Le médecin légiste et auteur à succès Philippe Boxho était l'invité d'une conférence organisée par Le Soir devant 600 étudiants de l'UCLouvain. Retrouvez l'ensemble de la soirée en vidéo.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00Bonsoir tout le monde, bonsoir à toutes et à tous.
00:00:06Merci beaucoup d'être là un vendredi soir, 19h30,
00:00:10pour cette conférence, cette interview live, en fait,
00:00:14de Philippe Boxo. D'abord un petit merci spécial à la FNAC,
00:00:18aux éditions CNES, au Soir, qui organise cet événement.
00:00:22Je me présente en deux secondes, comme ça vous vous mettrez un nom sur le visage
00:00:25que vous allez voir pendant une heure et demie. Je m'appelle Xavier Kounas,
00:00:27je suis rédacteur en chef adjoint du journal Le Soir,
00:00:30et donc c'est moi qui ai l'honneur d'interviewer M. Boxo ce soir,
00:00:33sans plus attendre. Je vous propose de l'applaudir,
00:00:35et il va venir s'asseoir ici, à mes côtés.
00:00:42Bonsoir. J'ai failli m'asseoir à côté, c'est des marmilles.
00:00:47Donc on s'est dit avant... Bonsoir, oui, bonsoir.
00:00:50On n'a rien préparé, M. Boxo n'a rien...
00:00:54Philippe Boxo n'a rien voulu savoir, il m'a juste dit là, on se tutoie.
00:00:58Donc je vais essayer de m'y faire, et on va essayer de se dire tu.
00:01:00C'est ça la règle. Moi ça va.
00:01:02Ok, mais si je rime de temps en temps, il faudra m'en excuser.
00:01:06Bon, vous êtes familier, je ne sais pas si je vais vous présenter,
00:01:08vous connaissez ces auditoires par cœur, parce que vous êtes prof vous-même
00:01:10à l'Université de Liège. Pas ici et ici, je suis content.
00:01:13En fait, j'ai découvert que votre toilette pue autant que celle de l'Université de Liège.
00:01:17Un point partout, vous allez au centre.
00:01:20Médecin légiste évidemment, auteur à succès, c'est aussi pour ça que vous êtes là.
00:01:24On avait prévu quelques chiffres un peu fous.
00:01:26Vous avez fait trois livres, il y a une règle des trois qui s'affiche.
00:01:3030 traductions, enfin plus de 30 langues, 300...
00:01:33Ce n'est pas moi qui ai fait les traductions.
00:01:35Je me doute bien, je me doute bien.
00:01:37Plus de 300 procès d'assises, ça va être compliqué pour vous les gens.
00:01:41Plus de 300 procès d'assises, plus de 3000 autopsies réalisées.
00:01:44Oui, plus ou moins.
00:01:45C'est ce qui est marqué dans le livre.
00:01:47On dit aussi des bêtises. Plus ou moins.
00:01:49Et dans la règle des trois, je vois 300 000 exemplaires de la mort en face, le dernier livre qu'on voit là distribué.
00:01:54La prochaine étape, c'est 3 millions, mais je ne sais pas à quel point...
00:01:57Il y a déjà 300 000 de celui-là aussi.
00:01:59Ah, distribué, c'est ce qu'on mit dans les magasins.
00:02:02C'est ce que dit votre éditeur.
00:02:03Oui, moi je regarde ça.
00:02:04Oui, c'est pas mal.
00:02:05Donc c'est pas mal.
00:02:06En tout cas, on est ravis de vous avoir avec nous.
00:02:10Vous ne connaissez pas trop mal le soir, parce qu'il se fait que vous étiez l'invité du soir, samedi 9 novembre,
00:02:14donc il y a quelques semaines, dans cette interview qui s'appelle « Les racines élémentaires ».
00:02:18Ah oui, oui, je l'ai lu.
00:02:19Très bien.
00:02:20Et là, vous avez une photo de moi quand j'avais 18 ans.
00:02:22À gauche, là.
00:02:25C'est le prof qui reprend le...
00:02:27On ne la voit pas bien, mais c'est quand j'avais 18 ans.
00:02:29Ensuite, c'est avec ma maman.
00:02:30C'est mignon, hein ?
00:02:31Oui, je trouve aussi.
00:02:33Alors, il y a quelqu'un qui m'a dit « t'as les mêmes yeux que ta mère ».
00:02:35Je ne sais pas comment il a fait pour voir ça sur le journal.
00:02:37C'est vraiment tout petit.
00:02:38À côté, c'est avec mon père qui est décédé cette année.
00:02:41Et puis...
00:02:42Oui, ça c'est moins marrant déjà, mais voilà.
00:02:45Mais ça arrive à tout le monde.
00:02:46Et il était temps qu'il s'en aille.
00:02:48Il souffrait d'un Parkinson vraiment très, très avancé, avec des menses.
00:02:50Il était devenu aveugle.
00:02:51Enfin, c'est des situations où, à un moment donné, on se dit qu'on n'est pas spécialement triste de le voir partir.
00:02:57Toujours triste, parce qu'il meurt, bien sûr.
00:02:58Ça, toujours.
00:02:59Revenez près de moi, vous allez perdre l'image de la caméra.
00:03:01Oui, mais ce n'est pas grave.
00:03:02Mais en même temps...
00:03:04Mais en même temps, content pour lui, quoi.
00:03:05Parce que ce n'était pas une vie.
00:03:07Mais c'est ce qui a mis en retard mon bouquin.
00:03:10Le troisième, je n'ai plus su écrire, quoi.
00:03:12J'étais un petit peu en panne.
00:03:13Logique.
00:03:14On a beau être légiste, on s'habitue à la mort.
00:03:16Mais ça ne me ressemble qu'on s'y habitue vraiment.
00:03:18Et puis, là, c'est le plafond de la chapelle Sixtine.
00:03:20Et je vais vous montrer dans le prochain bouquin qu'il y a un cerveau au plafond de la chapelle Sixtine.
00:03:24Je suis désolé, j'ai foutu ton truc en l'air.
00:03:26C'est-à-dire, surtout qu'il y a des questions qui vont arriver et qui restent...
00:03:29Ah, d'accord.
00:03:30Et puis, ça, je ne sais plus ce que c'est.
00:03:32C'est quoi ?
00:03:33C'est une photo avec Guillaume Fley.
00:03:34Mais il est possible qu'on en parle.
00:03:35Non, non.
00:03:36Avant, c'est...
00:03:37Ah oui, c'est avec Vézal.
00:03:38C'est avec Vézal.
00:03:39Et puis, Guillaume, là, je suppose que tu vas m'en parler.
00:03:41Peut-être qu'on va en parler aussi.
00:03:42Mais tout ça pour dire que vous étiez dans le sport.
00:03:44C'était une interview un peu intime sur les racines.
00:03:46On va ici beaucoup plus parler du métier.
00:03:48En tout cas, c'est des questions qui nous sont revenues.
00:03:50Parce que, ce qu'il faut dire, vous le savez normalement, on vous a demandé de nous envoyer des questions.
00:03:54On a reçu plus de 400 questions des gens de la salle qui avaient envie de vous interroger.
00:03:57Moi, j'ai essayé.
00:03:58On ne pouvait pas donner la parole à tout le monde.
00:03:59Donc, de me faire votre porte-voix, de synthétiser les thèmes qui revenaient le plus souvent.
00:04:03On va parler de médecine légale.
00:04:04On va parler de votre succès.
00:04:05On va aussi parler un peu de votre vie étudiante et de votre rapport avec les étudiants.
00:04:09C'est plutôt le prof.
00:04:10Alors, là, qu'on va interroger...
00:04:11Avec qui ?
00:04:12Enfin, avec les étudiants.
00:04:13Mais le rapport prof-étudiant.
00:04:14Comprenez-moi bien.
00:04:15Oui, c'est bien ce que je voulais dire.
00:04:18Et le sport fait ça de plus en plus.
00:04:20On a envie de se reconnecter avec les lecteurs, d'inviter, de faire des débats en live.
00:04:23On a fait ça pour les communales.
00:04:24On est ravis de vous avoir.
00:04:25On essaiera de le reproduire.
00:04:26Et on est également ravis de voir une salle avec un nombre impressionnant d'étudiants
00:04:30jeunes qui viennent comme ça consacrer un vendredi soir à un débat.
00:04:35On vous remercie à tous d'être là.
00:04:37Et je vous l'ai dit, mais c'est extrêmement rare pour être souligné.
00:04:40D'habitude, quand on interview quelqu'un, les personnes veulent connaître les thèmes,
00:04:43les questions, veulent savoir à peu près comment ça va se passer.
00:04:46Philippe Boxo ne sait rien.
00:04:47Et il y a dix minutes, il ne voulait rien savoir.
00:04:49Non, je m'en fous.
00:04:50Et il y a dix minutes...
00:04:52Et il y a dix minutes, j'ai même voulu le briefer.
00:04:54Il m'a dit non.
00:04:55Surtout pas.
00:04:56Donc, c'est la grande inconnue.
00:04:58Mais on va y aller, on va y aller.
00:04:59Oui, si il y a une question qui ne me plaît pas, je te le dirai.
00:05:01Voilà, et puis on ne répond pas au pire.
00:05:03La première question, elle est simple.
00:05:04C'était Liam qui nous a envoyé ça.
00:05:05J'ai trouvé qu'elle était...
00:05:06C'était plein de bon sens, mais c'était...
00:05:08Comment allez-vous avec tout ce qui se passe pour vous ?
00:05:10Je suis crevé.
00:05:12Ça fait deux semaines que je suis sur les routes et que...
00:05:16En fait, j'ai fait mon agenda comme un con, soyons très clairs.
00:05:19J'ai mis des trucs tous les soirs.
00:05:20Résultat, je ne suis plus chez moi depuis deux semaines.
00:05:22Je pars la semaine prochaine.
00:05:24À l'étranger avec l'éditeur.
00:05:25Parce que je lui avais promis, pour le troisième bouquin,
00:05:28de faire une vraie...
00:05:29Comment on dit ça ? Promotion, c'est ça ?
00:05:31C'est ce qu'on fait.
00:05:32Oui, c'est un peu ce qu'on fait.
00:05:33Promotion du livre.
00:05:34Encore que moi, je ne le vis pas comme ça.
00:05:35Mais une promotion du livre.
00:05:36Et je lui ai dit, OK, ça va, je vais la faire vraiment.
00:05:40C'est lourd.
00:05:41Vous allez être attaqués ce soir, rassurez-moi.
00:05:44Je te promets, c'est la dernière fois.
00:05:45Pas que je viens ici, mais je fais une promotion pareil.
00:05:47C'est la dernière fois.
00:05:48La prochaine fois, on fera quelque chose d'un peu plus raisonnable.
00:05:51Alors on en profite.
00:05:52Et on passe direct, on rentre dans le sujet,
00:05:54je pense que c'est la meilleure chose à faire.
00:05:55Sur le premier thème, c'est le thème médecine générale.
00:05:58Et je vous l'ai dit, vos questions vont nous guider.
00:06:00Donc j'imagine que les personnes qui ont posé les questions
00:06:02vont se reconnaître dans la salle.
00:06:03On a ici juste choisi de donner leur prénom.
00:06:05La première question, c'est une question de Bojan.
00:06:07Voilà ce qu'il vous demandait dans ce qu'il nous a envoyé.
00:06:10Est-ce que vous arrivez encore à être surpris
00:06:12par certaines manières de mourir
00:06:14après autant d'années de carrière ?
00:06:15Est-ce que des morts peuvent encore vous surprendre ?
00:06:17Oui, j'espère qu'ils vont continuer, surtout.
00:06:19Parce que moi, d'abord, j'ai envie de retourner mon métier.
00:06:21Depuis le mois de février, depuis que c'est un peu la folie.
00:06:24Puis le passage.
00:06:25Un des passages chez Guillaume Pley,
00:06:26j'arrive plus à faire une garde.
00:06:28Et c'est quand même mon ADN, c'est la médecine légale.
00:06:30Donc j'aimerais bien y retourner.
00:06:31J'arrive à faire deux autopsies, mais plus de gardes.
00:06:33Et j'espère qu'il y en a encore qui vont me surprendre.
00:06:35Et la dernière fois que vous avez été surpris par un cas,
00:06:37vous vous êtes dit « ça, je ne m'attendais pas ».
00:06:38Tu veux un cas surprenant ?
00:06:39C'est un gars qui faisait des études d'électricité
00:06:43et il voulait mourir.
00:06:45Et il avait bricolé un système.
00:06:47Il avait en fait dénudé deux câbles électriques.
00:06:49Il les avait aussi séparés l'un de l'autre.
00:06:51Un des câbles électriques dénudés passait dans une plaque de métal.
00:06:54L'autre câble électrique dans une autre plaque de métal.
00:06:56Il se l'était mis un devant, l'autre derrière.
00:06:58Le courant électrique est passé.
00:06:59Il est passé par le cœur.
00:07:00Le cœur s'est arrêté.
00:07:01C'est violent.
00:07:02C'est pas mal, hein ?
00:07:03Oui, oui, oui.
00:07:04Faut le vouloir, faut le vouloir.
00:07:06Oui, mais tu as de tout.
00:07:08J'ai un schizophrène qui n'a rien trouvé de mieux, lui.
00:07:10J'ai mis un moment pour comprendre.
00:07:12J'ai fini par comprendre comment ça marchait.
00:07:14De s'électrocuter aussi.
00:07:15J'y repense parce que c'est l'histoire que j'ai rencontrée ce matin à mes étudiants,
00:07:18donc je les ai bien en tête.
00:07:20Il avait trouvé un système autour de son pénis.
00:07:23Tu n'attendais pas, toi ?
00:07:24Non, non, mais je...
00:07:26J'attends la suite.
00:07:27Un système autour de son pénis.
00:07:28Tu avais un contacteur, une électrode qui était d'un côté,
00:07:31une électrode un peu plus loin.
00:07:33Et je me dis mais...
00:07:34Comment ça marche ?
00:07:35Et puis j'ai réfléchi.
00:07:37Ça m'arrive.
00:07:38Et j'ai trouvé.
00:07:39En fait, le gars savait que les hommes ont...
00:07:41Les femmes, c'est compliqué.
00:07:42Mais les hommes ont des érections nocturnes.
00:07:44Et qu'une fois, il avait mesuré la longueur de son pénis en érection.
00:07:47Il avait mis le contacteur à la longueur correcte.
00:07:49Cette manière-là, pendant la nuit,
00:07:51il bande et il s'électrocute.
00:07:53Et il meurt.
00:07:54Et ça a marché ?
00:07:55Oui, c'est ça que je te disais.
00:07:56C'est un schizophrène.
00:07:57Ce n'est pas quelqu'un de tout à fait...
00:07:58Voilà.
00:07:59Surprenant.
00:08:00La case est cochée.
00:08:01Si tu en veux d'autres, j'en ai encore.
00:08:03Il va y avoir une série de questions
00:08:05parce qu'on a envie d'entendre des anecdotes.
00:08:06C'était d'ailleurs dans les questions reçues.
00:08:08Il y a plein de gens qui sont demandeurs
00:08:09et qui ne se lassent pas de vous entendre les raconter.
00:08:12Mais ça veut dire que le métier, il n'est jamais répétitif ?
00:08:14Parce qu'on pourrait dire toujours une scène de crime,
00:08:16toujours encore un autopsie.
00:08:17Ce n'est pas barbant.
00:08:18Il y a des choses qui sont répétitives.
00:08:19Le fait qu'on t'appelle.
00:08:20Bonjour docteur, j'ai un cadavre pour vous.
00:08:21Enfin, ça, c'est la grande phrase.
00:08:23Ils ont un cadavre pour moi.
00:08:24Ils n'ont jamais une soupe ou un repas.
00:08:27C'est clair.
00:08:28C'est toujours un cadavre.
00:08:29Ça, c'est répétitif.
00:08:30L'appel est répétitif.
00:08:32L'arrivée sur place aussi.
00:08:33C'est les policiers qui t'accueillent.
00:08:34Tu les connais, tu ne les connais pas.
00:08:35En général, c'est très sympa.
00:08:37Et puis, ce qui est le moins, c'est ce que tu vas découvrir.
00:08:42Parce qu'objectivement,
00:08:43ce n'est pas parce que c'est le Xème pendu que tu vois
00:08:46que c'est nécessairement le même que le précédent.
00:08:48Et tous les pendus, tous les noyés,
00:08:50tous les gens que je vois sont des cas différents.
00:08:52Je les interprète aussi.
00:08:53Je le vois aussi comme ça.
00:08:54C'est ça qui m'attire la femme.
00:08:55C'est des cas différents.
00:08:56Et c'est ça qui m'attire l'intérêt.
00:08:57Parce que dans tout suicide avéré,
00:08:59en tout cas qui paraît avéré pour tout le monde,
00:09:00il peut y avoir un meurtre qui se cache.
00:09:02Je préfère le découvrir que de passer à côté.
00:09:04On va peut-être passer à une question d'Anna.
00:09:06C'est aussi pour avoir une bonne anecdote.
00:09:08Alors, on a déjà dû vous poser cette question peut-être.
00:09:10Mais si vous ne deviez retenir qu'un seul cas
00:09:13dans toute votre carrière,
00:09:14celui qui vous a le plus marqué.
00:09:16C'est toujours les morts d'enfants.
00:09:18Là, je vais plomber l'ambiance.
00:09:20Les morts d'enfants, c'était le cas de Stécie et Nathalie.
00:09:24C'est vraiment l'histoire qui m'a le plus marqué.
00:09:27Quand tu rentres dans une affaire comme celle-là,
00:09:29tout d'un coup, tu sors du monde, tu sors du temps,
00:09:31tu sors de l'espace, tu sors de tout.
00:09:32Et tu vis ton affaire comme signe avec ça au monde.
00:09:37Tu es vraiment investi dedans.
00:09:39Tu ne vois plus l'heure,
00:09:40tu ne sais plus que tu as bouffé ou pas.
00:09:41Et puis, c'était vraiment compliqué comme dossier.
00:09:44Et on a réussi à trouver l'auteur.
00:09:46Donc, l'auteur s'est retrouvé en prison.
00:09:48Je pense qu'il y est toujours.
00:09:49Et le dossier a eu plusieurs rebondissements.
00:09:51Donc, c'était une vraie affaire de passion.
00:09:55Je voulais absolument qu'on rassemblait un maximum d'éléments
00:09:59pour qu'on puisse trouver l'auteur.
00:10:00Parce que toucher à des gosses, c'est ce qu'il y a de plus dégueulasse.
00:10:02Et donc, on a vraiment beaucoup travaillé.
00:10:04Et je me souviens qu'il m'avait fallu ce que j'avais appelé une piste d'atterrissage.
00:10:07C'est-à-dire un autre cas qui me ramène à la réalité.
00:10:10Et le gars, c'est un type qui s'était fait buter par son beau-fils
00:10:13et était en train de pisser aux toilettes
00:10:14et le beau-fils l'a buté par derrière.
00:10:15Ça m'avait ramené sur terre, ça.
00:10:17OK.
00:10:18Et donc, c'était le moment le plus marquant.
00:10:20C'est aussi le pire moment de...
00:10:22Non, c'est pas le pire.
00:10:23Mais des pires, il y en a tout le temps.
00:10:25À chaque fois que tu as un gosse, c'est un pire moment.
00:10:27À chaque fois.
00:10:28Quant à...
