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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui il revient sur la fusillade à Poitiers qui a eu lieu ce matin impliquant des centaines de jeunes.

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00:00Europe 1
00:04Europe 1, 11h-13h
00:07Pascal Praud et vous
00:09A 11h08, donc on est avec Géraldine Hamon que je salue, avec Laurent Tessier, avec Fabrice Laffitte, avec notre ami Olivier Guenet
00:16que j'ai pas entendu d'ailleurs quasiment dans notre petite séquence tout à l'heure de passage d'antenne
00:21Ah bah non j'étais pas là, non mais c'était génial, j'ai vu de loin, super séquence
00:25Et puis Alexandre Marques qui est là, bonjour Alexandre, pas de voix par exemple, aujourd'hui une voix d'un disparu, ça poserait ?
00:32Et oui oui exactement, bonjour Pascal, voilà j'ai un grand acteur avec notamment plusieurs films, voilà, moi j'admire beaucoup qui vous êtes, voilà, moi j'ai le sens de la fête vous savez, voilà, j'ai heuré
00:44On va faire une belle émission, voilà une belle émission
00:48Et bien nous allons faire une belle émission, nous l'avons appris donc ce matin et Michael le disait, 5 personnes ont été grièvement blessées lors d'une fusillade à Poitiers
00:54selon la préfecture de la Vienne, des tensions éclatées hier soir entre différents groupes
00:58Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a parlé ce matin d'une rixe entre bandes rivales, plusieurs centaines de personnes
01:04ce qui est quand même effrayant, c'est une sorte de guerre civile larvée qui se met en place
01:08entre 400 et 600 personnes dans une petite ville de France
01:124 et 600 personnes équipées de toutes sortes d'armes, un des blessés âgés de 15 ans serait entre la vie et la mort, c'est lié au trafic de drogue a déclaré le ministre
01:23Peut-être que nous allons être avec William Molinier dans un instant du service police-justice d'Europe 1, je sais pas s'il est déjà là d'ailleurs William
01:30Bonjour Pascal
01:31Bonjour William, est-ce que vous pouvez nous donner des renseignements, parce que ce chiffre de 400-600, alors on aime, on voudrait savoir précisément
01:40si ce sont des bandes rivales qui se sont affrontées et combien de temps cela a duré ?
01:45Moi je pense qu'il faut être très très prudent sur ce chiffre de 400 à 600 personnes
01:52C'est le ministre qui le dit ce matin sur BFM, mais c'est en tout cas pas les éléments qui sont remontés du terrain
02:01On parle plutôt de 60-70 personnes, tout au plus une centaine, alors je ne sais pas ce à quoi fait référence le ministre
02:11Est-ce que c'est au total, tout au long de la soirée, parce qu'il y a eu plusieurs séquences, plusieurs faits qui ont d'abord commencé par cette fusillade
02:22vers 22h45, place Coimbra, on est au niveau d'une terrasse d'un restaurant kebab, lieu très connu par la police locale pour abriter des trafics de stupéfiants
02:323 personnes à bord d'une voiture tirent vers la terrasse, 12 douilles de calibre 22 sont retrouvées sur la scène de crime
02:41Avec un bilan victimaire assez lourd, puisqu'il y a 5 blessés par balle, dont un enfant de 15 ans qui se trouve en urgence absolue, son pronostic vital est toujours engagé
02:54Les autres blessés, certains sont mineurs, on parle de 2 mineurs de 15 et 16 ans, 2 autres mineurs de 15 et 16 ans blessés à l'épaule, au niveau des chevilles
03:07Donc ça c'est la première séquence, il y a eu aussi une deuxième séquence, lorsque les policiers arrivent sur la scène de crime, sur la scène de la fusillade, appelés par les riverains
03:21Ils essayent de sanctuariser la scène de crime pour faire les relevés d'empreintes, d'indices, et la situation se dégrade, dégénère, ils sont pris à partie ou en tout cas ils se retrouvent entre plusieurs groupes d'individus, entre plusieurs bandes rivales qui s'écharpent de part et d'autre
03:43Des renforts arrivent, la situation est très confuse, il y a aussi une autre scène dans cette scène, c'est qu'un individu est enlevé par plusieurs individus, emmené dans un autre quartier, les policiers ont cette information là, ils vont le chercher, ils parviennent à l'extraire
04:06Cet homme est actuellement entendu au commissariat, la scène pour l'instant encore à 11h12 ce matin est encore assez confuse
04:18Et les raisons de cette rixe ?
