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"Un demi-million d'enfants meurent chaque année du paludisme", assure la directrice du plaidoyer de l’UNICEF
France Inter
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25/04/2024
A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, Lucile Grosjean directrice du plaidoyer UNICEF France est l'invitée du 6h20 de France Inter.
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00:00
Il est 6h21, c'est l'une des maladies les plus mortelles à travers la planète, et elle est en recrudescence.
00:05
Le paludisme, également appelé malaria, une maladie transmise par les piqûres de moustiques.
00:10
Mais il y a un espoir avec l'arrivée récente de vaccins. Bonjour Lucille Grosjean.
00:14
Bonjour.
00:14
Vous êtes directrice du plaidoyer de l'UNICEF en France.
00:17
C'est une maladie qui touche essentiellement les enfants, d'où votre présence dans ce studio,
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cette journée mondiale de lutte contre le paludisme.
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Presque chaque minute, un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme dans le monde,
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la plupart en Afrique. C'est là qu'elle est la plus répandue ?
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Tout à fait. 95% des cas de paludisme se trouvent en Afrique,
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et c'est effectivement une des principales causes de décès des enfants, notamment.
00:39
Et aujourd'hui, il y a combien d'enfants qui meurent dans le monde ?
00:42
Il y a un demi-million d'enfants qui meurent chaque année du paludisme,
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ou un par minute à peu près, c'est absolument énorme.
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Et pourquoi cette recrudescence, ces dernières années ?
00:51
La recrudescence est beaucoup due au dysfonctionnement lié au Covid de tous les systèmes de santé,
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notamment ces grandes campagnes de vaccination, de prévention qui avaient normalement lieu
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et qui ont été complètement désorganisées pendant le Covid.
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On peut dire aussi les conflits, tout ce qui va désorganiser les services de santé,
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donc toutes les zones de conflits.
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Il y a un peu une multiplication des conflits en ce moment.
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C'est aussi dans les causes de la recrudescence.
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Et c'est pour ça, notamment, j'ai vu qu'au Venezuela, le paludisme repart,
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alors qu'il avait quasiment disparu dans les années 70.
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Juste pour dire une petite parenthèse, pour dire que ce n'est pas qu'en Afrique,
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essentiellement en Afrique, mais qu'il y en a un petit peu ailleurs aussi.
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Tout à fait, tout à fait.
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Et il y a deux dernières causalités qui sont aussi les changements climatiques,
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parce qu'avec la hausse des températures, c'est-à-dire qu'il y a des nouvelles zones
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qui se retrouvent davantage infestées de moustiques,
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ou parfois c'est le manque d'investissement dans les services de santé,
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les crises économiques, etc., qui peuvent aussi avoir des impacts sur la reprise du paludisme.
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Quels sont les symptômes ?
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Les symptômes, c'est de fortes fièvres, beaucoup de courbatures, etc.
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Et ça peut aller jusqu'à la mort.
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Et souvent, c'est des cas d'hospitalisation.
01:57
On doit aller jusqu'à l'hospitalisation en cas de paludisme.
01:58
Donc, c'est une maladie qui est très grave.
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Est-ce qu'on peut en guérir définitivement ?
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Ou est-ce qu'elle revient de manière cyclique ?
02:04
Elle revient de manière cyclique, effectivement.
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Aujourd'hui, quand on l'attrape une fois, en gros, on va le redéclencher.
02:10
Parfois pas de manière régulière, mais on le redéclenche en général.
02:13
Mais il y a des médicaments, des traitements, justement, pour ne pas en mourir ?
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C'est tout à fait.
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Les gens qui ont voyagé s'en souviennent.
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On prend souvent des antipaludéens quand on part en voyage, par exemple, en Afrique.
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Ça, c'est un préventif.
02:27
C'est un préventif.
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Et ça permet, si on la contracte, d'avoir que la maladie soit moins forte, globalement.
02:32
Après, il y a bien sûr tout un tas de choses qui permettent de prévenir un petit peu la maladie.
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Les moustiquaires, etc.
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Mais il y a surtout ces deux vaccins qui ont vu le jour très récemment, il y a quelques années,
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et qui commencent seulement à être déployés.
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Par exemple, au Cameroun, la campagne de vaccination a débuté seulement fin janvier.
02:47
Ils sont efficaces contre toutes les formes de paludisme ?
02:49
Ils sont efficaces contre toutes les formes de paludisme et les zones où ça a été testé
02:55
en phase pilote, ça a permis, et pour ça le succès est vraiment important, de réduire
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la mortalité infantile de 13% très rapidement.
