Anne Coffinier : «Lorsqu'un enfant est plongé au contact de drames, ce n'est plus un enfant»

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12/10/2024

Experte en éducation, Anne Coffinier s'est exprimée sur le poème écrit par l'assassin de Dominique Bernard: «Lorsqu'un enfant est plongé au contact de drames, ce n'est plus un enfant».

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00:00Jusqu'à présent, en tout cas, les dispositifs de déradicalisation font vraiment sourire.

00:05Ce n'est pas du tout à la hauteur de l'affaire.

00:08Plus largement, tout à l'heure, le général disait que ce sont des enfants.

00:13Évidemment, ce sont des enfants, on ne peut pas se comporter comme si ce n'était pas des enfants.

00:16Mais il y a aussi une réalité culturelle.

00:19Lorsque, pour une raison X ou Y, vous avez été plongé au contact de drame,

00:24de drame lié à la guerre, de drame lié au banditisme, au drame lié...

00:28Vous avez été vraiment plongé prématurément dans ce type de situation.

00:31Moi, j'ai connu ça, par exemple, au Rwanda ou au Congo.

00:34Eh bien, les enfants ne sont plus des enfants.

00:37C'est-à-dire qu'en fait, ils atteignent un niveau de conscience du mal et d'habitude du mal

00:42qui fait qu'ils ne peuvent pas retourner à un état d'enfance.

00:46Et donc, on n'est pas en phase avec les dangers qu'ils peuvent représenter,

00:51tout simplement parce qu'on lit le danger avec une perspective qui est universaliste à tort.

01:00Un enfant n'est pas un enfant.

01:02Une personne, enfant ou pas, qui a été exposée à des viols, à des violences, à des tortures,

01:09ou dont la famille proche a été exposée à des choses extrêmement difficiles,

01:13va avoir un niveau de violence qui n'a rien à voir avec un enfant standard.

01:17Là, pour Samuel Paty, vous avez un réfugié russe tchétchène.

01:22Et pour Dominique Bernard, vous avez une famille russe ingouche.

01:27Dans les deux cas, ce n'est pas des zones d'une totale paisibilité.

01:32Le niveau de violence est élevé.

01:34Ceux qui ont peut-être vécu là-bas ou leurs proches ne sont peut-être pas très joyeux.

01:38Et tout ça donne un niveau de radicalisation au sens de pratique de la violence très élevé.

01:44On voit bien dans son poème qu'en réalité, il revendique une sorte d'honneur de la défense de ses valeurs.

01:51Et il considère tous ces blancs-becs de l'éducation comme des sortes de demi-secs,

01:58comme aurait dit Jean Gabin, des gens qui ne pèsent pas lourd.

02:02Ce sont des petites poules mouillées qui n'ont rien compris à rien

02:05et qui ne sont pas des vrais hommes dans leur registre.

02:09C'est ça, ces deux référentiels.

02:11Le référentiel par rapport au risque physique, par rapport à l'honneur, l'honneur de Dieu,

02:15la pratique de la violence, avec tout un rite initiatique du « j'ai pratiqué la violence, moi aussi, je suis vraiment un homme ».

02:21Et puis de l'autre côté, des gens très rangés, qui ont peur de tout,

02:25qui ne disent pas un mot plus haut que l'autre et qui ont des valeurs très douces, la tolérance, tout ça.

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