• il y a 10 mois
Mercredi 14 février 2024, SMART BOURSE reçoit Philippe Uzan (Directeur général adjoint et Directeur des gestions, IM Global Partner) , Régis Bégué (Associé-gérant, Lazard Frères Gestion) et Stéphane Prévost (Directeur général, La Financière Responsable)

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00:00 [Générique]
00:10 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour décrypter les tendances et les informations qui nous proviennent justement de cette Planète Marché.
00:18 Pour en parler ce soir, trois experts sur le plateau de Smart Bourse. Nous avons le plaisir d'accueillir tout d'abord Régis Béguet. Bonsoir Régis Béguet.
00:25 Bonsoir.
00:26 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse, vous êtes associé gérant de Lazard Frères Gestion. A vos côtés, nous avons le plaisir d'accueillir également Stéphane Prévost. Bonsoir Stéphane Prévost.
00:33 Bonsoir.
00:34 Directeur général de la Financière Responsable, bienvenue à vous et nous avons le plaisir d'accueillir également Philippe Usain. Bonsoir Philippe Usain.
00:39 Bonsoir.
00:40 Directeur général adjoint et directeur des gestions d'IM Global Partners. On va peut-être commencer avec vous Philippe Usain.
00:46 Nous avons beaucoup d'actualités en termes de chiffres sur les marchés mais un notamment qui a été publié hier, ce chiffre de l'inflation aux Etats-Unis qui montre une inflation un petit peu plus persistante que prévu.
00:57 Alors on entend ou on lit beaucoup d'experts dire qu'il y a plus de volatilité sur le sujet de l'inflation en janvier.
01:02 Pour autant, on a quand même vu les marchés obligataires sursauter, les marchés actions marquer le pas.
01:07 Une frayeur qui semble avoir été vite oubliée mais qui a quand même été là hier. Comment est-ce que vous vous interprétez ce premier chiffre d'inflation de 2024 aux Etats-Unis Philippe Usain ?
01:18 Déjà ça montre qu'on est encore dans la phase où ce chiffre-là a un impact majeur.
01:23 Ça fait 30 ans que je travaille sur les marchés. Pendant longtemps, on ne faisait même pas attention à la publication du CPI.
01:30 Évidemment, les choses ont changé il y a quelques temps déjà et on voit bien que c'est un indicateur qui est devenu plus difficile à prévoir pour les marchés.
01:42 Ensuite, il faut rentrer dans le détail du chiffre d'hier.
01:46 Vous savez, il y a plusieurs mesures de l'inflation. Les prix à la consommation, c'est quand même une mesure importante.
01:51 Ce n'est pas la mesure préférée de la réserve fédérale qui regarde ce qu'on appelle le PCI.
01:56 Il y a des différences, notamment le CPI est un peu plus sensible au prix de l'immobilier, au loyer.
02:04 C'est l'une des raisons de la persistance. Encore une fois, dans le chiffre d'hier, on a ce qu'on appelle la composante logement au sens large qui reste supérieure aux attentes.
02:14 Malgré le fait que les nouveaux loyers diminuent, on a un effet retard que peu de gens s'expliquent, qui a déjà été noté d'ailleurs par la Fed.
02:25 On a fini par s'habituer à ce type de surprise. Ce qui était vraiment plus gênant dans le chiffre d'hier, c'est que les prix des biens continuent à se tasser, mais que les prix des services repartent à la hausse.
02:36 Et ça, effectivement, c'est le point clé, parce qu'on sait que les services sont ce qui est le plus lié au salaire.
02:43 C'est ce que va regarder la Réserve fédérale de la façon la plus attentive pour voir si, effectivement, le fameux dernier kilomètre, le dernier mile pour arriver au 2% d'inflation se fait à un bon rythme,
02:55 ou est-ce qu'effectivement, il faut attendre pour avoir la confirmation que l'inflation se stabilise.
03:06 Donc, si je résume, finalement, on a toujours la composante cyclique de l'inflation, celle qui est plus liée aux biens, qui continue à rassurer,
03:14 mais la composante structurelle, la composante long terme, elle est finalement plus persistante.
03:20 Donc, c'est une surprise. Je ne pense pas que ce soit vraiment une surprise pour la Réserve fédérale, et on y reviendra sur les anticipations de taux,
03:28 mais pour les marchés qui étaient habitués, on va dire, aux bonnes surprises, aux bonnes surprises sur la conscience,
03:34 mais aussi aux bonnes surprises sur l'inflation un peu en dessous des attentes, comme ça avait été le cas il y a trois mois,
03:39 et ça avait déclenché le rallye de fin d'année, cette fois, effectivement, il a fallu revoir les taux d'intérêt,
03:45 et comme on l'a vu plusieurs fois aussi ces derniers mois, les prix des obligations et les prix des actions évoluent ensemble,
03:53 et donc quand les taux d'intérêt remontent, les actions marquent le coup, au moins pendant une journée.
03:57 On l'a dit, enfin, vous l'avez dit, effectivement, ce n'est pas l'indicateur préféré de la Fed, mais c'est quand même l'indicateur que nous avons eu cette semaine.
04:05 On a eu une réaction des marchés obligataires et des marchés actions, mais qui a duré une journée.
04:09 On a corrigé, puis tout de suite, on est reparti sur les tendances qu'on connaissait.
04:12 Comment on interprète cette séquence de début de semaine, où globalement, l'indicateur qui n'est pas celui qui regarde la Fed en priorité,
04:19 amène quand même une certaine sensibilité sur les marchés, et en même temps, les marchés ingèrent très vite cette information ?
04:25 Je pense que l'impact est plus durable sur les marchés obligataires, on y reviendra sans doute en détail,
04:30 mais effectivement, ça décale les anticipations de début de baisse de taux.
04:35 Il faut quand même voir que pour la réunion de mars, à la fin de l'année, on était à 90% de probabilité,
04:40 préalisé par le marché, qu'il y aurait une première baisse de taux de 25 points de base.
04:43 On est tombé à 10%, encore ce matin.
04:46 Donc, ça ne remet pas forcément en cause les baisses de taux, mais ça les décale,
04:50 et ça veut dire que globalement, le marché qui avait un scénario beaucoup plus agressif que celui, on va dire,
04:55 dessiné par la réserve fédérale en décembre, est en train de converger vers ce scénario-là.
05:00 Après, le fait que les entreprises soient capables de passer des hausses de prix,
05:04 est-ce que c'est vraiment une mauvaise nouvelle pour les investisseurs en actions ? Pas forcément.
