Punchline - Violences contre les forces de l'ordre : les femmes de gendarmes toujours plus inquiètent
Aujourd'hui dans "Punchline", Mickaël Dorian et ses invités débattent du meurtre du gendarme Éric Comyn par un chauffard multirécidiviste dans les Alpes Maritimes. Face à la montée des violences contre les forces de l'ordre, l'angoisse gagne leur compagne.
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00:00On en parlait juste avant le rappel des titres, les mots d'Harmonie Comine, la veuve du gendarme
00:05tué en début de semaine lors d'un refus d'obtempérer à Mougins-la-France,
00:09a tué mon mari, des mots qui aujourd'hui raisonnent et inquiètent particulièrement
00:13les compagnes de policiers et de gendarmes dans notre pays.
00:16En Gironde, nous avons rencontré l'une d'entre elles qui nous partage son angoisse quotidienne.
00:22C'est un reportage de Jérôme Rampenoux et d'Augustin Donadieu.
00:26C'est une femme rongée par l'angoisse et l'inquiétude au quotidien qui nous accueille chez elle.
00:32Le mari de Nathalie est policier.
00:34Chaque jour, elle craint de ne pas le voir rentrer le soir.
00:37On a toujours cette appréhension de savoir ce qui va se passer,
00:42s'il va rentrer à la maison, très clairement.
00:45Nathalie a écouté très attentivement le discours de la veuve du gendarme tué à Mougins
00:50lors d'un refus d'obtempérer.
00:52Elle partage tous ses mots et sa colère.
00:55Je suis entièrement d'accord avec elle, c'est tout à fait ça.
00:58On a l'état qui est complètement désengagé face à nos forces de l'ordre,
01:03face à nos hommes et nos femmes qui nous protègent tous les jours.
01:10Face à ce constat, Nathalie et ses enfants se protègent au quotidien.
01:14On évite de dire qu'on vit avec un policier, on se protège aussi de plus en plus.
01:21Et nos enfants ne peuvent pas dire qu'ils sont enfants de policiers.
01:26Nathalie l'assure, son portable n'est jamais très loin d'elle.
01:29Plusieurs fois par jour, elle appelle son mari pour se rassurer
01:32et tenter de vivre normalement.
01:35L'inquiétude terrible de cette femme, Louis Dragnel,
01:39cette femme qui se dit que ce qui est arrivé à Eric Comine
01:42aurait pu arriver aussi à son mari.
01:44Enfin, je veux dire, aujourd'hui, les femmes de policiers, de gendarmes
01:48sont finalement exposées aux risques et peuvent, du jour au lendemain,
01:53se retrouver face à un drame comme celui-ci.
01:55C'est sûr, parce qu'il n'y a jamais eu autant de policiers, de gendarmes agressés
01:58parce qu'ils étaient gendarmes et policiers.
02:01Et donc, on peut comprendre, évidemment, la détresse de toutes ces épouses
02:05et de ces compagnes.
02:06Ensuite, la difficulté, c'est que pendant beaucoup d'années,
02:10la police était confrontée à un problème,
02:13c'est qu'il y avait beaucoup de gens qui détestaient la police,
02:15qui la connaissaient assez mal.
02:17Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a 90-95% de la population
02:20qui soutient massivement la police et la gendarmerie.
02:23Donc, ce soutien, ils l'ont.
02:24Il y a beaucoup de politiques qui, très régulièrement,
02:28apportent également leur soutien.
02:29Le problème, c'est qu'en fait, il n'y a que ce soutien
02:32qui compte aujourd'hui en France.
02:34Ensuite, quand il y a des lois qui sont votées
02:36pour sanctionner beaucoup plus durement les délinquants,
02:38quand il y a des lois qui sont votées pour expulser plus facilement
02:42des clandestins ou des personnes en situation irrégulière,
02:45quand il y a des lois qui veulent plus de fermeté,
02:47très souvent, les politiques qui sont les premiers
02:49à soutenir les policiers et les gendarmes,
02:50eh bien, s'opposent à ces lois.
02:52Et donc, ce que les policiers et les gendarmes demandent,
02:54ce que leurs épouses demandent également,
02:56c'est une réponse pénale beaucoup plus forte.
02:58Il faut que ce soutien soit cohérent dans toute la chaîne pénale.
03:01On ne peut pas, d'un côté, dire systématiquement
03:03« c'est terrible, ça n'aurait jamais dû se produire,
03:06ça n'aurait jamais dû arriver »,
03:08et de l'autre côté, voter des lois qui désarment les policiers
03:11ou alors voter des lois qui empêchent l'action des forces de l'ordre
03:15pour être plus efficaces.
03:16Véronique Jacquet, on parle souvent de la difficulté
03:18de recruter dans la police.
03:19On imagine que ce drame, et malheureusement,
03:21il n'est pas isolé, ne va pas aider.