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Donc c'est vraiment un vaccin qui est efficace, qui est un peu long à mettre en place, parce
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qu'il faut quatre doses, etc., mais qui est extrêmement efficace.
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Alors justement, moi j'aimerais que vous m'expliquiez, parce qu'en plus vous revenez de République
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démocratique du Congo, vous avez l'habitude du terrain.
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Comment se passe cette vaccination ?
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Qui la gère ?
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Qui achète les vaccins ?
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Qui s'occupe de la logistique pour les acheminés ?
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Qui les administre ?
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Expliquez-moi tout !
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Déjà, c'est effectivement des grosses opérations de logistique, parce que l'enjeu, c'est
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que ces vaccins, une fois qu'ils arrivent dans le pays, qu'ils arrivent à se déployer
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jusqu'aux moindres petits villages.
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L'UNICEF, c'est l'organisation qui est le plus gros acheteur mondial de vaccins.
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On en achète deux milliards de doses chaque année.
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Donc c'est vous, ce n'est pas les États qui les achètent ?
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Ça dépend, c'est aussi les États.
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Mais il y a une alliance mondiale pour le vaccin qui s'appelle Gavi, qui passe des
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grands acteurs, des grands achats avec les grandes compagnies de fabrication de vaccins
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pour en acheter beaucoup, et comme ça c'est moins cher, et on l'achète en prévision
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pour les États.
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Après, il s'agit de les amener, bien sûr que les personnels de santé soient formés
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à l'utilisation de ces vaccins, il y a tous les enjeux de chaînes du froid à préserver
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pour que ces vaccins restent fonctionnels, et d'arriver à les déployer jusque dans
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le moindre petit centre de santé.
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Et souvent on travaille même à l'échelle des villages avec ce qu'on appelle des agents
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de santé communautaires, donc vraiment des gens dans le village qui vont permettre de
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rassembler tout le monde, de faire la publicité.
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Vous avez tout un réseau de relais partout.
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C'est vraiment ça qui fait cette alliance entre à la fois les États, les organisations
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internationales comme l'UNICEF, les villageois, les centres de santé, le personnel de santé
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qui fait qu'on arrive à déployer ces très grandes campagnes de vaccination, parce qu'on
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a bien sûr de millions et de millions de personnes qu'il s'agit de vacciner.
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Et il y a une campagne de sensibilisation auprès de la population avant de vacciner.
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Comment ça se passe ? Il y a une réticence ou pas ?
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Il peut y avoir des réticences, c'est aussi beaucoup expliqué parce que ça peut être
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parfois selon les vaccins, il y a des périodes pour se faire vacciner.
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Aussi expliquer que justement parfois, si on prend l'exemple du vaccin contre le paludisme
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qui a plusieurs doses à faire, pour le paludisme c'est tous les six mois, il y a quatre doses
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à faire des rappels au début, donc expliquer tout ce système-là, expliquer que ça marche
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pour que tout le monde comprenne et voit l'intérêt.
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Est-ce qu'il y a suffisamment de vaccins ? Là on en est au début, mais est-ce que la production
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est suffisamment intense pour fournir tous les pays qui en ont besoin ?
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Alors pas encore, parce que justement on en est au tout début, le deuxième vaccin vient
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à peine d'être approuvé, donc on est vraiment là dans le début du déploiement,
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ça commence effectivement au Cameroun, il y a une douzaine de pays africains
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qui sont en train de préparer tout leur plan de déploiement, etc.
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Mais aujourd'hui il y a 18 millions de doses qui ont commencé à être envoyées,
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mais le but c'est d'arriver, il faut que d'ici 4-5 ans, le but c'est d'arriver à 100 millions de doses
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qui soient déployées, donc c'est vraiment une montée en puissance progressive.
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Et vous pensez qu'un jour il n'y aura plus de paludisme sur la planète ?
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En tout cas c'est ce qu'on peut espérer, et c'est là où la vaccination
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c'est une des plus grandes réalisations de l'humanité quand même,
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au global tous les vaccins ont permis de réduire la mortalité infantile de plus de 40%,
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donc c'est des vrais progrès de l'humanité dont on peut se réjouir,
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et on peut espérer effectivement que le paludisme peut-être disparaîtra,
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ou en tout cas sera beaucoup moins mortel.
06:13
On va finir sur cette note d'espoir, merci Lucie Le Grosjean,
06:16
directrice du plaidoyer de l'UNICEF en France.
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