Michel Barnier juge la situation budgétaire «très grave»
Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h38, on est ensemble jusqu'à 14h, on va revenir chez nous maintenant parler de cette politique et de ce gouvernement qui traîne,
00:0713 jours après la nomination de Michel Barnier. L'hypothèse d'une hausse d'impôts agite le camp présidentiel.
00:13Michel Barnier avait évoqué une hausse des prélèvements au nom de la situation catastrophique des comptes publics, sa propre famille politique et Vendebou.
00:21Et le torchon brûle entre Michel Barnier et les macronistes depuis cette petite phrase, lâchée ce matin par Gérald Le Nermanin chez nos confères de France Télé.
00:29Il est hors de question que nous puissions rentrer dans un gouvernement ou que nous puissions soutenir à l'Assemblée Nationale,
00:34puisque je vais redevenir député, un gouvernement qui augmente les impôts.
00:38Quand on a fait la volonté de faire une union avec les Républicains, eux-mêmes, ils ont dit dans leur pacte républicain, pas d'augmentation d'impôts,
00:46aucune augmentation d'impôts et 25 milliards d'euros d'économies. Mais ça fait 7 ans que nous baissons les impôts.
00:50Nous avons redonné du pouvoir d'achat aux Français. On a supprimé des cotisations pour augmenter des salaires.
00:55On a baissé l'impôt sur les sociétés. On a supprimé l'ISF. Il ne faut absolument pas casser cette machine économique.
01:01Voilà, Gérald Le Nermanin ce matin chez nos confères de télé, matin, Jules Torres. Ça complique quand même la tâche de Michel Barnier.
01:06Le théâtre qu'on vit depuis le 7 juillet 2024 se poursuit. C'est-à-dire qu'on a un Gérald Le Nermanin, on le voit bien.
01:16En effet, Philippe l'a justement dit pendant qu'on l'entendait parler.
01:20Quand je vais revenir de député, c'est que finalement, Gérald Le Nermanin sait très bien qu'il ne sera pas au prochain gouvernement.
01:26Il a une menace de censure de la part du RN. Jordan Bardella a dit hier matin, s'il y a Éric Dupond-Moretti et Gérald Le Nermanin,
01:32si vous recyclez ces gens-là dans le gouvernement, on censurera. Donc évidemment, pour Michel Barnier, ça va devenir compliqué.
01:40Donc Gérald Le Nermanin, il balance une petite bombe au milieu de tout ça. Il le fait fuiter par des députés Renaissance qu'il a vus hier matin.
01:50Il le fait fuiter dans Le Parisien. C'est un journal sérieux où on ne va à mon avis pas démentir.
01:56Dans un autre journal, à mon avis, ça aurait pu être un petit peu différent.
02:00Finalement, ce que je vous disais, c'est que le théâtre se poursuit.
02:05La semaine dernière, Emmanuel Macron et Gabriel Attal disaient, face à des députés dans des cocktails d'adieu,
02:12on ne facilitera pas la tâche de Michel Barnier. Il peut compter sur nous, mais on ne va rien lui laisser passer.
02:18On voit bien que Gérald Le Nermanin, en bon ministre de la Macronie, poursuit la même chose.
02:24Et le théâtre se poursuit aussi, car on va voir dans quelles mesures les Républicains vont accepter ce que va proposer Michel Barnier.
02:33Est-ce qu'elle sera toujours ligne rouge dans une ou deux semaines ?
02:38Je ne sais pas. C'était écrit noir sur blanc dans le pacte législatif de Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau.
02:44Pas une seule augmentation d'impôt. C'était vraiment écrit noir sur blanc, en gras, en police 40.
02:51On verra si ce sera bien le cas et si l'appel du Marocain ministériel se fera,
02:57au dépend d'une augmentation des impôts. Rien n'est sûr aujourd'hui.
03:00La sortie de Gérald Le Nermanin intervient au moment où Gabriel Haddad devait rencontrer Michel Barnier ce matin,
03:07pour clarifier la ligne politique et parler de cette rumeur. Cette réunion, on en parlait tout à l'heure avec Arthur Delabande,
03:13a été reportée s'y nédier, en tout cas annulée ce matin, faute d'agenda officiellement.
03:18L'histoire, c'est qu'ils devaient venir à 3 et finalement ils étaient 8.
03:21Et finalement, ils ne sont pas venus.
03:24A zéro, ils sont venus.
03:26Pour prolonger ce que disait Jules, on assiste à un bras de fer entre Macronistes et Michel Barnier.
