Kinshasa, les enfants de la rue

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On les appelle les "shégués". A Kinshasa, une jeune femme de 21 ans a décidé d'aider ses enfants de la rue à la mauvaise réputation. Elle a monté un orphelinat alors qu'elle n'avait que 17 ans.

Transcript

00:00À Kinshasa, on les appelle des chégués.

00:02Il y en a qui disent que ce sont des enfants sorciers,

00:04il y en a qui disent que ce sont des bandits,

00:06c'est pour ça qu'ils se retrouvent dans la rue.

00:09Ils ont tellement chacun une histoire

00:11qu'il faut s'en approcher pour savoir.

00:14Moi, je crois qu'on ne peut pas bâtir une société très forte

00:19avec les enfants dans la rue.

00:31Je m'appelle C'est Prévu, c'est mon prénom.

00:34Mes parents me l'ont donné,

00:36parce que moi, je suis née prématurée.

00:38Donc, ce n'était pas prévu que j'y naisse.

00:40Ils n'ont pas voulu que les circonstances

00:42décident sur le reste de ma vie.

00:44Donc, ils m'ont appelée C'est Prévu.

00:46Ils m'ont dit que c'était prévu que j'y naisse,

00:49c'était prévu que je sois cette personne que je suis.

00:52C'est ma force, en fait.

00:53C'est toute la différence.

00:55Je ne tenais pas à dépendre de mes parents.

00:57J'aime beaucoup mon quartier.

00:59C'est un quartier modeste.

01:01Les gens qui y vivent sont des gens très simples.

01:04Mais c'est aussi malheureusement un quartier

01:07avec beaucoup d'insécurité.

01:09Il y a un fait de vie,

01:10c'est qu'il y a beaucoup de gens qui vivent dans les quartiers,

01:12mais qui ne sont pas encore là.

01:14Je suis une personne qui est en mode

01:16« je ne suis pas là »

01:18et qui n'a pas de parents.

01:20Je suis une personne qui est en mode

01:22« je ne suis pas là »

01:24et qui n'a pas de parents.

01:26Il y a un phénomène qu'on appelle les phénomènes couronnes,

01:28donc les jeunes gens qui coupent les gens avec les machettes,

01:30qui arrachent les sacs et tout ça.

01:32C'est le côté mouvementé de mon quartier,

01:35mais par contre c'est vraiment un quartier où les gens sont simples.

01:39Je suis née dans une famille plutôt sympa, gentille et très sociale.

01:56Ils aidaient les gens chez nous.

01:58Moi je voulais aller au-delà des frontières,

02:01je voulais quitter notre maison pour aller aider les gens en dehors de la maison.

02:05J'ai vraiment eu du mal à les convaincre que ce ne sont pas tous les enfants

02:13qui se retrouvent dans la rue parce qu'ils sont bandits.

02:15Je me souviens très bien de la première fois où j'ai rencontré un enfant de la rue.

02:22J'aime trop qu'on dise que c'est la maman des enfants de la rue, ça me plaît.

02:32Donc j'ai rencontré mon premier fils de la rue, il s'appelait Chico.

02:36Ce qui m'a vraiment piqué dans son histoire,

02:41c'était déjà le fait qu'il avait 9 ans et qu'il était dans la rue.

02:44Moi je sais que quand j'avais 9 ans, j'étais chez nous, tranquille.

02:48J'ai imaginé sa vie, je me suis mise à sa place,

02:51j'ai dit que moi je ne pourrais pas supporter.

02:53Je ne pourrais pas, je n'ai pas la force qu'il a en fait.

02:57Et là j'ai dit à mes amis qu'en sortant de l'école secondaire,

03:01il faut qu'on crée quelque chose qui aide les enfants.

03:03Donc avec mes amis, nous avons commencé par faire un plan.

03:08Donc on arrive dans la rue, on parle aux enfants,

03:11on fait des listes qui veulent aller dans un centre en fait.

03:15Donc ce n'est pas nous-mêmes, on va, on prend un nom.

03:17On suit vraiment la procédure légale pour avoir tout ce qu'il faut

03:20en termes de documents et tout ça, pour aussi protéger les enfants.

03:24Je vais vous montrer notre petite maison des anges.

03:29Là, nous avons la cour, la cour qui permet aux enfants de jouer.

03:34Je vous amène à la maison.

03:38Nous avons notre salon et là nous avons notre table à manger.

03:43Derrière moi, nous avons notre mur des souvenirs

03:47où il y a les noms de tout un chacun.

03:49Bon, ici, il y avait beaucoup de photos, ils ont tout cassé.

03:51Donc il en reste avec deux, Dolicia et Ketia.

03:55Donc au début, on commence la maison des anges,

03:57on commence avec six enfants.

03:59Et puis aujourd'hui, j'ai 13 enfants qui m'appellent maman.

04:01Une très grande responsabilité, mais un honneur aussi

04:04parce que ça n'arrive pas tous les jours quand même

04:07que quelqu'un ait 13 enfants en même temps.

04:11On peut m'ouvrir s'il vous plaît ?

04:15Bienvenue à la chambre des filles.

04:17Seigneur, désolé, mais c'est un gros bazar.

04:22Il y a Elena, fais coucou.

04:24Coucou !

04:26Il y a Daniela.

04:27Coucou !

04:29Il y a Ketia et Keren qui sont jumelles.

04:32Et puis il y a notre petite La Joie.

04:34Être une femme étudiante en RDC, c'est un tas de trucs.

04:37On me racontait qu'à l'université, les filles ne vont pas étudier.

04:41Elles sont dehors, elles n'entrent pas en cours.

04:44Il n'y a que les garçons qui réussissent et tout.

04:45Je pense que ça décourage un peu les jeunes filles.

04:48Moi, j'en ai vraiment profité.

04:49Ça a été bénéfique pour moi à l'université,

04:51à part le fait que j'ai étudié.

04:53C'était mon monde, les récoltes des fonds.

04:55J'organise un show.

04:56La première édition, j'ai invité les femmes politiques,

04:58les femmes entrepreneurs,

05:00pour venir parler aux femmes de mon université,

05:02aux jeunes filles,

05:03pour leur dire qu'elles doivent étudier.

05:04Vraiment, en 2022,

05:06on sent que les femmes se donnent vraiment aux études.

05:09On se rend compte qu'on est en retard.

05:15C'est aussi ça notre message en fait.

05:17On n'a pas forcément besoin d'être vieux,

05:19d'être un homme puissant, politique et tout,

05:22pour tendre la main ou pour lutter pour des vraies causes.

05:38Ce qui me donne de l'espoir,

05:39c'est d'avoir la force que les enfants eux-mêmes ont.

05:42Je dis toujours que si j'étais à leur place,

05:44peut-être que je ne pourrais pas tenir.

05:47Mais ils tiennent au milieu de tout ce qu'ils ont vécu,

05:51tout ce qui leur est arrivé dans la vie.

05:52Ils ont trop la joie de vivre.

05:54Ils ont trop de rêves.

05:56Il y en a qui disent qu'ils vont être présidents de la République.

05:58Il y en a qui veulent être médecins.

06:00Tout ça, ça me donne quand même de l'espoir

06:02comme quoi tout n'est pas encore perdu.

06:04Et que ça puisse arranger les conditions de vie des enfants,

06:08partout dans le monde d'ailleurs.

06:12Mais bien sûr que j'ai vu des enfants.

06:14Qui n'avait pas des enfants ?

06:16Mais en plus, c'est comme un stage que je suis en train de faire.

06:18Un stage professionnel.

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