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Béatrice Brugère : «La manifestation de dimanche est l'échec d'une décision de justice»
CNEWS
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03/04/2025
Béatrice Brugère, secrétaire générale Unité Magistrats : «La manifestation de dimanche est l'échec d'une décision de justice qui n'arrive pas à pacifier», sur CNEWS.
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00:00
Là où je serais assez d'accord avec Robert Ménard, c'est que, en fait, le corps de la magistrature n'est pas du tout homogène.
00:05
C'est vrai qu'on a un prisme, en pensant à chaque fois qu'on est sur des affaires politico-financières,
00:10
que tous les syndicats sont des syndicats rouges avec le couteau entre les dents, prêts à vouloir...
00:16
Rouge-rouge.
00:16
Oui, c'est ça. Mais pour autant, ça existe. Voilà, tout est une question de mesure et d'analyse.
00:23
Là où je ne serais pas du tout d'accord avec Robert Ménard, évidemment, c'est sur la place du syndicalisme judiciaire,
00:29
comme dans d'autres corps, si celui-ci reste dans, j'allais dire, son office, d'ailleurs comme le juge,
00:36
puisque nous sommes aussi des magistrats, c'est-à-dire avec une déontologie, une éthique, et avec aussi une action extrêmement importante.
00:43
Et d'autant plus importante que la magistrature souffre aussi de beaucoup de retard dans l'organisation du travail,
00:50
dans la manière de traiter, dans l'ARH, dans aussi les conditions du travail.
00:56
Et je pense que c'est bien, au contraire, d'avoir des syndicats qui poussent un peu cette administration vers le haut.
01:02
Et sur le côté politisation de ce verdict ou ce jugement ?
01:07
En fait, la difficulté aujourd'hui, c'est qu'on arrive un peu à une situation paroxystique qui n'est pas nouvelle.
01:13
L'histoire, pour ceux qui aiment l'histoire, nous permet de voir que cette situation a déjà été, j'allais dire, vécue à plusieurs reprises,
01:22
y compris sous la Révolution française, c'est-à-dire d'une confrontation entre la justice et le politique.
01:30
Parce que ce sont deux pouvoirs, en fait, d'une certaine façon, en tout cas deux autorités extrêmement fortes,
01:34
et que la délimitation et le partage a toujours été un enjeu.
01:38
Pour autant, moi je suis assez inquiète de ce qui se passe, c'est-à-dire sur l'impossibilité aujourd'hui à juger
01:46
sans avoir justement tout de suite ce clivage justice contre le politique.
01:52
Il faut dire que le syndicat de la magistrature n'aide pas non plus.
01:55
Est-ce qu'on imagine un membre du syndicat de la magistrature, par exemple, juger un militant RN ?
01:59
Non, mais une fois qu'on a dit ça, il faut être honnête.
02:02
En fait, une fois qu'on a dit ça, il faut être honnête.
02:04
C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le discours qui tient à dire « circuler, il n'y a rien à voir, les juges sont indépendants »,
02:11
ça ne marche pas, plus personne n'y croit.
02:13
Le discours qui tient à dire « la justice n'est pas politisée », ça ne marche pas et vous avez raison, plus personne n'y croit.
02:20
Et en fait, la question, c'est que plus personne n'y croit.
02:22
Que ce soit vrai ou pas vrai, finalement, ça n'a plus beaucoup d'importance.
02:27
Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'érosion de la confiance dans des institutions aussi importantes que la justice.
02:32
Et d'ailleurs, la manifestation qui va peut-être avoir lieu dimanche
02:35
est l'échec d'une décision de justice qui n'arrive pas à pacifier
02:40
et finalement à mettre fin à un trouble à l'ordre public.
02:43
C'est même l'inverse, c'est une décision qui va peut-être créer un trouble à l'ordre public.
02:47
Il va falloir un moment que tout le monde s'interroge aussi de cet état de fait.
02:53
Moi, je pense aujourd'hui qu'on ne peut pas continuer à cranter à chaque fois qu'il y a une affaire politique
02:59
un discours finalement assez institutionnel,
03:03
les uns disant « écoutez, vous êtes tous des horribles magistrats politiques »
03:07
et les autres « de toute façon, vous n'avez pas le droit de nous critiquer, nous sommes indépendants ».
03:12
Il y a un sujet. En vrai, il y a des sujets.
03:14
Il y a des sujets, même j'en parlais avec des avocats,
03:17
y compris dans cette décision, qui peuvent faire débat.
