros d'économie.
01:07C'est un enjeu de souveraineté d'abord.
01:10Pourquoi c'est un enjeu de souveraineté ?
01:12Parce que lorsque vous avez une dette trop élevée, vous êtes dépendant des décisions des marchés financiers qui décident de vous prêter ou de ne pas vous prêter.
01:20Et moi, je n'ai pas envie que mon pays soit dépendant des marchés financiers.
01:24C'est aussi un enjeu de protection puisque notre modèle social a besoin d'avoir une pérennité.
01:29On a besoin de consolider ses bases, on a besoin de consolider son financement.
01:33Et puis, c'est un enjeu également de maintien de la compétitivité de notre économie, du maintien de l'emploi également,
01:41qui nécessite dans le contexte, et on va en parler, très compliqué que nous connaissons, d'agir.
01:46Donc on a besoin là d'une prise de conscience globale et c'est le sens de la réunion qui va avoir lieu ce matin autour du Premier ministre.
01:52Vous parlez des marchés financiers, ce n'est pas pour demain.
01:54A priori, que la France ne pourra plus emprunter ou aura des difficultés à emprunter.
01:57L'agence de notation Moody's a maintenu la note à l'équivalent de 17 sur 20 pour la dette française.
02:04La France ne va pas faire faillite du jour au lendemain.
02:06D'ailleurs, l'association des maires de France, qui a décidé de ne pas venir aujourd'hui, parle de mise en scène, de coups de communication.
02:12Est-ce qu'il y a une volonté de dramatiser ?
02:14Non, il n'y a pas de volonté de dramatiser.
02:16La France a une signature solide et il faut que ça reste solide.
02:20C'est là l'enjeu que nous poursuivons.
02:23Effectivement, certains n'ont pas souhaité se mêler à cette réunion.
02:26Je pense que tout le monde aujourd'hui doit faire preuve d'esprit de responsabilité.
02:29Et encore une fois, la situation est très difficile.
02:32Et vous le savez, la situation est rendue d'autant plus difficile par le contexte géopolitique, la guerre commerciale que nous mène Donald Trump.
02:40La prévision de croissance qui était de 0,9% a été révisée à 0,7%.
02:44Et ça, ça veut dire moindre entrée fiscale.
02:47Donc, on a besoin d'affirmer, encore une fois, la consolidation de nos comptes publics.
02:52Et pour ça, je pense qu'il faut s'y prendre tôt.
02:54Vous l'avez dit, le budget, c'est en octobre.
02:56Mais poser une méthode, poser un cadre et faire en sorte que tout le monde soit d'accord avec cette méthode et construise les solutions ensemble, je pense qu'il faut s'y prendre très tôt.
03:05Alors, sur quoi faire des économies ?
03:06Puisqu'on parle des maires de France, le journal La Tribune parle de 8 milliards d'économies que le gouvernement compte demander aux collectivités territoriales.
03:15Ce sera le cas ?
03:16Écoutez, si on fait une réunion avec l'ensemble des acteurs, c'est d'abord pour poser des constats.
03:21On ne va pas préjuger, vous l'avez dit, il n'y aura pas d'annonces qui seront faites au sortir de cette réunion.
03:26On a déjà demandé dans le précédent budget 2 milliards aux collectivités.
03:30Ce sera plus.
03:30Les efforts seront forcément importants parce que trouver 40 milliards sur l'État, la sécurité sociale et la collectivité locale, ça réclame évidemment des efforts importants.
03:41Mais encore une fois, ça fait l'objet de discussions qui vont commencer aujourd'hui.
03:45C'est pour ça que je pense que faire preuve de responsabilité, c'est être autour de la table et discuter des constats comme on discutera probablement des pistes de solutions.
03:52Maintenant, moi, je ne vais pas ici dire ce que seront les efforts des collectivités locales, de la sécurité sociale, des différentes branches de la sécurité sociale.
04:00L'État a consenti la majeure partie de l'effort pour le budget 2025.
04:04Il faut quand même se le dire.
04:06Et donc, à un moment ou à un autre, il faut aujourd'hui tout mettre sur la table pour que les efforts soient partagés.