03:31Les Macronistes ont le sentiment, et vous l'avez dit à propos de Darmanin,
03:36qu'ils sont un peu les parents pauvres du futur gouvernement de Michel Barnier.
03:40Donc ils font monter, de façon un peu artificielle, une menace de hausse d'impôt,
03:45parce qu'on n'imagine quand même pas une seconde que Michel Barnier va nous augmenter de manière générale la TVA, la CSG, l'impôt sur le revenu.
03:52Franchement, il durerait deux jours à l'Assemblée nationale avec des mesures comme ça.
03:56En revanche, les Macronistes ont monté cette pression et Barnier, en réponse,
04:02fait aussi monter la pression en reportant la réunion dont vous venez de parler
04:06et en faisant un communiqué à l'AFP.
04:0810 minutes après.
04:09Une déclaration à l'AFP qui est quand même...
04:12Un peu molle.
04:13Ouais, enfin un peu molle, en expliquant que la situation budgétaire était très grave,
04:17donc ça veut dire que les précédécesseurs macronistes n'ont pas bien géré.
04:20Que je découvre, dit-il.
04:21Et en disant je découvre, j'ai demandé toutes les informations,
04:24ce qui au passage, pour l'anecdote, il a pour premier collaborateur,
04:29l'ancien directeur de cabinet Bruno Le Maire,
04:31donc sur la situation budgétaire, c'est l'homme le mieux informé de France.
04:34Donc Michel Barnier a toutes les informations qu'il faut.
04:37Nous ne nous racontons pas d'histoire.
04:38Donc tout ça est du bras de fer.
04:40Ce qui est inquiétant, c'est que ça sera arrivé au bout de deux jours après l'annulation de Barnier.
04:44Ok ? Là, ça fait 15 jours.
04:4713h-14h, Europe 1-13h.
04:49Avec Céline Giraud sur Europe 1 à 13h47.
04:52Vous êtes Céline avec vos deux chroniqueurs du jour,
04:54le chroniqueur politique Philippe Guibert et le journaliste politique au journal du dimanche, Jules Theresse.
04:59Et on continue à parler de cette rumeur autour de cette hausse d'impôts
05:02qui fait beaucoup parler, beaucoup réagir.
05:04On va écouter François Villeroy de Gallo, gouverneur de la Banque de France.
05:08Il était l'invité ce matin sur BFM TV.
05:10La bonne proportion, probablement,
05:12c'est que trois quarts de l'effort soit fait par des économies de dépenses.
05:16On ne peut probablement pas tout faire par les économies de dépenses.
05:19Même si c'est le remède prioritaire, j'y insiste,
05:22et exclure complètement les hausses d'impôts,
05:24je crois que ça n'est pas sage, ça n'est pas réaliste.
05:28Si on doit faire un effort fiscal,
05:30ça ferait de l'ordre de 5 milliards.
05:32Ce sera au futur gouvernement et au Parlement de l'apprécier.
05:36Et là, je crois qu'il serait très souhaitable de ne pas toucher aux classes moyennes et aux PME,
05:42parce que ça augmenterait le rattentisme ou l'incertitude dont nous parlions tout à l'heure.
05:47Par contre, il ne faut pas exclure un effort exceptionnel et raisonnable
05:51de certaines grandes entreprises ou de certains gros contribuables.
05:55Par exemple, tant qu'on n'est pas revenu sous les 3% de déficit.
05:58Ça peut être un effort temporaire.
06:00Voilà le gouverneur de la Banque de France.
06:02En gros, 5 milliards à trouver,
06:03trois quarts en baissant les dépenses publiques,
06:05un quart en augmentant les impôts.
06:06Oui, il dit en gros qu'il faut faire 10 milliards d'économies de dépenses
06:09et 5 milliards d'efforts fiscales.
06:13Bon, François Villegas de Gallo est un homme pondéré, modéré, compétent.
06:17C'était le directeur du cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy il y a 20 ans.
06:21Et il a eu une carrière entre le public et le privé
06:26qui en font un homme quand même raisonnable et pragmatique.
06:30Je pense qu'il a raison.
06:31Je pense qu'il a raison de dire
06:33on ne pourra pas trouver 20 milliards d'économies de dépenses publiques.
06:39On doit faire un effort, c'est indispensable.
06:41Mais que politiquement, symboliquement,
06:43de demander aux grosses entreprises ou aux grosses fortunes
06:47de faire un petit effort transitoire
06:49le temps de remettre nos finances publiques un peu à flot
06:52n'a rien d'aberrant
06:54et que les Français ne comprendraient peut-être pas
06:56qu'on leur demande des efforts
06:57sans que les plus riches, les plus grosses entreprises,
07:00les plus gros contribuables
07:01ne fassent pas un petit effort.