05:08 Je vais me servir de ce que vous avez dit, ça ne remet pas encore en cause les baisses de taux.
05:14 Régis Béguet, est-ce qu'on en est là aujourd'hui à se poser encore la question de savoir s'il va y avoir ou non des baisses de taux,
05:19 ou simplement le sujet c'est de savoir si elles vont arriver, alors j'allais dire en mars, mais ça j'ai l'impression que ce n'est plus d'actualité, en juin ou en décembre ?
05:25 Ça va dépendre des chiffres à venir, mais c'est sûr qu'on a connu un fort bouleversement,
05:30 parce que le marché avait été extrêmement vite en besogne, c'est ce qu'il faut avoir en tête.
05:34 Oui, très optimiste en fin d'année quand même.
05:35 Très optimiste en fin d'année. À partir de la fin de l'été dernier,
05:38 quand les premiers signaux de ralentissement de l'inflation ont commencé à apparaître,
05:43 le marché est tout de suite passé dans un mode de baisses de taux.
05:47 Et il s'est mis à anticiper une, deux, trois, quatre, cinq baisses de taux.
05:53 On était encore il y a quelques jours à cinq baisses de taux anticipées pour 2024,
05:58 ce qui est quasiment un record historique.
06:01 Avec le retour à la normale.
06:03 Voilà, le marché avait été très très vite, et puis c'est vrai que ce chiffre en annualisé,
06:08 le chiffre d'hier, nous donne une inflation qui serait de l'ordre de 3,3, 3,4 sur l'année.
06:14 Et ça, c'est quand même très supérieur à l'objectif de la FED qui est, rappelons-le, de 2%.
06:20 Donc, on est passé, en fait c'est toujours le sens de la pente, si vous voulez.
06:26 On était sur une pente ascensionnelle, on a franchi le sommet,
06:30 on est passé sur une pente descendante de l'inflation, j'entends.
06:33 Et là, le marché a directement franchi toutes les étapes et est arrivé au bout.
06:38 Ça y est, on a atteint l'objectif, etc.
06:40 Alors qu'en réalité, on ne faisait que commencer le chemin.
06:43 Le chemin se trouve être un peu plus sinueux que prévu.
06:48 Pour le marché action, lui qui depuis le début de l'année, et déjà en fin d'année dernière,
06:55 était vraiment repassé en mode baisse de taux,
07:00 à savoir qu'on avait deux moteurs de hausse du marché
07:03 qui étaient les valeurs technologiques d'un côté très chères, etc.
07:06 dont la valorisation est portée par la baisse des taux,
07:10 et puis d'un autre côté, les cycliques portés également par cette perspective de baisse des taux
07:14 et donc cette absence d'arrantissement.
07:17 Là, il y a une petite question qui se pose, mais qui ne s'est posée, vous l'avez dit vous-même,
07:21 qu'hier, en fait, dans la journée, il y a eu une petite rotation sectorielle,
07:24 un petit doute, mais qui est déjà presque dissipé aujourd'hui,
07:28 ce qui me donne à penser que la fête va devoir être un peu plus sévère
07:33 pour quand même faire comprendre aux acteurs du marché
07:38 qu'ils ne plaisantent pas et qu'il y a ce vieux proverbe "don't fight the fad".
07:44 Et là, la fête va devoir montrer un petit peu ses muscles, quand même, je pense.
07:48 Et donc, ça décale quand même assez fortement les perspectives de baisse de taux,
07:53 parce que, bon, je crois que mars s'est effectivement oublié,
07:56 après, à moins que ce chiffre soit un peu exceptionnel
07:59 et qu'on retrouve un traîne très baissier,
08:02 mais même le printemps semble un peu tôt,
08:05 maintenant, compte tenu de ce qui s'est passé aussi sur les marchés financiers.
08:09 Il faut voir l'inflation, il y a l'inflation des salaires qui a été évoquée,
08:13 l'inflation des biens, bien sûr, mais il y a l'inflation des actifs.
08:16 Et les actions sont un actif très important,
08:20 en particulier aux Etats-Unis, il y a eu une très forte inflation des actifs.
08:23 Alors, pas généralisée, parce qu'il y a un peu deux marchés, quand même,
08:26 mais net, net, on a eu une forte inflation des actifs.
08:30 Mais alors, justement, ma question, je vais la formuler sous le biais des marchés actions,
08:34 mais la réponse peut être obligataire.
08:36 Comment est-ce qu'on comprend cette séquence de début d'année,
08:39 où, effectivement, on a l'impression que le S&P 500 a déjà atteint des objectifs
08:43 qu'on aurait pu se fixer comme étant des objectifs de fin d'année,
08:46 qui, lorsqu'il montre une certaine sensibilité aux chiffres de l'inflation,
08:50 finalement, il redescend un petit peu en dessous des 5000 points,
08:52 mais ce n'est pas non plus catastrophique.
08:54 Et pour autant, on a l'impression que le scénario idéal
08:57 auquel les marchés ont voulu croire en fin 2023 se décale,
09:00 peut-être de manière un peu interminable,
09:02 mais se décale quand même.
09:04 Comment est-ce qu'on analyse ce premier mois, finalement ?
09:06 On a vécu une inversion entre les marchés actions et les marchés obligataires,
09:11 qui est presque inédite dans l'histoire.
09:14 C'est-à-dire que les marchés obligataires, eux-mêmes,
09:17 avaient commencé à se retendre,
09:20 les taux de rendement avaient commencé à remonter
09:23 depuis le début de l'année, depuis quelques semaines,
09:26 tandis que le marché actions, lui, premièrement, il continuait de monter,
09:29 et deuxièmement, il continuait de monter sur cette partie
09:32 des valeurs technologiques et des valeurs cycliques
09:35 qui sont habituellement, normalement portées par la baisse des taux.
09:38 Donc, en réalité, on a eu une décorrélation
09:41 de ces deux marchés qui s'est opéré depuis plusieurs semaines,
09:44 qui ressemble, alors je ne veux pas paraître trop pessimiste,
09:48 mais qui ressemble un petit peu à ce qu'on avait pu connaître
09:51 au premier trimestre de l'an 2000,
09:53 pardonnez-moi pour ce rappel de vieillard,
09:56 mais où, effectivement, on avait à la fois
09:59 une économie qui n'avait pas ralenti,
10:02 contrairement à ce qu'on pensait à l'époque,
10:04 exactement de la même façon que ça se passe cette année.