04:10Vous n'avez pas rentré dans le détail évidemment, puisque vous l'avez redit, il n'y aura pas d'annonce aujourd'hui.
04:15Vous pouvez nous parler de la philosophie générale.
04:16Elle reste là même, des dépenses essentiellement et très peu d'augmentation au niveau des recettes.
04:23Oui, c'est le but.
04:24Le but, c'est que ce soit la réduction des dépenses qui nous permette de faire la majeure partie de l'effort.
04:29Pourquoi ne pas chercher de l'argent à faire rentrer dans les caisses pour parler des recettes ?
04:32Mais parce que vous savez, quand vous augmentez les impôts, même si par principe, ça n'est pas forcément exclu,
04:37mais lorsque vous augmentez les impôts, vous ralentissez l'activité économique d'une manière ou d'une autre.
04:43Mais vous me parlez de méthode.
04:44Moi, il y a une méthode à laquelle je suis très attaché.
04:46C'est de ne pas aller vers ce que l'on appelle la politique du rabot,
04:49c'est-à-dire diminuer toutes les dépenses sans prendre en compte l'efficacité de ces dépenses.
04:54Aujourd'hui, dans les dépenses économiques, dans les dépenses sociales,
04:57on sait qu'il y a des dépenses qui sont inefficaces.
04:59Auparavant, j'étais universitaire et je faisais beaucoup d'évaluations des politiques publiques.
05:03Et je peux vous dire qu'il y a des milliards d'euros qui ne sont pas dépensés de manière efficace.
05:07Ça peut être des aides aux entreprises, à l'investissement, des aides au logement.
05:10Ça peut être des prestations sociales qui n'atteignent pas leurs objectifs,
05:13qui génèrent ce qu'on appelle des effets d'aubaine.
05:15Les effets d'aubaine, c'est quand on verse une aide à une entreprise pour embaucher quelqu'un
05:19qu'elle aurait embauchée de toute façon, ça n'est pas efficace.
05:23C'est cette philosophie de l'évaluation systématique qui doit nous permettre de réduire les dépenses.
05:2740 milliards d'euros, c'est important, mais c'est à rapporter à 1 600 milliards d'euros de dépenses publiques.
05:31Et donc, je pense qu'on peut les trouver.
05:32Sur l'évaluation, ça peut concerner les aides aux entreprises ? Est-ce qu'elles sont efficaces ?
05:37Je pense que tout doit être sur la table.
05:39Donc, vous pouvez envisager de les réduire ?
05:41Il faut évaluer, et en réalité, il y a déjà beaucoup d'évaluations qui existent.
05:45Moi, j'ai eu l'occasion de dire, par exemple, que les aides à l'embauche des apprentis dans l'enseignement supérieur,
05:51ça n'était pas forcément très efficace en termes d'insertion professionnelle,
05:54et qu'il valait mieux réserver l'argent de l'apprentissage pour les bas niveaux de qualification, les CAP, les bacs pro.
05:59Et bien, par exemple, avec ça, on peut faire beaucoup d'économies.
06:03Pourquoi ne pas reconduire, puisqu'on parle des entreprises ?
06:05L'impôt exceptionnel sur les grandes entreprises, il a rapporté 8 milliards dans le précédent budget.
06:10En tout cas, c'est ce qui est prévu.
06:12Il ne sera pas reconduit, pourquoi ?
06:14Mais tout simplement parce qu'il y a un principe d'engagement qui a été pris avec les grandes entreprises.
06:19On a dit que cette surtaxe d'impôt sur les sociétés, elle était temporaire, elle était exceptionnelle.
06:24Et à un moment ou à un autre, quand vous rompez la confiance avec les acteurs économiques,
06:28c'est les entreprises, c'est les ménages,
06:30et bien, ils ne vous font plus confiance,
06:33et leurs calculs économiques, leurs décisions d'investissement s'arrêtent, sont suspendus.
06:38Ils vont se dire, l'État, de toute façon, va l'année prochaine revenir sur sa parole,
06:44et donc, nous, on va en tenir compte, et on ne va pas embaucher comme on avait prévu de le faire,
06:48on ne va pas investir comme on avait prévu de le faire.
