François Bayrou déjà sous le feu des critiques pour s'être rendu à Pau plutôt que Mayotte

Europe 1

17/12/2024

Catégorie

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:0013h-14h, Europe 1-13h, avec Céline Giraud sur Europe 1-13h19, Céline c'est l'heure d'accueillir

00:06votre chroniqueur du jour, Gabriel Cluzel, rédactrice en chef du site d'actualité

00:10Boulevard Voltaire et l'écrivain essayiste Paul Melun.

00:14Ravie de vous retrouver, bonjour les amis, bienvenue à bord, et on va évidemment décortiquer l'actualité.

00:20J'avais envie de dire, à peine nommé, et déjà dans la lessiveuse, François Beyrou,

00:24qui crée la polémique, ça ne vous a pas échappé, alors il s'est rendu hier au conseil municipal de Pau,

00:28alors que Mayotte, on en a beaucoup parlé, vit une catastrophe naturelle historique.

00:33Et je voulais d'abord vous faire écouter le témoignage de Camille, c'est une habitante de Mayotte,

00:37à Petite Terre précisément, seule son portail a été détruit par le cyclone,

00:41et elle est la seule dans la rue à avoir de l'électricité, alors elle organise l'aide dans le quartier.

00:46On est une des seules maisons de la rue à avoir d'électricité, donc le matin on propose aux gens

00:50de venir charger leur téléphone et appeler leurs proches parce que du coup j'ai du réseau.

00:53Et l'après-midi on va aider, on remonte des clôtures, on retape des maisons,

00:57on prévient sur la météo aussi parce qu'on est en saison des pluies, donc en fait il repleut dans trois jours,

01:01et il prévoit de la pluie, donc on dit aux gens de protéger ce qu'ils peuvent protéger et ce qu'ils ont réussi à sauver.

01:06On a un peu de réserve, donc on va distribuer de l'eau à manger et tout, mais on ne va pas avoir pour tout le monde.

01:11On a réussi à accueillir trois femmes avec des enfants, elles seraient restées chez elles, elles seraient mortes aujourd'hui,

01:16et du coup on distribue les couches, le lait, mais il n'y a rien d'autre en fait.

01:20On est hyper touché par la solidarité qui se met en place, mais là maintenant on ne veut pas grand-chose pour l'instant.

01:27Voilà le témoignage de Camille jointe par Charles Bouchain,

01:31et c'est dans ce contexte de désespoir, de sidération,

01:35que François Bayrou a donc décidé de faire un aller-retour express à Pau pour présider son conseil municipal.

01:42Je vous propose d'écouter la réaction d'Olivier Faure, le secrétaire national du PS et député de Seine-et-Marne.

01:47C'était sur France 2 ce matin.

01:48La place du Premier ministre n'était pas à Pau hier soir, la priorité c'est Mayotte.

01:54y compris la sortie sur le retour du cumul des mandats,

01:58qui n'est pas du tout une priorité pour les Françaises et les Français,

02:01et même si on me parle régulièrement sur les marchés de pouvoir d'achat, de services publics,

02:07jamais personne ne m'a parlé ni de proportionnel, ni de retour du cumul des mandats.

02:12Le Premier ministre s'égare quand il évoque ces sujets,

02:15qui ne sont prioritaires ni dans la période, ni pour les Françaises et les Français,

02:19et je souhaite qu'il revienne aux considérations qui nous sont rappelées en permanence par nos concitoyens.

02:24Voilà, Olivier Faure.

02:25Gabrielle Cluzel, est-ce que, selon vous, François Bayrou a commis une erreur stratégique ?

02:29François Bayrou a peut-être montré qu'il était de l'ancien monde,

02:32parce qu'il n'a pas percuté, si vous me permettez cette expression fermilière,

02:35il n'a pas vu que tout était communication aujourd'hui.

02:38Parce qu'on ne va pas se mentir, François Bayrou serait allé à Mayotte hier ou avant-hier.

02:43Ce n'est pas pour ça que les Mahorais auraient eu de l'eau, un toit,

02:48et que tous les problèmes auraient été résolus.

02:50Ce n'est pas un perdreau de l'année non plus ?

02:52Non, ce n'est pas un perdreau de l'année, mais visiblement il n'a pas anticipé.

02:55Il n'a pas non plus anticipé l'effet que ferait un vol qui coûte cher pour aller dans sa mairie de Pau.

