Les JO de 1924 à Paris, c’était comment ?

  • il y a 4 mois
Un documentaire signé Marie-Laurence Rincé dévoile des images inédites de la compétition et révèle que les critiques fusaient déjà sur le prix des places ou les problèmes de transport. A voir sur Public Sénat.

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Transcription
00:00Votre invitée média Céline Baydercourt propose demain soir sur la chaîne Public Sénat
00:04un excellent documentaire sur les Jeux Olympiques de Paris.
00:07Alors pas ceux qui arrivent cet été, mais ceux de 1924
00:11et on se rend compte qu'il y avait à l'époque les mêmes critiques qu'aujourd'hui.
00:14Bonjour Marie-Laurence Rincé.
00:15Bonjour Céline.
00:16C'est un film uniquement constitué d'archives, donc en noir et blanc,
00:19et il est extrêmement précieux car c'est la première fois que des JO sont entièrement filmées
00:24mais je crois que la plupart des images sont inédites, on ne les a jamais vues.
00:28Absolument oui, on a travaillé main dans la main avec Gaumont Pathé Archives
00:32qui a un stock d'images qui est assez impressionnant puisqu'ils ont 15 000 heures de rush au total
00:37et donc sur ces 15 000, ils nous en ont confié 50.
00:40Et avec la monteuse Marie Deschamps, on a fait un vrai travail de fourmi
00:45pour sélectionner les meilleurs moments, les meilleurs extraits
00:48et c'est vrai que c'était aussi un régal parce qu'on découvre quand même
00:51en delà des épreuves sportives, on découvre aussi des images tout à fait fascinantes sur Paris
00:56qu'on n'a jamais vues. Le téléspectateur va découvrir qu'à Paris, en 1924,
01:00on faisait déjà de la trottinette.
01:02Oui, il y a l'ancêtre de la trottinette.
01:04Ce n'était pas la trottinette électrique mais il y avait déjà une trottinette
01:07qui ressemble vraiment à celle qu'on croise dans Paris aujourd'hui.
01:11Et on se baignait dans la scène.
01:12Absolument, c'était un privilège de l'époque, on pouvait se baigner dans la scène.
01:16Ces jeux n'ont pas été diffusés à la télévision, on est bien d'accord.
01:19Non, pas du tout, ils ont été filmés déjà par des opérateurs Pathé-Gaumont.
01:23À l'époque, on diffusait des actualités au cinéma.
01:26Mais ce qui est nouveau aussi pour ces jeux, c'est qu'il y a une société
01:31qui va filmer et qui va diffuser, qui va être une sorte de pool en fait,
01:34comme ça se passe aujourd'hui, et qui va diffuser ces images dans le monde entier.
01:38Il y a déjà eu des jeux avant 1924 à Paris ? On les a un petit peu oubliés ?
01:42C'est en 1900. Pourquoi on ne s'en souvient pas ?
01:44On ne s'en souvient pas parce que la même année, en 1900,
01:47il y avait une exposition universelle et qu'elle a éclipsé totalement les jeux.
01:51Et d'ailleurs, Pierre de Courbertin, avec 1924, a un petit peu envie de prendre sa revanche.
01:56Il n'a pas eu l'heure de gloire avec ses jeux de 1900.
02:00Et donc, il va se battre parce qu'à l'époque, en 1924, il y avait déjà Los Angeles sur les rangs,
02:05Amsterdam, et finalement, c'est Paris qui va décrocher les jeux.
02:08Alors, le contexte de 1924, évidemment, il est différent de celui d'aujourd'hui.
02:12On sortait de la guerre, la France était en pleine reconstruction, rien à voir avec aujourd'hui.
02:16Mais il y a tout de même plein de points communs entre ces deux JO parisiens.
02:20Et d'abord, la volonté du gouvernement français d'en faire un événement spectaculaire.
02:24Ça, déjà en 1924, il y avait cette envie.
02:27Oui, parce que justement, on est dans une période un peu difficile où c'est la reconstruction.
02:31Donc, on veut aussi redonner un petit peu du baume au cœur aux Parisiens et à la France entière.
02:36Et puis, il faut montrer que la France est une vraie nation sportive, une grande nation.
02:41Donc, on va essayer de mettre les moyens.
02:43Après, on ne va pas forcément avoir le financement pour le faire.
02:46Au départ, on veut construire un très grand stade.
02:48Et au final, le stade de Colombes qui va être aménagé pour l'événement n'est pas aussi majestueux qu'on l'imaginait.
02:55Parce que c'est une époque aussi où l'État est très endetté, a dû s'endetter pour la reconstruction.
03:00Et donc, la mairie de Paris aussi n'a pas forcément les moyens de mettre beaucoup d'argent dans ce stade.
03:06Donc, il va falloir faire un minima.
03:08Et on retrouve les mêmes débats qu'en 1924.
03:10En 2004, je suis complètement perdue dans les années.
03:13Donc, 1924-2024, même débat sur le financement, le logement, les transports, les équipements, le prix des places.
03:20Les comparaisons que vous faites sont frappantes.
03:22Oui, absolument.
03:23Le prix des places notamment.
03:24Certains journaux s'étonnent de voir des places varier entre 2 francs et 50 francs.
