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00:00On va continuer de parler de cette incursion ukrainienne en territoire russe avec notre invité. Bonjour Jérôme Pélistrandi.
00:07Bonjour.
00:08Merci à vous d'être avec nous ce midi sur France 24. Vous êtes ancien général, directeur de la revue Défense nationale.
00:14Première question avec vous. On a l'impression que la Russie est comme prise par surprise et qu'elle a les plus grandes difficultés
00:20à réagir à cette incursion ukrainienne.
00:23Oui, et le paradoxe est que ce n'est pas la première fois depuis le lancement de l'opération spéciale militaire de Vladimir Poutine le 24 février 2022.
00:31Une fois de plus, les Russes se retrouvent pris en quelque sorte à leur propre piège.
00:37Et là, cette fois-ci, ça se passe sur le territoire russe avec une incursion militaire ukrainienne efficace et donc qui est très déstabilisante
00:45pour, bien sûr, le commandement militaire russe, mais aussi pour Vladimir Poutine qui se présente comme étant l'homme de la stabilité
00:51et donc pour lui, c'est une nouvelle humiliation.
00:56Pourquoi cette offensive ukrainienne ? Quel est le but stratégique recherché par les Ukrainiens ?
01:01C'est symbolique ou il y a une vraie volonté stratégique derrière ?
01:07Alors il y a derrière une volonté stratégique. Maintenant, ce que l'on ne connaît pas officiellement, ce sont les objectifs finaux recherchés,
01:16c'est-à-dire est-ce que, par exemple, il s'agit de poursuivre cette offensive dans la profondeur, on a parlé de 10 kilomètres,
01:23faut-il aller jusqu'à une centrale nucléaire qui a environ 35 kilomètres, voire aller jusqu'à la grande ville de Kours,
01:29ou s'agit-il en quelque sorte d'une opération brutale et puis après avec un retrait ?
01:34Une chose est sûre, c'est que cela oblige les Russes à renforcer le front, ce front-là,
01:41et en particulier peut-être à dégarnir le front du Donbass, où là les Ukrainiens sont sur la défensive et en difficulté.
01:48En tout état de cause, on voit bien qu'il y a une forme d'accélération depuis quelques jours de ce qui se passe sur le terrain,
01:55mais il ne faut pas également l'oublier, tout cela se passe après un printemps qui a été très difficile pour les Ukrainiens,
02:03et donc cette offensive est aussi quelque chose qui est bon pour le moral de l'opinion publique ukrainienne.
02:08Oui, c'est ce que j'allais vous poser comme question. L'idée, c'est aussi de reprendre de la confiance d'une certaine manière
02:13après l'échec notamment de la grande contre-offensive de l'été dernier.
02:18Oui, donc échec de la contre-offensive de l'été dernier, comme vous l'avez rappelé, avec un printemps qui était très compliqué,
02:25avec d'abord l'aide américaine qui avait été suspendue. Il y a eu la crise en quelque sorte des munitions,
02:30notamment des munitions d'artillerie au printemps, où les canons ukrainiens, il n'y avait pas suffisamment de quoi tirer.
02:37Et donc les Russes en ont profité. Il ne faut pas oublier bien sûr que les Russes ont continué à bombarder les villes,
02:44les zones résidentielles, les installations de production électrique, et donc le moral ukrainien était fortement entamé.
02:51Mais là, en quelques heures, depuis quelques semaines, il y a plutôt des bonnes nouvelles.
02:54D'abord, les munitions occidentales arrivent, donc ça permet de rééquilibrer un peu sur la ligne du front.
03:02Il y a eu l'arrivée des premiers avions de combat F-16, même si cela ne va pas changer radicalement dans les semaines à venir.
03:09Et puis cette offensive. Donc pour les Ukrainiens, c'est une période qui est importante et qui leur permet de reprendre espoir
03:16après un printemps très difficile.
03:18— Et on a aussi observé une forme de silence des autorités ukrainiennes, et notamment du président Zelensky,
03:25qui lui l'a déclaré juste avant votre intervention. C'était que l'idée, c'est que la Russie ressente les effets de la guerre
03:30sur son propre territoire. Il reste assez flou, quand même, sur la vraie finalité de cette contre-offensive.
03:39— Oui, c'est logique. Il faut bien penser que c'est un état de guerre. Et donc il s'agit pour les Ukrainiens de faire preuve
03:48finalement d'une discrétion, la plus grande discrétion sur les objectifs recherchés, et pour cela introduire en quelque sorte
03:57un doute chez l'adversaire, chez les Russes. C'est-à-dire que est-ce que l'objectif des Ukrainiens, c'est de conserver
04:03ces kilomètres carrés sur le territoire russe ? Est-ce que l'objectif, c'est de poursuivre donc cette incertitude stratégique,
04:08bien sûr, et les logiques du côté ukrainien ? Et il est fort probable qu'on n'aura pas d'informations très précises
04:15sur les objectifs à venir dans les jours à venir.
04:17— Est-ce qu'on pourrait assister à une forme de représailles de la part des Russes ?
04:22— Oui. Alors ça, de toute façon, les Russes vont continuer leur politique de bombardement. On l'a encore vu ce matin
04:28avec un supermarché qui était touché. Mais ça, je dirais qu'hélas, c'est valable depuis le 24 février. Les Russes n'ont aucun état d'âme
04:36à tirer des missiles, des drones vers les zones résidentielles et donc vers les infrastructures électriques.
04:44Et ils vont vraisemblablement poursuivre ce harcèlement parce qu'ils n'arrivent pas en fait à trouver la solution tactique
04:51sur la ligne de front. — Un dernier mot avec vous sur le ressenti de la population russe. On a voulu d'abord minorer
04:58cette offensive ukrainienne côté russe en disant finalement qu'il n'y a pas vraiment de danger. Et puis après, on évacue
05:05quasiment plusieurs dizaines de milliers de personnes de la région. Est-ce que ça peut jouer sur le moral de la population russe
05:11et mettre la pression sur le Kremlin ? — Alors oui, ça met la pression sur le Kremlin, sachant que vous l'avez,
05:19depuis de très nombreuses reprises, souligné dans vos émissions. La propagande russe est totalement intense et qu'il n'y a pas
05:25d'opposition en quelque sorte. Mais ça traîne une désorganisation, une forme de panique, on va dire, à la fois du commandement
05:31et du côté politique chez Vladimir Poutine parce qu'il n'arrive pas finalement à trouver la solution. Donc il va falloir en quelque sorte
05:38passer pour la victime. Ça va être le discours du Kremlin en disant que l'Ukraine agresse et que derrière, ce sont bien sûr
05:45les Alliés, les Américains, l'OTAN. Et donc pour essayer de trouver un biais pour une population qui, elle, ne s'attendait pas du tout
05:54à ce type d'événement. — Et ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup, général Jérôme Pellistrondi, d'avoir répondu à nos questions
06:01ce midi sur France 24.