10:07 On s'attendait à ce que l'économie ralentisse, l'économie ne ralentit pas,
10:10 elle a ralenti en Europe, mais beaucoup moins aux États-Unis que prévu.
10:13 On parle maintenant de "no lending", on était en "hard lending", puis "soft lending",
10:16 puis "no lending", et une économie qui ne ralentit pas,
10:19 et en même temps, un marché actions qui continue
10:22 de se réévaluer, et en particulier, sous l'influence,
10:25 sous la pulsion d'une nouvelle technologie,
10:28 qui était à l'époque de 2000, donc,
10:31 les débuts de l'Internet, et aujourd'hui, l'intelligence artificielle,
10:34 qui est un très, très gros moteur pour le marché.
10:37 - C'est intéressant, on y reviendra, parce que ce n'est pas la première fois
10:40 sur ce plateau qu'il y a l'analogie années 98-99
10:43 avec le Web, et aujourd'hui, l'intelligence artificielle.
10:46 Peut-être d'abord, Stéphane Prévost, sur cette séquence de début d'année,
10:49 que ce soit en réaction aux chiffres de l'inflation ou à la performance des marchés,
10:52 que vous analysez, finalement, cette année qui va s'ouvrir
10:55 avec, finalement, on a déjà vécu pas mal de choses
10:58 sur un mois, finalement. - Moi, j'ai une lecture un petit peu différente.
11:01 Bon, le chiffre de l'inflation d'hier, un chiffre
11:04 n'est pas une tendance, et quelque part,
11:07 étant donné la bonne santé de l'économie américaine,
11:10 ce n'est pas étonnant qu'on ait une inflation qui persiste,
11:13 et quels que soient un petit peu les facteurs
11:16 qu'on regarde, parce que, finalement, ce qui explique
11:19 la hausse des marchés en ce début d'année, en tout cas sur les actions,
11:22 je ne veux pas parler pour l'obligataire, c'est quand même le fait que
11:25 l'économie américaine ne sera pas en récession, et ce qui a fait le fort rebond
11:28 sur la fin d'année, c'est un peu la capitulation de ceux
11:31 qui misaient et pariaient sur, en fait, une récession
11:34 ou un atterrissage beaucoup plus difficile de l'économie américaine,
11:37 avec l'évolution sur les toits. Or, ce scénario-là,
11:40 finalement, il a été complètement battu en brèche,
11:43 et les marchés ont changé. Aujourd'hui,
11:46 le chiffre d'inflation que l'on a, hier,
11:49 ne remet pas en cause, en fait, la trajectoire de baisse de l'inflation
11:52 qu'on va avoir, mais cette baisse sera peut-être un petit peu moins forte
11:55 et moins rapide, compte tenu de la bonne tenue et de la résilience
11:58 de l'économie américaine, et voire même, ce qu'il ne faut pas exclure
12:01 cette année, qu'elle puisse encore délivrer de meilleures surprises
12:04 qu'attendues. D'accord. D'ailleurs, je constate que
12:07 certains économistes commencent à
12:10 mettre en avant cet argument. Ça veut dire quoi ?
12:13 Ça veut dire que ça crédibilise quand même aussi, moi, ça m'avait toujours étonné
12:16 depuis quelques trimestres, ce discours, effectivement,
12:19 comme le disait Régis, très
12:22 anticipateur des intervenants de marché à vouloir vite,
12:25 rapidement, des baisses de taux aux États-Unis,
12:28 ce qui ne se justifie pas vraiment dans le contexte actuel, et ce que
12:31 battait en brèche M. Powell, mais si les marchés ne voulaient pas l'entendre,
12:34 eh bien, ils continuaient à peu près dans leur logique. Aujourd'hui,
12:37 ça crédibilise vraiment le discours de la
12:40 Fed. Et j'ai même envie d'être un peu provocateur,
12:43 je pense que les baisses de taux, les premières baisses de taux qu'on va avoir,
12:46 nous, on pense depuis longtemps qu'on ne les verra pas avant le deuxième
12:49 semestre 2024, mais c'est surtout qu'on devrait plutôt
12:52 les avoir en Europe, parce que l'économie européenne, elle,
12:55 ne va pas bien, et là, la BCE est vraiment
12:58 coincée. Et là, on arrive à faire un décalage. Parce qu'elle ne le fera pas avant la Fed ?
13:01 La BCE ne le fera pas avant la Fed ? Je pense qu'elle va devoir le faire
13:04 avant la Fed, compte tenu de l'état
13:07 dans lequel l'économie européenne est. On est tanqué en Europe.
13:10 On a eu le dernier chiffre de croissance, d'ailleurs,
13:13 pour le quatrième trimestre 2023.
13:16 Et je crois que là, ça justifie un peu plus, et d'avoir un
13:19 signal un petit peu plus accommodant de la part de la BCE
13:22 serait probablement une bonne nouvelle. Donc moi,
13:25 j'ai plutôt la conviction que
13:28 les baisses de taux, on les aura en Europe avant de les avoir aux Etats-Unis.
13:31 Enfin, la baisse de taux.
13:34 Pour l'instant, on n'en parle pas encore au pluriel, on en parle au singulier.
13:37 Ce qui n'est pas dramatique, parce que finalement, les banques centrales ont retrouvé
13:40 des marges de manœuvre ces derniers trimestre.
13:43 Alors, ce n'est pas non plus extraordinaire,
13:46 notamment en Europe, on en a moins.
13:49 On a toujours été très suiveurs de la Fed, mais on retrouve quand même
13:52 un petit peu de flexibilité. Donc, vous voyez,
13:55 finalement, l'économie américaine
13:58 ne va pas si mal, peut continuer à bien surprendre.
14:01 L'économie américaine, sa résilience et sa robustesse en a étonné plus d'un l'année dernière.
14:04 Et ça devrait probablement continuer,
14:07 s'il n'y a pas d'événement géopolitique majeur
14:10 qui vient perturber cette image.
14:13 Et du coup, vous voyez qu'avec ce scénario,
14:16 entre la Fed et la BCE, on va avoir une lecture un petit peu plus
14:19 dure, effectivement, je rejoins Régis,
14:22 sur les politiques d'auto.