06:50Donc, il y a un principe de cohérence et de respect de la parole donnée qui est très important ici.
06:53Mais pourtant, vous dites qu'il ne faut pas rendre pérenne quelque chose dont on a dit qu'il serait temporaire.
07:00C'est ce que vous allez faire avec la contribution, en tout cas, le ministre de l'Économie, Éric Lombard, l'a dit,
07:04la contribution sur les plus hauts revenus.
07:06On parle de ceux qui gagnent 250 000 euros par an pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple.
07:11Donc, les plus hauts revenus, ça rapporte 2 milliards d'euros par an,
07:15et cet impôt va être pérennisé, a priori.
07:17Et ici, il n'y a aucune décision qui soit prise.
07:19Il y a effectivement Éric Lombard qui a exprimé son souhait, sa vision de la chose.
07:25Mais je pense qu'il faut avoir ce débat, et que nous allons l'avoir dans les prochaines semaines, dans les prochains mois.
07:29Moi, je pense qu'il y a une préoccupation majeure à avoir,
07:32c'est de ne pas pénaliser l'esprit d'entreprise,
07:34et en particulier de ne pas taxer ou de ne pas obliger des personnes
07:38à vendre une partie de leur outil professionnel pour payer une telle contribution.
07:41Sur le principe, je n'y suis pas hostile du tout,
07:43mais il faut faire très attention à ne pas pénaliser ceux qui entreprennent
07:47et qui ont un outil professionnel dans leur patrimoine.
07:49Sur les impôts des plus riches, cet impôt qui a été adopté à l'Assemblée,
07:53qui sera probablement rejeté dans quelques semaines au Sénat,
07:57inspiré des travaux de l'économiste Gabriel Zuckmann,
07:59qui rapporterait, selon certaines estimations, 15 voire 20 milliards,
08:03impôts planchés 2% sur les patrimoines des ultra-riches.
08:07Le gouvernement est toujours contre ?
08:08Oui, pour les raisons que je viens d'indiquer,
08:10parce que cet impôt est excessif et il mènerait un certain nombre de personnes
08:15qui ont construit leur fortune sur...
08:182% c'est excessif ?
08:192% du patrimoine, c'est bien de ça dont on parle.
08:23Et à un moment ou à un autre, ça amène à des situations
08:25dans lesquelles vous êtes obligés de vous désaisir d'une partie de votre patrimoine.
08:30Et ça, je pense que pour ceux qui ont construit un outil professionnel,
08:33qui ont investi, qui ont créé une entreprise,
08:36c'est quelque chose qui, évidemment, est extrêmement délétère.
08:39Est-ce qu'il faut toucher aux retraités, aux pensions ?
08:42Ou à l'abattement fiscal dont ils bénéficient, 10% ?
08:44Je pense que tout doit être sur la table,
08:47et c'est, je crois, ce que va dire le Premier ministre ce matin.
08:51À partir du moment où on dit que les efforts sont partagés,
08:53on ne peut pas exclure par principe une partie de la population.
08:56Vous l'avez dit, il y a effectivement un abattement fiscal
08:58dont bénéficient les retraités,
09:00qui coûte au budget à peu près 4 à 5 milliards d'euros,
09:04et qui repose sur l'idée qu'il y a un abattement
09:08pour frais professionnels des retraités,
09:09ce qui peut paraître d'ailleurs un petit peu surprenant.
09:11Donc je pense que ça, ça fait partie effectivement des pistes crédibles.
09:15C'est un tabou les retraites, politiquement.
09:18Écoutez, je pense que dans la situation dans laquelle nous sommes,
09:21nous avons une situation qui est une situation grave,
09:23au regard de nos finances publiques, au regard du contexte global.
09:25Et si on ne prend pas des mesures puissantes,
09:29des mesures extrêmement impactantes sur nos comptes publics,
09:33eh bien on ne s'en sortira pas.
09:34Donc je pense que tout doit être sur la table,
09:36et que les tabous d'hier ne doivent pas être forcément les tabous de demain.
