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00:00Et on retrouve nos deux débatteurs très en forme en ce réveillon du 24 décembre.
00:06Jean-Michel, euh non pas Jean-Michel, ça c'est tout à l'heure, Michel, c'est moi en revanche, je ne suis pas en forme.
00:11Michel Guybert, Philippe Guybert, communicateur politique, Victor Hérault, journaliste politique à valeur actuelle.
00:17Bon, on parlait de ce blocage, qu'on déplorait un petit peu quand même ici.
00:22On peut peut-être voir aussi les choses du bon côté.
00:25François Bayrou hier évoquait quand même une forme de pragmatisme.
00:29Il parlait par exemple du duo Bruno Retailleau-Gérald Darmanin, en disant bah écoutez, moi voilà, c'était pas forcément maligne mais j'ai répondu à la demande des Français.
00:38Est-ce que ça, c'est de nature finalement à pouvoir justement le sauver au final, Victor Hérault ?
00:44Alors le sauver, je ne sais pas, parce que d'un point de vue politique, politicienne, même si le tandem Darmanin-Retailleau fonctionne,
00:53ça pourrait causer du tort au Rassemblement national qui se dirait attendez, ils sont en train de marcher sur notre plate-bande, sur nos plate-bandes.
00:58Donc d'un point de vue politique, politicienne, je ne sais pas, maintenant, il est vrai que c'est une très bonne chose et c'est un très bon signal de la part de François Bayrou
01:05que d'avoir créé un tandem cohérent entre l'intérieur et la justice.
01:09Parce que c'est ce qui manquait depuis longtemps, c'est ce qu'on avait beaucoup critiqué lorsqu'il y avait eu Bruno Retailleau et Didier Migaud.
01:15C'était que bon, les policiers disent mais très bien, mais sauf que si la justice ne suit pas ou en amont ne prépare pas assez, ne change pas, ce qu'on fait ne sert à rien.
01:23Donc là, il est intéressant d'avoir en plus Gérald Darmanin, qui est très en phase avec la philosophie de Bruno Retailleau et vice-versa.
01:29Oui, qui avait dit le problème de la police, c'est la justice.
01:31Et qui est passé en plus par l'intérieur, donc qui a l'expérience d'un côté et de l'autre de la chaîne.
01:36Et Bruno Retailleau qui est lui-même, comment dire, qui a des bons mots vis-à-vis de l'action de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, qu'ils entendent très bien.
01:44Et d'ailleurs, Gérald Darmanin a dit durant sa passation de pouvoir tout à fait, qu'il travaillerait main dans la main avec le ministre de l'Intérieur.
01:51Et avant de vous donner la parole, je vous propose de l'écouter justement, Gérald Darmanin.
01:54Nous sommes là pour les Français, c'est pourquoi nous allons travailler main dans la main avec le ministère de l'Intérieur, pour la sécurité et le respect des libertés de nos compatriotes.
02:03Dans les tout prochains jours, les procureurs dont je connais le rôle primordial et essentiel, recevront des instructions générales de politique pénale très claires et très fermes,
02:12pour engager systématiquement des poursuites contre les violences faites aux personnes, et singulièrement contre les femmes et les enfants.
02:20Contre le séparatisme islamiste et les extrémismes violents qui veulent atteindre notre démocratie et notre République.
02:27Contre le narcobanditisme et le trafic de drogue, qui sera la priorité absolue de mon mandat au ministère de la Justice.
02:36Philippe Guybert, là on sent un changement de ton quand même, il y a vraiment une fermeté.
02:42Très clairement, Darmanin désigne les trois sujets qui posent le plus de problèmes en termes de violences et d'insécurité, ou bien de séparatisme ou de cohésion républicaine.
02:54Plus Retailleau et Darmanin seront populaires, plus ce sera quand même difficile pour Marine Le Pen de censurer le gouvernement.
03:02C'est-à-dire qu'ils ont un rôle à jouer, d'abord au service des Français, sur des sujets qui sont particulièrement lourds et graves,
03:09parce qu'on parle de la violence, on parle de l'islamisme, et puis on parle du narcotrafic qui est un vrai cancer pour ce pays.