14:25 Si je comprends bien ce que vous nous dites, Stéphane Prévost, peut-être avec un petit peu de caricature,
14:28 l'économie américaine, on a du mal à avoir une vision claire,
14:31 puisqu'on a des taux élevés, une économie qui résiste,
14:34 une inflation qui persiste, et donc on a du mal à réellement
14:37 comprendre à quel moment la Fed va réellement pouvoir
14:40 commencer à baisser ses taux, non ?
14:43 Non, non, l'image est claire. L'économie résiste plutôt bien,
14:46 l'emploi est bon, le taux de chôme, on reste à des niveaux
14:49 de plein emploi élevés, les salaires vont continuer d'augmenter,
14:52 le pays n'est pas dépendant des prix de l'énergie,
14:55 on va retrouver sa trajectoire, et va tangenter
14:58 vers la fin d'année le 2% de la Fed.
15:01 Donc pas besoin de baisser les taux, finalement ?
15:04 Pas tout de suite, à mon sens, pas tout de suite.
15:07 Vraiment pas au premier semestre, mais c'est vraiment notre conviction
15:10 depuis plusieurs trimestres. Alors après, on va pas
15:13 rebasculer, mais vers une croissance
15:16 à 3, 3,5 en annuel, mais
15:19 rajouter un demi-point de croissance de pipe supplémentaire
15:22 aux Etats-Unis cette année, ça ne me paraît pas
15:25 une hypothèse faible.
15:28 Philippe Huzon, en réaction, alors effectivement, moi je voulais faire l'analogie peut-être un peu moins
15:31 claire aux Etats-Unis, plus claire en Europe, mais si je comprends bien, c'est très clair pour vous
15:34 de part et d'autre de l'Atlantique. Philippe Huzon, vous partagez
15:37 la vision de Stéphane Prévost sur cette solidité de l'économie américaine
15:40 et la fragilité de l'économie européenne ?
15:43 Sur la solidité de l'économie américaine, c'est certain, et je pense qu'effectivement, je suis d'accord,
15:46 ça explique en partie, on va dire,
15:49 le rythme plus lent de baisse de l'inflation,
15:52 c'est-à-dire qu'on a peut-être été habitué à une inflation
15:55 qui était très synchronisée parce que les causes étaient globales,
15:58 le Covid, puis les problématiques de chaîne
16:01 on va dire de supply chain.
16:04 Maintenant, effectivement, on rentre dans la phase
16:07 où les subtilités locales reprennent le dessus.
16:10 Vous citiez en introduction le chiffre d'inflation,
16:13 qui reste très élevé au Royaume-Uni, mais qui cette fois était un peu en dessous des attentes
16:16 et qui a fait baisser les taux d'intérêt en Europe ce matin.
16:19 Donc finalement,
16:22 cette bonne tenue de l'économie américaine, elle explique en partie
16:25 et encore une fois, c'est très compatible avec le discours de la Réserve fédérale.
16:28 Donc ce n'est pas complètement une surprise.
16:31 Comme vous voyez, l'estimation instantanée
16:34 du PIB au T1 aux États-Unis, on est encore très fort,
16:37 on est au-delà de 3% et il y a la fenêtre d'attentat qui calcule ça.
16:40 Donc voilà, ça reste... Ce qui est un petit peu étonnant à la rigueur,
16:43 ce n'est pas la bonne tenue du marché action américain
16:46 avec ça. On a un S&P qui était à un hausse de 4%
16:49 depuis le début de l'année à hier soir. C'est la composition,
16:52 c'est ce que disait Régis Soukrain.
16:55 Quand on regarde en détail, vous avez 11 grands secteurs sur le marché américain.
16:58 Donc sur ces 4%, il n'y a que 3 secteurs
17:01 qui battent ces 4% ; la technologie,
17:04 les services à la communication et la pharmacie. Les autres
17:07 sont en dessous. Et si vous regardez au niveau
17:10 des valeurs du S&P 500, il n'y a à peu près que 150
17:13 valeurs qui font mieux que ce +4%. Et il y en a plus
17:16 de 250 qui sont même négatives depuis le début de l'année. C'est-à-dire que
17:19 d'une certaine façon, cette meilleure situation de l'économie
17:22 américaine, ce qui veut dire qu'il y a quand même plus d'entreprises qui en bénéficient,
17:25 le marché continue avec
17:28 un focus très concentré sur ce thème.
17:31 Est-ce que c'est une meilleure situation de l'économie américaine
17:34 ou c'est quelques secteurs effectivement qui
17:37 performent tellement qu'on en fait une moyenne qui n'est pas proche
17:40 de la réalité ? Ce n'est jamais égal. Mais si on a globalement
17:43 des meilleures nouvelles macro, il n'y a pas forcément de raison
17:46 qu'une poignée de valeurs en concentrent la croissance des bénéfices.
17:49 Et là, je vous parlais du S&P 500, les small-cap
17:52 américaines, elles sous-performent assez nettement. Il n'y a que un secteur
17:55 si vous prenez l'indice, donc le Russell 2000, il n'y a que un secteur
17:58 qui est en hausse depuis le début de l'année. Les technologies, tous les autres, ils sont en baisse.
18:01 Donc il y a un peu un hiatus
18:04 pour moi entre cette meilleure situation macro
18:07 qui n'est pas le boom
18:10 et le fait que pour l'instant, le marché
18:13 ne le joue qu'au travers d'une poignée extrêmement limitée de valeurs.
18:16 C'est déjà ce qu'on a vu l'année dernière. Globalement, meilleure surprise
18:19 macro, mais un leadership extrêmement concentré
18:22 dans quelques valeurs. - Et ça, ça s'explique par quoi ? Ça s'explique par
18:25 je ne sais pas moi, la croissance de l'utilisation
18:28 d'ETF, par des robots
18:31 sur les marchés. Comment on explique que les 7 Magnificent partent de valeur ?
18:34 Effectivement, elles montrent de très belles performances
18:37 mais comment on s'explique que ça ne se voit que sur un
18:40 panier de valeurs aussi restreint aujourd'hui ? - Alors le
18:43 point de la gestion indicielle, pour faire simple,
18:46 c'est certainement... Il y a de la différence. D'ailleurs, les Magnificent 7
18:49 depuis le début de l'année, ils sont quand même devenus 6. - 6, oui c'est ça.
18:52 - Et il y a des différences entre Apple et Nvidia.
