• il y a 6 mois
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 Et justement on reste dans le domaine du sport. Notre invitée aujourd'hui est une athlète au destin extraordinaire. Bonjour Anaïs Kemener.
00:07 Bonjour.
00:08 Vous publiez "Tout ce que je voulais c'était courir" édition Flammarion. Vous avez 33 ans, vous racontez tout ça dans ce livre.
00:17 Vous avez 33 ans, vous êtes aide-soignante la nuit en bolle de parisienne et en même temps vous êtes l'une des meilleures marathoniennes françaises.
00:22 Vous avez d'ailleurs obtenu le titre de championne de France de marathon en 2016 et ce qui a marqué votre carrière de sportive c'est la maladie.
00:30 Vous avez été diagnostiquée à 24 ans d'un cancer du sein, stade 3. Est-ce que ça a mis un coup d'arrêt forcément à votre pratique sportive qui était déjà très intense à ce moment-là ?
00:40 Oui bien sûr. En fait il a fallu adapter ma pratique sportive donc pour moi c'était pas du tout une option d'arrêter le sport.
00:45 J'étais un peu obligée de continuer parce que c'est réellement ce qui me faisait du bien.
00:50 Mais au moment du diagnostic c'est la première chose à laquelle vous avez pensé ?
00:53 Oui.
00:54 "J'ai une compétition, comment je vais faire ?"
00:55 Exactement. J'ai tout de suite mis le haut là auprès de mon médecin en lui disant "Ok, je vais commencer les traitements mais moi j'ai besoin de courir donc il va falloir m'accompagner parce que je vais avoir besoin de vous".
01:06 Et il vous a suivi ?
01:07 Il m'a bien suivi.
01:08 Alors que peut-être c'était en contradiction de certaines préconisations médicales ?
01:13 C'était un peu en contradiction. C'est-à-dire que je pouvais continuer à courir, à m'entraîner tous les jours mais il n'était pas vraiment pour que je continue à faire des compétitions.
01:20 Et le problème c'est que moi j'avais besoin de me dépasser à l'entraînement.
01:23 Et dans quelle mesure justement le sport a participé à votre thérapie ?
01:27 En fait ça m'a permis de me sentir comme tout le monde. Donc c'était une heure de temps par exemple dans ma journée où je ne pouvais plus travailler puisque je n'avais plus de défense immunitaire à cause de la chimio.
01:35 Mais vraiment pendant une heure de temps j'allais courir avec les copains, les copines, j'étais avec mon club ou mes proches et je ne me sentais pas malade.
01:41 Et est-ce que ça vous a permis aussi de garder quelque part ce contrôle, maîtrise de votre corps alors qu'il était affaibli par la maladie à ce moment-là ?
01:49 Bien sûr oui. J'ai adapté totalement les traitements mais c'est vrai que ça m'a permis de garder ce contrôle et de me sentir vivante.
01:55 Alors malgré la maladie vous êtes revenue au top niveau. Vous avez d'ailleurs battu votre record personnel sur le marathon de Séville. 2h2843, c'est ça ? 43 secondes.
02:05 C'est-à-dire 17 km/h de vitesse moyenne, c'est assez impressionnant. Comment ça s'est passé votre retour au top niveau ?
02:11 Alors bizarrement je pense que le fait de ne jamais avoir arrêté de courir ça m'a quand même aidée. Je ne suis pas repartie à zéro.
02:19 Et c'est vrai que quand j'ai pu reprendre les entraînements de façon normale sans traitement, ça s'est très très bien passé et j'ai retrouvé mon niveau je pense à peu près un an après.
02:29 Donc ça s'est fait assez rapidement.
02:31 Est-ce que votre volonté, votre intention en écrivant ce livre c'est justement d'insister sur ce message de l'importance du sport dans le quotidien de tout à chacun, qu'on soit touché par la maladie ou pas ?
02:44 Ça nous apporte d'un point de vue développement personnel ?
02:47 Bien sûr. Déjà c'est pour le lien social, donc ça permet de voir du monde, de ne pas rester seule. Ensuite il y a le côté physique où on se dépasse, on se donne des objectifs et pour le coup ça aide au quotidien.
02:58 Et après c'est vrai que pour le côté estime de soi personnellement, c'est hyper important de se fixer des objectifs et de continuer à avancer. Pour moi je sais que ça a été une thérapie, ça a fait la différence.
03:10 Alors votre amour du sport il est presque génétique chez vous. Votre grand-père courait, votre papa aussi est dans la course à pieds, c'est même votre entraîneur je crois.
03:18 Donc vous êtes née avec cette passion pour le sport et pour la course en particulier ?
03:23 C'est ça, ça a toujours été. J'ai couru avec mon grand-père étant plus jeune, j'ai couru avec mon père, je l'ai beaucoup regardé courir aussi, donc c'est une passion de famille.
