Speed Datting - Zahia Dehar - Vidéo Dailymotion

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Zahia Dehar est l’invitée de Azzeddine Ahmed Chaouch dans un nouvel épisode de Speed Datting.  Merci à @hotelbrittany pour l’accueil ✨

Transcript

00:00 Tout le monde tourne ?

00:01 Tout le monde tourne.

00:02 On te tourne ?

00:03 On est où tout le monde ?

00:04 On est bien, Zahia, ça va ?

00:05 Je sais pas.

00:06 Si ? Ça va ?

00:07 Je sais pas, ça va de me dire.

00:08 Mais non, mais bien sûr ça va.

00:09 D'accord.

00:10 Oui, alors moi je suis quand même bien moins présentable que toi.

00:13 Alors je me souviens, en 2019, j'ai eu la chance d'être le premier journaliste à t'interviewer.

00:18 Oui.

00:19 C'était pour ton premier rôle au cinéma.

00:22 On devait en faire un petit sujet, en fait on en a fait une longue interview parce que

00:24 t'avais plein de choses à dire déjà à l'époque.

00:26 Oui.

00:27 Où tu expliquais pourquoi on pouvait pas dire un homme facile.

00:29 Avec l'étiquette que je pouvais avoir, j'avais l'impression que j'étais un peu… Pas que

00:34 moi, toutes les femmes qui ont la même histoire que moi, on est un peu considérées comme

00:39 le déchet de la société.

00:40 Et surtout cet acharnement, cette diabolisation de la sexualité de la femme.

00:44 C'est ça qui me révolte, ce qui m'a toujours révoltée.

00:47 Pourquoi on doit mettre de côté une femme qui a une sexualité aussi épanouie qu'un

00:51 homme ? Et je trouvais ça complètement ridicule et je trouve que le film et en même temps

00:56 mon passé, vraiment c'était assez cohérent, le sujet du film, le titre "Une fille facile"

01:01 et plus mon passé, c'était vraiment le côté "soyons fiers de cette étiquette,

01:05 ce n'est plus des étiquettes, c'est plutôt des messages".

01:07 Oui, tu revendiquais presque le droit d'être une fille facile, même si ce mot n'est pas

01:13 génial, mais tu te baisses pas grave.

01:14 Soyons une fille facile.

01:15 Oui, mais l'idée c'est d'inverser les choses.

01:17 Pourquoi ce serait pas génial ?

01:18 C'est votre bateau ?

01:26 Oui, l'amour, ça m'intéresse pas.

01:29 Alors déjà, pour ceux qui ne te connaissent pas, si il y en a un qui ne te connaissent

01:31 pas, tu es qui ? Comment tu te présenterais ? En deux phrases, tiens.

01:35 J'aurais du mal à me présenter, mais je pourrais plutôt te dire comment j'aimerais

01:38 être perçue.

01:39 J'aimerais être perçue comme n'importe quelle autre femme et d'être jugée par rapport

01:42 à ce que je fais comme n'importe quel autre être humain, c'est tout.

01:46 C'est mon rêve depuis 13 ans maintenant.

01:48 J'espère qu'enfin j'ai réussi.

01:50 Et parfois t'as l'impression qu'on te juge pas comme n'importe quelle femme ?

01:54 Oui, parfois, parfois.

01:55 Oui, parfois.

01:56 Et même au début, par exemple, quand j'ai été médiatisée, j'ai eu des conseillers

02:02 qui m'ont conseillé de suivre un scénario, par exemple.

02:05 On m'a dit "c'est simple, ce qui s'est passé, t'étais mineure, t'étais jeune,

02:08 tu peux faire plutôt l'histoire de la...

02:11 Je me repentis d'arriver avec un chemisier et de pleurer face aux caméras, de dire "vraiment

02:16 j'étais manipulée, je me suis retrouvée avec des adultes qui ont abusé de moi et

02:20 qui m'ont forcé à aller vers cette voie-là et j'avais que 16 ans et je ne savais pas

02:24 du tout".

02:25 Je leur ai dit "mais non, je ne vais pas faire ça" parce que j'avais confiance de ce que

02:27 je faisais et pour moi je ne faisais rien de mal.

02:29 Et jusqu'à présent, je sais que je ne fais rien de mal.

02:31 Tout de suite, ça aurait pu toucher les gens et j'aurais pu être, on va dire, pardonnée

02:35 même si je n'ai rien fait de mal et accepter.

02:37 Mais je me suis dit "non, comment je pourrais me regarder tous les jours dans le miroir,

02:41 ce serait renier ce que je suis, ce serait renier ma sexualité, ce serait mettre à

02:45 la poubelle ma liberté".

02:47 Et comment tu l'analyses après coup aujourd'hui ?

02:49 Je pense pour moi le sexe, c'est le sexe.

02:51 Peu importe que ce soit tarifé ou pas tarifé ou l'inverse, c'est nous qui donnons de l'argent

02:57 ou que ce soit des cadeaux ou autre chose.

02:59 Je trouve que c'est quelque chose de très personnel et c'est à nous de trouver notre

03:03 plaisir là-dedans et ça ne doit pas être un départ public et on ne doit pas faire

03:09 honte aux femmes par rapport à leur choix.