09:39Marc Ferracci, ministre de l'Industrie.
09:40On va parler de la situation économique générale,
09:44qui conduit à ces 40 milliards, ces économies qu'il faut trouver.
09:49Est-ce que vous estimez que la politique de l'offre,
09:52cette politique de soutien aux entreprises,
09:53qui est votre ligne directrice depuis le début,
09:55je l'ai dit en introduction,
09:57vous êtes l'un des inspirateurs économiques d'Emmanuel Macron depuis 2017.
10:02Est-ce que vous estimez que cette politique de l'offre
10:03et la théorie du ruissellement sont un succès ?
10:07C'est deux choses différentes.
10:08Moi je considère que soutenir les entreprises,
10:10leur créer un cadre fiscal,
10:12un cadre social avec la baisse du coût du travail,
10:15un cadre en termes de droit du travail qui soit facilitateur,
10:18c'est évidemment créateur d'emplois, créateur d'activités.
10:21On l'a vu depuis 2017, puisqu'on a créé 3 millions d'emplois.
10:23La théorie du ruissellement, c'est l'idée que,
10:26quand vous baissez les impôts des plus riches,
10:28ça bénéficie à tout le monde.
10:30Ça, je ne suis absolument pas convaincu de cette théorie,
10:32qui d'ailleurs n'a pas vraiment de fondement scientifique.
10:34Sur la politique de l'offre,
10:35vous dites qu'elle est créatrice d'emplois.
10:38On voit dernièrement que les plans sociaux se multiplient,
10:40que le chômage repart à la hausse,
10:42après avoir certes atteint un plus bas niveau depuis 40 ans.
10:45Ça semble plutôt prouver le contraire.
10:49Vous savez, les évolutions conjoncturelles,
10:51elles ne doivent pas remettre en question une trajectoire.
10:543 millions d'emplois créés, c'est à rapporter
10:56à quelques dizaines de milliers d'emplois détruits
10:58en termes nets ces derniers mois.
11:01Donc, il faut d'abord élargir un petit peu la focale.
11:06Et puis, se dire qu'au fond,
11:08on a aujourd'hui une situation qui, évidemment,
11:13est la conséquence de l'incertitude politique
11:16qui a prévalu ces derniers mois.
11:18Et de la dissolution décidée par Emmanuel Macron.
11:20Oui, et puis de la censure aussi.
11:22Parce que vous savez, quand vous n'avez pas de budget,
11:24quand vous n'avez pas de budget,
11:25les entreprises se posent la question de savoir
11:27dans quel cadre fiscal elles peuvent investir,
11:29elles peuvent embaucher.
11:30Et je sais qu'il y a beaucoup de projets d'investissement,
11:32beaucoup de projets d'embauche qui ont été suspendus.
11:34Je pense qu'on va revenir maintenant
11:36à un peu plus de stabilité.
11:37Malheureusement, une autre forme d'instabilité
11:40est parvenue à travers ce qui se passe à l'international
11:42et la guerre commerciale qui a été lancée
11:44par l'administration américaine.
11:46Mais je pense que les fondamentaux sont solides.
11:48C'est ça que je veux dire.
11:49Et un élément...
11:50Ça ne vous inquiète pas.
11:51Sophie Binet, 1030 plans de la CGT
11:53qui étaient ici à ce micro hier matin,
11:551030 plans de licenciement il y a un an,
11:57près de 360 aujourd'hui.
11:59Ce sont des chiffres que vous confirmez ?
12:01Mais vous savez, des plans sociaux,
12:02il y en a en continu.
12:04Même quand l'économie va bien,
12:06même quand on est en période de croissance,
12:08il y a des plans sociaux.
12:09Parce que c'est le fonctionnement naturel de l'économie.
12:11Il y en a un peu plus aujourd'hui.
12:13Et ils sont localisés dans un certain nombre de filières
12:15qui sont en difficulté,
12:17qui sont confrontées à une concurrence très très forte.
12:19C'est l'automobile, c'est l'acier, c'est la chimie.
12:20Mais à côté de ça,
12:22vous avez des filières qui continuent à investir,
12:24à créer des emplois,
12:25à ouvrir des sites.