03:18Mais plus ils marqueront des points auprès des Français, plus il sera difficile pour Marine Le Pen, même si ça la gêne politiquement, électoralement,
03:28plus ça sera difficile pour Marine Le Pen de venir censurer un gouvernement qui donne le sentiment aux Français,
03:36en particulier les Français de droite ou les électeurs de Marine Le Pen, qu'ils ont un rôle et une politique utile pour le pays et pour les Français.
03:45Là, il y a un point sur lequel le fait d'avoir mis l'intérieur et la justice dans une même philosophie,
03:55ce qui n'exclut pas des divergences, soit personnelles, soit d'administration, qui sont en général extrêmement longues à évoluer.
04:04Mais en tout cas, d'avoir mis deux personnalités politiques ayant un discours de fermeté cohérent et commun,
04:10à l'évidence, c'est un point politique important, et je pense que Marine Le Pen ne pourra pas complètement, si ça marche...
04:18C'est vrai, mais le problème, c'est la tentation aussi pour Marine Le Pen de jouer la montre,
04:22du coup d'accélérer une censure qui va peut-être vite arriver à l'occasion du budget en septembre.
04:29Ça risque de se voir au bout d'un moment.
04:32Je comprends que vous essayez d'apporter un peu de bonheur pour Noël, mais du point de vue de la gestion du ministère de l'Intérieur,
04:40c'était déjà un gigantesque chantier qu'avait entamé Gérald Darmanin, qui a poursuivi Bruno Retailleau avec sa méthode,
04:45et dont on reproche encore à Bruno Retailleau qu'il n'a pas assez fait, qu'il a trop fait de discours et de publicité.
04:50On voit bien que tout ça, c'est sur le temps très long, et que les Français sont impatients,
04:54et les commentateurs très impatients qu'il y ait des résultats, alors la justice, n'en parlons même pas.
04:58Honnêtement, la justice, c'est un travail de cinq ans, dix ans avant de changer.
05:01C'est en plus un changement de philosophie radical, donc on ne verra pas du résultat à janvier, février, ni même mars, ni même 2026.
05:08Mais il peut marquer quand même un volontarisme, déjà le fait de prévoir trois circulaires pénales,
05:12c'est une façon de marquer son volontarisme.
05:15Envoyer un signal.
05:16Et puis quand même de mettre une petite pression sur les procureurs.
05:19Il ne peut pas faire de pression sur les juges, les juges sont indépendants et constitutionnellement indépendants.
05:24Tout le monde ne l'a pas compris dans cette séquence, manifestement.
05:27On rappelle feu Xavier Bertrand, n'est-ce pas ?
05:30Oui, l'argument vis-à-vis de Marine Le Pen, qui est absurde, parce que Gérald Darmanin n'est pas celui qui va juger Marine Le Pen.
05:34Il ne pourra pas influencer...
05:36Il aimerait bien, manifestement, mais ce n'est pas ce qu'il fera.
05:38Peut-être que pour des raisons politiques, il pourra y avoir intérêt, mais il ne pourra pas le faire.
05:44Et puis quand même, il y a le sujet des prisons.
05:47On ne cesse de répéter qu'on n'a pas assez de places de prison, etc.
05:53Et que les juges ont parfois de la gestion de places de prison, dans l'exhucation des peines notamment.
05:58Et c'est une des raisons des critiques des policiers.
06:01Mais là, il peut agir, il peut montrer aussi du volontarisme,
06:06peut-être en bousculant un petit peu les maires, parce qu'il y a une vraie résistance.
06:10C'est ce que j'allais vous dire, il faut faire avec les collectivités.
06:12Oui, mais il peut marquer du volontarisme et bousculer les choses,
06:15parce que c'est un terrain sur lequel il n'y a pas besoin de voter des lois.
06:18Par contre, il faut quelques moyens et crédits budgétaires.
06:20Mais c'est dans cela d'ailleurs, que justement, ça rajoute un argument,
06:22que la cohésion entre ces deux ministères, l'Intérieur et la Justice,
06:25le fait de pouvoir passer des coups de fil rapidement, de s'entendre très vite,
06:27de comprendre quelle est la ligne, a son importance.
