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  • 25/03/2025
Pendant ce temps-là à Lille, David est SDF, et depuis le début du confinement, il se sent abandonné…

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Transcription
00:00Il y a eu un confinement qui a été fait par l'État.
00:03Pour nous, aucun confinement n'a été fait.
00:05On est dans la rue, on peut venir et aller là où on veut.
00:08Il n'y a aucun ordre qui a été donné pour nous au niveau de la présidence.
00:12Du coup, on ne sait pas ce qu'il en est pour nous, qu'est-ce qu'on va faire.
00:15On est nombreux à être à la rue en ce moment,
00:18à se demander qu'est-ce qui va nous arriver à nous, tout simplement.
00:23Le SAMU, les pompiers qui font des maraudes habituellement, ils passent toujours nous voir ?
00:26Non, même le SAMU social ne passe pas nous voir.
00:28Les pompiers ne prennent pas de nouvelles pour nous.
00:31De temps en temps, la police municipale, ceux qui nous connaissent,
00:34personnellement, nous demandent comment on va.
00:36Sinon, rien, rien n'est fait pour nous, ceux qui sont à la rue.
00:40Mais c'est strictement rien du tout.
00:42Il n'y a plus de maraudes, rarement des maraudes maintenant.
00:45Du coup, voilà, on ne sait plus comment réagir.
00:48Pendant ce temps-là,
00:51Alil, David et SDF, et depuis le début du confinement, ils se sentent abandonnés.
00:57Aujourd'hui, on attend.
01:01On attend, on est comme vous, on attend.
01:03Et on attend encore plus de choses que vous, vous n'attendez, tout simplement.
01:06Qu'est-ce que tu attends en plus ?
01:10Qu'ils ouvrent des structures pour nous.
01:14Ça aurait dû être la priorité de la ville de Lille, d'ouvrir, je ne sais pas moi.
01:19Il y a des logements vacants, des bâtiments qui sont à l'abandon.
01:23De les ouvrir, ne serait-ce qu'une salle de sport, d'ouvrir pour nous.
01:28Mais on ne le fait pas.
01:31On ne le fait pas.
01:32Comme vous le savez, nous, on a le droit d'attraper le virus, mais pas eux.
01:35On a l'impression que les gens qui restent encore dans les rues, c'est...
01:37C'est ceux qui sont sans domicile, voilà.
01:40Nous, on a le droit d'accès à aller partout.
01:43Et on n'a aucune prévention pour nous au niveau du virus.
01:47Même des masques, on ne nous les donne pas, on ne nous donne rien, rien.
01:53On ne nous dit même pas les symptômes.
01:56Je ne sais même pas ce que c'est que les symptômes du virus, pour vous dire.
01:58– Ton quotidien, il a changé depuis 2-3 jours, tu le sens ?
02:01– Ouais, carrément.
02:01Oh bah oui, il a changé.
02:03C'est plus seul.
02:05Je suis plus seul, maintenant.
02:07C'est d'habitude, beaucoup plus de passage.
02:10Du coup, les gens s'arrêtent, discutent, même s'ils ne donnent pas, ils discutent.
02:14Maintenant, c'est fini, il n'y a plus personne qui s'arrête.
02:15Pour se balader, il faut des autorisations.
02:18Tu regardes et hop, ils demandent à la dame, il y a une autorisation, une autorisation.
02:21C'est marrant, maintenant, qu'il faut des autorisations.
02:22Nous, ils ne nous donnent pas d'autorisation, vous voyez.
02:25Ils vont nous croiser 20 fois dans la journée, 20 fois, ils vont nous laisser tranquille.
02:29Regardez, les rues sont vides, les gens, ils pensent d'abord à eux, ce qui est normal.
02:35Avec ce qui vient d'arriver, avec le virus,
02:37c'est normal que les gens pensent d'abord à eux, avant de passer aux autres.
02:40Mais pensez quand même à ceux qui sont à la rue,
02:42ayez quand même une petite pensée, tout simplement.
02:46Les associations qui viennent en aide aux personnes à la rue
02:48sont en train de se réorganiser.