18:55 Donc il y a quand même un petit peu de différenciation
18:58 mais effectivement, le thème de l'intelligence artificielle
19:01 domine. Et même quand on regarde l'intelligence artificielle,
19:04 je vais citer le gérant d'un de nos partenaires
19:07 Pollen Capital, Dan Davidovitz, avec qui on discutait il y a
19:10 deux jours. En fait, pour l'instant, évidemment que l'intelligence
19:13 artificielle est un thème de long terme, c'est quelque chose
19:16 de majeur. Un peu à l'image, là encore pour revenir sur la fin des
19:19 années 90 de la révolution Internet. A l'époque, vous vous souvenez,
19:22 le marché était sur Cisco, GDS, Uniface,
19:25 des valeurs qu'on a presque tous oubliées.
19:28 - Cisco, on connaît encore. - Oui, mais ce que je veux dire, c'est que ce ne sont pas
19:31 les valeurs qui font l'actualité. - Bien sûr, ce ne sont pas les Gapables.
19:34 - Elle est très loin des Max & Sons. - Alcatel aussi.
19:37 - Un ben exemple. Et donc,
19:40 sur l'intelligence artificielle, il va à la facilité, on va dire,
19:43 ça permet de bâtir des nouveaux sujets
19:46 et très clairement, Nvidia et quelques autres,
19:49 sont les briques de ces nouvelles
19:52 usines de demain.
19:55 Mais quelles sont les usines qui vont réussir vraiment à monétiser l'intelligence
19:58 artificielle, à créer des nouveaux revenus ? Et la façon dont ça va
20:01 bouleverser, on va dire, cette économie de
20:04 la technologie, et même plus largement finalement, ça va distinguer
20:07 les entreprises qui vont être capables de valoriser les données. Et ça, c'est pas nouveau.
20:10 - Bien sûr. - Et ça, effectivement, pour l'instant,
20:13 le marché, je dirais, est un peu myope et se
20:16 focalise sur qu'est-ce qu'on peut voir dans le trimestre à venir. Et c'est vrai que c'est plus
20:19 facile de le voir sur Nvidia que dans d'autres sociétés.
20:22 - Régis Béguet, là on touche
20:25 à une vraie question sur l'intelligence artificielle. Donc il y a eu
20:28 cette année 2023, on a vu le boom, notamment à la découverte
20:31 de l'intelligence artificielle générative,
20:34 l'IA générative. Là, la question qui se pose en tant qu'investisseur, c'est
20:37 comment j'accompagne
20:40 cette tendance ? Est-ce que je vais juste vers des valeurs technologiques ?
20:43 Est-ce que je vais vers ceux qui créent les
20:46 hardware pour accompagner cette explosion de gestion de données ?
20:49 Donc les Nvidia ou autres. Ou est-ce que je considère que de toute façon
20:52 ça va insuffler dans toute l'économie
20:55 et que ça n'est pas une thématique en soi mais une révolution
20:58 dans toute l'économie ? Comment est-ce qu'on s'en sort en termes de gestion
21:01 active ? - Je plaide poto pour la dernière
21:04 solution, exactement. Et si on continue ce parallèle avec l'an
21:07 2000, l'an 2000 le marché s'est focalisé sur quelques valeurs dont la plupart
21:10 ont disparu. Rappelons qu'en 2000,
21:13 Facebook n'existait pas, Google n'était pas coté
21:16 et ainsi de suite. Apple fabriquait
21:19 des appareils pour écouter de la musique.
21:22 Il y avait Microsoft et Amazon si vous voulez
21:25 en 2000 qui existent toujours mais
21:28 les stars de l'époque c'était Alcatel et France Télécom.
21:31 Donc je crois qu'à
21:34 l'instant où la révolution se
21:37 produit, qui est l'instant que nous vivons actuellement,
21:40 il est très difficile d'identifier
21:43 quels seront à 10 ou 15 ans
21:46 ceux qui resteront. Il y a évidemment
21:49 les fabricants de semi-conducteurs. J'aime inciter
21:52 un dirigeant d'entreprise qui
21:55 me disait toujours "la data ça n'existe pas".
21:58 Ce qui existe, ce qui existe
22:01 ce sont les semi-conducteurs. Donc plus de data,
22:04 plus de digital, c'est plus de semi-conducteurs.
22:07 Donc il est certain qu'en volume, la
22:10 production de semi-conducteurs et il est certain qu'une
22:13 entreprise comme ASML qui est au coeur de la
22:16 production des semi-conducteurs et qui a une position
22:19 ultra dominante sur le plan mondial. ASML qui est
22:22 une valeur européenne, il faut quand même le citer un peu.
22:25 Soyez en chauvin.
22:28 Évidemment au coeur de perspectives
22:31 qui sont encore excellentes pour
22:34 des innombrables années. Maintenant
22:37 le marché le sait, le marché le valorise et le valorise
22:40 sur NVIDIA également. Sans doute
22:43 de manière un petit peu excessive parce que...
22:46 - Est-ce qu'il n'y en a pas d'autres aujourd'hui ? - Parce qu'il n'y a pas d'alternatives.
22:49 Mais à un moment donné, les alternatives
22:52 arrivent, les ruptures technologiques arrivent, la concurrence
22:55 arrive. Est-ce que l'IA va faire
22:58 des gagnants et des perdants ? Il y a eu
23:01 un mois une étude d'un broker
23:04 concernant la publicité en disant
23:07 "Ah, les entreprises de publicité, les entreprises
23:10 de médias sont des perdants de l'intelligence
23:13 artificielle parce que l'intelligence
23:16 artificielle globalement va être capable de remplacer puisqu'elle
23:19 génère de la pub, des images, etc. Elle va être capable
23:22 de les remplacer pour un coût quasi inexistant.
23:25 Et puis deux trimestres plus tard pratiquement on se rend compte qu'en fait
23:28 ce sont des gagnants parce qu'au contraire ils utilisent
23:31 l'intelligence artificielle et ça leur permet de faire des gains de productivité
23:34 et de gagner des clients. Donc en deux trimestres,
23:37 vous voyez, la perspective change complètement.