12:26Le baromètre industriel de l'État
12:27nous dit que les ouvertures et les extensions de sites
12:29ont été plus nombreuses en 2024
12:31que les fermetures ou les réductions de sites.
12:34Mais le taux de chômage pourrait repasser en 2026
12:36à 8,5% selon l'Observatoire français des conjonctures économiques.
12:39Mais ça, vous savez, ces projections sur le taux de chômage,
12:41un certain nombre d'instituts,
12:43et l'OFCE,
12:44et beaucoup d'instituts qui sont très rigoureux
12:46et très solides,
12:49projettent ou promettent
12:51un taux de chômage à plus de 8%.
12:53Pour l'instant, il est autour de 7%.
12:56Et le chômage au sens du Bureau international du travail
12:58n'a pas augmenté
12:59dans la dernière livraison des chiffres dont nous disposons.
13:02Donc pour l'instant, le marché du travail résiste.
13:05C'est ça que je veux retenir.
13:06Mais ça ne signifie pas qu'il n'y a pas des filières en difficulté,
13:09qu'il n'y a pas des plans sociaux,
13:10qu'il n'y a pas des dossiers très difficiles d'entreprises
13:12qui font défaillance.
13:15Mais ça, il faut s'y attaquer au cas par cas
13:17et aussi avec une politique globale
13:18qui se mène également au niveau européen.
13:20Une question pour vous, Marc Ferraci,
13:22de Bertrand au Standard de France Inter.
13:24Bonjour Bertrand.
13:24Oui, bonjour.
13:27Et nous vous écoutons.
13:27Bonjour.
13:31Allô ?
13:31Oui, Bertrand.
13:32On écoute votre question.
13:33Oui, bonjour.
13:35J'avais en partie évoqué,
13:37je voulais savoir si le ministre
13:40pouvait nous donner un retour en termes d'emploi,
13:43mais je crois qu'on a un petit peu entendu,
13:45des aides qui avaient été accordées aux entreprises
13:48par rapport au CICE.
13:51Merci Bertrand.
13:52Le crédit d'impôt, donc, accordé aux entreprises,
13:54compétitivité, emploi, c'était le nom de...
13:56C'est une très bonne question
13:57parce que ça me permet de reparler d'évaluation.
14:00Le CICE, il a disparu.
14:01C'était un dispositif qui a été créé
14:03sous le quinquennat précédent,
14:04le quinquennat de France Hollande,
14:05qui représentait plus de 20 milliards d'euros
14:06d'aide aux entreprises.
14:07Il a été repensé par des baisses de charges pérennes.
14:11Des baisses de charges pérennes.
14:11Le CICE, il a été évalué,
14:13pour répondre à notre auditeur,
14:15et il a été évalué comme n'étant pas très efficace.
14:18Ça créait quelque chose comme 100 000 emplois,
14:21ce qui est peu au regard des sommes dépensées.
14:22Et les baisses de charges ?
14:23Et pourquoi c'était peu efficace ?
14:26Parce que c'était trop compliqué.
14:27Les baisses de charges, c'était plus simple.
14:29Et aujourd'hui, on est capable de relier
14:31les baisses de charges à des créations d'emplois
14:33par centaines de milliers.
14:35Et donc, c'est beaucoup plus efficace
14:36parce que c'est plus simple.
14:38Et donc, ça, c'est une bonne illustration
14:39de la nécessité d'évaluer les dépenses publiques
14:42pour les remplacer lorsqu'elles ne sont pas efficaces
14:44par des dispositifs qui le sont plus.
14:46Nous parlions, Marc Ferracci, des plans sociaux,
14:49du taux de chômage qui remonte
14:52et risque de remonter dans les prochains mois.
14:54Situation, et vous l'avez dit, aggravée
14:55par la guerre commerciale lancée par Donald Trump,
14:57même si elle était mise sur pause.
15:00L'augmentation des droits de douane
15:01a été mise sur pause pour 90 jours.
15:04L'industrie française, automobiles, sidérurgie, chimie,
15:09est en sursis aujourd'hui ?
15:10C'est la situation ?