04:20Alors voilà, il y a une piste qui est privilégiée, ou qui semble se dessiner, c'est ce qu'on appelle des rixes intercommunautaires, entre communautés, entre maghrébins et guadeloupéens, sur fond de trafic de stupéfiants
04:41Puisque ce lieu là est très identifié pour être un trafic, pour abriter des trafics de stupéfiants, d'ailleurs il y avait déjà eu des précédents puisque mercredi soir, m'a-t-on dit, dans ce même quartier des couronneries, un homme avait été pris à partie car il était venu vendre de la drogue à cet endroit même alors qu'il n'était pas autorisé à le vendre
05:08On n'est jamais autorisé à vendre de la drogue mais bon, j'ai compris ce que vous voulez dire, j'ai compris
05:14La perquisition dans un appartement à Poitiers, il y a déjà eu une arme d'épaule, une arme de poing qui ont été retrouvées, la police judiciaire commence tout juste l'enquête
05:25Je retiens quand même que le chiffre de 400-600, vous ne le validez pas alors que c'est le ministre de l'intérieur qui l'a donné
05:30Je pense qu'il a été extrapolé sans doute par des sources
05:34Le ministre de l'intérieur n'a pas les bonnes sources, je me demande qui les aura
05:38Ce chiffre a été évidemment, moi je l'ai eu aussi, ce sont des chiffres qui sont remontés du terrain avant d'être réexaminés et revus à la baisse
05:52Bon, il est 11h14, je vous remercie grandement William, on va marquer une première pause, on sera avec Jean-Christophe Couville que vous connaissez qui est secrétaire national du syndicat de police unité
06:02On écoutera Bruno Rotailleau, parce que pour le coup, Bruno Rotailleau, et ça fait bien longtemps en France que je n'ai pas entendu une parole aussi précise, aussi ferme
06:13Il parle de narco-racaille, il parle de point de bascule de la société française, il parle de mexicanisation de la société française
06:23Donc ça c'est plutôt des mots que j'entendais parfois dans la bouche de certains éditorialistes, que je n'entendais pas dans les mots du pouvoir politique
06:33Et il y avait également, souvenez-vous ce qu'avaient dit les magistrats dans une commission d'enquête, en disant la bataille contre la drogue, on est en train de la perdre
06:41Donc il y a une prise de conscience, je ne sais pas s'il y aura des résultats, mais il semble qu'au sommet de l'état il y a une prise de conscience, c'est déjà ça, à tout de suite
06:50Restez bien avec nous, la suite de Pascal Proévaut, c'est dans un instant, avec vos réactions au 01-80-29-21
07:06Nous l'avons donc appris ce matin, 5 personnes ont été grièvement blessées lors d'une fusillade à Poitiers, je pense qu'on est déjà avec Jean-Christophe Couville, secrétaire national du syndicat de police
07:14Bonjour Monsieur Couville
07:16Bonjour Pascal Proévaut
07:19C'est vrai que lorsqu'on apprend ces informations, je ne peux pas vous dire autre chose, on est terrifiés
07:23Alors ce n'est peut-être pas 600, c'est peut-être 100, mais des bandes rivales, pour des raisons communautaires si j'ai bien compris, de défense de territoire
07:31On est dans des choses que je n'ai jamais connues en France sur les 50 dernières années, ça n'existait pas de cette manière là, en tout cas dans les années 70
07:40Il y avait la French Connection, il y avait sans doute également du trafic, mais il n'y avait pas comme cela des endroits de France où on se bat sur un territoire entre bandes rivales avec des armes, Monsieur Couville
07:54Alors non, ça se faisait, mais de façon très cachée, c'était vraiment, on montrait plutôt les armes pour montrer les biscottos, on a j'allais dire les muscles, mais on ne s'en servait pas
08:05Aujourd'hui ce qui choque, effectivement même nous, ça nous interpelle depuis une dizaine d'années, c'est qu'aujourd'hui on ne se cache plus, c'est-à-dire qu'on sort les armes, on règle nos comptes dans la rue
