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"Coupable Liberté" : «On peut se démarquer d'un père» estime Jean-Yves Le Borgne, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre
Europe 1
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22/01/2025
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News
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00:00
11h-13h, sur Europe 1, Pascal Praud.
00:03
Bonjour Maître Leborgne, et merci d'être avec nous.
00:06
Coupable liberté, coupable liberté, alors le contexte, on est dans les années 2070,
00:13
le monde a définitivement opté pour le confort et la sécurité de se faire renoncer à la liberté.
00:19
C'est gay votre livre, votre roman ?
00:23
Non, effectivement, ça n'est pas gay, mais ce pourrait être,
00:26
parce que quand on parle de l'avenir, il faut quand même être prudent.
00:29
Ce pourrait être l'évolution naturelle de notre société,
00:33
un peu comme si tout ce qui est à part, tout ce qui n'est pas dans la conformité,
00:39
dans l'uniformité, apparaissait comme une menace.
00:42
D'ailleurs, ce que je décris, c'est ça, on gomme tout, il n'y a plus de politique.
00:47
La politique, c'est, je vous ai entendu le dire, c'est l'incarnation.
00:52
Or, l'incarnation, elle est gommée, il n'y a plus de pouvoir de direction,
00:57
qu'anonyme, qu'administratif, la religion est gommée,
01:02
parce que la religion, c'est le fondement de la désignation de celui qui ne croit pas,
01:07
comme moi, le mécréant, le malpensant, donc tout ça a été utilisé.
01:12
Et je crois qu'il y a, dans notre société aujourd'hui,
01:16
des éléments qui annoncent un peu ce genre de choses.
01:20
Je crois aussi que la différence, la simple différence,
01:24
est quelque chose qui va devenir insupportable.
01:27
L'égalité n'est pas seulement un concept marxiste,
01:30
je parle de l'égalité de fait, bien sûr, pas de l'égalité de droit,
01:34
à laquelle nous sommes tous attachés.
01:36
Ça, c'est la République, c'est tout à fait autre chose.
01:39
Mais l'égalité de fait s'impose, celui qui se distingue,
01:44
celui qui est différent, est une menace.
01:48
Il est vécu pratiquement comme l'image d'un reproche à celui qui n'est pas identique.
01:55
Oui, alors surtout s'il est valorisé dans cette différence.
02:00
Parce que s'il est dévalorisé, ou cette égalité de fait est moindre,
02:06
j'ai envie de dire, bon, mais par exemple, la très grande beauté,
02:09
chez un homme ou chez une femme,
02:11
peut effectivement être interdite dans une société future,
02:15
ou la très grande intelligence, que sais-je.
02:17
Mais je crois pas.
02:18
Je pense que cette distinction que vous venez d'illustrer
02:22
peut être quelque chose qui, dans le passé,
02:25
et encore un peu, Dieu merci, dans le présent,
02:28
joue un rôle de valorisation,
02:31
et demain pourrait apparaître
02:33
comme une sorte de prétention à une supériorité illégitime.
02:38
C'est vrai, c'est ce qui se dit parfois à l'école.
02:42
C'est-à-dire que les élèves très brillants,
02:45
aujourd'hui, ont le sentiment qu'ils sont moins valorisés,
02:52
qu'ils ne l'étaient peut-être il y a 50 ans,
02:55
et qu'ils le regrettent,
02:56
puisque l'école a abaissé son niveau d'instruction,
03:01
et ceux qui sont les premières victimes de cet abaissement de l'instruction,
03:05
ce sont les plus forts ou les plus brillants.
03:07
Oui, comme si, finalement,
03:09
entretenir ces catégories d'individus à part
03:12
apparaissait comme une faute.
03:14
Il y a autre chose, quand même, dans ce livre.
03:16
Il y a un côté un peu Orwell, forcément,
03:19
mais il y a aussi des choses très tendres et très intéressantes
03:22
sur les rapports entre un père, par exemple, et son fils,
03:27
depuis l'annonce de l'accident.
03:28
Écrivez-vous, Théo n'avait jamais pu trancher
03:30
entre l'espoir déraisonnable de la réapparition de son père
03:33
et l'entrée nostalgique dans l'évocation des bonheurs passés.
03:37
Cette hésitation ne devait pas être pour rien dans son état.
03:40
Pourquoi vous avez voulu écrire sur le rapport entre un père et son fils ?
03:44
C'est quelque chose qui, à titre personnel, m'importe.
03:48
Vous savez, on se traduit et on se trahit dans ce qu'on écrit.
03:53
Je ne me prends pas pour Flaubert, soyons clairs,
03:55
mais Flaubert disait « Madame Bovary, c'est moi ».
03:58
Donc, il y a bien sûr quelque chose qui se rapporte à un sentiment personnel,
04:03
mais je crois aussi qu'il y a, dans l'histoire que je raconte,
04:08
une sorte de continuité.
