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Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 07 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matins, avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud en s'étant tellement incertain et violent.
00:09Il nous reste l'armée des profs et de l'éducation nationale pour lutter contre les obscurantismes.
00:13Alors en ce matin tellement particulier du 7 octobre,
00:16vous avez choisi Amandine de recevoir une proviseure, elle s'appelle Maï Traoré
00:20et elle publie « Moi proviseur », journal impertinent d'une chef d'établissement combative.
00:25Bonjour et bienvenue.
00:26Bonjour Maï Traoré.
00:27Et bienvenue sur RTL, proviseur du lycée Lucas de Neoux, rebaptisé École du Vert et du Vitrail.
00:33C'est dans le cinquième arrondissement de Paris, c'est un lycée polyvalent spécialisé dans le vert.
00:38Est-ce que vous regrettez en tant que proviseur qu'il n'y ait pas aujourd'hui d'hommage,
00:43un temps de recueillement en ce 7 octobre dans les écoles, dans les établissements scolaires, les collèges, les lycées ?
00:49Alors je voudrais d'abord vous remercier pour cette invitation.
00:52Bonjour à tous, je suis très heureuse d'être à votre micro et de pouvoir m'exprimer sur ce mois d'octobre
00:58qui est un mois de douleur pour l'école de la République.
01:01Nous sommes en deuil, puisque vous le savez, les établissements scolaires vont commémorer la perte douloureuse de deux des nôtres,
01:12deux professeurs, Dominique Bernard, Samuel Batty.
01:16Batty, pardonnez-moi, j'en parle avec beaucoup d'émotion parce que chaque année, l'école se doit d'être à la hauteur
01:23de ne jamais oublier que ses enseignants ont été assassinés, ont été tués tout simplement parce que c'était des professeurs
01:30et qu'ils transmettaient leur métier, leur passion, c'est-à-dire l'éveil des consciences,
01:35ce qui est la mission formatrice de l'école, la mission première avant toute chose.
01:39Vous en parlez avec beaucoup d'émotion, vous dites l'assassinat de Samuel Batty, ça a été le 11 septembre de l'éducation nationale.
01:46Oui, ça a été terrible, c'est toutes les dates qui sont des marqueurs au fer rouge lorsqu'on atteint l'école, lorsqu'on touche l'école dans son cœur.
01:57C'est-à-dire que nous avons choisi ce métier, transmettre, enseigner, avoir des jeunes citoyens,
02:05qu'une nation se doit de former au plus juste, au plus près, avec l'esprit critique, avec cette impertinence,
02:13avec cette envie de faire nation, et lorsque ces enseignants se trouvent à être des cibles,
02:21il faut absolument que nous arrivions à nous relever tous, à être tous sur le même front et à les combattre au quotidien.
02:29Et c'est ce que nous faisons dans mon lycée.
02:31Vous, proviseur, vous avez peur ?
02:33Moi, proviseur, je n'ai pas peur. Moi, proviseur, j'aimerais que mes élèves n'aient jamais peur.
02:39Moi, proviseur, j'aimerais que mes professeurs n'aient jamais peur.
02:42Moi, proviseur, j'aimerais que la nation, la République, nous soutienne pour qu'on n'ait jamais peur et qu'on soit combattants.
02:47Vous avez l'impression qu'on n'a pas tiré les leçons de ces deux drames, Samuel Paty et Dominique Bernard ?
02:51Je ne peux pas dire ça, on les a tirés, puisque nous continuons avec une vigilance accrue, à sécuriser les établissements,
02:57à faire des exercices et surtout à travailler sur l'esprit critique au sein des établissements scolaires.
03:05Et tous les chefs d'établissement le font, au quotidien, avec les équipes.
03:08Et on est aussi appuyé par les équipes Valères de la République, là-dessus.
03:11Vous vous dites, face à tout cela, il faut parler, expliquer, pas juste une journée par an, mais ça doit être au quotidien.
03:18La laïcité, par exemple, dans votre établissement, Maïtraoré, elle est intégrée à l'emploi du temps au même titre que l'histoire et les maths.
03:24Ça fait partie du quotidien.
03:26Totalement. C'est quelque chose qui se vit au quotidien. C'est quoi la laïcité ?
03:30C'est le principe qui garantit nos libertés fondamentales.
03:33Nous sommes libres, parce que nous avons ce principe-là qui nous le garantit.
03:37Je suis libre d'être ce que je veux. Mes élèves sont libres.
03:40Nous sommes des citoyens libres et éclairés.
03:42Et l'école est là, justement, pour cela.
03:44Et à travers ce livre, rien que dans ce livre, je vous apporte des anecdotes, des anecdotes roussiantes, des moments de drôlerie absolue,
03:53des moments de partage de ce que l'école peut apporter à l'élève, en plus des maths, du français, de l'histoire régio, de l'anglais, etc.
04:02Donc on a aussi la possibilité, au sein des établissements scolaires, de mettre ça dans l'emploi du temps au quotidien
04:08et donc de ne pas attendre qu'il y ait une situation critique ou quelque chose de dramatique, malheureusement, pour pouvoir en parler.
04:16Donc c'est un travail régulier.
04:18Un travail régulier au quotidien.
04:20Chez vous, est-ce que vous regrettez, je vous repose la question, qu'il n'y ait pas d'hommage ou au moins un temps de discussion,
04:26aujourd'hui, imposé dans tous les établissements scolaires en ce 7 octobre ?
