Quels choix de métier et de destination pour survivre ?  par Jancovici - Vidéo Dailymotion

Éthique et tac

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Transcript

00:00 [Musique]

00:08 Dans nos générations de télécomiens, on est de plus en plus sensible au développement durable.

00:12 Et je voulais savoir justement, vous dites que le numérique, en fait, ça pollue énormément.

00:17 Qu'est-ce qu'un télécomien qui est sensible justement à la transition énergétique

00:23 et à vouloir être acteur d'un monde meilleur,

00:28 quel genre de métier pourrait-il faire pour éliminer le climat en quelque sorte ?

00:34 Eh bien, c'est vous qui allez trouver la réponse.

00:38 C'est vous qui allez trouver la réponse parce que c'est très très rare qu'on fasse un métier

00:45 dont on n'est pas convaincu soi-même que c'est sinon le meilleur possible, au moins une option possible.

00:52 Et cette conclusion, on y arrive toujours par soi-même.

00:55 C'est-à-dire que ce n'est pas parce que vos parents vous disent "tu vas faire cordonnier"

00:59 que vous aurez nécessairement très envie de faire cordonnier.

01:02 Du reste, je pense qu'il y a quelques personnes qui ont eu quelques crises d'adolescence dans cette salle,

01:05 donc ce n'est pas toujours l'avis des parents qu'on suit.

01:07 Ce n'est pas parce que vos amis vous disent, etc.

01:09 Donc il y a un ensemble de facteurs qui font qu'un jour vous aurez envie ou pas envie de faire un truc.

01:14 Vous allez plutôt procéder par élimination.

01:19 Et surtout, de toute façon, votre propre conviction, vous allez vous la forger au terme d'un processus

01:24 qui est toujours le même, qui est une démarche personnelle

01:26 dans laquelle vous allez poser 25 questions, ou plus exactement 500 questions à 500 personnes différentes.

01:30 Et puis un jour, vous vous direz "c'est ça que je veux faire".

01:33 C'est en général comme ça que ça marche.

01:35 Je ne crois pas du tout au fait qu'on vous dise "attendez, vous vous appelez comment ?

01:39 Vous êtes blond, vous êtes brun, vous mesurez quoi, etc.

01:41 Est-ce que vous préférez les cheesecakes ou les tartes aux pommes ?

01:44 Ah, ben page 453, il y a le métier pour vous". Je ne crois pas du tout.

01:47 Donc ça viendra comme ça viendra.

01:50 Par contre, ce qui est important, c'est de continuer cette démarche

01:52 dans laquelle vous vous posez des questions en vous disant "et si, et ça, et si, et ça".

01:55 Voilà, c'est comme ça que ça arrive.

01:57 Oui, mais c'est aussi spécifique au domaine du numérique.

02:02 Ça sera vrai même au sein du numérique.

02:05 Alors je vais vous donner deux ou trois exemples.

02:07 On a travaillé chez Carbon4 pour un acteur qui utilise...

02:14 Vous avez deux acteurs dans le domaine des smartphones, par exemple,

02:17 qui font quelque chose qui est plutôt mieux que la moyenne,

02:20 qui sont des gens qui fabriquent des smartphones réparables.

02:24 Donc en gros, vous n'avez pas les trucs tout soudés sur une carte mère,

02:27 vous êtes un foutu, etc.

02:28 Donc vous êtes capable de remplacer des composants pris un par un.

02:32 Et vous avez des gens qui reconditionnent des smartphones

02:35 qui ne sont pas réparables, mais eux, en usine,

02:38 ils prennent bits and pieces de trucs qui ne marchent plus

02:41 et ils en refont des trucs qui marchent,

02:43 qui ne sont toujours pas réparables.

02:45 Mais en gros, ils ont un peu...

02:46 Voilà des activités qui, tout bien pesées, sont mieux que ce que ça remplace.

02:51 D'accord ?

02:52 Ça ne veut pas dire qu'aujourd'hui, c'est quelque chose qui évite

02:57 la pollution numérique, entre guillemets, de croître de manière forte.

03:01 Deuxième sujet, vous pouvez rentrer dans des instances de régulation.

03:05 C'est-à-dire, vous pouvez vous dire, bah oui,

03:06 à un moment, il va quand même bien falloir devenir raisonnable,

03:09 arrêter de penser qu'après la 352G, on va faire la 353G.

03:14 Et donc, vous rentrez dans des endroits où vous vous posez la question

03:16 de savoir qu'est-ce qu'on met comme limite au système

03:20 ou qu'est-ce qu'on met comme règle de fonctionnement au système

03:22 pour ne pas qu'il dérive.

03:24 Enfin voilà, mais ça, vous allez...

03:28 Je le redis, c'est des trucs qui vont vous apparaître

03:32 à force de poser des questions,

03:34 et une question qu'en amène une autre.

03:36 Il faut que ce soit une démarche personnelle,

03:38 j'insiste vraiment là-dessus.

03:40 Si c'est un truc qui vous tombe ex cathédra,

03:43 de toute façon, vous ne l'achèterez pas.

03:45 Si vous étiez à notre place,

03:51 où est-ce que vous iriez habiter dans le monde

03:53 pour souffrir le moins possible plus tard ?

03:55 Eh bien, c'est une excellente question,

03:59 et je vous remercie de l'avoir posée.

04:01 Il n'y a pas de réponse évidente à cette question non plus.

04:05 Il n'y a pas de réponse évidente à cette question,

04:08 alors je vais commencer par une anecdote.

04:10 J'ai eu, il n'y a pas très longtemps,

04:12 un échange avec une néo-zélandaise

04:14 qui me dit "ah, il y a des tas de gens

04:16 qui commencent à acheter des propriétés chez nous".