23:40 Donc moi, en tant que gestionnaire, je pense qu'il ne faut pas
23:43 raisonner... Je ne fais pas de gestion en disant
23:46 "Tel thème va être le thème de demain et donc je vais chercher
23:49 les valeurs qui sont liées à tel thème. Je vais plutôt chercher
23:52 entreprise par entreprise. Est-ce que l'avènement
23:55 de la Genia qui logiquement d'ailleurs
23:58 comme tout progrès technologique va être plutôt un moteur
24:01 positif pour tout le monde. Il y a effectivement
24:04 ponctuellement tel ou tel business qui va disparaître,
24:07 qui va souffrir parce qu'il va être remplacé. Mais le
24:10 net va être positif. Le net ça va être qu'on va
24:13 faire des gains de productivité, qu'on va aller plus vite, qu'on va
24:16 développer. Si vous prenez la pharmacie par exemple,
24:19 la pharmacie aujourd'hui peut utiliser l'intelligence
24:22 artificielle pour accélérer ses modes
24:25 de développement de R&D. Mettons-nous
24:28 20 ou 30 ans en arrière, c'est ce qu'on faisait. On prenait des souris,
24:31 on leur injectait des produits,
24:34 on attendait qu'elles meurent et ainsi de suite. Aujourd'hui grâce à l'IA
24:37 vous pouvez aller beaucoup beaucoup plus vite dans les phases pré-cliniques
24:40 pour donner un exemple. Ce que je veux dire c'est que ça peut se
24:43 diffuser dans de nombreux domaines d'activité. Pour bien
24:46 comprendre ce que vous nous dites avant de passer la parole à Stéphane Prévost
24:49 c'est quand on est gérant
24:52 d'actifs aujourd'hui à un instant T, effectivement on peut regarder le monde
24:55 évoluer mais on a envie aussi de savoir où se positionner.
24:58 Il y a deux solutions, c'est où on va vers les valeurs
25:01 que le marché a décidé de choisir et dans ce cas
25:04 on bénéficie de cette hausse mais on n'est pas forcément
25:07 plus gagnant que le marché ou alors on intègre l'IA dans
25:10 la méthode d'analyse de l'entreprise, entreprise par entreprise, c'est ça ?
25:13 Oui, on intègre l'ensemble
25:16 du progrès technique. Ce qui fait l'intérêt du marché
25:19 action, c'est le progrès technique.
25:22 Donc là effectivement il y a un progrès technique qui apparaît aux yeux de tout le monde, il y en a
25:25 un autre au passage qui est le GLP1 sur le VST
25:28 qui obsède beaucoup le marché et en même temps
25:31 le marché ne voit plus tout ce qui se passe dans le cancer etc.
25:34 Mais je veux dire, le progrès technique c'est le moteur
25:37 du marché action et c'est le moteur du capitalisme
25:40 d'une manière générale. Donc ça c'est un gros
25:43 progrès technique qu'on voit en plein écran, c'est l'éléphant
25:46 dans le couloir mais peut-être qu'au pied de l'éléphant il y a plein de choses
25:49 très intéressantes. Stéphane Prévost, comment la financière
25:52 responsable voit-elle cette thématique si on peut encore
25:55 parler de thématique aujourd'hui, intelligence artificielle dans le marché ?
25:58 En fait, elle a un impact
26:01 sur la demande
26:04 en semi-conducteur et
26:07 sur tous les acteurs de la chaîne de valeur dans la production
26:10 de semi-conducteurs puisqu'elle vient rajouter de la pression sur
26:13 la demande et des niveaux de technologies supplémentaires.
26:16 Donc elle a un effet de booster actuellement
26:19 sachant qu'on sort à peu près d'un bat-cycle
26:22 dans la demande au niveau mondial des semi-conducteurs
26:25 vous savez qui servent pour la mémoire, qui servent pour les smartphones
26:28 et qui servent aussi pour la digitalisation
26:31 mais aussi l'électrification des véhicules.
26:34 Là il y avait une très forte demande. Donc l'IA
26:37 est partout dans toutes les innovations de route.
26:40 Les semi-conducteurs sont partout avec la digitalisation, la transition énergétique
26:43 vers plus d'efficacité énergétique
26:46 la saturation aussi, je dirais le ralentissement
26:49 de l'efficacité dans les semi-conducteurs avec la fameuse loi de Moore
26:52 où là on arrive aussi à des effets
26:55 de seuil et donc ça, l'IA vient rajouter
26:58 et l'implication de l'IA vient rajouter
27:01 de la pression sur les acteurs. Alors moi je suis toujours étonné
27:04 parce qu'on entend qu'en Europe on n'a pas de société tech mais en fait
27:07 dans les semi-conducteurs on en a. On a des acteurs incroyables.
27:10 Régis a parlé d'ASML, vous avez STM
27:13 STMicroelectronics, vous avez des fabricants mais vous avez aussi des boîtes
27:16 comme BE Semi-conducteurs qui est une entreprise hollandaise
27:19 qui est un ancien spin-off à l'origine d'ASML
27:22 d'un des dirigeants qui avait quitté
27:25 qui est spécialisé dans les technologies d'emballage
27:28 et d'attache dans l'hybride bonding notamment
27:31 et qui a fait un progrès fantastique dans la façon
27:34 dont on emballe et la façon dont on va fixer
27:37 les semi-conducteurs qui sont de plus en plus petits.
27:40 Et vous avez aussi une société comme ASMI qui elle
27:43 est spécialisée dans le développement de technologies de couches
27:46 de plus en plus fines qu'on superpose de plus en plus
27:49 sur les semi-conducteurs. Donc typiquement
27:52 ces 5 valeurs sont des valeurs sur lesquelles nous on est investi
27:55 et sur lesquelles on a une excellente visibilité en termes de carnet de commandes
27:58 STM, Infineon, c'est 2 ans de carnet de commandes
28:01 on est en bas de cycle en plus
28:04 donc on a un cycle qui devrait commencer à reprendre de l'ampleur
28:07 et qui devrait être porteur sur plusieurs années
28:10 et en amont dans la chaîne de la valeur on a ces 2 sociétés
28:13 BESI et ASMI qui sont extrêmement bien positionnés
28:16 parce que aussi on a eu avec
28:19 le CHIPS Act aux Etats-Unis
28:22 et la création de beaucoup d'usines pour l'électrification
28:25 de l'économie et des infrastructures
28:28 et des véhicules et bien on a des CAPEX
28:31 on a eu 100 milliards de CAPEX quand même qui vont être mis
28:34 entre 2023 et 2025, il y a une étude d'Exxon assez bien faite
28:37 sur le sujet qui fait que toutes ces sociétés
28:40 vont avoir des carnets de commandes relativement pleins
28:43 et vont avoir de la visibilité.
