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Une crèche de Noël incendiée en Dordogne.
Europe 1
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28/12/2024
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News
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00:00
Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Charles Huillier.
00:05
Eh oui, 20h46 sur Europe 1, on est ensemble, ensemble avec vous qui nous écoutez évidemment,
00:11
et ensemble avec Charlotte Dornelas et Georges Fenech qui sont tous les deux autour de la table.
00:16
Nous avons évoqué cet entretien fleuve accordé par Gérald Darmanin à nos confrères du Parisien.
00:22
J'aimerais tout de même parler de ce qui s'est passé hier matin, très tôt, en Dordogne.
00:27
Si vous ne l'avez pas suivi, je vais vous expliquer ce qui s'est passé.
00:30
Une crèche de Noël, une crèche de Noël entièrement détruite par un incendie hier matin,
00:36
très tôt, la mairie de Roque-Gaillac, j'imagine que c'est la bourgade concernée,
00:41
évoque un acte criminel et annonce qu'elle va déposer plainte.
00:45
Aucune information sur l'origine de l'incendie, mais pas de langue de bois,
00:48
puisque la mairie rappelle elle-même qu'il n'y avait aucune bougie présente sur place,
00:52
des températures négatives en ce moment en Dordogne,
00:55
c'est-à-dire qu'on n'est certainement pas dans les Pyrénées-Oriottes en plein été,
00:58
là c'est tout à fait le contraire.
01:00
La crèche ne s'est pas embrassée par la grâce du Saint-Esprit.
01:04
On sait qu'il y a des problèmes en ce moment avec les crèches,
01:07
à Beaucair dans le Gard, Robert Ménard a baisillé dans l'Hérault à toutes les peines du monde.
01:13
J'ose espérer que ce n'est pas un juge administratif qui a mis le feu,
01:16
parce que les problèmes sont de nature différente.
01:18
Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, Charlotte Dornélas,
01:21
mais en tout cas, c'est dans la veine de ce qui se passe depuis quelques mois,
01:26
quelques années dans ces villes françaises,
01:29
où tous ces maires qui veulent finalement perpétuer,
01:32
moi je ne parle même pas de religion, je parle d'une culture française juidéo-chrétienne,
01:36
tous ceux qui veulent faire perdurer ne serait-ce qu'un sapin de Noël,
01:39
ne serait-ce qu'une crèche avec des santons,
01:42
et bien ça y est, ces gens-là, on les brocarde.
01:45
Charlotte Dornelas, qu'est-ce que vous en pensez, vous, de ce qui s'est passé en Dordogne ?
01:48
Le rapprochement, je faisais une petite blague sur le rapprochement que vous faisiez,
01:53
mais il est très intéressant justement, parce que là, en effet,
01:56
a priori, la nature criminelle ou en tout cas volontaire de cet incendie fait assez peu de doute,
02:00
vous le disiez, en revanche, il est difficile de discuter sur le profil de la personne.
02:05
Vous savez, c'est comme les vandalisations, le vandalisme dans les églises,
02:09
Le maire parle d'un acte volontaire, mais le profil, effectivement, je ne connais pas.
02:13
Ce que je disais, c'est qu'il y a des profils extrêmement différents,
02:15
il y a des agressions qui sont le fait de gens complètement dérangés,
02:18
qu'on trouve assez souvent dans les églises,
02:20
et qu'ils viennent, soit ils trouvent des refuges, soit ils viennent s'énerver.
02:23
Vous avez des personnes un peu mystiques.
02:25
Il y en a un qui a même crié à la walk-bar dans une église cette semaine.
02:27
Il y a des islamistes qui existent,
02:29
il y a des profils un peu mysticaux, négatifs,
02:32
qui viennent régler leur compte avec le bon Dieu dans les églises,
02:35
et parfois en forme de violence.
02:36
Oui, traumatisés du catéchisme.
02:38
Ça ne fait pas les plus inquiétants dans ces profils-là.
02:41
Vous avez des antifas qui, eux, ont une détestation de tout ce qui est religion.
02:45
C'est le fameux slogan, une église qui brûle, ça illumine l'humanité.
02:48
Je ne sais plus quel est le slogan exact, mais c'est ça l'histoire.
02:51
Et donc vous avez des profils différents.
02:53
Donc là, en l'occurrence, je ne sais pas lequel c'est,
02:55
il faudra évidemment suivre cette affaire.