03:20
Et d'ailleurs, j'étais très étonnée de voir des grandes figures du Conseil constitutionnel,
03:24
des personnes qui ont quand même pris la parole de façon assez forte
03:30
en disant « mais attendez, là, il y a un débat, et pourquoi on a peur du débat ? »
03:33
Moi, je n'ai pas peur du débat.
03:35
Mais cette décision, on ne peut pas imaginer à l'instant qu'elle ne puisse pas faire débat d'abord.
03:40
Déjà, comment on peut s'étonner que cette décision ne fasse pas débat ?
03:44
Déjà, ça, ça m'étonne.
03:45
Oui, elle fait débat, puisqu'elle a un impact sur la société, on le voit bien.
03:49
Mais moi, j'ai entendu Noël Lenoir qui s'est exprimé,
03:52
j'ai entendu un ancien secrétaire du Conseil constitutionnel,
03:56
j'ai vu des artes qui posent ce qui est là.
03:58
Il y a des choses qui font débat,
04:01
et c'est pour ça que c'est important de rappeler les principes.
04:04
Les principes, ils sont importants.
04:05
Un, tout le monde doit avoir droit à un double degré de juridiction.
04:09
Rappelez-vous Alain Juppé, condamné à dix ans d'inéligibilité en première instance,
04:14
ramené à un an.
04:15
Et on a plein d'affaires comme ça.
04:17
Donc, le double degré de juridiction, il est important.
04:19
Et on a vu dans cette affaire, quand même, une faille de la loi.
04:22
C'est que, un, on ne peut pas faire un recours sur l'exécution provisoire.
04:25
Or, elle a des conséquences extrêmement importantes.
04:27
Donc, il faut aborder le sujet de façon tout à fait sereine.
04:31
Deuxièmement, il est étonnant, quand même,
04:34
que les droits de la défense puissent être exprimés de manière à ce que,
04:37
si vous ne vous auto-incriminez pas, on en tire une conséquence.
04:40
Moi, je pense que les avocats doivent se dire,
04:42
mais demain, qu'est-ce qu'on va pouvoir dire ?
04:45
Il y a des notions qui sont nouvelles, comme le trouble à l'ordre démocratique,
04:49
qui doivent poser des questions, etc.
04:51
Pour autant, les faits sont là.
04:52
Pour autant, la condamnation est là.
04:54
Moi, je pense qu'il faut en sortir.
04:57
Parce qu'il y a encore d'autres affaires.
04:58
Et comment en sortir ?
05:00
Il faut que les règles du jeu, elles soient claires pour tout le monde.
05:03
Si on veut retrouver de la confiance,
05:04
il faut que les règles du jeu soient claires et transparentes pour tout le monde.
05:08
Par exemple, en Italie, vous n'avez pas un principe d'opportunité des poursuites.
05:12
Pourquoi on ne ferait pas un principe
05:14
qui permettrait, pour toutes les affaires politiques et financières,
05:17
d'avoir les mêmes règles ?
05:18
Tout le monde est poursuivi de la même façon,
05:20
dans la même temporalité, avec les mêmes juges,
05:23
avec les mêmes façons de le faire.
05:25
Aujourd'hui, ce qui fait qu'on doute de la justice,
05:29
c'est que vous avez 50 possibilités de poursuivre.
05:31
Il y en a qui vont très vite,
05:32
il y en a qui vont très lentement,
05:34
il y en a qui font l'objet d'un juge d'instruction,
05:37
il y en a qui durent 14 ans, etc.
05:39
Donc là, on peut avancer sur les règles du jeu.
05:43
Deuxièmement, et Robert Ménard l'a dit sans vraiment le dire,
05:46
il faut qu'on soit impitoyable sur l'objectivité et l'impartialité.
05:51
C'est-à-dire que, et ça, c'est aussi la faute des politiques,
05:54
il faut qu'aujourd'hui, on exige de la magistrature
05:58
qu'elle ne fasse ni morale, ni politique,
06:01
ni prise de position politique,
06:03
parce que c'est ça qui mine aujourd'hui la confiance.
06:06
Et là, il y a des choses à faire.
06:08
On va dire qu'il n'y a rien à faire.
06:10
Et dans les motivations du jugement,
06:12
on a découvert, notamment grâce à maître Rodolphe Maussolus,
06:14
qui est l'enquêteur de Marine Le Pen,
06:16
qu'il était reproché à Marine Le Pen d'être anti-européenne.
06:19
Donc voilà, si elle avait été anti-européenne,
06:22
pas fédéraliste en tout cas.
