A court de temps Arthur Pomat

  • il y a 7 mois
Studio M Angers Présente
A court de Temps
Ne cherchez pas d'image, il n'y en a pas
Une dramatique sonore écrite interprétée,mixée et réalisée par Arthur Pomat, Thimothé Rabusseau et Rose Leblon.
Dans le cadre de la classe de Mr Xavier Liébard.
© Studio M Angers
Transcript
00:00 C'était un vendredi. Je n'avais pas cours ce jour-là, mais pourtant, je m'étais réveillé
00:09 tôt. Je revenais d'une soirée plutôt arrosée, seulement impossible pour moi de me rendormir.
00:13 Donc comme à chaque réveil, j'ai pris mon téléphone et j'ai commencé à naviguer
00:17 sur Instagram. Alors que je scrollais, je commençais à me rendre compte qu'au-dessus
00:21 de la tête de chaque visage qui a passé dans mon feed, il y avait une sorte de chronomètre,
00:25 ou plutôt un compteur, avec du temps qui s'en écoulait. Ce chronomètre indiquait
00:30 les années jusqu'aux secondes. Certaines personnes avaient à leur compteur 12 années
00:35 et des poussières, et d'autres n'avaient carrément plus de temps. Seuls des zéros
00:39 s'affichaient au-dessus de leur tête. J'ai trouvé ça bizarre, mais je suis vite passé
00:43 à autre chose. Ma mère m'a appelé pour que j'aille chercher du pain pour ce midi.
00:46 Je m'habillais vite fait, avec ce que je trouvais dans mon placard, et je descendis.
00:51 En fin de dehors, la musique dans mes oreilles, je marchais jusqu'à la boulangerie les yeux
01:09 fixés au sol. Je ne faisais attention plus à ce que j'entendais, j'étais concentré
01:14 sur ma musique. Arrivée dans la boutique, je retirais mes écouteurs, et enfin je levais
01:20 ma tête pour commander mon pain. Et là, la boulangère avait elle aussi un compteur.
01:26 Le même que celui que j'avais vu sur mon téléphone. Il était un peu transparent,
01:30 avec des secondes qui défilaient, et il lévitait d'une manière inexpliquable au-dessus de
01:34 sa tête. Abasourdi, je balbutiais quelques mots, donnais l'argent et récupérais mon
01:39 pain. Puis je sortis. Sur le retour, mes yeux n'étaient plus fixés au sol, je n'arrivais
01:45 pas non plus à regarder les gens en face, mais je regardais leur compteur. Tous en avaient
01:48 un. Vingt ans, huit mois, quinze ans, six jours, personne n'avait le même temps. Alors
01:55 que mes yeux divagaient sur les passants, ils vinrent sur une petite fille qui s'apprêtait
01:58 à traverser la route. Le feu était vert pour les voitures, et le compteur de l'enfant
02:03 était à vingt secondes. La petite fille était étendue sur le sol, elle ne bougeait plus.
02:15 Au-dessus de sa tête, le compteur défilait. Quinze secondes, puis dix. Mon cœur battait
02:22 à vive allure et ma respiration s'accélérait. Je regardais les gens se regrouper autour
02:26 de la victime, appelant de l'aide, mais moi je savais, j'avais compris, elle allait mourir.
02:32 Le compteur de la fille s'était éteint. Je restais là, debout sur le trottoir, mes
02:42 mains tremblaient et je commençais à paniquer. Je ne saurais dire combien de temps j'étais
02:46 resté figé. Ce sont les sirènes des ambulances qui me sortirent de mes pensées. Après avoir
02:54 regardé une dernière fois le corps de la fille sans vie, je partis. Je ne voulais qu'une
02:58 chose, rentrer chez moi. Je marchais aussi vite que je pouvais.
03:00 En fin d'arrivée, je me précipitais dans ma salle de bain. Les images de la scène
03:08 me revenaient et de violentes nos émulances. Je me redressais et partis me rincer la bouche.
03:21 J'en profitais pour me passer de l'eau sur le visage. Je ne comprenais pas ce qui
03:25 m'arrivait. Je levais doucement les yeux pour regarder mon reflet dans le miroir et
03:32 mes yeux s'écarquillaient et la peur m'envahissait. Ce compteur de malheur flottait sur ma tête
03:36 et me volait des secondes de ma vie. Je pris ma tête dans mes mains. Qu'est-ce que je
03:40 devrais faire ? Il ne me restait plus que 24 heures à vivre.
03:44 Le jour où je me suis retrouvée, je me suis dit que je ne pouvais plus vivre. Je ne pouvais

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