28:46 La stratégie c'est d'aller sur les semi-conducteurs puisque de toute façon c'est à la croisée
28:49 de toutes les innovations de sociétés aujourd'hui
28:52 alors sachant qu'en 2024 par exemple
28:55 la demande sur les véhicules électriques c'est un peu moins visible
28:58 c'est un peu plus incertain, les smartphones et la mémoire par contre
29:01 ça reprend une dynamique très très fort
29:04 vous avez aussi les semi-conducteurs de puissance
29:07 qui sont
29:10 une catégorie de semi-conducteurs qui sont extrêmement demandés
29:13 parce qu'ils augmentent très fortement
29:16 la performance des processus et des différents procédés
29:19 donc là il y a effectivement pour les gérants de la performance
29:22 à aller chercher parce qu'on a des boîtes qui ont des croissances à deux chiffres
29:25 des rentabilités élevées et puis des multiples de valorisation
29:28 qui ne sont pas très élevées, si vous regardez aujourd'hui
29:31 combien on paye une boîte comme STM ou Infineon
29:34 c'est absolument pas cher par rapport à certaines valeurs industrielles
29:37 qui ont beaucoup profité des momentum des marchés
29:40 ces derniers mois. - Philippe Usant, sur le temps qui nous reste
29:43 on va faire un petit tour de table, on a assez peu parlé de la saison
29:46 des résultats, on en a parlé les émissions précédentes
29:49 mais qu'est-ce que vous regardez vous actuellement
29:52 dans le marché à la lumière peut-être des résultats d'entreprise
29:55 que vous suivez depuis maintenant plusieurs semaines ?
29:58 - Je dirais que
30:01 les résultats d'entreprise sont un peu à l'image de tout
30:04 ce dont on a parlé depuis le départ. Aux Etats-Unis on a eu ce jeu
30:07 assez classique de pousser les analystes
30:10 à revoir un peu les estimations à la baisse avant publication
30:13 ils ont baissé de mémoire de 8% sur le dernier trimestre
30:16 pour arriver comme d'habitude à les battre
30:19 je crois qu'il y a plus de 80% des sociétés qui battent
30:22 et on est globalement 7% au-dessus
30:25 - Mais le marché achète - Oui, ça marche
30:28 après ce qui est intéressant c'est que finalement pour vraiment avoir
30:31 une réaction positive
30:34 il a fallu non seulement battre mais donner une guidance
30:37 donner une guidance positive
30:40 et si on revient aussi un petit peu sur notre thème d'inflation
30:43 les entreprises ont essayé de mettre en avant
30:46 le côté efficacité opérationnelle
30:49 donc on voit que la capacité finalement à gérer les coûts
30:52 et à utiliser
30:55 encore une fois je reviens sur ce qu'on disait tout à l'heure
30:58 à monétiser les nouvelles sources de productivité en particulier
31:01 l'intelligence artificielle pour augmenter cette efficacité opérationnelle
31:04 c'est quelque chose qui parle au marché aujourd'hui
31:07 et puis d'un autre côté il y a finalement
31:10 l'autre point important d'avoir des taux d'intérêt
31:13 qui restent durablement plus élevés
31:16 c'est qu'il faut être de plus en plus attentif à la qualité du bilan
31:19 on a eu une situation exceptionnelle
31:22 en 2022 quand les taux d'intérêt se sont envolés
31:25 et que le marché primaire à Ile-Paris-Pas-des-Etats-Unis s'était fermé
31:28 il n'y a pas eu d'augmentation des taux de défaut parce que tout le monde était préparé
31:31 les entreprises avaient anticipé, avaient levé la dette avant
31:34 on n'est pas encore face à un mur de la dette
31:37 mais année après année les remboursements augmentent
31:40 là encore la situation est un peu plus tendue en Europe qu'aux Etats-Unis
31:43 il faudra un moment qu'on y revienne
31:46 mais ou pas, c'est le bon temps
31:49 en tout cas effectivement
31:52 quand on investit et en particulier sur les petites et moyennes capitalisations
31:55 il faut être extrêmement attentif à la qualité du bilan aujourd'hui
31:58 c'est un univers, il y a une nouvelle capacité
32:01 à tenir à la qualité du bilan aujourd'hui
32:04 il y a une raison pour laquelle les petites capitalisations ont sous-performé
32:07 c'est qu'elles sont plus sensibles aux taux d'intérêt
32:10 donc il faut vraiment le faire avec un filtre de qualité
32:13 très très fort, notamment être très exigeant
32:16 sur la qualité des bilans, ça existe
32:19 sur ce sujet, avant de passer la parole à Régis Béguet
32:22 small et mid cap, on a annoncé que ce serait le moment des small et mid cap
32:25 il y a 6 mois, on a l'impression qu'on attend toujours
32:28 un marché aussi concentré, que ce soit sur les valeurs technologiques aux Etats-Unis
32:31 on pourrait parler des valeurs du luxe en Europe
32:34 est-ce qu'il y a un espoir qu'il y ait une sorte de ruissellement
32:37 qui aille jusqu'aux small et mid cap, est-ce que ça se fera par vertical secteur ?
32:40 il y a deux effets, il y a ce qu'on a décrit tout à l'heure
32:43 sur le côté poids de la gestion passive
32:46 donc ça évidemment, les petites capitalisations
32:49 elles sont un peu à l'écart
32:52 de ce moment de ruissellement, après c'est pas tant la taille
32:55 mais c'est vrai, je rejoins complètement
32:58 pour que ce marché action ait des ressorts
33:01 il va falloir quand même trouver un peu plus d'idées
33:04 que les quelques sociétés dont on a parlé jusqu'à maintenant
33:07 et celles qui ont guidé ce marché plus haut
33:10 il y en a, après le côté juste de jouer avec le critère de taille ne suffit pas
33:15 c'est là où il faut être beaucoup plus discriminant
33:18 parce qu'encore une fois, dans les petites capitalisations
33:21 en moyenne vous avez une qualité qui est moins bonne
33:24 cet environnement de taux d'intérêt élevé va aussi
33:27 créer des victimes de ce côté-là
33:30 parce que si vous devez remplacer la dette à 3% par de la dette à 8%
33:34 ça va très très vite affecter votre compte de résultat
33:37 Régis Béguier, même question, on parle des saisons des résultats
33:40 et en même temps de la façon dont vous regardez un petit peu cette saison
33:43 est-ce que vous regardez dans le marché ?