15:11Toutes les filières sont préoccupées.
15:13Y compris les filières qui vont bien.
15:14Le luxe, la cosmétique, l'aéronautique,
15:16qui sont des filières très exportatrices,
15:18sont extrêmement préoccupées.
15:20On a 28 000 entreprises
15:20qui exportent aux Etats-Unis dans notre pays.
15:2328 000 entreprises françaises,
15:24dont près de 40% d'entre elles,
15:26ont un carnet de commandes
15:28qui dépend à plus de 50% des Etats-Unis.
15:30Donc ces entreprises, elles sont en première ligne.
15:32Mais malheureusement, il n'y a pas que ces entreprises
15:34qui sont potentiellement touchées.
15:36Lorsque vous êtes fournisseur
15:38d'un constructeur automobile allemand, par exemple,
15:40qui va être pénalisé
15:42par les hausses de droits de douane
15:44sur les automobiles
15:45qui ont été maintenues
15:46à un niveau très élevé par les Etats-Unis,
15:48là, ça n'est pas suspendu,
15:49eh bien, vous allez souffrir.
15:51Exactement.
15:51Donc, premier élément,
15:53c'est qu'il ne faut pas baisser la garde.
15:54Justement, puisque vous parlez de l'automobile,
15:58les équipementiers automobiles
16:00disent que des droits de douane à 20%,
16:02ne serait-ce que 20%,
16:03pourraient détruire 10 000 postes.
16:05Mais je pense qu'il y a effectivement
16:07des impacts sociaux qui peuvent être majeurs
16:09si on ne parvient pas à obtenir une désescalade.
16:12La désescalade, ça signifie
16:13revenir sur les droits de douane
16:16et retourner à la situation antérieure.
16:17Pour ça, il faut avoir une posture d'unité
16:19au niveau européen,
16:21une posture de fermeté.
16:21Quand on a commencé à élaborer la réponse
16:24et qu'on a montré aux Etats-Unis
16:26ce qu'allait être la réponse
16:27en termes d'augmentation des droits de douane
16:29de manière parfaitement symétrique
16:30à ce qui avait été annoncé
16:31sur l'acier et l'aluminium,
16:32on a vu que Donald Trump a suspendu.
16:34Mais la suspension, ça ne suffit pas.
16:36Parce que dans 90 jours,
16:37on peut retrouver une augmentation des droits de douane.
16:39Et puis, on se le disait,
16:40il y a des secteurs qui restent taxés
16:42à 25% et qui sont aujourd'hui en difficulté.
16:44Et puis, il y a un autre problème très important
16:46qui est de la part de pas mal de filières industrielles
16:49peut-être le problème le plus grave,
16:50c'est que le fait de fermer à la Chine
16:52le marché américain,
16:53ça risque d'envoyer
16:55tous les produits chinois vers l'Europe.
16:57Et vous le savez,
16:58la Chine est déjà dans une situation
16:59de surcapacité sur l'acier,
17:01sur la chimie,
17:02sur un certain nombre de composants,
17:03sur les véhicules électriques.
17:04Et si on ne se protège pas
17:06contre les produits chinois
17:07avec des mesures de restriction
17:09aux importations
17:10que nous défendons au niveau européen,
17:12eh bien là, nos filières industrielles,
17:14la totalité de nos filières industrielles
17:15vont connaître de grandes difficultés.
17:17Donc, il faut agir,
17:17il faut agir vite,
17:18pas simplement en direction des Etats-Unis,
17:20mais aussi en direction de la Chine.
17:21Donc, nécessité d'unité européenne.
17:23Un mot sur un cas particulier,
17:24mais symbolique dans l'industrie aujourd'hui.
17:26Le spécialiste de la chimie,
17:27Yvan Corex,
17:28près de Grenoble,
17:29sous-traitant pour la dissuasion nucléaire française notamment,
17:32repris partiellement par son concurrent chinois,
17:35qui ne garde que 54 emplois sur 450.
17:38Sophie Binet,
17:39encore elle,
17:40dont je parlais tout à l'heure,
17:41secrétaire générale de la CGT,
17:43parle de scandale d'Etat.