08:15On peut voir des fois que malheureusement ça peut faire des victimes collatérales, et ça, ça ne les dérange pas, voilà
08:21Et quand on fait un bilan des agressions depuis 2017, en France on est à plus de 63% depuis 2017, l'année dernière en 2023 on avait 362 000 agressions, ça fait 1000 par jour
08:33Donc ça c'est une photographie de la France en temps réel, et ça ne cesse d'augmenter, et on voit qu'aujourd'hui les îles moyennes de 100 000 habitants sont touchées par ce narcotrafic
08:43Poitiers, c'est 4 quartiers qui posent problème, il y a les Couronneries, Bel Air, les 3 cités Saint-Éloi, et donc c'est sectorisé par dealer, c'est-à-dire chaque réseau a son secteur, son quartier
08:55Il y a un concurrent qui vient mettre les pieds sur une rue, ou un angle de rue, ou un kebab par exemple, qui ne lui appartient pas, et derrière, eh bien écoutez, on s'explique à coup de kalachnikov
09:05J'ai l'impression que tout ça a été exponentiel, ça a explosé en finalement 3, 4, 5 ans, par exemple le mot narcotrafic en France, je ne pense pas qu'on l'employait il y a simplement 5 ans, je ne le crois pas
09:17Et effectivement, depuis très peu de temps, il y a une prise de conscience de ce qui se passe dans les villes, et puis j'ai dans l'oreille aussi ce qu'avaient dit les magistrats devant cette commission d'enquête, on est en train de perdre la bataille
09:30On est en train de perdre la bataille face à la drogue, donc je ne sais pas ce qu'il faut faire, j'ai l'impression que Bruno Retailleau au moins a le bon diagnostic, il a parlé ce matin de narco-racaille
09:39Il a parlé de mexicanisation, un ministre de l'intérieur qui parle quand même, mais que faut-il faire ? Est-ce que notre état de droit est capable d'enrayer ce phénomène ?
09:51Alors déjà, ce qui est intéressant, c'est que Bruno Retailleau a pris vraiment possession du ministère de l'intérieur, et a réalisé, j'ai eu une discussion en aparté avec lui, d'ailleurs en sortant de votre plateau, il s'était dit effaré par le constat
10:05C'est-à-dire que quand vous arrivez et qu'on vous dit, voilà monsieur les chiffres tous les jours qui tombent, avec le nombre d'actions de morts, etc. dans la France, sur le territoire, c'est vrai qu'il y a de quoi passer des nuits blanches
10:17Donc oui, déjà il y a une prise de conscience. Après, j'allais dire, il faut un plan, une stratégie. C'est-à-dire qu'aujourd'hui on ne peut pas nous parler de guerre, quand depuis des années on fait des guerres en dentelle, vous savez, des petites escarmouches
10:28C'est plutôt la politique du containment, c'est-à-dire qu'on maintient des dealers ou des délinquants dans une zone bien particulière, donc certains quartiers, tant qu'ils ne viennent pas empiéter sur le quartier, j'allais dire, des centres-villes et des bourgeois
10:42Aujourd'hui c'est fini, la digue a craqué, et là ça se voit. Donc il faut un plan, une stratégie. Et pour faire un plan, une stratégie, il faut qu'il y ait une économie de guerre, un effort de garde de toute la nation. Il faut qu'il y ait une cause nationale sur ça, parce qu'on est un carrefour
10:57Et dans dix ans, les gamins qui ont quinze, cinq ans aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils vont faire dans dix ans ces gamins ? Ils vont faire des enfants, etc, ils vont travailler, ils vont faire quoi dans la société ? Donc c'est ça en fait le danger, c'est que va devenir notre société dans dix ans
11:09Je vous propose d'écouter Bruno Retailleau qui était ce matin sur BFM
11:13Ça a commencé par une fusillade sur un restaurant et ça s'est achevé par une risque entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes. On me parle, le préfet fait un compte-rendu en citant entre quatre et six cents personnes. On est arrivé...