03:23On dit souvent qu'il y a un refus d'obtempérer en France
03:26toutes les 20 secondes.
03:2820 minutes.
03:2920 minutes, pardon. C'est déjà énorme.
03:30C'est déjà beaucoup.
03:31C'est déjà énorme.
03:32Oui, mais alors, on en revient toujours à la même question.
03:37Quid de la citoyenneté ?
03:38Quid de la façon de vivre ensemble, d'une façon civilisée ?
03:42Enfin, quand vous êtes dans un refus d'obtempérer,
03:45c'est que vous avez quelque chose à vous reprocher
03:47ou que, de toute façon, par essence,
03:49vous ne respectez pas la personne qui est en face de vous.
03:51Donc, c'est déjà extrêmement grave.
03:53Enfin, moi, ça ne me viendrait même pas à l'idée
03:54de ne pas m'arrêter et de renverser un policier ou un gendarme
03:59et de renverser même la moindre autorité.
04:01Donc, on se rend compte quand même qu'on a beaucoup de gens
04:03sur notre sol, français ou non,
04:07qui ne respectent plus les règles essentielles
04:10qui font d'une civilisation.
04:12Alors, qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:14Là encore, on n'est pas ce qu'on dit, on est ce qu'on fait.
04:19Et on a trop de politiques qui ne sont que des commentateurs
04:23et pas des bâtisseurs.
04:24On a eu des gens, au sortir de la guerre,
04:26qui ont refait la France,
04:28dans le siège du général de Gaulle,
04:30quand il a fallu notamment remettre sur pied une constitution,
04:33la constitution de la Ve République.
04:34Mais là, on en arrive effectivement à la question
04:37de refaire notre pays.
04:39Dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy donne en exclusivité
04:42une interview où il pointe le fait que la France
04:45est au bord du précispice, risque de faillite...
04:48On va en parler dans un instant, Véronique, justement, de cette interview.
04:50Oui, mais ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas se contenter
04:54d'être dans le commentaire, on ne peut pas se contenter...
04:57Par exemple, il va y avoir un hommage national lundi
04:59pour ce gendarme, M. Comines.
05:02La République ne peut pas se draper dans des habits de douleur
05:05en disant plus jamais ça, oh là là.
05:07Alors justement, justement, je voudrais qu'on écoute
05:09la réaction ce matin de la députée Renaissance des Hauts-de-Seine,
05:11un mot de Bréjon qui était justement interrogé sur ce sujet,
05:14sur CNews et sur Europe 1.
05:16Elle répondait aux questions de Romain Désarbre.
05:18Écoutez.
05:19Comment ne pas la comprendre ?
05:20Ces mots, je crois, nous ont tous glacés.
05:22Cette situation nous a tous glacés.
05:25Je voudrais d'abord dire une chose.
05:26Ce qui s'est passé n'est pas un fait divers.
05:29Ce qui s'est passé est un fait de société
05:31qui doit tous profondément nous interroger.
05:35Je ne crois pas que ce soit la France qui a tué son mari.
05:38Je pense que c'est effectivement des décisions de justice
05:42qui sont parfois peut-être pas suffisamment fermes.
05:45Voilà, pour les mots de Bréjon ce matin sur CNews et sur Europe 1,
05:50députée Renaissance des Hauts-de-Seine, Amaury Brelet.
05:53Est-ce que ça vous fait réagir ?
05:54Oui, une réponse judiciaire qui n'est pas suffisamment ferme.
05:56C'est le fameux slogan du syndicat de police Alliance.
05:59Le problème de la police, c'est la justice.
06:01Il y a un laxisme judiciaire aujourd'hui
06:04contre lequel, malheureusement,
06:05les policiers et les Français sont victimes, en règle générale.
06:10C'est la partie émergée de l'iceberg,
06:12les violences dont sont victimes les policiers et 15 000 blessés l'an passé.
06:17Vous avez une véritable profession sinistrée depuis des années,
06:23qui traverse un malaise profond.
06:24Vous avez un record de burn-out, de dépression.
06:27Vous avez un taux de suicide qui est de 30 % supérieur à la moyenne nationale.
06:32Vous avez une crise d'évocation.
06:33Vous avez de plus en plus de difficultés à recruter,
06:36notamment dans la filière de l'investigation.
06:38Vous avez de plus en plus de policiers,
06:39c'est un phénomène inquiétant et relativement récent,
06:42qui font le choix terrible de démissionner,
06:44de quitter le métier qu'ils ont choisi, souvent d'ailleurs par vocation.
06:48C'est un véritable malaise que traversent ces policiers depuis des années,
06:52auquel a essayé de répondre Gérald Darmanin
06:55en allouant des milliards de fonds supplémentaires.
06:59Et ça a fait beaucoup bien.
07:00Malheureusement, il faut une réponse pénale
07:03qui puisse à la fois protéger les policiers
07:05et protéger les Français en règle générale.