06:30Ou leur conseil de ne pas jouer la rivalité entre eux.
06:33Pour le coup, ça enverra un message désastreux.
06:35Oui, parce que mine de rien, on parlait de poids lourd, que ça peut être une bonne chose.
06:40Mais voilà, j'allais vous dire, quand même, les guerres d'égo dans ce gouvernement,
06:44j'imagine bien le Conseil des ministres, ça promet.
06:48Plus vous avez des personnalités fortes, plus vous risquez d'avoir des guerres d'égo.
06:51Mais à un moment donné, il faut savoir ce qu'on veut.
06:53Si on entre dans un gouvernement qui est déjà fragile et précaire,
06:57il faut savoir se consacrer, voir un petit peu plus loin,
07:00et plutôt que de penser au coup d'après, de jouer le coup de maintenant.
07:03François Bayrou a l'air de compter justement sur ses égos et cette expérience.
07:07Il le disait hier soir chez nos confrères.
07:10Avec cette expérience, ces stratégies, cette ligne, ils vont y arriver ?
07:15Est-ce que l'expérience peut faire la différence qui n'a pas été faite pour Michel Barnier ?
07:21Alors, je l'espère, oui, c'est vrai que c'est un changement stratégique radical.
07:25Maintenant, est-ce que c'est de l'expérience ?
07:28Dans un premier temps, on a surtout vu des passifs.
07:30On n'a pas vu de l'expérience, on s'est dit le retour de Manuel Valls, Gérald Darmanin, Elisabeth Borne, etc.
07:35C'est des passifs qui reviennent, c'est des lourds bagages.
07:38C'est comme ça qu'on l'a perçu.
07:39Maintenant, j'ose espérer que l'expérience, hormis pour Elisabeth Borne,
07:42puisqu'elle a elle-même dit qu'elle n'avait aucune expérience dans le domaine,
07:44mais hormis pour elle, j'ose espérer que l'expérience va jouer.
07:47Maintenant, on l'a dit et il faut le répéter, tout ça ce sont des histoires de long terme.
07:52Il faut passer le budget, c'est à la mi-février.
07:54J'espère, Michel Barnier, vous voyez.
07:56Ça, tout le monde l'a fait, celle-là, je ne sais pas si vous avez remarqué.
08:00Mais il faut passer le budget à la mi-février, sans quoi toutes ces discussions ne servent à rien.
08:04Non, c'est vrai que l'épreuve essentielle, c'est le budget.
08:08Philippe Guybert, justement, vous parliez tout à l'heure d'Éric Lombard.
08:11On disait qu'on était partis, qu'on avait fait des disgressions sur les socialistes,
08:15puisque c'était l'ami, je l'ai appris ce soir.
08:17Je n'avais pas remarqué d'Olivier Faure.
08:19Ça peut être finalement une forme d'homme providentiel.
08:22On ne le connaît pas, on le présente comme un technicien, mais enfin...
08:25Oui, mais c'est un technicien qui a de la finance politique.
08:29Il n'est pas complètement inexpérimenté en matière politique.
08:32Il a fait du cabinet ministériel, il a eu des engagements politiques.
08:36On doit s'attendre à quoi avec lui sur le budget, justement.
08:39Parce qu'il veut réduire les déficits tout en ne tuant pas la croissance.
08:45C'est une équation compliquée.
08:47Tout en ne tuant pas la croissance.
08:49On a ce bon pas d'impôts, quand même, et l'économie, elle est française.
08:53Mais réduire les dépenses, on l'a vu.
08:56Parce qu'il faut quand même rappeler que Mme Le Pen a censuré M. Barnier
08:59sur une baisse de dépenses sociales.
09:02Une baisse qui était d'ailleurs très limitée,
09:04puisqu'il s'agissait de ne pas indexer les pensions de retraite
09:07entre le 1er janvier et le 1er juillet.
09:09Barnier est tombé là-dessus, et Mme Le Pen a censuré là-dessus.
09:12Donc vous voyez, ça donne la mesure.
09:15Aussitôt que vous prenez une mesure qui peut être jugée impopulaire,
09:19vous prenez un risque, vous avez un risque d'être censuré.