03:00Alors on disait qu'il était enraciné, que c'était une qualité,

03:03mais ça va finir par devenir un défaut, parce qu'à un moment il va falloir quand même quitter Pau.

03:06Mais je le défends un tout petit peu, parce qu'encore une fois,

03:09on a tellement habitué aux symboles depuis ces dernières années,

03:12des symboles de la communication,

03:16qu'on oublie que ce n'est pas ça qu'attendent les Mahorais.

03:18Moi, si François Bayrou répondait en disant

03:21« Pardon, j'envoyais le ministre de l'Intérieur, mais moi je suis, je ne sais pas, au PC de crise,

03:26et je gère ça et je suis ça de très près. »

03:29Il a suivi la réunion de crise en visioconférence.

03:31C'est vrai qu'en allant à ce conseil municipal à Pau,

03:35il a prêté le flanc à la critique et surtout il a permis à son opposition de l'attaquer.

03:40Je terminerai là-dessus, mais c'est comme Bruno Le Maire quand il écrit des livres,

03:43on se demande si un Premier ministre a encore le temps d'être maire de Pau.

03:46Est-ce qu'il a manqué de discernement justement par rapport à ce que vient de dire Gabriel ?

03:49Écoutez, moi je trouve, très franchement,

03:52et l'écoute d'Olivier Faure, studieuse, me confirme un peu dans mon idée,

03:56il y a un peu de politique politicienne derrière ce mauvais procès.

03:59C'est-à-dire ?

04:00C'est-à-dire qu'effectivement, il vient d'arriver,

04:03on est dans l'ère de la communication à tout prix,

04:06comme si la présence du Premier ministre était déterminante pour sauver des vies

04:10et qu'il allait faire des massages cardiaques ou autre.

04:13Tout ça est un peu absurde en fait.

04:15Que le Premier ministre soit à Pau, à Paris, à Rodez ou à Bordeaux,

04:19peu importe, au fond, il doit être à sa tâche,

04:22il doit suivre ce conseil de crise, même si c'est en visioconférence.

04:26Il doit être tout à sa tâche.

04:28C'est un homme, effectivement, qui est enraciné,

04:30qui est un élu local et qui a sa mairie de Pau.

04:33Il lance ce débat sur le cumul des mandats

04:35qui, je trouve, n'est pas un débat inintéressant.

04:37Donc voilà, on aurait peut-être pu faire une autre polémique

04:41s'il était allé à Mayotte en disant

04:42« Oui, mais ce déplacement-là coûte très cher

04:44et ça va mobiliser des personnels de sécurité

04:46qui sont peut-être plus utiles pour protéger les Mahorais. »

04:48Donc voyez, on peut faire des polémiques avec absolument tout.

04:51Donc, très franchement, épargnons-nous ces polémiques,

04:54pensons au fond, pensons aux Mahorais,

04:56pensons à la solidarité qu'il y a à Mayotte

04:58et votre témoignage formidable le prouve.

05:00Il y a de la solidarité, il y a des gens qui s'entraident,

05:02dans la misère et dans l'horreur de cette catastrophe terrible,

05:06de ce drame absolu.

05:07Donc, pensons à la reconstruction de Mayotte,

05:09pensons à reconstruire Mayotte comme nous avons reconstruit Notre-Dame.

05:12C'est ça la vraie politique.

05:14Après, les litres d'essence et de carburant qu'il faut

05:16pour faire voler un jet,

05:17je vous avoue que moi, ça ne m'intéresse pas.

05:18Non, mais ce qui interpelle, c'est le timing.

05:19C'est-à-dire qu'il venait à peine, finalement, d'être nommé,

05:21déjà étrier, déjà critiqué.

05:23Il se doutait bien qu'il allait être, effectivement,

05:26essoré par cette polémique.

05:28Est-ce que, selon vous, il l'a fait en se disant

05:31« je risque quelque chose, je casse les codes, je défie l'autorité »

05:35puisqu'on sait qu'il a tordu le bras Emmanuel Macron

05:37et qu'il a dit « je fais ce que j'ai envie de faire et on ne m'impose rien ».

05:40C'est difficile de dire.

05:41Peut-être que c'est ça,

05:42ou peut-être que, selon le principe de Peter,

05:44vous connaissez le principe de Peter,

05:45il y a un moment où, c'est un principe dans une société,

05:48dans une entreprise qui dit qu'à un moment,

05:49chacun atteint son niveau d'incompétence.