00:10:29Je suis allé au Kosovo des Terres et des Charnies.
00:10:31On peut dire que c'était un moment vraiment de grande joie.
00:10:34Il y a eu un immeuble qui s'est effondré.
00:10:36Deux immeubles qui se sont effondrés.
00:10:38Rue Léopold à Liège.
00:10:39J'ai autopsié tout le monde.
00:10:40Ça n'a pas non plus été de moment de grande joie.
00:10:42À gauche, t'avais des étudiants.
00:10:43À droite, t'avais des pas étudiants.
00:10:45On me les a sortis, les étudiants.
00:10:47Et c'était encore intact.
00:10:48Ou plus ou moins, les pas étudiants, on me les a sortis en morceaux.
00:10:52Il a fallu rassembler les morceaux.
00:10:53C'est des histoires vraiment terribles.
00:10:55Donc, il y a des histoires qui restent dans la mémoire.
00:10:57Absolument, oui.
00:10:58Ça nous amène peut-être à la question de Julien.
00:11:01Je reprends ma fiche.
00:11:02Mais quels sont les mécanismes de défense, justement,
00:11:04les défenses psychologiques que vous mettez en place
00:11:06pour tenir le coup, rester serein
00:11:08et encaisser les scènes que vous nous décrivez ?
00:11:10J'en sais rien du tout.
00:11:11J'ai une amie psychologue qui est au premier rang.
00:11:12Elle pourra peut-être y répondre.
00:11:13Moi, je ne sais pas.
00:11:15Vous n'avez pas de truc ?
00:11:16Vous ne faites rien de particulier ?
00:11:17Vous n'avez pas de rituel ?
00:11:18Non.
00:11:19Rien ?
00:11:20Non.
00:11:23Qu'est-ce que je fais comme rituel ?
00:11:24Je n'en sais rien.
00:11:25Dans la série Balthazar, si je me souviens bien,
00:11:27le gars a un rituel.
00:11:28Oui, il en a beaucoup.
00:11:30Il n'en a pas qu'un.
00:11:31Il parle aux morts aussi.
00:11:32Ça, ça ne m'est jamais arrivé.
00:11:33Parler à un mort, s'il te répond, t'es mal.
00:11:38Mais comment ?
00:11:39Vous n'avez pas d'explication sur votre résistance à l'horreur, en fait ?
00:11:42Non.
00:11:44Depuis toujours ?
00:11:46Vous êtes insensible, ça veut dire ?
00:11:47Vous ne savez plus vous émouvoir ?
00:11:48Non, non, non.
00:11:49Je suis un mec super sensible.
00:11:50Je suis une boule de...
00:11:51Enfin, je pense.
00:11:52Je ne suis pas sûr d'être une boule de sensibilité,
00:11:54mais comme tout le monde.
00:11:56Mais mon métier, c'est mon métier.
00:11:57C'est à part.
00:11:58Ce sont des morts.
00:11:59Ce sont des morts.
00:12:00Ils ne sont plus vivants.
00:12:01Ils ne souffrent plus.
00:12:02Alors, pourquoi je vais souffrir s'ils ne souffrent plus ?
00:12:03Mais ça veut dire qu'en dehors de votre métier,
00:12:05vous pouvez pleurer sur un film un peu con
00:12:08ou sur un truc qui va vous...
00:12:09Il y a des choses qui peuvent procurer des émotions fortes.
00:12:11Il y a des choses qui peuvent m'émouvoir pleurer.
00:12:13Ça ne m'est plus arrivé depuis...
00:12:14Oh, je devais avoir 12 ans ou quelque chose comme ça.
00:12:17Il y a quand même une résistance à la...
00:12:19Je ne sais pas.
00:12:21Vous ne savez pas d'où elle vient.
00:12:22Il n'y a pas un psychiatre dans la salle ?
00:12:24On pourrait ajouter une chaise.
00:12:26Ce n'est peut-être pas le soir.
00:12:28Non, je n'en sais rien.
00:12:29Je sais qu'il y en a qui ont besoin de ça,
00:12:30d'aller au sport, de faire des trucs.
00:12:32Moi, je ne fais pas de sport.
00:12:33Je déteste ça.
00:12:34Je trouve que c'est le meilleur moyen pour se casser la gueule.
00:12:36En plus, ça m'emmerde.
00:12:38Il n'y a pas objectivement de but au sport.
00:12:40Je n'aime pas faire des trucs pour lesquels il y a un objectif.
00:12:43Je n'ai aucun objectif à faire du sport,
00:12:45donc je n'en fais pas.
00:12:46La seule fois que j'ai fait du ski,
00:12:47je me suis pété un genou.
00:12:48Donc, ça m'a vacciné.
00:12:49Aucun échappatoire pour prendre l'air,
00:12:51pour vous vider la tête ?
00:12:52Je n'en sais rien.
00:12:53Non, je n'en ressens pas le besoin.
00:12:55Et objectivement, je crois que je n'en ai pas besoin.
00:12:57C'est un peu pareil à l'Italie.
00:12:59J'ai l'impression que je suis un peu équilibré, non ?
00:13:01Elle a l'air de dire que oui, donc ça va.
00:13:03Et les images non plus ?
00:13:05Parce que vous devez vous...
00:13:06Après avoir vu les corps,
00:13:07vous refarcir ces images, les analyser,
00:13:09les présenter parfois en cours d'assises,
00:13:11l'appareil, vous...
00:13:13Non.
00:13:15Iceman.
00:13:16Ah non, pas du tout, je ne suis pas Iceman.
00:13:18Mais le boulot, c'est le boulot.
00:13:20Et les cadavres que je vois au travail,
00:13:22c'est des objets de travail.
00:13:24Je ne les humanise pas.
00:13:26Ils seront humanisés après,
00:13:27quand je vais rencontrer la famille,
00:13:28quand je vais connaître un peu la vie du personnage.
00:13:30Ça, on finit toujours par le savoir.
00:13:32Mais au moment où je travaille avec eux,
00:13:33pour moi, ils ne sont pas humanisés.
00:13:35Donc, je n'ai pas ce problème-là.
00:13:37OK, il y a une dernière question,
00:13:38un peu sur le même thème,
00:13:39presque plus philosophique de Muriel,
00:13:41que j'aimais bien, je l'ai sélectionnée.
00:13:42Muriel, elle vous demande ça.
00:13:43Comment fait-on pour aimer la vie
00:13:45quand on flirte avec la mort chaque jour ?
00:13:48Est-ce que vous aimez encore la vie ?
00:13:50Oui, oui, moi, oui.
00:13:51Oui, toi, oui.
00:13:52Mes profs disaient que j'étais,
00:13:54quand j'étais en humanité,
00:13:55que j'avais preuve d'un optimisme bien.
00:13:58Ce n'était pas nécessairement sympa.
00:14:00Mais, objectivement,
00:14:01aujourd'hui, ça me plaît bien.
00:14:03La vie, je la vois toujours...
00:14:05Enfin, j'essaie de toujours avoir du bon côté,
00:14:07pas du mauvais.
00:14:08Et ça ne vous dégoûte pas,
00:14:09de voir, à un moment,
00:14:10une utipicité de genre ?
00:14:12Parce qu'on parlait de suicide,
00:14:13mais il y a aussi des crimes,
00:14:14des choses beaucoup moins...
00:14:15Mais il y en a toujours eu.
00:14:16Oui.
00:14:17Sauf que vous vous êtes plongé dedans au quotidien,
00:14:18moins ou moins.
00:14:19Oui, mais je sais que je suis plongé dedans au quotidien.
00:14:21Je le vis.
00:14:22Mais je sais que c'est des cas
00:14:23exceptionnels aussi.
00:14:24Tout le monde ne vit pas ça.
00:14:25Il suffit de parler avec n'importe qui ici
00:14:26qui a déjà vu un meurtre.
00:14:28Pas moi.
00:14:29Voilà.
00:14:30Qui en a déjà combien ?
00:14:31Il n'y a jamais personne qui l'a vu.
00:14:34Objectivement,
00:14:35je sais que ce sont des situations d'exception
00:14:37et que je suis là pour voir
00:14:38ces situations d'exception-là.
00:14:40Donc, je ne me dis pas
00:14:41que le monde est franchement pourri.
00:14:43Non, il a toujours été comme ça.
00:14:44Vous n'êtes pas désenchanté
00:14:45à force de voir,
00:14:46à force d'être dans ce lieu,
00:14:47de ne plus croire en,
00:14:49je ne sais pas,
00:14:50la beauté humaine
00:14:51ou la nature humaine tout court.
00:14:52Non, absolument pas.
00:14:53C'est une question de mentalité,
00:14:55d'état d'esprit.
00:14:56Non, pas du tout.
00:14:57Au contraire,
00:14:58j'aime bien les gens
00:14:59et même les meurtriers.
00:15:00Il y a toujours des mauvaises personnes.
00:15:01Vous arrivez à leur trouver
00:15:03une certaine forme de sympathie ?
00:15:04Tout le monde a un bon côté.
00:15:05Enfin, le profond psychopathe,
00:15:07peut-être pas,
00:15:08mais les gens comme Dutroux fourniraient.
00:15:10C'est des gens que j'ai rencontrés.
00:15:12Il ne fournirait pas.
00:15:14Mais Dutroux,
00:15:15il était même sympa
00:15:16par certains aspects.
00:15:17Pas tous.
00:15:18Mais c'est en discutant,
00:15:20c'est en tenant compte
00:15:22de cette nature même du criminel
00:15:23en face de vous,
00:15:24en lui trouvant des côtés positifs
00:15:25que vous arrivez.
00:15:26Voir chez les gens ce qu'il y a de mieux en eux.
00:15:27C'est ça qui vous aide,
00:15:28peut-être aussi.
00:15:29Je ne sais pas si ça m'aide,
00:15:30mais en tout cas,
00:15:31c'est comme ça que je vis.
00:15:34Voir ce qu'il y a de mieux chez chacun.
00:15:36Ok.
00:15:37Encore une petite question.
00:15:39Ça m'a fortement surpris,
00:15:40parce qu'on l'a reçue,
00:15:41à mon avis, dix fois,
00:15:42quasi la même,
00:15:43mais c'est sur les nouvelles technologies.
00:15:44C'est celle d'Adidja.
00:15:45Il y avait aussi Léa,
00:15:46je ne vais pas citer toutes les personnes
00:15:47dans la salle
00:15:48qui ont posé ces questions-là.
00:15:49Mais les gens veulent savoir
00:15:50à quel point la médecine légale
00:15:51utilise aujourd'hui
00:15:52les nouvelles technologies
00:15:53comme par exemple
00:15:54l'intelligence artificielle
00:15:55ou les scanners 3D
00:15:56au quotidien
00:15:58et à quel point ça a bouleversé
00:15:59vos pratiques.
00:16:00Vous pouvez un peu nous expliquer ça,
00:16:01si vous avez de nouveaux outils ?
00:16:02Oui.
00:16:03On a une prof qui s'appelle
00:16:04Siq Graber,
00:16:05qui est la prof de médecine légale
00:16:06de l'Université de Lausanne,
00:16:07qui s'est beaucoup intéressée
00:16:08à une nouvelle technologie.
00:16:09En fait,
00:16:10la technologie n'est pas nouvelle,
00:16:11mais son application
00:16:12en la médecine légale est récente.
00:16:13C'est-à-dire que l'idée,
00:16:14ce serait de scanner les cadavres.
00:16:16Donc, tu as un mort
00:16:17et tu commences par faire
00:16:18ce qu'on appelle
00:16:19une autopsie virtuelle.
00:16:20Tu le scans.
00:16:21Le problème,
00:16:22c'est qu'il est démontré
00:16:23qu'une fois que tu as fait
00:16:24l'autopsie virtuelle
00:16:25et que tu l'as scannée,
00:16:26ça n'empêche pas
00:16:27qu'il faut quand même
00:16:28l'autopsier.
00:16:29Alors,
00:16:30les magistrats
00:16:31liés à moi m'ont téléphoné
00:16:32en me disant
00:16:33« Philippe,
00:16:34est-ce qu'on ne pourrait pas faire
00:16:35une autopsie virtuelle ? »
00:16:36Je dis « Oui, bien sûr. »
00:16:37« Bon, alors,
00:16:38on ne fait pas d'autopsie. »
00:16:39Je dis « Si, il faut compléter
00:16:40pour une autopsie. »
00:16:41Donc, on ne gagne pas
00:16:42en efficacité ?
00:16:43« Oui, mais alors,
00:16:44ça coûte plus cher. »
00:16:45Je dis « Ah oui, ça coûte plus cher. »
00:16:46Donc,
00:16:47on ne fait pas d'autopsie
00:16:48virtuelle à Liège
00:16:49pour éviter les frais.
00:16:50Ceci dit, nous,
00:16:51on les fait quand même
00:16:52à l'occasion
00:16:53pour notre intérêt personnel,
00:16:54pour avoir
00:16:55au moins
00:16:56la connaissance
00:16:57de cette technique
00:16:58et de voir
00:16:59ce qu'elle peut apporter de plus.
00:17:00Alors, c'est vrai
00:17:01qu'il y a des pathologies
00:17:02qui se voient beaucoup mieux
00:17:03au scan
00:17:04que ne se voient
00:17:05des visus,
00:17:06mais c'est des pathologies
00:17:07de mort naturelle.
00:17:08Et moi, ce que je fais,
00:17:09c'est des morts violentes.
00:17:10Ce n'est pas quelqu'un
00:17:11qui meurt dans son lit.
00:17:12J'autopsie des gens
00:17:13qui ont été pendus,
00:17:14qui ont été tués,
00:17:15qui ont eu un coup de feu,
00:17:16un coup de couteau, etc.
00:17:17Je n'ai pas besoin de ça.
00:17:18Mais par contre,
00:17:19la 3D, là où elle est sympa,
00:17:20c'est qu'une fois
00:17:21que tu as l'image 3D des lésions,
00:17:22tu peux la reconstituer
00:17:23en trois dimensions.
00:17:24Et alors,
00:17:25tu vois mieux
00:17:26comment le coup de feu est passé,
00:17:27comment l'arme a pénétré
00:17:28dans le corps, etc.
00:17:29Ça, c'est intéressant.
00:17:30C'est surtout intéressant
00:17:31pour les jurés
00:17:32de la Cour d'assises
00:17:33qui comprennent mieux
00:17:34une image.
00:17:35Comme disait Napoléon,
00:17:36il vaut mieux un bon schéma
00:17:37qu'un long discours.
00:17:38Il a raison.
00:17:39Il avait raison
00:17:40parce qu'il était un peu mort quand même.
00:17:46Intelligence artificielle,
00:17:47on parle notamment
00:17:48en radiologie
00:17:49qu'à force d'avoir
00:17:50une intelligence entraînée
00:17:51qui pourrait avoir vu
00:17:52de nombreuses radios,
00:17:53pourrait détecter presque mieux
00:17:54que certains médecins
00:17:55de quoi souffre la personne.
00:17:56C'est vrai.
00:17:57Ça veut dire
00:17:58qu'une intelligence artificielle
00:17:59bien entraînée
00:18:00pourrait faire
00:18:01une meilleure autopsie
00:18:02que vous à un moment ?
00:18:03Vous pensez
00:18:04que vous pouvez être remplacé ?
00:18:05Si cette intelligence artificielle
00:18:06a une paire de mains
00:18:07et des yeux, oui.
00:18:08Mais il faut encore
00:18:09qu'elle ait des mains
00:18:10parce qu'il faut ouvrir.
00:18:11Quand tu regardes le corps,
00:18:12tu vois bien qu'il y a une lésion
00:18:13mais tu ne vois pas
00:18:14où elle va.
00:18:15Donc il faut ouvrir
00:18:16pour voir où elle va.
00:18:17Alors le jour où on trouvera
00:18:18une intelligence artificielle
00:18:19qui s'adapte à notre façon
00:18:20de travailler, peut-être.
00:18:21Mais objectivement,
00:18:22l'intelligence artificielle,
00:18:23ça reste nous.
00:18:24Mais si je vous entends bien,
00:18:25ça veut dire que vous,
00:18:26quelles que soient les technologies
00:18:27qui sont en train de se développer,
00:18:28vous ne vous dites pas
00:18:29que vous allez demain
00:18:30être remplacé par un robot
00:18:31qui a une énorme plus-value ?
00:18:32Non, mais je ne crois pas
00:18:33non plus que le radiologue
00:18:34sera remplacé par un robot.
00:18:35On fait aujourd'hui
00:18:36de la radiologie interventionnelle
00:18:37qui nécessite
00:18:38qu'il y ait quelqu'un
00:18:39qui soit compétent
00:18:40pour injecter des produits,
00:18:42pour aller dans
00:18:43les vaisseaux sanguins,
00:18:44pour tout ce que fait
00:18:45l'interventionnelle.
00:18:46Et ça, l'intelligence artificielle
00:18:47ne peut pas le faire.
00:18:48Elle pourrait éventuellement
00:18:49guider, mais elle ne fera
00:18:50jamais de chirurgie,
00:18:51à moins qu'on développe
00:18:52des robots qui aient
00:18:53une capacité telle
00:18:54qu'ils soient capables
00:18:55de tout faire.
00:18:56Mais pour l'instant,
00:18:57ce n'est pas le cas.
00:18:58Dernière petite question,
00:18:59technologie toujours.
00:19:00Quand vous allez sur
00:19:01une scène de crime,
00:19:02dans votre petit sac
00:19:03ou votre besace,
00:19:04vous avez des nouveaux outils
00:19:05ou des éléments totalement
00:19:06high-tech
00:19:07qui vont vous en mettre
00:19:08plein la vue ?
00:19:09Vous avez toujours
00:19:10des sacoches
00:19:11très modèles ?
00:19:12J'ai un sac à dos.
00:19:13Moi, j'ai toujours
00:19:14un sac à dos.
00:19:15C'est pratique.
00:19:16Tu as les mains libres
00:19:17avec un sac à dos.
00:19:18Mais j'ai fait,
00:19:19récemment,
00:19:20je suis intervenu
00:19:21dans un bouquin
00:19:22qui s'appelle
00:19:23Scène de crime.
00:19:24C'est un bouquin
00:19:25qu'on a fait à plusieurs
00:19:26et qui a été commandité
00:19:27par les archives de l'État
00:19:28parce qu'ils avaient
00:19:29hérité d'une série
00:19:30de photographies
00:19:31qui dataient des années
00:19:32entre,
00:19:33ils ne savaient pas
00:19:34très bien,
00:19:35entre 1920 et 1950.
00:19:36Et ce sont des photos,
00:19:37c'est un fond de photographie
00:19:38qui vient
00:19:39de la PJF,
00:19:40donc de la police fédérale,
00:19:41judiciaire,
00:19:42et qu'on a donné
00:19:43aux archives de l'État
00:19:44en disant,
00:19:45nous, on n'a pas envie
00:19:46de perdre,
00:19:47vous, vous pouvez les garder,
00:19:48vous avez les moyens
00:19:49de le faire.
00:19:50Donc, ils l'ont fait.
00:19:51Et puis, il y a
00:19:52une des chefs de travail
00:19:53aux archives qui s'est dit,
00:19:54tiens, on exploite très bien ça
00:19:55avec quelques personnes
00:19:56qui ont l'habitude
00:19:57de travailler
00:19:58dans le domaine judiciaire.