09:22Donc il faudra Eric Lombard et François Bayrou dans la préparation,
09:26dans la retouche de ce budget, ils ne vont pas tout refaire.
09:29Il faudra beaucoup, beaucoup d'habileté politique
09:32pour essayer de trouver des mesures qui font des économies,
09:35qui font entrer de l'argent, mais qui ne soient pas trop impopulaires.
09:39C'est ça toute la difficulté du budget.
09:41Et à quoi doit-on s'attendre sur les impôts ?
09:43Franchement, moi je n'ai toujours pas compris.
09:45Moi non plus, c'est pour ça que je vous pose la question.
09:47J'espère que vous ayez la réponse mon cher Victor Héron.
09:49Malheureusement, je ne l'ai pas, je ne suis dans la tête ni d'Eric Lombard,
09:51ni de François Bayrou. François Bayrou, lorsqu'il en a longuement discuté,
09:55il n'a absolument rien dit, si ce n'est qu'il ne voulait pas augmenter les impôts,
09:58mais en même temps qu'il ne voulait pas trop réduire les dépenses.
10:01Oui, c'était à Laurent Wauquiez.
10:03En répondant à Laurent Wauquiez, il a dit que dans la mesure du possible,
10:05mais enfin là, vu l'état des finances...
10:07On ne veut pas atrophier les services publics,
10:09mais on ne veut pas non plus accabler d'impôts les français.
10:11On ne comprend pas trop où on fait tous ces économies.
10:13Non, mais on ne comprend pas parce que c'est extrêmement difficile.
10:16En réalité, quoi que vous fassiez, ce serait impopulaire.
10:19Exactement, trouver 50 à 60 milliards d'euros...
10:22Justement, il n'en a même pas parlé.
10:24Je n'ai même pas entendu le mot milliard d'euros dans sa bouche.
10:27Il parait quand même du déficit public qui tournait autour de 5% un peu plus.
10:32C'est-à-dire qu'il veut faire des efforts, mais peut-être pas autant que ceux de Michel Barnier.
10:36Mais vous voyez, c'est très peu précis.
10:38Autour de 5% ça veut dire au-dessus.
10:41Aucun milliard d'annoncés, même pas les 60, alors que Michel Barnier...
10:44Il n'a pas intérêt à le faire.
10:45Non.
10:46Parce qu'il a bien compris quand même que Barnier a commencé à baisser dans l'opinion bien avant d'être censuré.
10:50Et que Michel Barnier est devenu impopulaire aussitôt que les français ont eu le sentiment
10:54que les impôts allaient augmenter.
10:56C'est Gérald Darmanin d'ailleurs qui tue dans l'œuvre Michel Barnier en faisant ça.
11:00En annonçant que Michel Barnier allait augmenter les impôts.
11:02Tout de suite, effectivement.
11:04Donc il a intérêt à se découvrir le plus tard possible.
11:07Mais à bien négocier avec le PS et le RN pour éviter une censure.
11:13Mais c'est là qu'est le plus dur.
11:15Puis il y a la question de la réforme des retraites aussi.
11:17Et oui, j'allais y venir, mais je regrettais l'heure.
11:19C'est vrai que j'allais dire même cette petite entourloupe de
11:22je vais suspendre, mais si...
11:24Oui, mais c'est une énorme ouverture quand même.
11:26Il a accepté.
11:28Ne serait-ce que symboliquement de dire que les 64 ans n'étaient pas intangibles.
11:32Alors là, bon courage pour les finances publiques, mon cher Philippe Guibert.
11:35Oui, il faut trouver d'autres solutions.
11:37Oui, il va falloir trouver surtout des milliards.
11:39Oui, il faut trouver d'autres solutions.
11:41Merci Philippe Guibert, merci à Victoria et Roche.
11:44Je vous souhaite un excellent réveillon.
11:46Vous êtes libérés et pourrez aller enfourner la dinde dans le four.
11:49Vous, pas encore.
11:51Encore une heure.
11:54Je pense qu'à vous.
11:56Merci, moi aussi.
11:57Joyeux Noël à tous les deux.
11:59Et on se retrouve dans quelques instants pour la suite des festivités dans ce studio.