11:29Quatre et six cents personnes impliquées dans une RICS ?
11:32Voilà, dans une RICS
11:34Avec des armes ?
11:35Avec toutes sortes d'armes, bien sûr
11:37Mais pardon, est-ce qu'on sait précisément si c'est lié là aussi au trafic de drogue ?
11:41C'est lié, je le dis, je vous le dis ce matin, je vous le confirme, bien sûr, c'est lié au trafic de drogue. Donc Poitiers cette nuit, samedi dernier, qu'est-ce qu'il s'est passé samedi dernier ?
11:50Un enfant de cinq ans à Rennes, deux balles dans la tête, il est toujours entre la vie et la mort, son père est un trafiquant de drogue. Là encore, il s'agit de règlement de compte
12:00C'est invraisemblable, ce qu'on entend effectivement est absolument invraisemblable pour ce petit garçon qui prend deux balles dans la tête et qui a cinq ans.
12:09Le terme de narco-racaille, je crois que c'est la première fois que je l'ai entendu et c'était ce matin dans la bouche de Bruno Retailleau.
12:16Aujourd'hui, les narco-racailles n'ont plus de limites, ça se passe pas, cet enfant, ses risques hier soir, ses cinq blessés, ses fusillades, ça se passe pas en Amérique du Sud, ça se passe à Rennes, ça se passe à Poitiers
12:28dans cette France de l'Ouest que je connais bien parce que j'en viens, qui était réputée jadis pour sa tranquillité.
12:34On est, oui, à un point de bascule et je pense que le choix que nous avons aujourd'hui, c'est un choix entre une mobilisation générale ou alors la mexicanisation du pays.
12:44Et Jean-Christophe Cuvie disait la même chose il y a une seconde. On va marquer une pause à 11h25, vous restez avec nous, Monsieur Cuvie, encore quelques secondes parce que les solutions, c'est ça, on bute sur les solutions.
12:56Très souvent à l'antenne, moi j'ai parlé du Salvador. Évidemment, c'est des solutions radicales mais on ne va pas mettre en place ce type de solutions puisque notre état de droit, à juste titre d'ailleurs, est protecteur sur les droits des uns et des autres.
13:11Mais que faut-il faire entre notre impossibilité pour plein de raisons à régler ces problèmes-là et est-ce qu'il y a une marge entre nous et le Salvador ?
13:21Voilà la question que je vais vous poser après 11h30, à tout de suite.
13:25Et vous aussi, vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21 11h13, c'est Pascal Pro et vous sur Europe 1.
13:3211h13
13:33Pascal Pro sur Europe 1
13:35Nous évoquons ces cinq personnes grièvement blessées lors d'une fusillade à Poitiers, selon la préfecture de la Vienne, des tensions éclatées hier soir entre différents groupes.
13:43Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a parlé tout à l'heure d'une rixe entre bandes rivales avec plusieurs centaines de personnes impliquées.
13:52Nous sommes avec Jean-Christophe Couvy depuis quelques instants, qui est secrétaire national du syndicat de police unité, qui va nous donner encore deux ou trois avis.
14:01Avant cela, je dois vous dire qu'à Clermont-Ferrand, un homme a été grièvement blessé par balle, c'est un homme de 19 ans.
14:07Cette nuit, a priori, ce n'est pas pour un trafic de drogue.
14:11En revanche, trois blessés par balle, dont un grièvement lors d'une fusillade près de Valence.
14:16Et a priori, cette fusillade serait liée au trafic de stupéfiants.
14:20Elle a éclaté vers 2h30 sur le parking d'une discothèque à Saint-Péret, en Ardèche, à l'ouest de Valence.
14:26Et sans doute, monsieur Couvy connaît-il ces événements.
14:29Alors, je vous disais avant la pause, comment faire entre notre état de droit, qui est quand même très protecteur pour les délinquants, pour les criminels,
14:42et c'est tant mieux d'ailleurs, il faut sans doute protéger, bien évidemment, les droits de la défense,
14:47et puis le salvateur qui envoie beaucoup de gens parfois en prison et parfois même des innocents.
14:54Comment on fait, Jean-Christophe Couvy ?
