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  • 25/03/2025
Une vidéo postée sur Instagram lui a ouvert les portes de l'Opéra de Paris. Le chorégraphe Mehdi Kerkouche raconte son histoire.
Transcription
00:00On l'a vraiment, vraiment, vraiment fait parce qu'on avait envie de danser.
00:04On ne l'a pas du tout fait en se disant que ça nous emmènerait aussi loin aujourd'hui.
00:31Aurélie Dupont m'ajoute sur Instagram et je me dis « oh, c'est rigolo »
00:36mais moi je la suivais déjà, donc c'était rigolo.
00:40Et deux, trois jours après, je reçois un message pour savoir si ça me disait
00:45d'aller la rencontrer pour boire un verre.
00:48Et j'ai dit « bah oui, ce serait cool ».
00:50Elle a eu cette petite idée de mettre en place des spectacles à la rentrée
00:53un peu moins conventionnels grâce à un plateau différent.
00:57Et elle m'a demandé tout de suite « est-ce que ça te dirait d'y participer ? »
01:00Et ma réponse, je crois, c'était une tête un peu chelou comme ça,
01:06qui disait « mais qu'est-ce que vous voulez que je réponde à ça en fait ? »
01:11« Qui peut dire non à ça ? Bien sûr que je viens, je participe avec grand plaisir. »
01:15Et du coup, me voilà à l'Opéra de Paris.
01:17Est-ce que c'est quelque chose dont tu avais rêvé ?
01:19Ouais, clairement.
01:22J'ai pleuré chez moi parce que j'étais fière de ça.
01:26J'ai pas de revanche à prendre sur quoi que ce soit ou sur qui que ce soit,
01:28mais je suis très heureux de ce qui m'arrive.
01:30Il faut rester dans ton univers d'électrons libres,
01:34qui a quitté l'ADN, etc.
01:36Alors là tu vas mettre ça, je vais passer pour un gros intello de rien du tout.
01:39Je dansais tout le temps, partout tout le temps.
01:41Et ma mère en avait marre de me voir sauter partout dans le salon.
01:44Donc elle a décidé de m'inscrire à mon premier cours de danse quand j'avais 6 ans.
01:48Et j'ai adoré.
01:57Moi j'ai grandi dans une cité.
01:59Ma maman n'avait aucune envie que je prenne un mauvais chemin.
02:02Donc elle avait pas beaucoup de revenus.
02:04A un moment elle était employée de maison.
02:06Mais elle s'est beaucoup privée pour me permettre de rentrer dans un collège privé.
02:09Parce qu'elle pensait que ça m'aiderait pour l'avenir.
02:14Et elle a eu raison, ça m'a plutôt ouvert l'esprit je pense.
02:17Et dans ce collège privé, par contre, il n'y avait que des garçons.
02:20Et là c'est l'enfer qui a commencé.
02:22J'étais un peu artiste et j'aimais bien chanter,
02:24j'aimais bien danser.
02:26Et les garçons ils aimaient bien faire du foot,
02:28et ils aimaient bien faire du basket.
02:30Et j'étais déjà un peu efféminée quand j'étais gamin.
02:34Donc c'était facile de me pointer du doigt, etc.
02:36Et ouais c'était un peu relou.
02:38Mais je kiffais trop ce que je faisais pour m'en empêcher en tout cas.
02:42Et j'étais déjà assez déterminée sur mon avenir.
02:45Je savais déjà que je voulais être artiste.
02:47Donc même si on pouvait me faire des réflexions très négatives
02:51et pas très bienveillantes,
02:53il n'y a rien qui pouvait m'empêcher de bouger, danser, chanter.
03:05Je traînais beaucoup, beaucoup, beaucoup avec les filles,
03:08parce qu'elles aimaient danser.
03:10Et toujours avec mon petit poste à cassette qui me suivait partout,
03:14je montais mes premières chorégraphies sur mes copines.
03:17Et c'était cool.
03:18Je faisais ça dans les cours de récré, je faisais ça en bas de la cité.
03:21Et tu te souviens sur quel morceau c'était tes premières chorégraphies ?
03:24Grave !
03:25Je crois que mes premières chorégraphies, c'était sur les Spice Girls.
03:29Moi je fais le bras droit, mais tu peux faire le bras gauche,
03:31tu peux te faire piquer ailleurs, tu peux faire les deux bras,
03:34c'est comme tu veux, d'accord ?