03:30 C'est vrai que pour le coup ça a toujours été très ludique au départ, ensuite c'est devenu une passion et aujourd'hui c'est plus que vital.
03:38 C'est vital et pour toute votre famille c'est le cas ?
03:42 Oui, pareil. Du coup mon père est entraîneur, dans ma famille tout le monde suit aussi le sport et du coup c'est vrai que ça aide quand même au quotidien d'être accompagnée chaque jour à l'entraînement et en compétition.
03:51 Et votre sourire sur ce plateau, mais aussi quand vous courez, vos paillettes, vos tenues colorées, vos tatouages qu'on voit, ça fait partie aussi de cette intention de faire passer un message à travers votre corps ?
04:06 Je pense que c'est un peu comme de l'estime de soi, de la confiance en soi. Moi j'ai pris un peu confiance en moi justement par les tatouages, par le fait de se démarquer un petit peu par les paillettes.
04:17 Et c'était important de pouvoir le mettre en avant, de pouvoir montrer que même sans poitrine, même sans cheveux, on peut rester féminine.
04:23 C'était vraiment un point d'honneur que je voulais, c'était important pour moi pendant les traitements et du coup ça l'est encore aujourd'hui.
04:29 Ça l'est encore évidemment aujourd'hui. Alors on peut parler peut-être de vos prochaines courses, de vos prochains objectifs ?
04:34 Un peu moins de deux semaines maintenant, en dix jours, je vais faire les championnats de France de 10 000 mètres sur piste en Bretagne à Passé.
04:41 Et ensuite je vais continuer à m'entraîner relativement fort pour garder un objectif, pourquoi pas les Jeux Olympiques de 2028.
04:50 Oui, c'est ça, parce que les minima olympiques pour cette édition-là 2024 étaient fixés à 2h26min50sec.
04:59 Moi j'ai l'impression que vous en êtes tout près, alors je ne suis évidemment pas spécialiste, mais deux minutes près, c'est dur à atteindre ces minima ?
05:08 Oui, deux minutes c'est beaucoup, deux minutes c'est énorme, surtout en marathon à ce niveau-là.
05:11 Ça reste un objectif, je fais le marathon de Valence en fin d'année, début décembre, donc l'objectif ce sera déjà d'aller, pourquoi pas, toucher les minima olympiques,
05:19 même si les Jeux seront passés, ce sera déjà une première étape et ensuite on va continuer à progresser si possible, en tout cas dans le meilleur des cas, jusqu'à 2028.
05:29 Quel est votre plus grand rêve ? Qu'est-ce que vous aimeriez accomplir ? Parce que vous avez déjà accompli beaucoup, déjà beaucoup de titres et de victoires.
05:35 Plus grand rêve, forcément je pourrais parler des Jeux 2028, après je pense que jusque là et même encore après, tant que je peux continuer à courir, à prendre du plaisir et à performer, ce sera parfait.
05:46 Pas un jour sans courir ?
05:47 Ça peut arriver, mais c'est quand même assez rare.
05:50 C'est rare, il faut vraiment avoir une bonne raison pour ne pas aller courir.
05:53 Et quel est le message que vous aimeriez faire passer peut-être à toutes les femmes qui sont touchées par la maladie et qui n'ont pas forcément le sport dans leur vie, comme vous l'aviez au moment où ça vous est arrivé ?
06:05 Je pense que c'est important de partager, de s'entourer de personnes bienveillantes qui nous font du bien et surtout de continuer à parler.
06:12 Il n'y a pas de tabou, malheureusement je sais qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas en parler.
06:16 Et je pense que c'est hyper important de ne pas forcément le mettre en avant parce que chacun est différent, mais d'en parler autour de soi.
06:22 On n'est pas seul, il y a du monde et il faut bien s'entourer.
06:24 Moi j'ai trouvé des associations, des clubs de sport, des gens autour de moi et ça a tout changé dans ma vie.
06:30 C'est vrai que le sport est grande cause nationale cette année 2024, dans la foulée des Jeux Olympiques.
06:35 Et c'est vrai que des témoignages comme le vôtre montrent à quel point on ne se rend pas compte à quel point le sport dans notre quotidien est fondamental.
06:42 Que ce soit pour la maladie, pour le handicap, pour l'estime de soi, comme vous le disiez, pour le lien social.
06:47 Il y a mille raisons de pratiquer du sport au quotidien.
06:50 Exactement.
06:51 C'est ce que vous expérimentez.
06:52 Merci beaucoup Anaïs Kemener d'être venue nous parler de votre livre sur ce plateau "Tout ce que je voulais, c'était courir" édition Flammarion.
07:01 Bonne chance pour la prochaine course, la prochaine compétition dans deux semaines.
07:05 Et évidemment on continuera à suivre vos performances et notamment en marathon.
07:09 en maraisons.
07:10 [Musique]

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