14:57Alors, je n'ai pas la baguette magique, mais déjà, on a des pistes.
15:00On a des pistes parce qu'effectivement, il faut reprendre le terrain.
15:03Et le terrain, c'est malheureusement, j'allais dire, pour Bercy, c'est des effectifs, donc oui, c'est des fonctionnaires.
15:10On parlait de poitiers. Poitiers, par exemple, la nuit, il y a deux patrouilles plus une BAC.
15:16Voilà, pour une ville de 100 000 habitants, ça fait une dizaine de policiers pour une ville de 100 000 habitants.
15:21Quand vous criez au secours, quand il se passe quelque chose comme ça, c'est des effectifs de Châtellerault qui sont à 40 km,
15:28qui doivent venir vous aider.
15:29Ça fait 20 minutes en voiture.
15:31Ce qui est marrant, les collègues nous disent, on a Poitiers-Châtellerault, tout autour, on a la gendarmerie.
15:36En fait, on ne sait pas ce que font les gendarmes et les gendarmes ne savent pas ce que font les policiers.
15:40Déjà, il faut peut-être une meilleure coordination des effectifs entre police et gendarmerie, au moins pour travailler de concert.
15:46Après, j'allais dire, il va falloir aussi peut-être se pencher sur le plan que le ministre de la Justice souhaite nous donner,
15:55parce que la réponse policière, c'est bien, mais il faut aussi qu'il y ait une chaîne pénale qui soit complète.
16:01Or, aujourd'hui, on voit bien qu'il y a un déséquilibre.
16:03On ne peut pas tout régler au niveau de la police.
16:05Il faut aussi que le ministère de la Justice se remette au niveau.
16:08Quand on voit qu'aujourd'hui, on a 11 juges pour 100 000 habitants, alors que la moyenne européenne, elle est de 17.
16:16Les procureurs, on a 3 procureurs en France pour 100 000 habitants, alors qu'en Europe, elle est de 12.
16:21On voit bien qu'on est à la ramasse, surtout.
16:23Les peines courtes, on est pour, on n'arrête pas de le demander.
16:26Les magistrats, on demande aussi, enfin, une partie des magistrats.
16:29En fait, il faut reprendre l'offensive.
16:32Il faut une stratégie claire et, je vais dire, pluridisciplinaire, c'est-à-dire tout interministériel.
16:37Il n'y a pas que la police ou que la justice qui va...
16:39Est-ce qu'il y a un pays, Jean-Christophe Kouvi, qui est dans ce domaine, sans parler évidemment de pays comme le Salvador, a été efficace ?
16:48L'Italie, on parle de l'Italie, mais c'est vrai, l'Italie, à mon honneur, a eu une prise de conscience, notamment avec le narcotrafic.
16:54Ils se sont dit, il faut qu'on change notre façon de faire et de travailler en amont.
16:59Donc, oui, ils ont pris des lois dures, des lois, mais aussi qui protègent les repentis, ça, on en parle.
17:04Il faut effectivement des magistrats spécialisés, avec un parquet spécialisé.
17:08Aujourd'hui, un juge d'instruction, quand il fait une enquête à Strasbourg, il ne sait pas ce qui se passe à Perpignan.
17:13Or, en fait, on voit que le narcotrafic, aujourd'hui, est transfrontière.
17:18Donc, c'est-à-dire que ça s'étend.
17:20Voilà, il faut que, vraiment, on se spécialise et qu'on ait des coordinations.
17:24Il n'y a pas de coordinateur, aujourd'hui.
17:26Encore une fois, je vous dis, le ministère...
17:28C'est terrible d'entendre ça.
17:30Je vous assure, c'est terrible d'entendre ça.
17:32Il faut une vraie coordination des moyens de l'État.
17:34Je suis d'accord avec vous, mais c'est terrible d'entendre ça.
17:36Je ne peux pas vous dire autre chose, parce que c'est...
17:38Ce que vous nous dites, au fond, c'est qu'au plus haut niveau de l'État, c'est des amateurs.
17:42Je traduis par mes mots les plus simples.
17:44Mais, dans une entreprise, ça ne se passe pas comme ça.