02:57
Mais votre approchement est intéressant,
02:59
parce qu'il y a une détestation institutionnelle de Noël,
03:02
idéologique, et parfois institutionnelle de Noël,
03:05
notamment par le biais de cette guerre,
03:08
qui serait grotesque si elle n'était pas triste, en réalité,
03:11
sur l'histoire longue de la France,
03:13
contre ces crèches.
03:15
Et vous disiez, finalement, c'est culturel.
03:17
C'est parfaitement vrai.
03:18
Il y a, par exemple, une chose qu'on ne rappelle jamais dans les crèches,
03:20
c'est que les centonniers qui font les crèches,
03:22
c'est une tradition provençale,
03:24
mais qui vraiment se transmet de génération en génération.
03:27
On va là-bas faire le centonnier comme on irait à la foire à la société du village.
03:30
Oui, bien sûr.
03:31
Et les centonniers perdurent, font ces petits personnages.
03:33
C'est son ton qui anime, en effet, à la fois les familles.
03:36
Parce que les crèches, initialement, elles étaient vivantes.
03:39
Donc c'était des personnes qui s'habillaient pour reproduire la crèche,
03:42
en Italie à l'époque.
03:43
Et ça a été finalement importé dans les foyers
03:45
au moment de la Révolution française,
03:47
puisque les églises demeuraient fermées.
03:49
Donc on ne pouvait plus aller voir la crèche à l'église,
03:51
donc on les a importées dans les foyers,
03:53
pour continuer à représenter la scène de Noël.
03:55
Ce que ne supportent pas les gens, c'est que vous dites,
03:57
il y a un caractère culturel qui est absolument indiscutable,
04:00
mais ce caractère culturel émane, évidemment,
04:03
est irrigué par la religion, en l'occurrence chrétienne,
04:06
pour ce qui est de la crèche, judéo-chrétienne,
04:08
plus largement dans la culture,
04:10
qui a forgé la France.
04:12
C'est évidemment ça que certains veulent arracher à tout craint.
04:15
Ça fait 250 ans que ça dure pour les plus déterminés d'entre eux.
04:19
Et on a vu, il y a une phrase qui me fait beaucoup rire,
04:21
et que je rappelle à chaque fois,
04:22
mais le Conseil d'État s'était penché sur la question des crèches.
04:24
Est-ce qu'on peut faire une crèche ou pas ?
04:26
Est-ce que c'est une atteinte à la laïcité ou pas ?
04:28
Et il avait dit, quand c'est traditionnel.
04:30
Bon là, en l'occurrence, dans le village,
04:31
ça fait 20 ans que la crèche est installée devant la mairie.
04:33
Et là, c'était l'œuvre d'un artisan de la commune,
04:36
monté par des bénévoles et des agents municipaux,
04:38
quand c'était très bucolique et sans maître.
04:40
Voilà, exactement.
04:41
Et donc, il disait, si c'est une tradition depuis des années et des années,
04:44
vous pouvez installer la crèche.
04:45
Si c'est nouveau, vous ne pouvez pas le faire.
04:47
Mais quoi qu'il arrive, il ne faut pas qu'il y ait de tentative,
04:50
et alors écoutez bien cette phrase,
04:51
de réinscrire Noël dans la tradition catholique.
04:54
Alors évidemment, j'avais trouvé cette phrase exceptionnelle de bêtise,
04:57
parce que Noël, par le biais d'une crèche,
05:00
c'est Jésus, Marie, Joseph,
05:02
et entouré de plein de petits personnages,
05:04
les métiers locaux, les santons, en effet,
05:06
qui représentent tous les personnages qui viennent jusqu'à la crèche.
05:09
Ne pas le réinscrire dans une tradition catholique,
05:11
c'est un peu compliqué quand même.
05:12
Ce qui ne veut pas dire avoir la foi.
05:14
C'est deux choses différentes.
05:15
Mais la tradition est catholique, évidemment.
05:17
Je ne veux certainement pas faire de parallèle
05:19
avec ce qui s'est passé en Dordogne.
05:20
Charlotte Dornelas l'a très bien rappelé,
05:22
on ne connaît pas bien le profil du ou des mises en cause.
05:26
J'aimerais quand même parler de la Ligue des droits de l'homme.
05:29
Et de la libre-pensée.
05:31
Et des collectifs de libres-penseurs, tout à fait.
05:33
C'est l'AICAR, je ne sais pas comment les appeler,
05:36
qui sont même contre les processions.
05:38
Je sais qu'à Limoges, il y a des processions qui sont organisées.
05:42
Mais pour la Baïa et l'Emmanuel Halal,
05:43
ils sont très originaux dans leur rapport à la laïcité.
05:47
Indignation à géométrie variable.