02:50Certains restos du cœur ont dû fermer, faute de bénévoles.
02:53Christophe Robert est le délégué général adjoint de la fondation A.B.Pierre.
02:57Et pour Brut, il fait le point sur la situation des services d'aide au SDF
03:00et appelle à une mobilisation nationale.
03:02La situation est très difficile, mais nous sommes en train d'y travailler.
03:06Quand je dis nous, c'est les associations, les pouvoirs publics locaux et nationaux.
03:13Donc, situation très difficile qui impose de nouvelles organisations,
03:18de nouvelles mutualisations, un pilotage local,
03:21pour pouvoir au mieux assurer la continuité de ces services essentiels
03:26pour les personnes les plus fragiles de notre pays,
03:28que sont les personnes sans domicile et sans abri.
03:31Nous allons avoir des besoins considérables.
03:35Nous sommes en train d'organiser la manière,
03:38d'abord l'identification de ces besoins et la manière de les acheminer.
03:44Peut-être des besoins en bénévolat,
03:46peut-être des besoins en matériel particulier,
03:48en besoins alimentaires, des besoins financiers.
03:52Donc très vite, dans les heures, dans les jours qui viennent,
03:55selon les sujets, nous allons faire des appels.
03:58Il y a déjà localement des gens qui ont fait des appels.
04:00Regardez ce qu'il se passe autour de vous.
04:02Allez sur les sites de nos associations.
04:04Nous vous tiendrons informés sur la manière dont on peut aider de chez soi
04:09ou parce qu'on a envie de donner un coup de main,
04:11y compris concrètement dans la rue ou dans nos centres.
04:16Mais il faut qu'on organise tout ça pour que ça soit efficace.
04:20Vous pouvez compter sur nous, on ne lâchera pas.
04:22On va faire tout notre possible pour apporter le maximum de réponses.
04:25Et je parle de toutes les associations de solidarité,
04:27de lutte contre l'exclusion ici.
04:29On va faire le maximum, c'est essentiel.
04:32Mais on a besoin de tout le monde.
04:33On a besoin d'un pays qui soit unifié, qui soit solidaire.
04:38Et peut-être la réponse la plus importante à votre question,
04:40c'est rester connecté avec nos sites,
04:43avec nos réseaux sociaux et des associations.
04:45La Fondation Hervé-Pierre, on informera.
04:47Parce que dès qu'on aura, et c'est possible même en fin de journée,
04:50identifié le besoin, on le fera savoir, on le fera tourner.
04:54Et là, vous pourrez nous aider et cette aide sera considérable.
04:58En attendant que soient identifiés les besoins très matériels, très précis,
05:03ou en personnel à tel endroit, ou en matériel médico aussi,
05:09il y a le don financier qui est possible, qui nous permet d'agir.
05:12De toute façon, c'est possible aussi d'aider par le don
05:15à la Fondation Hervé-Pierre, mais aussi aux autres associations.
05:18Parce que les besoins sont déjà énormément en temps normal
05:20et qu'ils le seront encore plus ?
05:22Complètement.
05:22Si une chose est claire, c'est que les personnes dont on vient de parler ensemble
05:26dans ce live sont les plus fragiles que connaît notre pays,
05:29avec ceux qui subissent des problèmes de santé.
05:31Mais ils cumulent des handicaps, des difficultés,
05:34des difficultés sociales, psychiques, de santé, d'isolement,
05:37d'absence de connexion et parfois de langue,
05:42si on pense aux personnes qui sont en situation de migration.
05:45Et donc, qui dit « cumulent de difficultés » quand une crise intervient ?
05:51Comme celle que nous connaissons aujourd'hui, sanitaire.
05:52Mais pensez, quand il y a des grands hivers froids,
05:55tout le monde prend conscience de ça.
05:56Eh bien, l'urgence liée à la crise fait que ces personnes
06:02sont particulièrement, particulièrement en difficulté.
06:05Donc les besoins sont énormes et les besoins vont être énormes
06:09pendant les semaines qui viennent.

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