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  • 04/03/2024
Place à la culture : Matthieu Belliard reçoit Sofia Essaïdi et Patrick Mille à l'occasion de la sortie de la mini-série « La Peste », librement adaptée du roman d'Albert Camus, sur France 2. 

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Transcription
00:00 Place à la culture, Mathieu, vous recevez Sophia Essaidi et Patrick Mill.
00:03 Ils sont tous les deux ici dans les canapés de Télématin.
00:06 Bonjour à tous les deux.
00:07 Bonjour.
00:07 Et merci de nous avoir rejoints sur France 2 à partir de lundi prochain.
00:11 On va pouvoir découvrir la peste d'Albert Camus,
00:14 librement adaptée en minisérie de quatre épisodes.
00:18 Alors le roman, il se passait, il était publié en tout cas en 1947.
00:21 Nous, depuis, on a connu un confinement mondial,
00:23 une pandémie, des confinements à répétition,
00:26 des polémiques sanitaires, sécuritaires, etc.
00:29 Mais tout était déjà dans Camus, en fait.
00:31 Oui, c'est pour ça que je trouve assez judicieux
00:34 que l'histoire se passe aujourd'hui,
00:36 enfin, même pas aujourd'hui, demain,
00:37 parce qu'on est en 2030.
00:39 Ça résonne, ce qui se passe, ça nous touche encore plus que juste un virus.
00:46 On a vécu pratiquement tout ça.
00:48 Et je trouve ça vachement malin de l'avoir fait aujourd'hui.
00:52 Et surtout, ça a été si bien décrit en amont, finalement,
00:55 c'est exactement ce qui se passe et ce qui se retrouve dans le roman.
00:58 On peut toujours dire que les grands romanciers sont des visionnaires.
01:03 Camus, quand il écrit, en 1945, "La peste",
01:07 cette métaphore du fascisme, du nazisme,
01:10 et comment les gens réagissent,
01:11 comment chaque individu va réagir face à ça.
01:15 Là, en l'occurrence, cette métaphore, donc cette maladie.
01:18 Et c'est vrai qu'on peut imaginer que Camus,
01:21 le dit d'ailleurs à la fin du dernier paragraphe,
01:24 il est toujours vivant.
01:26 Le bacille de la peste, il croit qu'il ne meurt jamais
01:28 et peut revenir à tout moment.
01:29 - À tout moment, il peut se réveiller.
01:30 - Ça, ça reste.
01:32 - Alors, pour se faire une idée de votre adaptation contemporaine,
01:35 "La peste", lundi soir, voilà ce que ça donne. Petit extrait.
01:38 - Mes chers frères et sœurs,
01:43 ce que j'ai à vous dire aujourd'hui est d'une gravité exceptionnelle.
01:47 Car un fléau issu de vos péchés
01:51 est en train de ravager notre ville.
01:55 Inutile de vous en fuir.
01:58 Vous voici désormais dans les ténèbres.
02:00 Et vous savez maintenant que ce mal vient de vous,
02:09 de vous seuls.
02:12 Et ce fléau porte un nom, un nom effrayant.
02:17 - Vous parliez de Camus qui avait dénoncé le fascisme
02:20 aussi avec la peste.
02:22 Les dérives possibles du pouvoir en période de crise
02:25 des pouvoirs d'ailleurs politiques, religieux, sanitaires, scientifiques.
02:29 Dans la série, vous incarnez l'autorité publique, Patrick,
02:32 l'État, la fermeté, le cynisme aussi.
02:36 - Oui, le cynisme, parce qu'il faut cacher les choses.
02:39 Il pense qu'il ne peut pas tout dire aux citoyens.
02:41 Et puis cynisme aussi parce qu'effectivement,
02:44 eux, ils prennent une décision, on ne va pas révéler ce qu'ils décident.
02:47 On ne va pas spoiler, mais ils prennent une décision radicale
02:50 et qui aurait pu être prise par d'autres gouvernements,
02:53 même au moment où on a connu le Covid.
02:54 - Ça ressemble à des débats qui ont pu exister.
02:57 Mais vous, vous aviez eu d'ailleurs des mots très durs
02:59 sur la période de confinement à l'époque,
03:01 ça va vous faire tout drôle, de l'incarner.
03:04 - Je n'incarne pas tout à fait ce que je disais.
03:06 - L'autorité...
03:08 Non, non, d'incarner l'inverse.
03:09 - L'inverse, exactement, justement.
03:10 Oui, oui, mais ça, c'est encore le...
03:14 Après, ce personnage, il fait ce préfet, donc Chauvin,
03:18 qui existe un tout petit peu dans le livre,
03:21 mais que là, ils ont développé.
03:22 Il faut dire qu'ils ont aussi mis des nouveaux personnages.
03:24 - Oui, justement, le vôtre.
03:26 J'allais y venir.
03:27 Sophie Aissali, vous jouez une épidémiologiste
03:29 qui doit mettre un nom sur ce virus
03:32 et ce personnage a été inventé pour la série.
03:34 - Alors, il a été étoffé parce qu'il existe,
03:38 mais n'a pas de rôle dans le livre.
03:42 Et oui, je suis ravie
03:45 d'avoir eu la chance d'être sur ce projet.