05:49
Effectivement, Charlotte Dornelas le dit très justement.
05:52
La Ligue des droits de l'homme, Georges Fenech,
05:53
vous en pensez quoi ?
05:54
Les libres-penseurs,
05:55
souvent c'est un petit peu le même profil,
05:58
je m'excuse auprès d'eux,
05:59
ils ne vont pas m'en vouloir.
06:00
Peut-être que si, mais tant pis.
06:04
Que pensez-vous justement de cette justice politique ?
06:07
Parce que c'est ça dont il faut parler.
06:09
Je me sens proche des 98% d'habitants de Bocaire
06:14
qui ont voté pour un référendum local
06:16
pour le maintien de la crèche.
06:17
Dans le Gard.
06:18
Et le maire de Bocaire qui doit s'astreindre
06:21
à une amende journalière de 1000 euros
06:24
parce qu'il a une crèche.
06:27
C'est terrible ce que vous dites, Georges Fenech.
06:28
Payons l'amende.
06:29
C'est un magistrat qui vous le dit.
06:31
Donc, renonçons, payons l'amende.
06:34
Mais en quoi ça les gêne ?
06:35
C'est joli une crèche, vous avez vu ?
06:37
Il y a un petit Jésus, un petit mouton, un petit agneau.
06:39
C'est une Madeleine de Proust pour moi.
06:42
Mais qu'est-ce qu'on leur a fait
06:44
pour que ça les irrite à ce point-là ?
06:48
Ce que me souffle Thomas Lacroix dans l'oreille,
06:50
c'est très juste, c'est le chèque pour la liberté.
06:52
Ce que vous dites là, Georges Fenech.
06:54
Bien sûr !
06:55
Payons, payons !
06:57
Mais attendez, j'espère que vous êtes ironique.
06:59
Mais je ne suis pas ironique.
07:01
Je dis que cette décision m'insupporte.
07:04
Je ne supporte pas
07:06
ces gens qui entament des procédures
07:08
comme la Ligue des droits de l'homme
07:09
et cette justice qui sanctionne
07:12
ce qui ne fait de mal à personne.
07:14
Mais à qui ça fait du mal une petite crèche dans une mairie ?
07:16
À des gens qui voudraient arracher précisément
07:18
la France à elle-même en fait.
07:20
Mais qui quittent le pays si ça ne leur plaît pas.
07:22
Mais qui quittent notre tradition, notre culture.
07:25
Mais qui ne nous empêchent pas de vivre
07:27
ce qu'on a envie de vivre.
07:28
Le Noël qu'on a toujours connu.
07:30
On ne va quand même pas heurter notre sensibilité
07:33
pour faire plaisir à je ne sais quelle
07:35
vraiment doctrine autoritaire
07:37
et qui n'a pas de fondement.
07:39
Il faut arrêter avec cette loi de 1905.
07:41
Plus de ceci, plus de cela, plus de ceci.
07:43
Mais vivons notre vie.
07:44
Un sapin de Noël.
07:45
Un sapin de Noël qui ont interdit les sapins de Noël.
07:47
Mais où va-t-on ?
07:49
Où va-t-on ?
07:50
Est-ce qu'on est devenus fous ou quoi ?
07:52
Il y a...
07:54
Moi je suis d'accord dans le rapport à ces décisions.
07:57
Je vous dis, je trouverais ça grotesque
07:59
si je ne trouvais pas ça triste en réalité.
08:01
Parce qu'il y a un arrachement.
08:03
Il y a une volonté d'arrachement.
08:04
Vous parliez de Madeleine de Proust.
08:05
Évidemment la crèche...
08:06
Par ailleurs, à chaque fois j'ai envie de leur dire
08:08
le message de Noël pour votre information.
08:10
Vous y croyez, vous y croyez pas.
08:12
C'est la naissance d'un petit bébé
08:14
qui vient dans une mangeoire,
08:15
pauvre parmi les pauvres,
08:16
pour sauver l'humanité.
08:17
C'est quand même pas...
08:18
Ça fait peur à personne.
08:19
Au pire, ils n'y croient pas
08:20
et nous les y croirons.
08:21
Ce type d'invignation
08:22
a une coloration politique généralement.
08:24
Mais évidemment,
08:25
mais c'est simplement...
08:26
Maintenant c'est l'aïka.
08:27
Vous parliez de l'aïka
08:28
en parlant de la libre-pensée.
08:29
Alors eux, il faut aller lire leur communiqué.
08:30
C'est un joyau.
08:31
Ils parlent de la secte romaine,
08:32
c'est-à-dire l'église.
