00:00Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député Ensemble pour la République des Français de l'étranger, Vincent Corr.
00:07Bonjour Vincent Corr, bienvenue sur Europe 1, vous êtes en ce moment aussi le co-rapporteur à l'Assemblée de la fameuse proposition de loi sénatoriale sur le narcotrafic.
00:15Alors, le vote solennel du texte était programmé hier soir, finalement l'examen du texte n'a pu être achevé à temps, il reste une petite centaine d'amendements à voir.
00:25Le vote devrait avoir lieu finalement quand, Vincent Corr, sur ce texte ?
00:29Alors, on devrait terminer l'examen des amendements en fin de semaine, jeudi ou vendredi, et le vote solennel mardi prochain.
00:35Mardi prochain. Texte qui suscite beaucoup d'intérêts et surtout d'attentes de fermeté face au fléau du trafic de drogue.
00:40On rappelle, c'est quand même 300 morts l'an dernier, les stupéfiants, partout dans le pays, on entend des maires de tous bords appeler à la rescousse l'État qui paraît souvent dépassé.
00:49Au Sénat, la proposition de loi, elle est bipartisane, elle a été votée à l'unanimité, sans coup faire rire, ça s'est extrêmement bien passé.
00:57Et alors, rien à voir avec ce qu'on a vu à l'Assemblée Nationale. Il y a des députés qui sont opposés à la lutte contre le narcotrafic, Vincent Corr ?
01:04Je pense qu'il y a une volonté commune d'agir. Ce texte, j'espère qu'il sera voté le plus largement possible.
01:10J'espère notamment qu'il recevra les voix du Parti Socialiste à gauche, parce qu'il y a des maires qui ont signé une tribune et dedans il y a de nombreux maires socialistes qui appellent à lutter contre le narcotrafic.
01:18Le sénateur par exemple de Davignon aussi, qui appelle l'État à la rescousse face au fléau du narcotrafic dans la ville d'Avignon.
01:25Moi je fais partie de ceux qui disent qu'il n'y a pas une journée à perdre dans cette lutte.
01:29Je ne veux pas que la France se retrouve demain dans la situation qu'ont connues les Pays-Bas ou la Belgique, c'est-à-dire au bout d'un moment une faiblesse, une incapacité de l'État à lutter contre les grands réseaux criminels.
01:37Donc je pense que je t'accorde, j'aurais aimé qu'on puisse terminer l'examen des amendements hier soir, tard dans la nuit, ça n'a pas été le cas.
01:44Une semaine de plus, mais en tout cas effectivement il faut agir et agir vite.
01:48Alors je vais résumer en gros ce qui s'est passé autour de ce texte. Il a été voté à l'unanimité par les sénateurs.
01:52Arrivé en commission des lois au palais Bourbon, il a été quand même sévèrement raboté.
01:57Finalement en séance publique il a été plutôt rehaussé, on a réintroduit des mesures qui avaient été disparues, complétées par le gouvernement.
02:03Je parle par exemple au régime de détention d'Ursy voulu par Gérald Darmanin.
02:07Au point où on en est, c'est-à-dire vous avez examiné 90% du texte, à quoi ressemble-t-il ?
02:13Est-il conforme aux souhaits de ceux qui l'ont conçu pour améliorer la lutte contre le narcotrafic, Vincent Corre ?
02:20La réponse est oui. Nous sommes trois corps apporteurs, un socialiste, un républicain et un Renaissance.
02:25Ça, ça traduit aussi la volonté d'avoir ce travail transpartisan à l'Assemblée nationale.
02:28Je pense qu'aujourd'hui le texte est au point d'équilibre qui est juste.
02:31Effectivement, on a rétabli des mesures qui avaient été supprimées au début en commission.
02:35On y a ajouté des mesures nécessaires comme des quartiers de lutte contre la criminalité organisée.
02:40Le but c'est avoir les têtes de réseau des grands réseaux criminels narcotrafiquants isolés et qu'en prison ils ne puissent pas continuer leur trafic.
02:48Ce sont les deux fameuses prisons dans l'Orne et dans le Pas-de-Calais qui vont concentrer les narcotrafiquants les plus dangereux.
02:55Exactement. Et sur cet exemple précis, on a mené un vrai travail parlementaire.
02:59Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a proposé cette mesure.
03:02Elle a été retravaillée à l'Assemblée nationale.