03:28Ce qui fait à peu près 200 euros ou 5 000 euros, entre 200 et 5 000 euros aujourd'hui.
03:33Et d'ailleurs, c'est assez savoureux parce que j'ai réalisé il y a quelques jours que Gaston Doumergue qui proclame l'ouverture des Jeux,
03:42c'est un président qui a été élu seulement 3 semaines plus tôt parce que le prédécesseur a démissionné à la suite d'élections législatives qui lui étaient défavorables.
03:52Toutes ressemblances, etc.
03:54Ça ne manque pas de sel, je crois.
03:56Vous parliez de ces images d'archives de Pathé et de Gaumont.
03:59On parle d'images. Est-ce qu'il y a du son ? Est-ce qu'il y a des témoignages sonores ? Ou est-ce qu'à l'époque, c'était uniquement de l'image ?
04:04Alors, à l'époque, ce n'était que de l'image.
04:06On a quand même utilisé quelques sonores, un commentateur.
04:10À l'époque, les Jeux sont commentés en direct à la radio.
04:14Donc, on a utilisé ce son-là et un commentateur radio qui s'appelle Edmond de Horter.
04:18Et on a aussi utilisé un extrait sonore de Pierre de Coubertin parce que l'occasion était trop belle.
04:24On va l'écouter. On va voir pourquoi il y avait si peu de femmes finalement qui étaient participantes au JO 1924.
04:33Je n'approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics,
04:39ce qui ne signifie nullement qu'elles doivent s'abstenir de pratiquer un grand nombre de sports, mais sans se donner en spectacle.
04:48Aux Jeux Olympiques, leur rôle devrait être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs.
04:56On doit conclure que le véritable héros olympique est à mes yeux l'adulte mâle individuel.
05:03C'est la misogynie de l'époque.
05:05Oui, il faut le remettre dans son contexte.
05:07Ça n'excuse en rien ses propos, mais il n'était pas tout seul dans le documentaire.
05:11On cite aussi un article du Figaro où les propos sur les femmes et sur les femmes qui courent sur des épreuves d'athlétisme sont aussi assez savoureux.
05:19C'est vrai que cette année-là, il n'y avait que 135 femmes sur plus de 3 000 athlètes.
05:244% seulement.
05:26Et en plus, limiter à des sports dits féminins, c'est-à-dire pas trop violents.
05:31Il faut vraiment préserver leur fécondité, leur féminité.
05:34Elles peuvent faire du tennis, de l'escrime, éventuellement de la natation, mais surtout pas de 100 mètres ou de 800 mètres.
05:40Qui sont les athlètes français stars de l'époque ?
05:43Il y a surtout Roger Ducré, qui est un escrimeur français qui a beaucoup fait parler.
05:49C'est lui qui a remporté à lui seul 5 des 38 médailles françaises et qui a cette particularité qu'il est à la fois sportif, il participe aux épreuves et il va les commenter.
05:59C'est assez rigolo. Il va écrire tous les soirs ses articles pour la presse.
06:03Parmi les Français, c'est quand même celui qui a tiré les lumières et les projecteurs sur lui.
06:09Et dans les étrangers ? Il y a Tarzan ?
06:11Il y a Tarzan.
06:12Celui qui va devenir Tarzan.
06:13Johnny Weissmuller, exactement, qui est le nageur le plus rapide du monde à l'époque.
06:18Et puis il faut citer aussi Pavo Nurmi, qui est presque un extraterrestre, qui va faire deux courses en une après-midi.
06:25Et dans les deux courses, il va remporter une médaille d'or.
06:27Un Finlandais ?
06:28Un Finlandais, oui absolument.
06:29Il y a une énorme... Alors oui, on me souffle évidemment. Oui, il y a Suzanne Langlène aussi, mais alors elle va être forfaite très vite.
06:35Elle est forfaite dès le premier tour. Suzanne Langlène, qui est la star de cette période,
06:41ne pourra pas participer. Ce sera un petit peu la déception de ces Jeux.
06:45Il y a une énorme polémique pendant ces Jeux, c'est lors de l'épreuve de Cross Country, une course de 10 km sur un terrain accidenté.
06:51Racontez-nous ce qui s'est passé, Marie-Laurence Rincé.
06:53En fait, cet été-là, il a fait très chaud à Paris.
06:56Et donc cette course, qui est de 10 km sur un terrain accidenté, comme vous le dites, a lieu en tout début d'après-midi.
07:03Et donc j'ai lu dans les rapports que la température est autour de 45 degrés, et même sur une partie du tracé, elle monte jusqu'à 60 degrés.
07:11Déjà la canicule.
07:13Déjà la canicule. Et donc la moitié des joueurs ne vont pas terminer la course, vont s'écrouler au fur et à mesure.
07:18Les secours ne savent pas où donner de la tête, tellement il y a d'athlètes qui se sentent mal, qui sont pris de malades.
07:25Les images sont spectaculaires, on les voit tituber puis tomber au bout d'un moment.
07:28Merci beaucoup Marie-Laurence Rincé, il est formidable ce documentaire, je le conseille à tout le monde.
07:32Et merci Céline Baydercourt, le documentaire 1924, le pari des Jeux Olympiques sera diffusé demain à 21h sur Public Sénat.

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