03:35Vraiment, va te piquer.
03:37Piquez, puis je le jette.
03:41Mon petit bras ici, il lâche pour venir tout tomber à gauche.
03:46J'ai commencé à passer mes premières auditions
03:48et les choses vont très vite en fait.
03:50Dès que j'ai 16-17 ans, je commence à travailler en tant que danseur.
03:52Moi je voulais tout faire, je voulais être dans un théâtre
03:55et je voulais être à la télé.
03:57Donc du coup, j'ai commencé par passer des auditions
04:01et là il y a un chorégraphe qui m'a repéré, qui est très cool,
04:04qui à l'époque était au summum du summum,
04:07tout le monde voulait travailler avec lui, c'était Kamel Ouali.
04:10Et il m'a pris sous son aile et il m'a dit
04:12« j'aime bien ce que tu fais toi ».
04:13Il faut que tu sois dans ton comprimé et il n'y a que ça qui reprend.
04:17Tu vois ?
04:19Ça c'est cool.
04:21Ça c'est cool.
04:30J'ai accompagné une artiste qui s'appelle Christine Anne de Queens
04:32au tout début, début, début,
04:33quand personne ne la connaissait, c'était rigolo.
04:35Et tout a explosé, on a fait le tour du monde et c'était cool.
04:38Et du coup, il y a trois ans, j'ai décidé de monter ma compagnie
04:40qui s'appelle MK, E-M-K-A.
04:43Et j'ai monté ma première création
04:45et ça s'est bien passé.
04:47On a commencé à gagner des petits prix à droite à gauche
04:50et à montrer notre spectacle.
04:52Donc là, je suis rentrée dans les théâtres.
04:54On va faire un test
04:57qui fond avec le…
04:58et Inch'Allah ça passe.
05:00Voilà.
05:12Là, l'objectif c'est vraiment de créer une rencontre
05:14avec des danseurs qui ne viennent absolument pas du même univers que moi.
05:18Les danseurs de l'opéra ont une technique absolument incroyable.
05:21Ils sont entraînés depuis leur plus jeune âge
05:24à la danse classique et à la danse contemporaine.
05:26Là où moi je viens de la danse hip-hop et de la danse télé.
05:31Donc je n'ai pas les mêmes codes,
05:33je n'ai pas les mêmes approches chorégraphiques,
05:35je n'ai pas les mêmes ressentis,
05:38je n'ai pas la même manière d'écouter la musique.
05:41Et du coup, l'objectif c'est de trouver un langage commun
05:43qui fait que,
05:46majestueux, ils peuvent se l'approprier,
05:49la digérer, la transformer, la transcender
05:52et exprimer quelque chose de fort.
05:57Vous n'imposez pas de faire comme le chorégraphe l'a dit.
05:59D'accord ?
06:00Au contraire, je préfère que vous proposiez,
06:02salifiez,
06:04et si vraiment ça ne me convient pas,
06:06j'aimerais le voir et je dirais
06:08« Hum, ça c'est un peu dramatique ».
06:11Tu vois ?
06:14On continue d'écrire avec les bras.
06:21Ce qui est absolument appréciable,
06:23et c'est pour ça que je suis amoureux de chacun de mes danseurs aujourd'hui,
06:25c'est que depuis le premier jour de répétition,
06:27ils ont complètement lâché prise
06:30et ils me font confiance et ils viennent avec moi.
06:33Donc on s'accompagne vraiment mutuellement dans ce projet
06:37et il y a énormément de bienveillance
06:39et il y a énormément de confiance.
06:41Je me suis rapprochée de Guillaume Alric,
06:43qui est un des deux compositeurs de The Blaze,
06:45qui lui est en train de travailler sur son projet solo
06:47de musique électro.
06:49Du coup, c'est Guillaume Alric avec qui je travaille
06:52qui est en train de composer la musique.
06:54J'essaie de la composer comme une bande originale de film
06:57parce que l'idée c'est vraiment d'avoir quelque chose de continu
06:59et de raconter une petite histoire.
07:01J'aimerais bien me dire
07:03que si c'était les 20 dernières minutes
07:06de danse de ma vie,
07:09comment je lâcherais mon corps là-dedans ?
07:14Et on va tous le vivre d'une manière différente, forcément.
07:17C'est bon, fin de troisième semaine, on part !

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