05:51Peut-être que le Premier ministre, c'était la marche de trop.

05:53Vous savez, il fait beaucoup de choses, François Bayrou,

05:54mais peut-être pas, vous avez raison,

05:55c'est peut-être volontaire, je n'en sais rien,

05:57mais néanmoins, le caractère flottant de la conférence de presse,

06:00qui a pas dû vous échapper,

06:02comparée en plus à la façon très concrète et technique

06:08de répondre de Bruno Retailleau,

06:09le contraste est un peu saisissant,

06:11il est carrément parti.

06:12Voilà, encore une fois, il faut tempérer,

06:14parce que, de fait, quand on arrive à un poste,

06:17en général, on ne vous donne pas les gros dossiers au début.

06:19Là, lui aussi, comme le disait Paul Melenhoff,

06:23il a reçu le cyclone.

06:25Dès son arrivée, c'était quand même compliqué de gérer,

06:28donc tout cela, il faut le tempérer,

06:30mais il est possible qu'il n'ait pas anticipé.

06:33Je vais simplement revenir sur la remarque tout à fait pertinente

06:35de Paul Melenhoff sur l'avion qui aurait pu le conduire à Mayotte.

06:38Vous savez, moi, j'ai souvenir de militaires

06:40qui étaient en Somalie, je crois,

06:42et qui m'avaient dit qu'il y avait des sommités

06:44qui voulaient absolument se montrer avec des sacs de riz,

06:46je me demande si ce n'était pas Bernard Kouchner,

06:48et ils mobilisaient tout un avion.

06:51Alors, parce qu'il y avait les huiles,

06:55parce qu'évidemment, il y avait un aéroport,

06:57de personnes à transporter,

06:58donc ça bloquait tout,

06:59les militaires qui devaient rentrer ne pouvaient plus,

07:01la relève qui devait prendre la suite

07:03ne pouvait plus circuler non plus.

07:05Donc, vous savez, les opérations de com' parfois,

07:07ça rend plus service à celui qui les organise

07:10qu'aux populations que l'on visite.

07:12C'est ce que disent souvent les services de secours

07:14quand ils sont sur place,

07:15ils disent, ben oui, mais enfin,

07:17quand on a un homme politique,

07:18un homme d'État d'importance qui arrive,

07:19alors ça veut dire sécurisation de la route,

07:21ça veut dire sécurisation de l'aéroport,

07:22ça veut dire des moyens policiers ou gendarmerie

07:25pour accompagner la personne,

07:26il va visiter les centres de soins,

07:27donc il faut ouvrir, il faut montrer les lits, etc.

07:29Franchement, effectivement,

07:31on est dans l'ère de la com' en permanence,

07:33mais ce n'est pas là que les vraies décisions se prennent.

07:35Saluons aussi, pour le coup,

07:37l'engagement de Bruno Retailleau,

07:38qui lui est à sa tâche,

07:39il suit les dossiers depuis le début,

07:42ça fait plus longtemps qu'il est là, effectivement,

07:44même si ça ne fait pas non plus très longtemps

07:45que François Bayrou, donc c'est son rôle.

07:47Mais l'occasion aussi pour se dire,

07:48je vais y aller, pour déclarer l'état d'urgence, sans doute.

07:50Oui, mais après, il va falloir voir maintenant

07:52ce qui va pouvoir être mis en place

07:54à moyen et à long terme,

07:55parce que la situation terrible et tragique

07:58des Mahorais sur plein de points,

07:59d'ailleurs, là, on est sur cette catastrophe naturelle,

08:01mais il y a plein d'autres points,

08:02l'insécurité notamment,

08:03ça va mériter une politique

08:04qui s'inscrira forcément dans la durée,

08:05et la durée, ce n'est pas une séquence com' de 48 heures,

08:07la durée, c'est des mois et des années.

08:09Cet aller-retour, effectivement, a fait polémique,

08:11il en a profité, malgré tout,

08:12pour débloquer une aide exceptionnelle

08:14de 25 000 euros de la mairie de Pau,

08:16pour venir en aide aux sinistrés à Mayotte,

08:18et il s'est aussi positionné

08:19pour un retour du cumul des mandats.

08:20On va en parler, justement,

08:21de ce cumul des mandats,

08:22dans quelques instants avec vous.

08:23A tout de suite.

Recommandations