04:10
Le père est porteur de quelque chose qui va ressurgir.
04:15
Je ne veux pas dévoiler le mystère d'une manière prématurée,
04:19
mais qui va ressurgir in fine et qui se rattache à ce que nous disions tout à l'heure.
04:23
C'est le contrôle de la pensée.
04:26
Non pas le fait de vous interdire de penser ce que vous pensez,
04:29
mais de mettre à jour une pensée qui passerait dans votre esprit,
04:33
alors même que vous ne l'auriez ni formulée, ni même prise en main.
04:37
C'est-à-dire, au fond, vous volez votre cerveau pour le contrôler mieux encore.
04:42
Alors, ce rapport père-fils, c'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup,
04:45
comme tout le monde d'ailleurs.
04:47
J'ai parfois remarqué que ceux qui ont un destin exceptionnel,
04:51
et je pourrais citer beaucoup de noms,
04:53
le père souvent n'est pas très fort ou absent.
04:57
Je pense à Johnny Hallyday, à Patrick Bruel,
05:01
à Bernard Tapie qui en avait parlé, à Michel Sardou,
05:04
à Nicolas Sarkozy, à Jean-Claude Darman.
05:07
Beaucoup de gens que j'ai rencontrés comme ça, au hasard,
05:09
je n'en tire absolument aucune,
05:12
en plus je ne viens de citer là que des hommes,
05:14
je n'en tire aucune conclusion.
05:16
J'ai remarqué ça, que ce père n'était pas forcément présent.
05:20
Alors, l'ont-ils fait pour un père, je ne sais pas.
05:23
Est-ce que le père empêche l'enfant de se développer, je n'en sais rien non plus.
05:27
Je ne rentre pas là-dedans.
05:28
Mais je voulais connaître votre sentiment sur cette relation si particulière qui peut exister.
05:33
Et puis peut-être, quel était votre père ?
05:36
Alors, je suis peut-être dans la catégorie que vous venez de citer,
05:39
du père présent, aimant, mais qui n'a pas marqué finalement mon existence.
05:47
Je crois qu'on peut se démarquer d'un père.
05:50
Et d'ailleurs, dans mon livre, le père a une vie d'homme d'affaires
05:55
qui n'a strictement rien à voir avec le fils, qui est le personnage principal,
05:59
qui lui est un intellectuel, qui a eu, je dirais, la sagesse de se démarquer.
06:04
Parce qu'une personnalité forte, vous fait de l'ombre.
06:07
Et vous risquez de passer votre vie en disant, est-ce que je vais réussir à dépasser papa ?
06:13
Et je crois qu'il peut y avoir un autre système qui dit,
06:17
il a eu sa vie, il a eu ses options, il a eu ses préférences,
06:21
j'aurai les miennes, mais elles seront différentes.
06:23
Il aurait aimé interroger l'associé de son père qui, depuis 50 ans,
06:26
l'accompagnait dans toutes ses entreprises, mais il avait disparu ensemble.
06:29
Le seul confident qu'il connaissait au défunt l'avait suivi dans le néant.
06:33
Quant aux autres, il n'avait pu en tirer le moindre renseignement utile.
06:37
C'est très... J'avais noté cette phrase, parce qu'il y a un fils,
06:42
le fils n'a pas envie de tout savoir, peut-être sur son père.
06:46
Et effectivement, moi il se trouve que mon père est mort il y a quelques semaines, quelques mois,
06:52
et il y a des questions que je ne poserai jamais à ses amis,
06:55
sur l'homme qu'il était peut-être, parce que je préfère qu'il soit mon père,
07:00
c'est pas un homme comme les autres.
07:02
Et en même temps, il y a une tentation d'en savoir peut-être plus sur sa vie,
07:06
et je pense qu'on est souvent dans cette ambiguïté.
07:10
Je crois qu'on a un peu mythifié le père,
07:15
et qu'on aime ce mythe, et qu'on veut le garder intact.
07:18
Alors, il y a des circonstances, tout dépend de la nature de la question.
07:22
La question, je dirais, un peu indiscrète sur la vie de l'homme,
07:27
le fils n'a pas à savoir ça.
07:30
Mais la question sur un mystère, parce que juste avant la mort du père de Théo,
07:35
il lui écrit une lettre,
07:37
dans quelques semaines, il y aura un bouleversement,
07:40
tu viendras, je l'espère, parce que ta présence change pour moi la saveur du monde.
07:45
Et Théo se dit, mais quel est ce mystère qu'il n'a pas eu le temps de m'expliquer,
07:50
qu'il n'a pas eu le temps de rendre public ?
07:52
Ça, c'est quelque chose qui presque lui est transmis comme un témoin,
07:56
mais il n'arrive pas à l'attraper.