03:10 Alors justement tu joues dans une série sur Amazon qui s'appelle "Escort Boys", c'est

03:14 ça ?

03:15 Exactement.

03:16 Ça parle de quoi ?

03:17 C'est les rôles qui sont inversés.

03:18 Ah oui ?

03:19 Et on a une bande de jeunes garçons qui décident de devenir escorts et de se lancer dans ce

03:24 business.

03:25 J'ai regardé les sites d'escort, ici il n'y a que dalle.

03:27 Donc si on se professionnalise, on peut vraiment tout déchirer.

03:29 Ce qui est intéressant dans cette série, c'est que je trouve que ça sera une série

03:33 grand public, en tout cas je l'espère, parce que c'est important comme sujet, c'est important

03:36 de montrer aux femmes "vous aussi vous pouvez".

03:38 Si vous voulez des escorts, c'est accessible pour vous aussi parce que j'ai l'impression

03:42 que pour les femmes c'est un tabou.

03:43 Aujourd'hui tu es une actrice, est-ce qu'il y a un rôle que tu rêverais d'incarner

03:47 ou un ou deux rôles comme ça, tu dis "ah j'aimerais jouer..." ?

03:50 Une personne, je dirais Grisdy Lys-Real.

03:52 Pourquoi ?

03:53 Parce qu'elle m'inspire énormément, c'est une femme qui a toujours été engagée pour

03:57 la cause des femmes et surtout elle s'est toujours battue même à l'époque, dans les

04:00 années 70, quand c'était encore plus tabou, pour vraiment dire à la société qu'on ne

04:05 peut pas prendre une catégorie de femmes juste par rapport à leur choix sexuel et

04:08 les designer comme les déchets de la société.

04:10 Et elle appuie vraiment sur ça.

04:12 Et elle a insisté pour qu'on inscrit sur sa tombe Grisdy Lys-Real, poète et prostituée.

04:18 Est-ce que ça t'arrive encore de "dater" ou pas ?

04:20 Plus du tout, depuis très très longtemps.

04:22 C'est vrai ?

04:23 Oui.

04:24 Pourquoi ?

04:25 Je veux dire que ça ne m'intéresse plus en ce moment et surtout je n'ai pas vraiment

04:27 provoqué l'occasion.

04:28 Et le pire "date", t'as un souvenir ou pas ?

04:30 Pas le pire "date", oui.

04:31 Ah vas-y.

04:32 C'est le pire mais extrêmement drôle.

04:34 Vas-y.

04:35 C'est vraiment le pire, le pire qu'on puisse faire à un homme.

04:37 C'était il y a quelques années.

04:39 C'était vraiment le cliché de tout ce qu'il ne faut pas faire à un "date", je l'ai fait.

04:43 C'était quelqu'un que j'avais déjà vu deux ou trois fois déjà.

04:46 Et un jour, il me dit "ça va".

04:49 Là, j'étais très directe.

04:50 Non, ça ne va pas.

04:51 Il me dit "mais qu'est-ce qu'il y a ?"

04:52 Je dis "non vraiment, ça ne va pas, je déteste ce monde".

04:55 Et j'étais très directe parce que j'avais besoin d'évacuer à ce moment-là.

04:59 Et c'est moi qui provoque en plus.

05:00 Il était 22h.

05:01 Je lui ai dit "tu fais quoi, j'ai faim".

05:03 Ah oui, tu étais très autoritaire.

05:04 Oui, je lui ai dit "j'ai faim, je vais aller là, au restaurant italien à côté, si tu veux tu me rejoins".

05:09 Et j'arrive avec les yeux rouges parce que j'avais beaucoup pleuré.

05:13 Et là, je lui ai dit "j'ai faim".

05:15 Et là, je commande, je commande plus que lui.

05:16 Une entrée, des grosses pâtes énormes.

05:19 Et je lui ai dit "toi, tu prends quoi ? Tu veux du vin ?"

05:22 Il me dit "non, non, non".

05:23 Il était très sportif, genre "c'est lundi soir, moi je ne vais pas boire et moi".

05:27 "Si, je veux du vin".

05:28 Du vin, les pâtes comme ça.

05:30 Et je mangeais plus que lui.

05:32 Alors qu'à cette époque-là, j'avais ces règles qui sont complètement ridicules.

05:37 Tu ne peux pas manger plus qu'un homme à rendez-vous.

05:40 Alors là, j'ai fait tout l'inverse.

05:42 J'étais extrêmement négative, j'avais les yeux rouges.

05:44 Je lui disais que je déteste ce monde.

05:46 Je n'ai pas d'amis, je n'aime personne.

05:48 Oui, mais pour séduire, il y a eu...

05:49 Oui, oui !

05:50 On se rappelle ou pas ?

05:52 On se rappelle, mais vraiment.

05:54 Ben oui !

05:55 Et pas d'excuses ?

05:56 Ah non, mais là, c'est pas la politesse juste pour...

05:59 Non, vraiment.

06:00 OK.

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