07:03Il y a une piste sérieuse aussi,
07:04on en a parlé dans le journal de 13h,
07:06c'est aussi de revoir le crédit à l'impôt
07:09concernant tout ce qui concerne l'emploi des personnes à domicile
07:12et on réduirait donc ce crédit d'impôt.
07:14Est-ce qu'il n'y a pas d'autre piste à trouver que celle-là ?
07:17Il y a évidemment d'autres pistes
07:18et je pense qu'il faut laisser du temps
07:20à Michel Barnier déjà de constituer son gouvernement.
07:22Le problème c'est que là, depuis deux jours,
07:23on débat un petit peu sur du vide.
07:25C'est-à-dire qu'on débat sur des propos
07:26rapportés de Michel Barnier,
07:27rapportés par Gérald Darmanin.
07:29D'ailleurs, oui, le matignon ne fait pas de démentis
07:32mais dit que c'est un petit peu plus complexe que ça,
07:35qu'on ne va pas faire des débats sur des spéculations.
07:37Donc je pense que le gouvernement proposera
07:39des choses au moment où c'est voulu,
07:42c'est-à-dire lors du discours de politique générale.
07:44En effet, les solutions du gouverneur de la Banque de France
07:47ne me paraissent pas ahurissantes.
07:49Ce n'est ni un gaucho, ni un libéral,
07:53monsieur De Gallo.
07:56Donc je pense que c'est quelque chose qui est entendable
07:59aujourd'hui par une majorité de Français
08:00mais je ne suis pas sûr que ce soit entendable
08:02par une majorité de la majorité.
08:04C'est-à-dire qu'en effet, quand on parle
08:06d'augmentation des impôts pour les gros contribuables
08:09et les fortunes et les grosses entreprises,
08:12c'est quelque chose qui va pouvoir plaire
08:14au Nouveau Front Populaire et au Royaume-Uni.
08:16Je ne suis pas sûr que ça fasse le plein
08:17au sein des Républicains et au sein de la Macronie.
08:19Le problème, c'est qu'aujourd'hui,
08:20la majorité de M. Barnier
08:22est composée de la Macronie et des Républicains.
08:24Donc proposer plus de justice fiscale
08:26va être très compliqué avec cette majorité.
08:28Alors, qu'en pensent nos auditeurs ?
08:29On a Christine qui est avec nous.
08:31Bonjour Christine.
08:32Bonjour Madame Giraud.
08:34Merci de nous appeler.
08:35Vous avez entendu, ils veulent justement
08:37toucher aux niches fiscales,
08:38notamment les emplois à domicile.
08:40Oui, alors moi je vais vous dire,
08:42je ne suis pas riche.
08:43Si j'ai une personne qui vient m'aider
08:45dans les tâches quotidiennes à la maison,
08:47enfin quotidiennes, une fois par semaine pardon,
08:49pour les tâches à la maison,
08:51c'est parce que je travaille déjà
08:53entre 60 et 65 heures par semaine,
08:55voire plus,
08:56que mon mari et moi,
08:58quand on peut se retrouver ensemble,
08:59ce n'est pas pour faire du ménage.
09:00J'ai 57 ans,
09:01donc je vais me donner
09:03un peu une qualité de vie
09:05quand je suis à la maison,
09:06et faire autre chose que
09:08la routine quotidienne,
09:10et que j'ai trouvé mon compte
09:11parce que je l'ai payé,
09:13elle était contente
09:14et que j'avais un peu une défiscalisation.
09:17Je vous ai dit,
09:18je ne suis pas quelqu'un de riche,
09:20c'est un luxe que je consomme.
09:23Donc si ça disparaissait,
09:24ce serait une catastrophe pour vous ?
09:26Ah ben ce n'est pas une catastrophe,
09:27c'est tout simplement
09:28que j'arrêterais de l'employer.
09:31J'ai l'emploi en ce moment
09:33trois heures par semaine,
09:34je ne pourrai plus.
09:36Et puis peut-être que
09:38je serai comme beaucoup de Français.
09:40Aujourd'hui c'est 50 %
09:42le crédit d'impôt.
09:44Ce serait un travail au gris.
09:46Peut-être pas au noir,
09:47parce qu'on prend des risques,
09:48mais du gris,
09:49comme beaucoup d'artisans.