17:44Des salariés,
17:45des élus locaux,
17:45avaient réclamé une nationalisation temporaire.
17:47L'Etat ne pouvait vraiment rien faire pour eux ?
17:49C'est parfaitement excessif de parler de scandale.
17:52Depuis dix mois,
17:53l'Etat,
17:54mes services,
17:55cherchons,
17:56avec les élus locaux,
17:57avec l'ensemble des acteurs économiques concernés,
18:00une solution industrielle
18:01pour reprendre la totalité
18:02des activités de Van Corex.
18:03Dans la CGT,
18:04chez Van Corex,
18:05il y a des activités qui intéressaient
18:06notre souveraineté industrielle,
18:09fournir du sel,
18:10du chlore,
18:11qui sont destinés au nucléaire civil,
18:13et aussi à la propulsion
18:14et à la dissuasion nucléaire.
18:15Il y avait aussi des activités
18:16qui n'ont pas de caractère de souveraineté.
18:19C'est ces activités
18:19qui n'ont pas de caractère de souveraineté
18:21qui ont été reprises.
18:22Ce qu'a repris l'actionnaire chinois,
18:24ce sont des activités
18:25qui sont en lien avec les peintures industrielles.
18:27Vous voyez que ça n'a pas d'effet de souveraineté.
18:28Au nom de cette souveraineté,
18:29l'Etat aurait pu...
18:30Et sur la souveraineté,
18:31il n'y avait personne pour reprendre
18:33la totalité des activités de Van Corex,
18:36mais l'Etat,
18:37avec le ministère des Armées,
18:38le ministère de l'Industrie,
18:40s'est assuré
18:40qu'il n'y aurait pas de problème de souveraineté
18:42parce que nous nous sommes assurés
18:43qu'il y aurait des sources d'approvisionnement
18:44en sel et en chlore,
18:46pérennes et françaises.
18:47Donc, toutes celles et ceux qui disent
18:49qu'il fallait nationaliser Van Corex
18:51pour une raison de souveraineté,
18:53eh bien, passent à côté
18:54de la réalité de ce dossier,
18:55je veux le dire,
18:55avec la plus grande fermeté.
18:57Moi, je ne suis pas partisan
18:58de nationaliser
18:59toutes les entreprises en difficulté.
19:01Dès lors qu'il y a des problèmes de souveraineté,
19:02ça peut s'envisager,
19:03mais ça n'est pas le cas ici.
19:04Vous êtes ministre de l'Industrie,
19:05Marc Ferracci,
19:06et de l'énergie.
19:07La feuille de route énergétique
19:08de la France
19:09pour les dix années à venir
19:10arrive dans deux semaines,
19:12un peu moins de deux semaines
19:12à l'Assemblée nationale.
19:14Enjeu majeur, évidemment,
19:15mais que le gouvernement a choisi
19:16de mettre sur la table
19:17sans vote.
19:18Pourquoi ?
19:19Mais, vous savez,
19:20c'est la loi qui prévoit
19:21que ce qu'on appelle
19:22la programmation pluriannuelle
19:23de l'énergie
19:24soit adoptée par décret.
19:25Donc ici,
19:26il n'y a rien
19:26de véritablement nouveau.
19:28Quel est l'enjeu
19:28de cette programmation ?
19:29Je pense qu'il faut
19:30élargir un peu la focale.
19:32L'enjeu,
19:32c'est de sortir
19:34de notre dépendance
19:34aux énergies fossiles.
19:36Nos énergies fossiles,
19:37c'est 70 milliards d'euros
19:38sur notre balance commerciale
19:40de déficit.
19:42C'est lorsque
19:42il y a un événement
19:43comme la guerre en Ukraine
19:44et lorsque Vladimir Poutine
19:46utilise le gaz
19:46comme arme de guerre,
19:47la nécessité de dépenser
19:48plus de 70 milliards d'euros
19:50supplémentaires
19:51avec un bouclier énergétique
19:52pour protéger les Français.
19:53Donc ça,
19:54c'est le prix
19:55de la dépendance
19:55aux énergies fossiles.