00:19:59J'ai participé
00:20:00et j'ai trouvé des photos
00:20:01de mes prédécesseurs
00:20:02que je n'avais jamais vues
00:20:03et j'ai eu le plaisir
00:20:04de découvrir la tronche
00:20:05de ceux dont j'avais entendu
00:20:06le nom
00:20:08parce qu'à l'époque,
00:20:09on ne se faisait pas
00:20:10des photos à l'Institut.
00:20:11Et vous avez fait
00:20:12le jeu des 7 différences
00:20:13pour savoir ?
00:20:14Attends, c'est pire que ça,
00:20:15j'ai reconnu des instruments
00:20:16sur la table
00:20:17que j'utilise toujours aujourd'hui.
00:20:18Donc, ça n'a pas changé
00:20:19des masses ?
00:20:20Il y a un instrument là-bas,
00:20:21ça fait 100 ans qu'on l'a.
00:20:22En fait, c'est une pièce
00:20:23de musée,
00:20:24mais c'est une sonde,
00:20:25une sonde qui sert
00:20:26à rentrer dans les trous
00:20:27de balle,
00:20:28dans les...
00:20:29Je la fais toujours,
00:20:30celle-là,
00:20:31dans les impacts
00:20:32de projectiles.
00:20:33C'est comme un trou de balle,
00:20:35Et cette sonde,
00:20:36c'est pour du 9 mm,
00:20:37parce qu'elle est trop grosse
00:20:38pour du 7,65.
00:20:39Elle nous sert toujours.
00:20:40Je l'ai encore prise en photo
00:20:41il n'y a pas tellement longtemps,
00:20:42dans le cadre d'une autopsie,
00:20:43pour montrer comment
00:20:44la trajectoire s'était réalisée.
00:20:45Mais donc, vous nous dites
00:20:46que vous n'êtes pas
00:20:47un nouveau médecin égiste
00:20:482 ou 3.0
00:20:49avec plein d'outils
00:20:50high-tech
00:20:51qui débarquent
00:20:52sur scène.
00:20:53Non, non, non.
00:20:54Les outils high-tech
00:20:55pour un médecin égiste,
00:20:56ça ne sert à rien.
00:20:57Un médecin égiste,
00:20:58j'ai besoin de trois choses.
00:20:59Un vistouri,
00:21:00une paire de ciseaux
00:21:01et une pince
00:21:02pour tenir les viscères
00:21:03et les peaux.
00:21:04C'est tout.
00:21:05Et puis, évidemment,
00:21:06une scie pour couper le crâne
00:21:07parce qu'à la main,
00:21:08c'est un peu difficile.
00:21:09C'est une scie à plate
00:21:10qu'on utilise.
00:21:11C'est nouveau,
00:21:12mais je n'ai besoin que de ça.
00:21:13Et avec ces trois instruments-là,
00:21:14je te fais une autopsie
00:21:15du début à la fin.
00:21:16C'est noté.
00:21:17On a un petit jeu
00:21:18pour finir cette séquence-là.
00:21:19Enfin, petit jeu.
00:21:20Ça s'appelle
00:21:21« Avez-vous déjà ? ».
00:21:22Je me suis rendu compte
00:21:23qu'il y a plein de gens
00:21:24qui avaient envoyé des questions
00:21:25pour savoir
00:21:26ce que vous avez déjà fait,
00:21:28je vais essayer de regrouper.
00:21:29Vous devez me dire
00:21:30si vous l'avez déjà fait,
00:21:31oui ou non.
00:21:32Et puis, détailler
00:21:33ou raconter une petite anecdote
00:21:34là autour.
00:21:35Alors, avez-vous déjà,
00:21:36ça s'affiche pour les gens
00:21:37dans la salle
00:21:38qui ne comprendraient mal,
00:21:39eu un cadavre
00:21:40qui se réveille à la morgue ?
00:21:41Un non-mort ?
00:21:42Oui, en fait,
00:21:43il ne s'est pas vraiment réveillé
00:21:44et ce n'était pas à la morgue.
00:21:45En fait, j'en ai deux.
00:21:46Tu veux les deux ?
00:21:47Allez, allons-y.
00:21:48Alors, il y en a un
00:21:49qui s'est réveillé
00:21:50et ce n'était pas à la morgue.
00:21:51C'était chez lui.
00:21:52Il était tombé face antérieure,
00:21:53contre le sol.
00:21:54Il avait un veston comme moi
00:21:55et voilà,
00:21:56il était par terre.
00:21:57Il avait pissé.
00:21:58Donc, dans l'urine,
00:21:59tu as les mouches
00:22:00qui étaient venues pondre
00:22:01et donc,
00:22:02tu avais des larves de mouches
00:22:03qui étaient par terre.
00:22:04Les policiers,
00:22:05quand ils sont arrivés,
00:22:06l'ont interpellé.
00:22:07Monsieur, monsieur.
00:22:08Il ne répondait pas
00:22:09et puis, en plus,
00:22:10il y avait des larves
00:22:11donc, pour eux,
00:22:12il était mort.
00:22:13Donc, on vous amène.
00:22:14On m'appelle.
00:22:15Et c'était la foire,
00:22:16si je me souviens.
00:22:17C'était l'époque de la foire.
00:22:18La foire à Liège.
00:22:19Oui, mais c'est la foire là aussi
00:22:20parce que quand j'arrive…
00:22:21Ah, pardon.
00:22:22Quand j'arrive,
00:22:23tu as un policier
00:22:24qui arrive en bas
00:22:25et qui me dit
00:22:26écoute, monte vite.
00:22:27Il n'est pas mort.
00:22:28Je lui dis,
00:22:29tu te fous de moi ?
00:22:30Il me dit, non, non,
00:22:31il n'est pas mort,
00:22:32monte vite.
00:22:33J'oublie de demander l'étage
00:22:34mais par les escaliers,
00:22:35tu arrives vite.
00:22:36Quand il y a une porte ouverte,
00:22:37tu te dis que c'est là.
00:22:38Et j'arrive.
00:22:39Je vois un policier
00:22:40dans un coin qui ne va pas bien.
00:22:41Il est assis par terre.
00:22:42Il n'est pas en grande forme
00:22:43et j'ai un autre policier
00:22:44qui est devant moi.
00:22:46Un qui ne va pas bien,
00:22:47un qui a un sourire.
00:22:48Je sais que ça a passé quelque chose
00:22:49et je me doute
00:22:50que ça va être pas mal.
00:22:51Et puis, j'ai le type par terre,
00:22:52le mort, qui parle.
00:22:53Donc, j'ai compris.
00:22:56Il me dit,
00:22:57qu'est-ce qui vous est arrivé ?
00:22:58Il me dit,
00:22:59on m'a mis une prothèse de hanche
00:23:00et je suis tombé par terre
00:23:01et je n'ai pas réussi à me relever.
00:23:02En fait, il a luxé sa prothèse.
00:23:03Et je lui dis,
00:23:04ça fait combien de temps
00:23:05que vous êtes par terre ?
00:23:06Ah ben, j'en sais rien.
00:23:07Je me dis,
00:23:08je ne vais pas y toucher
00:23:09parce que si j'y touche
00:23:10et je mobilise
00:23:11qu'il est depuis un bon moment
00:23:15il va se larguer
00:23:16des substances qui sont toxiques
00:23:17qui proviennent de la nécrose
00:23:18et cellules
00:23:19qui sont restées trop longtemps
00:23:20au contact du sol
00:23:21et qui ont fini par mourir.
00:23:22Et cette substance,
00:23:23tu sais que tu as un délai,
00:23:24va faire un délai quand même
00:23:25pour le passer à la dialyse.
00:23:26Donc,
00:23:27il vaut mieux pas le bouger.
00:23:28Je lui dis,
00:23:29écoutez,
00:23:30ne bougez pas,
00:23:31les secours arrivent.
00:23:32Bon,
00:23:33je papote avec lui
00:23:34parce que,
00:23:35quand même,
00:23:36il est par terre
00:23:37et il doit se dire,
00:23:38il est médecin celui-là,
00:23:39il ne fait rien.
00:23:40Et puis,
00:23:41le smear est arrivé,
00:23:42on l'a embarqué.
00:23:43Il est vivant,
00:23:44il va bien,
00:23:45on lui a remis sa prothèse,
00:23:46tout va bien.
00:23:47Et il y a le policier
00:23:48là dans le camp
00:23:49et il ne va toujours pas bien.
00:23:50Et je lui demande encore un,
00:23:51mais qu'est-ce qui lui est arrivé à lui
00:23:52parce qu'il ne me parle pas.
00:23:53Et je lui demande,
00:23:54ça va toi ?
00:23:55Ouf !
00:23:56Je me dis,
00:23:57j'ai peut-être une autre ambulance
00:23:58pour lui quand même.
00:23:59Mais qu'est-ce qu'il a ?
00:24:00Et tu as le collègue
00:24:01qui m'explique,
00:24:02il me dit,
00:24:03en t'attendant,
00:24:04on cherchait l'identité du monsieur
00:24:05et on ne trouvait pas ses papiers.
00:24:06Alors,
00:24:07dans la pièce,
00:24:08c'est une pièce,
00:24:09c'est un studio,
00:24:10et le collègue a passé sa main
00:24:11entre le sol et le cadavre,
00:24:12il était dans la poche,
00:24:13il a trouvé le portefeuille,
00:24:14au moment où il a retiré,
00:24:15il y a le cadavre
00:24:16qui lui a attrapé le bras.
00:24:17Donc,
00:24:18il a eu la trouille de sa vie.
00:24:19Mais ce que je ne raconte pas
00:24:20dans le bouquin,
00:24:21parce que je n'ai quand même pas osé,
00:24:22c'est que,
00:24:23voilà,
00:24:24il aurait peut-être dégainé
00:24:25et menacé de tirer
00:24:26tellement il eut peur.
00:24:27Résultat,
00:24:28à chaque fois
00:24:29qu'on allait sur un cadavre,
00:24:30il me filait son flingue à l'entrée.
00:24:31Mais même quand le cadavre
00:24:32puait être loin,
00:24:33je lui disais,
00:24:34écoute, celui-là,
00:24:35s'il est vivant,
00:24:36je ne suis pas légiste.
00:24:37Et il me le donnait quand même.
00:24:38Je lui ai dit,
00:24:39tu peux même tirer dedans,
00:24:40il n'y a pas de problème,
00:24:41il est mort.
00:24:42Et l'autre,
00:24:43c'est un cadavre qu'on m'a amené,
00:24:44c'est chez nous,
00:24:45il y a la meuse
00:24:46qui passe à un liège.
00:24:47Et dans la meuse,
00:24:48les cadavres,
00:24:49ils remontent toujours,
00:24:50pour les enfants,
00:24:51c'est 7 jours,
00:24:52pour les adultes,
00:24:53c'est 10 jours,
00:24:54il n'y a pas besoin de s'exciter,
00:24:55c'est toujours comme ça.
00:24:56Et j'ai l'impression
00:24:57d'être près de chez vous
00:24:58quand je raconte ça.
00:24:59Et le cadavre remonte,
00:25:00en général,
00:25:01pas loin de l'Institut
00:25:02de médecine égale,
00:25:03donc les services de secours
00:25:04qui viennent,
00:25:05les pompiers le prennent
00:25:06dans la flotte,
00:25:07ils le mettent sur un brancard,
00:25:08hop, à la médecine égale,
00:25:09ils arrivent chez moi.
00:25:10Et quand ils mettent
00:25:11le gars sur la table,
00:25:12je me dis,
00:25:13mais il n'a pas l'air mort,
00:25:14celui-là.
00:25:15Il avait les muscles du visage
00:25:16qui étaient toniques,
00:25:17tu vois.
00:25:18D'habitude,
00:25:19les morts,
00:25:20ils ont les muscles
00:25:21qui se laissent aller,
00:25:22le visage,
00:25:24Lui, pas du tout.
00:25:25Le visage était tonique.
00:25:26Et en plus,
00:25:27il n'était pas franchement blanc
00:25:28comme j'ai l'habitude
00:25:29de le voir.
00:25:30Alors, vas-y,
00:25:31pour trouver un stéthoscope
00:25:32en médecine égale.
00:25:33Et donc, vous faites quoi ?
00:25:34J'ai pris mon scalpel
00:25:35et j'ai coupé dedans.
00:25:37Pas profond, pas...
00:25:39Non,
00:25:40je vous explique quand même,
00:25:41ça fait un peu étrange.
00:25:43Quand on meurt,
00:25:45le sang quitte
00:25:46les vaisseaux sanguins
00:25:47qu'on appelle les artères
00:25:48et les capillaires.
00:25:49Il n'est plus que dans les veines.
00:25:50Et quand tu coupes en surface,
00:25:51tu coupes des capillaires.
00:25:52Donc,
00:25:53quand tu coupes des capillaires,
00:25:54s'il saigne encore,
00:25:55c'est que le type est vivant.
00:25:56S'il ne saigne plus,
00:25:57c'est qu'il est mort.
00:25:58Il saignait.
00:25:59Je me suis mis à le réanimer.
00:26:01Je l'ai mis par terre.
00:26:02J'ai commencé à le masser.
00:26:03J'ai appelé les secours.
00:26:04Alors, tu vois,
00:26:05le type dans la centrale,
00:26:06il sent.
00:26:07Bonjour, docteur Bruxelles,
00:26:08médecine égale.
00:26:09Écoutez, je suis à la mort.
00:26:10On m'a amené un mort,
00:26:11mais il n'est pas exactement mort.
00:26:12Est-ce que vous pourriez
00:26:13m'envoyer une ambulance ?
00:26:14Et l'autre de l'autre côté,
00:26:16voilà.
00:26:17L'ambulance est quand même venue.
00:26:18Ils l'ont ramenée à l'hôpital
00:26:19parce qu'ils ont réussi
00:26:20à récupérer un rythme cardiaque.
00:26:21Il y en avait encore un,
00:26:22mais au bout,
00:26:23tu ne peux pas le sentir.
00:26:24Il était trop atténué.
00:26:25Ils ont réussi à lui redonner
00:26:26un rythme cardiaque,
00:26:27mais son cerveau,
00:26:28malheureusement,
00:26:29était grillé,
00:26:30il n'a jamais repris.
00:26:31Et donc,
00:26:32trois jours plus tard,
00:26:33ils me l'ont ramené.
00:26:34OK,
00:26:35l'histoire ne finit pas si bien.
00:26:36Allez,
00:26:37un deuxième.
00:26:38Parce que j'en ai quelques-uns.
00:26:39Avez-vous déjà eu
00:26:40un cas de serial killer ?
00:26:41Ouf,
00:26:42ça dépend
00:26:43de ce qu'on appelle
00:26:44un serial killer.
00:26:45Oui,
00:26:46on a eu à Liège...
00:26:47Un tueur en solide ?
00:26:48Oui,
00:26:49mais ça dépend
00:26:50comment on les qualifie.
00:26:51En fait,
00:26:52on les qualifie
00:26:53à partir du nombre de morts.
00:26:54Oui.
00:26:55Et on dit en général
00:26:56qu'après trois morts,
00:26:57tu as un serial killer.
00:26:58Alors oui,
00:26:59j'en ai déjà eu.
00:27:00Mais quelqu'un
00:27:01où vous vous repérez
00:27:02à la même autopsie
00:27:03trois fois de suite,
00:27:04c'est le même mode opératoire
00:27:05et vous vous dites
00:27:06ouh là là,
00:27:07on a un 21.
00:27:08Non,
00:27:09Liège,
00:27:10c'est tout petit.
00:27:11Ils n'avaient pas
00:27:12eu de morts.
00:27:13Mais c'était l'affaire
00:27:14Bourguin et Muzel.
00:27:15Je ne sais pas si tu te souviens.
00:27:16C'était trop jeune.
00:27:17C'est en 1992.
00:27:18Ce sont deux bons hommes
00:27:19qui étaient des toxicomanes
00:27:20et qui sont partis
00:27:21dans un délire meurtrier
00:27:22total.
00:27:23Et ils ont tué
00:27:24deux jeunes gars,
00:27:25Marc Histeman
00:27:26et Corinne Malmandier.
00:27:27Je me souviens
00:27:28de leur nom.
00:27:29Ils les ont tués
00:27:30dans un bois
00:27:31à l'Irne,
00:27:32à la Riotgun.
00:27:33Et je crois
00:27:34qu'ils n'ont tué
00:27:35que ces deux-là,
00:27:36en fait.
00:27:37Je ne me souviens plus bien,
00:27:38mais je crois que c'est
00:27:39que ces deux-là.
00:27:40Donc,
00:27:41vous avez déjà été confronté
00:27:42à un décès
00:27:43dont la cause est
00:27:44et demeure inexplicable.
00:27:45Donc,
00:27:46on n'a jamais su
00:27:47de quoi il était mort.
00:27:48Oui,
00:27:49et on a ça régulièrement.
00:27:50Ça doit être frustrant
00:27:51à mourir,
00:27:52j'allais dire.
00:27:53Oui,
00:27:54alors,
00:27:55quand tu as une autopsie
00:27:56qu'on appelle blanche,
00:27:57c'est une autopsie
00:27:58où l'autopsie
00:27:59ne te donne pas
00:28:00la cause du décès.
00:28:01Quand tu as une cause
00:28:02de décès en médecine égale,
00:28:03c'est macroscopique.
00:28:04Tu la vois.
00:28:05A l'œil,
00:28:06tu as besoin
00:28:07de faire du microscope.
00:28:08Alors,
00:28:09si tu n'as pas ça,
00:28:10tu peux faire
00:28:11ce qu'on appelle
00:28:12de l'anatomopathologie.
00:28:13C'est une spécialité
00:28:14de la médecine
00:28:15où le médecin spécialiste
00:28:16regarde des cellules,
00:28:17des organes
00:28:18au microscope
00:28:19et selon l'aspect cellulaire,
00:28:20peut dire
00:28:21de quelles maladies il souffre.
00:28:22Voilà.
00:28:23Alors,
00:28:24quand tu arrives
00:28:25au bout de la route
00:28:26et que tu n'as toujours
00:28:27pas de solution,
00:28:28tu n'en as plus qu'une.
00:28:29Soit,
00:28:30c'est un trouble malin
00:28:31du rythme cardiaque,
00:28:32c'est toujours le cœur
00:28:33dans ces cas-là.
00:28:34Soit,
00:28:35c'est un problème
00:28:36qui touche le cœur,
00:28:37c'est toujours le cœur.
00:28:38Alors,
00:28:39c'est un problème
00:28:40qui touche le cœur aussi.
00:28:41Il y a un infarctus majeur
00:28:42et fulminant
00:28:43qui sont indétectables.
00:28:44Et quand vous dites
00:28:45que ça vous arrive souvent ?
00:28:46Souvent, non.
00:28:47Plusieurs fois par an ?
00:28:48Non,
00:28:49parce qu'on m'appelle
00:28:50plutôt pour des morts violentes.
00:28:51Quand ça m'arrive,
00:28:52c'est quelqu'un
00:28:53qui meurt au travail,
00:28:54par exemple.
00:28:55Et la surheur loi
00:28:56se pose la question
00:28:57de savoir,
00:28:58à juste titre,
00:28:59est-ce qu'il est mort
00:29:00à cause du travail
00:29:01ou est-ce qu'il est mort
00:29:02et qu'il serait mort
00:29:03de toute façon
00:29:04ce jour-là,
00:29:05à cette heure-là,
00:29:06même sans travail.
00:29:07Parce qu'il ne va payer
00:29:08sa retraite.
