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  • 27/05/2024
La journaliste Virginie Cresci publie "Le prix des larmes : le coût caché des violences sexuelles" aux éditions Grasset. Pour ELLE, elle revient notamment sur les coûts en matière de soins pour les victimes de violences sexuelles.

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Transcription
00:00 Aujourd'hui, si vous faites renverser au passage piéton par un chauffard,
00:04 vous serez pris en charge.
00:05 Si vous êtes agressé sexuellement, dans la même rue,
00:08 et bien là, c'est vous qui allez payer.
00:10 Au début, c'était une question qui était purement personnelle.
00:20 J'étais submergée par les dépenses, notamment de santé et de justice
00:25 liées au violence sexuelle que j'ai subie.
00:27 Je vivais ça comme une profonde injustice.
00:30 Ça provoquait énormément de colère chez moi.
00:33 J'ai commencé à enquêter sur le sujet et effectivement,
00:35 je me suis rendue compte que c'était un sujet d'une ampleur tellement grande
00:38 qu'en fait, on n'en parlait pas.
00:40 J'ai d'abord commencé, c'était il y a presque deux ans et demi,
00:42 par faire des entretiens d'abord très très longs avec des victimes
00:47 pour justement leur demander combien ça vous a coûté
00:49 et à chaque fois faire les postes de coût dans le détail.
00:52 Et là, je me suis aperçue que les coûts étaient extrêmement énormes,
00:57 faramineux, très différents par moments d'une personne à l'autre.
01:01 Le premier poste de coût, c'est la santé.
01:03 C'est les conséquences psychotraumatiques des violences sexuelles.
01:07 Donc, il y a plusieurs cas de figure.
01:09 Il y a des personnes qui ont fait tout un cheminement
01:12 et qui arrivent à un stade de leur vie où elles décident de soigner ces conséquences.
01:18 Et quand on fait ce choix, il faut savoir que le parcours de soins, il est payant.
01:22 Il n'est pas remboursé.
01:23 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si vous vous faites renverser
01:26 au passage piéton par un chauffard, donc c'est un délit,
01:30 vous serez pris en charge par la Solidarité Nationale.
01:33 Si vous êtes agressé sexuellement dans la même rue,
01:36 et bien là, c'est vous qui allez payer.
01:38 Donc ça, c'est d'abord une profonde injustice et la conséquence de ça,
01:41 c'est que la plupart des gens n'ont tout simplement pas les moyens de payer des soins.
01:46 Est-ce que vous avez les moyens de payer 50, 70 euros de psy par semaine ?
01:52 Est-ce que vous avez les moyens d'investir 10 000 euros dans une procédure judiciaire
01:57 quand déjà vous n'arrivez pas à joindre les deux bouts ?
01:59 Non seulement vous avez été victime d'un crime qui n'est pas reconnu par la société,
02:03 non seulement ce crime vous a abîmé, a abîmé votre santé,
02:07 et en plus de ça, il vous appauvrit et il vous précarise.
02:10 Et moi aujourd'hui, je me fais la porte-voix de ce sujet
02:13 parce que j'ai un parcours qui m'a permis d'accéder à la réparation.
02:18 Le problème aujourd'hui, c'est que la vie des victimes de violences sexuelles,
02:23 elle est complètement mise entre les mains du hasard et de la chance.
02:27 En premier lieu, je voudrais m'adresser aux victimes en leur disant
02:30 "ce n'est pas votre faute, c'est tout à fait normal que vous soyez submergé financièrement
02:35 par ces dépenses et c'est une injustice que vous vivez".
02:38 Avec ce livre, je donne quelques pistes, notamment sur les parcours de soins,
02:41 notamment sur les structures qui existent de prise en charge,
02:46 pour essayer d'orienter les victimes.
02:47 Deuxièmement, je m'adresse au pouvoir public.
02:50 Pourquoi ? Cette question du coût, cette question du budget,
02:54 cette question du soin n'est pas dans le débat public.
02:58 Pourquoi on ne la pose pas ?
02:59 Parce que l'argent, c'est un tabou dans notre société,
03:02 et les violences sexuelles, c'est un tabou.
03:03 Donc quand on met les deux ensemble, il y a une omerta totale
03:05 et je pense qu'il est temps de briser cette omerta.
03:08 [Musique]

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