08:33
Les calotins, c'est-à-dire les catholiques.
08:35
Ils ont un vocabulaire extrêmement désuet.
08:37
Probablement leur âge l'est un peu aussi.
08:40
Les photos, ce n'est pas de la première jeunesse.
08:42
Ils ne recrutent pas des militants tous les deux jours.
08:45
Mais ils font partie aussi d'une tradition française
08:49
alors qu'elle est beaucoup plus récente
08:50
que la tradition à la fois de la crèche
08:52
et de la tradition catholique évidemment.
08:54
Mais cet affrontement n'est pas nouveau.
08:55
Ce n'est pas simplement des gens
08:56
qui veulent nous empêcher de tourner en rond.
08:58
Ils veulent arracher l'humanité
09:01
parce que c'est une idéologie très profonde.
09:03
Ils veulent arracher l'humanité
09:04
à tous ces enracinements.
09:06
L'homme nouveau est libéré, émancipé
09:08
de tous ces enracinements.
09:10
Évidemment en France,
09:11
l'enracinement en plus religieux
09:13
leur hérisse le poil plus que tout.
09:15
Manon Aubry se réjouissait d'ailleurs je crois
09:17
du côté de l'Europe
09:19
au Parlement européen
09:21
qu'il n'y ait pas de crèche ou pas de sapin.
09:23
C'est une triste réjouissance.
09:25
Oui mais c'est vrai que c'est un peu
09:27
le mot triste est vraiment
09:29
extrêmement adapté.
09:31
Je l'ai plein franchement.
09:32
C'est ça pour vous la cancel culture ?
09:34
On est dedans pour vous ?
09:36
C'est complètement de la cancel culture
09:38
mais ça n'est absolument pas nouveau.
09:40
On a l'impression que c'est arrivé il y a quelques années.
09:42
En l'occurrence cette guerre-là
09:44
de la France contre elle-même.
09:46
Vous savez les gens qui utilisent le mot république
09:48
à la place de France, c'est-à-dire que la République
09:50
et la France cohabitent
09:52
depuis 250 ans, personne ne le contesterait.
09:54
Simplement la France
09:56
porte en elle une histoire
09:58
beaucoup plus longue que la République.
10:00
Certains utilisent le mot à la place de l'autre parce que c'est finalement
10:02
cette longue histoire de France qui...
10:04
Je voudrais connaître le but politique
10:06
Charlotte Donnelas, Georges Fenech.
10:08
Quel est le but politique de cette manœuvre ?
10:10
C'est transformer la France en hall de guerre
10:12
tout simplement. La France n'est plus rien.
10:14
Il n'y a plus rien qui nous précède.
10:16
Chacun vient comme il veut, fait ce qu'il veut.
10:18
C'est l'émancipation et l'auto-engendrement
10:20
total.
10:22
Celui qui défend
10:24
l'idée de la crèche, c'est aussi celui
10:26
je parle de moi, pardon, la troisième personne
10:28
je vais à la rupture du Ramadan
10:30
quand on m'invite et je vais faire Shabbat
10:32
Arrêtons ces guerres de religion
10:34
mais ça arrive à quoi ?
10:36
La libre-pensée, ce n'est pas des musulmans ni des juifs
10:38
à la libre-pensée.
10:40
Ce sont des intellectuels
10:42
généralement très connotés
10:44
politiquement.
10:46
Vous leur faites beaucoup d'honneur.
10:48
On ne parlera pas de
10:50
Philippe Guybert sur ce plateau.
10:52
Philippe Guybert ne pointe
10:54
pas quand même à la libre-pensée.
10:56
C'est très affectueux ce que je viens de dire
10:58
parce qu'on venait d'avoir ce débat
11:00
il y a de cela une heure sur ce
11:02
même plateau. Merci beaucoup
11:04
d'avoir été parmi nous en tout cas ce soir.
11:06
Charlotte Dornelas et
11:08
Georges Fenech et bien sûr
11:10
on se retrouvera sans doute
11:12
dans les prochains jours, prochaines
11:14
semaines et vous aurez à ma place
11:16
je crois dans les prochains jours
11:18
dès lundi, je crois
11:20
que ce sera le retour tout simplement
11:22
de Stéphanie Demuru, Pascal
11:24
de la Tour du Pain je pense, les week-ends
11:26
c'est ce qui est prévu.
11:28
Vendredi Stéphanie Demuru me dit
11:30
Estéva à l'oreillette. Merci beaucoup
11:32
à tous les deux. Merci à vous.
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