00:29:09C'est pas le summum
00:29:10de la frustration
00:29:11quand on est médecin légiste
00:29:12d'aller au bout du chemin
00:29:13et de dire
00:29:14je ne peux pas vous dire
00:29:15exactement avec 100% de certitude
00:29:16à cause de la mort.
00:29:17La médecine est un art.
00:29:18Si, c'est frustrant.
00:29:19C'est frustrant.
00:29:20C'est chiant.
00:29:21OK.
00:29:22La question suivante.
00:29:23Qu'est-ce qu'on a ?
00:29:24Avez-vous déjà...
00:29:25Ah oui,
00:29:26c'est un peu glauque,
00:29:27ça vient de quelqu'un
00:29:28de la salle,
00:29:29je le jure.
00:29:30Avez-vous déjà autopsié
00:29:31quelqu'un que vous connaissez ?
00:29:32Je n'ai pas le droit
00:29:33parce que l'expert judiciaire
00:29:34et les médecins légistes
00:29:35sont des experts judiciaires,
00:29:36doivent être neutres
00:29:37et conserver aussi
00:29:38l'apparence de la neutralité.
00:29:39Ça veut dire que
00:29:40tu peux estimer toi
00:29:41que tu es neutre
00:29:42mais tu n'en donnes pas l'apparence
00:29:43puisque tu connaissais
00:29:44la personne.
00:29:45Donc je ne peux pas.
00:29:46Même pour un ami
00:29:47ou quelqu'un que vous connaissez,
00:29:48ça ne vaut pas la peine pour la famille.
00:29:49Ça m'est arrivé une fois
00:29:50mais ce n'était pas une autopsie,
00:29:51c'était un examen extérieur
00:29:52et l'affaire publique
00:29:53était éteinte.
00:29:54Donc c'est un homme
00:29:55qui tue sa femme
00:29:56et la maîtresse de sa femme
00:29:57et la maîtresse de sa femme
00:29:58c'est une amie à moi.
00:29:59Quand j'arrive sur place,
00:30:00on n'a pas le nom.
00:30:01En général,
00:30:02je demande les noms avant
00:30:03et là j'ai demandé les noms,
00:30:04on avait les noms
00:30:05de deux personnes
00:30:06mais pas de la troisième
00:30:07de mon ami.
00:30:08On n'avait pas les noms
00:30:09et c'est en arrivant sur place
00:30:10que je fais le tour,
00:30:11je regarde les corps
00:30:12et puis je me rends compte
00:30:13que je ne connais personne
00:30:14parce que quand tu vois un mort,
00:30:15même quelqu'un que tu connais,
00:30:16il y a un petit effort à faire
00:30:18pour le reconnaître
00:30:19et là je ne l'ai pas reconnu.
00:30:20Donc je redescends
00:30:21et je demande aux policiers
00:30:22est-ce qu'on a le nom
00:30:23de la troisième personne ?
00:30:24Non mais ils me donnent
00:30:25des caractéristiques
00:30:26qui me permettent de dire
00:30:27ce n'est pas une telle.
00:30:29Oui, c'est ça qu'ils me font.
00:30:30Je dis merde,
00:30:31je la connais.
00:30:32Je la connais,
00:30:33je remonte pour vérifier quand même
00:30:34si c'était bien elle
00:30:35en regardant.
00:30:36Oui, ah oui,
00:30:37ok c'est elle.
00:30:38Mais voilà,
00:30:395 heures du matin,
00:30:40t'es en pleine campagne,
00:30:41tes profs,
00:30:42tes assistants,
00:30:43quand t'es de garde,
00:30:44ils se barrent,
00:30:45ils en profitent pour prendre congé,
00:30:47en clair.
00:30:48Donc j'allais emmerder les magistrats,
00:30:49j'allais emmerder tout le monde.
00:30:50Il y avait un examen à faire
00:30:51et l'auteur était mort,
00:30:53il s'était suicidé.
00:30:54Donc l'action pénale,
00:30:56l'action publique,
00:30:57était éteinte.
00:30:58On faisait un examen proforma,
00:31:00à la demande du juge.
00:31:01Et je l'ai fait,
00:31:02parce que je savais
00:31:03qu'il n'y avait pas d'application,
00:31:05à contrecoeur,
00:31:06mais parce que c'était nécessaire
00:31:07pour m'emmerder personne,
00:31:08et en me disant
00:31:09que c'est le dernier service
00:31:10que je pouvais lui rendre.
00:31:11Ok,
00:31:12c'est un peu lourd comme anecdote,
00:31:13mais merci de l'avoir partagé avec nous.
00:31:14De rien,
00:31:15on vous casse l'ambiance
00:31:16un petit coup,
00:31:17c'est pas grave.
00:31:18Avez-vous déjà autopsié,
00:31:19c'est la suivante,
00:31:20un animal ?
00:31:21Oui, un cochon.
00:31:22C'est l'histoire des fameux cochons.
00:31:24Tout le monde la connaît,
00:31:25je ne vais pas la remettre.
00:31:26Mais c'était quand même génial.
00:31:28Génial.
00:31:29Surtout que personne ne me croyait.
00:31:31Et génial aussi,
00:31:32j'ai adoré le moment
00:31:33où je dis au magistrat,
00:31:35écoute,
00:31:36tu prends et tu butes
00:31:37le plus gros cochon,
00:31:38et il me dit,
00:31:39pourquoi le plus gros ?
00:31:40Je dis, parce qu'il n'y a pas de mystère,
00:31:41t'es gros, tu bouffes.
00:31:42Et là,
00:31:43t'as un temps d'arrêt,
00:31:44ils sauvent des oeufs blancs,
00:31:45du lait, etc.
00:31:46Et je dis,
00:31:47mais aussi parce que
00:31:48le plus gros cochon,
00:31:49il va se servir le premier,
00:31:52c'est là qu'on trouve le plus de reste.
00:31:53Oui,
00:31:54c'est ce que je cherchais.
00:31:55Et à part le cochon,
00:31:56vous ne faites pas dans les autres animaux ?
00:31:58J'ai autopsié un clébard,
00:31:59c'était un berger allemand,
00:32:01parce qu'il avait été empoisonné
00:32:03du même poison que son maître.
00:32:05Donc ça m'intéressait aussi
00:32:06de découvrir chez le chien.
00:32:08Je me dis,
00:32:09on a deux chances.
00:32:10Et ça a marché ?
00:32:11Ça a marché.
00:32:12Et j'ai autopsié aussi,
00:32:13mais ce n'est pas vraiment autopsié,
00:32:14j'ai découpé une partie d'un chien
00:32:15pour récupérer un projectile
00:32:17qui avait tué son maître.
00:32:18Il avait traversé le maître,
00:32:19il était rentré dans le chien.
00:32:20Qui en était mort.
00:32:21Et j'avais besoin du projectile,
00:32:23on a toujours besoin du projectile,
00:32:25parce que le projectile et la douille
00:32:26sont des éléments qui possèdent
00:32:27ce qu'on appelle des signatures.
00:32:29Il y a des traces à leur surface
00:32:31qui permettent d'identifier
00:32:32l'arme qui a tiré.
00:32:33Donc on en a besoin absolument,
00:32:35il fallait les chercher.
00:32:36Allez, il m'en reste deux,
00:32:37mais avez-vous déjà trouvé
00:32:39un objet insolite dans un cadavre ?
00:32:42Oui, ça oui.
00:32:43Et Jean ?
00:32:45Ça, c'est un grand, grand moment.
00:32:47Je passe un corps en scopie.
00:32:48En scopie, ça veut dire
00:32:49que tu as un appareil de radio qui...
00:32:51Pourquoi ?
00:32:52Parce qu'il y avait un coup de feu.
00:32:54Non, c'est pas un coup de feu celui-là, pardon.
00:32:56Il n'y avait rien, justement.
00:32:57Et je me dis,
00:32:58allez, on va quand même regarder,
00:32:59je le passe en scopie.
00:33:00Coup de feu, c'est une autre histoire.
00:33:01Et en le passant en scopie,
00:33:02je vois à hauteur du rectum
00:33:04un drôle de machin.
00:33:05Une grosse boule,
00:33:06avec de l'air dedans.
00:33:08Et puis, quand je fais bouger la table,
00:33:10je peux orienter la table, tu vois.
00:33:12Et quand je la fais bouger,
00:33:13il y a des petites paillettes qui montent,
00:33:15des petites paillettes qui descendent.
00:33:16Et je m'usais à faire bouger la table
00:33:17pour voir les paillettes monter et descendre.
00:33:19Et c'est un type qui s'était poussé
00:33:21une boule à neige.
00:33:22Tu vois, les boules à neige ?
00:33:23Oui, oui, oui.
00:33:24On lui avait poussé dans l'anus
00:33:26avant de l'étrangler.
00:33:27Et donc, c'était un meurtre, clairement.
00:33:30Et donc, la boule à neige m'a beaucoup fait marrer.
00:33:33Ce n'est pas la cause de la mort.
00:33:35Non, mais objectivement,
00:33:36c'est très embêtant,
00:33:37parce qu'il va falloir opérer.
00:33:38Enfin, s'il avait survécu,
00:33:40ce genre de truc, il faut opérer.
00:33:41Ça ne va pas sortir tout seul.
00:33:43Et qu'est-ce qu'on fait de la boule à neige, après ?
00:33:46C'est une pièce à conviction.
00:33:47Elle est stockée dans les archives.
00:33:48Donc, je la nettoie correctement.
00:33:50Et puis, je la donne.
00:33:51Et le jour de la cour d'assise,
00:33:53elle était présente à la cour d'assise à boule à neige.
00:33:59Sans transition.
00:34:00Avez-vous déjà vu quelque chose de paranormal
00:34:03quand vous disséquiez un corps ?
00:34:04Ah, ça, c'est une question
00:34:05qu'on me pose de plus en plus souvent.
00:34:06Non.
00:34:09Rien de surnaturel ?
00:34:10Vous ne pensez pas ?
00:34:11Moi, j'ai un problème avec ça.
00:34:12Sur le plan philosophique,
00:34:14je suis plutôt matérialiste que spiritualiste.
00:34:17Et franchement, cartésien.
00:34:201 plus 1, pour moi, ça fera toujours 2.
00:34:23Jean-Claude Van Damme a d'autres hypothèses à cet égard,
00:34:26mais que je ne partage pas nécessairement.
00:34:281 plus 1 égale 2.
00:34:29Pour moi, il n'y a pas.
00:34:30Le cerveau...
00:34:31Vous n'y croyez pas,
00:34:32mais vous pourriez observer une fois un truc
00:34:33que vous incompréhensible.
00:34:34Ah, mais j'aimerais bien.
00:34:35Mais ça n'arrive pas.
00:34:36Mais non.
00:34:37Et j'en ai déjà vu quelques-uns, comme tu l'as dit.
00:34:39Mais non, ça n'est jamais arrivé.
00:34:41Notez.
00:34:42Voilà, c'était ça.
00:34:43C'est pour le premier thème.
00:34:44Je vous propose d'enchaîner après ce petit cuis.
00:34:46Il y a quand même pas mal que vous aviez déjà fait.
00:34:50Le point 2, je pense que c'est ça.
00:34:52Le chapitre 2, on va parler de votre succès.
00:34:54Votre succès en librairie, évidemment.
00:34:56Pour la petite anecdote,
00:34:57parce qu'on en est resté bluffé.
00:34:59Quand on a mis les places à disposition sur notre site,
00:35:02en 5 minutes, tout était parti.
00:35:05Même Mylène Farmer ne fait pas ça.
00:35:07Ce n'est pas la plus grande des rock stars,
00:35:08mais vous avez une faculté à remplir les 5 minutes.
00:35:11Vous avez une faculté à remplir les 5 qui était patente.
00:35:15Et on le savait, mais on l'a vécu.
00:35:17Donc, tous ces gens se sont jetés sur les places
00:35:20qui étaient disponibles,
00:35:21en tout cas, les places via la billetterie du soir.
00:35:24Et pour rebondir là-dessus, sur votre succès,
00:35:26on avait une question de Morgane,
00:35:28je ne sais pas comment je dois le prononcer,
00:35:30que j'aimais bien, qui dit, je le cite,
00:35:32« Du jour au lendemain, j'ai, Morgane,
00:35:34vu tous vos livres, partout, numéro 1 des ventes. »
00:35:36C'est toujours le cas aujourd'hui.
00:35:38J'étais chez Club hier, je peux vous dire
00:35:39qu'on ne voit que vous.
00:35:40Mais quelle est, en fait, la vraie raison de votre succès ?
00:35:42Alors, il avance des hypothèses,
00:35:44fascination morbide des gens pour la mort.
00:35:46Est-ce que c'est vous, votre façon de vous exprimer ?
00:35:48Mais est-ce que vous avez réussi à décoder
00:35:50ce qui fait de vous la rock star
00:35:52qui remplit un auditoire à l'UCL en 5 minutes ?
00:35:54Alors déjà, moi, je ne me prends pas pour une rock star.
00:35:57Je vis une vie tout à fait normale,
00:35:59même un peu chiante par moments,
00:36:00mais sinon tout à fait normale, comme tout le monde, quoi.
00:36:03Et par contre, ce qui a changé,
00:36:06c'est qu'en rue, on m'interpelle tout le temps
00:36:08pour des séfis, etc.
00:36:10Mais comme les gens sont en général très sympas,
00:36:12ça ne me dérange pas.
00:36:13Mais c'est arrivé vraiment en claquant des doigts.
00:36:15Et moi, je n'ai jamais compris.
00:36:16Je ne comprends toujours pas.
00:36:18Donc, j'ai demandé aux lecteurs
00:36:19pourquoi ils aimaient lire mes bouquins
00:36:21ou regarder les podcasts.
00:36:23Alors, c'est toujours la même réponse.
00:36:24Un, c'est d'histoires courtes.
00:36:26Tu as des gens, ils sont impressionnés par les deux...
00:36:28Je ne sais pas, ça fait 200 pages, je crois, mes bouquins.
00:36:30Ils sont impressionnés par le volume du livre.
00:36:32Mais quand ils voient que c'est des petites histoires,
00:36:34ils disent, ça, je peux lire.
00:36:35Alors, c'est marrant, c'est le même qu'ils te disent.
00:36:37J'ai bien aimé parce que c'est des petites histoires.
00:36:39Et qu'ils t'ont lu le bouquin en une seule fois.
00:36:41Ils ne sont pas arrêtés.
00:36:42Ils ont lu quatre heures, cinq heures,
00:36:43et en une seule fois, ils l'ont fini.
00:36:44Il y en a un qui m'a dit, à cause de vous,
00:36:46je n'ai pas su aller au travail
00:36:47parce que j'ai passé la nuit à lire le bouquin.
00:36:49Et oui, c'est ça.
00:36:50Une histoire courte.
00:36:51Une histoire courte.
00:36:52Le deuxième truc, c'est que ce sont des histoires vraies.
00:36:54C'est-à-dire que, comme je n'ai aucune imagination,
00:36:57je peux imaginer l'histoire autour.
00:36:59Et ça, je suis obligé de le faire
00:37:05donc je la transforme toujours un peu.
00:37:06Je la remince.
00:37:07Mais par contre, le fond, on me dit que l'égal est tout à fait vrai.
00:37:09J'ai des photos pour le montrer.
00:37:11Un jour, il y a un journaliste qui arrive.
00:37:12Je ne sais plus de quel journal il était.
00:37:14De toute façon, on s'en fout.
00:37:15Et il me dit...
00:37:16Sauf s'il est du soir.
00:37:17Non, ce n'est pas le soir.
00:37:18Ah, ça va.
00:37:19Ça dépend de ce que vous allez raconter.
00:37:21Il me dit, mais vous êtes sûr que vos histoires sont vraies ?
00:37:24Il me dit, toi, tu as envie de voir des photos ?
00:37:26Tu vas te servir.
00:37:27Et on parlait du premier bouquin.
00:37:29Et je lui dis, allez, choisissez une histoire
00:37:31et je vous montre les photos.
00:37:32Ah bon ?
00:37:33Il dit, oui, oui.
00:37:34Il n'y a pas de problème.
00:37:35Je lui dis, c'est une histoire.
00:37:36Il choisit l'histoire du type qui meurt avec 14 coups de feu.
00:37:38C'est toujours un record mondial du nombre de coups de feu
00:37:41pour un suicide avec une arme comme celle-là.
00:37:43C'est une arme à recharger.
00:37:44Un suicide à 14.
00:37:4514 coups de feu, il faut pouvoir.
00:37:46Enfin, aussi, c'est le petit calibre.
00:37:47Mais enfin, bon.
00:37:48Et puis, il visait mal.
00:37:49En fait, ça, c'est une autre histoire.
00:37:50Mais il était assez performant, le gars.
00:37:53Il voulait mourir.
00:37:54Il s'est dit qu'il mourrait.
00:37:55Il est mort.
00:37:56100% d'efficacité.
00:37:59Et je lui ai montré les photos.
00:38:01Et puis, il m'en demandait un autre.
00:38:02Je lui ai montré les photos.
00:38:03Et au fur et à mesure que je lui ai montré les photos,
00:38:05il a été de moins en moins bien quand même.
00:38:06Visiblement, il m'a demandé un verre d'eau.
00:38:09Il n'était pas top.
00:38:11Le fait que vous donniez ces détails,
00:38:13ces détails que vous osez,
00:38:15comme vous le faites d'ailleurs ici en direct,
00:38:16aller dans des détails,
00:38:17et parfois dans des trucs un peu sordides, un peu glauques,
00:38:19ça plaît ?
00:38:20Ça fait rire, en tout cas.
00:38:21C'est la médecine égale.
00:38:22C'est comme ça.
00:38:23Je ne vais pas mettre l'édulcoré.
00:38:25Je raconte la vraie.
00:38:27Et puis, la troisième chose, c'est la troisième,
00:38:29c'est que le ton dont tu parlais plaît bien aux gens.
00:38:32Et je ne sais pas écrire.
00:38:34Je ne suis pas un écrivain.
00:38:35Je suis un raconteur.
00:38:36Donc, je raconte des histoires,
00:38:37un peu comme je les dirais par la voix.
00:38:39Ça fait rire une seule en étant médecin légiste.
00:38:41Je ne sais pas si c'était si évident,
00:38:42mais c'est vrai que depuis que vous êtes là…
00:38:43Je n'en sais rien.
00:38:44Ça marche ?
00:38:45Ça a l'air, non ?
00:38:46Oui, en tout cas depuis…
00:38:47Il ne rigole pas aux larmes, mais il rigole.
00:38:49Depuis quelques minutes, vous arrivez à générer ça.
00:38:51Allez, j'enchaîne une question d'Anaïs
00:38:53sur cette célébrité,
00:38:54ou plutôt la non-célébrité.
00:38:55Est-ce que vous avez envie de redevenir anonyme ?
00:38:57Oui, je l'ai dit, ça.
00:38:59Mais c'est chiant.
00:39:01Je ne savais pas, moi.
00:39:03C'est un métier à part entière.
00:39:05Mais vous ne le serez plus jamais, anonyme ?
00:39:06En fait, on va voir.
00:39:08En fait, je vais le voir.
00:39:10Un jour ou l'autre, je vais le voir.
00:39:11Pour moi, c'est une bulle.
00:39:12Ça veut dire que pour l'instant, ça marche.
00:39:14Et puis, c'est une mode.