09:50Christine, c'est 50 %
09:51de crédit d'impôt aujourd'hui,
09:53ça serait peut-être réduit,
09:54ça ne serait peut-être pas supprimé.
09:55Ce serait moins de 50 % en tout cas.
09:57Mais déjà les charges
09:58sont tellement importantes.
09:59Moi, je préférais lui donner
10:01le salaire beaucoup plus
10:03et payer beaucoup moins une charge.
10:04C'est déjà très important
10:05par rapport à son salaire.
10:07Oui, mais les charges
10:08et les retraites aussi.
10:11Il faut qu'on en parle,
10:12les retraites...
10:13C'est une femme de ménage,
10:14vous croyez qu'à 67 ans,
10:16elle va pouvoir encore faire du ménage ?
10:17C'est-à-dire qu'il faut être sérieux,
10:19c'est dur,
10:20c'est un métier difficile, etc.
10:22Merci Christine.
10:24C'est un sujet.
10:26Moi, je voulais vous dire,
10:27pourquoi on taxe pas les niches,
10:29ces niches des arts,
10:31ou les oeuvres d'art, etc. ?
10:33Il y a beaucoup de pistes, Christine,
10:35effectivement, qu'il faut évoquer
10:37pour faire des économies sur ce budget.
10:39Merci beaucoup, en tout cas à Christine,
10:41qui nous écoute dans le Pas-de-Calais.
10:42Merci beaucoup à Jules Le Taurès
10:43et à Phil Gibert.
10:44On va continuer à parler de ces éventuelles
10:46hausses d'impôts,
10:47une ligne rouge pour beaucoup de Français
10:49qui rêvent plutôt de mettre
10:50leur argent dans la pierre.
10:51Alors, bonjour Christophe Bordet.
10:53Bonjour Céline, bonjour à tous.
10:54Baromètre du promoteur Provisys
10:56avec Harris Interactive,
10:57que nous vous dévoilons sur Europe 1.
10:59Les Français non propriétaires
11:01espèrent à plus de 70%
11:03acheter un jour leur propre logement.
11:05Un souhait de plus en plus inaccessible,
11:07Christophe.
11:08Ben oui, pour beaucoup de Français,
11:09aujourd'hui, car le logement pèse
11:11de plus en plus lourd,
11:1230 à 40% du budget d'un ménage.
11:14L'étude montre que plus de 60%
11:16des personnes interrogées
11:18pensent que leur niveau de vie
11:19va se dégrader dans les prochains mois.
11:21Les Français de plus en plus inquiets.
11:23Yannick Borde, président de Procivice.
11:25Les gens sont un peu perdus.
11:26Les taux d'intérêt, ils se demandent
11:27si c'est maintenant qu'il faut y aller
11:28ou s'il faut attendre.
11:29Les prix ne baisseront pas de façon massive.
11:31Donc c'est vrai que
11:32quand on est sans temps de ça,
11:33ils sont un peu perdus.
11:34Est-ce que c'est le bon prix,
11:35pas le bon prix aujourd'hui ?
11:36Il faut aussi un contexte général
11:38plutôt apaisé,
11:39ce qui n'est quand même pas le cas en ce moment.
11:40Le contexte politique notamment
11:42et les incertitudes économiques,
11:44surtout après les on-dit,
11:46comme l'on dit justement à Matignon,
11:48sur d'éventuelles hausses d'impôts.
11:50Je pense qu'il ne faut surtout pas
11:51augmenter la fiscalité
11:52parce qu'on est déjà quand même,
11:53que ce soit les entreprises
11:54ou les particuliers,
11:55soumis à fortes contributions là-dessus.
11:57Et je pense que d'ailleurs
11:58dans l'impact budgétaire
11:59qui existe sur 2024,
12:01on est en août très en retard
12:03sur la TVA immobilière,
12:04ce qui est normal.
12:05Le nombre de logements en moins,
12:06sur les droits de mutation,
12:07sur tout un tas de choses
12:08à cette pointe-là.
12:09Effectivement, le logement pèse
12:10sur les finances publiques.
12:11Le ralentissement des ventes,
12:12c'est un trou de 8 milliards d'euros
12:15dans les caisses de l'État
12:16selon Bercy pour l'année 2024.
12:18Ça représente 200 000 logements
12:20qui ne sont pas sortis de terre.
12:22Copie à revoir donc en urgence
12:24quand on aura un nouveau gouvernement.
12:26Merci Christophe Bordet,
12:27spécialiste immobilier sur Europe 1.