Un immense talent de l'artiste sur scène ! "Lynda LEMAY à L'OLYMPIA" 40/40 enregistré le 25 avril 2007
Production WARNER MUSIC CANADA CO. Respobable Division Francophone : Hélène Morin Voix, guitare et piano : Lynda LEMAY Guitare et Chœurs : Yves Savard Guitare, piano et Chœurs : Marco Savard Conception Décors : Assingo et Pierre DUFOUR Création Lumières : Pierre ROY
00:00 Aux questions prévisibles, souvent on a des réponses prévisibles, des réponses toutes faites.
00:07 Genre de questions prévisibles comme « comment ça va? » La réponse évidente va être « bien, merci ».
00:14 C'est vrai même quand on est fatigué, stressé, jusqu'au cou, on va avoir le réflexe de répondre « ça va super bien, toi? »
00:23 Autre question prévisible qu'on pose souvent aux enfants cette fois, c'est « qu'est-ce que tu veux faire quand tu vas être grand, toi? »
00:32 La réponse évidente va être « médecin, comme mon papa, parce que j'aime le golf. »
00:43 (Rires)
00:50 Plus sérieusement, une question prévisible qu'on pose souvent aux gens comme moi, c'est « qu'est-ce que vous diriez si un de vos enfants vous annonçait qu'il voulait devenir artiste? »
01:01 La réponse évidente va être « moi, pour qu'ils soient heureux, je leur souhaite de faire le métier qu'ils aiment. »
01:13 C'est fou ce qu'on peut répondre comme « bullshit » quand on ne prend pas le temps de réfléchir.
01:19 (Musique)
01:29 J'avais mis de l'argent de côté pour ses études plus fortes, j'avais tout à lui souhaiter, je cultivais des tas d'espoir,
01:38 des enseignants réputés qui donnent la soif de savoir, une grande université pour une maîtrise en histoire.
01:47 Avec ses capacités, il serait entré haut la main dans le domaine de la santé avec ses doigts de chirurgien.
01:56 Il aurait pu tout apprendre, finir diplômé en droit, parler couramment dix langues et puis plaider en chinois.
02:05 Costume noir ou sarreau blanc, il aurait eu de la classe, mon prodige, mon enfant.
02:13 (Musique)
02:17 Mais hélas, mon fils est un mime, il se peinture la face, il fait des petits signes au piéton qui passe,
02:27 il se met des collants qui lui moulent la chose, il se met des gants blancs pour offrir des roses.
02:36 Imaginaire, il sourit dans le vide comme s'il était fier d'avoir l'air stupide et de savoir se taire.
02:46 Il veut se faire aimer avec sa démarche de pigeon manqué, il descend des marches.
02:54 Imaginaire, mon fils est un mime, un croisement bizarre entre Charlie Chaplin et une olive noire, des noyautés.
03:10 Il fait semblant qu'il est pris dans une boîte qui rétrécit, ses doigts de chirurgien ratés ne lui servent qu'à tâter.
03:19 Ses petits murs transparents qu'il pousse et pousse à plein gant dans son spectacle gratuit que personne n'applaudit.
03:28 En plein festival d'été, quand la rue est noire de monde, il n'y a peut-être pas de sauvetier, mais il y a de sauviston par contre.
03:38 Costume noir aux sarraux blancs, il aurait eu de la classe, mon prodige, mon enfant.
03:46 Mais hélas, mon fils est un mime, expérant, mimique. Mon fils est indigne, emmerdeur public.
03:58 Trop con pour être clown, fallait qu'il soit moins. Il fait même pas de chien avec des balloons.
04:06 Il est juste heureux de servir à rien, d'être silencieux, d'être dans le chemin.
04:13 S'il ridicule tuer, ben mon pauvre garçon la tâterait pour vrai, sa boîte à la con!
04:28 Je sais pas si ça se guérit, et j'ai comme l'intuition que les mimes sont pas admises chez les psys de toute façon.
04:37 On fait pas des thérapies en se taisant à l'unisson. Il se pourrait même que les psys courent un risque de dépression
04:46 devant ces pierrots de malheur qui cumulent les symptômes graves, qui se culottent comme Mick Jagger,
04:53 mais qui ont le talent d'une bête rave et que t'es.
05:00 Mon fils est un mime, un autodidacte. Dans sa discipline, il fait le moonwalk.
05:08 Il se maquille en blanc, comme Michael Jackson. Il amuse les enfants comme...
05:20 Comme un singe qui se gratte. Il marche à quatre pattes. Il marche contre le vent. Il devient galant.
05:25 Il ouvre des portières toutes imaginaires. Il nettoie des vitres et tout le monde les vide.
05:32 Vlan à la poubelle, son éducation. Mon fils est formel, c'est ça sa passion.
05:39 Il est convaincu qu'il est répand le bonheur quand il distribue ses gerbes de fleurs...
05:48 imaginaires.
05:51 J'avais mis de l'argent de côté pour ses études avancées. J'avais tout à lui souhaiter. C'était un gamin doué.
06:01 Tout à l'heure, je l'ai vu se pointer, habillé en être humain, bien planté dans de vrais souliers.
06:08 Il m'a demandé un coup de main. Et là, je me suis dit, ça y est, il veut devenir pharmacien.
06:15 Mon prodige ressuscitait. Je lui offrais tout mon soutien. Il a dit, maman, je sais qu'il y a de l'argent qui me revient.
06:23 Si tu me le permettais, je pourrais fonder enfin...
06:29 une école de mimes, de mimes en série. J'ai vu tous ces mimes qui se multiplient.
06:38 Je voulais dire non. Je crois que j'ai dit oui. C'était mon garçon. C'était mon petit.
06:45 Donc, quand vous verrez des mimes en vigueur, dans le courant de l'été, vous offrir des fleurs...
06:52 imaginaires.
06:56 Eh bien, vous saurez que c'est mon erreur. J'ai subventionné tous ces emmerdeurs qui m'exaspèrent.
07:06 Alors, qu'en bonne mère, ce que j'aurais dû faire pour être solidaire avec mon comique,
07:12 c'est de me comporter en mime authentique et puis de lui refiler un gros paquet de briques...
07:20 imaginaires.
07:29 (Applaudissements)
07:59 S'il y a des parents de mimes dans la salle, je tiens juste à préciser que si une de mes filles
08:07 devenait mime un jour, je trouverais que c'est le plus beau métier du monde et je serais très fière d'elle.