00:39:15Et à un moment donné, ça va passer.
00:39:16C'est ce que j'espère aussi, il faut le dire.
00:39:18Donc, j'aimerais bien retourner à une forme d'anonymat,
00:39:20c'est-à-dire à ma vie d'avant,
00:39:22où j'étais bien peinard.
00:39:23En fait, maintenant, je vis deux vies.
00:39:25Ça vous traite quand même marcheuse.
00:39:27Oui, oui, ça me plaît bien.
00:39:29Mais je sens comment ça va m'emmerder.
00:39:31J'étais hier avec, avant-hier,
00:39:33avec Pierre Kroll et avec Bruno Coppens.
00:39:35Et eux, c'est leur vie.
00:39:37Passent leur temps à ça.
00:39:38Et ils me disent, mais comment tu fais pour faire les deux ?
00:39:40Parce que tu es tout le temps, tu es partout.
00:39:42Je dis, oui, mais on me voit trop.
00:39:44Beaucoup trop.
00:39:45Après, le soir, tu as eu le Trends Tendance qui m'a sorti.
00:39:47Avant ça, il n'y avait plus qu'un journal
00:39:49qui a encore fait un article.
00:39:50Il y en a encore un qui va en faire un.
00:39:51J'ai dit, non, arrêtez.
00:39:52On me voit trop.
00:39:54C'est bon, là.
00:39:55J'ai donné.
00:39:56Stop.
00:39:57Ça veut dire que vous imaginez tout couper,
00:39:59dire, voilà, j'ai fait ma part.
00:40:01Et vous partez loin de l'Europe
00:40:03pour refaire votre vie, pour disparaître ?
00:40:04Non, non, non.
00:40:05Vous restez à Liège.
00:40:06Attends, la mémoire des gens
00:40:07et la mémoire de la célébrité,
00:40:08elle est super courte, je pense.
00:40:10Donc, vous misez sur l'oubli.
00:40:11J'espère aussi.
00:40:12Et puis, un jour, en me croisant en rue,
00:40:14en me disant,
00:40:15j'ai déjà vu quelque part.
00:40:16Sinon, je ne sais plus où.
00:40:17Et là, j'aurais gagné.
00:40:18Ce sera fini.
00:40:20Mais c'est mal barré,
00:40:21parce que je vais faire un quatrième bouquin.
00:40:22Je m'y suis engagé.
00:40:23C'est encore des trucs
00:40:24que j'ai envie de raconter,
00:40:25notamment l'histoire avec le cerveau
00:40:26qu'on voyait tout à l'heure.
00:40:27Il y a une question qui arrive.
00:40:28Comme ça, vous allez la détailler juste.
00:40:30Ça a un effet positif ou négatif
00:40:32sur votre travail, la célébrité ?
00:40:33Vous disiez,
00:40:34vous n'avez pas fait plus le temps de rien.
00:40:35Alors, non, mais c'est marrant.
00:40:36Quand je vais sur une scène de crime,
00:40:37tout le monde est content.
00:40:38De vous voir ?
00:40:39Même le meurtrier.
00:40:42Ah, je suis content que ce soit vous.
00:40:45Oui, ça, c'est la face positive, alors.
00:40:47C'est le côté positif.
00:40:48Le côté négatif,
00:40:49c'est le fait que c'est excessif.
00:40:51Je trouve ça excessif.
00:40:53Et je plains de tout mon cœur
00:40:55les gens célèbres.
00:40:56Tu ne sais plus rien faire
00:40:58sans être vu.
00:40:59Où que tu ailles, t'es vu.
00:41:01Où que tu ailles.
00:41:02Je vais dans un restaurant tout à l'heure
00:41:03avec mon fiole.
00:41:04J'invite à bouffer un midi.
00:41:05J'ai reporté le repas déjà quatre fois.
00:41:07Là, je ne pouvais plus.
00:41:08Je t'ai crevé.
00:41:09Tant pis.
00:41:10Je vais dans un restaurant tout à l'heure
00:41:12avec mon fiole.
00:41:13Je t'ai crevé.
00:41:14Tant pis.
00:41:15J'y suis allé.
00:41:16J'étais très content de le voir.
00:41:17En plus, j'avais envie de le voir depuis longtemps.
00:41:18On va bouffer.
00:41:19J'entre dans le restaurant.
00:41:20Allez, quatre personnes qui me reconnaissent.
00:41:21On fait des selfies.
00:41:22Et puis, tout à paix.
00:41:23Elles te laissent bouffer.
00:41:24Ça, il faut reconnaître.
00:41:25Vous devez contrôler un peu
00:41:26votre image publique.
00:41:27Vous savez que maintenant,
00:41:28vous ne pouvez plus monter sur une table.
00:41:29Enfin, je ne sais pas si vous êtes déjà montés
00:41:31sur des tables.
00:41:32Ah, si, si, si.
00:41:33Oui, oui, oui.
00:41:34Et vous le faites encore ?
00:41:35Vous pourriez encore le faire ?
00:41:37Non.
00:41:38Objectivement, c'est plus possible.
00:41:40C'est ça, tu vas le voir tout de suite
00:41:41sur les réseaux sociaux.
00:41:42Donc, vous faites quand même attention.
00:41:43Enfin, vous savez que…
00:41:44T'es obligé de faire attention, oui.
00:41:45OK.
00:41:46Une question de Nina,
00:41:47si je ne dis pas de bêtises.
00:41:49On est bon.
00:41:50Est-ce que votre métier,
00:41:51vous a déjà porté préjudice à vous
00:41:52ou à votre vie de famille,
00:41:53votre vie amoureuse ?
00:41:54Alors, votre métier étant
00:41:55soit votre métier de médecin légiste,
00:41:56soit votre métier d'auteur.
00:41:57Ça, non.
00:41:58Ce n'est pas incompatible.
00:41:59On m'a menacé de mort une fois,
00:42:00on m'a tiré dessus une fois,
00:42:01mais je ne l'ai pas su.
00:42:02Je l'ai su après.
00:42:04Ils ne m'ont pas touché.
00:42:05C'est comme ça que je n'ai pas su.
00:42:06C'était celui qui a tiré 14 fois.
00:42:08Non, non, non, non.
00:42:10Ce n'était pas un gros doué.
00:42:12Il y avait un contraint sur ma tête
00:42:14et puis voilà, c'est tout.
00:42:16Moi, ça ne m'a pas touché,
00:42:17ça ne m'a pas fait peur,
00:42:18je m'en fous.
00:42:19Et votre quotidien,
00:42:20votre vie familiale,
00:42:21sans rentrer dans les détails,
00:42:22mais elle n'est pas chamboulée ?
00:42:23Ah si, je ne vois plus personne.
00:42:27Plus un soir à la maison,
00:42:28t'imagines,
00:42:29tu ne vois plus personne.
00:42:30Mais les enfants sont grands
00:42:31mais les enfants sont grands
00:42:32et c'est plus facile maintenant
00:42:33que c'était il y a 20 ans peut-être.
00:42:35Voilà.
00:42:36OK.
00:42:37Encore une question de Johanna sur ce volet-là
00:42:39qui va vous remettre au travail
00:42:41et qui aimerait bien.
00:42:43Avez-vous déjà pensé,
00:42:44dit-elle,
00:42:45à faire de vos histoires
00:42:46une série policière ?
00:42:47Moi, non,
00:42:48parce que je n'en ai pas les compétences,
00:42:49mais avec mon éditeur,
00:42:52on a une agente,
00:42:53une dame internationale
00:42:55qui gère tout l'aspect,
00:42:57les 30 traductions
00:42:59dont je parlais tout à l'heure,
00:43:00celle qui gère.
00:43:01Elle gère aussi l'audiovisuel,
00:43:03l'image
00:43:04et on a une proposition
00:43:06de 4 sociétés différentes
00:43:08dont Netflix, HBO, etc.
00:43:10pour faire une série.
00:43:11Et ça vous chauffe ?
00:43:13Ça vous motive ?
00:43:14Oui, moi je trouve ça sympa,
00:43:15mais je ne vais pas jouer dedans.
00:43:17Non mais vous voudriez intervenir quand même
00:43:19sur le scénario,
00:43:20sur la véracité ?
00:43:21Oui, je voudrais être conseiller technique
00:43:23parce que dans mes bouquins,
00:43:24je fais attention à ce que ça correspond
00:43:25à la réalité objective.
00:43:26Donc je n'ai pas envie
00:43:27qu'ils me fassent une série à la merde
00:43:28comme on le voit en américain.
00:43:29Ça, je ne veux pas.
00:43:30Donc je veux être le conseiller technique
00:43:32de la série.
00:43:33C'est à prendre ou à laisser.
00:43:34Il y a encore deux choses
00:43:35que j'aimerais bien.
00:43:36C'est peut-être intervenir un petit peu
00:43:37dans le choix des acteurs.
00:43:39Je n'ai pas envie d'avoir...
00:43:40La personne qui va vous jouer, vous ?
00:43:41Voilà.
00:43:45Vous avez une préférence ?
00:43:46Ah, j'aime bien Patrick Bruel, moi.
00:43:51J'aime bien.
00:43:52Vous allez gâcher une question
00:43:53parce que quelqu'un vous demandait
00:43:54mais c'est dans Union qui arrive tout à l'heure.
00:43:55C'est con.
00:43:56Oui, oui.
00:43:57Vous prenez pour le sosie.
00:43:58Parce que j'ai trouvé bonne la blague
00:43:59mais elle vient tomber à l'eau.
00:44:00Tu vois, c'est ce qui est rigolo
00:44:01quand on ne prépare pas,
00:44:02tu as ton mec qui te...
00:44:03Non, non, c'est pas grave.
00:44:04Il y a une troisième chose
00:44:05que j'aimerais bien
00:44:06et ça, c'est le truc à l'Hitchcock,
00:44:07c'est intervenir,
00:44:08c'est faire des brefs passages,
00:44:09tu vois, comme monter dans un bus,
00:44:10descendre d'une voiture.
00:44:12Un petit spot
00:44:13où on voit ma tronche.
00:44:14Mais c'est signé, cette série ?
00:44:15Non, ce n'est pas encore signé.
00:44:16Mais vous avez bon espoir
00:44:17que ça va se faire ?
00:44:18Ah oui, c'est sûr
00:44:19que ça va se faire, oui.
00:44:21Ça va vous maintenir
00:44:22dans l'actualité à un moment.
00:44:23Ben, c'est ce que je crains aussi, oui.
00:44:27Et au lieu de séries,
00:44:28des polars,
00:44:29certaines personnes disaient
00:44:30mais comme vous écrivez déjà
00:44:31des livres sur base de faits réels,
00:44:32mais écrire des polars
00:44:33ou des thrillers,
00:44:34ça ne vous donne pas envie ?
00:44:35Justement, c'est le problème,
00:44:36c'est que je ne sais pas inventer.
00:44:38Donc, inventer une histoire,
00:44:40il ne faut pas m'attendre là-dessus,
00:44:41ça va être moche.
00:44:42Et je ne vais pas les faire
00:44:43de la merde
00:44:44alors que je fais un truc
00:44:45qui fonctionne bien.
00:44:46Donc, non, je ne vais pas faire ça.
00:44:47Et vous lisez vous-même
00:44:48ce type de romans ?
00:44:49Jamais.
00:44:50Ah non ?
00:44:51Jamais.
00:44:52Je vois ça tous les jours
00:44:53ou quasiment,
00:44:54et non.
00:44:55Donc, pas de littérature policière ?
00:44:57Non, le dernier bouquin que j'ai lu,
00:44:58il s'appelle
00:44:59« Les yeux de Mona ».
00:45:00Vous l'avez dit
00:45:01dans l'interview du soir,
00:45:02c'est là que j'ai découvert
00:45:03l'existence de vous.
00:45:04C'est un super bouquin,
00:45:05il m'a donné des idées.
00:45:06Ok.
00:45:07Mais qui n'a rien à voir
00:45:08avec ni la police,
00:45:09ni la médecine.
00:45:10Ah ben non,
00:45:11ce que j'adore, moi,
00:45:12c'est l'histoire,
00:45:13l'art et la littérature.
00:45:14Ce n'est pas le polar.
00:45:15Le polar,
00:45:16j'ai peut-être lu
00:45:17un bouquin de Simonon
00:45:18dans ma vie.
00:45:19Je crois que oui,
00:45:20c'est quand j'étais fort malade.
00:45:21Qu'est-ce que j'avais ?
00:45:22J'avais une maladie, quoi.
00:45:23Je devais rester à la maison,
00:45:24je m'emmerdais,
00:45:25j'ai lu un Simonon.
00:45:26Donc, on ne doit pas vous attendre
00:45:27sur ce format-là.
00:45:28Et puis, il y avait cette question
00:45:29que vous avez déjà abordée
00:45:30et je pense que vous y avez
00:45:31déjà répondu beaucoup,
00:45:32mais Émilie
00:45:33et beaucoup de personnes
00:45:34dans la salle
00:45:35attendent ce quatrième ouvrage,
00:45:36déjà.
00:45:37Donc, il est en préparation
00:45:38ou vous avez déjà commencé
00:45:39à écrire des chapitres ?
00:45:40Ce que j'ai commencé à faire,
00:45:42c'est à noter,
00:45:43sur mon GSM,
00:45:44tu vois,
00:45:45il y a un livre public
00:45:46qui s'appelle Notes.
00:45:47Voilà.
00:45:48Et là, bouquin 4.
00:45:50Et voilà.
00:45:51Dites-nous,
00:45:52c'est quoi la première ligne ?
00:45:53La première ligne,
00:45:54c'est des meurtres à l'insuline.
00:45:55Ah.
00:45:56Je n'en ai pas encore parlé de ça.
00:45:57OK.
00:45:58Et puis, j'ai un type
00:45:59qui a tué son voisin
00:46:00parce qu'il pensait
00:46:01que c'était un vampire,
00:46:02il l'a tué avec un pieu.
00:46:05Ça va, donc il vous reste
00:46:06de la matière
00:46:07pour faire un quatrième.
00:46:08Oui, oui.
00:46:09En fait,
00:46:10je ne me souviens pas
00:46:11nécessairement
00:46:12de mes histoires.
00:46:13Et pour le troisième,
00:46:14j'ai regardé
00:46:15toutes les lignes
00:46:16que je donne aux cours
00:46:17que j'explique aux étudiants.
00:46:18Et c'est là
00:46:19que je me suis dit
00:46:20ah oui, il y a ça,
00:46:21il y a ça.
00:46:22Et j'ai ressorti
00:46:23de mes cours
00:46:24les histoires
00:46:25que je raconte aux étudiants.
00:46:26Je m'en souviens
00:46:27quand je vois l'image,
00:46:28mais je ne pense pas nécessairement.
00:46:29Tu me mets devant
00:46:30une feuille de papier
00:46:31et tu me dis,
00:46:32allez, trouve-moi des histoires,
00:46:33ça ne va jamais aller.
00:46:34J'ai fait ça.
00:46:35Quand je suis à Liège,
00:46:36je ne vais prendre
00:46:37jamais ma bagnole.
00:46:38Je vais à pied.
00:46:39Liège, ce n'est pas grand.
00:46:40L'Institut de médecine égale,
00:46:41il est en Outremeuse,
00:46:42ce n'est pas très loin.
00:46:43Et je passe
00:46:44par des rues différentes.
00:46:45Et quand je passe
00:46:46par des rues,
00:46:47je me dis,
00:46:48ah mais oui,
00:46:49elle est tombée du deuxième,
00:46:50elle est tombée là.
00:46:51Et c'est une prostituée
00:46:52qui s'est fait défenestrer,
00:46:53rue de la poule,
00:46:54ça ne s'invente pas ça.
00:46:55Elle s'est fait défenestrer
00:46:56et elle est tombée
00:46:57sur le trottoir
00:46:58et je me souviens de l'affaire.
00:46:59Du coup,
00:47:00je suis sorti mon GSM,
00:47:01j'ai noté.
00:47:02Et c'est ce que je fais.
00:47:03Je prends des chemins
00:47:04différents dans Liège
00:47:05pour me souvenir d'histoires
00:47:06que je pourrais raconter.
00:47:07Et donc ce quatrième bouquin,
00:47:08dans un an, au moins ?
00:47:09Oui, oui.
00:47:10Pas pressé ?
00:47:11L'année prochaine, quoi.
00:47:12L'année prochaine.
00:47:13En fait,
00:47:14c'est Guillaume Pley
00:47:15qui m'a convaincu.
00:47:16Moi, je ne voulais rien faire
00:47:17l'année prochaine
00:47:18et on s'est retrouvés à Paris,
00:47:19on était les bouffés.
00:47:20Il me dit,
00:47:21mais t'es con, quoi.
00:47:22T'as une vague,
00:47:23tu te sors dessus
00:47:24et puis après le quatrième,
00:47:25si t'en as marre,
00:47:26t'arrêtes.
00:47:27Tu prends le veille.
00:47:29On parle jamais fric.
00:47:30Il n'a jamais proposé
00:47:31de me payer non plus
00:47:32pour faire les émissions,
00:47:33mais je ne voudrais pas.
00:47:36Il me dit,
00:47:37si tu attends un an,
00:47:38puisque t'as envie
00:47:39de faire un quatrième bouquin,
00:47:40fais-le tout de suite.
00:47:41Comme ça,
00:47:42tu fais ton quatrième
00:47:43et puis après,
00:47:44tu peux arrêter.
00:47:45Et alors,
00:47:46si la vague s'achève,
00:47:47tu t'en fous,
00:47:48t'as sorti ton bouquin.
00:47:49Si la vague s'achève
00:47:50avant que tu sortes le bouquin,
00:47:51c'est con.
00:47:52Les gens ne vont pas croire
00:47:53qu'il n'y a pas quelque chose
00:47:54d'organisé,
00:47:55mais on a une petite surprise.
00:47:56On a contacté quelqu'un
00:47:57en demandant
00:47:58de poser à M. Boxo
00:47:59la question que vous n'avez jamais
00:48:00osé lui poser.
00:48:01Et il nous a envoyé
00:48:02une petite vidéo.
00:48:03Je vous laisse regarder
00:48:04avec la salle.
00:48:06Bonjour tout le monde
00:48:07à cette conférence du soir
00:48:08avec Philippe Boxo.
00:48:09Je voulais vous faire
00:48:10un petit bisou.
00:48:11Je voulais embrasser très fort
00:48:12Philippe
00:48:13de la part de toute l'équipe
00:48:14de Légendes
00:48:15en direct du studio
00:48:16de Légendes.
00:48:17J'avais une question
00:48:18très importante
00:48:19que je n'ai jamais vraiment
00:48:20osé lui poser.
00:48:21Je vais en profiter
00:48:22maintenant qu'on est en vidéo
00:48:23pour la poser.
00:48:24Tu me dis,
00:48:25depuis qu'on se connaît,
00:48:26peut-être maintenant
00:48:27depuis plus d'un an,
00:48:28tu me dis
00:48:29que ton public préféré,
00:48:30c'est le public français.
00:48:32Est-ce que tu peux
00:48:33le répéter, s'il te plaît,
00:48:34devant une salle
00:48:35avec 600 copains belges ?
00:48:37Merci à toi.
00:48:39Donc, il me plaît,
00:48:40pour ceux
00:48:41qui auraient échappé
00:48:42donc ce jour-là,
00:48:44qui tient la chaîne Légendes.
00:48:45On va lui téléphoner
00:48:46à ce samedi.