17:47Les gens se parlent, de différents services, et puis ils font fonctionner la boutique.
17:52Et vous nous dites, les gens ne se parlent pas, il n'y a pas de coordination.
17:54C'est ennuyeux, quand même.
17:56C'est quand même la base.
17:58Il faut peut-être y réfléchir.
18:00Oui, mais c'est peut-être parce qu'ils sont aussi mal entourés.
18:02C'est normal, c'est des hommes politiques.
18:04Ils ne connaissent pas la cantine.
18:06Je suis d'accord avec vous, mais si tu es mal entouré, tu es responsable.
18:09Moi, quand j'entends ça, quand j'entends dire qu'un dirigeant est mal entouré, c'est de sa faute.
18:13Quand j'entends dire qu'Emmanuel Macron est mal entouré, c'est de sa faute.
18:16C'est à toi de choisir tes hommes.
18:18C'est vrai pour tous les métiers.
18:20Il y a un nouveau ministère.
18:22Je pense qu'il y a une nouvelle équipe qui se met en place.
18:24D'après ce que dit le ministre, je pense qu'il a pris conscience des attentes des citoyens
18:29et tout le travail qu'il y a à faire.
18:32Nous, on commence à avoir des contacts aussi.
18:34On va travailler de concert.
18:36Mais encore une fois, il va falloir aussi que les autres ministères prennent conscience
18:39que la police n'arrivera pas tout seul à jubiler.
18:42Merci Jean-Christophe Coulis, secrétaire national du syndicat de police unité de Sommeil.
18:47Christophe qui a 59 ans, qui habite Poitiers.
18:50Bonjour Christophe.
18:52Vous vouliez témoigner.
18:54Vous habitez près de l'endroit où s'est passé hier soir cet heurisme ?
18:58Je suis à deux kilomètres environ des couronneries.
19:02Il y a un vrai sujet sur les couronneries symptomatiques de ces quartiers
19:06qu'on qualifie de perdus pour la République.
19:09Les couronneries ont été classées en zone prioritaire en 2015.
19:13Il y avait des statistiques déjà à l'époque, donc il y a 9 ans, qui étaient alarmantes.
19:1780% de logements sociaux,
19:1940% de familles monoparentales,
19:2147% d'inactivité chez les jeunes de 15 à 25 ans.
19:25Tous les signes sont là.
19:27Et c'était en 2015.
19:29Bon, maintenant il y a un sujet sur les couronneries,
19:31un sujet plus vaste sur Poitiers en lui-même.
19:33Moi je me suis installé en 2019 en rentrant de Calédonie,
19:36parce que c'était une des zones de France les plus tranquilles,
19:39les plus paisibles qu'il soit.
19:41Et en seulement 5 ans, les choses ont déjà beaucoup changé.
19:45Moi je suis allé aux couronneries il n'y a pas 6 mois,
19:49parce que j'avais un rendez-vous de banque,
19:51et il y avait un supermarché, je suis rentré dans le supermarché,
19:53j'ai fait une petite course, j'étais le seul Européen.
19:55On devait être 50 personnes, et j'étais le seul Européen.
19:57Donc bon, ce que vous entendez comme conséquences,
20:00mais enfin il y a une certitude, c'est que Poitiers est en train de changer.
20:03J'ai des enfants, on est de 64 tous les deux,
20:05j'ai des enfants qui ont entre 25 et 30 ans,
20:08et qui sortaient il y a ne serait-ce que 5 ans dans le centre-ville de Poitiers.
20:13Aujourd'hui, ils me disent, nous on reste chez nous,
20:15ou on va au restaurant en bordure de Poitiers, mais pas dans le centre.
20:18Écoutez, je ne sais pas quoi vous dire,
20:20parce que c'est un témoignage, évidemment,
20:24que je ne peux pas vérifier, je dis souvent ça à l'antenne.
20:26C'est vrai que ce sont ceux de la communauté urbaine de Poitiers.
20:29Non mais lorsque je rentre dans un supermarché, je suis le seul Européen,
20:32je prends des précautions oratoires,
20:36parce que je sais ce que vous vivez,
20:40puisque nous-mêmes on se balade parfois en France,
20:43et on voit bien que certains territoires ont changé, bien évidemment.