04:18 Ok, mais enfin, en Nouvelle-Zélande,

04:20 vous n'avez pas de puits de pétrole,

04:21 vous n'avez pas de raffinerie,

04:22 vous n'avez pas d'industrie chimique,

04:24 je ne suis pas sûr que vous ayez beaucoup de métallurgie, etc.

04:27 Donc, imaginons que ce soit le cas qu'à partout,

04:29 si vous allez vivre en Nouvelle-Zélande,

04:30 vous élèverez des moutons,

04:31 parce qu'il n'y aura pas de bagnole,

04:33 et pas d'Internet, d'accord ?

04:35 Donc, puisque c'est fabriqué ailleurs,

04:38 avec des éléments qu'on trouve ailleurs.

04:39 Donc, la réponse à cette question,

04:41 elle est compliquée,

04:43 parce que tout le monde se dit

04:44 "je vais aller dans un endroit

04:45 où je vais préserver ce que je fais aujourd'hui

04:47 dans les grandes lignes".

04:48 Mais sauf que ce que vous êtes aujourd'hui

04:50 dans les grandes lignes

04:51 dépend pour plein plein d'usages,

04:53 de trucs qui sont hyper mondialisés,

04:54 enfin je veux dire,

04:55 les ordinateurs et les téléphones,

04:56 vous avez les 4 fabricants dans le monde,

04:58 les composants, les dalles d'écran,

05:00 je crois que vous devez avoir 3 fabricants dans le monde,

05:01 enfin bon.

05:02 Donc, vous avez des tas de trucs sur lesquels,

05:04 aujourd'hui,

05:06 en fait, même si vous êtes très très loin

05:08 de l'autre côté de la Terre,

05:09 vous continuez à dépendre,

05:10 pour une bonne partie de votre confort,

05:12 de choses qui se trouvent

05:14 à 1, 2, 3, 4 endroits dans le monde.

05:16 Je prends un autre exemple,

05:20 le lithium pour les batteries,

05:22 vous avez 4 producteurs dans le monde

05:23 qui font 90% de la production mondiale,

05:25 ça n'a pas changé beaucoup,

05:26 parce qu'ils ont aussi 95% des réserves.

05:28 Donc, vous avez comme ça,

05:31 donc la question,

05:32 elle ne peut pas se poser

05:33 autrement que de façon systémique.

05:35 C'est-à-dire, admettons que ça commence à aller mal,

05:37 où est-ce que dans le monde,

05:39 je suis le mieux couvert,

05:40 et tant que ça ne va pas mal,

05:42 est-ce que c'est aussi dans cet endroit-là

05:44 que je serais content de vivre

05:45 en attendant que ça aille mal ?

05:46 Bon, la réponse n'est pas nécessairement oui,

05:49 enfin je veux dire,

05:50 ce n'est pas nécessairement le plus cahier des charges

05:52 dans les deux cas de figure.

05:53 Dernier point,

05:56 ce qui empêche que ça aille trop mal,

05:59 quelles que soient les conditions extérieures,

06:01 c'est un truc qui ne s'appelle pas

06:04 compter sur ses propres forces,

06:06 mais qui s'appelle la coopération.

06:07 En fait, les mondes contraints

06:09 sont des mondes très coopératifs.

06:11 La raison pour laquelle les pays scandinaves

06:13 et la Suisse sont les pays

06:14 les plus consensuels en Europe,

06:16 c'est parce que c'était les pays

06:17 dans lesquels la vie était le plus difficile

06:19 il y a un siècle.

06:20 La Suisse était le pays le plus pauvre

06:23 d'Europe occidentale avant-guerre.

06:25 Et les pays scandinaves,

06:27 il fallait se palucher l'hiver,

06:28 je veux dire, avant que vous ayez

06:30 le chauffage central,

06:31 l'électricité,

06:33 et la télévision pour vous égayer.

06:36 Il fallait y aller,

06:37 il n'y avait rien à bouffer,

06:38 il fallait être sûr que les stocks allaient tenir.

06:40 Donc c'est des pays qui ont développé

06:42 des modes d'organisation

06:44 qui sont terriblement consensuels,

06:45 parce que justement,

06:46 c'était des sociétés

06:47 qui étaient très contraintes.

06:49 Donc la réponse à la question,

06:51 c'est aussi aller dans des endroits

06:53 dans lesquels vous pensez

06:55 qu'une coopération très forte

06:56 sera capable de s'exercer

06:58 pour résister à des soubresauts

07:00 significatifs des conditions extérieures.

07:03 Et ça, c'est une affaire de culture du pays.

07:05 Donc je peux vous dire que le dernier pays

07:06 où il faut aller dans ce genre de contexte,

07:07 c'est les Etats-Unis.

07:08 La coopération,

07:10 c'est quand même pas vraiment leur kiff.

07:12 La structure collective,

07:14 c'est quand même pas vraiment leur kiff.

07:16 Donc voilà,

07:17 mais une fois que je vous ai dit ça,

07:20 je ne vous ai répondu qu'à moitié,

07:22 parce que je vous ai donné

07:23 quelques éléments auxquels il faut être attentif,

07:25 et je me garderai bien de vous dire,

07:26 allez donc dans la partie nord-ouest de l'Australie,

07:29 c'est là que...

07:31 Tout va changer en même temps,

07:33 donc c'est aussi ça qui est difficile.

07:34 Vous pouvez très bien prendre le problème à l'envers

07:36 et vous dire, je reste en France,

07:37 après tout je suis français,

07:38 je parle cette langue,

07:39 c'est ça ma culture,

07:40 et je vais essayer de faire en sorte

07:41 que mon pays devienne coopératif, résilient,

07:43 qu'on prenne ce genre de problème, etc.

07:45 C'est aussi une très bonne voie de sortie à mon avis.

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