03:48 C'est intéressant parce que moi, je parle d'amour au final,
03:51 parce qu'évidemment, c'est la compagne de Sylvain Rambert,
03:54 qui lui, est un personnage important
03:55 qui est aussi dans le livre.
03:57 Et alors oui, bien sûr, elle se bat pour la vérité.
03:59 Elle se bat parce qu'elle veut qu'on connaisse la vérité.
04:03 Mais c'est aussi...
04:04 Elle amène aussi la notion d'amour.
04:08 - Puis, ça porte une modernité, ces nouveaux personnages.
04:10 - Les femmes.
04:11 - Les femmes, il y a peu de femmes dans le livre.
04:14 - Dans le roman original.
04:15 - Ça, c'est une vraie volonté de la production d'apporter...
04:18 - De féminiser l'histoire.
04:20 - Après, oui, il y a l'histoire d'amour, effectivement.
04:22 Et sans raconter la série importante,
04:24 mais vous incarnez aussi la vérité,
04:26 l'information qui est l'information scientifique.
04:29 - Oui, jusqu'où on va pour défendre ses valeurs
04:32 et pour défendre la vérité ?
04:34 Jusqu'où on peut aller ?
04:35 Parce que c'est important dans des temps de difficulté comme ça.
04:38 - Et jusqu'où est-ce qu'on peut aller
04:39 quand on touche à un monument comme la peste d'Albert Camus ?
04:44 Est-ce qu'on essaie de respecter l'esprit à la lettre ?
04:46 Au contraire, on y va très libre.
04:47 - On peut bien trahir.
04:48 Une belle adaptation, c'est une belle trahison.
04:50 - Oui, c'est ça.
04:50 - Et là, c'est sans la trahir, puisque Catherine Camus,
04:53 la fille d'Albert Camus, a validé et a beaucoup aimé la série.
04:56 D'ailleurs, elle avait donné ce choix de production.
04:58 Il faut dire que beaucoup de productions voulaient faire ce film
05:01 après le Covid.
05:02 - Il y a eu un choix des ayants droit.
05:03 - Il y a eu un choix des ayants droit.
05:04 Et je crois qu'ils en sont très heureux parce qu'ils ont bien trahi.
05:07 Et en faisant cette dystopie, ça nous parle.
05:10 C'est très moderne.
05:12 Et puis, dans la dystopie, dans l'histoire,
05:15 le peuple qui vit ça, les citoyens qui vivent ça
05:19 ont aussi vécu le Covid.
05:21 Donc, ils ont créé un rappel.
05:22 - Ce n'est pas une série sur le Covid.
05:23 Il ne faut pas se tromper.
05:24 Ce n'est pas une série sur le Covid du tout.
05:26 Il y a une société qui a l'air déjà bien cadenassée.
05:29 On sait que le roman est très politique.
05:31 La série l'est aussi.
05:33 - Là, c'est Big Brother.
05:33 C'est hyper politique.
05:36 - Oui, mais il y a une vraie volonté aussi de pousser les choses à l'extrême.
05:39 On est en 2030.
05:40 On est dans une société qui serait encore plus à l'extrême
05:44 que ce qu'on peut déjà connaître aujourd'hui.
05:47 Donc, je pense que c'est vraiment une vraie volonté.
05:50 - Il y a des caméras de surveillance.
05:51 - C'est vrai.
05:52 Il y en a un peu partout, là.
05:53 - Il y en a partout.
05:54 - Il y a pas mal de caméras ici.
05:55 Là, c'est un risque.
05:56 - Ce qui est bon, c'est d'avoir choisi une ville qui est une ville du Sud,
05:59 qui aurait pu être une ville du Sud méditerranéenne.
06:01 Ils voulaient garder le côté méditerranéen de Camus.
06:03 Camus est un écrivain du Soleil et de la Méditerranée.
06:06 C'était Oran.
06:07 Les événements de Sarconi se sont passés en 1900 à Oran.
06:11 - Sans qu'on l'évoque.
06:12 - Oui.
06:13 - Oui, oui, la cité.
06:14 - On a envie de laisser ce dernier.
06:15 - Et Antoine Garceau, le réalisateur, qui est un réalisateur incroyable,
06:19 et on le voit dans la série, comment il dirige les comédiens,
06:22 comment il filme.
06:23 Il a vraiment voulu marquer ce truc de télésurveillance,
06:26 d'une société Big Brother, où on y est, de toute façon.
06:30 Et alors, il s'amusait à filmer.
06:31 - On n'est pas loin.
06:32 - On a tourné à Nice, à Marseille.
06:33 À chaque fois qu'il voit une caméra de surveillance, il la filmait.
06:36 Il la met dans le film.
06:37 Et ça donne un côté très, très…
06:39 On est hyper-surveillé, quoi.
06:40 - On est en 2030, c'est vraiment juste…
06:42 Après, demain, on va continuer d'en parler.
06:43 La peste, c'est le 4 mars sur France 2, lundi.
06:46 Passez sous les yeux experts de notre spécialiste série Benoît Laganne.
06:49 C'est dans un instant.
06:50 Vous restez avec nous ?
06:51 - Avec plaisir.
06:52 - A tout de suite.
06:52 Stop !

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