06:24
Il y a aussi une hypocrisie du côté des politiques,
06:27
c'est-à-dire qu'ils ont lavé plus blanc que blanc
06:30
avec un corpus législatif,
06:32
en nous donnant un pouvoir dont aujourd'hui,
06:34
il s'étonne qu'on l'applique.
06:37
Donc si vous voulez, on ne peut pas...
06:39
De la même manière, la politisation,
06:41
je termine là-dessus si vous me laissez encore 7 secondes,
06:43
c'est que qui c'est qui instrumentalise la justice
06:46
par le jeu des carrières ?
06:48
Pourquoi on ne fait pas les grandes réformes sur le parquet ?
06:51
Pourquoi on ne fait pas une grande réforme sur la RH ?
06:54
Pourquoi on n'est pas plus transparent sur les nominations ?
06:57
Pourquoi les politiques ont voulu aussi,
06:59
quand ils étaient à droite,
07:01
plutôt avoir des magistrats de droite ?
07:03
Quand ils étaient à gauche,
07:05
plutôt avoir des magistrats de gauche ?
07:07
Tout ça, c'est la résultante de pratiques
07:09
qui ont abîmé nos institutions
07:11
et qui mettent en péril l'état de droit.
07:13
Et là, je dis que c'est une co-responsabilité.
07:15
Il faut arrêter de nous affronter les uns contre les autres.
07:17
Il faut regarder les choses avec lucidité,
07:19
parfois reconnaître, parce que nous aussi,
07:21
on a peut-être des choses qui ne vont pas.
07:23
On ne peut pas être une citadelle à siéger.
07:25
Peut-être qu'on a des torts,
07:27
et les torts, ils seront partagés.
07:29
Mais on ne sait pas comment on sort
07:31
et pas plutôt comment on alimente le conflit.
07:33
Et même le fait que le procès en appel
07:35
se tienne à l'été 2026 a posé question.
07:37
On a dit que c'était une justice à deux vitesses.
07:39
Ça devrait être pour tout le monde pareil.
07:41
Le problème aujourd'hui, c'est les délais.
07:43
Comment c'est possible ?
07:45
Parce que regardez, par exemple,
07:47
la justice qui a été affaiblie par le politique
07:49
pendant des années, sans moyens,
07:51
dont on a mis des bâtons dans les roues
07:53
pour lutter contre des affaires de corruption.
07:55
On s'étonne qu'on ait des procès
07:57
mais c'est vrai que juger 15 ans plus tard
07:59
c'est le cas, par exemple, de ce dossier,
08:01
n'a pas beaucoup de sens.
08:03
Les faits n'existent plus, ils sont très anciens.
08:05
D'ailleurs, c'était des pratiques,
08:07
si on est honnête, qui ont été largement
08:09
partagées par plein d'autres
08:11
partis politiques.
08:13
Donc là aussi, la justice, elle arrive
08:15
souvent trop tard, à contre-temps,
08:17
et du coup, ça crée
08:19
une forme de brutalité
08:21
qui n'est pas bonne.
08:23
Donc la temporalité, par exemple,
08:25
je trouve très bien ce qu'a dit d'ailleurs
08:27
l'adaptabilité de faire ça rapidement
08:29
parce qu'on ne pourra pas accuser du coup
08:31
la justice de dire
08:33
vous avez laissé traîner. Donc de toute façon,
08:35
l'accusation, elle est toujours du même côté.
08:37
Donc, la question, c'est que
08:39
au lieu que chacun se drape
08:41
et avec une forme
08:43
d'hypocrisie aussi, en partie,
08:45
c'est comment on s'en sort ? Comment
08:47
on sauve nos institutions pour éviter
08:49
peut-être que... Parce que le risque,
08:51
il est peut-être beaucoup plus fort qu'on l'imagine.
08:53
Beaucoup plus fort.
08:55
N'oublions jamais que, quand même, la révolution
08:57
française, elle a eu deux causes.
08:59
Une cause économique et une faillite.
09:01
Je crois qu'on n'en est pas très
09:03
loin, si j'ai bien compris. Je ne suis pas économiste
09:05
mais je ne crois pas que les finances soient non plus
09:07
extrêmement bonnes.
09:09
Et aussi, une cause à cause
09:11
des parlements, justement,
09:13
et de la lutte avec le pouvoir politique.
09:15
Tirons aussi parfois des leçons
09:17
de l'histoire, car
09:19
l'histoire est beaucoup plus forte qu'on le croit
09:21
dans notre subconscient.
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