00:48:49À mon avis,
00:48:50il ne sera pas dispo
00:48:51parce que j'essaie
00:48:52de le faire venir,
00:48:53mais il est en tournage
00:48:54ce soir.
00:48:56Est-ce que c'est vrai ?
00:48:57Vous préférez le public français
00:48:58que le public belge ?
00:48:59Mais non, c'est totalement faux.
00:49:01Salaud !
00:49:02Où est-ce qu'il est allé
00:49:03chercher ça ?
00:49:04Non, non, non.
00:49:05Je n'ai pas de public préféré.
00:49:06Moi, je m'en fous.
00:49:08Alors, peut-être
00:49:09que c'était une petite vacherie.
00:49:10Il nous a quand même envoyé
00:49:11une deuxième vidéo.
00:49:12On va regarder
00:49:13et puis vous réagissez.
00:49:15Bon, évidemment,
00:49:16c'était pour rire.
00:49:17Il ne m'a jamais dit ça.
00:49:18C'était juste pour vous faire
00:49:19un petit bisou,
00:49:20vous dire qu'on pensait
00:49:21très fort à vous
00:49:22et féliciter encore une fois
00:49:23Philippe Boxo
00:49:24qui est un artiste incroyable
00:49:25mais un mec en or
00:49:26que j'aime beaucoup.
00:49:27On est vraiment devenus amis.
00:49:28On se voit très régulièrement
00:49:29et je peux vous dire
00:49:30qu'il est aussi gentil
00:49:31en dehors des émissions
00:49:32qu'ici sur Les Genres.
00:49:33Donc voilà,
00:49:34on vous embrasse très fort
00:49:35à vous tous
00:49:36qui regardez cette conférence
00:49:37et à cette soirée du soir.
00:49:38On embrasse aussi tout le monde,
00:49:39le directeur de la rédaction
00:49:40qui nous a proposé
00:49:41de faire cette petite vidéo
00:49:42et toute l'équipe du quotidien.
00:49:43On vous embrasse très fort.
00:49:44On se retrouve de toute façon
00:49:45très bientôt sur Les Genres
00:49:46pour une nouvelle émission
00:49:47avec Philippe.
00:49:48Ciao tout le monde !
00:49:49Voilà, sympa.
00:49:50Merci à Guillaume Pleyre
00:49:52Voilà, très bien.
00:49:57Vous n'avez qu'à nous dire
00:49:58un mot sur Guillaume Pleyre.
00:49:59Il parle d'amitié carrément.
00:50:00C'est lui qui vous a donc...
00:50:01Enfin, il y avait d'abord
00:50:02une vidéo de l'FTBF,
00:50:03rendons leur hommage.
00:50:04C'est eux qui ont fait
00:50:05cette petite vidéo
00:50:06qui est devenue virale.
00:50:07Il l'a repérée et...
00:50:08C'est Eric Dragonnier
00:50:09qui a fait une vidéo avec moi
00:50:10qui a été vue 10 millions de fois.
00:50:12C'est là qu'on s'est rendu compte
00:50:13qu'il y avait quelque chose à faire
00:50:15et que mon éditeur
00:50:16a pensé à me contacter.
00:50:18C'est Géraldine Henry
00:50:21qui était dans la maison Canesse
00:50:22à l'époque.
00:50:23Maintenant, elle est passée ailleurs
00:50:24mais à l'époque, elle était chez Canesse
00:50:25qui est venue me trouver.
00:50:26Elle me disait
00:50:27« Vous écrivez bien vos histoires. »
00:50:28Moi, je lui ai dit
00:50:29« Écoutez, je ne sais pas écrire.
00:50:30Je n'ai jamais écrit de ma vie. »
00:50:31Moi, ce que j'écris,
00:50:32c'est des rapports de police.
00:50:33Parce que je t'assure
00:50:34qu'un rapport d'autopsie,
00:50:35ça correspond à un PV de police.
00:50:36C'est aussi indigeste.
00:50:39Elle me dit
00:50:40« Et c'est quand même
00:50:41deux, trois chapitres.
00:50:42Tu as quand même bien des idées.
00:50:43Pourquoi pas ? »
00:50:44Alors, j'ai essayé
00:50:45et puis c'est parti.
00:50:50Le premier.
00:50:51Le deuxième n'était pas encore sorti.
00:50:52Donc, en étant 2022,
00:50:53je vais chez lui
00:50:55et il y a 1 700 000 vues.
00:50:56C'est là que ça devient viral.
00:50:57C'est pas mal.
00:50:58Chez les jeunes surtout.
00:50:59C'est pas mal.
00:51:00Et puis, le deuxième bouquin sort
00:51:012023.
00:51:02Il me rappelle.
00:51:03Il me dit
00:51:04« Tu reviendrais bien. »
00:51:05Pourquoi pas ?
00:51:06Je m'étais bien amusé
00:51:07la première fois.
00:51:08Je retournerais bien une deuxième.
00:51:09Et je me suis dit
00:51:10« On sait vraiment marrer
00:51:11tous les deux. »
00:51:12Comme des basses.
00:51:13L'émission devait durer une heure.
00:51:15Elle a duré trois heures.
00:51:16Il a dû couper dedans.
00:51:17Il en a fait deux.
00:51:18C'était du délire.
00:51:20On est partis bouffer ensemble.
00:51:21On a commencé à créer une relation
00:51:22qui est vraiment une chouette relation.
00:51:24L'épisode est sorti.
00:51:26Il était vu 7 millions de fois.
00:51:28Et c'est ça qui a dynamisé
00:51:29les bouquins en France.
00:51:30Ils commençaient.
00:51:31Ils allaient vers la France.
00:51:32Mais là, ça a vraiment été
00:51:34une explosion.
00:51:35Et du jour au lendemain,
00:51:36j'ai plus pu sortir de chez moi
00:51:37sans être connu.
00:51:38Et aujourd'hui,
00:51:39c'est un ami pour vous ?
00:51:40Oui, oui.
00:51:41C'est devenu un pote.
00:51:42Vraiment un ami.
00:51:43Je connais sa vie.
00:51:44Il connaît la mienne.
00:51:45On échange énormément.
00:51:46On se téléphone toutes les semaines.
00:51:48On s'engueule pas encore.
00:51:49Mais ça devrait venir.
00:51:50Il devait faire une émission
00:51:52de télé et de radio.
00:51:54Ça s'appelle...
00:51:55C'est une émission à vélo.
00:51:58Belge ou français ?
00:51:59Belge, belge, belge.
00:52:00Le beau vélo de Ravel.
00:52:02Voilà, c'est ça.
00:52:03Et...
00:52:04Adrien Jauvenot.
00:52:05Adrien Jauvenot me téléphone
00:52:07et me dit
00:52:08« Écoute, on aura Adriana
00:52:09quand on veut avec nous.
00:52:10Est-ce que ça t'ennuie ? »
00:52:13Je dis « Ben non,
00:52:14mais je la connais pas. »
00:52:15Et je téléphone à Guillaume.
00:52:16Et Guillaume me dit
00:52:17« T'as fait une émission ?
00:52:18T'es avec Adriana.
00:52:19Elle est comment, cette fille ? »
00:52:20« Très sympa.
00:52:21Tu verras. »
00:52:22« Vraiment très sympa.
00:52:23N'aie pas peur. »
00:52:24« Mais si tu veux, je viens. »
00:52:25Je dis « Viens. »
00:52:26Il est venu.
00:52:27Il est venu passer un week-end
00:52:28à la maison.
00:52:29Et on a fait l'émission ensemble.
00:52:31On s'est vraiment bien marrés.
00:52:32Avec Adriana Carambo aussi.
00:52:33Avec Adriana.
00:52:34Quand je vais à Paris,
00:52:35systématiquement ou presque,
00:52:36je vois Guillaume.
00:52:38Mais pas encore Adriana.
00:52:40Non, non, Adriana, non.
00:52:41Mais elle est fort amoureuse
00:52:42pour l'instant de Marc Lamont.
00:52:43Oui, de Marc Lamont.
00:52:44Et pendant toute l'émission,
00:52:46je ne sais pas si je peux le dire,
00:52:47on va le dire quand même.
00:52:48Pendant toute l'émission
00:52:49qu'on a tournée,
00:52:50elle avait son GSM
00:52:51entre les deux seins
00:52:52avec des chansons
00:52:53de Marc Lamont
00:52:54qui tournaient en boucle.
00:52:57On notera l'anecdote
00:52:58qui est assez savoureuse.
00:53:00Et je vous propose d'enchaîner.
00:53:02C'est comme ça qu'on fait.
00:53:03Avec le troisième,
00:53:04c'est le dernier thème.
00:53:05Et puis il y a l'urne mystère,
00:53:06mais j'y viens,
00:53:07sur la vie étudiante.
00:53:08On s'est dit qu'il y avait
00:53:09plein d'étudiants.
00:53:10Vous avez d'ailleurs posé
00:53:11pas mal de questions là-dessus.
00:53:12Peut-être pour débuter,
00:53:13en deux mots
00:53:14avant de prendre une question.
00:53:15Rappelez,
00:53:16vous avez fait vos humanités
00:53:17secondaires
00:53:18au Collège St-Benoît Saint-Servais
00:53:19à Liège.
00:53:20Et puis qu'est-ce qui se passe
00:53:21pour votre parcours universitaire ?
00:53:22Comment vous…
00:53:23J'hésitais en deux droits
00:53:24à la médecine.
00:53:25Oui.
00:53:26C'est un peu par hasard.
00:53:27J'ai fait de la médecine
00:53:28à l'époque où on inscrivait
00:53:29les gens sous papier.
00:53:30Ce n'était pas par informatique
00:53:31et à distance.
00:53:32Il fallait se présenter au rectorat
00:53:33et puis on inscrivait les gens.
00:53:34À Liège.
00:53:35À l'université de Liège.
00:53:36Tu crées un peu
00:53:37les grands escaliers.
00:53:39Et c'était les étudiants
00:53:40qui inscrivaient.
00:53:41J'hésitais en deux droits
00:53:42à la médecine.
00:53:43Je ne savais pas très bien.
00:53:44Et j'étais là depuis une bonne heure.
00:53:45Tu sais,
00:53:46tu fais pile ou face.
00:53:47Mais pile ou face,
00:53:48plus tu multiplies les essais,
00:53:49plus tu arrives à 50-50.
00:53:50Donc ça ne servait plus à rien.
00:53:51Et je me dis,
00:53:52ben tant pis.
00:53:53Demain, si je reviens,
00:53:54ce sera la même chose.
00:53:55Le prochain qui vient,
00:53:56j'y vais.
00:53:57Et c'était un gars
00:53:58qui inscrivait pour le droit
00:53:59à une fille pour la médecine.
00:54:00Et ils sont arrivés
00:54:01en même temps.
00:54:02Et le gars du droit très poli,
00:54:03comme souvent les juristes,
00:54:04il a laissé passer
00:54:05la fille qui inscrivait
00:54:06pour la médecine.
00:54:07J'ai fait la médecine.
00:54:08Voilà.
00:54:09Combien d'années ?
00:54:10À l'époque, c'était 7 ans.
00:54:11Sans ratage ?
00:54:13Ah si, si.
00:54:14J'ai eu deux secondes de session
00:54:15parce que j'étudiais ce qu'il fallait.
00:54:17Dans les premières années,
00:54:19la première en fait,
00:54:20ça m'emmerdait.
00:54:21Après, c'était fini.
00:54:22J'adorais.
00:54:23Et là, j'ai pu se cartonner.
00:54:25Mais la première année,
00:54:26je me souviens,
00:54:27j'ai failli échouer
00:54:28tellement ça ne me plaisait pas.
00:54:30Mais j'ai tenu bon.
00:54:32J'ai fini mes études.
00:54:33J'ai fini mes études de médecine
00:54:35en 7 ans.
00:54:36Et puis, c'est après qu'on choisit.
00:54:37Mais on va y revenir.
00:54:38La médecine légale,
00:54:39ce n'était pas une spécialisation.
00:54:41À l'époque,
00:54:42ce n'était pas une spécialisation du tout.
00:54:44C'est quand je suis devenu prof
00:54:45avec le prof d'ICI,
00:54:46d'ailleurs, à l'UCL
00:54:47qui s'appelait Frédéric Bomblette
00:54:48et celui de l'ULB,
00:54:49qu'on a créé la spécialité.
00:54:51Ça va répondre à mon avis
00:54:52déjà à la question de Guillaume
00:54:53qu'on peut afficher,
00:54:54qui nous a envoyé ceci.
00:54:55Quel était le déclic dans votre vie
00:54:57pour choisir ce métier
00:54:58de médecin légiste
00:55:01et ce métier
00:55:02qui peut repousser
00:55:03l'utilité de nombreuses personnes ?
00:55:04Mais le déclic, il s'opère quand ?
00:55:05C'est un hasard.
00:55:06C'est vraiment un hasard.
00:55:07Mais alors, dans la vie,
00:55:08il y a toujours des hasards.
00:55:09Et il y en a plein.
00:55:10Il faut saisir les opportunités
00:55:11quand elles se présentent.
00:55:12Et là,
00:55:13j'étais élève assistant
00:55:15en anatomie topographique.
00:55:16C'est-à-dire qu'on dissèquait des corps.
00:55:18Et le prof,
00:55:19c'était le professeur Ficette,
00:55:20m'a demandé,
00:55:21ainsi qu'un autre
00:55:22qui s'appelle Michel Trifaud,
00:55:23nous a demandé à tous les deux
00:55:24si on voulait bien faire de la recherche
00:55:25pour moi.
00:55:26Il transposait
00:55:27des lambeaux myocutanés
00:55:28du grand dorsal.
00:55:29Donc, tu prends
00:55:30un morceau de muscle avec la peau
00:55:31qui va avec
00:55:32et le grand dorsal,
00:55:33ce muscle du dos
00:55:34qui sert pas à grand chose,
00:55:35grand chose.
00:55:36Il les transposait ailleurs
00:55:37pour reconstruire des zones
00:55:38qui étaient détruites
00:55:39par un accident,
00:55:40par exemple,
00:55:41tu vois,
00:55:42des amputations partielles
00:55:43ou des trucs comme ça.
00:55:44Et il fallait connaître
00:55:45la vascularisation correcte
00:55:46du muscle pour ça.
00:55:47Donc, on faisait une recherche là-dessus.
00:55:48On avait trouvé un système
00:55:49pour voir la vascularisation
00:55:50mais qui nécessitait
00:55:51un appareil de radiographie.
00:55:52Et là où j'étais,
00:55:53à l'Institut d'Anatomie,
00:55:54il n'y avait pas
00:55:55d'appareil de radiographie
00:55:56mais il y en avait un
00:55:57en médecine égale.
00:55:58La distance entre les deux,
00:55:59c'est 500 m.
00:56:00En voiture,
00:56:01parce que transporter
00:56:02un morceau de cadavre
00:56:03en U
00:56:04dans un sac,
00:56:05ça le fout mal.
00:56:06Donc, en voiture.
00:56:07Et puis,
00:56:08j'arrivais en médecine égale,
00:56:09j'arrivais avec mon morceau
00:56:10pour les radiographier,
00:56:11morceau de muscle.
00:56:12Et là,
00:56:13je passe dans la salle d'autopsie
00:56:14parce que l'appareil de radio
00:56:15est juste à côté.
00:56:16Ils étaient en train
00:56:17d'autopsier,
00:56:18je me suis raté.
00:56:19Je ne suis jamais reparti.
00:56:20Je ne suis jamais reparti.
00:56:21C'est là que vous avez été mordu.
00:56:22Oui.
00:56:23Donc, ça veut dire
00:56:24qu'il n'y a pas de réelle vocation
00:56:25à 18 ans.
00:56:26À aucun moment,
00:56:27vous n'auriez misé
00:56:28sur la carrière que vous avez aujourd'hui.
00:56:29Ah non.
00:56:30Ouh là là, non.
00:56:31Mais même à 22,
00:56:32ce n'était pas exactement...
00:56:33Même à 25,
00:56:34non, non.
00:56:35Non, du tout, non.
00:56:36Donc, aux étudiants qui sont là,
00:56:37qui ne pourraient pas encore
00:56:38savoir ce qu'ils veulent faire,
00:56:39vous vous dites...
00:56:40Ah, ce n'est pas un problème.
00:56:41Tant qu'on le sait un jour,
00:56:42c'est bon.
00:56:43Et puis, on peut se tromper,
00:56:44on peut aussi revenir en arrière
00:56:46Votre famille,
00:56:47elle réagit comment
00:56:48quand vous dites
00:56:49je vais être médecin légiste ?
00:56:50Pouf.
00:56:51Ils ne disent rien, je crois.
00:56:52Mon père m'a dit,
00:56:53écoute,
00:56:54si c'est ça que tu aimes,
00:56:55fais-le.
00:56:56Ils n'ont pas été rebutés
00:56:57par l'idée ?
00:56:58Ah non, pas du tout.
00:56:59Vous imaginez peut-être
00:57:00neurochirurgien
00:57:01ou je n'en sais rien.
00:57:02Ah, je ne sais pas
00:57:03ce qu'ils imaginaient.
00:57:04Je crois qu'ils n'imaginaient
00:57:05même pas que j'arrive
00:57:06à réussir la médecine,
00:57:07en fait,
00:57:08et qu'ils étaient assez contents
00:57:09que j'y sois parvenu.
00:57:10OK.
00:57:11Parce que vous étiez un peu turbulent,
00:57:12si j'ai bien compris,
00:57:13dans les jeunes années.
00:57:14Oui, j'ai toujours été un emmerdeur.
00:57:15Oui.
00:57:16Mais donc,
00:57:17pas de réaction particulière,
00:57:18en tout cas,
00:57:19pas de souvenir sur le parcours.
00:57:20Je ne m'en souviens pas.
00:57:21Ils étaient déjà très contents
00:57:22que je sois arrivé au bout.
00:57:23Alors que j'avais toujours réussi
00:57:24toutes les années
00:57:25avec des grades, etc.
00:57:26Mais,
00:57:27chez moi et mes parents,
00:57:28il y a toujours eu un doute
00:57:29quant au fait que je puisse
00:57:30arriver au bout.
00:57:31Ils n'y croyaient pas trop.
00:57:32Donc, j'ai dû leur montrer.
00:57:33C'était quoi la chose
00:57:34la plus compliquée,
00:57:35votre souvenir
00:57:36le plus douloureux
00:57:37de ces années d'études
00:57:38de médecine ?
00:57:40Vous le savez.
00:57:42Attendez,
00:57:43maintenant que je suis prof,
00:57:44vous croyez que c'est marrant ?
00:57:45C'est au moins aussi casse-pieds
00:57:47pour le prof.
00:57:48Si on pouvait
00:57:49ne pas avoir d'examen,
00:57:50moi, je vote pour.
00:57:51Et la difficulté,
00:57:53c'est que quand je vous ai
00:57:54à l'oral,
00:57:55enfin, pas vous,
00:57:56mais les autres,
00:57:57je m'endors.
00:57:59Ce n'est pas une blague.
00:58:00Je suis obligé d'écrire
00:58:01pour rester éveillé.
00:58:02J'oublie les questions que je pose.
00:58:03Donc, j'écris les questions
00:58:04que je pose.
00:58:06Je ne suis pas
00:58:07un excellent interrogateur.
00:58:08Ça, c'est un fait.
00:58:09Vous êtes dur ?
