Morgane Suquart, la cavalière mystère des JO : “J’ai trouvé ça grandiose, c’était un truc de malade”

  • le mois dernier
Un cheval d’argent qui galope en plein milieu de la Seine… L’image a été l’un des moments forts de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, un instant féérique qui a mis des paillettes dans les yeux de millions de spectateurs. Pour Yahoo, Morgane Suquart qui se cachait derrière le masque et l’armure, s’est confiée sur ce moment sans précédent, revenant notamment sur la genèse du projet, sur ses doutes et sur les moments de joie ressentis.

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00:00Comment a-t-il commencé l'appel d'un co-enseignant de l'association L'Appel ?
00:09Tout a commencé au mois de juillet 2023,
00:13où le co-enseignant de mon associé L'Appel, pour lui dire qu'il a un projet,
00:19c'est de transporter une masse entre 500 et 1 tonne entre 25 et 30 km heure.
00:26La date est incompressible, c'est pour le 26 juillet.
00:31Donc nous on se dit, qu'est-ce qu'il y a le 26 juillet 2024 ?
00:35C'est la cérémonie des Jeux, donc on commence à se connaître en signant un accord de confidentialité.
00:42On fait cette étude de faisabilité, on rend notre projet, l'étude, mi-janvier.
00:48Le travail de fabrication a commencé dans un gros, gros sprint,
00:53où on a dû tripler notre équipe, on a dû travailler en 3-8,
01:00donc une organisation très, très intense pour nous, c'est un process.
01:05Et là on est fin juin, pour les essais qui vont du coup en situation réelle.
01:12Alors les premiers essais, on va les faire avec un faux cheval,
01:16tout se passe on va dire très, très bien.
01:20Et du coup, le dernier week-end de juin,
01:24l'atelier Blum arrive un soir un petit peu tard à nos ateliers.
01:31On a un petit peu de frustration parce qu'on ne voit pas encore le cheval,
01:34il est dans sa bâche noire et tout, donc on essaie de l'imager.
01:39Donc là on revient le lendemain matin et ils ouvrent la bâche,
01:44et là on se fait « ouah, quel travail qui a été fourni ! ».
01:48Ce soir je me dis plutôt quelle chance je vais avoir de pouvoir monter cette machine-là,
01:55c'est vraiment beaucoup, beaucoup de fierté pour moi.
01:58Je me dis, en gros, il faut que j'en profite, ça ne va m'arriver qu'une seule fois dans ma vie.
02:03Et du coup, il ne faut vraiment que je prenne que du plaisir,
02:07et que je n'ai pas de regrets, à être stressée,
02:10à ne pas avoir pu tout voir de cette cérémonie.
02:13Du coup, lundi, avant les essais officiels, on fait un essai avec le vrai cheval.
02:21Moi je monte dessus et je me dis « mais les gars, vous avez vraiment fait un beau travail,
02:26je suis vraiment bien dessus, allez, on largue les amarres,
02:30et on met le cheval en route, et on va faire un tour de bateau ».
02:34Du coup, le bateau a un moteur électrique de 130 chevaux.
02:40La manette des gaz est vraiment devant moi, juste devant moi,
02:45en plein milieu, pour qu'elle ne se voie pas lors de la cérémonie sur les images.
02:51Le 12 juillet, le bateau part à Paris,
02:56et dans la nuit du 21 au 22, on commence les essais.
03:01Alors ces essais étaient un peu stressants,
03:03parce qu'en fait, le préfet nous validait ou pas le projet, se donnait le droit de le refuser.
03:10Les essais devaient durer jusqu'à 5h du matin,
03:13et à 2h30, ils nous disent « c'est bon, le bateau est validé ».
03:17Du 23 au 24, on fait la vraie répétition.
03:21Je ne vois pas trop sur les côtés.
03:24J'ai du coup un madec qui me dit « va à droite, va à gauche,
03:30mets-toi bien au milieu ».
03:32Le 26 juillet, là ça sera juste magique, il faut vraiment qu'on profite.
03:40Ça n'arrivera qu'une seule fois.
03:42Madec, mon associé, il est sur un Zodiac à côté pendant la phase d'attente.
03:49Je l'entends à l'oreiller, je l'entends en réel.
03:53Du coup, moi ça me rassure vachement.
03:56On est marié-femme, c'est vraiment une très belle relation.
04:00On a vraiment confiance à 1000% l'un dans l'autre.
04:04Lui, c'était vraiment mes yeux à ce moment-là.
04:06On n'a pas eu un décompte, on a vraiment mis le go.
04:10Et du coup, à ce moment-là, il me lâche et là je pars.
04:15En fait, moi je vois vraiment le minimum.
04:19C'est-à-dire que j'ai un spot qui m'éblouit.
04:22Je ne peux pas savoir où le bateau va passer.
04:25Donc là, je regarde le plus loin possible et je regarde le Zodiac de devant,
04:32qui lui a une lumière et je vois sa trajectoire.
04:35Mais c'est sûr que c'était vraiment la partie qui me faisait très, très peur.
04:39J'avais vraiment une grosse émotion, les poils qui serrissaient,
04:43un petit peu les larmes aux yeux qui arrivaient.
04:46Et en fait, j'entends les premiers applaudissements du public.
04:51Et là, je trouve ça grandiose et je me sens transportée par ce public.
04:58Je sentais leurs applaudissements avancer avec moi, les cris avancer avec moi.
05:04Un truc très, très régulier, avec une musique très poignante.
05:08Et là, on se dit, mais c'est un truc de malade mental.
05:12J'avais conscience qu'il y avait plus d'un milliard de personnes qui me regardaient.
05:16Mais pour moi, en fait, je voulais vraiment pas décevoir les gens qui avaient travaillé sur le projet.
05:21Et du coup, c'était le seul hommage que je pouvais leur rendre.
05:25Du coup, on m'a longtemps appelé la cavalière Mystère.
05:30Et franchement, c'était un surnom que j'aimais beaucoup.
05:33J'aurais vraiment préféré rester dans cet anonymat et qu'on parle plutôt du travail effectué
05:41pendant le projet, du bateau, du cheval, qu'on mette les projecteurs sur moi-même.
05:48On devient un peu de la magie parce que les gens n'auraient pas eu cette réponse-là
05:52et seraient restés avec un suspense.

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