20:47Qu'il y ait un rapport entre la délinquance, l'immigration, la drogue,
20:51hélas, hélas, ça a été né pendant des années,
20:54mais bien sûr que c'est aussi une réalité.
20:57Je peux vous demander ce que vous faites, lorsque vous êtes revenu de Nouvelle-Calédonie ?
21:01J'ai racheté une entreprise.
21:03J'ai eu le mauvais goût de la racheter en février 2021,
21:07juste après la guerre en Ukraine, ce qui m'a coûté l'entreprise.
21:10C'est-à-dire que l'entreprise a fait faillite depuis ?
21:12Absolument, en 2023.
21:14Et c'était dans quel domaine ?
21:16Le chauffage, poils, inserts, etc.
21:19Et aujourd'hui, vous avez perdu beaucoup d'argent ?
21:25J'ai perdu la totalité des économies d'une vie.
21:27Je suis maintenant chômeur de longue durée,
21:29puisqu'après 160 CV et une dizaine de rendez-vous,
21:32je n'ai toujours pas retrouvé d'emploi,
21:34malgré un bac plus 5 et 30 ans d'expérience en chef d'entreprise.
21:37C'est terrible ça.
21:38Donc j'attends la retraite.
21:39Non mais c'est terrible, c'est indiscrète.
21:41Et je vais habiter dans le sous-sol de ma fille.
21:44C'est indiscret de vous demander l'argent que vous avez perdu sur cette entreprise ?
21:49270 000 euros.
21:51Et aujourd'hui, les CV que vous envoyez à 59 ans,
21:56on vous répond quand même ?
21:58Il y en a environ 30% qui répondent,
22:0130% qui ne répondent pas du tout.
22:03Et j'ai obtenu, je vous dis, une dizaine de rendez-vous.
22:06Mais dès que les gens voient ma tête...
22:09Mon CV est fait pour qu'on ne voit pas mon âge
22:11et qu'on ne connaisse pas de mon expérience.
22:12Mais dès que les gens voient ma tête, évidemment,
22:14je ne peux pas dissimuler l'évidence des ravages des ans.
22:17Quoi les ravages ? Vous avez 59 ans.
22:19Moi j'ai le même âge que vous.
22:21Ah oui, mais je n'ai pas la même tête que vous, M. Pro.
22:23On est inégaux devant la vieillesse, vous le savez.
22:26Vous n'êtes pas vieux, j'imagine.
22:28Non pas du tout, je suis très dynamique.
22:30Et aujourd'hui, vous n'avez plus de revenu ?
22:32Ah non, je n'ai plus aucun revenu.
22:34J'avais droit.
22:35Pôle Emploi m'avait proposé de postuler pour avoir le RSA
22:39que j'ai eu pendant 19 mois.
22:42Et au bout de 19 mois, on m'a dit
22:44« Ah oui, mais vous avez eu un héritage. »
22:45Je dis « Oui, je l'ai mentionné à la CAF que j'avais eu un héritage. »
22:48« Et vous remboursez tout. »
22:50Et donc on me réclame 17 000 euros.
22:53Je vous assure, c'est terrible.
22:55Parce que vous vous gardez le sourire,
22:58mais vous avez le moral quand même.
23:00Devant l'absurde, vous savez, M. Pro,
23:02on peut se vouer au désespoir,
23:04mais ça ne résout pas les problèmes.
23:05Mais quand vous étiez revenu de Nouvelle-Calédonie,
23:07pardonnez-moi de poursuivre un peu la conversation,
23:09vous aviez une maison ?
23:11Vous aviez pu investir dans une maison ?
23:13J'avais vendu ma maison en Nouvelle-Calédonie
23:16pour générer précisément de quoi racheter une entreprise.
23:19A l'origine, je n'avais pas du tout envie de racheter une entreprise.
23:21Je voulais trouver un emploi
23:22puisque j'étais salarié d'un groupe international.
23:24Et je me suis rendu compte,
23:26au bout de 9 mois, 10 mois de recherche,
23:28que je ne trouverais pas d'emploi.
23:29J'avais 55 ans.