00:58:10Vous meuflez
00:58:11ou vous laissez passer tout le monde ?
00:58:12Ce n'est pas un cours
00:58:14que j'estime essentiel
00:58:15pour la carrière d'un médecin.
00:58:16C'est déjà,
00:58:17il sait reconnaître
00:58:18que quelqu'un est mort.
00:58:19Pour moi, je trouve ça très bien.
00:58:20Parce que de temps en temps,
00:58:21t'en as l'un ou l'autre
00:58:22qui se plantent.
00:58:23Donc, c'est sympa
00:58:24s'il sait reconnaître
00:58:25que quelqu'un est mort.
00:58:26C'est sympa aussi
00:58:27s'il sait reconnaître
00:58:28un coup de couteau,
00:58:29un trou de balle.
00:58:30Enfin, je reviens encore
00:58:31avec mon trou de balle
00:58:32à chaque fois.
00:58:33Une lésion par arme à feu.
00:58:34Voilà.
00:58:35C'est bien.
00:58:36Donc, je n'insiste pas beaucoup.
00:58:37J'avoue.
00:58:38Vous laissez passer ?
00:58:39Je ne…
00:58:40En fait, écoute, je les ai.
00:58:41Ils sont en deuxième
00:58:42master de médecine.
00:58:43Ce n'est pas le moment
00:58:44où on les arrête.
00:58:45Et ce n'est pas un cours essentiel.
00:58:46Je fais partie
00:58:47de ce qu'on appelle
00:58:48les petites spécialités.
00:58:49Il y a un truc que tu sais,
00:58:50c'est qu'ils ne seront jamais,
00:58:51sauf s'ils viennent chez toi
00:58:52en formation,
00:58:53spécialisés en petites spécialités.
00:58:54Donc, ils doivent en connaître
00:58:55un minimum.
00:58:56Et le minimum,
00:58:57moi, ils le connaissent.
00:58:58Le taux de ratage,
00:58:59c'est 5 %.
00:59:00C'est le gars
00:59:02qui n'a pas étudié.
00:59:03Ok.
00:59:04L'étudiant,
00:59:05pour revenir à l'étudiant,
00:59:06dans vos années jeunesse,
00:59:07vous étiez quel type
00:59:08d'étudiant ?
00:59:09Un guindailleur ?
00:59:10Un étudiant sérieux ?
00:59:11J'ai fait
00:59:12toutes les guindailles.
00:59:13Ok.
00:59:14Alors,
00:59:15à l'époque,
00:59:16c'était faisable.
00:59:17Aujourd'hui,
00:59:18je crois que c'est impossible.
00:59:19Je commençais à étudier
00:59:20au moins d'avril,
00:59:21c'est-à-dire à Pâques.
00:59:22Et là,
00:59:23tu ne me voyais plus.
00:59:24J'étais enfermé.
00:59:25Je ne guindaillais plus plus rien.
00:59:26J'étudiais,
00:59:27j'avais un grain de fin d'année,
00:59:28donc j'étais content.
00:59:29Aujourd'hui, je crois que
00:59:30ce n'est plus possible.
00:59:31Ce n'est plus possible.
00:59:32Il n'y avait pas
00:59:33le numerus clausus ?
00:59:34Non, il n'y avait pas
00:59:35toutes ces couillonnades.
00:59:36J'ai dit une couillonnade
00:59:37parce que le numerus clausus,
00:59:38c'est la plus grosse couillonnade
00:59:39qui existe.
00:59:40On vous emmerde
00:59:41avec quelque chose
00:59:42qui n'est absolument pas nécessaire.
00:59:43On manque de médecins.
00:59:44Je ne sais pas
00:59:45ce qu'ils attendent
00:59:46pour ouvrir les yeux
00:59:47et se rendre compte
00:59:48qu'on manque de médecins.
00:59:49Vous êtes pour une suppression
00:59:50que ce soit un examen d'entrée
00:59:51ou un numerus clausus ?
00:59:52Une ouverture des vannes.
00:59:53Qu'on libère.
00:59:54S'ils veulent vraiment garder un,
00:59:55qu'ils le gardent,
00:59:56mais qu'on ait suffisamment de gens
00:59:57qui font la médecine
00:59:58et qui puissent travailler
00:59:59comme médecins.
01:00:00La population en a besoin.
01:00:01On joue avec la santé
01:00:02des gens.
01:00:03Et c'est des belles années.
01:00:04C'est vrai que ça m'énerve, ça.
01:00:05Ce n'était pas bon, oui.
01:00:06Tu vois ma tête
01:00:07quand je l'ai dessus énervé.
01:00:08Ce n'est pas la même.
01:00:09Je vais essayer de remettre
01:00:10un petit peu de sourire.
01:00:11C'est des belles années,
01:00:12ces années étudiantes ?
01:00:13Vous direz que ce sont
01:00:14vos meilleures années
01:00:15ou pas forcément ?
01:00:16Non, moi, je trouve
01:00:18Je suis un optimiste.
01:00:19Je vois, je vois.
01:00:20Les années étudiantes,
01:00:21c'était très chouette.
01:00:22Après, je suis parti à l'armée.
01:00:23Moi, je me suis marré
01:00:24qu'une base à l'armée,
01:00:25j'ai vraiment bien aimé
01:00:26mon service militaire.
01:00:27Demandez aux gens.
01:00:28Vous n'en faites plus, vous.
01:00:29Non, non.
01:00:30Franchement, c'est dommage.
01:00:31Mais bon, voilà.
01:00:32Un jour, ça reviendra.
01:00:33Pas de numérosus,
01:00:34mais un service militaire.
01:00:35C'était un beau moyen
01:00:36de faire une mixité sociale
01:00:37qu'on cherche à tout prix.
01:00:38Tu avais des gens
01:00:39de tous les niveaux,
01:00:40de toutes les catégories
01:00:41qui faisaient leur service militaire.
01:00:42Vous êtes tous la même chose.
01:00:43En même temps,
01:00:44ça crée un sentiment d'unité.
01:00:45Et c'était pas mal.
01:00:46C'était vraiment pas mal.
01:00:47Et moi, j'ai appris mon métier là-bas.
01:00:48Je voulais être généraliste
01:00:49au départ aussi.
01:00:50Et j'hésitais en médecine générale,
01:00:52médecine égale.
01:00:53J'étais mordu par la médecine égale,
01:00:54mais en même temps,
01:00:55je n'avais pas envie
01:00:56de laisser tomber
01:00:57l'aspect curatif dans la médecine.
01:00:58C'est un deuil.
01:00:59Et c'est un deuil
01:01:00que je n'avais pas envie de faire.
01:01:01Donc, pendant tout un temps,
01:01:02j'ai essayé de faire les deux.
01:01:03Et tant que j'étais à l'armée,
01:01:04pas de médecine égale à l'armée,
01:01:05j'ai fait de la médecine générale.
01:01:06Donc, j'en ai fait plein.
01:01:07J'ai fait mon métier.
01:01:08On peut même dire
01:01:09que j'ai appris
01:01:10mon métier de médecin généraliste
01:01:11là-bas.
01:01:12Et puis après,
01:01:13la vie roule.
01:01:14Et voilà.
01:01:15Allez,
01:01:16j'ai, je pense,
01:01:17une question de Wian.
01:01:18Je vais essayer
01:01:19de le prononcer bien.
01:01:20Qui apparaît.
01:01:21Si vous avez la possibilité
01:01:22de recommencer votre parcours,
01:01:23études, spécialisation,
01:01:24vous referiez la même chose
01:01:25ou vous dites
01:01:26je changerais bien ?
01:01:27Ah non, non.
01:01:28Je refais pareil.
01:01:29Pour ciné ?
01:01:30Oui, je me muse trop bien.
01:01:31Pour tout ?
01:01:34Oui, pour tout.
01:01:35Oui, oui.
01:01:36Même les échecs dans la vie
01:01:37sont une expérience positive,
01:01:38je trouve.
01:01:39On apprend toujours mieux
01:01:40par ses échecs
01:01:41que par ses réussites.
01:01:42Donc, oui,
01:01:43il ne faut pas éviter
01:01:44les échecs
01:01:45pour pouvoir progresser.
01:01:46C'est quoi ?
01:01:47Votre pire échec ?
01:01:48L'échec qui vous a marqué ?
01:01:49C'est mon premier mariage
01:01:50qui a foiré.
01:01:51Ce n'est pas un échec marrant.
01:01:52Avec ça,
01:01:53vous faites marrer la salle.
01:01:59Le professionnel ?
01:02:00Le professionnel,
01:02:01c'est ça que je cherche.
01:02:02Avec un échec professionnel,
01:02:03oui.
01:02:04Un jour,
01:02:05j'ai dit qu'un type
01:02:06était capable de soulever
01:02:07un coffre-fort
01:02:08de 120 kg
01:02:09parce qu'il était altérophile.
01:02:10Il soulevait des poids
01:02:11de 120 kg.
01:02:12Et en fait,
01:02:13il les soulevait
01:02:14quand ils étaient
01:02:15légèrement surélevés
01:02:16de 5 cm.
01:02:17Ça,
01:02:18il ne m'a pas dit le couillon.
01:02:19Quand les poids
01:02:20étaient au ras du sol,
01:02:21il ne savait pas les arracher.
01:02:22Il fallait 5 cm.
01:02:23Donc,
01:02:24le coffre-fort
01:02:25devait être surélevé
01:02:26de 5 cm
01:02:27pour qu'il puisse le lever.
01:02:28Mais en quoi c'est un échec ?
01:02:29Parce que j'ai dit
01:02:30qu'il était capable
01:02:31de soulever le coffre-fort
01:02:32si
01:02:33il y avait 5 cm
01:02:34supplémentaires.
01:02:35Ok.
01:02:36C'est relatif comme échec.
01:02:37Si c'est la seule chose
01:02:38que vous n'avez pas...
01:02:39Je me suis quand même
01:02:40pointé au tribunal
01:02:41en disant
01:02:42écoutez,
01:02:43je me suis trompé.
01:02:44C'était quand même un échec.
01:02:45Il y a cette hantise
01:02:46d'arriver
01:02:47de se planter
01:02:48dans une expertise
01:02:49et d'aller
01:02:50dans une processus.
01:02:51Oui, tout à fait.
01:02:52Ça fait peur.
01:02:53Ça travaille.
01:02:54Ça travaille.
01:02:55Et en fait,
01:02:56c'est une belle angoisse
01:02:57parce qu'au moins,
01:02:58elle devrait limiter
01:02:59le nombre de conneries
01:03:00que tu vas lâcher.
01:03:01Parce que quand tu es
01:03:02devant une cour d'assises,
01:03:03tu as le jury
01:03:04qui est à droite.
01:03:05Ils sont une douzaine.
01:03:06Devant,
01:03:07tu as les trois juges,
01:03:08tu as le magistrat
01:03:09du ministère public,
01:03:10tu as l'accusé,
01:03:11tu as les partis civils
01:03:12dans le dos
01:03:13et tout le monde t'écoute.
01:03:14Et ce que tu racontes,
01:03:15c'est la parole d'évangile.
01:03:16Donc, il vaut mieux
01:03:17ne pas se planter.
01:03:18Ok.
01:03:19Je crois qu'il y avait
01:03:20une ou deux petites questions
01:03:21de conseil
01:03:22à des futurs étudiants.
01:03:23On avait Ambre,
01:03:24par exemple.
01:03:25Ça va, je suis toujours bon
01:03:26avec les slides.
01:03:27Quelle technique formidable.
01:03:28Quelle est la qualité principale
01:03:29recherchée chez un étudiant
01:03:30en médecine
01:03:31pour pratiquer la médecine légale ?
01:03:32Vous, vous cherchez quoi ?
01:03:33La qualité numéro un.
01:03:34L'observation.
01:03:35Un sens d'observation.
01:03:36Ok.
01:03:37Ah oui.
01:03:38Bien développé.
01:03:39Nous,
01:03:40c'est la science
01:03:41de ce que Sherlock Holmes
01:03:42appelait
01:03:43les petits détails,
01:03:44les trifers.
01:03:45Enfin, je prononce
01:03:46très mal l'anglais.
01:03:47Je ne suis pas anglophile
01:03:48pour deux balles.
01:03:49On a compris.
01:03:50Je vous rassure.
01:03:51Oui, c'est gentil.
01:03:52Merci.
01:03:53C'est sur Conan Doyle
01:03:54qui fait dire ça
01:03:55à Sherlock Holmes.
01:03:56Et nous, c'est vraiment ça.
01:03:57Tu vas chercher
01:03:58le petit détail
01:03:59sur le revêtement cutané
01:04:00du gars à l'examen.
01:04:01Tu vas chercher
01:04:02le petit détail
01:04:03de l'autopsie.
01:04:04Et puis, tous ces petits détails
01:04:05finissent par faire
01:04:06un ensemble cohérent
01:04:07que tu peux interpréter.
01:04:08Tu vois ?
01:04:09Ok.
01:04:10C'est comme ça qu'on travaille.
01:04:11Donc, il faut
01:04:12un très bon sens
01:04:13de l'observation
01:04:14et il faut aussi
01:04:15ne pas être dérangé
01:04:16par les odeurs
01:04:17parce que c'est
01:04:18une vraie catastrophe.
01:04:19Un cadavre qui pue,
01:04:20putréfié,
01:04:21c'est juste une horreur,
01:04:22une infection.
01:04:23Et tu rentres avec ça,
01:04:24tu rentres avec l'odeur sur toi.
01:04:25Tes chiens te sentent,
01:04:26ils adorent.
01:04:28J'ai touché les godasses
01:04:29quand j'ai marché dedans,
01:04:30tu vois ?
01:04:31Les chiens,
01:04:32c'est des charognards,
01:04:33les enfants,
01:04:34il faut savoir,
01:04:35au départ.
01:04:36C'est nous qui les ont éduqués,
01:04:37on leur a donné d'autres trucs
01:04:38mais au départ,
01:04:39c'est des charognards.
01:04:40Des odeurs comme celle-là,
01:04:41ils aiment bien.
01:04:42J'ai un mec,
01:04:43les barques,
01:04:44qui se roule
01:04:45dans les cadavres d'animaux.
01:04:46C'est dégueulasse,
01:04:47mais il le fait.
01:04:48Vous les avez choisis,
01:04:49sans doute,
01:04:50les chiens, non ?
01:04:51Non, pas vraiment.
01:04:52Et ils m'adorent
01:04:53quand je reviens
01:04:54de mes autopsies,
01:04:55de mes dissections.
01:04:56Bon allez,
01:04:57je blague,
01:04:58j'ai plu les godasses au pied.
01:04:59Mais je sens quand même toujours.
01:05:00Ils adorent ça,
01:05:01ils sont près de moi.
01:05:02Pas trop sensible
01:05:03à ces odeurs notamment.
01:05:04Vaut mieux pas,
01:05:05parce que c'est une odeur,
01:05:06c'est vraiment une crasse comme odeur.
01:05:07Tu l'as dans le nez,
01:05:08c'est une chose,
01:05:09OK ?
01:05:10Mais elle est tellement
01:05:11épaisse,
01:05:12tellement grasse
01:05:13que tu la goûtes aussi.
01:05:15Je savais que ça allait vous plaire.
01:05:18Résultat,
01:05:19il y a quelqu'un ?
01:05:20C'était pas 20h30, non ?
01:05:21Les gens ont peut-être mangé
01:05:22juste avant de venir.
01:05:23Presque.
01:05:24C'est une odeur
01:05:25que vous goûtez.
01:05:26J'ai un copain,
01:05:27je raconte souvent celle-là,
01:05:28mais j'ai un copain
01:05:29qui est,
01:05:30j'en ai plusieurs,
01:05:31mais je pense à celui-là,
01:05:32qui est restaurateur à Liège
01:05:33et qui me téléphone,
01:05:34il me dit
01:05:35écoute Philippe,
01:05:36j'ai une viande géniale pour toi,
01:05:37je sais que t'aimes la viande,
01:05:38faut que tu viennes,
01:05:39je te la garde,
01:05:40faut que tu viennes.
01:05:41Et je viens,
01:05:42il m'avait pas dit
01:05:43ce que c'était comme viande.
01:05:44C'est de la viande maturée.
01:05:45En clair,
01:05:46c'est une viande un peu piscrifiée.
01:05:47Et il faut la cuire,
01:05:48mais pas trop la saisir
01:05:49pour que tu gardes bien le goût.
01:05:50Aucune horreur.
01:05:51Ça goûte le cadavre.
01:05:53Mais ça, vous pouvez pas donc ?
01:05:55J'y arrive plus.
01:05:57Avant, ça allait,
01:05:58mais là, j'y arrive pas.
01:05:59Ça rassure quand même
01:06:00qu'à un moment,
01:06:01il y a une forme de députation.
01:06:02Il me dit toujours,
01:06:03mais t'as jamais mangé
01:06:04un de tes cadavres ?
01:06:05Je dis non, non, non,
01:06:06mais le goût est là,
01:06:07le goût est là,
01:06:08associé à l'odeur.
01:06:09Une question d'Axel,
01:06:10quel conseil vous donneriez
01:06:11à quelqu'un
01:06:12qui veut se lancer
01:06:13dans le domaine,
01:06:14dans votre domaine
01:06:15de la médecine légale ?
01:06:16Si vous devez lui donner
01:06:18d'être sélectionné,
01:06:19de ne pas traîner.
01:06:21On a besoin de monde.
01:06:23Et comme petit conseil,
01:06:25c'est d'aimer faire ce métier-là.
01:06:27En fait, il faut les faire des stages.
01:06:29Il faut les vérifier
01:06:30que c'est vraiment ça
01:06:31qu'on a envie de faire.
01:06:32Parce que c'est un métier
01:06:33que l'on ne fait que
01:06:34dans le cadre de garde.
01:06:35Alors la garde,
01:06:36c'est 8h du matin,
01:06:378h du matin,
01:06:38tu la ranges comme tu veux,
01:06:39mais chez moi,
01:06:40c'est 8h du matin,
01:06:418h du matin.
01:06:42Ça veut dire que ta journée
01:06:43est foutue.
01:06:44Tu ne peux rien organiser.
01:06:45Si tu prévois d'aller bouffer
01:06:46avec un copain ou avec quelqu'un
01:06:47ce jour-là,
01:06:48tu peux être sûr
01:06:49que le cadavre de la journée,
01:06:50le seul qu'il y aura,
01:06:51c'est à ce moment-là.
01:06:52Ça s'appelle la loi
01:06:53de la vexation universelle.
01:06:54Elle marche très bien.
01:06:55Donc, voilà,
01:06:56tu es bloqué pendant une journée.
01:06:58Donc, il faut la passion.
01:06:59Il faut la passion.
01:07:00En plus, ce métier
01:07:01qui n'est pas bien payé
01:07:02par rapport aux autres métiers
01:07:03de la médecine,
01:07:04n'est pas bien payé du tout.
01:07:05Et donc, vraiment,
01:07:06il faut être passionné.
01:07:07Parce que tu peux avoir
01:07:08un 8.5
01:07:09et gagner le double
01:07:10ou le triple
01:07:11de ce que nous gagnons.
01:07:12Nous, on fait 24h
01:07:13et on gagne beaucoup moins
01:07:14que celui qui fait un 8.5.
01:07:15Donc, voilà,
01:07:16il faut le savoir.
01:07:17Il faut le savoir
01:07:18et être prêt
01:07:19à passer outre.