07:58
Je me souviens également de quelqu'un qui avait écrit,
08:04
c'était Claude Birry, dans un très joli livre qui s'appelait Autoportrait,
08:09
il avait dit, dans la vie, on est ou un père ou un fils, et on est rarement les deux.
08:13
Et lui-même se considérait comme un fils, il vénérait son père,
08:17
et il trouvait qu'il avait été un père assez moyen ou médiocre, je ne sais pas comment le dire.
08:22
Je pense qu'on peut quand même, je l'espère, être les deux,
08:25
être un père et un fils, mais vous, peut-être, avez-vous des enfants, et quel père êtes-vous ?
08:30
Alors, je crois que j'aurais pu être un père étouffoir,
08:34
par l'amour peut-être,
08:38
mais mon fils a eu la sagesse de se démarquer complètement, comme Théo,
08:43
il est dans un autre monde, l'homme d'affaires c'est lui.
08:46
D'ailleurs, si on prend un peu la vision des générations dans mon livre,
08:51
moi je suis le grand-père, lui c'est le père, celui qui disparaît et qu'on recherche,
08:56
et la troisième génération a aussi su rompre et prendre de la distance.
09:02
Je crois que c'est un peu ça le secret.
09:04
Au fond, les pères, ceux qui sont toujours des pères,
09:07
c'est ceux qui ne pensent qu'à une idée un peu obsessionnelle,
09:11
protéger, être en quelque sorte le rempart entre le fils et la vie,
09:16
ce qui est une manière d'ailleurs de l'empêcher de vivre, quelque part.
09:20
Évidemment, vous êtes au cœur, et c'est pour ça que ce livre est très intéressant,
09:23
parce qu'on est au cœur de ce qu'est l'amour, de ce qu'est aussi l'éducation,
09:27
parce que finalement le mieux dans l'éducation c'est de rendre autonome
09:32
l'enfant de 16 ans, 17 ans, 18 ans, qui va voler de ses propres ailes,
09:37
de l'élever pour soi,
09:39
mais en même temps on a envie qu'il reste un peu avec nous,
09:43
qu'il ne nous oublie pas,
09:45
donc on est là aussi dans cette contradiction.
09:48
Je crois aussi que quand l'amour étouffe un peu,
09:51
est une sorte de poids qui brime la liberté,
09:56
il en reste une sécurité.
09:58
Si mon père m'aimait, c'est que je ne suis pas n'importe qui.
10:01
Moi je partage votre avis.
10:03
Finalement, pour avoir réfléchi comme tout un chacun à ces questions-là,
10:06
je pense qu'avec ces enfants, il n'y a qu'une possibilité,
10:09
il faut les aimer d'une manière inconditionnelle.
10:11
Parce qu'autrement, il y a sûrement des défauts à les aimer d'une manière inconditionnelle,
10:16
mais une fois qu'on a tout dit,
10:18
je pense que c'est sans doute la meilleure solution.
10:22
Alors évidemment, il y a beaucoup de choses dans votre livre.
10:23
Depuis deux siècles, les plus pauvres défendent l'idée d'un État fort,
10:27
régulateur des richesses, dispensateur d'égalité.
10:32
Maintenant, les plus modestes soutiennent l'absence de tout contrôle,
10:35
la primauté du profit, l'allègement fiscal, la dérégulation,
10:40
en un mot, tout ce qui séduisait hier les patrons.
10:42
Cette ironie de l'histoire donna un peu de joie à Théo.
10:46
Il y a aussi cet aspect social...
10:50
Oui, parce que la société étant un peu figée,
10:54
les uns et les autres, les plus malins, les plus dynamiques,
10:58
ceux qui ne se résolvent pas complètement à se couler dans le moule,
11:03
vont chercher des petits moyens pour améliorer la vie.
11:09
Et là, ils vont dire que le contrôle de l'État nous gêne.
11:12
Alors que précisément, cet appel à une sorte de libéralisme sans contrôle
11:17
n'est pas dans la tradition de la revendication sociale
11:22
avec un État fort qui va tordre le cou des riches
11:26
pour leur prendre leur portefeuille et le donner aux pauvres.
11:29
Nous sommes dans une situation presque inversée.
11:32
En tout cas, je recommande ce livre, Jean-Yves Leborgne,
11:35
« Coupable, liberté » aux éditions Fayard,
11:37
avec ce dernier passage que je pourrais lire, qui donne la couleur du livre.
11:41
« Ainsi s'était mise en place une société sans différence visible,
11:45
sans distinction apparente entre les êtres,
11:47
sans prééminence repérable de quiconque.
11:50
La lutte avait été rude pour étouffer les égaux,
11:53
éteindre les ambitions, dissoudre le goût du pouvoir.
11:55
Mais l'effort et le temps avaient eu raison des égarments anciens. »
11:58
Et ça me fait sourire, je vous assure, je lisais ça
12:01
et je trouvais ça tous pareil.
12:03
Je trouvais ça assez drôle et c'est une tentative.
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