Affaire Philippine : Nous avons besoin de solution, pas de récupération ! Anne-Cecile Mailfert
Aujourd’hui, Anne-Cécile Mailfert souhaite revenir sur le viol et le meurtre de l’étudiante retrouvée Bois de Boulogne...
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:007h22, en toute subjectivité avec vous, bonjour Anne-Cécile Maïfert ! Re-bonjour !
00:12Aujourd'hui, vous souhaitiez revenir sur le viol et le meurtre de Philippine, cette étudiante retrouvée dans le bois de Boulogne.
00:19Philippine n'avait que 19 ans, elle avait la vie devant elle lorsqu'elle a pris ce chemin du bois de Boulogne.
00:23Vendredi dernier, elle sortait de son université et rentrait chez ses parents. Dans quelques heures, elle sera enterrée à Versailles dans la grande cathédrale.
00:29Philippine était une étudiante brillante, une catholique investie dans le scoutisme.
00:33Elle est morte asphyxiée après avoir été violée, morte parce qu'elle était une femme.
00:37Car il n'y a que les femmes qui peuvent craindre d'être tuées pour leur sexe.
00:40Il n'y a que les femmes qui toute leur vie gardent cette peur du viol.
00:43Philippine sera la 80ème femme à avoir été victime d'un féminicide cette année.
00:4877 sur 80 l'auraient été par un conjoint ou un ex.
00:52Et si on parle autant d'elle, c'est qu'elle est l'objet d'une récupération politique obscène.
00:56Alors dites-nous en plus, Anne-Cécile, sur cette récupération.
01:00Oui, il suffit que l'on apprenne que le suspect identifié est récidiviste marocain sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français
01:05pour que l'indifférence habituelle laisse place à une indignation opportuniste.
01:09Enfin un coupable idéal, un étranger.
01:12Et enfin une solution facile, expulser les violeurs. Et peu importe s'ils continuent de violer ou de tuer ailleurs.
01:17Sous couvert de vouloir éviter les viols, à droite comme à gauche, on s'engouffre dans ce débat pourtant miné
01:22et on propose des réformes sur les étrangers.
01:24S'il est urgent que la justice s'interroge sur ces manquements, si le coupable doit être jugé sévèrement,
01:30cet emballement raciste contraste avec le silence des politiques pour un autre viol qui s'écoule à France.
01:35Pour Gisèle Pellicot, malgré l'émotion populaire, pas de déclaration d'Emmanuel Macron et peu de mesures annoncées.
01:40Est-ce par respect, par gêne ou par désintérêt ?
01:42Toujours est-il qu'il faudra bien un jour entendre ce qu'on peut changer.
01:45Car les 52 mis en cause sont là, tous des hommes à nouveau.
01:48Là aussi des errements de la justice.
01:50Là aussi des manquements de la police.
01:52Là aussi la récidive.
01:53La preuve que la culture du viol, jusque dans le lit conjugal, existe en France.
01:57Qu'elle imbibe la masculinité et notre société.
01:59Qu'il faut s'y attaquer.
02:01C'est d'ailleurs toute l'hypocrisie de cette indignation à géographie variable
02:04qui feint d'oublier qu'aucune nationalité ne confère le droit de violer pour mieux mettre à mal nos sociétés.
02:09Que voulez-vous dire Anne-Cécile ?
02:11Depuis quelques jours, je vois fleurir depuis les réseaux d'extrême droite des messages d'appel à la violence raciste.
02:16Le dernier en date.
02:17Humilier, détruiser sans pitié ceux qui massacrent les français, c'est à notre tour de les terroriser.
02:23Cet été, c'est le Royaume-Uni qui s'embrasait suite à l'instrumentalisation de la tuerie atroce de trois petites filles
02:28par un jeune homme né en Grande-Bretagne de part en Rwanda.
02:31Pendant six jours, des quartiers saccagés, des mosquées brûlent et des personnes racisées blessées.
02:35A Mazan, à Londres ou au Bois de Boulogne, ce sont des hommes qui violent et tuent les femmes.
02:40La plupart sont des proches, nos amis, nos maris.
02:42Les féministes n'appellent à détruire personne.
02:45Mais au contraire, à adresser ce problème systémique pour une réponse politique globale.
02:49Pour Philippine, pour Gisèle, pour toutes les autres, nous avons besoin de solutions, pas de récupération.
02:55Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des Femmes et à vendredi prochain.