01:07:20Tu sais,
01:07:21j'ai déjà formé 15 personnes.
01:07:22Sur les 15,
01:07:23il y en a deux
01:07:24qui sont restées.
01:07:25Je ne crois pas
01:07:26que je suis quelqu'un
01:07:27de détestable.
01:07:28Donc, c'est vraiment…
01:07:29Le rythme,
01:07:30l'achat, le travail…
01:07:31En fait,
01:07:32ils viennent jeunes,
01:07:33ils sont contents,
01:07:34ils trouvent une copine
01:07:35ou un copain,
01:07:36ils se marient,
01:07:37ils ont des enfants
01:07:38et là, c'est foutu.
01:07:39Ça devient difficilement
01:07:40compatible avec la famille.
01:07:41C'est là qu'il part.
01:07:42Il y a des spots
01:07:43en pleine figure
01:07:44donc je ne vous garantis pas
01:07:45qu'on verra bien.
01:07:46Mais dans la salle,
01:07:47il y a des gens
01:07:48qui, Philippe Boxon,
01:07:49auraient donné envie
01:07:50de tester la médecine légale
01:07:51ou en tout cas,
01:07:52qui y pensent.
01:07:53On tente un lever de main
01:07:54pour voir à quel point
01:07:55vous suscitez des vocations.
01:07:56Déjà, il faut faire
01:07:57la médecine, les gars.
01:07:58On nous allume carrément
01:07:59la salle.
01:08:00J'en vois au moins
01:08:01deux, trois, quatre,
01:08:02cinq, six…
01:08:03Regardez quand même.
01:08:04Si vous recrutez ça
01:08:05pour le centre à Liège,
01:08:06c'est bon.
01:08:07A Liège, à Louvain,
01:08:08ici, vous avez
01:08:09un excellent prof.
01:08:10Il n'y a pas de guerre
01:08:11des tranchées entre…
01:08:12Ah non, pas du tout.
01:08:13Entre les trois universités
01:08:14et les trois profs,
01:08:15en tout cas,
01:08:16on s'entend super bien.
01:08:17En tout cas,
01:08:18ça ne vous fait pas plaisir
01:08:19de voir que des étudiants…
01:08:20Ah si, absolument.
01:08:21Mais venez, n'hésitez pas.
01:08:22Surtout, n'hésitez pas.
01:08:23Et une dernière
01:08:24petite question
01:08:25sur cette vie étudiante.
01:08:26Est-ce que l'image
01:08:27que vous voulez vous
01:08:28laisser aux étudiants,
01:08:29ce que vous souhaiteriez
01:08:30qu'ils retiennent de vous,
01:08:31c'est quoi ?
01:08:32Oh, que j'aurais
01:08:33été un bon prof.
01:08:34Juste ça ?
01:08:35Oui, qu'en d'autres ?
01:08:36Je n'en sais rien.
01:08:37Laissez une trace.
01:08:38Oh non, non, non.
01:08:39Je n'ai pas
01:08:40cette prétention-là
01:08:41de laisser une trace.
01:08:42Allez, tout le monde
01:08:43veut laisser une trace.
01:08:44À quoi ça sert ?
01:08:45Elle va disparaître,
01:08:46ta trace.
01:08:47Dans un an, deux ans,
01:08:48trois ans, quatre ans.
01:08:49La durée de vie
01:08:50du souvenir
01:08:51d'un prof d'UNIF,
01:08:52c'est trois ans.
01:08:53Après,
01:08:54il n'y a plus personne
01:08:55qui sait qui c'était.
01:08:56Oh, il y a quand même
01:08:57des gens qui disent
01:08:5820 ans plus tard,
01:08:59j'ai été marqué
01:09:00par tel prof.
01:09:01Ça, oui, ça, oui.
01:09:02Mais sur place,
01:09:03sur le lieu de travail,
01:09:04on t'oublie rapidement.
01:09:05T'es passé
01:09:06rapidement.
01:09:07T'es vite remplacé,
01:09:08il faut le savoir.
01:09:09Mais cette casquette
01:09:10de prof,
01:09:11vous n'êtes pas prêt
01:09:12à la lâcher
01:09:13parmi vos multiples casquettes
01:09:14et tout ce que vous faites.
01:09:15Je ne vais pas la lâcher.
01:09:16C'est ma retraite.
01:09:17Tu rigoles ou quoi ?
01:09:18Et puis en plus,
01:09:19j'aime bien,
01:09:20j'adore donner cours.
01:09:21Ce que je déteste,
01:09:22c'est d'interroger.
01:09:23Je suis horreur de ça.
01:09:24Ça m'emmerde.
01:09:25Et là,
01:09:26on y arrive.
01:09:27Alors,
01:09:28j'ai fait par demi-journée
01:09:29et je me prévois,
01:09:30c'est le matin,
01:09:31et je ne prévois pas
01:09:32de midi avec des copains
01:09:33pour fou.
01:09:34Je n'aime pas.
01:09:35Pas de numerus clausus,
01:09:36plus d'examens.
01:09:37Je peux vous jurer
01:09:38que vous allez doubler
01:09:39la taille des amphis,
01:09:40en tout cas la taille
01:09:41des candidats.
01:09:42Moi, je n'aime pas,
01:09:43mais c'est nécessaire.
01:09:44Dites,
01:09:45on a un dernier petit exercice.
01:09:46C'est notre marque de fabrique.
01:09:47Ça va être compliqué
01:09:48de tout tenir.
01:09:49Je vais vous la mettre là.
01:09:50Ça s'appelle
01:09:51l'urne mystère.
01:09:52On a fait ça à tout le monde.
01:09:54On a eu tous les présidents
01:09:55de partis au soir.
01:09:56Ils ont joué.
01:09:57On a eu des débats.
01:09:58Ça ne me dérange pas.
01:09:59Vous avez joué.
01:10:00C'est donc
01:10:01un best-of de vos questions,
01:10:02les questions dont je m'étais dit
01:10:03que ce n'est pas possible.
01:10:04On ne va pas parler
01:10:05de ce thème-là
01:10:06pendant l'interview.
01:10:07Patrick Bruel, c'est mort,
01:10:08mais vous allez peut-être
01:10:09la repêcher, tant pis.
01:10:10Je n'ai jamais rencontré
01:10:11le Patrick Bruel.
01:10:12Le jeu,
01:10:13c'est qu'il y a
01:10:14le dernier best-of.
01:10:15Vous piochez.
01:10:16Vous lisez la question.
01:10:17Je crois qu'il y a le prénom
01:10:18de la personne qui l'a posée.
01:10:19C'est sympa de le dire.
01:10:20Et puis, vous répondez.
01:10:21Essayons de faire
01:10:22une bonne séquence.
01:10:23Ils sont deux, là.
01:10:24Izaïnab et Julia,
01:10:25est-ce que vous rêvez
01:10:26de vos cas ?
01:10:27Est-ce que vous avez
01:10:28déjà été hanté
01:10:29dans vos cauchemars
01:10:30par l'un de vos morts ?
01:10:31Non, jamais.
01:10:32Mais jamais.
01:10:33Je n'ai jamais rêvé d'un mort.
01:10:34C'est ce côté...
01:10:35Ça vous passe au-delà.
01:10:36Oui.
01:10:37Bien, c'est là ou là.
01:10:38Mais c'est marrant.
01:10:39C'est une question
01:10:40qu'on me pose souvent.
01:10:41Je vais finir par croire
01:10:42que je ne suis pas normal.
01:10:43Question suivante.
01:10:44Allons-y.
01:10:45C'est en cascade.
01:10:46Le but, c'est que vous répondiez
01:10:47au plus grand nombre
01:10:48de vos invités.
01:10:49Alexia,
01:10:50seriez-vous capable
01:10:51de commettre
01:10:52un meurtre parfait ?
01:10:53Elle est où, Alexia ?
01:10:57Ça va être compliqué
01:10:58de l'avoir.
01:10:59Elle a besoin de conseils
01:11:00ou quoi ?
01:11:01Alors, oui.
01:11:02Bien sûr que oui,
01:11:03je suis capable
01:11:04de faire un meurtre parfait.
01:11:05Mais vous l'êtes tous
01:11:06capable de faire
01:11:07un meurtre parfait.
01:11:08Le meurtre parfait,
01:11:09c'est celui qu'on ne découvre pas.
01:11:10Ce n'est pas celui
01:11:11qui ne laisse pas de traces.
01:11:12C'est celui qu'on ne découvre pas.
01:11:13Et à ne pas utiliser
01:11:14la médecine égale,
01:11:15c'est ce qui arrive.
01:11:16En fait, en Belgique,
01:11:17c'est le pays
01:11:18du meurtre parfait.
01:11:19Je vous explique.
01:11:20L'Europe vient
01:11:21d'engueuler la Belgique.
01:11:22Enfin, vient.
01:11:23Il y a deux ans.
01:11:24Parce que nous avions
01:11:25l'Europe,
01:11:26en moyenne,
01:11:27autopsie 10 à 12 %
01:11:28de morts par an.
01:11:29Et nous, en Belgique,
01:11:30on autopsie 1 à 2 %
01:11:31de morts par an.
01:11:32Alors,
01:11:33le prof de l'ULB,
01:11:34Bautier,
01:11:35a fait une petite étude
01:11:36statistique.
01:11:37Il a dit,
01:11:38ben voilà,
01:11:39ça veut dire
01:11:40qu'on passe à côté
01:11:41de 70 à 80 homicides
01:11:42en Belgique par an.
01:11:43Donc,
01:11:44le crime parfait
01:11:45existe.
01:11:46Mais si vous tirez
01:11:47deux balles
01:11:48dans quelqu'un,
01:11:49sans doute,
01:11:50tu auras une autopsie.
01:11:51Il aimerait les cacher.
01:11:52J'ai une dame
01:11:53qui,
01:11:54elle lui a tiré
01:11:55la chance du débutant.
01:11:56Elle est assise.
01:11:57Elle a une carbine 22.
01:11:58Elle tire dans son mari.
01:11:59Il le touche en plein cœur.
01:12:00Ça,
01:12:01c'est comme quand tu t'essaies
01:12:02pour la prof à un bowling
01:12:03et tu fais un strike.
01:12:04C'est vraiment la chance
01:12:05du débutant.
01:12:06Et donc,
01:12:07je dis souvent,
01:12:08maintenant,
01:12:09sur les chaînes de télé,
01:12:10partout,
01:12:11parce que
01:12:12ce gouvernement,
01:12:13le gouvernement,
01:12:14m'emmerde.
01:12:15Ils refusent de nous aider
01:12:16et ça commence
01:12:17doucement à me gonfler.
01:12:18Venez en Belgique
01:12:19pour commettre votre meurtre.
01:12:20Vous avez moins de chance
01:12:21d'être pris
01:12:22que n'importe où ailleurs.
01:12:24Question suivante.
01:12:25J'aime bien ça.
01:12:30Alors,
01:12:31Julie,
01:12:32après Julien,
01:12:33c'est Julie.
01:12:34Si vous pouviez autopsier
01:12:35un cadavre d'une personne connue,
01:12:36qui ça serait ?
01:12:37Quelqu'un que j'aurais envie
01:12:38qu'il meure.
01:12:39Il y a quelques ministres
01:12:40dans le gouvernement
01:12:41que j'aimerais bien autopsier.
01:12:46Ou alors,
01:12:47Patrick Bruel
01:12:48pour voir s'il me ressemble vraiment.
01:12:50Figurez-vous que
01:12:51je suis en train de dire un truc,
01:12:52c'est qu'on parle beaucoup
01:12:53de Patrick Bruel
01:12:54mais vous avez aussi
01:12:55un petit côté Laurent Wolsy
01:12:56de profil, non ?
01:12:57Mais ta gueule, tu veux ?
01:13:00Alors,
01:13:01ça c'est nouveau.
01:13:03On vous l'a jamais dit ?
01:13:04Non.
01:13:05Ah, mais je ne sais pas
01:13:06pourquoi il y a quelque chose.
01:13:07Non, non, non, si,
01:13:08mais depuis peu, en fait.
01:13:09Avant, c'était Patrick Bruel
01:13:10à tous les étages.
01:13:11C'est l'âge.
01:13:12Mais ta gueule.
01:13:14J'étais allé
01:13:15au francophonie de Spa,
01:13:16tu vois ?
01:13:17C'est dingue.
01:13:19Mais c'était il y a quelques années.
01:13:21Et à cette occasion-là,
01:13:22Patrick Bruel était là.
01:13:24Et en rue,
01:13:25t'as les gens qui me regardaient
01:13:26mais je n'avais pas de lunettes
01:13:27et je devais dire
01:13:28c'est pas moi.
01:13:30Enfin si, c'est moi
01:13:31mais c'est pas lui.
01:13:32Et voilà.
01:13:33Ça, c'était il y a quelques années.
01:13:34Maintenant, ça ne m'arrive plus
01:13:35du tout.
01:13:36Mais il faut dire aussi
01:13:37qu'on me reconnaît.
01:13:38Donc ça n'aide pas.
01:13:39En tout cas, il y avait la question
01:13:40de Samy dans l'urne.
01:13:41Vous êtes-on déjà confondus
01:13:42avec Patrick Bruel dans la vie ?
01:13:43C'est répondu.
01:13:44Vous allez peut-être la piocher
01:13:45mais elle était dedans.
01:13:46Gloria,
01:13:47si vous prenez votre pension
01:13:48à 67 ans,
01:13:49vous continuez à travailler
01:13:50par passion ?
01:13:51Alors la pension,
01:13:52je vais la prendre
01:13:53mais je vais continuer
01:13:54à travailler.
01:13:55À être médecin légiste ?
01:13:56À écrire ou à faire
01:13:57des séries Netflix ?
01:13:58L'écriture sera finie.
01:13:59Dans 8 ans,
01:14:00je crois que j'aurai la peine.
01:14:01On verra.
01:14:02Au succès ?
01:14:03Moyen.
01:14:04Donc vous continuez
01:14:05à être médecin légiste
01:14:06après 67 ans ?
01:14:07Oui.
01:14:08Mais vous avez le droit ?
01:14:09Oui.
01:14:10Ok.
01:14:11Je peux.
01:14:12Le problème,
01:14:13c'est que je n'aurai plus
01:14:14de salle d'autopsie.
01:14:15Il va falloir que je me démerde
01:14:16jusqu'à ce que j'en ai marre.
01:14:17Je fais souvent les choses
01:14:18jusqu'à ce que j'en ai marre.
01:14:19Question suivante.
01:14:20Tant que vous n'en avez pas marre
01:14:21de piocher,
01:14:22ça va.
01:14:23Alors,
01:14:24Laura demande
01:14:25quel est votre livre préféré
01:14:26parmi les 3 livres
01:14:27que vous avez écrits ?
01:14:28Le dernier.
01:14:29C'est le troisième,
01:14:30le meilleur ?
01:14:31Ce n'est pas nécessairement
01:14:32le meilleur
01:14:33mais c'est celui
01:14:34qui est le plus scientifique
01:14:35dans lequel j'ai écrit
01:14:36avec le plus de plaisir
01:14:37parce que je commence
01:14:38à bien aimer.
01:14:39En fait,
01:14:40le premier,
01:14:41c'était un supplice
01:14:42le dernier,
01:14:43c'était le dernier.
01:14:44Le dernier,
01:14:45c'était un supplice.
01:14:46Le deuxième,
01:14:47c'est le mieux.
01:14:48Le troisième,
01:14:49j'aimais bien.
01:14:50Donc je me dis
01:14:51que ça ne peut qu'aller mieux
01:14:52et vraiment,
01:14:53j'ai bien aimé le faire.
01:14:54Et les thèmes
01:14:55que j'ai rencontrés là-dedans,
01:14:56les thèmes d'histoire,
01:14:57j'aime bien l'histoire
01:14:58donc j'ai parlé
01:14:59de la mort de Napoléon,
01:15:00j'ai parlé de la guillotine,
01:15:01de l'histoire de la guillotine.
01:15:02Ça,
01:15:03c'est des thèmes
01:15:04que j'aime traiter
01:15:05donc j'ai été content
01:15:06de le faire
01:15:07notamment pour ça.
01:15:08Ok,
01:15:09allez,
01:15:10on en pioche encore 2
01:15:11et puis on va arriver
01:15:12au bout de l'exercice
01:15:13C'est ça ?
01:15:14Je crois que c'est le même prénom
01:15:15que celui que j'ai utilisé.
01:15:16Il n'est pas là.
01:15:17Y a-t-il quelque chose
01:15:18qui vous fait peur
01:15:19dans votre métier ?
01:15:20Non.
01:15:21Non,
01:15:22je suis déjà tombé
01:15:23sur un auteur
01:15:24qui était encore dans la pièce
01:15:25à propos de peur
01:15:26et en fait,
01:15:27il s'était planqué
01:15:28dans une armoire.
01:15:29Oui,
01:15:30parce que j'allais dire
01:15:31qu'il y avait quand même
01:15:32un délai entre le moment
01:15:33où vous arrivez
01:15:34et le moment
01:15:35où le meurtrier arrive.
01:15:36Les policiers sont arrivés
01:15:37tout de suite
01:15:38et c'était une bagarre
01:15:39dans un couple.
01:15:40Ils avaient été avertis
01:15:41par des voisins
01:15:42et ils bloquent
01:15:43la scène de crime.
01:15:44Après avoir vérifié
01:15:45que la dame était morte,
01:15:46ils bloquent la scène de crime.
01:15:47Et moi, j'arrive.
01:15:48Et monsieur est dans le placard.
01:15:49Et monsieur est dans le placard.
01:15:50Et comme d'habitude,
01:15:51je regarde
01:15:52et je tombe sur le mec
01:15:53avec l'arme en main.
01:15:54Autant dire que
01:15:55je n'étais pas à l'aise.
01:15:57Pourquoi vous ouvrez les placards ?
01:15:59Je ne l'ai pas arrêté.
01:16:00Il faut toujours
01:16:01faire le tour d'une pièce
01:16:02pour voir ce qu'il y a dedans,
01:16:03voir
01:16:04t'imprégner de la pièce,
01:16:06découvrir un peu
01:16:07comment vivaient les gens,
01:16:08etc.
01:16:09C'est toujours intéressant.
01:16:10Vous vous nourrissez
01:16:11de l'espace.
01:16:12Oui, toujours.
01:16:13Allez, encore une petite.
01:16:14À Chloé.
01:16:15Chloé, je l'aime bien.
01:16:16Un bon endroit à Liège
01:16:17pour boire un verre.
01:16:18Dans le carré, ma petite fille.
01:16:19Dans le carré.
01:16:20Viens, il y a plein de choses.
01:16:23Ce n'est pas mal
01:16:24pour terminer.
01:16:25Je trouve que c'est bien.
01:16:26On va aller boire un verre aussi.
01:16:28Voilà, je pense
01:16:29qu'il est 21h.
01:16:30On va se tenir
01:16:31à l'horaire
01:16:32parce que la soirée
01:16:33n'est pas complètement finie.
01:16:34Il y a plein de gens
01:16:35qui sont aussi venus
01:16:36pour la deuxième partie
01:16:37et la dédicace.
01:16:38Avant tout ça,
01:16:39je voulais remercier
01:16:40l'équipe Boxe
01:16:41d'être venue
01:16:42et d'avoir été un si bon candidat
01:16:43à l'interview.
01:16:44Je crois qu'on peut quand même
01:16:45l'applaudir une bonne fois.