23:31Je ne trouvais pas d'emploi,
23:32donc j'ai racheté cette entreprise.
23:33J'ai mis un an à trouver une entreprise,
23:35à Poitiers,
23:36puisque c'était une zone très tranquille à l'époque.
23:38Et malheureusement,
23:40j'ai eu le mauvais goût
23:42de me confier au granulé
23:44qui est séché avec du gaz,
23:47produit avec de l'électricité
23:49et expédié avec du gazole.
23:50Je ne vous fais pas un dessin sur le prix du granulé,
23:52dont le sac est passé de 3,89€
23:54à 15€ sur la zone de Poitiers.
23:58Écoutez,
23:59je ne sais pas comment on peut vous aider.
24:01Moi, j'ai toujours envie de dire
24:02mais est-ce qu'on peut vous aider ?
24:03Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour vous ?
24:07Il y a peut-être des gens qui nous écoutent.
24:08Vous faites beaucoup en nous écoutant.
24:10Non, mais il y a peut-être des gens qui nous écoutent,
24:12qui habitent Poitiers
24:13et qui ont besoin d'une certaine,
24:16comment dire, expérience
24:18et pourquoi pas expertise.
24:20Si ils nous écoutent dans le domaine...
24:23Vous voulez que je vous fasse encore sourire
24:24sur un autre sujet ?
24:25Oui, je vous en prie.
24:26Dans le même ordre d'idées.
24:29Le Pôle emploi m'a dit
24:30de postuler pour devenir secrétaire de mairie.
24:31C'est une formation rémunérée.
24:33J'ai dit excellente idée.
24:34Ils m'ont inscrit
24:35et j'ai reçu, sans explication,
24:37le refus de mon inscription.
24:40Effectivement.
24:41Et vous disiez que vous alliez habiter
24:43dans le sous-sol de la maison de votre fille ?
24:46Absolument.
24:47Je n'ai plus d'autre solution
24:48puisque j'avais loué une maison
24:51avec beaucoup de pièces
24:52parce que mes enfants sont un peu répartis dans la France.
24:54Donc quand ils viennent, ils logent.
24:55C'est une maison qui me coûte 800 euros par mois
24:57ce que je ne peux plus payer.
24:59Malgré la bienveillance de mon propriétaire,
25:01je suis obligé de l'éménager
25:02parce que je n'ai plus de quoi vivre.
25:05Bon.
25:06Écoutez, je répète, si on peut vous aider
25:08parce qu'une fois qu'on m'a dit ça,
25:10il faut essayer d'aider les uns et les autres.
25:12Donc si vous habitez Poitiers-Dangle...
25:14Continuez ce que vous faites,
25:15c'est la meilleure aide que vous pouvez apporter
25:17à la plupart des Français.
25:18Appelez-nous au 01 80 20 39 21.
25:22Bien évidemment.
25:23Bon bah écoutez, merci Christophe.
25:24Merci parce que ça c'est des parcours de vie.
25:27Je pense qu'il faut aider.
25:30Vous voyez, je trouve qu'il y a des gens
25:33qu'on devrait aider,
25:34que l'État doit aider dans des parcours de vie.
25:37Et là, on en est tout à fait dans ce cas-là.
25:39Quelqu'un qui a travaillé toute sa vie,
25:41comme Christophe, et qui a un accident économique.
25:44Là, il faut l'aider sans doute.
25:45Puis il y a des gens peut-être qu'il faut moins aider.
25:47Je pense qu'effectivement,
25:49les jeunes gens qui commencent dans la ville,
25:52s'ils bossent six mois,
25:53je ne suis pas sûr qu'ils aient le droit à six mois de chômage.
25:55Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
25:57Toujours.
25:58C'est une manière parfois qui peut être contre-productive.
26:01Dans le domaine de la restauration notamment,
26:04il y a des gens qui font des allers-retours.
26:08Alors je travaille, je touche des...
26:11Des ennuis.
26:12Oui, puis je retravaille, je fais le youyou comme ça.
26:14Ça y est, il y a le cul entre le temps de travail et le temps de repos.
26:16Donc ça, ça ne me paraît pas ce qui est le plus convenable.

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