Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
"Je peux te dire le nom des couturières qui travaillent derrière chaque sac."

Faire fabriquer en France, ça lui coûte cher, et encore plus avec l'inflation, mais voici pourquoi Hortense trouve essentiel de ne pas délocaliser la production de sa marque BAZAR Atelier Sablon.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Pour moi, la couture, c'est un truc essentiel que tous les enfants devraient apprendre au départ,
00:04de savoir réparer, la notion de réparer.
00:06Aujourd'hui, on achète, on jette, on dépose dans un bac à recycler,
00:10si on a une conscience un tout petit peu éthique.
00:12Mais je pense que c'est hyper important aujourd'hui, déjà, d'éduquer son consommateur en lui disant
00:18« si tu achètes quelque chose, essaie de l'acheter consciemment en sachant d'où est-ce que ça vient,
00:23comment c'est produit, est-ce qu'on respecte des normes sociales ? »
00:28Tu vois, quand tu fabriques en France, tu sais très bien que derrière, il va y avoir une charte éthique
00:33et tu sais très bien que la personne qui travaille derrière ça va être payée dans de bonnes conditions,
00:38va travailler dans de bonnes conditions.
00:40Donc, c'est tout l'aspect du « made in France ».
00:42Un grand bout de tissu, des bananes, le sac, mini-kabap, les tartes en pion.
00:46Moi, je me suis lancée pendant le Covid.
00:47J'avais mon job qui s'est arrêté un peu subitement.
00:50J'ai appris la couture avec la machine à coupe de ma grand-mère sur YouTube.
00:54Donc, vraiment, je suis partie de rien du tout avec les rideaux de mon salon,
00:58les chutes de tissu que ma grand-mère avait et notamment la toile de jouy.
01:01Et donc, après ça, j'ai lancé ma marque tout bêtement.
01:03J'ai commencé à confectionner tout moi-même.
01:05Et nous, en fait, notre spécificité, c'est de travailler déjà des produits « made in France »
01:09et notamment une partie de nos pièces est confectionnée avec les chutes de tissu de nos cabas.
01:14Ce qu'on récupère, c'est ça à la fin des cabas.
01:17Et on va faire un petit peu le tri.
01:19Enfin, c'est moi qui fais le tri de toutes ces chutes-là et je me regarde ce que je peux en faire.
01:23Donc, par exemple, ça, tu vois, ça va être destiné à faire un chouchou.
01:26Donc, ça, c'est le produit fini.
01:27Ça, c'est le produit que tu as au début.
01:29Donc, au début, on travaillait avec des ateliers.
01:31Ça s'est très bien passé, mais on s'est juste rendu compte que c'était encore plus humain,
01:34tu vois, de travailler en direct avec les personnes.
01:36Il y a un réel vivier de couturière aujourd'hui en France.
01:38Donc, on travaille avec ces femmes qui travaillent depuis chez elles
01:42et qui, pour la plupart, sont retraitées, qui étaient des anciennes couturières professionnelles.
01:46Je leur dis, ben voilà, aujourd'hui, j'ai besoin de 10 bananes.
01:48Est-ce que tu pourrais m'en envoyer ?
01:50Et au nom... Enfin, moi, je les paye à la pièce après, par la suite.
01:53Est-ce que ça te coûterait moins cher de faire ça beaucoup plus loin ?
01:56Bien sûr. Bien sûr que ça me coûterait moins cher de faire ça beaucoup plus loin.
02:00Évidemment, fabriquer en France, c'est un coût qui est beaucoup plus onéreux.
02:03Je te donne un exemple.
02:04C'est l'arrière-moyen d'une couturière.
02:05Ici, c'est entre 1 500 et 2 000 euros en France.
02:08En Portugal, il est de 755 euros, ce qui correspond en fait au SMIC.
02:12Et puis, plus tu vas en Turquie, plus tu vas en Chine et moins c'est cher.
02:16Donc, évidemment que ton coût, il est divisé par 3, par 4 ou alors par 10.
02:19Mais je pense que c'est hyper important aujourd'hui
02:23de réinjecter tout ce savoir-faire en France,
02:25de recréer cette dynamique de couture.
02:27Moi, j'ai des marges qui sont très réduites
02:28parce que mon but, c'est surtout de proposer un produit qui va être relativement accessible.
02:33Aujourd'hui, nous, nos cabailles coûtent 109 euros.
02:35Qui est prêt à mettre 109 euros dans un cabaille ?
02:38Alors, nous, notre plus gros marché, c'est un marché français très parisien.
02:42Mais maintenant, on a aussi beaucoup...
02:44On s'ouvre à l'international et on a beaucoup de clients américains et japonais.
02:48Le Made in France, aujourd'hui, c'est un réel gage de qualité pour la clientèle étrangère.
02:52On a été suffisamment bons pour marquer au fer rouge qu'on était bons en couture,
02:56notamment aussi avec les grandes maisons de luxe.
02:58Et donc, évidemment, ça les intéresse beaucoup quand c'est fabriqué en France.
03:01Après le Covid, il y a eu un réel intérêt auprès du Made in France.
03:06Ça, c'est certain.
03:07Les gens avaient du pouvoir d'achat.
03:09Les gens avaient réellement envie d'acheter et d'être un peu plus conscients sur son achat.
03:14Là, on arrive dans une autre période.
03:16On arrive dans une année de forte inflation.
03:18Et en effet, acheter du français, c'est un tout petit peu plus difficile qu'avant.
03:23Il y aura toujours des clients pour acheter du français.
03:27En revanche, ils en achèteront moins.
03:28Ils en achèteront un produit par an au lieu de cinq, comme tu vois, juste en sortant du Covid.
03:32Est-ce que l'inflation t'impacte ?
03:34Bien sûr qu'elle m'impacte.
03:35Elle m'impacte énormément sur, déjà, le prix du coton.
03:39Tous nos produits sont fabriqués en coton.
03:40Donc, on est directement impacté avec la toile qu'on utilise.
03:45On est directement impacté aussi sur le prix de l'électricité, sur le prix du transport.
03:51Donc, on essaie de trouver des alternatives, évidemment.
03:53Et puis, notre rôle, avant tout, c'est d'éduquer le consommateur à acheter le français.
03:56Pourquoi c'est bien d'acheter le français ?
03:58Pourquoi il y a beaucoup plus d'intérêt ?
04:00Tout simplement parce que ton produit va rester beaucoup plus longtemps.
04:03Tu sais ce qui se cache derrière.
04:04Je peux même te dire aujourd'hui le nom des couturières qui travaillent derrière chaque produit.
04:07Quand on se lance dans cette aventure et qu'on arrive à une période d'inflation respectée à toi-même,
04:12t'arrives à vivre ce que tu fais ?
04:15Oui, j'en vis, mais je suis chez mes parents.
04:18Mais on n'a pas le choix, en fait.
04:19Choisir, c'est aussi renoncer.
04:20Lancer sa boîte, c'est incroyable.
04:22Moi, je m'autofinance.
04:24Donc, tout ce que je gagne, je le réinjecte dans ma boîte.
04:26J'ai commencé à me lancer avec seulement 100 euros
04:29en achetant simplement deux bouts de tissu et deux bobines de fil.
04:34Et ces 100 euros, on fait des petits bébés.
04:36Et aujourd'hui, oui, j'en vis, mais en restant chez mes parents.
04:41J'ai de la chance d'avoir mes parents pour ça aussi, évidemment.

Recommandations