03:05On a tenu compte aussi de l'avis du Conseil d'État pour avoir quelque chose de solide juridiquement qui passera à le Conseil constitutionnel.
03:10On a eu un vrai débat transpartisan.
03:12Plusieurs groupes à gauche considéraient qu'être placé quatre ans dans ces centres de rétention était trop long.
03:17Au final, on est sur une durée de deux ans.
03:19Ils ont dit inhumain. Même six mois, ils ont dit que c'était inhumain.
03:21Ils considéraient qu'au regard du régime, c'était trop long.
03:24Au début, la France Insoumise a aussi proposé des durées de 24, 48 heures, 72 heures, ce qui aurait été impensable.
03:30Par ailleurs, ça aurait fait des transferments très dangereux.
03:32C'est dans le cadre d'un transferment que Mohamed Amra et au péage d'un carbide, il y a eu deux morts.
03:36Au final, on arrive par un travail transpartisan, ni 24 heures, ni quatre ans, à trouver un point d'équilibre de deux ans.
03:40Je pense que sur beaucoup de mesures, on a atteint le point d'équilibre.
03:44Mais pour résumer, je vous ai posé la question de manière un peu provocante pour vous demander s'il y avait des députés qui étaient contre la lutte contre la drogue.
03:50Clairement, on a quand même vu deux camps face à face avec d'un côté, partisans de la fermeté, et de l'autre, défenseurs des libertés publiques.
03:56Je vais vous donner un exemple sur la question de l'expulsion des logements sociaux des dealers et de leur famille.
04:01La gauche a quand même dit que c'était attentatoire au droit au logement.
04:04C'est difficile à entendre quand même pour, je pense, beaucoup de Français, cette prise de position.
04:08Je comprends et avec mes deux collègues co-rapporteurs, on s'évertue à rassurer.
04:12On s'évertue toujours à trouver un point d'équilibre.
04:14Sur cette question-là, on a échangé avec l'union des bailleurs sociaux.
04:19Et eux, c'est une vraie demande que de pouvoir permettre aux préfets de se substituer aux bailleurs, de pouvoir saisir le juge afin d'expulsion et de résiliation des locaux.
04:27La mesure figure dans le texte pour le moment. Elle a été votée, celle-ci.
04:30La mesure a été votée. C'est permettre effectivement à des bailleurs sociaux, qui souvent peuvent connaître des pressions de la part des réseaux de dealers,
04:37de permettre aux préfets de se substituer pour saisir le juge quand des locataires investissent les parties communes ou ne respectent pas la tranquillité publique dans le but de faire des trafics de drogue.
04:46On a dit la semaine dernière, notamment parce qu'il y a une mesure qui, en revanche, n'a pas franchi la barrière.
04:50C'est celle visant à permettre l'accès des forces de l'ordre, des policiers, des enquêteurs aux messages récryptés type Telegram ou WhatsApp.
04:58Globalement, est-ce que le gouvernement a été mis en échec, vous pensez, sur les mesures qu'il défendait ?
05:04Ou est-ce qu'il en sort plutôt victorieux à l'issue de ces débats ?
05:07Je pense qu'à la fois le gouvernement et, j'espère, l'Assemblée nationale, à la fin, tout le monde sort victorieux.
05:13D'abord le gouvernement parce qu'il a proposé des mesures nouvelles qui sont nécessaires, je pense, vous parliez à l'instant, des quartiers de ces nouvelles prisons sécurisées.
05:20Et le Parlement parce qu'on a, encore une fois, avec beaucoup de députés, je mets à part certains groupes comme la France Insoumise,
05:27mais à part ceux-là, on a réussi à mener un vrai travail transpartisan et à reprendre, moi-même, sur les articles que je travaillais,
05:34des propositions des écologistes ou du Parti Socialiste ou de la droite républicaine.
05:38Merci, Vince, encore d'être venu faire le point avec nous. Vous êtes couché bien tard, merci d'être venu ce matin en studio pour Europe 1.
05:43Je rappelle que vous êtes député ensemble pour la République des Français de l'étranger, donc l'un des trois co-rapporteurs de ce projet de loi narcotrafic
05:50qui sera donc, a priori, voté mardi prochain, vous nous disiez.
05:53Exactement.
05:53Merci d'être venu sur Europe 1. Bonne journée à vous.