33:45 La saison des résultats est plutôt agréablement surprenante
33:48 globalement on s'attendait plutôt à des résultats plus difficiles
33:53 ça me donne l'occasion de revenir sur un tout petit point
33:56 sur ce qui a été dit tout à l'heure sur l'Europe
33:59 l'Europe a quand même bénéficié, il y a eu une bonne surprise en 2023
34:05 ça a été la très forte baisse des prix de l'énergie
34:08 il faut se souvenir qu'on avait commencé 2022 avec cette explosion
34:13 des prix du gaz et de l'électricité
34:15 on s'attendait à un hiver 22-23 difficile
34:19 finalement l'hiver 22-23 a été très bon et à nouveau 23-24
34:22 et bon aussi grâce aux effets météo puisqu'on a le 3ème hiver d'août d'affilée
34:27 maintenant d'aucun, dirons que c'est peut-être définitif
34:30 je n'en sais rien mais en tout cas ça a été quand même une bonne surprise
34:34 et ça a été une bouffée d'air assez forte pour les économies européennes
34:39 ce qui fait que quand même le taux de chômage est au plus bas en Europe
34:42 ou pas très loin de ses plus bas
34:43 donc la situation est difficile mais pas peut-être aussi difficile que ça
34:48 et de fait les résultats des entreprises sont quand même plutôt pas mal
34:52 dans l'ensemble il y a toujours l'immobilier qui est difficile
34:56 et qui va peut-être rester difficile si effectivement on décale un peu les perspectives de baisse de taux
35:03 il est très lié au taux
35:05 je pense quand même que le marché doit opérer une rotation
35:09 cette hyper concentration du marché qu'on a évoqué
35:13 qui a déjà été le cas par le passé évidemment en 2022
35:16 de 2020 à 2021 et puis un peu moins en 2022 justement
35:22 mais qui repart là très très fort depuis 2024
35:26 avec cette concentration aux Etats-Unis sur la cette magnificence
35:29 mais en Europe aussi on les a cité 2, 3, 4 valeurs en Europe
35:33 les très très grandes capitalisations européennes
35:35 et puis derrière presque plus rien
35:37 et notamment toute la partie small and mid qui vraiment baisse en valorisation relative depuis longtemps
35:45 vous avez raison de le dire on aurait presque pu le dire peut-être il y a 6 mois
35:49 et puis ça ne s'est pas produit mais c'est comme ça le marché il a son temps
35:53 pourquoi ça va se déclencher je ne saurais pas vous le dire
35:56 mais ça n'est pas parce qu'on l'a dit il y a 6 mois que ça ne s'est pas produit
35:59 que ça n'est pas vrai aujourd'hui
36:01 c'est peut-être encore plus vrai aujourd'hui justement parce que ça ne s'est pas encore produit
36:04 Stéphane Prévost on finira avec vous dans la continuité
36:07 je crois que sur l'Europe il faut qu'il y ait un environnement macro un peu meilleur
36:11 pour donner un peu plus de lisibilité
36:13 et permettre aux gérants de prendre un peu plus de risque sur cette catégorie de valeur
36:18 mais vous savez pour un gérant ISR c'est compliqué les small and mid cap
36:23 parce que de l'information extra financière dans beaucoup de cas il n'y en a pas
36:28 et donc dans un momentum où on nous demande du point de vue de la réglementation
36:34 d'avoir les PAI, d'intégrer les principal adverse impact dans la lecture des entreprises
36:41 d'appliquer l'analyse de la double matérialité
36:44 on est face à un no man's land au niveau des small cap sur le sujet
36:48 c'est d'ailleurs pour ça que nous, nous n'avons pas de fonds small and mid
36:51 puisque la data extra financière qu'on va chercher directement auprès des émetteurs
36:55 n'est pas suffisante pour procéder à une analyse
36:58 et ça, ça peut les pénaliser ces small and mid dans des stratégies de gestion aujourd'hui
37:02 où justement on essaie d'être toujours plus en phase avec les valeurs des investisseurs ou autres
37:05 clairement aujourd'hui pour nous c'est un frein
37:08 c'est un frein sur la sélection de valeur et trouver des pépites dans le secteur
37:13 on les a mais quand on n'a pas l'information ESG, chez nous c'est rédhibitoire
37:17 donc effectivement, alors la bonne nouvelle c'est que la réglementation continue aussi d'avancer
37:23 il y a quand même des progrès dans la communication extra financière des entreprises
37:27 et puis en 2025 il y a une réglementation qui va arriver et va imposer aux sociétés
37:32 d'avoir un minimum réglementaire d'indicateurs extra financiers
37:37 Au delà des small et mid, qu'est-ce que vous regardez dans le marché aujourd'hui Stéphane Prévost ?
37:41 Ecoutez, vous avez compris tout à l'heure sur les semi-conducteurs et la tech
37:46 ça on a compris
37:48 les softwares aussi, le mouvement de digitalisation continue
37:51 les nouvelles énergies par exemple, transition énergétique c'est un sujet qui marche moins bien là quand même
37:57 Non, dans le secteur de la construction, tous des acteurs comme Schneider, comme Kingspan
38:03 on est toujours dans des tendances qui sont portées par la durabilité
38:06 même si le secteur en lui-même, la construction est difficile, l'immobilier est difficile
38:10 mais on a toujours des sociétés qui tirent leur épingle du jeu et ont des niveaux de valorisation pas très chers
38:17 d'ailleurs ça a été un bon contributeur à la performance l'année dernière, pas au premier semestre
38:21 mais il y a eu un très beau rattrapage au deuxième semestre
38:25 le luxe nous paraît toujours très intéressant parce qu'on a des acteurs qui ont cette capacité à avoir une agilité
38:32 et à battre les tendances et à capter de la croissance sur leurs principaux marchés
38:38 et puis non, dans les énergies, je pense que ça va rester compliqué
38:42 parce qu'avec les niveaux de taux d'intérêt qu'on a
38:44 il y a beaucoup de profitabilité de pas mal de projets qui sont mis en difficulté
38:50 les théories ont chuté, donc là ça reste compliqué
38:54 non, les valeurs industrielles, bien sélectionnées avec effectivement un bilan solide
38:59 un endettement faible, une très bonne génération de free cash flow
39:03 et des marges élevées, ça nous paraît des dossiers qu'il faut favoriser en termes de sélection de valeur
39:08 Merci beaucoup messieurs, merci Stéphane Prévost, directeur général de la Financière Responsable
39:12 merci Philippe Usant, directeur général adjoint et directeur des gestions d'IM Global Partners
39:16 et merci Régis Béguet, associé gérant de Lazare Frères Gestion
39:19 merci à vous de nous avoir suivis, on se retrouve tout de suite dans Marché Athème

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