04:31Aujourd'hui ?
04:32Non, il y aura la semaine prochaine pour Samuel Paty et pour Dominique Bernard, mais pour le 7 octobre.
04:37On a vu la flambée des actes antisémites dans les établissements scolaires et des actes racistes,
04:43trois fois plus en un an au sein de l'éducation nationale.
04:47Ce sont des chiffres donnés par le ministère.
04:50Ça fait partie aussi de l'éducation que de parler... c'est votre combat permanent.
04:54Mais comme c'est le combat de tous les professeurs, professeurs, proviseurs...
04:59Le pas de vague, ça n'existe plus ?
05:01Le pas de vague, ça n'existe pas dans mon établissement.
05:04Le pas de vague, ça n'existe pas dans l'académie où j'ai la chance de travailler, c'est-à-dire l'Académie de Paris,
05:10où nous avons beaucoup de relations directes avec l'encadrement, c'est-à-dire avec la direction de l'académie.
05:17C'est une chance et je pense que c'est un peu partout dans toutes les académies.
05:20En tout cas, je peux parler de l'académie que je connais, c'est-à-dire celle où j'ai posé mes valises depuis maintenant plus de 25 ans
05:26et qui est l'Académie de Paris, où nous travaillons vraiment en étroite collaboration avec les équipes.
05:31Et les temps de parole sont libres.
05:33C'est-à-dire que les signalements se font régulièrement lorsqu'il y a une atteinte,
05:37lorsqu'il y a quelque chose qui atteint cette école, notre école, mon école.
05:43Au cœur, nous sommes debout, croyez-le.
05:46Dans ce livre, moi, proviseur journal impertinent d'une chef d'établissement compative,
05:50vous évoquez aussi les questions d'autorité, votre quotidien également de proviseur,
05:54quotidien qui n'est pas toujours simple, avec, je vous cite, des élèves abreuvés aux réseaux sociaux,
05:59des parents dont certains se comportent en consommateurs et des enseignants qui pour un tiers sont contractuels.
06:05C'est quoi pour vous aujourd'hui la plus grande urgence à l'école ?
06:08Donner par exemple plus d'autonomie aux chefs d'établissement ?
06:11Alors oui, pourquoi pas.
06:12Vous rappelez que vous ne choisissez pas vos équipes, ni équipes enseignantes, ni personnel d'éducation ?
06:17Alors, à part les surveillants qu'on recrute, par contrat bien évidemment,
06:22mais les équipes de professeurs sont affectées, puisque ce sont des fonctionnaires par le ministère, par la centrale.
06:28Les personnels sont affectés, donc on a aussi une mission et un rôle de leader.
06:33C'est un peu un chef d'orchestre qui ne choisirait pas ses musiciens ?
06:36Oh, il est choisi quand même en les amenant vers une dynamique d'établissement,
06:41c'est-à-dire vers les projets, vers tous les objectifs que l'établissement se serait fixé
06:48à travers des projets d'établissement par exemple, à travers des actions majeures qui peuvent donner du sens.
06:54Donc le chef d'établissement c'est le personnel clé, mais c'est aussi un personnel parmi les autres
07:00qui fait avancer toute une cohorte d'équipes au service des élèves et des familles.
07:05Il y a un truc qui vous fait bondir quand on vous dit « c'est comme ça, que voulez-vous, c'est le système » ?
07:09C'est ça le problème aujourd'hui, le système n'a pas évolué avec la société ? Pas assez en tout cas ?
07:15Il évolue, mais l'école n'a pas à être à la mode non plus, l'école ne doit pas être dans une mode
07:20et moi j'aime ramener l'expérience au sein de mon établissement qui est un lycée polyvalent
07:26avec une voie pro, une voie technologique, une voie industrielle avant,
07:29qui permet justement une convergence de tout ce que l'élève pourrait toucher et rencontrer
07:35pour pouvoir s'adapter au monde extérieur.
07:37Mais que se passe-t-il une fois qu'on a fermé la porte de mon établissement ?
07:42C'est ça que je raconte à travers ce livre sorti aux éditions Robert Laffont,
07:46permettant justement aux parents, aux élèves et aux personnes loin de l'école de savoir un peu ce qu'on y fait.
07:52Et chez moi on n'y fait que des belles choses, je vous invite vraiment à le voir,
07:56on y travaille l'art du verre, l'art du vitrail ancestral et on est passionnés.
08:01Et j'aime, j'aime à vous dire Amandine, que j'aime passionnément et doublement notre école.
08:06Moi ça se voit, je l'aime, je l'aime avec passion mais je l'aime concrètement aussi,
08:10d'où la voix pro qui n'est pas le low-cost de l'éducation nationale.
08:14Il faut qu'on le sache et qu'on y mette de l'argent et qu'on y mette du temps.
08:18Venez me voir !
08:19« Moi, Proviseur » c'est publié, vous le disiez, chez Robert Laffont.
08:22Merci beaucoup Maïtra Horé. Le livre sort le 10 octobre, ça sort jeudi.
08:26Moi, Proviseur, j'aimerais que nos élèves n'aient jamais peur, que nos professeurs n'aient jamais peur,
08:29que la nation, la République nous soutiennent pour qu'on n'ait jamais peur.
08:32Mais croyez-le, nous sommes debout, l'enthousiasme de Maïtra Horé,
08:36la Proviseure qui donne presque envie de retourner au lycée.
08:38Ah bah oui !

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