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  • 25/03/2025
« On n'est pas payés à hauteur du travail que l'on fait, de la dangerosité. »

La médaille du gouvernement, il n’en veut pas. Selon Éric Tricot, infirmier-anesthésiste à l’hôpital CHU Henri Mondor à Créteil, il est temps de donner des moyens pour travailler correctement à l'hôpital.
Transcription
00:00On n'est pas payé à hauteur du travail que l'on fait, de la dangerosité.
00:03Vous voyez, il y a la dangerosité par exemple en France,
00:05elle se paye par un article qui date du décret de 1967,
00:0931 centimes par demi-journée travaillée dans un milieu dangereux à l'hôpital.
00:14Donc vous multipliez par deux parce que c'est une demi-journée, ça fait 62 centimes.
00:17Nous, on a travaillé auprès du Covid-19,
00:20pour 62 centimes d'euros par jour de travail auprès des patients Covid-19.
00:26Et là-dessus, le gouvernement vous dit,
00:27on va vous récompenser, on va vous donner une médaille.
00:31Non, cette médaille, on n'en veut pas.
00:33C'est exactement du même taux, le même topo que ce député
00:38qui a une idée ingénieuse de dire, on va leur donner des dons.
00:41On va faire des dons pour des jours.
00:42Je vous rappelle quand même qu'une de nos revendications,
00:45c'est parce que justement, on est tellement à flux tendu
00:47et tellement à sous-effectif qu'on ne peut pas prendre nos jours.
00:50Nous, ça fait 12 ans que nos salaires sont gelés.
00:52Ça fait 12 ans qu'on ne cesse de réclamer des moyens
00:55pour travailler correctement dans les hôpitaux,
00:57qu'on demande d'avoir des recrutements à hauteur.
00:59Mais comment on fait pour recruter des personnels dans les hôpitaux ?
01:02Il faut les faire venir et on n'attire pas des mouches avec du vinaigre.
01:05Donc, c'est les salaires, c'est les vrais salaires décents.
01:07Là, actuellement, c'est la colère qui prime.
01:09Il est clair que la visite du président Macron à la pitié salpêtrière,
01:14où il reconnaît qu'effectivement, il s'est trompé pendant ces deux années,
01:18qu'il a fait son mea culpa et ceci et cela,
01:21pour nous, c'est la colère.
01:25Ça fait trop d'années maintenant, trop de mois et trop d'années
01:27qu'on descend dans la rue,
01:30que la seule réponse de ce gouvernement et des gouvernements précédents,
01:32ça a été des coups de matraque, ça a été des coups de gazage,
01:35des tirs de LBD.
01:37Et là, parce qu'il y a eu une pandémie nationale,
01:39eh bien, on découvre les vraies valeurs de l'hôpital public.
01:41Alors non, c'est vraiment la colère.
01:45Et la preuve en est, c'est que ce n'est pas les syndicats
01:48qui ont été initiateurs de ce mouvement.
01:53C'est vraiment les personnels des réanimations qui ont ras-le-bol.
01:58Ils sont fatigués psychologiquement, ils sont fatigués physiquement
02:01parce que prendre en charge un patient Covid,
02:04ceux qui ne travaillent pas à l'hôpital
02:07et qui ne méconnaissent complètement le métier,
02:10ne peuvent pas se rendre compte.
02:11On a repoussé les limites.
02:12On a travaillé parfois même en méthode dégradée.
02:16Ça a eu une conséquence terrible sur le personnel.
02:19Ça les a épuisés physiquement, ça les a épuisés psychologiquement.
02:23Ça faisait très très longtemps,
02:25hormis la maladie SIDA dans les années 90,
02:28ça faisait très longtemps qu'on n'avait pas autant de morts,
02:31qu'on ne voyait pas autant de morts dans les services.
02:33Vous voyez, c'est ce que...
02:34Imaginez quand même que le matin, on faisait les toilettes aux patients
02:37pour qu'ils soient rasés de près, qu'ils soient propres et qu'ils se sentent bons,
02:40parce qu'ils ont passé une nuit, comme chacun a besoin de se laver.
02:44Et l'après-midi, malheureusement, on refaisait la toilette du même patient,
02:47mais c'était une toilette mortuaire.
02:48Voilà, c'est pour vous dire un petit peu cette ambiance anxiogène
02:51dans laquelle on a travaillé.
02:52On a eu des collègues qui se mettaient à pleurer le soir,
02:55qui étaient épuisés, on le voyait bien,
02:57mais en même temps qui étaient à bout de nerfs
02:59et qui étaient émotionnellement fatigués.

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