19:57Sortir du fossile,
19:58c'est avoir une trajectoire,
20:00une programmation pluriannuelle
20:01de l'énergie
20:01qui fait le choix
20:03à la fois du nucléaire
20:04et des énergies renouvelables.
20:05Quelle part ?
20:06Le Rassemblement National
20:07dit qu'il vous censurera
20:08s'il y a trop d'énergie renouvelable ?
20:10Mais chacun prendra
20:10ses responsabilités.
20:11Moi,
20:11je ne me lève pas le matin
20:12en pensant à la censure
20:14du Rassemblement National.
20:15Ce que veut
20:16le Rassemblement National,
20:17c'est nous maintenir
20:18dans les prochaines années
20:19sous cette forme
20:21de dépendance
20:21aux énergies fossiles
20:22qui viennent de Russie,
20:24qui viennent des Etats-Unis,
20:25alliés qui désormais,
20:26on le voit,
20:26moins fiables
20:27qu'ils ne l'étaient
20:27ces derniers mois
20:28et ces dernières années.
20:29Moi,
20:29je ne veux pas
20:30de cette dépendance
20:31pour mon pays.
20:32Et vous le savez,
20:33même ceux qui défendent
20:34le nucléaire
20:34et je défends le nucléaire
20:35doivent tenir compte
20:36du fait que
20:36les nouveaux réacteurs nucléaires
20:38que nous commençons
20:39à construire,
20:40ils ne rentreront
20:41en service
20:42qu'en 2038.
20:43Dans l'intervalle,
20:44nous avons besoin
20:44des énergies renouvelables.
20:45Donc l'opposition,
20:46ce n'est pas
20:46le nucléaire
20:48contre les renouvelables,
20:48c'est le fossile
20:50contre les renouvelables.
20:52Et ceux qui balayent
20:53d'un revers de la main
20:54la nécessité
20:54d'avoir des énergies renouvelables,
20:55eh bien,
20:56ils font le choix du fossile
20:56dans les prochaines années.
20:57C'est le cas
20:58du Rassemblement National.
20:59Dernière question,
21:00rapidement,
21:00Marc Ferracci,
21:01Emmanuel Macron
21:02s'est engagé
21:03à consulter les Français.
21:04J'ai dit,
21:04vous êtes très proche
21:05du président de la République,
21:07intime même,
21:08vous lui parlez tous les jours.
21:09Pourquoi pas un référendum
21:10sur la réforme des retraites
21:12et l'âge de départ
21:13à 64 ans ?
21:14Écoutez,
21:14le président a annoncé
21:16qu'effectivement,
21:17il consulterait les Français
21:18ou il donnerait la possibilité
21:19aux Français de s'exprimer.
21:20La réflexion,
21:21elle est en cours
21:22sur les thématiques.
21:23D'ailleurs,
21:24ce n'est pas uniquement
21:24le président
21:25qui formule
21:26des propositions
21:27de sujets de référendum.
21:29Les retraites ?
21:30Gabriel Attal
21:31a proposé un référendum
21:32sur le travail
21:33il y a quelques jours
21:34lors du meeting
21:35du parti Renaissance.
21:37Sur les retraites,
21:38vous savez,
21:38moi je considère
21:39que le débat,
21:40même s'il a été houleux,
21:41tumultueux,
21:42j'étais parlementaire à l'époque,
21:43il a eu lieu.
21:44Je pense qu'aujourd'hui,
21:45les partenaires sociaux
21:46se sont saisis de ce sujet
21:47et il faut les laisser travailler.
21:48Marc Ferracci,
21:49ministre de l'Industrie
21:50et de l'Énergie,
21:51on comprend qu'un référendum
21:53à venir sur les retraites
21:54n'est a priori
21:55pas envisagé
21:56par le président de la République.
21:57Merci beaucoup
21:58d'être venu nous voir
21:59ce matin
21:59dans le grand entretien
22:00de la matinale.
22:01et de l'Énergie,
22:02merci beaucoup.
22:02Merci beaucoup.
22:02Merci beaucoup.
22:03Merci beaucoup.
22:03Merci beaucoup.

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